La jolie blonde avait essuyé un refus… autrement dit, elle avait perdu la bataille mais pas la guerre comme dit l’autre, car C’ian n’avait pas l’intention de mettre quelqu’un d’autre que Jeremiah dans son lit, plutôt mourir ! Sans mauvais jeu de mots, bien évidemment. Dire que les mots du lieutenant ne l’avaient pas touchée serait mentir, mais heureusement pour elle, la rancune ne faisait pas partie de son tempérament. Et à sa décharge, elle avait un autre projet tout aussi important sur le feu qui nécessitait une attention des plus solides. « Je veux changer le logo… il est vraiment peu attractif et je veux qu’il le soit, c’est vital ! » avait-elle expliqué à son père avant que Léo en personne ne lui griffonne l’adresse personnelle de Jeremiah en lui avouant que meilleur dessinateur que lui, il ne connaissait pas. Oh elle aurait pu y voir là une formidable opportunité d’obtenir gain de cause mais de prime abord, alors qu’elle frappait à la porte de son appartement personnel, son propre bloc à dessin en main, ce n’était pas dans cette optique là… même si l’idée lui avait traversé l’esprit l’espace de quelques secondes. « Non ! Ne crie pas je viens en paix ! Je ne connaissais pas ton adresse avant que mon père me la donne… il se trouve que j’ai besoin à tout prix d’un logo ultra attractif pour ma ligne de sous-vêtements et autant je sais dessiner les modèles, autant il semblerait que je n’ai pas ton talent en dessin pour le reste… dixit mon père. J’ai surtout besoin d’une aide parce que je pars dans une semaine pour la Suisse et qu’il me le faut à ce moment là à tout prix. Je me ferais toute petite, tu ne me verras même pas… enfin pas trop » conclut-elle dans un sourire adorable. Et dire qu’elle aurait pu aussi lui proposer une balade au clair de lune, ainsi qu’une longue étreinte sous des lueurs séléniques… C’ian savait se tenir, c’était une chose évidente.

Rien qu’à l’air désagréable de Jeremiah lorsqu’il ouvrit la porte, C’ian sut tout de suite que ce n’était pas le bon moment pour débarquer et lui demander son aide. La jolie blonde fut d’ailleurs surprise qu’il n’accepte quand même, lui permettant de pénétrer dans son antre se trouvant presque intimidante, la demoiselle n’étant jamais rentrée dans l’appartement d’un homme auparavant. Oh elle continuait à sourire, donnant le change mais elle tremblotait presque par envie de recommencer son petit manège alors que l’idée ne lui était toujours pas sortie de la tête. Impossible de l’enlever mais si elle mettait en place un second round, Jeremiah allait la foutre dehors direct. Ce ne serait pas franchement intelligent, pas vrai ? « Ce que j’aimerais, c’est quelque chose d’un poil plus coloré et surtout qui me représente mieux… j’étais un peu fauchée en créant mon tout premier et les initiales représentent juste ma marque, il n’y a aucun signe distinctif. Je ne sais pas si je suis d’une grande aide en disant cela cependant… » C’ian se mit à faire les cent pas dans la pièce, cherchant l’idée du siècle sans même forcément se rendre compte qu’elle avait adopté une démarche féline, souple, presque provocatrice étant donné qu’elle portait ses talons et une robe la mettant en valeur : et pour cause, elle l’avait choisie elle-même en prévision de son prochain rendez-vous avec Monsieur Hüssel, de passage à New York ! C’était donc inconscient et conscient en même temps, C’ian s’étant découvert une attirance on ne peut plus forte pour Jeremiah depuis l’épisode des douches. « Imagine juste pour trente secondes que tu sois à la recherche de sous-vêtements… parce qu’il ne faut pas croire, j’ai une ligne masculine aussi ! Tu serais attiré par quel type de logo en tant que client ? » C’ian avait l’air possédé par une sorte de feu sacré pour son métier. A un tel point qu’elle en oubliait qu’elle désirait le faire céder pour tout à fait autre chose.

« J’essaye de t’aider mais à ma décharge j’avoue ne pas être réellement publicitaire moi-même… » expliqua-t-elle avec douceur, le regardant soudainement en cherchant une idée nouvelle à se mettre sous la dent, refusant de partir avant d’avoir eu ne serait-ce qu’un semblant de piste. Il fallait être honnête, malgré son contrat avec Monsieur Hüssel, C’ian était loin d’avoir les moyens de payer une agence publicitaire pour refaire faire son logo. Il lui fallait donc se débrouiller par ses propres moyens, avec l’aide de Jeremiah en l’occurrence puisqu’il ne rechignait pas à l’aider, même si elle avait remarqué qu’il ne la quittait pas du regard. Sûrement avait-il la crainte qu’elle ne remette sur le tapis son désir de le voir devenir son premier amant et sans doute l’aurait-elle déjà fait si elle ne s’était pas si bien retenue jusqu’ici. « Ah, tu vois qu’un logo est quand même important ! La vendeuse ne fait pas tout… pardon, je vais m’asseoir » reprit-elle tout en se dirigeant vers le fauteuil avec l’intention de mettre en application ses paroles, mais C’ian lança subitement un regard étrange à Jeremiah, son regard pétillant comme jamais mais pas parce qu’elle avait dans l’idée de le croquer, plutôt parce qu’il lui avait donné quelque chose comme la meilleure idée de sa vie. « Tu sais que tu es un génie ? Je viens d’avoir ZE idée pour un ensemble !! » s’exclama-t-elle avant de sautiller et d’effectivement lui sauter dessus, oubliant sa timidité et les barrières qu’elle se mettait pour mieux s’emparer fougueusement de ses lèvres, dans un baiser n’ayant strictement rien de gamin… celui-ci était aussi passionné qu’adulte.

Oh dear C’ian ne s’attendait pas une seule seconde à ce que son corps lui aussi se mette à agir comme bon lui semblait, allant jusqu’à embrasser furieusement Jeremiah qui n’était manifestement pas insensible à ses arguments. Mieux, il l’allongea contre son canapé avant de ne la recouvrir de son corps, répondant à son baiser sans éprouver la moindre hésitation – du moins l’avait-elle compris de cette façon de son côté. Hélas, le retour à la réalité ne manqua pas de se faire de façon on ne peut plus brutale, laissant C’ian avec un arrière goût amer car Jeremiah continuait à se trouver des excuses alors qu’elle avait très bien sentit leurs corps respectifs s’électriser autant l’un que l’autre, inutile d’être voyant pour s’en apercevoir. « Je n’ai pas vraiment réfléchi ça m’est venu comme ça, je ne contrôle pas toujours mon corps ! » se défendit-elle aussitôt sans pour autant être choquée une seconde par les propos de Jeremiah, qui semblait vouloir la dégoûter mais sans forcément y mettre tout le cœur possible et imaginable. « Mais lui faire quoi exactement ? Il s’agit de MA vie de MA virginité et je l’offre à qui bon me semble que je sache non ? Depuis quand je dois lui demander la permission alors qu’il ne fait pas partie de mon existence depuis trois mois ? Écoute je sais que mon père est ton meilleur ami et que tu as très certainement l’impression de le trahir mais en ce qui me concerne, je ne vois pas en quoi ça le regarde… tu le tiens au courant de tes amantes d’habitude ? Je ne crois pas, au même titre qu’il fait ce qu’il veut ! J’ai la majorité sexuelle, alors même d’un point de vue purement légal il n’a rien à dire ! Et ose me regarder dans les yeux et me faire croire que tu n’en n’as pas envie… » C’ian n’était pas brutale dans ses paroles mais autant remettre les points sur les i, sans quoi elle ne pourrait pas respirer sans demander la permission à Saint Weatherfield.

Comment elle avait imaginé la chose ? Hum, difficile à dire. C’ian ne s’était jamais rien imaginé à vrai dire. Comme il le faisait si justement remarquer, elle n’avait aucune expérience, aucune façon de comparer quoi que ce soit et encore moins de demander quelque chose de précis. « Je n’ai jamais imaginé comment ça serait, pour être honnête. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, je vivais au Japon et mon père adoptif s’était mis en tête de me marier à un sale type, juste parce que je suis un vilain petit canard pour lui et qu’une fois le mariage effectif, je serais au moins rentrée dans un moule alors j’avoue ne jamais avoir vraiment eu l’opportunité de réfléchir à la question. Ce que je sais, c’est que dans l’optique où je ne trouve pas de donneur à temps, j’ai au moins connu une expérience une fois, quelle qu’elle soit. Tu pars du principe que ça va forcément être désastreux mais je ne suis pas d’accord… ça peut ne pas l’être. Tout comme je peux ne jamais pouvoir retenter l’expérience et je n’ai pas le temps de me trouver un « gentil petit ami », les gens sont tellement décevants et égoïstes… » C’ian soupira subitement, ayant l’impression de ne pas trouver les mots adéquats pour décrire au mieux ce qu’elle était en train de ressentir ici et maintenant. Le sérieux marquait son visage aux traits si rieurs d’ordinaire, comme si le fait qu’il ne la force à le regarder ne la fasse que se renfrogner encore davantage. « Je n’ai pas besoin de fleurs. J’en ai déjà quand je gagne un match de tennis. Au moins tu m’as dit que j’étais belle, ça va ensoleiller ma journée ! » plaisanta-t-elle-même si dans le fond c’était vrai, et le rire qu’elle esquissa par la suite le laissait clairement entendre.

« C’est un peu l’idée… mais je vais me cantonner déjà à ma première fois, n’étant pas une fêtarde je n’ai aucune intention de faire une overdose ou de m’alcooliser jusqu’aux bouts des ongles, j’ose espérer que j’ai un peu plus de neurones que ça… autant faire des choses qui marquent et non pas se simplifier la vie, pas vrai ? » C’ian ne lui jetait pas la pierre au sujet de son alcoolisme, cela le regardait et elle n’avait ni les tenants ni les aboutissants pour émettre quelque jugement que ce soit. D’autant que ce n’était pas son genre de juger, au bout du compte… ceci étant, son sourire de la quitta guère alors qu’il l’attirait contre toute attente sur ses genoux, décidé manifestement à lui offrir sa première fois en y mettant les formes par la même occasion. Autant dire que cette vérité ne fit qu’agrandir son sourire plein de malice et de vie, contrastant avec la sale maladie qu’elle se trimballait. « Mais non tu ne vas pas cramer en enfer… c’est un peu extrême tu ne crois pas ? Et non au risque de te surprendre je suis une petite romantique mais je n’ai jamais vraiment vu de film romantique. Généralement je suis quelqu’un qui fait les choses à l’inspiration alors… je ne pense pas que si je demande juste un restaurant tu trouves ça trop niais ? Je n’ai pas envie d’un énorme truc qui ne serait pas naturel mais plutôt… l’impression que c’est à la fois un évènement spécial ce restaurant, et quelque chose qui se passerait dans la vie de n’importe qui. Ca sonne peut être de façon ridicule mais je veux surtout avoir l’impression d’être normale. Mettre une jolie robe que j’aurais confectionnée moi-même et rejoindre mon prince charmant qui se serait déplacé juste pour cette occasion. Merci Jeremiah... » fit-elle le regard pétillant. En gros, il n’avait pas d’inquiétude à se faire, aucun risque qu’elle ne lui passe la bague au doigt étant mourante, mais plutôt de recevoir quelque chose d’important pour elle, et qu'elle emporterait dans la tombe.

« C’est mon sourire je n’y peux rien ! » se défendit-elle aussitôt, car pour C’ian, ne pas sourire au moins une fois dans la journée n’était pas concevable. Ce n’était pas pour rien qu’à son club de tennis, son coach l’appelait « son petit rayon de soleil »… et ne surtout pas y voir de manipulation dragueuse car son coach était une femme mariée et mère de famille. « Je serai prête » énonça C’ian de façon particulièrement assurée avant que leur entretien ne se termine peu après, laissant à la jolie blonde quelques jours pour se confectionner LA robe qui irait parfaitement à l’occasion… une robe relativement courte certes, mais unique, d’une couleur rouge bordeaux qui mettait en valeur sa longue chevelure blonde coiffée en un chignon lâche dévoilant son beau visage maquillée de façon légère mais bien présente, ainsi que ses yeux d’un bleu puissant et profond. Autant dire que dans cette tenue, elle avait facilement quelques années de plus… même si tous ses préparatifs ne l’empêchèrent pas d’attendre un siècle que Jeremiah ne vienne effectivement frapper à la porte de son tout petit appartement, lui offrant une vision presque enchanteresse tant il était beau dans un costume. C’ian mesurait l’honneur qui lui était fait, tant et si bien qu’elle lui offrit un sourire enchanteur et sincère. Difficile de ne pas craindre qu’elle s’attache à ce grand gaillard dans la trentaine mais qu’avait-il à perdre ? De toute manière, la jolie blonde ne se faisait pas d’illusion quant à sa survie. « Cela te va très bien » le complimenta-t-elle juste après avoir refermé sa porte, fidèle à l’idée qu’ils étaient en retard au restaurant où il voulait l’emmener et qu’ils auraient tout le temps de prendre un verre ensemble plus tard. Ils avaient tout le temps du monde, n’est-ce pas ? « J’avoue avoir craint pendant quelques instants que tu ne viennes pas… » avoua-t-elle sans honte et sans cesser de sourire de façon amusée.

Rien que le coup de la rose rouge lui arracha un petit rougissement, surtout lorsqu’il la lui plaça derrière l’oreille pour agrémenter sa coiffure déjà jolie en soi. Jeremiah y voyait un réflexe pratique, C’ian un accessoire particulièrement beau à porter. Surtout que le parfum de la rose embaumait jusqu’à ses narines… « Pragmatique et délicat, j’adore. Merci beaucoup ! » le remercia-t-elle avant de ne se mordiller légèrement la lèvre inférieure tout en souriant et en attrapant délicatement son bras avant d’écarquiller deux grands yeux surpris face à la limousine qui les attendait non loin. Décidément, il avait définitivement fait les choses en grand et c’est un regard presque ému qu’elle lui lança avant d’embrasser sa joue. « C’est un très beau carrosse, j’y suis très sensible ! J’ai presque l’impression d’être une princesse. » Certes, son père adoptif étant ambassadeur, C’ian avait déjà fait quelques voyages en limousine mais durant ceux-ci, on l’avait surtout rabrouée et elle n’avait donc aucunement trouvé la chose agréable. Cette fois-ci, en montant à l’intérieur dudit carrosse, qui lui paraissait plus immense encore que dans tous ses souvenirs réunis, la jolie blonde se sentit possédée par une émotion de bien-être qu’elle n’avait jamais ressentie jusqu’à lors. D’ailleurs, son sourire ne la quittait pas d’une semelle. Jeremiah avait définitivement tapé dans le mille, tant et si bien que lorsqu’il lui proposait d’avoir le programme de la soirée entre les mains d’entrée de jeu… impossible pour C’ian que de retenir sa curiosité. « En théorie je dirais bien que je veux la surprise pour tout mais je suis quelqu’un de très curieux et j’ai peur de ne pas tenir en place… alors je veux bien savoir ! Au moins une partie… tu peux toujours garder quelques surprises dans le lot ! » La jeune femme lui offrit son plus beau sourire face à sa propre répartie, un sourire n’ayant rien de celui d’une gamine mais davantage celui d’une femme ne manquant pas de maturité à bien des égards. « En tout cas tu me gâtes… je devrais arrêter de te dire merci mais comme je suis sûre que cette soirée va être parfaite il va falloir que je me retienne. D’ailleurs, c’est la première fois que tu as ce petit sourire séducteur… ça te va bien. »

Autant dire ce qui est, C’ian se sentait plus que dans la peau d’une privilégiée, elle avait réellement l’impression d’être une princesse avec en prime un prince pour être aux petits soins avec elle. C’était un souvenir qu’elle allait garder jalousement dans le fond de sa mémoire, bien qu’elle soit loin d’avoir la mémoire de Jeremiah mais elle tentait tout de même de s’imprégner de chaque seconde, de chaque mot, y compris de cette coupe de champagne qu’il venait de lui tendre en vue de trinquer. Sans savoir pourquoi, le plus bêtement du monde, elle se surprit à frissonner alors qu’il s’agissait d’un geste somme toute commun, qu’elle avait appréhendé un nombre incalculable de fois surtout dernièrement en s’étant rendue à de nombreux galas pour présenter ses collections lingeries ou faire des défilés avec celles-ci. Mais là, forcément, c’était différent… d’une parce qu’elle avait Jeremiah en face de deux parce qu’il était tellement charmant qu’elle en était littéralement béate d’admiration. « Pourquoi moins glamour ? Je ne suis pas fan de Brad Pitt je te préfère mille fois ! » s’exclama-t-elle d’une façon amplement sincère sans tomber dans la guimauve – chose qui risquait fort de lui retomber sur le coin du nez – tout en trinquant volontiers à cette soirée merveilleuse venant à peine de commencer et qui l’enchantait déjà… surtout avec ce qui semblait à suivre. « Je ne suis pas une grosse mangeuse et en cas d’incident de cuistot, sait-on jamais ça peut arriver, au pire je suis bonne cuisinière, et puis de toute façon tu pourras quand même me dévorer après » répliqua-t-elle malicieusement avant de faire une petite moue et de rompre temporairement le contact visuel pour mieux réfléchir au premier vœu qu’elle pourrait lui demander. Ce n’est qu’en ayant l’idée qu’elle dû boire une gorgée de champagne afin de n’avoir réellement le courage de le demander sans faire quinze pas en arrière auparavant. « Puisque je suis une privilégiée et que pour ce soir tu es mon prince charmant, alors je veux bien un baiser passionné » fit-elle d’un ton sérieux et parfaitement adulte, tout en lui lançant un regard quasiment brûlant. C’ian voulait que cette soirée soit parfaite… alors autant commencer en mettant la barre haute.

Aussitôt, comme si elle se sentait coupable bien que l’amusement soit clairement lisible sur ses traits, C’ian leva les mains en signe d’ultime marque de défense avant de ne laisser échapper un petit rire. « C’était une plaisanterie enfin ! Il n’y aura pas besoin de plan b j’en suis sûre et puis à mon avis, mon petit doigt me dit que ça va être parfait et que je vais avoir beaucoup de mal à dormir après tout ça ! » Pour une fois, la jolie blonde n’expérimentait pas la moindre fatigue, pire, elle était même excitée comme une puce à l’idée de découvrir tout ce qu’il s’était donné du mal à préparer pour elle. Pour un peu, C’ian se sentait tout de même légèrement coupable d’avoir tant insisté mais sans savoir pourquoi, elle voulait que sa première fois se passe avec Jeremiah et personne d’autre. Qu’on la traite de folle, qu’on la conduise à la pendaison direct elle n’en n’avait cure : il n’empêche qu’elle ne regrettait pas un seul instant d’avoir tant insisté, au même titre qu’elle était parfaitement satisfaite d’avoir passé des heures à se préparer en chantonnant devant la glace. Il n’y avait plus qu’à espérer que tout ceci lui plaise également. « A vrai dire je ne connais pas grand monde dans les acteurs à la mode… mais je me renseignerai pour te répondre, ce qui te laisse au moins ce soir à être le plus beau. Tu peux bomber le torse hein ! » s’amusa-t-elle avant que son sourire ne disparaisse de lui-même sitôt son verre ôté de ses mains et Jeremiah juste à ses côtés, sa main contre la hanche de la demoiselle, à augmenter d’autant son rythme cardiaque en lui offrant un baiser à couper littéralement le souffle. Tous les sens de C’ian se mirent aussitôt en émoi alors qu’elle lui rendait la pareille de toutes ses forces, faisant preuve d’une passion voire même d’une fureur qu’elle méconnaissait au-delà des mots et qui hélas lui faisait en redemander encore et encore. « Il est vrai que je me sens toute chose… c’est sûrement le champagne aussi » s’expliqua-t-elle en s’éventant légèrement, les joues rougies par l’émotion avant de ne laisser échapper un petit rire. « C’était trop court ! » se plaignit-elle avant de n’éclater de rire de plus belle. « Plaisanterie… c’était parfait. Je vais avoir du mal à trouver un deuxième vœu qui égale celui-ci mais j’ai toute la soirée pour les deux autres, n’est-ce pas ? » De toute façon, le chauffeur venait juste de s’arrêter devant le restaurant, pile au moment où C’ian finissait sa flûte… quel timing !

C’ian éclata sincèrement de rire à son fameux « call me God » tout à fait à propos par rapport à ce qu’elle avait précédemment dit. Au moins, elle était sûre qu’il ne la mettrait jamais mal à l’aise en soi en revenant sans arrêt sur un évènement ou en lui demandant quinze fois si le baiser lui avait plu… après tout, cela se lisait aisément sur son visage, non ? Inutile d’en faire des caisses, voilà pourquoi elle ne répondit rien de précis, se contentant de s’emparer de cette main qu’il lui tendit pour l’aider à sortir souplement de la voiture pour mieux l’accompagner à l’intérieur du restaurant, se sentant diablement fière d’avoir un homme aussi fringuant à son bras. Que l’assemblée, si intimiste soit-elle, désapprouve cette façon qu’elle avait de le voir, elle n’en n’avait cure. La jolie blonde se sentait pleine de fierté, pleine d’aise, bien loin du stress l’ayant secouée ces quelques derniers jours, mélangé à cette sorte d’excitation et d’impatience qu’elle ressentait à l’égard de cette soirée qui approchait. Maintenant, elle la vivait, s’épanouissait telle une rose à peine éclose ce matin même. Elle n’en n’était que plus rayonnante, d’ailleurs… Jeremiah aurait pu tomber sur pire comme compagne ! « Ce que j’en pense ? C’est un peu secret, tamisé, romantique… je suis tout à fait conquise. » Au moins, avec C’ian, tout était émerveillement, surprise et impression d’être totalement conquise. Elle savait se contenter de peu et ça n’était que plus flagrant ce soir. C’ian osait d’ailleurs à peine prendre la parole et ce n’est qu’une fois la carte en main, et donc quelque chose à quoi se raccrocher mentalement parlant, qu’elle s’exprima à nouveau : « C’est drôle… tu as immédiatement su voir quel genre d’endroit me plairait. A croire que tu es devin… je sais, tu es lieutenant et en théorie c’est ton travail d’observer autrui ! Mais là ce n’est pas pareil, je ne suis pas une criminelle, et là c’est un endroit plus… personnel dirais-je. Tu as remarqué quoi de ma personne qui t’a conduit à réserver ici ? En tout cas je suis sincèrement touchée par toutes tes attentions, God » conclut-elle dans un sourire charmant et charmeur.

« Go dis the best ! » s’exclama-t-elle avant d’éclater de rire face à la déclaration de Jeremiah pour lui-même. Décidément, à moins qu’il ne prenne réellement des gants avec elle depuis leur toute première rencontre, C’ian avait beaucoup de mal à trouver son tempérament repoussant ou même blessant. Il suffisait juste de savoir le prendre d’un côté, et d’avoir une bonne dose de second degré de l’autre. Aussi, au-delà même du côté à la fois romantique et simple de cette soirée, la jolie blonde appréciait le fait qu’il la fasse rire et la sorte de sa torpeur habituelle. Après tout, on ne pouvait pas dire qu’en dehors de son boulot et de ses créations elle soit passionnée par grand-chose d’autre… ni même qu’elle voit énormément de gens. « Mon père parle beaucoup de moi ? C’est drôle, il a passé intrinsèquement bien plus de temps avec Seraphina, il doit donc beaucoup mieux la connaître qu’il ne me connaît moi puisque je ne suis pas arrivée à New York il y a des lustres… et que dit-il sur ma personne si je ne suis pas trop indiscrète ? » s’amusa-t-elle à demander non sans remettre illico presto son nez dans le menu lui tendant les bras. A vrai dire, le grand problème se heurtant à elle à l’heure actuelle, c’était le trop grand choix de mets tous plus alléchants les uns que les autres… « Ceci dit tu as raison, je ne suis pas du tout à l’aise avec le luxe et tout ce qui fait trop « bling bling ». Ca ne me rappelle que trop le tempérament de mon père adoptif et cette façon qu’il avait de dévoiler ses richesses pour que tout le monde le considère comme ultra puissant… sauf que je pense que l’aisance financière ne fait pas tout et surtout, elle ne donne pas davantage d’âme. C’est peut-être affreux ce que je suis en train de dire mais c’est malheureusement sincère » se confia-t-elle tout en croisant les doigts pour qu’il n’en vienne pas à la considérer comme une affreuse personne. « Je vais me laisser tenter par un tartare royal de bœuf ! C’est trop dur de choisir alors j’en viens à mes anciens amours. Et toi ? »

« Oh mais je ne suis pas envieuse ! Je comprends que c’est plus facile parce qu’ils se connaissent, moi je viens d’un pays différent, d’une culture différente, jusque très récemment je parlais même à peine anglais et j’avais un mal fou à me faire comprendre… il faut croire que je lui ressemble beaucoup sur le fait de ne pas être forcément douée en matière de relation et pour ne pas être forcément ultra expansive. Par contre, j’envie l’aisance de Sera là-dessus, il faudrait vraiment qu’elle me donne quelques cours… vu que j’ai passé l’âge de faire à dada sur les genoux de quelqu’un, enfin de mon père à tout le moins » reprit-elle avec le même ton à la fois légèrement séducteur et tout à fait entendu dont Jeremiah venait d’user pour détourner habilement ses propos. A croire qu’il était presque capable d’en faire une religion ! « Pour le stage je risque de passer mon tour, en revanche » avoua-t-elle sans même la plus petite trace de honte car si son père adoptif lui avait fait subir de nombreux examens médicaux pour s’assurer qu’elle conserverait sa virginité jusqu’à son mariage, C’ian ne voulait pas risquer de mourir sans y avoir goûté au moins une fois. Ce qui expliquait à quel point elle n’avait pas d’hésitation ou même de doute vis-à-vis de ce qu’elle avait demandé à Jeremiah pour la fin de la soirée. « Vingt-deux ans ? Ah oui quand même ! Je ne te jette pas la pierre, à la réflexion je ne sais même pas pourquoi les Maeda m’ont adoptée. A vrai dire si je fais de la création c’est parce qu’ils m’ont retirée très tôt de l’école. J’ai appris un peu par moi-même sur le tas, notamment pour pouvoir m’exprimer comme il faut et conserver un certain vocabulaire mais je n’ai pas vraiment de culture générale et je suis bien plus douée en tant que manuelle. Je sais que mon vrai père ne comprendra sûrement jamais pouvoir je pose devant des photographes en sous-vêtements mais cela paye largement mon loyer donc il serait mal venu que je crache dans la soupe. Au moins ici je ne suis pas dans une cage dorée, à être examinée toutes les deux semaines pour être certain que je sois encore vierge pour je ne sais quel mariage arrangé pourri. Je parle trop, non ? Il faut me le dire hein ! »