Tristan ne comprenait pas et il ne comprendrait jamais qu’on puisse ne pas vouloir d’un acte purement sexuel. Je voulais des sentiments, de la tendresse, me sentir aimée. Y avait-il tant de honte à éprouver ce besoin ? J’en doutais fort et c’est pour cela que je lui tenais tête. Je ne voulais pas être qu’un vulgaire bout de viande, juste une fille comme une autre qui passerait dans son lit –non pas que je voulais passer entre ses bras, aucunement même. Pour lui, une fille ou une autre, cela revenait au même mais pour ma part, je voulais compter. Je voulais me dire que l’union tant rêvée n’était pas vaine, qu’elle laisserait une marque en moi. Je savais bien que l’homme qui prendrait ma virginité n’était pas vierge, je n’avais pas besoin de cela. Je voulais simplement l’aimer et être aimée en retour. « Tu parles toujours que de sexe et les sentiments ? n’as-tu pas envie d’être spécial au moins une fois dans les yeux d’une femme ? De te dire que quoiqu’il arrive, celle-ci continuera à penser à toi, que tu… je sais, que tu continueras à vivre éternellement dans son cœur ? je sais que je suis idiote pour toi de croire en l’amour mais je ne veux pas d’une vie vide de sens. Je ne veux pas n’être qu’un bout de viande pour celui à qui je me donnerai » m’exclamais-je avec ferveur avant de faire la chose la plus spontanée, la plus folle de toute ma vie. Je l’embrassais. Je l’embrassais comme j’aurais aimé qu’on m’embrasse, avec amour, avec tendresse, avec ce je ne sais quoi d’abandon. « Il n’y a aucune honte à avoir de vouloir compter pour une personne au moins » murmurais-je contre ses lèvres avant de rougir en comprenant que je venais de lui offrir mon premier baiser. Oh mon dieu ! Aussitôt, je n’eue qu’une envie, partir très loin de cette fête et surtout de ce lieu de débauche mais un homme m’attira dans ses bras. « Oh les tourtereaux, ça vous dirait de venir vous amuser avec nous ? C’est une petite de choix que tu as trouvé, j’aimerai bien la partager avec toi… tu pourras jouer avec ma copine, elle adore se faire prendre par des inconnus » s’adressa-t-il à nous en plongeant son nez contre mon cou. Eurk ! Il puait l’alcool et la luxure à plein nez. « Lâchez-moi de suite, je vous interdis de me toucher ! » m’écriais-je paniquée au possible tout en me débattant. « Ah je comprends, elle préfère faire ça avec son copain la gazelle ! Pourquoi pas, j’aime regarder aussi…Allez mec, prends là sous mes yeux, ça va m’exciter comme jamais » répliqua-t-il et pour ainsi dire, je n’en menais pas large devant cette vulgarité.

« Pourquoi ce serait interdit ? » lui demandais-je d’une petite voix pensant avoir touché un point sensible chez Tristan du moins si une telle chose existait. Il prenait la vie avec tellement de fatalisme comme s’il s’interdisait de vivre pleinement. Dans un certain sens, il me faisait penser à Jeremiah, mon frère atteint d’une leucémie. Ses jours étaient comptés et il ne semblait plus réellement vouloir se battre comme si, il se savait condamné. Ce constat m’effrayait autant qu’il me révoltait car je voulais que mon petit frère s’en sorte, qu’il continue de vivre mais encore faudrait-il que je trouve moi-même le courage d’aller le voir à l’hôpital. Malheureusement alors que pour une fois, j’arrivais à entamer un dialogue presque sérieux avec cet homme, il fallait qu’une tierce personne vienne tout gâcher. Mon dieu que j’étais mal à l’aise ainsi tenue dans les bras de cet homme qui ne devait sûrement pas avoir son portable contre mes fesses. Le rouge me collait aux joues tandis que je sentais la panique couler dans mes veines, tel un tsunami dévastant tout sur son passage. Je ne désirais qu’une chose : m’enfuir en courant ! Le pire, c’était de voir Tristan sympathiser avec l’homme comme si de rien n’était, comme si cet immonde individu n’avait pas posé les mains sur moi. Certes, je ne représentais rien pour lui mais j’aurais aimé qu’il ait un peu plus de prévenance à mon égard. « Désolé vieux mais on va faire ça dans la voiture. Ça l’a fait jouir qu’on l’attache. La prochaine fois ? J’prendrais des photos et j’te les envoie. Promis. » Venait-il de s’adresser à l’homme en question, avant de me ramener vers lui. J’étais plus qu’outrée par ses propos avant qu’il ne me murmure à l’oreille de jouer le jeu. Et j’étais censé faire quoi ?! Il en avait de bonne mais il n’était pas dit que mes années de théâtre pour combattre ma timidité ne m’aurait servi à rien. Je glissais donc mes bras autour de la taille de Tristan, me collant à lui avec un léger sourire avant de m’exclamer « Hum oui, j’adore quand il m’attache et qu’on joue au maitre et à l’esclave » roucoulais-je avant de le regarder droit dans les yeux « D’ailleurs, j’ai été une vilaine fille… il faut me punir maitre » murmurais-je en me mordillant la lèvre. L’homme grogna avant de nous laisser seuls et je ne perdis pas de temps pour partir en courant vers le parking. « Oh mon dieu…Oh mon dieu !! Ce n’est pas possible, je n’ai pas fait ça… Oh mon dieu !! Je suis une… oh mon dieu !! » Paniquais-je en essayant de me remettre de ce que je venais de vivre. J’étais tellement honteuse que je ne savais même pas pourquoi je restais sur ce maudit parking.