Maïa avait l’impression que cela faisait un siècle qu’elle n’avait plus pu parler à son père. C’était à un point tel qu’en ce tout début de soirée, elle s’était occupée de fermer la clinique vétérinaire qu’elle dirigeait depuis le départ de Daryl afin de partir pour assister à la toute fin du cours d’Abraham, au travers de la porte de l’amphithéâtre où il se trouvait. Malgré son intelligence incroyable, la colombienne avait du mal à saisir tous les tenants et les aboutissants de chaque métaphore qu’il utilisait avec brio sur ses élèves, plus ou moins passionnés. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle apprécia d’un sourire la surprise qu’elle put lire sur les yeux de son père dès lors qu’il l’eut vue. « Très intéressante théorie autour des contes qui n’ont jamais été vraiment écrits pour les enfants, du reste » énonça-t-elle avant de l’embrasser sur la joue, fidèle au petit rituel s’étant instauré de lui-même entre eux. A vrai dire, plus les semaines passaient, et plus Maïa se sentait davantage proche de son géniteur qu’elle ne l’était de sa génitrice. Allez comprendre la raison sous jacente… « Je n’ai pas pris le temps de me renseigner sur le fait que tu aies peut-être quelque chose de prévu ce soir et j’en suis désolée. Mais j’avais envie de passer cette soirée avec toi… la preuve, je n’aurais jamais fermé la clinique si tôt dans le cas contraire. Il faut dire aussi que ce n’est pas mon soir de garde… bref, que penses-tu du fait d’avoir des enfants ? » Maïa, sautant du coq à l’âne, avait envie de savoir ce qu’il ressentait, s’il était pour, et surtout s’il lui donnerait sa bénédiction dans le cas où elle souhaiterait en avoir. Ce qui ne serait pas demain la veille, sûrement, vu la réticence de JD à s’engager en temps normal…

Son rôle de père, Abraham le prenait au sérieux. C’est pour cela qu’il voulait apprendre à connaitre sa fille. Il avait même été voir son petit ami pour discuter avec lui. Ca n’avait pas été aussi agréable qu’il l’avait imaginé, mais le message état passé entre eu. Ils voulaient le bonheur de la jeune femme et c’était tout ce qui comptait pour le philippin. Entre deux rendez-vous le soir, il réfléchissait aux cours qu’il aurait à donner en journée à un tas d’étudiant, certains passionné par ce qu’il disait et d’autres préférant leurs portables ou même leur pc pour faire tout autre chose que prendre des notes. Seulement, aujourd’hui, il eut l’agréable surprise de voir un visage connue, celui de sa fille. IL était en train de ranger ses affaires dans son sac, à la fin du cours, quand la jeune femme arriva vers lui. En écoutant ce qu’elle disait, il ne pû s’empêcher de sourire.

Je croyais que tu étais plus douée en sciences qu’en littérature.

Il garda son sourire amusé et embrassa la jeune femme. Puis, en l’écoutant parler, il hocha la tête, tout en fermant son sac.

C’est une question directe, mais tu dois bien savoir qu’un sourire signifie que l’on est content.

Attrapant son sac, il regarda à nouveau la jeune femme.

Pour la soirée, je n’ai rien de prévue. Ca me fait plaisir que tu sois là aujourd’hui. Pour ce qui est des enfants, disons que j’apprend. Je ne pensais pas avoir d’enfant un jour, au vu de mon âge, ça n’était plus une priorité. Mais, savoir que j’avais une fille, m’a fait plaisir et me fait plaisir. Non seulement parce que tu es brillante, mais également parce que je suis fière de la personne que tu es.

« Il ne faut pas croire, tu es un littéraire et moi une scientifique mais j’apprends. De quoi parlerions-nous sinon ? » Maïa osa un petit sourire comme pour lui prouver qu’il ne fallait surtout pas prendre la chose comme une attaque mais plutôt en guise de plaisanterie un peu pince sans rire. Elle avait cette nouvelle faculté de réussir à jouer avec les mots, faculté qu’Abraham avait commencé à lui enseigner brièvement lors de leur précédente rencontre et qui lui avait immédiatement plu à vrai dire. « Un sourire peut cacher beaucoup de chose si j’en crois la psychologie pour les nuls… c’est incroyable le nombre de sujets qui rencontrent des nullités, à vrai dire ! » Seulement voilà. L’humour de la colombienne avait une limite bien déterminée puisqu’elle n’était pas capable d’en faire preuve sur la longueur… il y avait toujours un moment où elle ne saisissait pas nécessairement le second degré et où la chose partait en cacahuète. « Alors où aimerais-tu aller dis-moi pour ta soirée ? » Maïa écoutait attentivement la réponse d’Abraham au sujet du fait qu’il soit heureux d’être père et quelque part, cette vérité lui fit également plaisir. Cela prouvait qu’il prenait son rôle de patriarche à cœur, et cela risquait d’inciter d’autant plus la brunette à venir le voir plutôt que de trouver sa mère pour des conseils… elle ne risquait pas de cesser les crises de jalousie de ce côté-là ! « Et tu aurais aimé être là dès le départ ? J’entends par là l’annonce de la grossesse, etc… je me demande ce que ça fait d’être parent, ou même d’apprendre que l’on va l’être. »

La jeune femme employé des moyens qu'elle ne connaissait pas bien, mais qu'elle maitrisait bien. Elle était douée et il se mit à lui sourire en retour. Cependant, avec ce que la jeune femme ajouta, il hocha la tête.

Alors, pour ma part, mon sourire est sincère. Je suis vraiment content de te voir et de pouvoir passer du temps ensemble.

Il était sincère. Depuis qu'il savait qu'elle était sa fille, il ne pouvait pas s'empêcher de vouloir être un bon père et de la protéger. La preuve, il avait passé du temps avec JD. Il savait que ça pouvait lui retomber dessus, mais il avait juste voulu être sûr que le jeune homme était quelqu'un de bien pour Maïa.

Il y a un restaurant pas loin d'ici que j'aime beaucoup. On peut aller y dîner si tu veux. Mais avant, on peut aller faire quelque chose qui te plait. Je ne suis pas doué en sciences, mais je suis prêt à apprendre avec toi, ou plutôt grâce à toi.

C'est vrai qu'elle avait dit qu'elle apprenait. Mais, de son côté, il était également prêt à apprendre des choses en sciences sur ce que la jeune femme lui expliquerait ou même des endroits qu'elle voudrait lui faire partager et qu'elle aimait. Cependant, à ses paroles, il fut assez surprit. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle parle d'une telle chose et il hocha les épaules.

Avec le recul, j'aurai aimé tout savoir. A l'époque, j'étais militaire et jeune. Je n'ai jamais eu la chance de revoir ta mère. Je pense que j'aurai eu peur et que j'aurai pû fuir ou aller ailleurs. Mais aujourd'hui, je me dis que malgré tout, j'aurai pû changer de voie professionnelle comme je l'ai fais avec l'armée. J'aurai pû assumer ma paternité et aider ta mère à former une famille.

Il aurait pû avoir peur en étant jeune. Mais, c'est vrai qu'il était jeune et insouciant, près à tout pour l'armée. Cependant, aujourd'hui, il était prêt à beaucoup de choses pour la jeune femme et il voulait être un bon père.

Je ne peux pas te dire ce que ça fait d'apprendre qu'on va être parent. Mais si tu te poses la question, ça veut dire que tu veux le savoir un jour. Donc, tu veux devenir maman ?

Il n'osa pas lui demander si elle l'était déjà. Peut-être que c'était le cas et que c'était pour cela qu'elle en parlait, mais il n'osa pas poser la question directement.

Maïa ne connaissait pas réellement le terme d’insouciance, celle-ci lui avait en quelque sorte été volée par son intelligence trop marquée, et bien qu’elle n’ait strictement aucun regret à ce sujet, la colombienne ne pouvait s’empêcher de penser qu’au final, niveau normalité, elle pouvait repasser. C’était une chance qu’Abraham soit en mesure de lui offrir cette fameuse normalité dont elle avait maladivement besoin. Sincèrement, il ne pouvait pas lui faire davantage plaisir. Après tout ils formaient une bonne équipe non ? Lui en tant que littéraire, et elle en tant que scientifique. « J’aimerais bien l’être un jour mais je ne sais pas si je serais capable de m’occuper de quelqu’un d’autre que de moi. De toute façon je pense que JD n’accepterait pas. » Déjà, ils avaient manqué de se séparer un bon nombre de fois et la cause du mariage avait sûrement été la pire des raisons, alors Maïa voyait très mal le danseur bien prendre la chose. En vérité, s’il ne fuyait pas à grandes enjambées, ce serait probablement un miracle. « Je ne sais pas ce que veut dire le mot famille. Ma mère a toujours été très indépendante vis-à-vis de moi, mon père adoptif était violent envers moi et du coup je me suis construite toute seule. C’est sûrement pour ça que je m’accroche autant à toi, un peu comme si j’allais me noyer et que tu étais ma seule bouée de sauvetage. D’un côté je voudrais bien une famille à moi, et de l’autre je me dis que l’on en forme déjà une, toi et moi. JD est déjà à son maximum de constance relationnelle je n’ai pas non plus envie qu’il me déteste parce que je lui impose encore des choses. » Ah, Maïa et son altruisme tellement bien caché mais si véridique…

Etre père était souvent un défi et combien de fois on entendait que les pères échouaient à la tache, comparé aux mères. Mais Abraham lui ne voulait pas être de ses pères là. Il était confiant, enfin, en quelque sorte, mais surtout, il voulait que la jeune femme soit heureuse. C'était le principal pour lui. C'est pour cela que parler avec elle était toujours amusant et il apprenait souvent des choses.

Tu sais s'occuper de quelqu'un d'autre est toujours difficile. On ne sait pas si on fait bien ou non, mais je suis sûr que ta mère t'aidera et te conseillera sur le sujet. Pour JD tu sais, si toi tu veux des enfants et lui non, il faudra en parler. Tu ne peux pas sacrifier ton bonheur contre le sien. Un couple ne fonctionne pas comme ça.

En tout cas, pas selon le jeune homme. Pour lui un couple devait parler de tout et faire en sorte que ça fonctionne. Si ça n'était pas le cas, alors il fallait passer à autre chose. Si deux personnes ne sont pas compatibles, il ne faut pas les forcer, ça ne pourra que finir mal. Entendre par la suite la jeune femme dire qu'elle ne savait pas ce qu'était une famille lui fit mal au coeur. La sienne avait été présente autant qu'elle le pouvait.

Tu peux t'accrocher à moi autant que tu voudras. Je ne suis pas le meilleur des pères, mais je fais ce que je peux. Alors, n'hésites surtout pas.

Souriant toujours, il faisait toujours en sorte que la jeune femme soit bien conseillé. Parfois, il ne pouvait pas lui donner de réponse, parce qu'il ne la connaissait pas, mais il essayait toujours de faire de son mieux.

Tu sais, s'il t'aime vraiment, il sera capable de passer outre. Aussi vite, ça sera lui qui te le proposeras. Maintenant, comme je t'ai dis, parlez-en quand tu sens que c'est faisable, mais expliques lui que c'est ce que tu voudrais, mais que ça n'est pas forcément pour tout de suite. Comme ça, ça lui laisse le temps de réfléchir, sinon, ça veut dire que ça n'est pas le bon.

Evidemment, s'entendre dire que la personne avec qui nous sommes en couple n'est pas la bonne personne, ça fait mal, mais parfois, c'est vraiment le cas et il vaut mieux le savoir.

Maïa se trouvait diablement chanceuse. Ne possède pas un père aussi formidable qu’Abraham qui veut ! En tout cas, une sorte d’émotion s’échappa de son regard alors qu’il était en train de lui donner des conseils avisés, conseils qu’il aurait probablement suivis de son côté si son histoire avec la mère de la colombienne avait été sensiblement différente. On ne refait pas le passé, certes, mais il n’est pas interdit de vouloir se taper la part du lion dans son propre avenir. Ce fut sans doute avec cette pensée en particulier que la jeune femme s’approcha pour serrer son père dans ses bras, geste auquel elle finissait par prendre goût car malgré toutes les qualités de JD, il était tactile mais ne pouvait pour autant être qualifié de câlin. La brunette voulait apprendre à l’être et quelque chose lui disait qu’en présence d’Abraham, elle allait très certainement pouvoir davantage s’épanouir là-dessus. « Tu n’es peut-être pas le meilleur mais tu es le meilleur pour moi » murmura-t-elle sans chercher à le caresser dans le sens du poil juste pour la beauté de la chose ou même à mentir, mais bien parce qu’elle le pensait. C’était sûrement la phrase la plus sentimentale qu’elle ait prononcée depuis leur rencontre, mais Abraham méritait ces mots. Aussi, quand elle se sépara de lui, ce ne fut que pour lui sourire de façon plus franche encore. « Tu aimes les manèges à sensation ? Il y a une fête foraine juste à l’entrée de New York, je trouve que ça tombe à point nommé… » Peut-être avait-elle envie de retomber en enfance juste pour avoir la chance de rattraper ce gigantesque temps perdu en compagnie de son père. « Pour être honnête j’aimerais vraiment avoir une famille. Apprendre beaucoup d’eux et… mûrir, aussi. J’ai une carrière bien tracée mais ma vie personnelle n’a jamais été très épanouie avant très récemment. Je suis nominée pour le Prix Nobel, tu sais ? Mais ça ne vaut pas le coup si on ne partage pas ses succès… avant je ne pensais pas ainsi, mais il faut croire que j’ai beaucoup changé. Si jamais je gagne… tu assisteras à la remise du prix ? »

Parler maternité avec la jeune femme était étrange. Il n'en avait pas encore parlé énormément, donc il voulait faire attention. Il ne voulait pas donner de mauvais conseils à la jeune femme, c'est ce qu'il lui expliqua. Cependant, il apprécia le câlin qu'elle lui offrit et passa un bras autour de la jeune femme pour la serrer contre lui.

Je l'espère. En tout cas, je fais de mon mieux.

En effet, il devait apprendre comment être père depuis quelques temps et il espérait faire du bon travail. Malgré les compliments et encouragements de la jeune femme, il devait avouer qu'il avait toujours une part de doute. Chose normale, vu que sur ce terrain de la paternité, il n'était pas sûr de lui.

Avec plaisir. Ca fait longtemps que je n'ai pas mis les pieds dans une fête foraine. Ca pourrait être amusant.

C'est vrai que ça faisait bien longtemps qu'il n'avait pas été dans ce genre de parc. Ca ne pourrait pas lui faire de mal, donc autant en profiter et puis, s'amuser avec Maïa n'avait pas de prix et ça pouvait être drôle d'y aller ensemble.

Comment oses-tu poser la question ?

Il prit un air sévère avant de se mettre à sourire.

Evidemment que je viendrai. Mais je ne savais même pas que tu étais nominée, félicitations. Pour la famille, tu apprendras petit à petit.

Souriant à la jeune femme, il se rapprocha d'elle et cette fois-ci, ce fut à son tour de la prendre dans ses bras.

Je suis fier de toi.

C’était étrange pour Maïa que quelqu’un veuille prendre soin d’elle. Certes, son entente avec sa mère avait toujours été cordiale, mais celle-ci n’était pas la personne la plus câline qu’il lui ait été donné de connaître. La danseuse vivait surtout pour son école, ce savoir qu’elle prodiguait à ses petits génies mais cela s’arrêtait là… son instinct maternel ne la poussait pas à vouloir assister à la remise des prix Nobel avec sa fille ou à l’encourager, allant même jusqu’à penser que Maïa faisait tout ce qu’elle pouvait pour paraître tel un rat de laboratoire. Dur à avaler, même pour quelqu’un d’aussi peu sentimental que la colombienne ! Mais elle changeait actuellement, la preuve, elle accueillit l’étreinte cette fois-ci offerte par Abraham avec plaisir, le serrant contre elle avec plaisir, profitant d’une sorte de complicité naissante qui se jouait actuellement entre eux. « Je sais que ma question était peut-être stupide mais Maman ne veut pas y assister par exemple. Elle trouve que je me transforme en rat de laboratoire à force. En tout cas, je serais vraiment fière que tu sois là. » Tandis qu’ils quittaient l’amphithéâtre, Maïa prit le bras d’Abraham, un sourire mutin étant né contre ses lèvres délicatement maquillées alors qu’ils se dirigeaient de concert vers le parking de l’université et plus précisément vers la voiture du professeur de Lettres. « J’ai entendu dire que tu avais embauché un assistant au fait… tu t’entends bien avec lui ? » Certes, ils se rendaient à la fête foraine en dehors de la ville mais rien ne les empêchaient de parler et puis… elle était curieuse d’en apprendre davantage sur la vie de son père, sincèrement. Cela lui permettait de mettre de côté la question « maternité » pendant quelques minutes.

Il n'était pas du genre à faire des câlins non plus. Seulement, avec sa fille, c'était différent. il aimait bien l'avoir près de lui et il en profitait à chaque fois qu'il le pouvait.

Alors je viendrai avec grand plaisir. Il suffira que tu me dises quand et où ça se passe et je serai là. Smoking de sortie je suppose ?

Après tout, autant être présentable et faire honneur à la jeune femme. Souriant, quand la jeune femme prit son bras, il ne fit rien pour l'en empêcher. Au contraire, il aimait la chose. Se rendant vers sa voiture, il écouta les paroles de la jeune femme.

Oui, je n'aurai pû rêver mieux. Il est différent de toutes les personnes que j'ai vu jusque là et au moins, il n'est pas du genre routinier et monotone.

C'est sûr que Sullivan n'était pas du genre à être quelqu'un de monotone. Au contraire, il y aurait toujours des rebondissements avec lui, il n'en doutait pas une seule seconde.

C'est un ancien militaire comme moi et je crois que c'est ce qui nous a rapprochés. Ca a surprit mes étudiants que j'ai embauché quelqu'un en fauteuil roulant, mais il est bien plus compétents que les autres personnes que j'ai vu pour le poste avant lui.

Il n'avait aucun doute sur les compétences du jeune homme en tout cas.

Et toi, comment ça se passe à la clinique vétérinaire ? Tu m'as dit que son patron était partit, du coup, tu es en charge du cabinet ?

« Tu n’es pas obligé d’être en smoking, un costume peut suffire ! » s’exclama Maïa avec un enthousiasme particulièrement étonnant pour quelqu’un comme elle. Mais la jolie colombienne n’était pas peu fière que son père accepte de l’accompagner à cette remise capitale des prix Nobel. Sans doute était-ce LE moment à ne surtout pas louper dans son existence toute entière, son mariage en prime même si dans l’état actuel des choses, la brunette n’était encore que fiancée à JD. Les choses avaient été suffisamment complexes entre les deux pour qu’ils ne prennent désormais leur temps à vrai dire. « C’est un handicapé ? » s’étonna Maïa tout en démarrant la voiture sans attendre la réponse de son géniteur. Ce n’était pas étonnant qu’il l’ait embauché, elle était plutôt fière qu’il l’ait fait à vrai dire ! Dans le milieu que côtoyait la colombienne, les handicapés étaient plus souvent laissés pour compte qu’aimés et mis en avant… même si cela ne l’étonnait guère qu’Abraham ait eu suffisamment bon cœur pour lui tendre la main à lui et pas à un autre qui aurait été valide et bien portant. « Il n’engendre pas la morosité, dois-je comprendre ? Cela doit effectivement changer tes étudiants puisque tu m’avais dit que ton ancien assistant était morose et désagréable… » Ceci étant, venir au sujet de la clinique vétérinaire arracha un petit sourire presque gêné à Maïa. « Il est reparti en Angleterre et m’a légué la clinique. Je cherche du coup plusieurs employés à embaucher, vu que le don d’ubiquité n’existe pas. Tu ne connaîtrais pas des gens par hasard ? »

Je verrai ce qui sera le mieux pour le jour où ma fille sera diplômée.

Souriant, il devait avouer qu’il en était fier. Même s’il ne faisait partit de la vie de la jeune femme que depuis peu, il était véritablement fier de pouvoir assister à sa remise de diplôme. C’était une étape importante et il serait là, sans faute. Finalement, la jeune femme parla de son nouvel assistant et Abraham lui expliqua qui il était. A sa question, il hocha la tête négativement.

Non, pas handicapé. Il est en fauteuil roulant.

Pour Abraham c’était important de faire la différence. Oui, il y avait des handicapés sur terre, mais pour lui Sullivan ne l’était pas. Il était seulement en fauteuil. Mais ça ne voulait pas dire qu’il était diminué, juste qu’il avait un problème d’ordre physique. La jeune femme ayant démarré et ayant prit la route, il l’écouta parler.

C’est tout à fait ça. Il est tout le contraire de mon ancien assistant. Il est vif et plein de vie, ça fait plaisir de travailler avec une personne aussi compétente.

En effet, Sullivan était en fauteuil et certains étudiants y avaient vus un moyen d’échapper aux cours, vu qu’ils ne pouvaient pas être rattrapés par le militaire. Mais ce dernier savait se servir de la parole et les étudiants avaient été surprit. Une agréable surprise pour le professeur qui espérait que son nouvel assistant resterait longtemps à ses côtés. La jeune femme elle se retrouvait à la tête d’un cabinet vétérinaire et Abraham comprenait ce qu’elle disait. Etre seule ne devait pas être facile pour tout gérer.

Si, je connais un vétérinaire qui travail dans deux zoo de la ville. Il semble compétent vu qu’il travaille à chaque fois que j’y vais.

Se mettant à chercher son nom, il savait que le jeune homme était danois et marié.

Häagen Sørensen. Il travail au zoo de Central Park et du Bronx.

Ce dernier semblait vraiment passionné par son métier et les enfants aimaient bien aller vers lui pour pouvoir caresser les animaux.

Peut-être qu’il serait intéressé pour travailler pour toi.

Haussant les épaules, il ne savait pas si c’était le cas, mais peut-être qu’elle parviendrait à trouver les arguments qui ferait qu’il accepterait un tel poste.

Si jamais tu as besoin d’un coup de pouce à la clinique, je suis là. Je peux m’occuper de tout ce qui est administratif.

Lire, corriger et ranger, il en avait l’habitude comme professeur, alors comme secrétaire de vétérinaire, ça ne devait pas trop changer. Enfin, c’était ce qu’il pensait sur le sujet.

Je verrai JD à la remise des diplômes ?

Il avait dit cela sur un ton léger, mais il voulait savoir comment ça allait dans le jeune couple.