En pleine période de partiels, Leo avait encore plus de travail que d’habitude. A cause de toutes les copies qu’il devait corriger, et les devoirs qu’il devait surveiller en plus de ses prochains cours qu’il devait préparer. La joie en somme. Mais il avait choisi d’enseigner en étant conscient des inconvénients du métier, il n’était donc pas en position de se plaindre. Puis il n’en avait pas envie de toute façon, il avait de la chance de pouvoir faire quelque chose qui lui plaisait et de ne pas être au chômage… C’était assez dur d’avoir ça de nos jours alors bon. Leo était donc présentement en train de corriger des copies, tranquillement, dans son bureau. Il en était à son troisième café de l’après-midi et il était complètement absorbé par son travail. A tel point qu’il en avait oublié d’aller chercher sa fille à l’école. Il avait Freya aujourd’hui ! C’était tellement rare que cela arrive la semaine qu’il avait passé cette journée comme toutes les autres. Il se l’était pourtant rappelé ce matin et il trouvait même ne pas voir sa fille assez souvent… Les week ends, ce n’était pas assez… Comment avait-il pu oublier ? Il devait bien être le père le plus nul de l’année. Réalisant ça, le jeune homme laissa en plan ses copies et sortit de son bureau à toute vitesse. Sa fille était sortie de l’école depuis cinq minutes. L’idée qu’elle attende toute seule à la sortie, sur un trottoir, lui faisait froid dans le dos. Lori allait tellement lui en vouloir, elle n’était pas prête de lui pardonner. Mais son institutrice allait forcément la remarquer et allait rester avec elle hein ? Il pria très fort pour que ce soit le cas tandis qu’il se pressait vers la sortie, galérant à passer au travers des élèves qui peuplaient les lieux. Au bout d’un moment, alors qu’il allait quitter le bâtiment, il aperçut deux fillettes parmi les plus grandes silhouettes. Comme c’était étonnant, il s’attarda plus longtemps sur elles deux, juste assez pour reconnaitre sa fille. Soulagé, il se dirigea immédiatement vers elle et la prit dans ses bras. « Freya ! Oh mon dieu je suis tellement désolée chérie » fit-il en la serrant contre lui et en lui caressant les cheveux. Il s’écarta ensuite pour la regarder. « Excuse-moi, je ne voulais pas. » Il s’en voulait tellement… Il se releva ensuite pour regarder le jeune homme et l’autre fillette qui accompagnaient Freya. « Merci de l’avoir ramenée ici… » souffla-t-il vraiment reconnaissant même s’il n’appréciait pas le fait que sa fille ait eu confiance en des inconnus alors qu’ils l’avaient assez mise en garde avec sa mère. « Je corrigeais des copies, je n’ai pas vu l’heure et… » il l’avait oubliée. En tout cas il trouvait important de se justifier comme ça. « Merci de l’avoir ramenée et de ne pas l’avoir laissée seule… »

Ce jeune étudiant venait d’éviter à Leo un profond désarroi. Il lui avait ramené Freya alors qu’elle attendait toute seule dans la rue devant son écolé alors que le jeune homme l’avait oubliée. Il allait déjà mettre du temps à se pardonner ça et il ne préférait même pas imaginer comment il se serait senti si jamais il était arrivé quoi que ce soit à sa fille. Par chance, il se trouvait que le jeune homme était étudiant à Columbia, exactement là où Leo enseignait. « Oui, je suis en seconde années d’architecture. » Le brun hocha la tête. Tout ça était bien loin de son domaine à lui alors il éviterait de faire le moindre commentaire. Pour le remercier, il lui proposa de lui offrir un chocolat chaud, ou autre chose. Mais par ce temps c’était conseillé et c’était tout ce que les deux petites étaient susceptibles d’aimer. « Si ça ne prend pas sur votre temps, pourquoi pas oui. Vous avez l’air débordé, alors on ne s’attardera pas. » L’intéressa s’empressa de secouer la tête. « Non, non, j’y tiens. Je vous dois une fière chandelle… Et je ne vais pas retourner travailler maintenant, ça peut attendre demain. » C’est ce qu’il aurait de toute fait s’il n’avait pas oublié. Il lui jeta d’ailleurs un regard. « Surtout qu’elle a très envie de ce chocolat maintenant. » Elle hocha même la tête pour confirmer. « Vous savez, si jamais y’a besoin, je peux récupérer votre fille et l’amener ici, ça ne me dérange pas, puisque je repasse forcément ici pour rentrer chez moi. Ou alors ma sœur vient assister à mes cours quand je finis tard, alors… » Leo fut un peu surpris d’une telle proposition et il appréciait vraiment mais secoua tout de même la tête. « Ca m’aurait beaucoup aidé en effet mais le fait que je l’aie avec moi cette semaine est exceptionnel. Elle est avec ma femme la semaine en général et c’est elle qui la récupère. Mais c’est très gentil de proposer en tout cas. » Sans même le connaitre, il lui avait prouvé qu’il pouvait lui faire confiance.

« Bon alors j’accepte. C’est gentil dans tous les cas. » Leo hocha la tête avec un sourire, content qu’il ait réussi à convaincre le jeune homme d’accepter son invitation. Il ne pouvait pas ne pas se racheter – il trouvait même qu’un chocolat chaud était une maigre compensation – il avait la peur de sa vie et il avait empêché un grand drame de se produire. Xiaolu voulait même aller plus loin et lui proposa même de la récupérer après l’école si ça pouvait lui permettre de travailler plus. Ça aurait pu être bien mais comme elle était chez Lori la semaine, ça ne servait à rien. Mais il appréciait la proposition. « Oh je vois. En tout cas, si jamais un jour ou vous devez la récupérer et que vous ne pouvez pas, n’hésitez surtout pas. Je ne dirais rien à votre femme. » Le brun se mit à rire mais hocha tout de même la tête. « D’accord, c’est noté. Merci de le proposer ! Et oui je pense qu’il sera plus sage de ne rien lui dire. » Déjà qu’elle s’inquiétait trop pour leur fille, si elle apprenait qu’il ne s’en sortait pas tout seul il allait encore moins lui faire confiance. D’ailleurs il faudrait qu’il dise à sa fille de ne pas parler à sa mère de ce qu’il s’était passé cet après-midi. « Vous ne voyez pas beaucoup votre fille, si j’ai bien compris ? » Leo soupira avant de secouer la tête. « Pas autant que je le voudrais malheureusement. Je ne l’ai pour moi qu’un week end sur deux mais il m’arrive de l’avoir la semaine comme là. » Il ne se plaignait pas mais il aurait préféré la voir plus souvent quand même.