Anna détestait ce moment et pourtant, elle le vivait bien plus souvent qu'elle ne voulait bien l'admettre. Depuis qu'elle avait commencé à fumer, la jeune femme s'était accroché à sa résine comme à une bouée, après sa fausse couche. Seulement armée d'un joint et de quoi écrire, la jeune femme se perdait dans des mondes imaginaires avec facilité, dans la solitude de son appartement, à Turtle Bay. De toute façon, depuis qu'elle fumait, elle était solitaire ; même si ce n'était pas directement lié, Hayden & elle n'étaient plus ensemble, elle voyait Manuela et ses autres amies de moins en moins souvent, pour ne pas leur donner l'occasion de lui faire remarquer comme sa vie partait en sucette depuis qu'elle avait quitté son petit-ami. Pourtant, elle considérait qu'avec les circonstances, elle se débrouillait plutôt bien : elle suivait toujours plus ou moins ses études en double licence d'histoire/littérature à la New York University, n'était pas trop endettée par son loyer et ses dépenses grâce à son travail dans une librairie de son quartier... alors oui, il y avait la drogue, mais elle n'était pas allée trop loin pour le moment. Elle fumait beaucoup, oui ! Plus que ses dealers, apparemment, même ceux qui fumaient beaucoup. Elle en avait besoin pour écrire, et avec le temps, elle avait fini par en avoir besoin pour se lever, pour marcher, avant manger, après manger, avant d'aller dormir... C'était son carburant, elle en était devenue totalement dépendante, même si elle savait que ce n'était que psychologique. Alors, parce qu'elle n'avait pas envie d'en sortir, parce qu'elle se disait que finalement, elle se complaisait très bien dans ce quotidien, entourée de livres et de fumée, et qu'elle était très frustrée de sa dernière conversation avec Manuela à propos d'Hayden, elle avait contacté ce nouveau dealer avec qui Sally l'avait mise en contact avant de quitter la ville. En général, elle était prévoyante, essayant de rentrer en contact avec un fournisseur avant d'arriver à sec, puisqu'elle ne supportait pas de ne pas pouvoir fumer constamment. Elle l'avait déjà rencontré quelques fois, mais ils n'avaient jamais vraiment échangé ; en même temps, qu'est-ce que tu voulais dire à quelqu'un qui te vendait de la drogue ? Ils n'étaient pas là pour faire la causette.
Assise sur un banc de Madison Playground, dans le quartier de South Bronx, Anna avait l'air d'une petite fille sage, enroulée dans sa grande veste, ses cheveux blonds rayonnant sous le soleil. Pourtant, à y regarder de plus près, son regard rougi, le joint qui était glissé entre son index et son majeur, sa jambe gauche qui tressautait alors qu'elle jetait des regards alentours étaient autant plus d'indices de sa condition, qu'elle réussissait pourtant à garder plutôt discrète. Sortant son téléphone de sa poche, elle tapota brièvement un message à l'attention d'Ethan, J'suis là, au banc. T'es où ? avant de retourner à son impatiente attente.
Son portable sonna, une fois, deux fois, puis trois fois avant que sa main ne se traîne jusqu'à la table de nuit. Il décrocha avec lenteur (ses doigts patinaient sur l'écran tactile) et répondit un faible "Allo" qu'après quelques secondes de silence. À l'autre bout du fil, un client lui demandait de la drogue pour demain soir, en toute urgence. Ethan passa une main sur ses yeux, inspira difficilement puis raccrocha sans demander son reste. Le téléphone se remit directement à sonner et il finit par l'ignorer alors qu'à côté de lui, une silhouette se mît à bouger. Il se redressa vivement, par reflex, puis découvrit une jolie brune à moitié nue de l'autre côté de son lit. Ah oui, c'est vrai qu'il l'avait invité hier. Il s'extirpa des draps, ramassa son jean qui traînait par terre et se rendit jusqu'à sa salle de bain, qui était complètement retournée. Le rideau de douche était fermé et le miroir marqué au rouge à lèvre d'un espèce de graffiti qui n'avait aucun sens. Il ouvrit le rideau et tomba nez à nez avec un jeune homme qui semblait également s'éveiller dans la douleur d'une soirée assez mouvementée. "- Dehors" lui ordonna Ethan en lui montrant la porte d'un coup de menton. L'homme eut du mal à s'extirper de la baignoire et Ethan "l'aida" d'un grand coup de pied dans l'abdomen. Après cinq bonnes minutes à tenter de se repérer dans l'appartement, l'invité de la baignoire finit par sortir et le propriétaire des lieux referma la porte d'entrée derrière lui d'un geste sec. En passant devant sa chambre, il vit que la fille qui s'était invitée dans son lit était en train de se lever. Il lui balança ses affaires à la figure avant de lui montrer la porte. Elle rechigna un peu, mais lorsqu'elle vit qu'il s'avançait vers elle d'un pas menaçant, elle ne se fit pas prié et abandonna l'appartement au pas de course. Ethan vérifia comme chaque matin que personne d'autre ne se trouvait dans la cuisine, le salon ou encore le placard à balais, puis parti prendre une douche pour s'éveiller l'esprit. Alors qu'il s'apprêtait à sortir, il entendit son portable sonner à l'autre bout de la pièce. C'était celui des affaires. Il était important de préciser qu'Ethan avait trois portables. Un pour "les affaires", un second pour pirater certains programmes (il le laissait pratiquement tout le temps chez lui) et un troisième pour la famille et les amis. En général, celui-là sonnait si peu qu'il le laissait dans un placard de son bureau. Il n'y avait que son père qui téléphonait pour avoir de temps en temps des nouvelles, quant à sa mère, elle n'appelait que pour Noël et son anniversaire.
Ethan sortit de la douche, entoura ses hanches d'une serviette et partit en direction de sa chambre pour prendre son portable. Il décrocha d'un geste sec, ouvrit sa table de nuit et prit un joint qui apparemment n'avait pas été totalement consommé la veille. "- Ouais", répondit-il en coinçant son portable au creux de son épaule pour allumer son joint. "- J'suis là, au banc. T'es où ?" répondit une voix féminine à l'autre bout du fil. Il fronça les sourcils ne reconnaissant pas la voix, et décrocha son portable de son oreille pour regarder l'écran. "A. Logan" était marqué en grand. Il se rappela brièvement de cette nouvelle cliente pistonnée par Sally. Ethan regarda l'heure, fit une grimace et remit le téléphone à son oreille. "- Je suis sur le chemin, t'en fais pas." Il raccrocha et soupira. Il n'était pas près d'arriver, mais il savait qu'elle allait l'attendre jusqu'à pas d'heure pour avoir ce qu'elle était venue chercher. Parce qu'il était l'un des rares à New York à être aussi discret, et aussi l'un des rares à vendre de la bonne qualité. Il partit s'habiller, prit la drogue qu'il prenait dans sa planque (il en avait un peu partout mais celle là se situait dans la tour de son deuxième ordinateur), prit un vieux sac en bandoulière et sortit de son appartement en le refermant à double tour et en activant les alarmes. Il lui fallut un temps monstre pour aller jusqu'à Madison Playground, et lorsqu'il y fut enfin, il se mît en route vers leur point de rendez-vous habituel. La jeune femme était là, sagement assise sur son banc, faisant nerveusement bouger sa jambe. Personne n'y aurait pas prêté attention, mais Ethan reconnaissait les drogués dans n'importe quelles circonstances. En voyant ce geste nerveux et en calculant le temps qu'il avait mît à venir, il ne pût s'empêcher de lui lancer une remarque sarcastique: "- Alors, t'en fais une tête. T'es là depuis longtemps ? J'espère que je ne t'ai pas fait trop attendre." Il lui lança un sourire assez provocateur, puis reprit brutalement son sérieux. "- Tu as l'argent ?"
Anna n'était pas particulièrement connue pour sa patience et pourtant, même si elle relevait la tête toutes les deux minutes pour vérifier qu'Ethan n'était pas sur le point d'arriver, la jeune femme restait irrémédiablement collée à son banc. Elle aurait pu y rester toute la journée, si elle l'avait voulu. Bien sûr, elle n'était pas totalement à sec, si elle faisait attention, elle pourrait tenir ce soir, peut-être demain matin, mais ça s'arrêtait là, et à part le joint qu'elle tenait toujours en main et qu'elle avait précieusement gardé contre son sein avant de s'installer à sa place, elle ne transportait rien d'inutile sur elle, et encore moins le peu de résine qu'il lui restait chez elle. Pendant qu'elle attendait Ethan, la jeune femme alluma donc son calumet et se mit à le fumer le plus naturellement du monde : c'était ça aussi, être discret, faire comme si on n'avait absolument rien à se reprocher même si l'enfreinte était flagrante ; ça passait ou ça cassait, mais pour le moment c'était relativement passé pour Anna. Du coup, elle continuait. Elle se disait parfois qu'elle arrêterait : quand elle se ferait arrêter, ou quand elle se mettrait à cracher du sang, mais finalement, elle-même doutait qu'elle en serait capable toute seule avec le peu de motivation qui l'animait en ce moment. Et ce n'était pas tout... En plus de lui permettre d'écrire, son pilon était ce qui la faisait tenir quotidiennement face au fait qu'effectivement, même si elle se contentait du quotidien qu'elle avait maintenant, elle avait quand même bien chuté par rapport à l'époque où elle sortait et vivait avec Hayden. A vrai dire, à partir de l'instant où elle s'était séparée du jeune homme, les choses avaient commencé à mal aller, alors que c'était grâce à lui qu'elle avait trouvé la force de tenir tête à son père, à l'adolescence. Anna était partagée entre son envie de tenir tête à tout ça, de se dire qu'elle se débrouillait quand même, et celle de s'enfoncer encore plus, de donner raison à tous ces gens qui commentaient sa décadence, sans forcément la juger, mais qui commentaient... même le regard de Manuela était devenu douloureux tellement elle y voyait de la déception à chaque fois qu'elle le croisait. Après de longues minutes à jouer avec son téléphone portable et à fumer son joint, qui arriva bientôt à sa fin, elle vit enfin la silhouette d'Ethan se dessiner à la porte du parc. « Alors, t'en fais une tête. T'es là depuis longtemps ? J'espère que je ne t'ai pas fait trop attendre. » lui dit-il lorsqu'il arriva à sa hauteur, la faisant grimacer. S'il l'avait fait attendre ? « Un peu, ouais. » fit-elle doucement remarquer. Elle ne voulait pas être méchante ou quoique ce soit, mais elle semblait mieux comprendre que ses dealers qu'il fallait fidéliser son client avant de le traiter comme de la merde, alors qu'elle-même n'en vendait pas. C'était pour ça qu'elle avait beaucoup changé de dealer avant de trouver Sally, et qu'elle n'appelait Ethan que parce que c'était elle qui l'avait recommandé & qu'il fallait avouer que lorsqu'elle fumait ce qu'il lui vendait, elle pouvait planer pendant des heures. « Tu as l'argent ? » Anna lui adressa un bref regard désabusé avant de sortir les billets de sa poche. « Heureusement que la politesse c'est gratuit. » déclara-t-elle avant de tendre la main, attendant de recevoir ce pour quoi elle venait de payer.
Il était arrivé en retard, comme à son habitude. Il avait prit son temps exprès parce qu'il aimait bien se faire attendre. Plusieurs fois ses clients l'ont menacé de partir, mais la plus part du temps ils serraient des dents et restaient. Quant à ceux qui avaient eu le courage de changer de fournisseur, ils finissaient toujours par revenir, faute de qualité. Mais après ce changement brutal, le problème était qu'Ethan n'était plus sûr de les accueillir sur sa liste. De un parce que les places s'étant libérées, il acceptait d'autres personnes et refermait des portes à d'autres, de deux parce qu'il était rancunier et que c'était parfois (souvent) sa façon de se venger. Cruel quand on savait qu'il était l'un des rares à fournir de la qualité, mais c'était le jeu, et dans celui-là, il excellait. Il s'était rendu au point de rendez-vous habituel qu'il avait donné à Anna Logan, c'est à dire à un banc, entouré de buissons mal entretenus mais qui le cachait relativement bien. C'était Sally, une connaissance, qui avait insisté pour qu'il fournisse également son amie. Au début, il avait refusé parce que sa liste était pleine et qu' il ne voulait vendre à plus personne d'autre, mais la jeune femme avait beaucoup insisté et faute de patience il avait accepté. La première fois qu'il l'avait rencontré Anna Logan, c'était ici, un jour froid et humide, comme il les détestait. Il s'attendait à voir une brune avec des cernes et une teinte de peau maladive grelotter et marcher en rond nerveusement, mais à la place il avait trouvé une jolie demoiselle blonde qui ne semblait pas encore trop malade. Elle paraissait plus jeune qu'elle en avait l'air, mais il ne lui avait jamais demandé son âge. Juste de l'argent et si elle voulait autre chose. Depuis ce rendez-vous, il l'avait revu plusieurs fois et il voyait bien que son état se dégradait de jour en jour, mais il s'en fichait, il n'était que le vendeur. Elle avait le choix d'arrêter, et quand bien même elle aurait décidé par un coup de tête de reprendre sa santé en main il ne la retiendrait pas, tout simplement parce qu'il trouverait surement quelqu'un d'autre à qui pourrir la santé. « Un peu, ouais. »dit la jeune femme lorsqu'il lui demanda avec ironie si elle avait attendu longtemps. Il voyait bien que sa remarque l'avait agacé (et c'était le but) et il eut un demi sourire avant de lui demander l'argent d'une manière assez froide et peu polie. « Heureusement que la politesse c'est gratuit»lui dit-elle tout en sortant l'argent. Ethan ignora d'abord sa remarque et observa les billets pour voir si ce n'était pas de la contre façon en les faisant jouer au soleil, puis en regardant les marquages sur les côtés. Lorsqu'il eut finit, satisfait, il les rangea et lui donna ce qu'elle était venue chercher et attendait sans doute avec impatience. "- Désolé, la prochaine fois je prendrais des gants et des pincettes" lui répondit-il avec indifférence. Il n'était pas là pour être poli, ni même pour faire connaissance. Il était la pour vendre et rien d'autre. Quand il aurait moins de demande pour ses services, là seulement il se montrerait plus sympathique, histoire de ne plus avoir de clients, mais ce n'était pas le cas maintenant, et il vivait pour le présent et jamais en prévision du futur. Ethan regarda sa liste de choses à faire et remarqua qu'il n'avait pas grand chose de prévu. Tant mieux, il pourrait rester chez lui et se reposer un peu jusqu'au soir. Il se tourna pour repartir et dit à voix haute derrière mon épaule: "- Tu sais quoi faire si tu as besoin d'autre chose."
Depuis qu'elle avait commencé à fumer et, donc, à acheter de la drogue, la jeune femme s'était surprise à faire des rencontres étrangement positives. Sally, par exemple, lui avait d'abord fait forte impression avant qu'elles ne passent au travers de leurs différences et des aprioris qu'elles avaient l'une sur l'autre pour pouvoir devenir amies. Bien sûr, le business était toujours là, Anna payait toujours pour ce qu'elle fumait, mais Sally ne lui faisait jamais de sale coup, ne lui donnait jamais de mauvaise qualité ou de pauvre quantité comme elle aurait pu le faire à certains de ses clients avec qui elle n'avait pas la même affinité. Lorsque la jeune femme lui avait dit qu'elle la redirigerait vers quelqu'un d'autre parce qu'elle allait se diriger vers d'autres activités, Anna savait qu'elles ne seraient plus amenées à se voir & que ça allait signer la fin de leur brève amitié, et elle avait été d'autant plus déçue lorsqu'elle avait rencontré Ethan pour la première fois : à ses yeux, le jeune homme n'avait rien compris, mais bon, il devait avoir ses raisons pour penser qu'il pouvait la traiter de la sorte, arriverait ce qui arriverait, elle ne pensait pas que ça empêcherait ni l'un ni l'autre de dormir sur ses deux oreilles tous les soirs. « Désolé, la prochaine fois je prendrais des gants et des pincettes » répliqua d'ailleurs Ethan lorsqu'Anna lui fit remarquer qu'il manquait carrément de politesse. Enfin, elle ne lui demandait pas un tapis rouge non plus, mais quand même un minimum! Pour le coup, Anna ne prit même pas la peine de lui répondre. A quoi bon ? Elle savait très bien que quoiqu'elle dise, ça allait complètement passer par-dessus la tête d'Ethan, il n'en avait rien à faire et franchement, elle avait autre chose à faire que de le reprendre sur son comportement, ce n'était pas sa faute si il n'était pas éduqué. Sans un regard de plus, son dealer de fortune fit volte-face et s'éloigna d'un pas tranquille, un sourire taquin qu'Anna avait en horreur sur les lèvres, pendant que celle-ci glissait sa précieuse drogue dans son soutien-gorge, ce qui lui offrait deux fois moins de chances d'être embarquée si elle se faisait contrôler. « Tu sais quoi faire si tu as besoin d'autre chose. » Pendant un instant, elle en avait presque oublié qu'effectivement, elle avait besoin d'autre chose. En avait-elle besoin ? Oh, elle en avait déjà débattu pendant des heures avec elle-même chez elle, et elle en avait déduit qu'elle ne pourrait réfléchir que lorsqu'elle aurait la chose devant elle. Là, elle pourrait réfléchir si elle en voulait ou pas. « En fait ! » s'exclama-t-elle alors qu'Ethan s'éloignait encore, soupirant avant de trottiner pour rejoindre le jeune homme. Elle ne croisa son regard que brièvement avant de le détourner gênée, et maugréa quelques mots. « Est-ce que t'as quelque chose de... plus fort ? Des extas, des trucs comme ça ? » demanda-t-elle doucement.
Anna Logan avait toujours été à l'heure lorsqu'ils se rencontraient dans le parc. Lui en était incapable parce qu'à chaque fois que ses rappels de rendez-vous sonnaient, il les repoussait de cinq minutes si bien qu'à la fin il pouvait être en retard d'une heure, voire d'une heure et demi qu'il n'avait toujours pas quitté son appartement. Il se disait qu'elle devait avoir non seulement le courage de le supporter mais aussi de patienter qu'il arrive. En fait, c'était aussi l'un des prix à payer si l'on voulait avoir ce qu'il vendait. Ethan était habitué à ce qu'on l'attende et même si ça pouvait être signe d'un insupportable égocentrisme et égoïsme, il s'en félicitait parce qu'au moins il ne devait rien à personne. Cette façon de penser le conduirait sans doute à sa perte, d'ailleurs ça expliquait peut-être pourquoi il vivait seul comme un ours dans son appartement, mais il préférait s'en féliciter. Vendre de la drogue était devenu non une besogne qu'il était obligé de faire pour garder un niveau de vie "potable" (enfin selon lui), mais surtout un moyen d'avoir de l'argent facile, tout comme ces comptes qu'il piratait à la ramasse. Quel mauvais exemple il donnait quand même...
Après avoir répondu ironiquement à Anna Logan qu'il prendrait des gants et des pincettes, il vérifia les billets. Du coin de l'œil, il vit bien que ça remarque l'agaçait et que la jeune fille le prenait peut-être pour le dernier des abrutis, mais il s'en fichait complètement. De toute façon, elles le traitaient toujours comme ça lorsqu'il les chassait de chez lui au bout d'une nuit, alors ce n'était pas l'habitude qui manquait. Après avoir rangé l'argent, il lui remit ce qu'elle attendait avec impatience et partit en lui disant que si elle avait besoin d'autre chose elle n'avait qu'à l'appeler. Alors qu'il s'éloignait un peu plus loin, elle l'appela, mais il continua sa marche parce qu'il n'avait pas envie de rester plus longtemps (quel mec insupportable hein ?), et aussi parce qu'il n'aimait pas qu'on l'interpelle comme s'il était un chien (en plus il est susceptible). Anna le rattrapa en trottinant. Ils se regardèrent une fraction de seconde et il vit bien qu'elle était mal à l'aise, d'ailleurs, elle détourna le regard la seconde qui suivit et il eut l'impression que sa voix baissait: « Est-ce que t'as quelque chose de... plus fort ? Des extas, des trucs comme ça ? » lui demanda-t-elle discrètement. Ethan la regarda pendant quelques secondes comme s'il était peu convaincu, puis voyant que quelques personnes s'approchait d'eux la tira un peu plus loin derrière une série d'arbres à moitié morts. Il fouilla dans son sac et finit par mettre la main sur ce qu'il cherchait. C'était un minuscule paquet contenant de la poudre, mais il le divisa encore en deux. Puis, il regarda la jeune fille: "- J'ai ça. Je n'en donne pas souvent alors profite et considère ça comme un... Extra" répondit-il en souriant. Le terme qu'elle avait prit le faisait sourire. Depuis qu'il la connaissait il se rendait bien compte que pour quelques "extras", elle s'enfonçait de plus en plus, mais ce n'était pas son rôle de lui dire d'arrêter, ses parents étaient bien là pour ça non ? Ou peut-être qu'elle n'avait pas de parents. Peu importait, de toute façon il lui donnerait cet "extra" qu'elle allait sans doute tant chérir. Il lui donna la minuscule poche en plastique remplie de poudre. "- Ça devrait faire l'affaire. Je te le fais gratuit pour que tu testes, mais je pense que ça va te plaire" déclara-t-il simplement. "- Si c'est le cas, tu m'appelles, mais je te préviens tout de suite: j'ai un mal fou à m'en procurer, alors jusqu'à ce que je négocie durablement, tu devras patienter un peu. J'espère que tu t'en sentiras capable".
Anna savait que toutes les personnes qu'elle connaissait auraient honte d'elle si ils la voyaient à cet instant, en train de demander à Ethan un peu de drogue dure. Pour elle, pourtant, ça avait toujours été la limite à ne pas dépasser, comme se dire qu'on allait arrêter lorsqu'on commencerait à cracher du sang, et finalement... quand on en voit, on se dit qu'on se trompe, que ça vient d'autre part, qu'on peut continuer, s'enfoncer un peu plus. Ce n'était pas si confortable que ça en avait l'air. Elle devait prendre plusieurs fois par jour, elle qui détestait se sentir sale, parce que la fumée de ses joints s'incrustait partout sur elle : sur ses fournitures, dans ses cheveux, sur sa peau... elle ne se sentait pas « bien » quand elle fumait, ce n'était pas sa motivation première, elle voulait juste... s'évader, et ça l'aidait à penser à autre chose. A vrai dire, ça l'empêchait parfois de rester concentrée, mais pouvait aussi l'inspirer et la laisser suspendue des heures à son journal, où elle écrivait toutes ses poussées d'inspiration, qu'elles soient fictionnelles ou personnelles. Mais là... Quoiqu'on puisse lui dire, elle avait cette vision totalement dépréciative de sa personne depuis qu'elle était rentrée à New York, depuis même qu'elle avait perdu son bébé, à Berlin. Et ses joints... ça ne suffisait plus, ça ne la faisait plus assez planer. Elle n'arrivait plus à oublier le visage d'Hayden, son ventre légèrement rebondi...
Anna était gênée de demander à Ethan de la drogue, enfin... de la « vraie » drogue comme elle aurait voulu l'appeler, mais bien vite, elle laissa place à une véritable curiosité. Lorsque quelques personnes passèrent près d'eux, Anna se laissa entraîner par le jeune homme derrière la protection de quelques arbres dépéris. Il l'incita à tendre la main, paume vers le ciel, et y déposa bientôt un sachet. Dès qu'elle eut entre les doigts, la jeune femme ne put pas en détacher son regard. « J'ai ça. Je n'en donne pas souvent alors profite et considère ça comme un... Extra. » Intriguée, Anna observa Ethan diviser le contenu du sachet pour qu'il ne lui en reste que la moitié. « Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-elle hasardeusement, pratiquement sûre qu'elle ne saurait pas de quoi il parlait de toute façon. « Ça devrait faire l'affaire. Je te le fais gratuit pour que tu testes, mais je pense que ça va te plaire » l'assura-t-il, faisant une nouvelle fois glisser les yeux de l'américano-allemande vers le petit sachet. « Si c'est le cas, tu m'appelles, mais je te préviens tout de suite: j'ai un mal fou à m'en procurer, alors jusqu'à ce que je négocie durablement, tu devras patienter un peu. J'espère que tu t'en sentiras capable » Est-ce que c'était À CE POINT bon ? Rapidement, Anna glissa le sachet dans son soutien-gorge. « Merci... » souffla-t-elle simplement, prête à repartir.
Ethan trouvait qu'Anna Logan semblait égarée, un peu dans son monde. À première vue, elle ne semblait pas être une droguée, elle avait tous les critères d'une fille bien dans sa peau et bien intégrée, une idée très éloignée de cette silhouette affaiblie qu'elle allait bientôt devenir si jamais elle continuait. Ethan ne savait pas vraiment ce qui le guidait à penser toutes ces choses. Peut-être ses cheveux blonds ondulés, ou encore ses tâches de rousseurs visibles quand il y avait du soleil ? En tout cas, elle était bien loin du cliché qu'on se faisait autour de sa clientèle, et ce n'était peut-être pas plus mal. Ça changeait des mines complètement défaites et des cheveux sales. Ethan voyait bien qu'elle s'enfonçait de jour en jour, ou plutôt de rendez-vous en rendez-vous. Il aurait pu faire quelque chose pour qu'elle s'arrête, mais ça ne l'arrangeait absolument pas, et puis il aimait bien savoir que quelqu'un était dépendant de ce qu'il vendait, et donc, indirectement, de lui. Si on y réfléchissait bien, il était au sommet d'une pyramide constituée de personnes qui demandaient sans cesse de nouvelles marchandises, et cette chère Anna Logan venait à son tour de s'y ajouter. « Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-elle avec curiosité en le regardant pendant qu'il partageait la poudre blanche. Ethan eut un léger sourire tout en lui donnant sa part. "- Pas quelque chose de très recommandable" lui répondit-il en laissant la jeune fille le cacher dans son soutien-gorge ce qui le fit sourire intérieurement. C'était une bonne cachette, parce qu'à moins qu'elle ne crie au viol, personne ne pouvait aller vérifier. "- C'est du crystal meth. De la métamphétamine si tu préfères. Toi qui est étudiante, ça devrait booster tes capacités mentales et te rendre plus énergique. Tu vas aimer", lui expliqua-t-il calmement. Évidemment, il ne lui disait pas tous les aspects négatifs comme les hallucinations, les délires, et autres symptômes assez déplaisants, mais malgré tout, il savait qu'elle apprécierait ce nouveau "produit" dès la première fois qu'elle le consommerait. Avec ça, il était certain qu'elle allait revenir lui en demander. Adieu jeune fille blonde et radieuse en apparence en bonne santé, la descente aux enfers s'annonçait être longue, et il allait être le fautif, même s'il ne l'admettait absolument pas. « Merci... » souffla-t-elle en le regardant. Il voulut lui dire en ricanant qu'elle ne le remercierait plus lorsqu'elle serait en manque, mais se retint au dernier moment. Anna Logan allait être une fidèle cliente. Peut-être même qu'elle entraînerait ses amis avec elle, et dans ce cas, tout serait dans sa poche. Alors que la jeune femme s'apprêtait à partir, Ethan la devança en se plaçant devant elle. "- Attends", lui dit il en se penchant vers elle. "- Si tu veux essayer autre chose, viens à cette adresse." Il lui envoyant l'adresse dite via son téléphone puis le rangea à nouveau dans sa poche. "- Si tu viens, tu ne serais pas déçue, mais garde le lieu secret alors."
Depuis qu'Ethan avait posé le petit sachet dans les mains d'Anna, la jeune femme ne pouvait pas en détacher son regard et elle resta d'ailleurs un long moment à l'observer avant d'oser enfin demander à Ethan ce que c'était. « Pas quelque chose de très recommandable » Ca, elle n'avait aucun mal à s'en douter, mais ça ne la dérangeait pas plus que ça. De toute façon, c'était ce qu'elle voulait, quelque chose de plus fort que ce qu'elle prenait d'habitude. « C'est du crystal meth. De la métamphétamine si tu préfères. Toi qui est étudiante, ça devrait booster tes capacités mentales et te rendre plus énergique. Tu vas aimer » lui expliqua Ethan d'un ton neutre, comme s'il n'était pas en train de lui vendre quelque chose qui, à long terme, pourrait la détruire, ou même la tuer. La jeune femme non plus ne voulait pas trop y penser, même si un coin de son esprit lui disait de faire demi-tour, de tourner les talons, d'oublier tout ça... pour quoi d'autre ? Elle n'avait rien d'autre dans sa vie, elle ne pouvait pas passer au-delà de la perte de son bébé, n'arrivait pas à construire une vie saine toute seule et la seule personne avec qui elle ai jamais eu envie de partager sa vie ne voulait plus d'elle, lui ayant même dit qu'il voulait qu'ils passent du temps éloignés l'un de l'autre, comme si l'année précédente n'avait pas été suffisante. Pf, de toute façon... ce qui était fait était fait, dit aussi, elle ne pouvait rien faire contre ça, elle ne savait même pas si elle le voulait. « Attends ! » l'interrompit Ethan alors qu'elle s'apprêtait à partir après l'avoir brièvement remercié, puisqu'ELLE avait des manières. « Si tu veux essayer autre chose, viens à cette adresse. » déclara-t-il en se penchant vers elle pour lui envoyer un message contenant une adresse qu'Anna lut brièvement avant de reranger son portable dans sa poche. « Si tu viens, tu ne serais pas déçue, mais garde le lieu secret alors.» termina le jeune homme, intriguant Anna. Un instant, elle voulut lui demander de quoi il parlait exactement lorsqu'il disait « autre chose » mais finalement, cette histoire de crystal meth était peut-être bien assez suffisante pour aujourd'hui. « D'accord... J'y penserais. » souffla-t-elle en hochant la tête avant de reprendre son chemin vers l'extérieur du parc.
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