your moment of truth Is the day that you say “I’m not scared”

enzo & loan

Dix-sept mai ... Une date qui pour bien des raisons aurait dû avoir son importance. Une date qui aurait dû rassembler bien des personnes pour une même chose. Une date qui au final n'en était qu'une parmi tant d'autres désormais. Le dix-sept mai était le jour où la Philippine était née à quelques heures d'intervalles avant sa jumelle à Palapag et si pendant des années elle avait adoré la perspective d'avoir une journée où elle serait reine, désormais cela n'avait plus la moindre importance. Pourtant, Loan avait adoré le jour de son anniversaire et le fait d'être chouchoutée. C'était lors de cette unique journée de l'année qu'elle avait enfin l'impression de compter pour quelqu'un, de compter pour son père qui ne pouvait clairement pas l'ignorer lors de cette date. A présent, ce n'était jamais qu'un anniversaire, un jour qui officiellement lui donnait une année de plus et rien d'autre. Peut-être aurait-elle pu faire un effort et essayer de voir sa famille pour cette journée spéciale mais la jeune femme n'en avait guère envie. Ce qu'elle craignait ? Lire la pitié dans leur regard. Elle savait que ce ne serait pas intentionnel de leur part, mais cette expression serait malgré tout visible dans leurs iris et Loan n'avait pas la moindre envie de subir ça. Depuis son retour de Palapag quelques jours plus tôt, elle reprenait cette mauvaise habitude qui consistait à rester enfermée dans son appartement en compagnie de sa fille. Certains jours elle s'efforçait de jouer la comédie lorsque son fils venait passer du temps avec elles, mais c'était bien tout d'autant plus que la simple idée de croiser le regard de Caleb lui donnait sérieusement envie de pleurer.

Elle avait la sensation de s'affaiblir de jour en jour mais la Philippine continuait de lutter par instinct, simplement parce qu'elle avait toujours été ainsi. Sa fierté reprenait doucement le dessus ce dont elle se serait passée, connaissant que trop bien l'issue si jamais elle revêtait sa carapace. Loan avait mis tant de temps et d'énergie à ne plus être aussi mauvaise qu'elle avait pu l'être que l'idée que tous ses efforts soient réduits à néant l'effrayait, mais malheureusement la jeune femme n'arrivait pas à trouver d'autres moyens pour tenir le coup. Pourtant, si elle avait imaginé l'espace de quelques instants qu'elle pourrait passer le jour de son anniversaire avec pour simple compagnie celle d'Elian, Loan fut forcée de remarquer qu'elle s'était mis le doigt dans l'œil lorsque, la veille au soir, Enzo avait débarqué sur le pas de son appartement. Bien que surprise de le voir là, elle le connaissait assez bien pour savoir que la raison de sa présence était liée au jour qui lui donnerait un an de plus. Incapable de lui demander de rentrer chez lui, Loan avait accepté de passer la soirée en sa compagnie et force lui était de constater qu'il lui avait été d'une grande aide à la fois pour chasser ses idées noires et pour s'occuper d'Elian qui semblait l'avoir adopté en quelques secondes. Au final, la soirée c'était plutôt bien passée et Loan s'était effondrée dans son lit non sans quelques explications sur la manière de convertir le canapé du salon en lit données à l'Italien. Une nuit aussi calme que celle qu'elle venait de passer lui avait manqué et Loan éprouva toutes les difficultés du monde à quitter les bras de Morphée, du moins jusqu'à ce que son regard se porte sur le cadran de son réveil.

Elian ! Ce fut sa première pensée. Sa fille était particulièrement matinale et pourtant elle ne l'avait pas réveillé ce qui anima un vent de panique chez la Philippine qui sortit à toute vitesse de son lit - manquant de faire une rencontre brutale avec le sol de la pièce - avant de sortir de la chambre pour faire face à ... Enzo derrière les fourneaux et Elian jouant tranquillement dans son parc. Prenant subitement conscience de sa tenue - soit un simple short de pyjama et une chemise pratiquement dix fois trop grande pour elle - Loan se mit à tirer nerveusement sur l'ourlet de son haut comme pour tenter de cacher chaque centimètre de sa peau nue. « Bonjour ... » Tenta-t-elle d'une petite voix tout en prenant la direction de l'endroit où se trouvait sa fille afin de la prendre dans ses bras. « Tu es réveillé depuis longtemps ? Oh, c'est elle qui t'a réveillé c'est ça ? Je savais que j'aurais dû la coucher dans ma chambre, je suis vraiment désolée. » Lâcha-t-elle à toute vitesse avant qu'une légère grimace ne vienne déformer son visage qui portait encore les traces de son sommeil. Pourquoi fallait-il toujours qu'elle parle autant en situation de stress ? Et pour quelles raisons angoissait-elle autant d'ailleurs ? Balayant ces questions de son esprit, Loan jeta un bref regard à sa fille avant de rejoindre la cuisine pour tenter de deviner ce que l'Italien préparait, sans grand succès. « Qu'est-ce que tu cuisines ? Une recette de ta grand-mère ? » Finit-elle par demander en commençant à faire les cents pas autour d’Enzo, berçant Elian dans ses bras, une habitude qu’elle avait pour se calmer.