Art, mais qui a parlé d'art ?

Olive & Rafaello

Depuis qu'Ana avait prit la poudre d'escampette, me laissant ainsi seul dans notre appartement que nous partagions depuis plus de trois ans maintenant, j'avais la fâcheuse tendance à m'ennuyer plus que de raison. Quand j'en avais fini de vendre mes merdes dans la rue, à la fin de la nuit, je rentrais et déprimais devant le néant qui m'accueillait, alors que j'entrais dans un appartement des plus vides. A tous les coups, je me couchais et demeurais dans mon lit à ne rien faire, pendant des heures et des heures. Et ensuite, je m'ennuyais, encore et encore. J'avais beau aller chez ma soeur, sortir me promener un peu, faire deux trois courses, c'était toujours le même ennuie et la même lassitude qui fourmillaient en moi. Je n'avais plus l'habitude de vivre seul et je ne supportais déjà foutrement plus cette solitude qui me pesait et me rongeait. Oui, je regrettais vraiment la situation de couple dans laquelle je me trouvais. Aimer une personne mais être incapable de le lui rendre bien. Aimer quelqu'un mais ne pas parvenir à le lui faire comprendre de la bonne façon. C'était tout moi ça. J'avais besoin de me montrer horrible dès l'instant où j'aimais. Par besoin, inconscient, de repousser la personne ? Ca n'aurait rien de bien surprenant venant de moi, clairement. Bref, ce n'était pas le moment de ressasser mes sombres pensées. En ce dimanche, j'avais plutôt envie et besoin, de sortir prendre un peu l'air et me vider l'esprit. Et une fois que je fus au dehors, je songeai que, tant qu'à faire, je n'avais qu'à me rendre à la galerie où j'exposais mes tableaux depuis quelques mois à peine. J'avais ramé vraiment longtemps avant de trouver quelqu'un qui me prenait suffisamment au sérieux en tant que peintre. Maintenant, j'espérais pouvoir vivre de mes oeuvres, tôt ou tard. Mais je savais que ce n'était pas encore prêt d'arriver. Vu le peu de clients qu'il y avait, il faudrait que mes tableaux soient vendus vraiment très chers, pour en arriver à là. Et je n'étais malheureusement pas encore assez connu pour que ça soit le cas. Il faudrait encore un peu de temps, en clair. Je venais d'entrer dans la galerie et en faisait le tour, quand une jeune femme brune me percuta sans trop faire attention à où elle allait. « Pardon excusez-moi. » Je me contentai de sourire faiblement et de hocher la tête, avant de la suivre du regard, avec curiosité. Finalement, je la rejoignis alors qu'elle s'arrêtait devant l'un de mes tableaux. « Artiste ou cliente ? » Demandai-je sur un ton aimable, alors que quelque chose me disait qu'elle était plutôt la première option. Non pas que j'étais un détecteur d'artistes. Mais ces personnes là semblaient dégager quelque chose que j'étais capable de ressentir. A moins que je ne me trompe lourdement. Ce qui n'était pas impossible non plus. Je n'étais pas infaillible. Et si elle était plutôt artiste, je serais curieux de savoir ce que, en tant que telle, elle pensait de mes tableaux.

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Olive & Rafaello

Si je m'étais rendu, en ce dimanche de mars, dans la galerie qui exposait mes tableaux, c'était davantage pour passer le temps et m'éviter un ennuie plus que mortel, que pour voir un peu ce que les gens pensaient de mes oeuvres. J'étais néanmoins ravi de voir qu'il y avait pas mal de monde et que l'une de mes peintures avait été vendue. Plutôt que de me soucier de l'argent de la vente, j'étais surtout content de savoir que ce que je faisais, avait la fâcheuse tendance à plaire à ceux qui passaient par là et découvraient mes tableaux. La peinture était quand même une part très importante de moi. C'était ma façon d'exprimer ce que j'étais incapable d'extérioriser. Par pudeur et par crainte de ce que les gens pourraient alors penser à mon sujet. En fait, c'était vraiment très privé. Un part importante de moi, de mon histoire et de ma personnalité. Et pourtant, je la partageais avec ceux qui étaient capables de voir au delà des couleurs, des motifs et des coups de pinceau. Evidemment, ce n'était pas aussi clair que si j'avais tout raconté par écrit, purement et simplement. Mais je racontais des histoires de part mes peintures. Des histoires que tout le monde n'était pas forcément en mesure de comprendre. Pour cela, il fallait être capable de décrypter une peinture. Bien sûr, ça ne touchait pas forcément tout le monde. Et ça, ce n'était de toute façon pas mon but. Je ne cherchais pas à faire en sorte que tout le monde soit capable de comprendre et d'être touché par ce que je faisais. Ce serait bien trop de travail et trop travaillé. Je voulais être libre dans ce que je faisais. C'était le but de la peinture selon moi. Pouvoir s'exprimer de la façon que l'on souhaitait, sans la moindre contrainte extérieure que celles que l'on désirait alors s'imposer.

Après un bref tour de la galerie, je m'arrêtai aux côtés d'une inconnue, que je questionnais. Pour savoir à qui j'avais à faire. Cliente ou artiste. Dans un cas comme dans l'autre, j'étais curieux de savoir ce qu'elle pensait de tout ce qu'elle voyait. « Artiste et vous ? » Je souris faiblement en songeant que mon intuition la concernant, ne m'avait pas trompé. « Pareillement. » Répondis-je tranquillement, en reportant mon attention sur la toile en face de nous. « Je ne comprends comment ils font pour exposer une toile pareille…. » Surpris par une telle entrée en matière, un peu trop franche à mon goût, je tournai le regard vers elle, sourcils froncés. J'ignorais si elle réalisait qu'elle était justement en train de s'adresser à l'auteur de cette peinture, ou si elle le faisait de façon volontaire, justement pour me faire chier. Dans un cas comme dans l'autre, je pensais qu'elle aurait tout de même pu y aller avec des pincettes. « C’est une toile étrange, je ne la comprend pas. Ce n’est pas la vôtre, n’est-ce pas ? » Tranquillement, je désignai quelques points du tableau. « La rencontre de l'eau et du feu. Je trouve ça très clair moi. » Rétorquai-je sur un ton un peu trop calme et lent, avant de pivoter sur moi même pour lui faire plus ou moins face. « Rafaello Viscenti. J'expose dans cette galerie depuis plusieurs mois. Et vous êtes ...? » Demandai-je ensuite, sans chercher à lui tendre la main pour la saluer. « Pour une artiste, vous manquez sacrément de tact. Je serais curieux de voir le genre d'oeuvre que vous faites. Sans doute des natures mortes. Ca demande moins d'imagination. »

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J'avais un sacré caractère fort, c'était une chose que je ne pouvais pas nier et que je serais bien bête de vouloir cacher. C'était sans doute du, en grande partie, à mes origines italiennes. Les méditerranéen étaient réputés pour ça après tout. Et étant l'un d'eux, je n'étais aucunement une exception qui confirmait la règle. Tout au contraire, j'étais même un méditerranéen de base. Impulsif, possessif, jaloux, j'avais toute la panoplie du mec qui vient de ce coin là du monde. La seule différence était que je n'étais pas franchement macho. Je ne partais pas du principe qu'une femme devait être à la maison, à cuisiner, faire le ménage et s'occuper des gosses, pendant que le père était au boulot ou au bar. A vrai dire, je ne supportais même pas cette vision des choses. Presque autant que je ne supportais pas les gens qui ne prenaient pas la peine de faire montre d'un minimum de tact, quand ils s'apprêtaient à faire passer une pilule qui aurait bien du mal à passer. Les paroles de la jeune femme que je venais de rencontrer dans la galerie où j'exposais, s'approchaient un peu trop d'un pur "c'est moche". Et ça, je n'étais pas en mesure de l'accepter. Et puis le fait que j'étais des plus tendus depuis quelques temps, à cause de mes problèmes avec Analyssia, n'allait pas m'aider à conserver mon calme. J'étais une bombe à retardement qui n'avait pas besoin de grand chose pour exploser. « Oui, mais parfois, on ne comprend pas de suite, il faut qu’on en apprenne plus sur l’œuvre. Effectivement, maintenant je vois mieux ce que vous veniez de dire. C’est assez expressif. » J'eus un rire narquois aux paroles de la jeune femme, que j'avais beaucoup de peine à penser sincère; Il était facile d'affirmer cela une fois que l'artiste lui même avait éclairé une certaine lanterne. Après que je me fus présenté, elle en fit de même. Et je me contentai de hocher faiblement la tête, lèvres pincées d'agacement.

« Dans l’université d’où je viens les professeurs ne se gênaient pas pour dire ce qui n’allait pas du tout. Je suis navrée pour vous si mes propos vous ont vexés. Mais je peux quand même dire lorsque je ne comprends pas une toile. Cela permet en discutant d’en apprendre plus. Je peins des aquarelles, et oui c’est certain que ce n’est pas du tout le même univers. Seulement, vous avez le vôtre, j’ai le mien, et pour comprendre le vôtre, je pose des questions c’est tout. » Je roulai des yeux avant de reposer un regard narquois sur elle. Pour une personne qui posait des questions, elle s'était montrée franchement expéditive quant à la qualité de mes oeuvres, dès le départ. « Vous ne demandez pas d’informations sur les toiles de vos amis, vous ? Vous ne parlez pas de vos œuvres entre vous ? » Et désormais, c'était limite si elle ne tentait pas de me donner une bonne leçon sur tout le reste, ma personnalité comprise. De quoi se mêlait-elle au juste ? « En effet, demander comment on peut "exposer un truc pareil", c'était sacrément recherché comme question et absolument pas déplacé ! » Rétorquai-je sur un ton franchement moqueur. Il était vrai que contrairement à elle, je n'avais jamais étudié la peinture. C'était là notre principale différence sans doute. Elle devait garder un certain style très "école" et droit. Alors que moi, je peignais dans l'anarchie la plus totale et en laissant mon âme et mon esprit prendre le dessus sur tout le reste. Je n'étais guidé que par l'envie d'exprimer ce qui se passait dans ma tête et mon coeur. Ni plus ni moins. « Sinon, expliquez-moi. Vous avez fait une série ? Vous avez mis un texte à côté ? Vous avez une technique particulière, je l’ai vu au coup de pinceaux. C’est très beau et vivant, seulement il faut accepter que parfois les gens ne comprennent pas de suite. » Je grinçai des dents en lui lançant un regard franchement irrité. « Je n'ai rien contre les gens qui ne comprennent pas de suite ce que j'ai voulu exprimer. J'ai simplement du mal avec ceux qui manquent ouvertement de respect et se permettent des remarques déplacées quant aux oeuvres d'une personne qui a mit énormément d'elle dans ce qu'elle a fait. »

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J'avais beau ne connaître cette femme, ni d'Eve ni d'Adam, il n'en demeurait pas moins qu'elle me tapait déjà sacrément sur le système. Il était rare que je sois aussi rapidement blasé par une personne simplement en lui parlant. Mais pour le coup, elle était parvenue à tout gagner en moins de cinq minutes. Elle était sacrément douée, c'était le moins que l'on pouvait en dire. En tout cas, pour sûr, je n'allais pas me taire. Je trouvais véritablement qu'elle m'avait manqué de respect. Non pas parce que son avis sur mes toiles était négatif. Mais parce que je pensais que mentionner le fait qu'elles n'avaient rien à faire là, était réellement très mal venu. C'était le genre de remarque que l'on gardait pour soit. Quand bien même on le pensait vraiment. « Je n’ai pas dit qu’elle ne méritait pas d’être exposé, j’ai dit que je ne comprenais pas pourquoi est-ce qu’elle était exposée. Elle aurait pu être vendue. Je n’ai pas dit qu’elle était moche. Vous avez déformé mes propos. » J'affichais une grimace narquoise, alors que j'écoutais son blabla d'un air distrait. Il était si simple de changer le sens de ses propres mots, désormais qu'ils étaient lâchés. Malheureusement pour elle, je me savais incapable d'écouter un traite mot de sa tentative de faire passer ses paroles précédentes, pour ce qu'elles n'étaient sans doute pas réellement. « Hm hm, bien sûr oui. Disons simplement que je suis parano alors ! » Rétorquai-je froidement. Elle devait vraiment me prendre pour un idiot, si elle s'imaginait que j'allais gober sa tentative pour se rattraper. « Il y a du respect dans ce que j’ai dit. Vous ne pensez tout de même pas que je n’ai pas de respect pour les artistes exposés ? Des remarques déplacées ? Vous avez vraiment pris la grosse tête ou quoi ? Si on ne peut plus donner son avis, c’est bien malheureux…. »

Je soupirai et finis ensuite, par reposer le regard sur elle. Elle était vraiment agaçante et horripilante. A croire qu'elle refusait de comprendre en quoi ses propos n'auraient jamais du être dits. « Faire entendre qu'une toile n'a pas sa place ici, ce n'est pas vraiment donner son avis. C'est seulement très déplacé. » Marmonnai-je en détournant le regard, pour apercevoir les personnes qui continuaient de vagabonder dans la galerie, allant de toile en toile, sans sembler trouver qu'elles n'avaient pas leur place ici, contrairement à la jeune femme. « Il faut aussi parfois accepter les critiques. Nous n’avons pas les mêmes valeurs en ce qui concernent la politesse et le respect. » J'arquai un sourcil en la jaugeant du regard durant quelques secondes. Non, clairement, nous n'avions pas les mêmes valeurs concernant le respect. J'irais même jusqu'à dire qu'on avait oublié de lui apprendre, à elle. Ce qui expliquerait son comportement et son franc parler, un peu trop franc justement. « Ou bien j'ai appris ça et vous, non. » Répliquai-je sans hésitation et sans craindre sa réaction. Je me fichais bien de savoir si elle allait ou non s'emporter et s'énerver pour de bon. Ca m'importait fort peu. « Enfin bon, on ne peut pas refaire le monde…. » Une nouvelle fois, j'eus un sourire moqueur, alors que je reposais le regard sur elle, sans ciller un seul instant. « Si seulement on pouvait refaire l'éducation de certaines personnes ... » Assénai-je, sans l'ombre d'une hésitation.

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« Parano ? Vous l’êtes-vous ? Moi, pas. » J'arquai un sourcil en l'étudiant du regard, durant un moment. Pour sûr, je n'étais pas parano. Enfin, il m'arrivait un peu trop souvent de l'être, quand il était question d'Ana. J'étais persuadé qu'elle me quitterait pour un autre homme, mieux que moi. Persuadé que tous la regardaient de façon un peu trop appuyée. Bref, j'étais persuadé de trop de choses quand ça la concernait. Et ce, quand bien même je me trompais peut être la plupart du temps. Mais ça, je ne prenais même pas la peine de m'interroger plus qu'il ne faudrait à ce sujet. « Je ne le suis pas. Mais vous semblez vouloir me faire douter à mon propre sujet. » Répondis-je calmement, avec un léger haussement d'épaules comme si tout cela n'avait guère plus d'importance que cela. « Est-ce moi où est-ce vous que je trouve susceptible ? » Je croisai à nouveau les bras sur mon torse, en finissant par lui lancer un regard des plus irrités. Pour ne pas dire franchement agacé. Elle commençait sérieusement à me taper sur le système désormais. N'avait-elle donc rien d'autre à faire que de tenter de trouver mes défauts ? Voir même m'en inventer de toute évidence. Après m'avoir annoncé que j'étais sans doute parano, elle me traitait de susceptible ? Et la prochaine fois, elle me dirait que j'étais trop impulsif. Ce qui, au moins, serait des plus vrais. Mais ce n'était pas une raison pour mettre autant en avant les défauts de la personne qui nous faisait face. « Suis-je susceptible ou êtes-vous trop franc ? Qui se trouve dans l'extrême à votre avis ? » Lui demandai-je finalement, sur un ton des plus narquois. Le genre de ton que je prenais quand la personne en face de moi, avait le don de m'agacer prodigieusement.

« Ah, mais si je l’ai appris. Mais à force de se faire mépriser par les gens, cela m’a rendu un peu moins gentille. Je ne viens pas d’une classe sociale aisée, et il m’a fallu me battre pour avoir juste le droit d’étudier. Alors, oui je connais le respect sauf que les gens ne me le donnent pas… » Est-ce que je donnais l'impression de m'intéresser à sa vie, pour qu'elle décide de m'en raconter tant à ce sujet ? Je ne pensais pas non. Alors pourquoi parlait-elle autant et jugeait-elle bon de me raconter tout ça ? Ce n'était vraiment pas un truc que j'avais envie de savoir. Pourtant, j'étais encore trop poli pour le lui faire remarquer et lui demander de simplement garder ses histoires à faire pleurer dans les chaumières, pour d'autres personnes que moi, plus intéressées par tout ça. « Vous êtes sans doute né avec une cuillère dans la bouche. Vous prenez les gens de haut, mais vous savez où va tous au même endroit que cela soit à la fin ou aux toilettes. On met tous nos fesses nues sur l’objet, c’est certain de ce côté-là on est tous égos… » Cette fois ci, la fureur me gagna pour de bon. Mes poings se crispèrent alors que je me détachais du mur pour m'approcher dangereusement d'elle et lui lancer un regard meurtrier. « Que je sache, vous ne savez absolument rien de moi. La principale différence entre nous, c'est que pour ma part je ne me vante pas d'avoir un passé difficile. Parce qu'il l'est. Mais contrairement à vous, je ne vois pas l'intérêt de l'étaler comme vous le faites. Pour quoi au juste ? Pour vous faire passer pour une femme dure qui a vécut le martyre ? Pour vous faire plaindre ? Ragazza stupida ! Je ne prendrais même pas la peine de pisser sur votre tombe, quand bien même je passerais devant, tant vous me semblez inutile ! » Lâchai-je d'une traite, mon accent italien reprenant ses droits, plus que jamais.

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« Vous faire douter de vous ? Ce n’est pas le but. Si vous doutez c’est que vous être un humain, il n’y a pas de honte à douter. » Je soupirai doucement en levant les yeux au ciel. Elle semblait incapable de comprendre quel était le véritable souci dans toute cette situation. Débarquer dans ma galerie, devant mes oeuvres, et commenter en affirmant qu'elles n'avaient rien à faire là et qu'elle ne comprenait vraiment pas du tout le sens de mes tableaux. Comment pouvait-elle penser que ça se faisait ? Nous n'évoluions clairement pas dans le même monde elle et moi. « Je préfère douter par moi même. Et non pas douter parce que certains se permettent de me mettre le doute. » Rétorquai-je sur un ton toujours glacial. Cette jeune femme ne risquait pas de remonter dans mon estime. « Franche…Je n’aime pas les mensonges…Je n’en vois pas l’intérêt… » A mon humble avis, il y avait une grande différence entre être trop franc et ne vraiment pas apprécier le mensonge. Selon moi, elle était allée beaucoup trop loin. A être trop franche, elle s'était montrée ouvertement impolie. Et ça, je ne l'acceptais vraiment pas. Qu'on se le dise bien. « Il n'est pas question de mensonge. Mais plutôt d'apprendre à tenir sa langue pour demeurer courtois. Est-ce que c'est hors de votre portée ? » Demandai-je sur un ton narquois, en haussant un sourcil sans cesser de l'observer avec attention. Plus je la regardais et parlais avec elle, et plus je la trouvais antipathique. « Me plaindre…. ? Pourquoi faire, dès qu’on vient d’un pays plus ou moins pauvre, on vous plaint alors même que vous ne l’avez pas demandé. » Un sourire narquois étira mes lèvres, alors que je croisai les bras sur mon torse, sourcil arqué.

« En clair, vous adorez être plainte. Est-ce que c'est un passe temps que vous aimez, de raconter votre vie, vos soucis et mentionner le pays pauvre duquel vous venez ? » Lui demandai-je sur un ton moqueur. Non pas que ça m'intéressait. Mais désormais, je comptais bien l'ennuyer au maximum, quitte à lui donner l'envie de fuir et de ne plus jamais remettre les pieds dans cette galerie dans laquelle j'étais le principal exposant. Puisqu'elle n'aimait pas ce que je faisais, à quoi bon se torturer les yeux comme elle était en train de le faire ? Je trouvais ça totalement idiot. Toujours plus extrême dans mes remarques sur son compte, je lui appris que je ne prendrais même pas la peine d'uriner sur sa tombe, tant elle n'avait pas la moindre importance à mes yeux et me paraissait franchement inutile. « Je n’aurais pas de tombe, je préfère aller dans un four. Et quand au fait que vous ayez un accent italien cela ne m’étonne pas du tout de vous entendre me dire cela… » Encore une fois, je levai les yeux au ciel et souris de façon moqueuse. « Je me fous de ce que vous ferai de votre corps une fois morte. Et quel est le rapport, au juste, avec mon accent italien ? » Demandai-je avant de la suivre du regard quand elle s'éloigna de moi pour aller d'une oeuvre à une autre. J'aurais pu me réjouir de la voir fuir de la sorte, si seulement elle n'avait pas parut toujours aussi peu intéressée par mes oeuvres. Décidément, sa présence m'agaçait de plus en plus. Raison pour laquelle je la rejoignis sans trop tard. « Si ce que vous voyez vous agace, pourquoi restez-vous ici ? A moins que vous n'ayez besoin d'un peu d'aide pour retrouver la sortie ? »

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Olive & Rafaello

« Vous donnez le doute ? Mais pourquoi est-ce que vous pensez cela ? Ce n’est pas mon but. » Je roulai des yeux, sans même prendre la peine de lui répondre. J'avais grandement l'impression de parler à un mur. Elle semblait incapable de comprendre mes paroles. A quoi bon perdre mon temps à lui parler encore et encore ? Je trouvais que ça ne rimait plus à rien et qu'il était grand temps que je passe à autre chose. [color=indianred]« bien entendu que j’en ai, mais pas avec les gens qui me cassent les pieds. »[color] J'eus un vague rire sans joie, alors que je levais les yeux au ciel avant de les reposer sur elle. C'était clairement l'hôpital qui se foutait de la charité là. Elle était celle qui venait littéralement m'ennuyer, dans ma propre galerie. Et après cela, elle se permettait de sous entendre que c'était moi qui lui cassait les pieds ? Elle était sacrément culotté. [color=teal]« C'est vous qui êtes venus critiquer mes oeuvres, sans le moindre tact. Qui casse les pieds à qui ? »[color] Demandai-je sur un ton des plus ironiques. Décidément, elle était bien décidée à me les casser jusqu'au bout.

« Non je déteste cela, je sais juste que les gens se plaignent et plaignent les autres. » J'eus un nouveau rire sans joie, tant je la trouvais de plus en plus pathétique. Là encore, elle osait dire cela alors que c'était elle même qui venait de se plaindre, et non pas moi ou qui que ce soit nous entourant. Elle venait de se plaindre et affirmait ne pas aimer les gens qui faisaient ça. Complètement idiot comme raisonnement. « En fait, les espagnols n’apprécient pas tellement les italiens…. » Ca, je le savais. Tout comme je savais que c'était réciproque. Mais contrairement à elle, j'avais passé ce cape là de la haine idiote et puérile. « Et c'est réciproque. Sauf que, contrairement à vous, je suis assez intelligent pour passer outre. Il faut croire que tout le monde n'est pas assez mature pour y réfléchir à deux fois avant de prendre en grippe quelqu'un, pour ses origines. » Bien sûr que je continuais de me foutre ouvertement d'elle. Mais elle me le rendait bien. Et tant que ça serait le cas, je ne comptais pas m'arrêter. Alors qu'elle était en train de s'éloigner pour voir le reste de mes oeuvres, je me sentis perdre patience. Assez pour lui demander la raison pour laquelle elle était toujours là, si elle n'aimait pas ce qui l'entourait. « Pourquoi je reste ? Je suis curieuse, je veux en apprendre plus sur les œuvres d’arts. Cela vous gêne ? » J'arquai un sourcil en posant le regard sur elle. « Ca me gêne que vous restiez ici, si ce que vous voyez ne vous plait pas. » Répondis-je avec sincérité.