Dimitri avait une mission, et il comptait bien la réaliser dans les plus brefs délais. Sa jeune tante, Oskana, qui avait environ quatre ans de moins que lui, lui avait confié la tâche de remettre un paquet à sa nièce, Elizaveta. Pour n'importe quel individu normal, il était étrange de constater qu'une tante était plus jeune que son neveux. Ce qui était plus étrange, c'est qu'elle avait plus d'autorité sur lui, qu'il n'en avait sur elle. Chez les Mikhailov, c'était comme ça. Dimitri n'était pas un jeune homme soumis, ce n'était pas ça, mais leurs statuts dans la famille faisait qu'elle avait plus de puissance que lui. Elle était pakhan, il n'était qu'avtorityet. Et donc le voilà à devoir livrer un paquet à Elizaveta. Il n'avait pas vraiment de délai pour le faire, mais le plus tôt sera le mieux. Il n'ignorait pas que sa nièce le haïssait -et qu'elle rêvait sûrement de le tuer-, il n'allait donc pas tenter le diable et ne pas la faire patienter. Cependant, les seuls endroits où il était sûr de la trouver étaient son appartement et la salle de dans où elle s’entraînait. Mais la retrouver là où elle habitait revenait a être un lapin qui se faisait bêtement coincer dans un clapier. Qui sait ce qu'elle pouvait lui faire subir si il lui rendait visite là bas ? Elle lui faisait clairement froid dans le dos, c'était donc pour quoi il avait décidé de la voir dans sa salle d’entraînement. Là au moins il pouvait toujours il y avoir quelqu'un -au cas où- et elle serait plus en retenue de le tuer. Le jeune homme rentra dans le bâtiment. Sur le chemin, il croisa des gens sortir, chaudement habillés, trouvant parfois que c'était plutôt exagéré. Voir les gens porter plusieurs couches de vêtements dès qu'une petite brise se présentait, l'amusait beaucoup. Étant habitué à la température russe, le froid New Yorkais était un peu de la rigolade pour lui. La salle où il se trouvait maintenant et là où s’entraînait Elizaveta était vide, à l'exception d'une personne qu'il n'apercevait que de dos. Il espérait était bien présente et qu'elle était tout simplement en train de se changer dans des vestiaires, ou quelque chose dans le genre. Ayant tout de même un doute sur la présence de la demoiselle, il s'approcha doucement de jeune brune. Peut être qu'elle pourrait lui indiquer si la personne qu'il recherchait était là ou non. Il se plaça à sa gauche et baissa son regard sur son visage. Dimitri fronça les sourcils, peu sûr de la personne qui se trouvait là. « Karina ? » demanda t-il. Il haussa les sourcils, ne sachant pas vraiment si il devait être surpris ou non. Après tout, elle devait sûrement avoir encore contact avec d'autres Mikhailov dont Elizaveta. D'autres mais pas lui. Enfin oui, maintenant il était certain que c'était bien elle. En six ans, il était peu sûr que l'on changeait énormément. Bien que leur relation furent houleuse et l'était toujours, le jeune russe ne l'avait pas oublié et se souvenait bien de son visage, de ce qu'elle était. En même temps, qui oublierait sa sœur ? Pas grand monde. « Je ne pensais pas que la prochaine fois que je te reverrai, tu serai toujours vivante. » Ça lui faisait tout de même quelque chose de la revoir. Peut être qu'elle lui avait manqué ? Il ne savait pas trop, c'était plutôt compliqué.

Karina n’avait pas revu Elizaveta depuis qu’elles avaient passé l’accord qui permettrait à la jeune femme de venger son frère. Enfin, qui permettrait à la jeune femme de se rapprocher de la vengeance. En refusant d’embrasser son « destin » de criminelle et en reniant sa famille et son héritage, la brune s’était retirée toute chance de pouvoir un jour de se servir de ces atouts qu’elle n’avait jusqu’ici jamais vu comme tels. Or là, elle en avait vraiment besoin. Elle ne savait pas comment cela fonctionnait, qui aller voir pour avoir des informations, à qui faire confiance ? Et une fois le meurtrier retrouvé, comment lui faire payer ? Elle se sentait tellement stupide et inutile… Elle avait envie de rendre justice pour son frère, le seul qui l’avait toujours supporté dans ses choix, le seul qui l’ait comprise. Elle lui devait bien ça. Elizaveta était la personne la plus indiquée pour l’aider parce que c’était paradoxalement celle qu’elle craignait le plus. Elle avait pesé et repesé le pour et le contre avant de lui demander son aide. Si elle était contente que la blonde ait accepté, il lui arrivait néanmoins de regretter son geste, par moment. Rien de bon ne ressortirait de cette histoire puis elle n’était pas sure qu’obtenir vengeance l’apaise réellement. Elle devait quand même essayer. La jeune femme devait retrouver sa nièce là où elle s’entrainait. C’était l’endroit où elle était la plus sûre de la retrouver, relativement neutre. Il était en général rempli et si elle tentait quelque chose contre elle, Karina avait plus de chances de s’en sortir que si elle s’était retrouvée seule avec elle dans son appartement par exemple. Seulement, la salle de danse était vide. Complètement vide. La jeune russe n’avait aucune raison de s’inquiète puisque même Elizaveta n’était pas là. Etait-elle partie, se fichant totalement du rendez-vous qu’elle avait avec sa tante ou n’était-elle pas encore arrivée ? La blonde était connue pour faire ce qu’elle voulait quand elle voulait, cela n’aurait pas été étonnant qu’elle lui ait tout simplement posé un lapin. Karina décida tout de même d’attendre, des fois qu’elle ne serait pas encore arrivée… Elle était surement trop optimiste. « Karina ? » La jeune femme sursauta presque, elle n’avait pas entendu quelqu’un arrivé. Puis elle était surprise d’entendre une voix masculine... Elle tourna immédiatement la tête pour voir qui venait de l’interpeller. « Dimitri ?! » Ce n’était clairement pas Elizaveta. Karina n’en revenait pas. Elle savait qu’il était à New York, il était arrivé en même temps que les autres mais elle ne s’attendait pas à le revoir. Ils n’avaient jamais été proches, leur relation avait toujours été conflictuelle. « Je ne pensais pas que la prochaine fois que je te reverrai, tu serai toujours vivante. » Elle échappa un rire sarcastique. Il avait le don de faire plaisir aux gens tiens. « Désolée de te décevoir. Tu ne pensais pas que je réussirais à m’en sortir seule, hein ? » Elle marqua une pause et le jaugea un instant en silence. « Que me vaut ce plaisir ? »

Lorsqu'elle se retourna vers lui pour voir qui l'avait interpeller, Karina semblait aussi surprise que lui. A l'entente de son prénom, le jeune homme ouvra légèrement ses bras, une sorte de pose pour montrer que c'était bien lui. Si elle était ici, elle savait sûrement que lui aussi était en ville avec les autres de la famille. Il ignorait d'ailleurs si elle avait prévu qu'un jour elle lui rendrait une petite visite de courtoisie, mais il en doutait fortement. Ce n'était pas comme si ils se portaient mutuellement dans leurs cœurs. « Désolée de te décevoir. Tu ne pensais pas que je réussirais à m’en sortir seule, hein ? » Le jeune russe hocha négativement la tête. « Je ne te sous estime pas autant Karina. Je savais bien que dans une ville comme celle ci, et dans une vie tout à fait ordinaire, tu t'en sortirais. » Il se pinça les lèvres et continua avec une certaine assurance. « C'est juste que je pensais que la prochaine que je te verrais, tu serais dans un cercueil. Tu sais, dans très longtemps quoi. Dans une cérémonie d'enterrement où j'aurais été obligé de venir et prononcer quelques mots gentils à ton égard. Bref. » Il lança des coups furtifs à la salle vide. « Que me vaut ce plaisir ? » Son regard se reposa sur sa sœur et fit un sourire amusé par ce qu'elle venait de dire, tout en baissant la tête. « Comme si c'était toi que je voulais voir. J'ignorais que tu serais là d'ailleurs. » Il marqua une courte pause puis reprit son sérieux. « C'est à Elizaveta que je suis allé rendre visite pour tout te dire. J'ai des choses à lui donner, apparemment. » Il secoua le paquet que lui avait donné Oksana devant les yeux de la jeune brune. « Je suppose que toi aussi tu es là pour elle. Enfin je veux dire, tu n'étais pas au courant que j'allais venir, donc à moins que tu veuilles toi aussi te mettre à la danse.. » Techniquement, il supposait bien. A moins qu'il y ai un autre membre de la famille dans les parages, c'était bel et bien leur tante qu'elle comptait voir. « Tiens d'ailleurs, tu avais pensé à faire un tour en Russie ? Car je pense que tu dois manquer à papa. » Il avait bien pris soin de peser ses mots. Parler de leur père était quelque chose d'assez délicat étant donné que plus jeune, la jeune femme fut jalouse lorsque Dimitri avait fait son apparition dans la famille. Il n'avait rien demandé, mais c'était comme ça, et Sergueï avait pris soin de lui. A voir si maintenant elle allait mal réagir, ou si son regard sur lui avait changé après toutes ces années.

Karina savait que Dimitri était à New York. La nouvelle était loin de l’avoir fait sauter de joie, elle préférait son « frère » loin d’elle. Tout comme le reste de sa famille en fait mais il y avait en différence entre le fait qu’ils soient ici – ça elle pouvait le tolérer, New York n’était pas SA ville après tout – et le fait qu’elle ait des contacts avec eux. Ça elle le refusait. Mais le hasard, ou le destin, ou peu importe, ne semblait pas vouloir lui offrir ça. « Je ne te sous-estime pas autant Karina. Je savais bien que dans une ville comme celle-ci, et dans une vie tout à fait ordinaire, tu t'en sortirais. » Karina avait choisi de rester à bonne distance du jeune homme, elle ne lui faisais pas tout à fait confiance avec sa vie. Elle lui fit néanmoins un signe de tête, contente de voir qu’il n’avait pas une si mauvaise impression d’elle. Enfin, pas que son avis sur elle compte ou quoi que ce soit. « C'est juste que je pensais que la prochaine que je te verrais, tu serais dans un cercueil. Tu sais, dans très longtemps quoi. Dans une cérémonie d'enterrement où j'aurais été obligé de venir et prononcer quelques mots gentils à ton égard. Bref. » « Oh. » répondit-elle immédiatement. « Tu voulais dire dans ce sens-là… Ça me touche tu sais, parce que moi je ne viendrais probablement pas à tes funérailles. » Retourner en Russie ? Très peu pour elle ? Elle avait été claire le jour où elle était partie, elle ne voulait plus rien avoir à faire avec eux et elle comptait tenir parole. « Tu peux le prendre pour toi et m’en tenir rigueur, je m’en fiche, je ne vois pas pourquoi je ferais sembler d’en avoir quelque chose à faire de toi ou de tes sentiments. » Bon elle y allait peut-être un peu fort mais leur relation était loin d’être de tout repos. Elle lui demanda ensuite pourquoi il était venu la voir. « Comme si c'était toi que je voulais voir. J'ignorais que tu serais là d'ailleurs. » Ah oui, elle n’avait pas réfléchi pour le coup, elle-même était venue voir Elizaveta alors il était surement là pour la même raison. « C'est à Elizaveta que je suis allé rendre visite pour tout te dire. J'ai des choses à lui donner, apparemment. » Karina jeta un œil au paquet et arqua un sourcil. « C’est quoi ? » demanda-t-elle alors comme s’il avait assez confiance pour lui en parler. « Je suppose que toi aussi tu es là pour elle. Enfin je veux dire, tu n'étais pas au courant que j'allais venir, donc à moins que tu veuilles toi aussi te mettre à la danse.. » « Je vais me mettre à la danse oui. » Elle n’avait pas envie de lui parler du marché qu’elle avait passé avec leur nièce. Ou du moins pas tout de suite quoi, il fallait qu’elle voit s’il lui serait utile ou non. « Tiens d'ailleurs, tu avais pensé à faire un tour en Russie ? Car je pense que tu dois manquer à papa. » Papa… Son père lui manquait vraiment aussi mais elle avait fait un choix et elle devait s’y tenir. Par contre, elle n’appréciait pas qu’il l’appelle Papa, ce n’était même pas son vrai père. Elle n’avait jamais réussi à l’accepter. « Je ne compte pas remettre les pieds en Russie. Jamais. Et si je manque tant à mon père, il pourrait très bien se déplacer lui-même plutôt que d’envoyer son… » bâtard ? Ouais, non, c’était un peu trop déplacé, même pour les circonstances. « De t’envoyer à sa place. »