Contrairement aux apparences, Eowyn passait l’une des meilleures soirées de sa vie depuis un lustre. Certes, elle avait fait le mur, traficoté légèrement sa carte d’identité pour paraître majeure et ainsi se faire servir de l’alcool sans problème, mais le jeu en avait valu la chandelle… du moins jusqu’à ce que son grand frère adoré ne se pointe et ne casse définitivement l’ambiance. Comme souvent, il la fliquait comme un gendarme et cassait absolument tous ses bons délires. C’en était épuisant, à la fin. Pourtant, il avait eu de la chance qu’elle ne tape pas un scandale monstre et ne rechigne pas à monter en voiture, chose qu’elle aurait très bien pu faire ! Disons qu’elle lui réservait son propre savon pour plus tard, hors des regards indiscrets, histoire de pouvoir s’époumoner gentiment sans qu’il n’ait en plus à lui reprocher de se mettre en scène. Hélas, dès lors qu’ils furent dans leur demeure, elle eut droit au sempiternel discours insupportable sonnant comme un ai de déjà vu. Effectivement, elle eut tôt fait de rouler des yeux afin de démontrer sa haute exaspération qui n’allait pas tarder à se transformer en véritable rage. Toujours quand elle revenait ivre, Eowyn devenait une véritable furie pour peu qu’on lui cherche des noises sur la durée. « Juste une soirée pour m’éclater et éviter d’avoir à supporter un vieux crouton qui fait sa tête de trois mètres de long toute la soirée durant ! Ou pire, devoir m’emmerder devant la télé avec une tasse de chocolat chaud imbuvable parce que ta baby sitter ne sait rien faire de ses dix doigts !! Mais non, comme d’habitude, il a fallut que tu me casses ton délire, avec tes grands airs de vieux chnoque ! Leroy, vraiment, même un cimetière est plus gai par rapport à toi !! » Eowyn adorait son frère, il était tout pour elle. S’il n’était pas là, elle ne serait rien d’autre qu’une gamine capricieuse et perdue. Mais dès qu’il se mettait à l’étouffer de cette manière, elle savait très bien le haïr également.

« Ah ouais ? Et qui a décrété cette horreur ? Laisse-moi deviner : un autre abruti ne s’étant jamais amusé de sa vie !! Je n’ai pas demandé à être une princesse ou qui que ce soit d’autre, d’autant que si un jour quelqu’un devait accéder au trône, ce serait toi, tu es l’aîné, tu t’rappelles ? Alors rien à cirer d’être une Windsor ou la boulangère du coin ! Je m’amusais et tu as cassé mon groove, c’est tout ce que je vois ! Pourquoi, pourquoi il faut toujours que tu me gâches la vie ?! » Eowyn s’était relevée du canapé où elle avait été premièrement assise pour faire face à son frère, s’exprimant à l’aide de grands gestes exagérés et incontrôlés, preuve que la dose d’alcool qu’elle avait prise avait dû être conséquente.

C’est presque de façon étonnante que Eowyn s’assit finalement à la table pour boire une gorgée de café qui ne pouvait lui faire que du bien. Mais cette docilité avait évidemment une limite bien définie et cela n’indiquait en aucune façon qu’elle avait la moindre envie de l’écouter ou qu’elle était d’accord avec ce qu’il disait. La piquante blondinette n’avait pas envie d’être un modèle, elle ne voulait pas être suivie ou même admirée, tout ce qu’elle désirait, c’était aller mieux. Ne plus hurler dans son sommeil, ne plus être poursuivie par tant de cauchemars qui ne se calmaient qu’une fois anesthésiée par l’alcool. Cela ne faisait pas d’elle une alcoolique, puisque Leroy l’empêchait toujours d’aller trop loin, mais il n’empêche qu’il s’agissait du seul palliatif qu’elle puisse encore supporter… surtout après avoir été droguée jusqu’à la moelle lors de son enlèvement. Hélas, Eowyn ne voulait pas jouer cette carte ou paraître encore plus faible qu’elle ne l’était… cinq ans après, peut-être était-il temps qu’elle soit en mesure de passer à autre chose, d’aller mieux de son propre chef et de passer outre toutes les sensations désagréables qui s’écoulaient pourtant à l’intérieur de ses veines à ce moment précis. Le discours moralisateur de son frère aîné adoré n’arrangeait aucunement son état d’esprit, pourtant… « Mais oui, tu n’es qu’un pauvre petit bichon à plaindre, stoïque devant l’éternel alors que je te martyrise en ne faisant rien d’autre que de te demander des services ! Tu veux un petit mouchoir pour verser ta larme ? Non mais Leroy, qui t’écoute parler pendant des heures de ce type, ce suisse dont j’ai oublié le prénom et que tu ne croises pendant les sales galas où tu n’as pas encore réussi à me traîner, hein ? Ne mélange pas les rôles, je ne suis pas qu’une emmerdeuse c’est pas vrai ! » Bon, peut-être un peu, mais alors juste un peu. Eowyn n’allait pas bien, en voilà l’unique raison. Et feindre, contrairement à son frère, elle ne savait pas faire. « D’autant qu’il faudrait que tu m’expliques pourquoi j’ai l’impression que TOUS autant que vous êtes vous me cachez quelque chose ?! Tu éludes absolument toutes mes excuses, tu es encore pire que nos parents là-dessus ! Qu’est-ce que tu as à cacher, hein ? Réponds !! »

Eowyn s’était relevée de sa chaise, laissant de côté son café salvateur qui pourrait très bien être bu plus tard. La discussion qu’ils se tenaient actuellement était bien plus importante… « Rien à secouer d’être un modèle ! Je ne veux pas devenir un glaçon incapable de montrer mes sentiments, finir comme une espèce de morceau de bois insensible et inutile !! Je suis peut-être une princesse mais ce n’est pas un rang que j’ai choisi. Je sais que tu es moins pénible que nos parents et que tu ne m’emprisonnes pas trop mais tu sais aussi bien que moi que si on m’imposait une chose pareille… je disparais. Tu sais que j’en suis capable ! J’ai été prisonnière une fois et ça crois-moi sur parole ça ne se renouvellera plus jamais !! »

« Mais avoue que tu aimerais bien qu’il vienne plus souvent ici, ton petit Suisse ! » Eowyn lâcha un rire à la fois moqueur et amusé, n’ayant pour but que de lui faire comprendre que sa raison l’ennuyait au plus haut point. Leroy n’avait jamais su s’amuser, il n’y avait toujours que le devoir, le devoir et rien d’autre. Jamais elle ne le voyait rire, prendre du bon temps, séduire… surtout avec sa bourgeoise qu’il était loin de porter dans son cœur, il pouvait se permettre. Celle-ci ne l’avait pas attendue pour le faire de son côté, non ? Alors il n’y avait aucune raison le retenant de faire de même. Si ce n’est le fait que son tempérament le pousse souvent à être aussi amusant qu’un cimetière et plonge sa jeune sœur dans une perplexité particulièrement violente. « Boire m’évite de finir en mode chiant comme la pluie comme toi. Ca m’anesthésie, ça m’aide ! Mais non bien sûr, tu ne peux pas comprendre, tu n’as pas fini dans une cave immonde, drogué jusqu’aux yeux… comment tu pourrais bien pouvoir comprendre, hein ?! Je te le demande, nom d’un chihuahua enragé !! Tu es marié à une femme que tu détestes, qui te cocufie dès qu’elle le peut mais toi tu restes bon prince, stoïque, tu ne dis rien… ton prétexte, il craint du boudin !! On s’en fout de ses devoirs si c’est pour être malheureux et misérable… je comprends pas comment tu ne peux pas être d’accord ! » Mais première nouvelle de l’année, Leroy était enfin décidé à répondre à ses questions. Il s’était d’ailleurs assit dans ce but, sans la lâcher une seconde du regard, comme s’il avait préparé un joli petit mensonge à lui sortir au cas où. Voilà bien tout le problème… il y avait des lustres qu’Eowyn n’avait plus aucune confiance, ni en ses parents, ni en son frère.

« J’ai l’impression qu’avec papa et maman tu me caches quelque chose. Tu sais que je n’ai plus aucun souvenir de tout ce qui précède l’enlèvement, pas vrai ? Mais j’ai l’impression que juste avant, il s’est passé quelque chose de supra important. Genre le truc que je ne pouvais pas oublier mais que j’ai oublié quand même. Alors s’est-il ou non passé quelque chose d’énorme avant ? » Eowyn scrutait son frère, ses réactions, si moindres tics pour ne surtout rien louper. Mais il n’était pas dit qu’elle obtienne la plus petite réponse se faisant… surtout s’il se mettait à lui mentir. « Ah, et j’ai un gars qui me colle à la fac, aussi. »

« Bah si t’étais un peu moins en mode huître, j’aurais peut-être plus d’éléments aussi ! » Eowyn détestait ne pas avoir le dernier mot. Les rares fois où celui-ci lui échappait, elle se débrouillait pour avoir le point final derrière. Leroy n’était pas prêt d’avoir le dessus sur sa sœur mais ça, il l’avait probablement compris depuis un petit moment. Mais le sujet de la discussion dévia bientôt sur quelque chose d’encore moins plaisant, vu que la jolie anglaise commençait enfin à récolter les petits cailloux dispersés sur le chemin de son existence. « Qu’est-ce qu’il s’est passé d’important ?! Réponds !! » Il en avait trop dit ou au contraire pas assez. Le regard de la pimpante blonde avait soudainement changé pour ne plus dissimuler cette émotion considérable qu’elle trimballait en elle depuis des mois. Leroy se devait de l’aider là-dessus, surtout s’il osait lui cacher une information capitale… pour un peu, elle en perdrait presque son latin avec tout ça. Eowyn mit un moment à retrouver ce qu’elle voulait dire au départ et qui concernait effectivement cet étudiant la collant de façon détestable en prétextant avoir des informations sur un certain Caleb. « Tu te souviens que pour mon anniversaire j’avais un paquet d’un certain Caleb, avec le DVD de mon film préféré ?! Bah j’ai rencontré un étudiant à une soirée qui est venu avec un verre de jus d’orange… que je n’ai pas bu à cause de mon allergie. Mais il n’empêche qu’il prétend connaître ce Caleb et je le crois. Il a vraiment l’air de savoir de quoi il parle vu qu’il était au courant pour Rob Roy… et son prénom c’est Robb je crois. »

Eowyn était persuadée que ce prénom ne dirait sûrement rien à son frère et qu’elle perdait son temps à lui donner autant de détails alors que de toute évidence, la conversation ne devait pas tourner autour de ça mais plutôt des mensonges évidents qu’il mettait devant son nez juste pour lui couvrir soigneusement la vérité. « Mais on s’en fout de ça ! En plus, ça n’a aucun rapport avec la choucroute ! Tu sais quelque chose et tu me le caches, c’est pire que tout et c’est déloyal ! Arrête de me traiter comme une gamine et de moucher mon nez, comporte-toi comme un vrai frère et commence par me regarder dans les yeux et en me disant la vérité. Je ne quitterai pas cette pièce avant d’avoir obtenu satisfaction et s’il faut que je hurle pour que tu m’écoutes et que tu me donnes ce que je veux, je le ferai ! »

Eowyn était effectivement prête à hurler. A plusieurs reprises elle ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Sa voix était soudainement emprisonnée dans sa gorge, comme une malédiction. Tout ceci ne pouvait pas être réel, elle ne pouvait pas avoir accouché d’une petite fille et ne pas s’en souvenir, Leroy était en train de lui inventer une caisse pour l’emmerder, c’était impossible autrement. Hélas, la photographie de ce nourrisson absolument adorable, semblable à une poupée de porcelaine, hypnotisa soudainement Eowyn. Droite comme un i, figée en ayant le regard rivé sur ce cliché lui évoquant quelque chose et la laissant complètement bloquée par son amnésie tout de même. « Ce n’est pas possible… » parvint-elle à articuler au bout de quelques secondes alors que sa respiration s’accélérait au fil des minutes. Lèvres crispées, poings serrés, elle avait une folle envie de tuer ce fameux Caleb qui n’avait même pas été fichu de lui pondre une lèvre explicative ! Qu’est-ce qu’elle pouvait détester le fait qu’on ne fasse que lui laisser des petits cailloux insignifiants sur le bord d’une route !! Cela ne voulait rien dire, et elle n’allait pas mieux en se posant mille questions sans queue ni tête. « Tu mens, ce n’est pas possible !! Ou alors t’es une saloperie de menteur !! Comment tu as pu me cacher une chose pareille pendant cinq ans ? CINQ ANS LEROY !! COMMENT T’AS PU ME FAIRE UNE CHOSE PAREILLE !! J’AVAIS CONFIANCE EN TOI !! » Eowyn ne contrôlait plus rien. De ses yeux s’écoulait une eau insupportable et salée, preuve de sa détresse, de ses doutes et du mal sciant littéralement son cœur dans cette seconde précise. Elle ne pouvait pas croire une chose pareille… cela voulait dire que sa vie durant cinq ans n’avait été rien d’autre qu’un odieux mensonge et ça, elle peinait à l’accepter, plus encore qu’elle ne peinait à accepter le fait d’être véritablement mère.

« Vous êtes tous des menteurs !! Je vous déteste, tu m’entends ?! Je ne veux plus jamais te voir !!! » Eowyn le poussa violemment et balaya la photo pour mieux qu’elle ne s’échoue contre le tapis avant de se ruer comme une furie dans sa chambre, dont elle claqua la porte avec une violence que personne ne lui avait jamais connue jusqu’ici. Elle se moquait bien de réveiller Connor ou pas, il fallait qu’elle fasse un sac à dos et qu’elle se barre de cette maison de flingués… pas plus tard que maintenant.

Eowyn sursauta à moitié en voyant Connor entrer dans sa chambre tout en lui faisant comprendre qu’il avait compris le fin mot de l’histoire. La jolie anglais avait toujours pensé que son neveu était incroyablement intelligent et en avance sur son âge, mais elle en avait désormais la preuve formelle. Il était bien plus fin d’esprit qu’elle ne le serait jamais. Fallait-il qu’elle adore ce bout de chou pour ne pas peiner à le reconnaître. Au lieu de ça, elle s’assit à son tour contre son lit, stoppant son paquetage pour mieux serrer Connor contre elle. Peut-être qu’un câlin, c’était bien tout ce dont elle avait besoin… un peu de douceur dans ce monde de brutes. De toute manière, le fils de Leroy n’était jamais contre un peu d’attention, son père n’étant pas le plus expansif des pères malgré sa montagne d’autres qualités. C’était toujours Eowyn que Connor venait trouver lorsqu’il voulait des câlins et autres bisous, parce qu’elle était beaucoup plus douce et démonstrative. Ce n’était pas faute d’avoir été élevée de la même façon que son frère ou peu s’en faut, mais contrairement à son aîné qui avait fait un mariage de raison, Eowyn avait été aimée par Caleb… qui avait toujours été délicat et démonstratif avec elle. Cela jouait certainement sur ses réactions actuelles. « Je ne vais pas te laisser, p’tit gars. Tu me connais, je gueule et après je suis incapable d’aller au bout de ma pensée… »

Cependant, la nouvelle l’avait bouleversée. C’était la première fois en de très nombreuses années qu’Eowyn se mettait à pleurer. Elle ne parvenait toujours pas à se calmer, d’ailleurs, son corps tremblant bien qu’elle serre actuellement Connor aussi fort qu’elle le pouvait contre elle, la simple vision de cette photo lui arrachait le cœur. Cinq ans… elle avait perdu cinq ans. « Bien sûr que je veux les voir ! J’ai l’impression d’avoir dormi cinq ans et de me réveiller d’un énorme cauchemar. Ton père n’était pas obligé de me mentir… j’en ai marre qu’on me mente et qu’on me traite comme une gamine. Voilà pourquoi je réagissais si mal et que j’avais l’impression de n’avoir rien à perdre ! J’ai déjà tout perdu… t’as du bol d’être un gamin, tu sais ça ? Mais j’t’aime quand même p’tite tête. »

Robb… Eowyn ne savait pas si elle était davantage choquée par la somme de mensonges que l’on avait osé lui balancer en pleine face ou si le fait qu’elle ait rencontré le père sans qu’il n’ait jamais osé lui donner sa véritable identité la choquait davantage. Comme quoi, même ceux susceptible de nous préserver sont également capables de nous mentir. La jolie anglaise tenait maintenant les enveloppes entre ses mains, ne sachant pas si elle devait les ouvrir ou les jeter au feu mais pour une fois, un brin de sagesse lui passait par le cerveau. Si elle les brûlait, jamais elle ne pourrait savoir ce que celles-ci contenaient. Une chose était sûre, en revanche : elle allait haïr ses parents pour le restant de leurs misérables vies et même jusque dans la mort pour avoir osé lui faire un coup pareil. Leroy ne couperait sûrement pas au même destin funeste, même si le fait de vivre sous le même toit que lui compliquait légèrement la chose. En tant que mineur, elle ne pouvait guère espérer pouvoir louer un appartement, et à moins de crécher chez quelqu’un, fait qui la mettrait extrêmement mal à l’aise, Eowyn n’avait que peu d’options devant elle. La jolie blonde risquait d’être prise à un carrefour de décisions difficiles à prendre et cela ne risquait pas de la rendre de meilleure humeur dans les jours voire semaines à venir. « Non, je ne savais pas pour Robb. Ca veut dire que c’est un sale menteur exactement comme les autres ! » souffla-t-elle avec colère. Certes, son neveu n’était en aucun cas responsable de ce gâchis, et jamais elle ne s’en prendrait à lui, mais il venait de lui apporter plus d’informations qu’elle n’était en mesure d’en absorber pour l’heure.

« Tu devrais aller te coucher, Connor… il faut que je réfléchisse à ce que je vais faire et je risque d’avoir du mal s’il y a quelqu’un avec moi. Tu comprends ? » Eowyn embrassa délicatement le front du petit garçon, esquissa un bref sourire qui se voulait aussi sincère que possible avant de lui montrer la porte d’un signe de tête. Elle voulait pouvoir hurler, pleurer et haïr tranquille… c’était un visage qu’elle ne comptait pas montrer à qui que ce soit et surtout pas à son neveu qui avait été déjà bien assez au cœur d’insupportables intrigues. « Merci pour ton aide mon grand. »

Entendre la voix de son frère juste après ce petit intermède avec son neveu lui arracha une grimace douloureuse. Mais nom d’un chien, elle ne pouvait pas rester tranquille deux minutes ? L’envie de le laisser soigneusement poireauter à la porte fut diablement violente, mais d’un autre côté… Connor méritait d’avoir un sommeil paisible malgré les cris l’ayant précédemment réveillé. Eowyn se releva donc de son lit, effaçant les dernières traces de larmes pouvant encore se trouver son ses joues et, après avoir ouvert la porte de sa chambre sans douceur aucune, elle s’empara du col de Leroy pour le faire rentrer. S’ils devaient s’engueuler, autant que ce soit porte fermée afin de ne pas rameuter l’intégralité du quartier se faisant. Mais autant dire que le prince allait encore passer un sale quart d’heure… car sa jeune sœur n’était toujours pas calmée. « Mais oui, c’est vrai que tu as oublié d’être quelqu’un d’indépendant qu’aucune loi n’oblige à obéir à ses putains de parents !! Et ne va pas me sortir le discours du genre « tu dois respecter nos parents Eowyn, ils t’aiment malgré tout », parce que j’en ai carrément rien à cirer !! Ils sont morts pour moi, tu entends ?! Morts !! » La jeune femme faisait les cent pas dans sa chambre, incapable de reprendre le contrôle d’elle-même ou bien de savoir ce qu’il fallait qu’elle fasse au juste. Tout se mélangeait dans son esprit, tout devenait flou, tant et si bien qu’elle finit par se laisser glisser contre le premier mur à porter de sa main pour ramener ses genoux à elle et poser sa tête contre ceux-ci. Foutue soirée…

« Je suis fatiguée. Je me rends compte que tout le monde m’a menti pendant cinq ans et en plus, je devrais rester calme et stoïque… genre ! Je ne me souvenais même pas du fait que j’avais pondu un gosse ! Comment vous avez pu chasser Caleb et le laisser se démerder seul ?! Merde Leroy ! Tu sais ce que c’est que d’être père, et tu as laissé faire sans rien dire ?! Mais pourquoi ?? Tu étais celui qui me comprenait le mieux, du moins je croyais… et en fait, tu n’es qu’un sale menteur comme tous les autres. Le mariage avant d’avoir un gamin… non mais la barbe avec vos méthodes d’avant guerre ! » Eowyn calmait peu à peu sa respiration chaotique, se demandant bien ce qu’avait pu ressentir Caleb durant ces cinq longues années. Pour sûr, il méritait un Oscar pour sa patience…