It's New York City bitches ! And it's my motherfucking dream
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imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞

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MessageSujet: imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ EmptyMar 5 Fév - 23:12





imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ Tumblr_lxkw7qWb1A1r0s8jco3_500
imen & yasmine

❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞


Co-Op City n'était pas le genre d'endroit où Yasmine aurait voulu qu'Imen habite. A vrai dire, elle n'aurait jamais pensé que la jeune femme se trouve à New York ; la dernière fois qu'elle l'avait vue, Imen était à Hama, où elles s'étaient quittées en embrassades avant que Yasmine ne parte pour l'Israël pour tenter de convaincre le gouvernement de faire quelque chose contre l'oppression du gouvernement syrien sur ses citoyens. Des années... Des années qu'Imen & elle ne s'étaient pas parlés. Entre ses études, l'avancement des évènements en Syrie, les deux jeunes femmes n'avaient pas parlé depuis le début des révoltes, où elles avaient tout simplement brièvement discuté des évènements ; Yasmine l'avait implorée d'être prudente, Imen lui avait demandé de continuer à parler du conflit d'où elle était, la sachant incapable de retourner en Syrie après qu'une accusation de haute-trahison ai été plafonnée sur son nom, l'enfermant même pendant plusieurs mois dans une prison digne d'un Enfer médiéval mêlant douches glaciales au saut et armes de guerre devant le nez pendant les rares repas. Après ça, Yasmine n'avait pas abandonné son objectif, mais elle avait particulièrement apprécié sa liberté et l'insouciance qui venait avec sa vie étudiante : quel contraste ! Elle avait été attrapée dans les fêtes, les relations, passait plus de temps au café que devant son ordinateur à tenter de propager les informations qu'elle réussissait à filtrer de Syrie de temps en temps – pas toujours très légalement, d'ailleurs. Mais ce soir, c'était différent ; en sortant de sa voiture, Yasmine avait le cœur lourd. Un peu plus tôt dans la journée, la jeune femme s'était vue communiquer la liste des derniers morts identifiés, victimes du conflit en Syrie ; Hassan Al-Tassir en faisait partie. Lorsqu'elle avait vu son nom dans la liste, le cœur de Yasmine s'était serré, et il était toujours aussi douloureux depuis. Le couple avait rompu plusieurs années auparavant ; après son séjour en prison, Yasmine s'était tout de suite envolée pour l'Angleterre, et après la seule vraie discussion qu'ils avaient eu au téléphone, il avait été décidé qu'il était impossible pour Hassan de quitter la Syrie pour la rejoindre, qu'il devait continuer leur combat sur le terrain pendant qu'elle faisait de même d'où elle était. Elle, qui était profondément amoureuse de lui, avait très mal pris cette rupture forcée, et c'était Daniel, son meilleur ami, qui avait réussi à lui faire retrouver le sourire en ne la lâchant pas d'une semelle, l'entraînant avec lui aux soirées et évènements de l'université, lui faisant comprendre qu'elle pouvait aussi profiter de cette vie qu'elle avait mérité.

Yasmine resta un long moment devant la porte de l'appartement de son amie d'enfance avant de se décider à appuyer sur la sonnette, serrant un peu plus son sac alors qu'elle commençait à se mordre nerveusement la lèvre inférieure.


C'est plutôt court mais meuf je suis détruite, à cause de Nelliel je fais que fumer :sisi: du coup j'ai perdu le fil 07


Dernière édition par Yasmine al-Mu'awiya le Mer 27 Fév - 1:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ EmptySam 23 Fév - 13:03

Je regarde angoissée par la fenêtre de l'appartement depuis dix minutes. Qu'est-ce que je fais ici ? Samuel m'a gentiment fait remarquée que je ne peux plus me passer de lui en fait ... Il a dit ça pour plaisanter mais c'est peut-être vrai. Cela ne fait quelques mois que j'habite avec Jamie, ça se passe très bien mais ma colocataire a dû partir pour le boulot si j'ai bien compris et pour quelques mois. Elle a confié Owen a sa soeur et voilà comment je me retrouve toute seule dans notre appartement pendant un temps indéterminé. Les premiers jours se sont révélés plutôt agréables mais le souci est, quand je suis toute seule, que mes idées noires reviennent très rapidement. Et puis je n'ai jamais été habituée à vivre en solitaire. Il y a toujours eu des frères et soeurs pour m'emmerder, Sam pour me faire des leçons de morale et même Jamie pour discuter jusqu'à des heures indécentes le soir. Du coup, mon ancien hébergeur et maintenant ami m'a proposée de venir passer un peu de temps à l'appartement quand je le voulais. Dès que je me sens trop seule ou trop mal pour rester toute seule. J'ai débarqué il y a quelques jours, après avoir appris pour Alep et les missiles qui ont tué dix-neuf ans. Surtout ... Surtout ... Je suis venue parce que le quatorze, j'ai fêté mon anniversaire et que je ne voulais pas être toute seule. J'essaie de montrer que ce genre de choses ne m'atteint plus, que je me suis blindée face à ce genre de détails mais j'ai réalisé que c'était faux. Je n'ai jamais fêté un de mes anniversaires seule et l'envisager pour celui de cette année m'a broyé le coeur. Voilà pourquoi j'ai accepté de revenir chez Samuel quelque temps. Pour éviter de broyer du noir à l'idée de commencer une nouvelle année qui commence de la même façon que la précédente. Sans mes frères avec mon pays en guerre. Des nouveaux massacres tous les jours et des appels à l'aide aux autres pays. En vain. Non rien n'a changé, à part peut-être moi. Ma colère n'est plus vraiment là, elle a laissé sa place à un sentiment de malaise presque permanent. Et la lassitude, surtout la lassitude.

Sam n'est pas là ce soir, il a dit qu'il rentrerait tard à cause d'un papier qu'il doit rendre. Ca m'a fait sourire de l'entendre dire ça, ça m'a rappelé toute cette année qu'on a passée tous les deux. Au début, je le détestais. Aujourd'hui, il se révèle être un soutien indispensable dans ma vie. Donc par la fenêtre, j'ai observé la ville en contre-bas. J'ai vu les lumières, celles qui sont figées et celles qui semblent danser dans les rues. New-York. C'est sûr qu'avant de venir ici, je n'avais jamais eu l'occasion d'avoir une telle vue. Disons que c'est différent du coucher de soleil sur le terrain vague que Nassim et moi allions voir de temps en temps chez nous. L'appartement est vraiment calme, surtout quand Sam n'est pas là à regarder un match de foot en hurlant après l'arbitre. Mais au moment où je me fais cette réflexion, le bruit de la sonnette me fait presque tomber du rebord de la fenêtre après avoir sursauté. Mes sourcils se froncent. Qui ça peut-être à cette heure là ? Bah, sûrement Sam qui a fini plus tôt. Réjouie à l'idée qu'il puisse être de retour, je me lève et me dirige d'un pas tranquille vers l'entrée. Je prends soin d'allumer la lumière en plus de celle du salon. J'ai à peine réfléchir. A ce moment pour moi c'était forcément Sam. Qui d'autre ? J'ai déverrouillé la porte, je l'ai ouverte et ... Moment d'arrêt quand mes yeux tombent sur la personne qui se trouvent à l'entrée. De ... Quoi ? J'ai eu un moment de flottement qui dû durer quelques secondes avant d'être capable d'ouvrir la bouche. « Yasmine ? » Pas d'erreur possible, c'est bien elle. J'ai beau ne pas l'avoir revu depuis plusieurs années maintenant je ... Wow. « Mais ... mais qu'est ce que tu fais là ? » ai-je continué toujours sous le choc de la voir ici, de ce côté-ci de l'Atlantique.

hj : j'avais oublié de changer l'adresse d'Imen dans son profil et de te dire qu'elle avait déménagé pour faire une coloc avec Jamie >.< Mais c'est rien de toute façon, et puis c'est de ma faute Arrow
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MessageSujet: Re: imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ EmptyMer 27 Fév - 1:56


Yasmine ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, en venant taper à la porte d'Imen après tout ce temps ; surtout qu'elle ne venait pas avec de bonnes nouvelles en poche. Aurait-elle pu contacter son amie d'enfance plus tôt ? Sûrement, oui. Si elle avait fait un effort, elle aurait sûrement pu découvrir plus tôt que la syrienne vivait désormais dans la même ville qu'elle. Pour elle, c'était pourtant tellement improbable ! A ses yeux, la place d'Imen était auprès de ses frères, à se battre, c'était là qu'elle l'avait imaginée toutes ces années... En même temps, lorsqu'on savait ce qu'il était advenu du père d'Imen, de Kenzo, d'Hassan... il y avait aussi un avantage à savoir Imen plus en sécurité à New York, où elle ne risquait pas à chaque instant de se prendre une balle perdue, de glisser sur un obus ou de se faire arrêter et torturer pour un oui ou pour un non. Et puis, à bien y réfléchir, Yasmine avait acquis une certaine cote dans le monde du journalisme et de la télévision, elle était connue, et Imen non plus n'avait fait aucun geste pour la recontacter. Etait-elle énervée contre elle ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ? Imen coupa court à ses pensées confuses en ouvrant la porte d'entrée, restant figée en reconnaissant la jeune anglo-syrienne. Celle-ci, suivant le mouvement, resta également silencieuse quelques secondes, soutenant le regard de son amie en affichant un sourire aussi enjoué que possible au vu des circonstances. « Salut... » souffla-t-elle, parcourant le visage d'Imen du regard, plus heureuse même qu'elle ne l'aurait pensé de revoir son amie d'enfance avec qui elle avait tant partagé. « Yasmine ? » se contenta d'abord de répondre Imen, apparemment toujours sous le choc. Le sourire de la brune s'élargit et elle hocha doucement la tête, même si elle ne doutait pas qu'Imen l'avait parfaitement reconnue de toute façon. « Mais ... mais qu'est ce que tu fais là ? » continua son amie, apparemment vraiment soufflée de la voir sur le pas de sa porte. Baissant les yeux un instant, la jeune femme haussa les épaules. « J'ignore depuis combien de temps tu es à New York, sinon je serais venue plus tôt... Ça fait deux ans que j'habite ici, je suis... journaliste, maintenant. » Entre autres ; à l'image de ses études qui l'avaient parfois détournée de son attachement pour la cause du peuple syrien, le monde de la presse et de la télévision avait également de quoi distraire la jeune femme, qui n'avait pas hésité à donner de sa personne dans le dernier Dance with the Stars. Et soudainement, Yasmine releva les yeux vers Imen et lui adressa un regard peiné ; alors, leurs retrouvailles, c'était ça ? Non, Yasmine ne pouvait pas y croire. Lorsqu'elle avait terminé son périple de la prison syrienne au territoire britannique, elle avait eu le cœur brisé de savoir qu'elle serait incapable de rejoindre de nouveau son pays natal tant qu'el-Assad était au pouvoir. Elle avait espéré, mais les massacres, les tueries... C'était l'Enfer, là-bas, y avait-il seulement encore de la place pour de l'espoir entre les lacs de sang honteusement versé ? Yasmine et Imen étaient à des milliers de kilomètres de là, et sans lui avoir parlé pendant des années, la journaliste savait que le conflit ne quittait jamais totalement l'esprit d'Imen, tout comme il ne quittait jamais totalement le sien. Alors, avançant doucement jusqu'à l'encadrement de la porte, Yasmine écarta les bras pour enlacer Imen. « Je suis contente de te revoir... » souffla-t-elle en s'écartant d'elle après quelques secondes, déglutissant rien que d'anticiper ses prochaines paroles. « Je peux entrer ? Je... voudrais te parler de quelque chose. » murmura la jeune femme avant de se racler la gorge, pas sûre de savoir si Imen savait déjà que son frère était mort au combat.

Exactement, c'est tout ta faute ! 90
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MessageSujet: Re: imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ EmptySam 2 Mar - 20:56

Il y a des visages dans mon esprit qui correspondent à des endroits. Il y a ceux qui correspondent à New-York et à ma nouvelle vie ici, et les autres ... Ceux pour qui mon ventre se tord à chaque fois que je pense à eux. Ceux qui correspondent à mon ancienne vie, à ma vie d'origine qui a été réduite en cendres depuis bien longtemps déjà. Très peu sont des visages qui correspondent à la fois à mon ancienne et à ma nouvelle vie. Enzo doit être l'un des seuls, si ce n'est le seul. Et Yasmine. Sous le choc, je suis restée plantée sur le seuil de la porte. Yasmine correspond à la Syrie. Son visage représente Hama et notre pays à mes yeux. Il représente tous ces moments passés ensemble, ces longues balades, ces anniversaires, ces jours d'école, ces rires, ces sourires ... Et puis ces grandes questions de la vie quand on est devenues adolescentes. Les disputes aussi, bien sûr mais surtout toutes ces confidences et les nuits où elle est venue dormir chez moi et vice-versa. Je me souviens, on mettait un matelas entre le lit de Nouria et le mien. Ma soeur grognait toujours, elle disait qu'on devait déjà se serrer alors ajouter quelqu'un d'autre ... Mais maman haussait toujours les épaules face à ses protestations, et papa aussi, pour mon plus grand plaisir. Nouria a fini par se faire une raison ... Peu importe. Mon esprit associe le visage de Yasmine à tous ces souvenirs qui semblent si loin maintenant et la voir ici, à New-York me donne l'impression que quelque chose cloche. Ca me perturbe. D'où le fait que j'ai mis un certain temps avant de réussir à ouvrir la bouche et encore, le résultat n'a pas été fameux. Elle semble vouloir me laisser le temps de reprendre mes esprits. J'essaie de le faire vraiment, c'est juste que je n'arrive pas à y croire ! Elle est sur le seuil de la porte ! La dernière fois qu'on s'est vues remonte à ... Ouah ! « J'ignore depuis combien de temps tu es à New York, sinon je serais venue plus tôt... Ça fait deux ans que j'habite ici, je suis... journaliste, maintenant. » m'explique-t-elle. Deux ans ? Journaliste ? C'est trop d'un coup là ! Je me fous une gifle mentale pour reprendre mes esprits justement. J'ai passé tellement de temps à penser à elle depuis son départ et tout ce qui s'est passé ensuite ... Je hoche doucement la tête. Dire qu'elle était à New-York depuis tout ce temps. « Je suis ici depuis un an maintenant ... J'arrive pas à croire qu'on est passées autant de temps ici sans savoir que l'autre était juste là ... En plus si t'es journaliste maintenant ... » ai-je murmuré. Si elle savait comment je suis arrivée ici d'ailleurs ... C'est sûr qu'étant juste femme de ménage, c'est plus discret. Journaliste hein ? J'aurais dû me douter qu'elle ferait un métier dans ce genre la connaissant. Soudainement, je ne sais plus quoi lui dire et ça m'emmerde. J'ai envie de lui demander pourquoi elle n'a jamais donné de nouvelles, mais elle pourrait me retourner la question, même en sachant que c'était pas vraiment facile d'en donner de mon côté ces dernières années. J'aimerais lui demander pourquoi elle a fait un truc pareil à Hassan en sachant la réponse, elle n'avait pas le choix. J'ai aussi envie de lui demander si depuis tout ce temps, elle nous a oubliés en menant une belle vie en Angleterre, mais je me mords la lèvre. Ca ne servirait à rien. Je me dis pendant une seconde que Yasmine fait partie de ces chanceux qui ont une sortie de secours comme un père très bien placé dans un autre pays avant de me souvenir qu'elle aussi a vécu des choses difficiles pendant ces longs moins d'enfer. C'est juste qu'elle a eu la chance de s'en sortir de cette façon et ayant été une amie très proche, je suis contente pour elle. Une amie très proche ... Que je retrouve des années plus tard avec la peur au ventre qu'on soit devenues de parfaites étrangères. « Je suis contente de te revoir... » a-t-elle fini par dire pour rompre le silence. J'ai soupiré en me disant qu'il faut que j'arrête de me prendre la tête et que je laisse parler mon coeur pour une fois. « Moi aussi. » ai-je dit sincèrement malgré cette sensation d'abandon qui refait surface depuis que j'ai ouvert la porte. Pourquoi tout est toujours aussi compliqué ? « Je peux entrer ? Je... voudrais te parler de quelque chose. » Je relève la tête et réalise seulement maintenant que je bloque l'entrée depuis tout à l'heure et qu'on discute sur le seuil de la porte. Je fais une hôte pitoyable d'après Samuel. Du coup je m'enlève le plus rapidement possible mais comme au ralenti. « Bien sûr, entre. » ai-je fait en faisant signe de la main. J'ai toujours un peu de mal à me dire qu'elle est là et pourtant, je la regarde rentrer dans l'appartement de Samuel. C'est bien Yasmine, celle avec qui je jouais quand j'étais petite chez nous. Je referme la porte derrière elle. « C'est ton nouveau statu de journaliste qui t'a permis d'avoir cette adresse ? Tu me diras, internet c'est bien aussi comme invention. » ai-je réalisé en haussant les épaules en même temps que j'ai parlé. En plus, sachant que je vis avec un journaliste, ça doit aider. Je me suis avancée dans le salon et la cuisine. Cuisine américaine. Je retrouve petit à petit tous mes réflexes même si je n'habite plus ici. « Je ... te sers quelque chose à boire ? » Un psychiatre ou psychologue trouverait mon comportement très intéressent. Il aurait compris que je me rappelle très bien que Yasmine vient de dire d'un ton embêté qu'elle veut me parler de quelque chose. Il aurait compris que j'ai un mauvais pressentiment et que du coup, je redoute d'entendre ce qu'elle veut dire. C'est ça, je fais l'autruche inconsciemment. Je préfère me dire qu'il faut que je me rattrape sur mes devoirs d'hôte quand Samuel est absent. C'est tout moi, faire l'autruche et redouter de savoir ....
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MessageSujet: Re: imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ EmptyDim 3 Mar - 23:45


Yasmine aurait vraiment préféré retrouver Imen dans de meilleures conditions et pourtant, elle savait qu'elles allaient devoir aborder un sujet houleux et l'anglo-syrienne s'en mordait les doigts d'avance. « Je suis ici depuis un an maintenant ... J'arrive pas à croire qu'on est passées autant de temps ici sans savoir que l'autre était juste là ... En plus si t'es journaliste maintenant ... » La brune se contenta de sourire, mais elle ne cacha pas non plus de sa surprise de savoir que depuis un an, elles vivaient dans la même ville dans se croiser, sans même savoir que l'autre était si proche. Dans un sens... c'était profondément triste. Les deux jeunes femmes avaient pourtant tant partagé, dans leurs jeunes années ! Elles avaient été des amies particulièrement proches, avaient vu leur famille déchirée par les conflits, par la mort, et s'étaient soutenues dans les pires situations. Pendant un temps, elles s'étaient même considérées comme belles-soeurs, lorsqu'il semblait évident qu'Hassan et Yasmine se marierait, une fois toute cette histoire terminée. Seulement, tout n'était pas rose dans la vraie vie, et ce même conflit avait eu raison de la vie de son ancien promis plus qu'autre chose, en plus d'avoir coûté la possibilité à Yasmine de rejoindre ses proches sur le sol syrien. Et voilà où elles en étaient rendues maintenant, à ne pas savoir qu'elles vivaient à quelques kilomètres l'une de l'autre pendant un an... Quelle honte. Alors, dans un geste désespéré, Yasmine était allée chercher le corps d'Imen pour l'enlacer, tentant de retrouver cette complicité et cette amitié qui les avaient caractérisées lorsqu'elles étaient petites. « Moi aussi. » répondit d'ailleurs Imen lorsque Yasmine lui avoua qu'elle lui avait manqué. La journaliste clôt ses paupières pendant un instant mais ne tarda pas à retourner à la réalité, demandant à son amie si elle pouvait entrer, abordant même le fait qu'elle devait lui parler de quelque chose. Hassan... « Bien sûr, entre. » lui répondit Imen en s'effaçant de l'encadrement de la porte pour la laisser pénétrer dans l'appartement. Découvrant l'endroit, Yasmine attendit que son amie eut refermé derrière elles avant de la suivre à travers le salon et la cuisine, se plaçant en face d'Imen alors que celle-ci reprenait la parole. « C'est ton nouveau statu de journaliste qui t'a permis d'avoir cette adresse ? Tu me diras, internet c'est bien aussi comme invention. » Un sourire gêné prit place sur les lèvres de la brune, qui baissa la tête un instant. Pour le coup, elle tapait juste dès le début. « Je ... te sers quelque chose à boire ? » reprit la jeune femme. Soulagée de ce petit répit, Yasmine releva les yeux et hocha brièvement la tête. « Un verre d'eau, ça ira, s'il te plaît. » demanda-t-elle en adressant un sourire aussi sincère que possible à la jeune femme. Elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle s'apprêtait à dire ensuite, c'était... Elle détestait vraiment être cette personne. « J'ai trouvé ton adresse un peu grâce aux deux, en fait... » souffla-t-elle avant de prendre le verre que lui tendait Imen pour en boire une longue gorgée, sentant sa bouche sèche face à ce qu'elle s'apprêtait à dire. « Dans le cadre de mon travail, je reçois divers rapports et... » Lorsqu'elle avait lu le nom d'Hassan sur la liste des tués, Yasmine n'y avait pas d'abord pas cru ; ensuite, elle avait pleuré. Oui, une fois seule, elle s'était laissée aller à quelques larmes, pleurant un homme qu'elle avait aimé, avec qui elle s'était imaginé une vie pendant un temps et qu'elle avait dû quitter à regrets. Cependant, peu importe l'amour qui avait pu la lier à Hassan, rien ne pouvait être plus fort que le lien qui l'unissait à sa petite sœur... et Yasmine avait de plus en plus peur d'être celle qui annoncerait à Imen la mort de son frère. « Je sais pas si tu le sais déjà, sinon... je suis vraiment désolée de devoir te dire ça comme ça... » souffla-t-elle avant de déglutir, sa gorge définitivement serrée. Elle se la racla d'ailleurs brièvement avant de reprendre la parole. « Hassan... est mort. Son nom est apparu sur l'une des listes... » murmura-t-elle en relevant les yeux vers Imen, les sourcils froncés de tristesse.

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MessageSujet: Re: imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ EmptySam 9 Mar - 20:20

J'ai encore du mal à croire pendant quelques secondes, qu'elle est bien sur le seuil de cette porte à New-York et qu'on a vécues dans la même ville pendant deux ans sans le savoir. Mais à l'évidence, c'est bien vrai. C'est bien la réalité. Malgré ce sentiment qui est toujours présent qui me dit qu'elle m'a abandonnée, Hassan aussi, je suis heureuse de la revoir. J'essaie de me remémorer la dernière fois que l'on s'est vues, que l'on s'est parlées mais ça remonte à loin. Et puis il s'est passé tellement de choses entre temps, tellement de choses qui font que maintenant ... On pourrait être des étrangères. Elle grande journaliste et moi, femme de ménage. C'est différent maintenant, quelque chose à changer mais j'ose croire que le fond est resté le même. C'est elle qui a fait le premier geste en me serrant dans ses bras. J'ai mis une fraction de seconde avant de retrouver mes vieux réflexes en la serrant à mon tour en lui répondant qu'elle aussi, elle m'a manquée. Nos vies sont devenues tellement compliquées ... Bien loin de nos rêves d'enfants de l'époque. Je donnerai tout pour y retourner. Mais je réalise bien vite en revenant à la réalité que je fais patienter Yasmine depuis tout à l'heure sur le seuil de la porte au lieu de la faire entrer. Une chance que Sam ne soit pas là, quoi que j'aurais aimé la lui présenter. Ou plutôt, une chance que je sois là, sinon Yasmine serait tombée devant une porte fermée. Faut croire que ce qui lui a donné cette adresse n'a pas été mis à jour depuis quelques mois ... Quelle que soit l'explication, ça me rassure. Je referme donc la porte après qu'elle soit entrée, trouvant quand même l'idée de parler dans le salon confortable bien meilleure que celle de rester sur le palier. Et puis Sam n'étant pas là, j'ai eu le temps de ranger son bordel derrière lui. Déformation professionnelle.

« Un verre d'eau, ça ira, s'il te plaît. » me répond Yasmine quand je lui demande si elle veut boire quelque chose. Je hoche la tête et va vers la cuisine pour lui préparer ça. On se connaît bien, vraiment bien et des choses me reviennent en mémoire. Ces choses me donnent l'impression que ... J'ai un mauvais pressentiment sur ce qu'elle veut me dire en fait. Il y a juste à observer cet air soucieux et désolée d'avance sur son visage pour se poser des questions. Et le fait que si elle s'est mise soudainement à vouloir me localiser sur internet, ce n'est sans doute pas pour rien. Pour le moment, je me concentre sur ma tâche imposée. Sortir un verre du placard d'en haut. Prendre la bouteille d'eau sur le poste de travail de droite. « J'ai trouvé ton adresse un peu grâce aux deux, en fait... » commence-t-elle. Sentiment que ce n'est que le début. A nouveau, je ne fais que hocher la tête. J'ai l'esprit totalement vide. Je me contente de lui servir son verre d'eau et une fois cela fait, d'aller vers elle et de le lui tendre. Elle en boit une longue gorgée puis je l'invite à s'assoir sur le canapé tandis que je m'appuie sur l'accoudoir du vieux fauteuil de Samuel. « Dans le cadre de mon travail, je reçois divers rapports et... » continue Yasmine en ayant de plus en plus de mal. J'aimerais lui dire d'en venir aux faits mais je sais que je le regretterais. Parce que j'ai très peur de ce qu'elle va me dire même si pour l'instant, je n'ose pas y croire. « Je sais pas si tu le sais déjà, sinon... je suis vraiment désolée de devoir te dire ça comme ça... » J'ai fermé les yeux quelques secondes et puis j'ai dégluti lentement. Un nœud s'est formé dans mon ventre. Oui parce que ... le pressentiment se confirme. Je sais ce qu'elle va dire là, dans quelques secondes. Je voudrais lui dire de ne pas le dire, de se taire mais j'en suis incapable parce que ... Il y a trois possibilités, et d'autres encore si jamais, si jamais plusieurs sont ... Yasmine déglutit difficilement et se racle la gorge. A cet instant précis, je sais lequel d'entre eux a rejoint le reste de notre famille. « Hassan... est mort. Son nom est apparu sur l'une des listes... » J'ai eu le souffle coupé. Littéralement parlant.

❝ Flash Back ❞

« HASSAAAAAAAAAAN ! » Mon cri vient de faire trembler toute la maison. Je viens d'en franchir le seuil, faisant presque voler la porte d'entrée à mon passage. Il a fait très chaud aujourd'hui. Je sens des perles de sueur glisser dans mon dos et coller mon débardeur crème à mon dos. La colère n'arrange rien mais je m'en fiche. Je vais lui arracher les yeux et donner son corps en pâture aux chiens des voisins ! Je déboule en trombe dans le salon et comme je m'y attends, Hassan joue tranquillement à sa console. « Salut ! » lance-t-il sans pour autant prendre la peine de se retourner vers moi. Il reste le cul planté sur son canapé, occupé à zigouiller je-ne-sais quelle créature et il me tourne le dos. Je reste plantée, stupéfaite par sa décontraction, par sa réplique et son comportement, alors que je ne devrais pas. Hassan est comme ça. Ouais bah Hassan il va se faire mettre bien profondément parce qu'il va pas me tourner le dos longtemps. « Salut ? SALUT ? C'est tout ce que t'as à me dire ?! » ai-je hurlé hors de moi. Il n'a pas bougé, toujours occupé à son jeu. Le seul geste qu'il a esquissé, c'est celui de se frotter l'oreille. « Vas-y mollo, je suis pas sourd. Et tu vas faire peur à toute la ville. » Rrrrrrh le ... Aaargh ! Je n'ai pas pu résister, sentant la colère s'emparer de chaque partie de mon corps, j'ai craqué et au lieu d'attendre que ce soit lui qui se tourne vers moi, c'est moi qui suis allée me mettre devant luis. Précisément, devant l'écran de la télévision pour le faire chier. Ca a marché puisque mon frère a fait les gros yeux. « Imen ! Putain mais dégage ! » a-t-il lancé. Oh compte là-dessus mon grand. Si je pouvais je me clouerais les pieds sur place rien que pour t'empêcher de jouer à la playstation ! Au moins, là j'aurais ton attention ! Je me suis foutue de ses menaces et suis restée plantée, toujours aussi furieuse. « Qu'est-ce que t'as dit à Ibrahim ? » « Dégage de devant moi Imen ! » « NON ! Dis moi ce que t'as dit à Ibrahim !! » ai-je insisté en perdant ma patience de plus en plus. Je n'en ai jamais eu beaucoup de toute façon mais Hassan est le champion pour la tester. Il est tellement, mais tellement con parfois ! Furieux à son tour tandis que j'entends le "game over" derrière moi, il balance sa manette sur le canapé mais je ne me démonte pas. Tous mes frères ont beau me dépasser d'une tête au moins chacun, je les matte comme je veux. Il se lève du canapé. « Je lui ai rien dit merde ! » Le fait qu'il nie me met en rogne dix fois plus. « Mais bien sûr que si ! C'est ce que tu fais à chaque fois ! A chaque fois qu'un mec s'intéresse à moi tu lui fais peur avec les autres ! J'en ai marre ! Je veux vivre ma vie sans vous avoir sur le dos ! T'as vraiment rien d'autre à foutre que de me surveiller et de t'amuser à foutre les jetons à ... » « Ibrahim était une MAUVIETTE alors tu ferais mieux de me remercier de l'avoir fait fuir au lieu de te défouler sur moi ! » m'a-t-il coupé en hurlant à son tour pour se faire entendre. Mon visage s'est déformé. « JE LE SAVAIS ! T'es vraiment qu'un connard Hassan ! Je vais finir toute seule, c'est ça que tu veux ? HEIN ? Est-ce que JE TE FAIS CHIER AVEC TES POUFFIASSES QUE TU RAMÈNES A LA MAISON ? NON ! Alors ... » « C'EST PAS BIENTÔT FINI TOUS LES DEUX ?!! » Hassan et moi avons sursauté en entendant cette fois derrière nous. Nos regards se posent sur Kassim et Mariam qui sont sur le seuil du salon. Mon frère n'a pas l'air heureux et nous regarde férocement. « On peut vraiment plus être tranquille dans cette maison ! » poursuit-il cinglant. C'est là que je remarque que le regard de Mariam reste planté vers le sol. Elle a pleuré. Quand je regarde mon frère, je croise ses yeux brillants qui n'expriment que la douleur. Mon frère ne pleure jamais. La scène me laisse muette, Hassan aussi. « Maintenant vous arrêtez de gueuler tous les deux et Imen par pitié, surveille ton langage dans cette maison ou t'auras moins de chance la prochaine fois quand maman sera à la maison ! » « Mais il ... » ai-je commencé en sachant très bien que je n'aurais pas dû. Quand mon frère est comme ça, tout ce qu'il y a à faire c'est se taire. « Je m'en fous ! Maintenant vous arrêtez de nous les briser, c'est tout ! » Okay, okay ... Hassan et moi avons baissé la tête. Depuis la mort de papa, Kassim est définitivement devenu le chef de la famille. Même Hassan, qui a un orgueil plus énorme que le sien est forcé de l'admettre. Un raclement de gorge féminin. Mes yeux se relèvent vers Mariam qui a assisté à tous l'échange. Je dois avouer qu'en commençant cette dispute, je ne me suis même pas demandé s'il y avait quelqu'un d'autre à la maison. De toute façon il y a toujours du monde chez nous. Je devrais m'exprimer heureuse que ma mère ne soit pas là parce que sinon, elle m'aurait tuée en m'entendant parler comme ça. N'empêche, en voyant Kassim et Mariam dans cet état, toute ma colère s'est évaporée. Je regarde ma belle-soeur qui ne l'est peut-être plus, inquiète. « Je vais y aller. » murmure-t-elle à mon frère d'une petite voix. Soudain, Kassim se désintéresse complètement de nous et son visage fendu par la colère se détend. Il a cet air sur le visage quand il la regarde, cet air qu'il ne réserve qu'à elle. C'est pour ça que quand je vois en plus, cette lassitude sur son visage, mon ventre se tord. « Reste, s'il te plaît ... » la supplie-t-il comme si Hassan et moi n'étions plus dans la pièce. J'ignore ce qui s'est passé mais ça a l'air grave. Je me sens coupable d'avoir crié du coup. Mariam est quelqu'un de vraiment bien alors, qu'est-ce qui s'est encore passé ? Je la vois se mordre la lèvre et hocher la tête négativement. « Non désolée, je crois qu'on a plus rien à se dire ... » murmure-t-elle. Puis, elle reporte son attention sur nous et une sourire factice apparaît sur ses lèvres. « Contente de vous avoir vu tous les deux. » Au moment où elle commence à se diriger vers la sortie, Kassim tend la main pour la retenir mais il ne veut pas vraiment. Mariam se retourne quand elle sent ses doigts encercler son poignet mais elle continue de s'éloigner. Elle lui glisse littéralement entre les mains cette scène me donne mal au coeur. Hassan et moi restons silencieux. La porte d'entrée se referme sur le passage de Mariam et nous voilà plantés, mes frères et moi dans le salon, ne sachant plus quoi se dire. Les sourcils froncés par la tristesse, je regarde le plus âgé de mes frères qui semble être en proie à un duel intérieur. Silence embarrassé. Hassan et moi on se lance un regard qui veut dire : "eeuh et maintenant on fait quoi ?" mais bien sûr, Kassim reprend ses esprits. Il déteste quand on le voit dans ce genre d'état. Il cache sa vulnérabilité et ses faiblesses. Alors il nous regarde brièvement, compose un masque dont il a le secret sur son visage et disparaît sans un mot, aussi rapidement qu'il est apparu. La porte de la chambre à l'étage claque. D'accord. Voir ça m'a chamboulée. Silence maintenant entre Hassan et moi. J'ai perdu toute envie de me battre avec lui. « Tu ... veux faire une partie à Tekken ? » demande-t-il doucement sans me regarder. Lèvres pincées, je me tourne vers lui. « D'accord. » ai-je dit en haussant les épaules. « Tu me laisseras jouer à Lara Croft après ? » Sourire en coin de la part de mon frère. Il a repris son air nonchalant. « Si t'es sage. » dit-il en me chatouillant brièvement au niveau des côtés. Je me tortille et me dégage en le poussant légèrement au niveau de l'épaule, tout sourire soudainement. Je m'installe sur le canapé tandis qu'il change de jeu dans le lecteur de sa console. Mes frères ont le pouvoir de m'exaspérer au plus haut point, même Nassim, et de me faire sourire la seconde d'après. Après avoir mis Tekken, Hassan vient s'asseoir à côté de moi. Il me donne la seconde manette et récupère la sienne. « N'empêche, je suis toujours en colère contre toi pour Ibrahim. » Je le vois sourire du coin de l'oeil et il me donne un léger coup, d'épaule à épaule. « Ca se voit. » dit-il moqueur. J'ai souri.

❝ Fin du Flash Back ❞


Hassan est mort. J'ai eu un moment de blanc avant de sentir les larmes venir.Le choc est là, même si je me suis attendue à cette nouvelle depuis quelques minutes maintenant. Je n'ose pas regarder Yasmine. Mes yeux se perdent au loin, sur le mur en face de moi. Hassan est mort. La dernière fois que nous nous sommes vus revient dans mon esprit et automatiquement, les larmes commencent à couler. Ca remonte à plus d'un an, sur la falaise. Ca correspond aussi à la dernière fois où j'ai vu Enis, Kassim et mon pays. J'avais vu Mariam dans la matinée le même jour. Et Hassan est mort, qu'en est-il des autres ? Voilà les nouvelles que j'attends depuis tout ce temps. Yasmine qui m'annonce que l'un de mes frères a perdu la vie. Hassan était peut-être celui avec qui j'étais le moins proche parfois mis c'est plus compliqué que ça. Il avait beau être lourd, con, orgueilleux quand il voulait, c'était mon frère et je l'aimais. Toujours assise sur l'accoudoir, je plaque une main contre ma bouche pour essayer de ... je sais pas vraiment. Mon menton tremble. Je ne peux pas parler tout de suite parce que je vais éclater en sanglots sinon. Je préfère prendre le temps de me calmer, de respirer calmement. Hassan ... Enis doit être démoli. Ils étaient comme le jour et la nuit mais ils étaient proches. Ils étaient jumeaux. Je ... j'aurais juste tellement aimé qu'ils s'en sortent tous. Oui après tout ce temps, après tous ces reportages télé et tous ces morts, j'avais encore espoir qu'ils échappent tous les trois à tout ça. Je me suis dit que ma famille a assez morflé après tout, sauf qu'être à New-York me fait oublier qu'il n'y a ni règles, ni limites pour ces choses là. La mort de mon père. La mort du frère de Yasmine. La mort de ma mère, de mes soeurs, de Nassim, d'Hassan et de mes amis ... Elles me reviennent toute en mémoire. Mes amis de la fac, exilés ou décédés. Mon ventre se tord à cause de ce que je lui fais subir. Les secondes passent dans le silence. Je me suis imaginée cette scène des milliers de fois pourtant, ça fait encore beaucoup plus mal que dans mon imagination. Le temps semble s'être arrêté. On entend seulement le bruit de la circulation en bas et ceux qui viennent de chez les voisins. Ma main se transforme en poing collé à mes lèvres. Me calmer, me calmer. Un air de musique que ma mère chantait en tête. Je respire profondément et sens ma gorge se débloquer partiellement. Assez pour me permettre de parler. Les sanglots menacent toujours alors que le visage d'Hassan danse devant mes yeux. Je tourne les yeux vers Yasmine et me laisse tomber mollement dans le fauteuil, les jambes sur l'accoudoir. D'un revers de main tremblant, j'essuie les larmes qui ont roulé sur mes joues. Je me racle la gorge, pas sure du son qui va sortir de ma bouche. Hochement de tête. « Tu as ... Tu as d'autres précisions ? Sur ... sa mort je veux dire ... Ou bien sur la situation des autres ? » Voix mal assurée. Menace de tremblements que je réussis à contrôler. Soudain, en voyant Yasmine toute seule sur le canapé, je me souviens que je ne suis pas toute seule souffrir. « Ca va toi ? » Elle tenait à lui quand ils sortaient ensemble. J'ai l'impression qu'elle a toujours tenu à lui. Quand ils ont commencé à se voir, j'ai eu ce sentiment de trahison, forcément. Quand ils se sont séparés, j'ai été triste et le fait que leur histoire se termine définitivement de cette façon me ... Ohlala ... « Merci de me l'avoir dit en tout cas. » Mes yeux sont toujours embués de larmes qui menacent et ma gorge me fait mal. Hassan est mort. Mes lèvres n'arrêtent pas de bouger et je me mords l'intérieur de la joue pour me retenir de craquer. Je voudrais rejoindre Yasmine sur le canapé, mais je me sens trop faible pour bouger. Le premier truc qui a traversé mon esprit est sorti à ce moment là. « C'est dommage ... Vraiment dommage, j'aimais vraiment bien t'avoir en belle-sœur moi » ai-je dit totalement ailleurs. Puis j'ai fait ce contre quoi je lutte depuis tout à l'heure. J'ai craqué. J'ai éclaté en sanglots.

hj : elle m'a fait pleurer Imen Crying or Very sad et excuse-moi pour le pavé hein ... c'était pas volontaire mais je tenais vraiment à faire un flash-back 63
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MessageSujet: Re: imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ EmptyDim 10 Mar - 23:16


Yasmine n'avait pas flanché en annonçant la nouvelle à Imen. A en juger par son expression, elle se doutait de ce que la jeune femme était venue lui dire ; ça ne rendait pas la chose plus facile pour autant. Les yeux secs, la voix mesurée, Yasmine avait réussi à faire preuve de ce sang-froid qui lui permettait d'annoncer de terribles nouvelles chaque jour sur les ondes. Seulement là, ce n'était pas n'importe quelle nouvelle. C'était triste à dire, mais même si toutes les morts la touchaient, celle-ci encore plus. Hassan n'était pas n'importe qui, il n'était pas un quelconque voisin qui lui aurait offert des fruits lorsqu'elle était petite, il était... il était tellement plus que ça. Il était l'homme avec qui elle avait imaginé faire sa vie pendant des années, dont elle avait sûrement d'ailleurs un peu rêvé à l'époque où elle était plus jeune et qu'elle le voyait lorsqu'elle venait jouer chez Imen. Il avait beau être lourd, carrément envahissant lorsqu'il s'agissait de la vie de sa petite sœur et loin d'être le membre des Al-Tassir avec le plus de tact, mais il était... différent. Et puis, c'était le grand frère de sa copine, à l'époque, alors forcément... et puis avec les années, la mort de Kenzo, son déménagement à Newcastle upon Tyne... sa vie avait changé ; elle avait changé. Son quotidien n'était plus le même, sa façon de penser non plus. Elle avait grandi, évolué, et lorsqu'elle était revenue en Syrie, c'était une Yasmine tout à fait différente de la petite fille qu'il avait quittée que Hassan avait trouvé. C'était d'ailleurs lui qui avait fait le premier pas vers elle, quelques semaines après son retour, alors que son groupe avait enfin accepté que celle qui venait de retourner au pays les aide dans leur combat contre l'oppression. Évidemment, elle n'avait pas non plus trop fait courir le jeune homme, bien trop heureuse de le voir s'intéresser à elle pour jouer les filles difficiles à attraper. Entre eux, c'était plus simple que ça, il n'y avait pas de faux semblants, ils n'essayaient pas de se plaire, ils étaient comme ils étaient, avec leurs défauts, mais surtout leur combat commun. Et lorsqu'ils avaient rompu... même si Yasmine ne l'avait jamais avoué, elle n'avait pas perdu espoir. Elle s'était dit qu'avec le Printemps Arabe, la victoire du peuple en Libye, là où on ne l'attendait plus, la Syrie allait suivre ! El-Assad serait encerclé, peut-être tué, et il y aurait sûrement de grands débats sur la suite politique à adopter, mais le cas de Yasmine serait résolu aux yeux du gouvernement syrien et elle serait libre de retourner dans son pays... et d'y rejoindre ses proches, mais surtout sa mère et Hassan ; Imen aussi, pensait-elle avant de la savoir à New York. A ses yeux, ce n'était qu'une question de temps ! Ils gagneraient forcément... ils se retrouveraient. En attendant, Yasmine n'était pas à proprement parler fidèle, mais il n'y avait eu que lui qui avait réussi à la toucher aussi profondément. Oui, en fin de compte, l n'y avait eu que lui.

Yasmine voyait le visage d'Imen se décomposer et elle fut bientôt incapable de soutenir cette vision. Son regard tomba sur son poignet, auquel était toujours accrochée la gourmette qui ne l'avait pas quittée depuis l'anniversaire de ses huit ans ; c'était son grand frère, Kenzo, qui le lui avait offert, lui promettant qu'ils trouveraient le temps de faire graver quelque chose dessus, lorsqu'ils seraient dans la capitale. Il était mort avant qu'ils n'aient pu mener à bien ce projet. Depuis, elle avait fait graver le nom de son frère derrière la gourmette, mais elle avait gardée la partie visible vide, comme un rappel constant du fait que son frère & elle avaient encore des choses à régler. Yasmine se souvenait de tout ; du jour où il lui avait annoncé qu'il partait pour Damas, du dernier moment qu'ils avaient passé ensemble, de l'annonce de sa mort, de son enterrement... de son déménagement qui en avait été une conséquence directe. Elle avait eu l'impression qu'une partie de son cœur lui était arrachée, et un nouveau bout venait de se détacher avec Hassan, de la même façon. Seulement, leur relation était... différente. Ce n'était pas comme Yasmine et Kenzo, ou Imen et Hassan. L'anglo-syrienne releva les yeux sur son amie d'enfance, témoignant immédiatement des larmes qui avaient coulé sur ses joues et du désespoir soudain qui l'habitait. Prise d'une soudaine et puissante empathie, amplifiée par son propre deuil, Yasmine sentit aussitôt à son tour ses yeux s'humidifier et ses sourcils s'arquer dans une expression douloureuse et compatissante. « Tu as ... Tu as d'autres précisions ? Sur ... sa mort je veux dire ... Ou bien sur la situation des autres ? » reprit cependant Imen après s'être raclée la gorge. Sa voix était incertaine, chevrotante, et Yasmine dut déglutir et baisser les yeux avant de se contenter de secouer la tête, gênée. « Il est possible que j'en ai plus tard, mais pour le moment... il n'y a que son nom. Désolée... » murmura-t-elle, tentant de nouveau de contrôler sa voix comme sur un plateau mais déstabilisée par la détresse d'Imen. Yasmine, elle, préférait tout garder à l'intérieur, comme d'habitude. Si elle souffrait ? Plus que jamais. Elle avait plus conscience de la mort qu'à huit ans, quand son frère était décédé, et Hassan avait tellement représenté pour elle à une époque de sa vie ! Le savoir mort faisait un choc, même si elle ne lui avait pas parlé depuis des années ; dans son esprit, même si ils n'avaient pas de nouvelles l'un de l'autre, ils pensaient l'un à l'autre, ils étaient là, quelque part, à regarder la même Lune. « Ca va toi ? » demanda de nouveau Imen, interrompant Yasmine dans ses pensées qui secoua de nouveau subitement la tête pour rassurer son amie, glissant un bref et léger sourire pincé sur ses lèvres. « Oui ! Je... Je pense que je réalise pas vraiment. » souffla la jeune femme en sentant son cœur se serrer. Hassan était mort. Celui qu'elle avait appelé « l'homme de sa vie » en privé pendant si longtemps n'était plus de ce monde, il ne foulait plus cette terre, ne regardait plus cette Lune. Il n'était qu'un corps parmi d'autres, tout juste identifié et sûrement enterré avec le minimum de respect nécessaire. Là-bas, le monde était un carnage, une fournaise constante. Elle avait souvent pensé son homme invincible, elle apprenait douloureusement aujourd'hui que ce n'était pas le cas. « Merci de me l'avoir dit en tout cas. » Retenant ses larmes avec brio, Yasmine sourit de nouveau – plus sincèrement cette fois – à son amie. « C'est normal... Je suis désolée de te retrouver dans ces circonstances... et de devoir t'annoncer ça... » répondit-elle. Elle regrettait de devoir lui annoncer la mort d'Hassan, mais elle n'aurait pas voulu que quelqu'un d'autre le fasse, quelqu'un qui n'aurait pas connu le jeune Al-Tassir. « C'est dommage ... Vraiment dommage, j'aimais vraiment bien t'avoir en belle-sœur moi » Yasmine ne put pas contrôler la grimace douloureuse qui se logea sur son visage pendant un instant ; elle avait bien failli l'être, sa belle-soeur, oui. Elle n'eut cependant pas le temps d'y penser plus longtemps puisqu'un instant plus tard, Imen s'effondrait en larmes. Aussitôt, et instinctivement, Yasmine se redressa en posant son verre sur la table basse pour rejoindre Imen et s'asseoir sur l'accoudoir du fauteuil, prenant immédiatement son amie d'enfance dans ses bras. Sans dire un mot, la jeune femme la berça la laissant pleurer à sa guise et sentant bien vite ses yeux s'humidifier de nouveau alors qu'elle sentait les sanglots de la jeune femme secouer leurs corps.
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MessageSujet: Re: imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ EmptyLun 22 Avr - 15:02

C'est horrible. Perdre quelqu'un. De cette façon en plus, si ... violemment. La façon dont vous ne pouvez plus respirer quand ... quand vous réalisez que plus jamais vous ne pourrez ... serrer ceux que vous avez perdus dans vos bras, que plus jamais vous n'entendrez le son de leur voix, ne les verrez sourire ou tout simplement ... qu'ils ne seront pas là le jour d'après. Ils ne foulent plus le même sol que nous. Le trou dans mon coeur grandit encore. J'aurais tellement aimé que mes retrouvailles avec Yasmine cachent autre chose. J'aurais aimé qu'ensuite, on aille fêter notre réunion dans un bar autour d'un verre et qu'on se raconte tout ce que nous avons manqué dans la vie de l'une et de l'autre. Mais non. Mon coeur est en plein tremblement de terre. J'essaie de l'arrêter mais tout continue de s'écrouler tandis que les larmes continuent, elle, de s'écouler. Je tente de me retenir, me demandez pas pourquoi mais j'essaie. Je me dis que j'ai déjà pleurer trop de proches pour continuer, que je dois me montrer moins émotive parce que pleurer, ça ne sert à rien. Pleurer ne sert à rien seulement, c'est plus fort que moi. Malgré mes efforts, mon menton tremble toujours et les larmes sont toujours là. C'est plus fort que moi parce que j'aime ma famille. Je l'aimais. Après de longues minutes de silence, je réussis à demander à Yasmine, d'une voix plus ou moins maîtrisée, si jamais elle a d'autres informations. Je la vois se concentrer et regarder vers le sol pour me répondre. « Il est possible que j'en ai plus tard, mais pour le moment... il n'y a que son nom. Désolée... » murmure-t-elle toujours sans me regarder. Grimace sur mon visage tandis que je constate que Yasmine fait ce qu'elle peut pour se maîtriser aussi. Elle y arrive mieux que moi. C'est parce que j'ai toutes les images dans ma tête, toutes celles qui ... tous les souvenirs des moments de bonheur qui font mal. C'est souvent comme ça quand quelqu'un meurt. Je pensais avoir dépasser ce stade, apparemment pas. Me souvenir de Nawal, Nayla, Rim et Nouria fait toujours aussi mal. Je hoche donc la tête et me mord la lèvre inférieur, en proie à un véritable combat intérieur pour ne pas sombrer complètement. Un jour, la douleur s'en va forcément ... forcément, comment les gens feraient autrement ?

J'avais presque réussi à oublier ce que ça fait, ce genre de nouvelle. Tout se ravive, les souvenirs et la douleur qui ne m'ont pas quittée depuis un an. C'est un cauchemar. Un flot d'émotions trop puissantes qui déferlent et qui sont trop difficiles à contenir. C'est ça quand on perd quelqu'un, certains sont juste plus doués pour le cacher que d'autres. Un flash envahit mon esprit. Le moment après l'explosion, quand j'ai vu le corps de Nassim et quand j'ai compris que ma mère et mes soeurs avaient aussi péri. Je me suis mise à hurler comme une tarée et encore, si je n'avais pas été blessée et si Kassim n'était pas venue me chercher ça aurait été pire. Si je ne m'étais pas évanouie aussi. « Oui ! Je... Je pense que je réalise pas vraiment. » répond Yasmine quand je lui demande si ça va. Oui ... elle ne me fera pas croire que ça va, pas à moi, pas sur ce sujet. Je le vois dans ses yeux qu'elle a du mal à ... Par contre, je veux bien croire qu'elle ne réalise pas. Son sourire pincé. Sauf que moi je réalise. Pour avoir vu le corps inerte de Nassim, je réalise beaucoup trop même. J'imagine Hassan, enfin son corps, troué d'une balle dans la tête ou alors, battu à mort, son corps enterré et en train d'être dévoré par les ... Oh putain ... Oh merde ... Mon frère ... Oh merde, ça fait mal ... Je continue de regarder le vide en face de moi, incapable de faire face à la la souffrance de quelqu'un d'autre et me mords violemment l'intérieur de la joue. C'est trop ... Mais est-ce que je réalise vraiment ? Après tout, ça fait un an que je n'ai pas vu Hassan. Ce n'est pas comme si on vivait sous le même toit et que du coup, je n'allais plus le voir du jour ou lendemain, non ... c'est encore plus compliqué quand vos proches meurent loin de vous. Enfin disons que le deuil est ... peu importe. « C'est normal... Je suis désolée de te retrouver dans ces circonstances... et de devoir t'annoncer ça... » Mon coeur se serre. Je la regarde quelques instants avant de passer une main dans mes cheveux. Hassan est mort. Je pense à rien et tout en même temps. Trop de choses. C'est pas possible que les choses aient évoluées ainsi ...

J'ai mal. Pourquoi ça fait toujours aussi mal ? Pourquoi ça donne toujours l'impression qu'on ne va pas pouvoir survivre alors qu'en fait si, on va le faire, on va survivre, même si ça n'a aucun sens. Survivre et non vivre. Alors j'ai craqué. Je me suis mise à pleurer, à vraiment pleurer. J'ai caché mon visage dans mes mains pour ... pour ... je sais pas exactement. Mais ça a été l'explosion, la parole de trop quand j'ai dit à Yasmine que j'aimais bien le fait qu'elle soit ma belle-soeur. Incapable de vous décrire la douleur à ce moment précis. J'ai l'impression d'avoir reçu un coup. Je peux plus ... respirer. Yasmine s'assoit près de moi et me prend dans ses bras. Ses bras m'entourent. Ça me ramène des années auparavant, quand c'est moi qui l'avait serrée dans mes bras à la mort de son frère. Tant de choses sont arrivées depuis. Rappelle-toi toutes les pertes, me souffle une voix. Assia. Papa. Wafa. Nassim. Maman. Djal. Abdel. Anane. Nassim. Nawal. Nayla. Nouria. Rim. Hassan. Chaque mort me revient en tête, comme une gigantesque explosion qui détruit tout sur son passage. Comme ... une bombe. Mon souffle se coupe, à un point que pendant de longues secondes, je suis incapable de respirer. Ma gorge se bloque sous le choc. Je vais mourir étouffer. Je me noie. Mes mains s'agrippent à Yasmine, comme si elle était une bouée au milieu de l'océan déchaîné. Quand mon souffle revient, un gémissement bruyant sort de ma bouche. J'aimerais m'arrêter mais quand les barrages se retirent, il n'y a plus rien pour retenir le flot. Il faut attendre que le réservoir se vide, que la tempête s'arrête. Je dois rester forte et arrêter de pleurer. Pour ma famille. Pour Enis et Kassim encore au combat. Mais ça fait un an que je n'ai pas eue à pleurer à ce point et maintenant ... tout revient à la surface.

J'ignore combien de temps la scène dure exactement. Moi, en train de pleurer dans les bras de ma meilleure amie d'enfance retrouvée. Je me dis que ça doit faire du mal à Yasmine cette situation, qu'elle ne devrait pas avoir à me consoler ... enfin pas que ça. Je devrais la consoler aussi parce que ... Les minutes passent. Les sanglots diminuent. Je repense à ce court instant. Quand j'ai ouvert les yeux après que la bombe ait explosé chez moi et tué tout le monde. J'étais amochée, psychologiquement et physiquement et j'ai fini par m'évanouir. Puis j'ai rouvert les yeux et le visage triste de Mariam était là. Pendant quelques secondes, j'ai vacillé entre deux mondes. Rêve et réalité. Les quelques secondes, infimes, où je me suis demandée où j'étais et ce qui s'était passé, et ensuite ... Je me suis souvenue. Ca correspond au moment où j'ai compris que j'étais toujours en vie. Malheureusement. Il allait falloir faire quelque chose pour avancer. Il va falloir faire quelque chose pour avancer. La sensation d'étouffer disparaît petit à petit. Si seulement je pouvais me blinder contre tout ça, ça serait tellement plus facile. Mais c'est ça le truc quand on est encore vivant. Les sentiments sont toujours là, aussi horribles soient ils, certains arrivent mieux à les maîtriser que d'autres, voilà tout. Je m'écarte légèrement de Yasmine pour ... reprendre mes esprits ? Pour lui dire que ça va mieux. Mon souffle redevient plus régulier doucement et je m'acharne à contrôler mes respiration. Mes yeux sont humides mais ne me piquent plus. Je sèche d'un revers de main les larmes sur mes joues. Hassan est mort. Mon menton tremble toujours un peu mais je me concentre pour ne pas rechuter. Respire, tranquillement. Avoir Yasmine a côté de moi au lieu d'être seule me fait du bien. « Tu ... veux bien rester là cette nuit ? » ai-je dit doucement en sentant les sanglots être toujours, présents, en embuscade. Je la regarde, les yeux brillants. Je ne veux pas rester toute seule ce soir et puis on vient de se retrouver. Ca sera comme au bon vieux temps, quand elle venait dormir à la maison. Papa dépliait le canapé d'en bas pour qu'on soit que toutes les deux, il le faisait à chaque fois quand l'un d'entre nous invitait un ami vu qu'on partageait tous nos chambres avec quelqu'un, on était tranquilles. Les histoires sous les draps avec une lampe torche quand on était petites et ma mère qui nous hurlait d'en haut de dormir. Les pop corn et les bonbons en cachette. Les discussions jusqu'à pas d'heure ensuite. « Y a pas de bonbons ici mais on pourra toujours trouver des histoires à se raconter hein ... je crois même qu'il y a une lampe torche dans le coin. » Ma gorge se serre en faisant cette référence à cette période heureuse de ma vie. En fait c'est ça, j'ai eu beau me dire de me retenir de pleurer à ce point, c'était impossible. Impossible parce que la mort d'Hassan m'a fait revenir à la dure réalité qu'à force, j'ai presque fini par oublier. Ma véritable vie n'est pas ici.
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MessageSujet: Re: imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞ EmptySam 27 Avr - 1:01

Imen avait fini par craquer. Combien de temps aurait-elle pu tenir, de toute façon ? Elle avait le droit de pleurer, c'était son frère qui était mort, qui venait d'être assassiné pour ses idées, ses convictions, pour sa liberté. Dès qu'elle avait senti que son amie d'enfance perdait pied, Yasmine s'était précipitée à ses côtés pour la prendre dans ses bras dans l'espoir fin de la consoler, de la rassurer. Bien vite, son amie se laissa aller aux sanglots, la serrant contre elle comme une bouée en pleine tempête. En entendant son chagrin, Yasmine sentit le sien décupler, comme si le fait de voir Imen pleurer la mort d'Hassan lui faisait réaliser qu'effectivement, son ex-fiancé était mort. Que malgré les maigres chances qu'ils avaient de se revoir dans l'immédiat de toute façon, cette fois-ci ils n'allaient plus jamais se revoir.

Yasmine ne doutait pas qu'elle avait des souvenirs exceptionnels avec son frère, comme elle-même en avait du temps qu'elle avait pu passer avec son propre grand frère, Kenzo, avant que celui-ci ne la quitte pour rejoindre les prémices de la rébellion. Pour sa part... elle avait longtemps été intimidée par Hassan, qu'elle voyait comme le grand frère imposant, bien que plutôt lourd, d'Imen. Pourtant, il avait toujours su la mettre à l'aise et, même si il ne trouvait pas toujours les mots, il lui avait souvent parlé de Kenzo, de la façon dont il était quand ils jouaient ensemble, enfants... et quand elle était revenue en Syrie, un peu après sa majorité, les choses avaient drastiquement changé entre eux. Très vite, Hassan s'était rendu compte que Yasmine n'était plus la pré-adolescente qui l'avait quitté pour l'Angleterre quelques années plus tôt et, dès lors qu'elle avait voulu prendre part à la résistance, leur relation avait rapidement évolué de stade en stade, d'ami à confident, de confident à amant, d'amant à amour, d'amour aux fiançailles. Animés par le même combat, la même hargne, le même désir de vengeance pour les membres de leurs familles tués par leur gouvernement, ils avaient trouvé du réconfort l'un en l'autre lorsque, loin de leurs proches, ils avaient tenté de faire entendre leur voix auprès des gouvernements voisins. Bien sûr, à ce moment-là, il était impensable pour Hassan de laisser Yasmine partir seule, et d'ailleurs, il lui avait avoué s'en avoir voulu tous les jours pour l'avoir laissée passer seule la frontière israëlo-syrienne, où elle avait été arrêtée & aussitôt emprisonnée. Et Yasmine... oui, elle l'avait aimé. Hassan était probablement le seul homme qu'elle ai d'ailleurs jamais aimé, le seul en qui elle ai jamais eu une totale confiance. Toujours secouée par les sanglots d'Imen, la journaliste sentit à son tour des larmes envahir ses joues.

Lorsqu'enfin, les jeunes femmes se séparèrent, chacune s'appliqua à effacer les traces de leur chagrin de leurs joues. « Tu ... veux bien rester là cette nuit ? » lui demanda d'ailleurs Imen lorsqu'elles retrouvèrent un peu de leur teint normal. Un sourire triste passa sur les lèvres de Yasmine et elle hocha doucement la tête pour acquiescer. « Y a pas de bonbons ici mais on pourra toujours trouver des histoires à se raconter hein ... je crois même qu'il y a une lampe torche dans le coin. » Cette fois-ci, le sourire de la jeune femme fut partagée par son amie d'enfance : combien de soirées avaient-elles passé l'une chez l'autre ? Du même âge, voisines, elles avaient passé leur temps à jouer ensemble, et elle se souvenait comme il était difficile de les séparer le soir, au point qu'elles devaient souvent dormir chez l'une ou l'autre. « Allons chercher ça alors. » sourit la jeune femme en caressant brièvement le dos d'Imen avant de se lever du dossier, prête pour une soirée pyjama improvisée, qui leur permettrait peut-être d'aider le deuil d'Hassan et qui, surtout, leur permettrait de se retrouver.

THE END
TO BE CONTINUED


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imen & yasmine ❝ remember ? when we were kids, we were just so sure we could defeat death. look where we are now. ❞

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