Les contrôles à l'aéroport syrien de Hama étaient si importants que même si le vol d'Anis Al-Mu'awiya avait atterri à environ dix heures, sa fille et lui ne sortirent du bâtiment que plus de deux heures plus tard, après une brève étreinte seulement, malgré le fait qu'ils ne se soient pas vus depuis plus d'un an. D'un pas pressé, ne voulant ni attirer l'attention, ni retarder leur planning, ils se dirigèrent jusqu'à la voiture d'Hassan, dans le coffre de laquelle Yasmine rangea la valise de son père pendant que celui-ci s'installait sur l'un des sièges arrière et saluait le jeune homme, qu'il avait quitté alors qu'il n'était qu'un jeune adolescent. « Je suis heureux que vous ayez pu venir ! » entendit-elle Hassan dire à son père alors qu'elle refermait le coffre. Au moment où elle prit place près du jeune homme, Anis terminait son petit discours. « … Mais ma fille a vraiment insisté sur l'importance de cette « réunion »... » déclara-t-il, e ton plein de sous-entendus. Hassan & Yasmine se lancèrent un regard entendu et la jeune femme le rassura d'un léger sourire. Effectivement, la réunion était importante : c'était la première fois depuis des années que Yasmine réunissait ce qui lui restait de famille, et l'occasion n'était pas des moindres. De toute façon, avec la tension qui régnait parmi les force de police en ce qui concernait les réunions de personnes, elle ne se serait pas permise d'organiser quelque chose comme ça sans que ce ne soit pleinement justifié. Et puis, au-delà de ça, elle avait la sensation que tout le monde avait besoin de cette petite parenthèse. Avec un trait d'humour, mais également une bonne pincée d'espoir, ils s'étaient dit en riant que c'était un prélude aux grandes célébrations qu'ils auraient lorsque le régime d'El-Assad serait renversé.
En arrivant devant la demeure des Al-Tassir, où la grande réunion avait lieu, ils furent rapidement entraînés par tous les invités. Et en quelques minutes, alors que les actions de chacun ne semblaient pas du tout coordonnées, ils furent tous installés dans le grand jardin de la demeure. Sur la grande table dressée pour l'occasion pour une vingtaine de personnes, des mets tous plus appétissants les uns que les autres étaient entreposés, préparés dans la tradition par les femmes du foyer qui avaient mis du cœur à l'ouvrage tellement ce repas les enthousiasmait. Rien n'avait été dit officiellement, bien sûr ! Mais Yasmine n'avait pas eu besoin de ça pour que les rumeurs aillent bon train dès qu'elle avait émis l'idée de cette réunion ; des rumeurs qui avaient d'ailleurs atteint les oreilles de son père, à en croire son attitude envers Hassan qui ne ressemblait en rien à la relation qu'ils avaient pu avoir lorsqu'Anis vivait encore avec Hamza. Ne pouvait-elle pas juste avoir envie d'organiser quelque chose pour « marquer le coup » avant de partir en quête de soutien politique auprès des gouvernements voisins ? Apparemment – et effectivement – non ! Les conversations allaient bon train dans le jardin, mais elle pouvait parfaitement voir les petits regards lancés d'ici & de là dans sa direction, comme si tout le monde n'attendait qu'une chose : qu'elle leur demande leur attention. Majoritaire, le clan Al-Tassir était le plus au courant de l'affaire : lorsqu'un avait soupçonné quelque chose, il l'avait répété à un autre qui l'avait répété à une autre, qui avait fait son enquête... et de cet effort de groupe en était ressorti la certitude qu'ils savaient tous pourquoi ils étaient réunis dans leur jardin en présence non seulement de tous leurs membres, mais également des parents de Yasmine, des amis de cette dernière et de Hassan, et les voisins du quartier qui les avaient vus grandir. Seul absent, Daniel, son meilleur ami et colocataire à Newcastle, qu'elle avait refusé de mettre en danger en l'amenant en Syrie ; et puis, elle doutait que leurs « manières », leurs habitudes lorsqu'ils étaient ensemble, leur proximité ne plaisent à Hassan. « Bon, c'est toi qui leur dit, hein... » entendit-elle Hassan murmurer derrière elle alors qu'elle observait la scène de ses proches qui s'offrait à elle. Les mains du jeune homme sur ses hanches ne l'amadouèrent pas le moins du monde. « Non, tous les deux ! T'es vraiment un gros trouillard... » soupira Yasmine en se retournant, son sourire trahissant son humeur légère et joviale. « C'est ton père, je te rappelle qu'il est chef de police... et vu la façon dont il me parle, je suis sûre que c'est pas le fait de pas avoir son arme qui l'empêcherait de me faire mon compte quand il le saura... alors si c'est toi qui le dis, ça passera mieux, tu vois. » insista-t-il, exagérant le tout d'une moue suppliante. Hassan n'était pas le genre d'homme à courber l'échine devant quelqu'un d'autre ; même si il était adorable – aux yeux de Yasmine – il avait son honneur, seulement, elle savait aussi qu'Anis représentait l'autorité paternelle mieux que personne, avec ce regard dur qu'il ne cessait de faire depuis son arrivée et sa moustache qui frémissait à chaque fois qu'il le posait justement sur Hassan. C'était un peu comme si il lui mimait ''vas-y mon gros, dis-le que tu vas épouser ma fille, qu'on commence les festivités !''. « Je te protègerais de mon méchant papa... » souffla-t-elle en déposant un doux baiser sur ses lèvres. Lorsqu'elle se détacha de lui, elle ne put que remarquer que le volume des conversations avait subitement baissé, et elle adressa un clin d'oeil & un sourire entendu à Hassan avant de faire de nouveau volte-face. « Bon, on passe à table ? » proposa la jeune femme à l'intention des invités, cherchant immédiatement le regard de sa meilleure amie, Imen, pour l'inciter à venir s'installer à sa gauche, alors que Hassan s'asseyait à sa droite.
Sujet: Re: imen & yasmine ❝ when el-assad's down ❞ Lun 6 Mai - 15:48
Avez-vous déjà assisté à une réunion de famille chez nous ? Non ? Eh bah en gros ça ressemble à un véritable champ de bataille, c'est voire même pire qu'un champ de bataille. « Les garçons vous mettez les chaises dans le jardin et vous vous assurez qu'il n'en manque pas une ! Mariam chérie, mon fils ne va pas s'envoler alors viens plutôt nous aider à sortir les plats et à les mettre sur la table. Rim, Nawal c'est de vous dont je parlais ! Nayla arrête de courir partout et laisse le chien tranquille ! Nouria pas de voile aujourd'hui et ... Imen arrête de regarder par la fenêtre et va te préparer ! Allez on se dépêche ! » Vous voyez, du grand n'importe quoi ! Un sourire éclaire mon visage tandis que je coure à l'étage vu que je ne suis pas encore habillée. Aujourd'hui va être une grande journée, vraiment. J'ai toujours adoré les grandes tablées entourée de tous les miens, le plaisir de se retrouver, d'être tous ensemble ... Ce qui est ridicule quand on y pense car avec mes frères et soeurs on a passé des années à se croiser tous les jours et à se disputer, mais depuis que plusieurs d'entre eux ont quitté la maison, je me suis rendue compte que ... bah je veux les avoir au près de moi quoi. C'est Yasmine qui a demandé tout ça, avec Hassan même. Ma meilleure amie a même invité ses parents c'est pour dire ! Ils sont partis cherchés son père avec Hassan, tandis que nous on finit de tout préparer. Je fouille dans mon armoire, à la recherche de mon short en jean et d'un haut dans les tons rouges. J'espère que Yasmine et Hassan ne pensent pas qu'ils vont nous annoncer la nouvelle du siècle hein ! La moitié de la famille, voire carrément tous les invités se doutent de la raison de cette réunion ! Je mets les boucles d'oreille que Nouria m'a offert à mon dernier anniversaire et en même temps, regarde par la fenêtre. Ma mère est assise sur la terrasse et discute avec la mère de Mariam et d'autres amis. C'est la folie dans notre jardin aujourd'hui.
Heureusement qu'il est grand d'ailleurs, celui de notre ancienne maison à Damas l'était beaucoup moins. A notre retour après la mort de papa, on a pu récupérer notre ancienne maison, comme si elle savait et nous avait attendu durant ces trois années. J'aurais aimé qu'il soit là d'ailleurs, papa. Quelle tête il aurait fait en apprenant qu'Hassan allait être le premier à s'engager. Même moi j'ai du mal à y croire ! Eh oh ! On parle d'Hassan là ! Le lourdeau de la bande ! Mais je sais très bien qu'il est impossible de le réduire juste à ça. Je souris et enfile mes boots noires. Nouria risque de me faire une remarque mais je m'en fous. Si elle veut se cacher derrière son voile, c'est elle que ça regarde, quoique maman lui a dit de ne pas le mettre donc j'aurais pas à m'en soucier. « Ils arriiiiiivent ! » hurle soudain Nayla qui court toujours partout dans la maison. Ma plus jeune soeur va avoir dix ans dans quelques semaines, elle ne tient plus en place depuis que ma mère a accepté qu'elle puisse le fêter à l'école. Je me tourne vers la fenêtre de la chambre à nouveau pour voir leur voiture s'arrêter dans l'allée et ses trois occupants en sortir. Ca y est ! La fête va pouvoir commencer. Un large sourire ne quitte plus mes lèvres. Je n'ai pas envie de penser à ce qui peut se passer dans le reste du pays, je n'ai pas envie de penser à la suite et aux mauvaises choses qui peuvent arriver, parce que tout ce qui compte pour le moment c'est cette journée. Fin prête, je marche d'un pas rapide pour sortir de ma chambre avant de redescendre pour rejoindre tout le monde. La cuisine et le salon ont été désertés pour la terrasse d'où proviennent déjà de grands éclats de voix. D'humeur joviale, je sors sur notre terrasse qui n'a rien de commun avec celles des plus belles maisons de Damas mais qui se défend quand même. Notre petit couple est arrivé, je l'aperçois en grande discussion tandis qu'Anis et ma mère parle. Nouria discute avec des amis. Mariam, Kassim, Enis et d'autres parlent ensemble. Rim, Nassim, Nawal et même Nayla qui s'est arrêtée de courir partout sont là aussi. Wafa paraisse au soleil. Je m'occupe de régler les derniers détails du festin que les miens on dressé.
« Bon, on passe à table ? » lance soudain Yasmine à tout le monde. Je souris en voyant tout le monde hocher la tête. Hassan et elle sont le sujet de tous les regards et de toutes les discussions depuis tout à l'heure. C'est assez drôle d'ailleurs. J'intercepte le regard de Yasmine et la rejoins, alors que tout le monde commencer à prendre placer autour de la table. C'est la cohue générale. Je me place entre ma meilleure amie et Rim. En face de nous se sont assis Kassim, Mariam et Enis. On est plus de vingt en tout, avec les amis et les voisins qui sont venus s'ajouter. Il n'y a que notre père qui manque à l'appel en fait. J'y repense soudain avec nostalgie, mais je me reprends en quelques secondes et observe ma mère et le père de Yasmine continuer à discuter. « J'espère que t'as ménagé ton père ... Mon frère a beau être un abruti j'y tiens quand même un peu. » ai-je soufflé à Yasmine ... inconsciemment trop fort pour passer inaperçu auprès du principal intéressé. Moi, me douter de ce qui se trame ? Nooon, penses-tu. C'est pas comme si je les connaissais tous les deux par coeur, surtout elle. Pour revenir au principal intéressé donc, j'ai vu ses yeux se tourner vers moi un quart de seconde après avoir terminé ma phrase. Un sourire innocent apparaît automatiquement sur mes lèvres. « J'ai entendu ça ! » lance Hassan. Heureusement pour moi, mon aîné manque souvent de subtilité. C'est pour ça que je vois venir de très loin le morceau de pain qu'il me lance en représailles ... mais que j'esquive habilement en me penchant en avant. Rim a eu moins de chance que moi. « EH ! » s'offusque ma cadette qui n'y est pour rien dans toute cette histoire. Je ne peux pas m'empêcher de pouffer, amusée, alors que toute l'attention s'est reportée sur nous. Hassan se retient de rire. « Autant pour moi, mauvaise soeur ! » s'excuse -si on peut dire ça comme ça- Hassan en levant les mains. Rim me regarde en souriant et en levant les yeux au ciel, comme tout le monde d'ailleurs. « Hassan, j'ai déjà répété un millier de fois qu'on ne jouait pas avec la nourriture chez nous ! » lance ma mère de sa voix la plus autoritaire. Ma mère a dû élever neuf ans, dont quatre garçons excusez-moi du peu, toute seule à la mort de papa. Heureusement qu'elle en a de l'autorité. C'est sûrement la seule femme au monde à pouvoir mater tous mes frères alors qu'elle fait deux têtes de moins qu'eux. Kassim, un bras autour des épaules de Mariam, ricane avec Hassan. « Répète-le encore une fois maman, je crois que Hassan est un peu bouché de nature. » Hassan marmonne et secoue la tête devant la réplique de Kassim. Leur relation a toujours été compliquée mais ils s'adorent, même si Kassim aura toujours le dessus. Voilà, voilà, la foire a commencé. C'est ce qui arrive quand vous nous réunissez tous ensemble, encore plus depuis que certains n'habitent plus à la maison. Ma mère se met à implorer le ciel et l'aide de Dieu pour que ses nerfs tiennent encore un peu face à des gosses pareils. Tout le monde rigole. Je me pense à nouveau vers Yasmine. « Réfléchis bien hein, tu peux encore partir en courant. » ai-je fait pour la taquiner. Yasmine fréquente ma famille depuis suffisamment de temps pour savoir ça, mais j'ai tenu à lui rappeler quand même.
Sujet: Re: imen & yasmine ❝ when el-assad's down ❞ Mar 7 Mai - 3:27
Souvent, Imen (ou même les autres membres de la fratrie Al-Tassir) lui avait dit qu'elles ne devaient pas voir la même personne en Hassan ; peut-être étais-ce vrai. Bien sûr, elle aussi le trouvait de temps en temps lourd, et avait d'ailleurs majoritairement eu cette image de lui avant qu'elle ne revienne en Syrie à sa majorité et ne se mette à le fréquenter plus souvent en tant « qu'adultes ». Au-delà de cette rébellion qui obsédait Yasmine, ce besoin qu'elle avait de vouloir faire entendre sa voix, celle de petite sœur détruite par le gouvernement, ils s'étaient surpris à s'entendre sur beaucoup d'autres domaines et, finalement, leur fraîche amitié avait laissé place à un désir qu'ils n'avaient pas longtemps caché l'un à l'autre. Profitant de l'appartement d'Hassan [pf j'suis encore perdue dans toute cette chronologie so x)] ils avaient pu apprendre à se connaître différemment avant de commencer à agir avec affection en public ; et avant ça, bien sûr, Yasmine avait tenu à en parler à Imen d'abord, histoire qu'elle ne se sente pas trahie par son amie d'enfance qui était elle-même surprise de la tournure qu'avait pris leur relation. Elle ne pouvait d'ailleurs pas nier que lorsqu'ils étaient ensemble, il était différent, et lorsqu'elle le lui faisait remarquer, il lui répliquait que c'était parce que c'était elle qui était différente, avec toutes les idées qu'elle avait acquis en Occident, pendant son adolescence, et sa fougue, que ce soit pour son combat contre Bachar El-Assad ou au quotidien. Finalement, ils s'étaient surpris chaque jour depuis qu'ils s'étaient retrouvés, s'accordant au quotidien, à cuisiner ensemble, vivre ensemble... « J'espère que t'as ménagé ton père ... Mon frère a beau être un abruti j'y tiens quand même un peu. » En entendant sa meilleure amie, Yasmine ne put s'empêcher d'éclater brièvement de rire, interrompue par son petit-ami. « J'ai entendu ça ! » s'exclama-t-il en s'emparant vite d'une miche de pain qu'il utilisa comme projectile : aussi rapide que des flèches et habituées que des oiseaux en migration, l'une était partie en arrière, l'autre en avant, & Yasmine & Imen purent éviter le pain ; Rim, leur sœur cadette, n'eut pas cette chance. « EH ! » protesta-t-elle immédiatement. « Autant pour moi, mauvaise soeur ! » s'excusa à sa façon Hassan. Pour les Al-Tassir, cette situation était commune et à vrai dire, elle avait manqué à Yasmine lorsqu'elle était partie vivre en Angleterre. Bien sûr, elle ne pouvait pas nier qu'elle avait appris beaucoup là-bas, qu'elle y avait vécu des aventures inoubliables et fait des rencontres extraordinaires, mais elle avait également été marquée par la froideur de son foyer lorsque son père, chef de la police de Newcastle, rentrait tard le soir et partait tôt le matin, travaillant souvent un mois d'affilée sans un seul jour de repos ; c'était seule que Yasmine avait dû faire le deuil de Kenzo, son grand frère, et c'était sûrement la raison qui l'avait poussée à retourner en Syrie. Bien vite, la mère de la large fratrie réprimanda Hassan pour son comportement, et fut encouragée par un autre de ses frères, qui jeta un léger froid sur l'assemblée. « Réfléchis bien hein, tu peux encore partir en courant. » murmura encore Imen, cette fois-ci plus doucement. A vrai dire, ces petites altercations étaient loin de faire peur à Yasmine, ni même le comportement d'Hassan qu'elle savait ne pas toujours être ainsi. En même temps, elle avait aussi été élevée avec certains principes, si elle avait accepté de l'épouser, c'était qu'elle l'aimait pour tout ce qu'il était, ses qualités comme ses défauts, et elle trouvait difficilement que les Al-Tassir étaient un défaut, elle se réjouissait même de pouvoir officiellement appeler Imen sa sœur. « J'en ai absolument aucune intention. » souffla Yasmine à l'intention de la jeune femme en lui adressant un sourire confiant. Le silence qui s'était abattu dans l'assemblée semblait propice à l'annonce que tout le monde semblait attendre de toute façon avec grande impatience. Sentant tous les regards posés sur elle, la jeune femme se racla donc la gorge et se redressa, se levant finalement avant de taper aussi discrètement que possible dans le bras d'Hassan pour qu'il fasse de même, ce qu'il fit avec précipitation en lâchant la serviette de table avec laquelle il occupait ses mains. « Bon... Je pense que vous avez deviné qu'Hassan et moi ne vous avons pas réunis tous là par hasard, surtout par les temps qui courent. » commença la jeune femme, sentant qu'elle avait de toute façon déjà l'attention de tout le monde. « Alors déjà, merci à tous d'être venus. Papa... » continua-t-elle en se tournant vers l'intéressé, le regard soudainement brillant. « Merci... » souffla-t-elle simplement après un bref silence, son regard laissant passer tout ce qu'elle pensait. Lorsqu'elle était partie pour la Syrie, elle savait que c'était contre son avis, mais il l'avait tout de même toujours soutenue dans tout ce qu'elle avait fait et, avec le temps, elle avait compris que son père l'avait éloignée de leur terre natale pour sa sécurité. Et le fait qu'il fasse le déplacement... ça représentait beaucoup pour la jeune femme. « ET je laisse la parole à Hassan maintenant, qui a quelque chose d'important à dire. » déclara-t-elle subitement en se tournant vers l'intéressé, tout sourire.
Dernière édition par Yasmine al-Mu'awiya le Mar 9 Juil - 1:26, édité 4 fois
Sujet: Re: imen & yasmine ❝ when el-assad's down ❞ Mer 5 Juin - 14:18
Nous nous mettons tous à table quand Yasmine le demande, le tout dans une cohue à la hauteur du nombre de personnes qui sont présentes aujourd'hui. Le soleil tape doucement sur Hama aujourd'hui et Wafa roupille dans un coin à l'ombre du seul arbre présent dans notre jardin. Tout le monde parle en même temps, bref, rien d'anormal jusque là. Il ne se passe jamais grand chose dans notre ville de toute façon, pour vivre la grande vie il faut aller à Damas, et encore. Les quelques années que nous avons passées dans la capitale étaient sympas mais bon, quand on sait le genre de vie qu'on peut mener à New-York, Paris, Madrid et tout ça, ce n'est pas comparable. Et puis bon, c'est à Damas que mon père est mort donc on va dire que mon amour pour la capitale de mon pays est assez limité depuis. Mes frères, quant à eux, ont des idéaux assez précis et sont entrés dans les mouvements de révoltes qu'il peut y avoir un peu partout dans le pays. Bon bien sûr, ça reste encore minime dans le sens où je pense qu'ils doivent chercher une bonne occasion de se montrer, enfin si j'ai bien compris. Non je ne me mêle pas de toute ça, j'ai autre chose à faire et maman me tuerait si jamais je rejoignais un quelconque mouvement contre le régime en place. Mais ça ne m'empêche pas d'être quand même un minimum d'accord avec les idéaux de mes frères ... Bref, aujourd'hui toutes ces histoires sont à oublier, seul le fait d'être tous réunis est important et même si nous ne savons pas avec certitude pourquoi nos deux tourtereaux ont demandé cette réunion, nous avons tous notre petite idée. Yasmine rigole quand je lui suggère de ménager son père pour le bien d'Hassan. S'en suit ensuite une scène habituelle chez nous qui fait rire tout le monde. La pauvre Rim n'a eu aucune chance d'échapper à ce morceau de pain. Ma mère qui intervient ensuite pour calmer le jeu ... Avec neuf enfants elle sait comment s'y prendre et pour terminer Kassim, autrement dit le briseur d'ambiance. Je lève les yeux au ciel en l'entendant, Mariam aussi mais ça a eu le mérite de calmer Hassan. Enfin bref, rien de bien grave de toute façon, il y a eu pire. Les relations entre mes deux frères aînés n'ont jamais été simples de toute façon. Enis observe tout ça, les bras croisés et le sourire aux lèvres. Je demande si Hassan lui a parlé de ses projets, ils sont jumeaux après tout. « J'en ai absolument aucune intention. » répond doucement Yasmine quand je lui dis qu'elle peut encore fuir pour ne pas finir liée à cette famille de dingue pour toujours. Un large sourire étire mes lèvres. Bonne réponse très chère. J'ai toute confiance en ma meilleure amie. Même si mon frère est un crétin de première, c'est mon frère et je ne veux pas le voir souffrir comme je ne veux pas qu'il la fasse souffrir. De toute façon, Yasmine nous connaît depuis suffisamment de temps pour être habituée. C'est à cet instant que je remarque le silence intéressé qui s'est jeté sur toute notre assemblée. Les regards de tout le monde convergent vers le couple qui se trouve à mes côtés. Yasmine se racle la gorge et se lève avant de rappeler à Hassan qu'il doit faire de même en lui donnant un coup sur le bras, ce que nous avons pour la plupart remarqué malgré la discrétion. Je me mords la lèvre inférieure pour me retenir de rire en voyant le comportement de mon frère. C'est sûrement la première fois que je le vois aussi nerveux. « Bon... Je pense que vous avez deviné qu'Hassan et moi ne vous avons pas réunis tous là par hasard, surtout par les temps qui courent. » commence tranquillement Yasmine. Tout le monde semble déjà suspendu à ses lèvres, particulièrement ma mère et mes soeurs. Je crois que c'est la première fois, parmi toutes nos réunions de famille, qu'il y a un tel silence pendant le repas. « Alors déjà, merci à tous d'être venus. Papa... » continue-t-elle en regardant son père, visiblement émue. Hassan, lui, ne sait visiblement plus très bien où se mettre. Tout le monde se regarde en souriant, prêt à avoir la confirmation d'un instant à l'autre. « Merci... » murmure-t-elle après une légère pause. Je crois que je pourrais étrangler à mains nues la moindre personne qui oserait interrompre son discours en fait. Nassim et moi prenons un verre d'eau au même moment, tout en restant attentif, comme tout le monde aux prochains mots qui vont sortir de la bouche de Yasmine. « ET je laisse la parole à Hassan maintenant, qui a quelque chose d'important à dire. » lance soudain ma meilleure amie en se tournant vers Hassan avec un large sourire. Sous le coup de la surprise, Nassim et moi manquons de nous étouffer avec notre eau. Le fou rire menace tout le monde tout d'un coup, j'ai beaucoup de mal à me retenir. Rim et Nouria utilisent leurs serviette de table pour rire tranquillement et moi, je mets ma main devant ma bouche. Revirement inattendu. Kassim et Enis sourient, bref, tout le monde a l'air de trouver ça très amusant parce que la tête d'Hassan s'est littéralement décomposée quand Yasmine lui a dit de prendre la suite. Mon frère le gros dur ressemble soudain à pas grand chose ! C'est vraiment trop drôle. Tous les regards ont rapidement convergé vers lui, dont celui de notre mère et surtout, celui du père de Yasmine qui reste stoïque. « Euh ... Oui, euh ... Tout le monde, maman ... Monsieur al-Mu'awiya ... » dit-il en essayant de maîtriser sa voix. Hassan lance un S.O.S à Yasmine en un regard puis, il lance un regard à toute notre fratrie quand il comprendre qu'on trouve ça tous très drôle. Faut nous comprendre, comme je l'ai dit, Hassan joue très souvent au gros dur alors le voit aussi nerveux et peu sur de lui tout d'un coup, alors qu'il répète qu'il n'a peur de rien ... Kassim, Enis, Nouria, Rim, Nawal, Nassim, Nayla et moi nous regardons, car oui, même si c'est très amusant, on veut entendre la ensuite. Hassan est juste en train de pisser dans son froc parce que le père de Yasmine est là. « Yasmine et moi on a décidé de se fiancer. » finit-il par lâcher avec une voix plus assurée et en prenant la main de Yasmine comme pour confirmer ses propos. Personne n'ose sourire, applaudir ou dire quoique ce soit car tous les regards se sont posés sur le père de Yasmine qui reste toujours stoïque. Le connaissant un tout petit peu, je le soupçonne de faire ça pour tester mon frère. Hassan qui le regarde, crispé de partout en attendant sa réaction. Le pauvre, même si c'est toujours très drôle. Ça donne une scène très dramatique tout ça, vu le silence qui est revenu en attendant que le père de Yasmine réagisse. Tout le monde se retient pour le moment. Oui Hassan doit définitivement être en train de faire dans son froc même si je suis sure qu'Anis le teste. Allez, qu'on puisse fêter ça !
Sujet: Re: imen & yasmine ❝ when el-assad's down ❞ Dim 9 Juin - 5:28
D'ordinaire, Yasmine n'aurait vraiment pas laissée Hassan seul face au jugement de son père, ou de sa propre famille. Elle savait à quel point il était anxieux à l'idée que son père apprenne officiellement leurs fiançailles, et c'était justement la raison pour laquelle elle avait décidé de le laisser annoncer la nouvelle lui-même à tout le monde. S'il voulait l'épouser, il allait de toute façon devoir faire face à son père plus d'une fois alors aujourd'hui était le meilleur moment pour commencer. Pour sa part, elle n'avait pas dit grand chose, préférant offrir des discours personnels de son regard expressif plutôt que de sortir de grandes phrases qui ne rétabliraient pas la vérité de ses sentiments. Bien sûr, son attitude fit sourire toute l'assistance, qui n'attendait qu'une chose : voir Hassan se ramasser totalement en essayant d'annoncer la nouvelle tout seul à Anis. Son père n'était pas vraiment méchant, et Yasmine avait d'ailleurs très vite appris à lui tenir tête pour pouvoir faire ses propres choix & suivre le chemin qu'elle s'était tracée, mais il était vrai qu'il avait une présence imposante qui inspirait tout de suite le respect et l'humilité. « Euh ... Oui, euh ... Tout le monde, maman ... Monsieur al-Mu'awiya ... » entama enfin Hassan ; Yasmine pouvait entendre sans mal le stress qui perçait dans sa voix, et elle tourna la tête vers lui pour lui adresser un regard encourageant. Elle voyait bien qu'il n'était pas ravi qu'il l'ai laissé seul dans la merde, mais lorsque leurs doigts vinrent tout naturellement se lier, il trouva bien vite la force de reprendre la parole. « Yasmine et moi on a décidé de se fiancer. » Un sourire si large qu'il lui fit mal aux joues prit place sur les lèvres de l'anglo-syrienne qui s'attarda peut-être un peu trop sur son désormais officiel fiancé. Lorsqu'elle tourna la tête vers son père, elle lui lança immédiatement un regard modérément agacé : elle voyait parfaitement le jeu qu'il jouait là, entre réelle inquiétude pour sa fille (comme tous les pères, sûrement) et simple envie de s'amuser avec le jouet que représentait à cet instant son futur gendre. Cette fois, seulement, Hassan s'était prouvé, et Yasmine était bien décidée à ne pas laisser son père abuser de la situation. Elle aurait pu enchaîner sur la date du mariage, qu'ils n'avaient pas encore choisis, mais c'était encore trop tôt. Ils l'avaient dit : si on ne le leur demandait pas, ils ne feraient que profiter de cette journée avant de devoir annoncer à tout le monde leurs intentions futures. Yasmine ne comptait pas rester les bras croisés, à espérer ne pas voir sa mère ou sa meilleure amie prochaine sur la liste des martyrs qu'elle avait connus & aimés. Seulement, aussi courageuse soit-elle, elle n'était pas un soldat, à peine une combattante ; son pouvoir, c'était les mots, c'était ses idées, ses convictions, la hargne qui lui était venue le jour où elle avait vu son frère se faire tuer à bout portant par un militaire syrien pour avoir voulu parler trop fort de cette idée de liberté que l'Occident avait rendu si vif chez les Al-Mu'awiya. Alors, elle avait prévu de partir, de demander assistance aux autres pays, aux autres gouvernements, en espérant que quelqu'un d'assez puissant ose faire face à El-Assad avant que les morts ne puissent plus être comptés et que l'Etat ne tombe en complète désuétude ; Hassan avait insisté pour l'accompagner et à vrai dire, elle préférait ça. En plus d'être folle de lui, elle ne pouvait pas nier qu'une paire de bras musclés ne pouvaient pas être de trop dans la voie sur laquelle elle s'engageait. Non, elle ne voulait pas parler de partir maintenant, de danger, d'El-Assad... il ne viendrait pas briser cette journée non plus, même si l'absence de Kenzo à l'évènement était un souvenir constant de l'épée de Damoclès qu'il avait placé au-dessus de la tête de son soit-disant peuple. Finalement, son père se redressa et, toujours aussi sérieux, contourna sa chaise pour venir s'approcher du couple debout, devant l'assistance suspendue à chacun de ses pas. Une fois près de Yasmine, il lui adressa un regard entendu avant de se tourner vers Hassan, qu'il jaugea brièvement... avant de tendre sa main. « Tu ferais mieux de la rendre heureuse. » claqua-t-il sèchement, gardant encore son sérieux quelques secondes avant que Yasmine ne lève les yeux au ciel, pas dupe devant l'attitude de son père. Celui-ci prit ça pour son signal final et son visage s'adoucit pour laisser apparaître un sourire amusé. « Bon, est-ce qu'on peut manger maintenant ? » demanda-t-il, plus symboliquement que parce qu'il avait faim – même si il devait sûrement avoir faim aussi. Il entoura les épaules de sa fille d'un bras, déposa un baiser sur son front et, sans un mot de plus, retourna s'asseoir, laissant l'effervescence reprendre place au sein de la table. « Bah tu vois, c'était pas si dur... » souffla la jeune femme en adressant un sourire innocent à Hassan, qui grimaça. « Ce que tu viens de faire ne restera pas impuni. » déclara-t-il solennellement avant d'embrasser la joue de la jeune femme, finalement surtout soulagé d'avoir réussi à passer le test ultime. Hassan se rassit et Yasmine se tourna bien vite vers Imen. « Et, officiellement, Imen, me ferais-tu l'honneur d'être ma demoiselle d'honneur ? » demanda-t-elle, un large sourire sur les lèvres.
Dernière édition par Yasmine al-Mu'awiya le Mar 9 Juil - 1:26, édité 1 fois
Sujet: Re: imen & yasmine ❝ when el-assad's down ❞ Jeu 4 Juil - 23:22
Un long silence se fait soudainement. Aussi drôle que voir Hassan dans ce genre de position peut être, on sait tous ici que c'est important. Le voir aussi nerveux et tendu a fait sourire tout le monde car on n'a pas vraiment l'habitude de voir Hassan dans ce genre de situation. Mais monsieur a pris son courage à deux mains devant Anis en annonçant à voix haute la nouvelle. Ma mère à un sourire étrange sur le visage mais tout le monde attend le verdict du père de Yasmine. Je me mordille l'intérieur de la joue, j'ignore si c'est pour m'empêcher de sourire ou bien parce que tout d'un coup, j'ai l'impression de ressentir l'angoisse de mon frère. Les yeux de Kassim sont tranquillement posés sur Hassan qui lui, reste focalisé sur Anis. Puis, ce dernier s'est levé. Je le connais, sa fille étant ma meilleure amie, j'ai été amenée à le côtoyer un certain nombre de fois. Je me souviendrais toujours de lui, de l'expression de son visage quand il m'a dit que j'étais très courageuse alors que nous étions à l'enterrement de papa. Tout le monde suit Anis des yeux alors qu'il se dirige vers le couple. Il joue très bien son rôle, parce que objectivement, il ne peut pas ... hein ?
Je sens la tension émaner de mon frère. Jusqu'à ce que le père de Yasmine le détaille solennellement de la tête aux pieds et lui tende la main. « Tu ferais mieux de la rendre heureuse. » dit-il d'une voix sèche. Même si je connais Anis et qu'on a tous vu son petit jeu, je ne peux pas m'empêcher d'être soulagée. Hassan a passé le test on dirait. Mon frère, essayant de modérer sa joie, serre la main de son futur beau-père. « C'est ce que je compte faire monsieur. » dit-il très sérieusement. Notre grande tablée s'autorise enfin à éclater sa joie avec de larges sourires, quelques applaudissements et des cris venant de mes plus jeunes frères et soeurs. Et de moi aussi, accessoirement. « Bon, est-ce qu'on peut manger maintenant ? » lance Anis dont la voix s'est adoucie. Pauvre Hassan, Anis a été dur sur ce coup là. Monsieur al-Mu'awiya retourne s'asseoir et mon frère ne cache pas son soulagement. Enis lui donne un léger coup dans l'épaule avec un grand sourire auquel Hassan lui répond par un autre sourire tout en secouant la tête, comme s'il ne réalisait pas vraiment qu'il vient de passer le test. La cohue autour de notre table a redoublé d'intensité. Tout le monde n'a plus que les mots fiançailles et mariage à la bouche. Rim et Nouria sont toute excitées. Je me réjouis avec mes soeurs le temps de laisser Yasmine et Hassan de régler leur compte sur ce qui vient de se passer. Je le vois embrasser sa joue. Une joie indescriptible s'empare de moi. Ca n'a pas toujours été facile chez nous depuis la mort de papa alors ce genre de moment de bonheur général est apprécié. Je sais très bien qu'il faut en profiter. Yasmine se tourne soudain vers moi. « Et, officiellement, Imen, me ferais-tu l'honneur d'être ma demoiselle d'honneur ? » me demande-t-elle un large sourire aux lèvres. Mon coeur a flanché. Bon bien sûr, en entendant parler cette histoire de fiançailles, j'espérais secrètement qu'elle me choisisse comme demoiselle d'honneur, mais aucun moyen d'en être certaine, et je n'ai pas voulu être déçue et ... Mes yeux se sont arrondis comme des soucoupes et j'ai eu soudain mal aux joues pour sourire à ce point. « Oui ! Oui, oui, oui, oui, oui, ouiiiiii ! » ai-je répété tout en applaudissant de façon rapide pendant quelques secondes. Oui comme une gamine de cinq ans en fait. Bien sûr que je veux être sa demoiselle d'honneur ! Je me suis empressée de serrer Yasmine dans mes bras. Une véritable hystérique. Mais un mariage dans notre famille ! Ca va être grandiose ! Et puis ça donnera peut-être de l'idée à Mariam et Kassim. J'essaie de me dire que là tout de suite, rien ne peut nous atteindre. J'oublie les problèmes de notre pays. Je me dis que papa est assis à cette table et qu'il n'y a plus de larmes sur les joues de maman. Les larmes montent à mes yeux. Pendant ce temps les félicitations fusent de partout. Tout le monde vient féliciter Hassan vu que j'accapare Yasmine. Je m'en fous. Je m'écarte de ma meilleure amie tout effaçant une larme discrète au coin de mes yeux comme si de rien était. « Tu vas être ma belle-soeur pour de vrai ! » ai-je dit toujours aussi excitée à cette idée de mariage. Yasmine fait partie de la famille depuis longtemps mais là elle le sera vraiment, vraiment, vraiment ! La cohue générale qui règne dans notre jardin sonne comme une douce musique à mes yeux. La mélodie du bonheur. Wafa arrive, il trotte tranquillement vers nous, comme s'il a deviné que c'est le moment pour féliciter un de ses maîtres.
Tout le monde prend le temps pour venir les féliciter en personne avant de commencer le repas. Je me lève donc pour prendre le temps de serrer mon frère dans mes bras, ce qui arrive suffisamment rarement pour le signaler. « Je suis tellement heureuse pour vous deux. » ai-je soufflé à son oreille. Je le sens sourire dans mon cou. « Merci. Merci pour tout. » Je fronce le sourcils. « Pourquoi exactement tu me dis ça ? » ai-je demandé en me sentant soudain émotive. Personne ne nous entend vu qu'on est toujours dans les bras l'un de l'autre, ce qui normalement n'arrive jamais. « Je sais pas ... C'est ta meilleure amie, sans toi je l'aurais peut-être jamais connue. » souffle-t-il encore une fois à mon oreille. Les larmes reviennent en force. Je sais pas pourquoi je suis aussi émotive tout d'un coup. Peut-être que c'est juste à cause du fait que mon chieur de frère se marie avec ma meilleure amie. Peut-être que c'est juste des larmes de joie. Peut-être qu'elles sont mêlées avec des larmes de tristesse parce que papa n'est pas là. Les larmes ont encore coulé malgré toute ma volonté. Je sais pas pourquoi exactement. Une soudaine envie de pleurer que je maîtrise tout de même. J'ai des années de pratiques. Je me suis écartée de mon frère, effaçant les larmes avant que mon frère ne me voie. Trop tard. Pfff pourquoi je deviens trop sentimentale tout d'un coup ? « Ooooh t'es trop mignonne ! » lance Hassan avec une moue moqueuse. Je lui donne un coup sur l'épaule et ris malgré tout. Je crois que ma mère et Nouria sont émotives aussi. Elles pensent sûrement à l'absence de papa aussi. Bon allez, on se reprend là. « Bon allez, cette fois on va vraiment manger, j'ai faim ! » ai-je lancé pour que ceux qui étaient toujours debout se réinstallent et qu'on commence réellement à manger cette fois. Je me suis rassise à ma place, entre Yasmine et Rim. Ma petite soeur me parle déjà de la coiffure qu'elle aimerait se faire le jour du mariage. Mes yeux piquent toujours mais ça va, je contrôle. Le plat contenant l'entrée préparée par ma mère, Mariam et Nouria passe de main en main pour faire le tour de la table. Je me penche vers Yasmine. « J'espère que t'as pas prévu une tenue trop moche pour moi hein, je sais que c'est toi qui sera supposée être la plus belle ce jour là mais quand même ... » ai-je chuchoté tout en me servant un peu d'entrée.
Sujet: Re: imen & yasmine ❝ when el-assad's down ❞ Mar 9 Juil - 2:08
Yasmine n'était pas la femme d'un homme, son père le savait parfaitement. Depuis toute petite, elle avait eu ce côté... indépendant, déterminé, qui pouvait faire d'elle un leader hors pair. Il avait toujours fait en sorte de pouvoir lui offrir le monde, il l'avait fait venir jusqu'en Angleterre, lui avait fait suivre des études... et la jeune femme, avec tous les bagages qu'il lui avait donnés, s'en servait désormais pour les prémices de ce qu'elle appelait parfois une révolution. Il n'était pas déçu d'elle, au contraire... Il était fier, et il lui faisait entièrement confiance. Lui, qui avait toujours voulu protéger sa fille, qui l'avait vue quitter le sol anglais à regrets, avait une totale confiance en elle et en son jugement. Si elle voulait épouser Hassan, alors c'était qu'il était parfait pour elle, qu'elle en était sûre & qu'il la rendait vraiment heureuse. Et c'était le cas ; en voyant son père & Hassan se serrer la main, Yasmine sentit son cœur se serrer de bonheur, et elle dut presque retenir une larme, aidée par l'attitude exagérée d'Anis. Finalement, la brune se tourna vers sa meilleure amie, lui demandant d'être sa demoiselle d'honneur. Elle fut surprise de son étonnement : elle ne voyait pas vraiment à qui d'autre elle aurait pu demander, elle était proche d'Imen depuis qu'elles étaient toutes petites et même si les années les avaient vues grandir chacune sur un continent différent, ça n'avait en rien altéré l'amitié qu'elles avaient reprise dès le retour de Yasmine à Hama. [color:cf25=#lightcoral]« Oui ! Oui, oui, oui, oui, oui, ouiiiiii ! » lui répondit finalement la syrienne avec excitation, ne tardant pas à venir l'enlacer. « Tu vas être ma belle-soeur pour de vrai ! » lui souffla-t-elle d'ailleurs avec enthousiasme dès qu'elle se détacha d'elle. Amusée, Yasmine secoua doucement la tête. « Tu peux réduire ça à sœur, tu sais... » déclara-t-elle avec sincérité. Contrairement aux Al-Tassir, les Al-Mu'awiya n'avaient jamais été une « grande » famille. Kenzo & Yasmine en étaient les seuls enfants, leurs parents étaient divorcés, et Kenzo était mort... Depuis toute petite, les Al-Tassir (et Imen encore plus) faisaient partie intégrante de sa famille.
Les embrassades continuèrent pendant un bon moment, et Yasmine s'y prêta avec joie, croisant quelques fois le regard un peu impatient d'Hassan qui avait sûrement faim et devait être gêné de toute cette étrange attention sur lui. Elle-même ne s'y faisait pas vraiment : elle ne se mariait pas pour la grande cérémonie, ou pour tout ce qui y était lié, mais parce qu'elle aimait Hassan et qu'elle voulait faire sa vie avec lui, qu'elle en était juste certaine, malgré son jeune âge. Finalement, chacun reprit sa place à table et le repas commença dans une joie ambiante qui gonfla le cœur de Yasmine. Maintenant que le gros moment était passé, Hassan se permettait de faire l'enfant & ne cessait de titiller sa fiancée, qui lui répondait d'arrêter de bon cœur, l'incitant à continuer encore plus. Finalement, Imen attira son attention et elle tapa sur la main du jeune homme avant de se tourner vers elle. « J'espère que t'as pas prévu une tenue trop moche pour moi hein, je sais que c'est toi qui sera supposée être la plus belle ce jour là mais quand même ... » La réflexion de la jeune femme fit rire Yasmine, qui secoua doucement la tête. « Oh, alors pas de frou-frou ? » s'exclama-t-elle, faussement déçue. « T'en fais pas, tu seras magnifique. Pas plus belle que moi, bien sûr, mais magnifique quand même. » déclara-t-elle ensuite avec un sourire complice. Elle eut à peine le temps de finir sa phrase qu'un mouvement près de la porte du jardin attira son attention, et elle se leva exactement au même moment qu'Hassan, et suivie de près par les plus anciens. Devant eux, six militaires armés les toisaient. « يحظر التعيينات دون إذن مسبق* » Déglutissant, Yasmine tapa doucement l'épaule de sa meilleure amie, toujours assise. « إيمان واقفا** » glissa-t-elle dans un chuchotement.
*Les rendez-vous sont interdits sans autorisation préalable. ** Imen, debout !
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