Il s’était passé quelque chose d’extraordinaire entre eux lors de leur précédente entrevue, mais Myrcella conservait néanmoins un abominable goût d’inachevé. De plus, elle n’avait pas eu la moindre nouvelle de lui depuis plusieurs jours. Comment considérer cet état de fait ? A vrai dire, à force de s’épuiser à pleurer de longues nuits, Myrcella avait fini par reprendre les choses en main et chercher sa quiétude dans l’écriture. Son rythme s’était considérablement accéléré, mais cela ne l’empêcha pas de se renseigner sur la prochaine représentation d’Arthur. Celle-ci aurait lieu ce soir même dans un fameux pub anglais de Tribeca, à Manhattan. Parfait ! Un simple coup de fil à son assistant et sa soirée serait définitivement sur les rails. La seule zone d’ombre à considérer restait sa tenue. Diego n’étant pas disponible pour l’aider, ce fut son assistant qui l’aida à choisir LA robe la mettant le plus en valeur. La couleur d’un blanc immaculé faisait diablement ressortir son évidente innocence, tandis que ce chignon lâche qu’elle s’était fait elle-même lui donnait un petit air insaisissable et sauvage. Il n’avait plus manqué qu’un bref maquillage pour que sa toilette soit absolument parfaite. Le plus étrange résidait sûrement dans les compliments à répétition, proférés par son assistant qui ne semblait pas dérangé outre mesure par cet état de fait. Aucune raison de s’inquiéter… ils en étaient toujours à l’étape du vouvoiement et, s’ils avaient passé de nombreuses soirées à s’user les yeux sur plusieurs scenarii, cela ne voulait rien dire hormis le fait qu’ils soient particulièrement proches intellectuellement. Le fait qu’il ne l’accompagne ce soir n’était qu’une évidence de plus…

En arrivant au bar, le concert commençait à peine, et les groupies hurlaient déjà le nom d’Arthur comme si leurs vies en dépendaient. Myrcella vit sa jalousie piquée au vif mais se fit néanmoins extrêmement discrète, cherchant à faire la surprise de sa vie au beau guitariste. Elle attendit patiemment, dans un coin sombre et reculé, se délectant de la musique que ses oreilles percevaient, tandis qu’elle gardait les yeux clos afin de ne se concentrer que sur celle-ci. A la fin de la représentation, les groupies furent nombreuses à vouloir se joindre à la troupe, tant et si bien que ce fut un miracle si Myrcella parvint à les éviter pour mieux atteindre Arthur et sa bande. « Encore un peu et toutes vos groupies auront le tatouage de vos noms sur leurs séants ! » s’exclama-t-elle afin de se faire remarquer, Dimitri la talonnant de près. Elle n’attendait qu’une chose : de pouvoir parler à Arthur seul à seul, mais cela ne semblait pas être à l’ordre du jour… la cause ? Une proposition stupide… « Hey les gars ! Un « j’ai déjà » ou un « j’ai jamais », ça vous tente ? La magnifique oie blanche serait un super beau trophée… qu’on nous amène à boire !! »

Ça faisait déjà une semaine que cette nuit était passée, cette nuit lorsque le garçon avait enfin revu sa douce, de façon inopiné. Il était assez fier de lui, surtout parce qu'il avait su partir de ce jolicappartement de l'upper west side sans se retourner. Laissant, il l'espérait, Myrcella se languir de son absence. En fait, il souhaitait même attendre qu'elle revienne à lui, considérant qu'il avait déjà beaucoup donné en venant la chercher jusqu'à New York. La mentalité masculine, quelque chose basé sur l'ego et l'ego seulement! Pour s'en sortir, il travaillait chaque jour comme un acharné, et son seul moment de repos restait ses sorties dans les bars branchés de la grande pomme à l'occasion de petit concert. Ce soir ne faisait pas exception, et lui, Steve et le reste de la bande s'était rendus au Tribeca, sûrement un des établissements les plus tendances du moment. Les représentations n'étaient pas plus longues qu'une heure, ou une heure et demi. Les garçons jouaient quelques reprises, puis ils gratifiaient leur public essentiellement constitué de jeunes filles en fleur de quelques compositions. Les solos étaient spécialement écrit pour Arthur, qui adorait sortir le grand jeu à chaque fois que les projecteurs se tournaient vers lui. Encore une fois, ça ne fait que du bien pour l'ego.

Cependant le mieux n'était pas de se jeter à genoux au milieu de la scène en donnant un dernier coup de médiator sur les cordes. Non, le mieux, du moins en ce qui concernait la soirée, c'était cette voix qui s'était élevé parmi les beuglantes. Comment ne pas reconnaître l'humour délicat de Myrcella? Arthur sourit jusqu'aux oreilles, et Steve à ses côtés avait sûrement reconnu la jolie demoiselle de l'autre soir. Par contre, ce n'était pas le cas de Sam, qui parvint à faire la propositions la plus stupide et la plus judicieuse qu'il n'avait jamais fait. Hormis le fait qu'il mettait en jeu l'amour du jeune homme, il ne faisait qu'égayer la soirée. « On pourrait trouver un trophée un peu plus matériel les gars, non? » Steve, qui comprenait l'enjeu de cette proposition pour Arthur essayait de sauver la situation dans un geste maladroit, puis finalement le brun lui fit comprendre qu'il n'en ferait rien. Pas la peine de sortir de ses gonds pour une simple boutade, il aimait la fête et savait s'amuser sans avoir à toujours remettre en question son oisiveté. De plutôt bonne humeur, il passa con bras autour du cou de la jeune femme et marcha à ses côtés alors qu'ils se dirigeait vers une grande table ronde capable d'accueillir toutes les personnes s'apprêtant à jouer. « Je vais vraiment bien m'amuser à faire en sorte de dire seulement des propositions qui seront obligées de te faire boire. C'est un inconvénient lorsqu'une personne te connait trop bien. Le premier bourré a perdu et se verra gratifié d'un gage que le gagnant aura l'honneur de choisir, deal? » Non, vraiment, Arthur avait le sourire aux lèvres, la plus belle fille de la ville au bras, et comme programme de s'amuser toute la nuit.

Myrcella avait manqué de s’étrangler avec sa salive face à la proposition de l’un des membres du groupe, mais l’enthousiasme ambiant l’empêcha de faire la plus petite réflexion. Si seulement elle avait été en mesure de voir la tête de Dimitri, elle aurait pu y lire une sorte de déception et d’inquiétude, toutes deux mêlées dans une expression qu’elle ne lui connaissait définitivement pas. Il la collait presque, mettant de côté le fait qu’Arthur ait déjà passé son bras autour de ses frêles épaules dénudées. Ce jeu allait la mettre en danger, ça ne faisait pas l’ombre d’un doute. Mais qui a dit que la vie devait se dérouler sans un grain de folie ? Prendre des risques ne lui faisait pas peur, chose non étonnante pour quelqu’un ayant si peu froid aux yeux. Elle s’installa confortablement, juste à côté du philippin qui semblait déjà se déclarer vainqueur de façon on ne peut plus provocatrice. « Tu oublies une bonne chose, l’ami : si tu me connais, la réciproque est toute aussi vraie ! » Myrcella ne comptait pas pointer en touche juste pour le plaisir de recevoir un gage de la part du jeune homme, elle n’était pas masochiste à ce point. Pire, elle avait bien l’intention de sortir les griffes et d’être aussi sournoise que possible afin de ne surtout pas être vaincue facilement, si d’aventure elle se devait de perdre. « Numérote donc tes abatis, monsieur le futur perdant ! » La jeune femme n’était qu’à demi sérieuse, sans même remarquer l’air inquiet de son assistant qui pourtant serrait son verre de vodka avec nervosité. La première règle était de boire un shooter cul sec avant même que d’avoir dit un mot. Myrcella s’exécuta sans hésitation, mettant de côté le fait qu’elle préfère laisser ses sens tranquilles plutôt que de les embrumer avec de l’alcool en temps normal… les taxis assureraient son retour à l’appartement de Diego de façon sécurisante, de toute manière.

A peine la vodka ingérée, une sorte de chaleur étrange s’empara de tout son être. Myrcella grimaça légèrement, comme à chaque fois qu’elle avait eu à boire ce genre de substance, tout en se remémorant soudainement chaque moment passé avec Arthur. Les détails étaient si précis qu’elle en avait presque le tournis et sentait une certaine gêne s’emparer d’elle. Bien évidemment, ladite gêne allait bientôt être complètement annihilée par la substance précédemment bue. Le mensonge n’aurait pas sa place dans le jeu de ce soir, et dieu sait à quel point cela pourrait très bien la perdre. « Je commence ? » demanda-t-elle, un sourire moqueur aux lèvres. Les hommes présents à cette table offrirent l’image de la galanterie à l’état pur en la laissant commencer avec plaisir, tout en sachant qu’elle restait la seule présence féminine de l’assemblée… « Je n’ai jamais couché avec Arthur. » Plus évident tu meurs… mais il fallait bien commencer avec quelque chose.

Arthur était motivé par l'esprit festif dans lequel débutait la soirée. Assis aux côtés de la belle brune, il se sentait en confiance et d'un autre côté ne savais pas trop à quoi s'attendre. Il avait conscience qu'après plusieurs shot et verre d'alcool il ne serait plus dans son état normal et risquerait de dire des choses qu'il n'avait pas spécialement envie de confesser, mais l'heure n'était pas à l'appréhension. Dans l'enthousiasme général il vida son premier shooter en une gorgée et posa le petit verre brusquement sur la table. La sensation de la vodka brûlant sa gorge le fit grimacé. Que ce soit la vodka ou l'autre substance qui été présente dans le verre il eu comme une sensation bizarre montant en lui. Quelque chose qu'il n'avait jamais senti auparavant, quelque chose qui ferait que ce soir, la vérité serait reine. Pourtant la pire grimace fut quand Myrcella ouvrit la cérémonie en débitant sa phrase avec neutralité effrayante. Les têtes s'étaient toutes retournées vers elle, l'air dubitatif. « Eh bien elle y va fort la demoiselle! Par contre je pense que personne ne va boire autour de cette table, si? » Il fallait dire que Steve avait raison, mis à part la Seychelloise il n'y avait aucune présence féminine, et à moi que Arthur ai déjà goûté à l'homosexualité il n'y avait aucune probabilité que cette affirmation fasse le moindre succès. « Bon ben Tutur', à toi l'honneur de continuer les jeux! » Le jeune homme avait lancé des gros yeux à la jeune femme à côté de lui, sachant bien qu'elle n'en verrait rien. Puis après mûre réflexion il ne se pencha pas plus sur le sujet, se disant qu'après tout, le but de ce jeu était bien de balancer quelques gossips. C'est en remplissant son verre qu'il lâcha d'une voix claire : « Je n'ai jamais fait l'amour.»

L'assemblée s'était brusquement étouffée, regardant le garçon brun avec des yeux prêts à sortir de leurs orbites. Steve passa sa main sur l'épaule d'Arthur et lui lança le plus sérieusement possible : « Tu es sûr que ça va? », ce à quoi il répondit aussitôt : « Le but c'est bien de faire boire les autres non? Alors buvez. » Les compagnons s’exécutèrent tous, après tout à leurs âges ils avaient chacun goûté à la chair féminine.

Myrcella savait bien que personne n’allait boire à la table, mais une sorte d’élan de vérité s’était emparé d’elle avant même qu’elle n’ait pu retenir ladite confession. Tant pis, l’assistance s’était amusée un instant avant que les projecteurs ne soient tous tournés vers le beau guitariste, ayant sûrement manqué de s’étrangler en entendant pareille vérité. Il n’empêche que sa confession à lui ne manqua pas de faire s’étrangler de rire ses potes, alors que Myrcella ne touchait pas à son verre, tentant de contrôler le rouge carmin lui montant presque aux joues. Quelle maîtrise ! Mais il fallait dire que le cœur de la demoiselle était toujours resté sauvage et, aussi vrai qu’elle n’avait jamais laissé personne l’approcher d’aussi près, elle ne s’était donc jamais donné à personne. Inutile d’épiloguer, d’ailleurs personne n’osa faire le moindre commentaire, pas même Dimitri qui avala une bonne lampée d’un nouveau shooter. Tout le monde ne peut pas rester pur un temps aussi considérable ! « Je ne vois pas en quoi c’est honteux ! » énonça Myrcella avec aplomb, non sans ponctuer ses paroles d’un petit sourire amusé. En vérité, son cœur battait la chamade et elle était à la limite du malaise face à toutes les vérités qui tonnaient dans sa tête, mais c’était une chance que son assistant ne reprenne aussitôt la parole, attirant ainsi l’attention sur lui pour quelques minutes. « Bon, je crois que c’est à moi » lança Dimitri, qui n’eut aucun mal à lâcher une véritable bombe, tout aussi frappé de cet élan de vérité que ne l’étaient tous les autres. « Je trouve que Myrcella est la plus jolie demoiselle que j’ai rencontrée de toute ma vie. » Cette fois, la demoiselle arqua un sourcil tout en lançant une expression presque estomaquée à l’intention de celui qui devait rester son assistant et ne surtout pas dépasser ce relationnel là, du moins à ses yeux. Un grand silence pénétra la pièce, comme si on venait d’annoncer un décès ou toute autre mauvaise nouvelle du même genre… « Je crois que je vais devoir boire » plaisanta la jolie seychelloise afin de faire surtout oublier une telle confession qui, à ses yeux, ne pouvait qu’être fausse. Dommage qu’elle ne puisse pas voir qui avait bu !

« A moi, donc… on m’a déjà demandée en mariage. » Cela ne concernait évidemment pas Arthur puisqu’il ne lui avait pas demandé sa main. Cela remontait peu de temps, d’ailleurs. Une situation cocasse en pleine soirée mondaine, face à un autre scénariste qui n’avait pas abusé que de l’eau de Vichy. Mais là encore, cette confession aurait probablement mieux fait de rester dans le tréfonds de sa mémoire et non pas à la pousser bien au-delà des barrières qu’elle pensait s’être imposées pour ce soir… « Qui a bu ? » demanda-t-elle afin de surtout éviter de sentir le regard d’Arthur sur sa personne. Il devait certainement la détester à cet instant précis… si seulement elle avait l’opportunité de se contrôler !!

Arthur se maudissait d'avoir laissé une pareille phrase lui échapper, pourquoi n'avait-il pas pu se contrôler? Il y avait cette chose anormale qu'il pouvait sentir en lui, sa langue lui jouait des tours mais finalement l'assemblée se relâcha et rigola mettant la confession du jeune homme sur le compte de l'alcool. Le plus drôle était de voir Myrcella défendre la position du phillipin, cachant maladroitement la honte sur ses joues rosées. Ils n'avaient jamais abordés ce point auparavant, pas à propos des relations sexuelles ou de l’adultère (ça dépend du point de vue). Mais le pire était à venir, car lorsque Dimitri déballa sur la table son aveu tout droit sorti de nulle part, Arthur eu les muscles raides, le poing énervé et les veines qui gonflaient. Le style de l'assistant était spécial, le jeune homme l'aurait appelé "l'homme au balai dans le cul" si il avait eu l'envie de le dire. Finalement tout le monde leva son verre pour boire, excepté Dimitri bien sûr, et Arthur qui essayait de cacher le fait que son verre était resté plein ce tour-ci. Mais le mieux aurait été qu'il s'étouffe sur le champ plutôt que devoir entendre ce que Myrcella avait dire pour continuer le jeu. Le beau brun ne manqua pas de s'étrangler et toussota la main devant la bouche. Le plus remarquable étant sûrement le léger et innocent "Qui a bu?" que la jeune femme lança tout sourire. Bien sûr aucune personne n'avait fait exception et tout les verres s'étaient levés dans un même mouvement. L'enthousiasme qui avait été présent et lisible sur les traits du jeune homme avait disparus, pour laisser place à une certaine haine. Pourquoi n'avait-il pas été au courant? Quelle était cette histoire? C'était forcément récent, ça s'était passé à New York, pas d'autre solutions. Et cette idée terrifiait le brun, lui donnait comme une envie d'attraper Myrcella et de la traîner dehors pour lui demander des explications. Cependant il n'en fit rien, et tenta de rester calme en réclamant de pouvoir jouer à son tour.

« J'ai déjà été trahi par la seule personne qui comptait pour moi.» Sa main était cramponnée à son verre, et même en parlant il n'avait pas osé lâché la table du regard. Les sourcils froncés, les yeux encore plus noirs qu'ils ne l'étaient quotidiennement. Les regards des camarades autour de la table était perplexe, se demandant sûrement qu'est ce qui prenait les ces trois jeunes gens de faire des propositions de plus en plus déprimantes. L'heure était à la fête, pas à la confession tout droit sortie d'une émission télé bidon. Steve gerba aussi vite qu'il le put la première phrase qui lui vint : « Je n'ai jamais reçu une culotte d'une de mes fans par la poste!» Ce qui forçait Arthur à boire son verre péniblement, devant les regards amusés.

Tout le monde semblait prêt à sombrer dans un gouffre. A ceci près que ledit gouffre portait un nom, celui de la vérité. Les masques tombaient les uns après les autres sans que personne n’ait le moindre contrôle sur la situation. Myrcella la première, elle tâchait de mettre de côté le changement cruel de respiration qu’elle avait senti chez Arthur, qui pouvait certes laisser entendre diverses choses, mais surtout l’animosité qu’il ressentait vis-à-vis d’elle. Mais il lui renvoya la balle sans même ciller, la poussant à quitter ce petit sourire innocent ayant pourtant ponctué ses traits de porcelaine jusqu’à lors. Elle but, bien évidemment, puisque personne ne l’avait jamais trahie en ces termes. Elle mettait de côté le cas de sa mère, loin d’être la personne à laquelle elle tenait le plus. « Bien sûr, tout dépend de ce qu’on entend par trahison ! » ne put-elle s’empêcher de glisser, en marmonnant davantage qu’elle ne s’exprima à haute voix. Par chance, l’un des membres du groupe lança une phrase qui arracha un rire franc à la jolie seychelloise, rire qui se stoppa de façon nette et précise lorsqu’elle entendit Arthur se mettre à boire. Cette fois-ci, il s’agissait de sa jalousie, son ressenti, son sentiment de haine indicible et incontrôlable. « Charmant » grinça-t-elle entre ses dents sans pouvoir s’en empêcher. Décidément, chaque pensée lui traversant l’esprit semblait se lire sur son visage ou même dans son discours actuel. Le jeu lançait des vérités toutes plus honteuses les unes que les autres, celles de Dimitri ne faisant, à nouveau, aucune exception. « J’ai déjà accepté un job pour me rapprocher d’une personne » souffla-t-il dans un sourire tout ce qu’il y a de plus innocent, alors que Myrcella se tendait à chaque nouvelle révélation. Vu son âge relativement jeune, il ne pouvait pas avoir fait cinquante contrats avant de rencontrer la jolie demoiselle… il ne pouvait donc s’agir que d’elle, et ce bien qu’elle soit presque ravie de boire à ce round-ci. Ce qui l’enchanta moins, ce furent les projecteurs à nouveau tournés vers elle alors qu’il lui fallait lâcher une nouvelle bombe en bonne et due forme…

« J’ai déjà été nue devant mon voisin » énonça-t-elle en se surprenant de le faire avec un tel aplomb, comme s’il y avait quoi que ce soit dont elle pouvait être fière. Mais à vrai dire, il s’agissait d’une énorme méprise, puisque le chien de son voisin avait réussi à chiper sa serviette de bain et qu’elle s’était retrouvée coincée dans le couloir, sans ses clefs, porte fermée. La loose, quoi ! « Ce sont des choses qui arrivent ! » Décidément, il aurait fallut établir un édifice à l’innocence de Myrcella…

Il était presque impossible de rendre la tension encore plus forte qu'elle ne l'était déjà. Arthur avait la main tellement forte qu'il aurait presque pu briser son verre rien qu'en le serrant, et quelque soit la tentative de ses amis pour détendre l'atmosphère, il y avait toujours une nouvelle confession qui venait enfoncer le couteau dans la plaie. Que ce soit Dimitri ou Myrcella, les deux étaient assez doués pour faire naître une jalousie maladive dans le coeur du jeune homme. La consécration était évidemment le dernier tour, la jeune femme n'avait aucune gêne dans la voix ni sur le visage lorsqu'elle racontait qu'elle s'était malencontreusement retrouvée nue devant ce fameux Diego. Ce qui énervait Arthur n'était pas tant que son colocataire ai pu la voir sans aucun accoutrement, non, le pire était que lui-même n'avait jamais pu la voir sans artifices. La jalousie était née de là. Finalement cette soirée spéciale vérité n'avait pas les bienfaits qu'elle aurait pu avoir. Trop de rancunes pour pouvoir rester innocent face à de telles confessions. Il y avait des comptes à rendre, et les personnes qui n'étaient ni Arthur, ni Myrcella à cette table l'avaient bien compris. Ceci dit l'award de la personne la plus ridicule devait être décerné à Dimitri, qui aux yeux d'Arthur était moins estimable qu'un caillou. « J'ai déjà fantasmé sur un homme. » C'était Sam qui avait apparemment parlé contre lui même, puisqu'il mima une extrême grimace. LE Sam qui était toujours le premier à réclamer de la chair féminine. Les muscles oculaires de l'assemblée allaient être connaître de grosses courbatures... « Ben quoi? » Riposta le garçon face aux regards interloqués. En réponse chacun attrapa son verre pour boire, mis à part Myrcella, évidemment. Le problème était qu'Arthur n'avait pas tant eu d'expérience qui pourrait plonger la jeune femme dans la jalousie. Pourtant c'est ce qu'il essayait de faire à présent. « J'ai déjà désiré plusieurs femmes à la fois. » C'était vieux, mais vrai. Seulement un fantasme de collégien alors qu'il n'avait que quatorze ans et venait de débarquer en amérique. Rien de très palpitant, puisqu'à l'époque il n'avait même pas connaissance de l'existence de la belle brune. Ce n'était pas pour autant que la phrase, une fois bien tournée, était aussi coupante que le verre. Steve, dans une autre optique, ne pu s'empêcher de prendre la perche qu'Arthur lui avait tendu :« C'est pas pour autant que tu as réussi à conclure! » Rire général, qui laissa le brun avec son ironie et son air désabusé. Les personnes s'esclaffant se calmèrent peu à peu, ce qui permit à l'assistant de sortir de son coin en levant le bras pour attirer l'attention.

« Je suis amoureux de Myrcella! » La phrase tomba comme une bombe sur la table, et la plupart pensant à une blague attrapèrent leurs verres pour boire. Arthur, entre la moquerie et la haine siffla entre ses dents : « Mais quel boulet...» Ce qu'il accompagna aussitôt en tapant son front à l'aide de sa paume de main. Il était plus facile d'en rire que d'en pleurer, le pauvre garçon n'avait apparemment pas l'habitude de goûter à l'alcool. Heureusement pour tout le monde sa confession faisait retomber la tension, bien que le pire soit encore à venir...

Une chance que l’assistance ait réussi à détendre aussitôt l’atmosphère, sans quoi Myrcella se serait sentie capable de fusiller Arthur du regard. Alors comme ça, il avait désiré plusieurs femmes en même temps ? Charmant pour elle ! Bien évidemment, elle avait la naïveté de penser qu’il avait osé le faire alors qu’ils se connaissaient déjà, chose complètement fausse. Quelle torture de ne pas être devin, parfois… on s’éviterait bien des tourments. Mais la jeune femme but de façon légère alors que l’assistance plaisantait de cette nouvelle confession, l’aidant par la même occasion à se détendre. Hélas, elle n’était pas au bout de ses peines : à peine eut-elle but sa gorgée que Dimitri lâcha une bombe terrible dans l’atmosphère, arrachant une expression horrifiée à Myrcella qui était loin de s’y attendre. Comment pouvait-il dire des conneries pareilles ? Elle soupira avant de boire une nouvelle gorgée, non sans tourner ses impressionnants yeux clairs vers Arthur, ne parvenant pas à savoir s’il avait bu ou pas à cause du raffut exécuté par les autres membres du groupe. Son regard était particulièrement difficile à déchiffrer en cet instant. Un brin de panique, d’appréhension, de désir également mais aussi de colère. Un cocktail détonnant qui la poussait immanquablement à réfléchir à sa prochaine révélation, qui serait sûrement bien pire que toutes les précédentes. « J’ai embrassé mon colocataire ! » Une sorte d’élan qu’elle regretta aussitôt puisqu’elle serra ses poings violemment, en faisant attention à ce que ceux-ci soient sous la table, aisément cachés. Myrcella avait honte d’elle-même. D’autant que ce baiser était davantage un accident qu’autre chose, et la donne ne s’était évidemment jamais reproduite. Mais cela risquait grandement de remettre en cause tout ce qu’elle avait bien pu faire entendre à Arthur au sujet de ses sentiments… et ça la tuait d’avance.

« Je trouve que l’arrière-train de notre invitée est une œuvre d’art que l’on aurait presque envie de resculpter avec ses mains ! » s’exclama Steve, regardant soudainement Myrcella avec envie, l’alcool aidant diablement. Personne ne convoitait évidemment la jolie seychelloise dans l’assistance à l’exception du beau guitariste et de Dimitri, bien que celui-ci soit fortement désillusionné. Cette fois-ci, la jeune scénariste but son shooter plus pour se consoler qu’autre chose ! Si cela continuait, elle risquait de faire un malaise… son rythme cardiaque avait des battements irréguliers et, à chaque fois qu’elle sentait Arthur se tendre nerveusement, elle se sentait doublement mal. Pourtant, lui aussi avait fait des confessions qu’elle aurait très bien pu envoyer dans les dents… c’était peut-être ça le pire. « Très flattée ! » conclut-elle, comme pour en rajouter une couche.

C'était, "le pire à venir", Myrcella venait juste de confirmer que la soirée aller se terminer dans le chaos. Comme quoi, la vérité n'est pas toujours bonne à entendre et parfois, il vaut mieux savoir garder les choses pour soi que de les révéler au grand chose. En quelques minutes Arthur eu la chance d'apprendre que Myrcella ne s'était pas ennuyée sans lui, et avait bien profité de l'hospitalité de son colocataire. Mais aussi que son super copain Steve avait un humour douteux, puisqu'il était le seul à sa cette table à connaître les sentiments qu'il avait pour la jolie brune. Le garçon essayait d'être le moins transparent possible, et laissait un faible sourire sauver les apparences. Il était bien compliqué de rester impassible quand la personne que vous aimez fait de telles confessions, sachant que si les propositions du brun étaient exagérées et pas très récente, ce n'était pas le cas pour la jeune femme. Alors pour calmer les vociférations due à la petite boutade de Steve, Arthur clama haut et fort : Je n'ai jamais fait croire à une personne que je l'aimais, pour mieux la détruire ensuite. Fini les petites blagues et les anecdotes gênantes, autant sortir les plaintes tout de suite. C'était comme ça qu'il accusait la seychelloise de l'anéantir, de détruire tout les espoirs qu'il avait eu en lui depuis de longues années. Cette femme se combattait avec les mots, il en ferait de même. Et autant s'affronter dans une ambiance festive comme celle-ci, c'est bien plus facile de parler lorsque l'alcool a prit le dessus.

En parlant d'alcool, le jeune homme avait bien du mal à se remémorer le nombre de verre qu'il avait vidé jusqu'à maintenant, et malheureusement pour lui et l'assemblée, son tempérament était énervé, haineux et à la limite belliqueux. Le premier qui aurait la mauvaise idée de le chercher se retrouverait dehors à payer de ses actes. Faisons plaisir à Tutur' et prenons tous une gorgée en son honneur! Même si personne n'a compris où il voulait en venir! Sam sauvait les apparences et tout les verres se levaient en même temps. Les paupières d'Arthur s'étaient baissées, il regardait vers le sol et tapotait la table comme si il était entrain d'attendre quelque chose. Finalement, il tourna la tête vers sa voisine qui semblait encore plus alcoolisée qu'il ne l'était : Le premier bourré devait un gage à l'autre, on est d'accord? Il n'y avait pas de sourire, pas un semblant de rigolade dans sa voix. Tu sais quoi? Vu que j'ai gagné et que tu ne pourras pas dire le contraire tu pourras me faire le plaisir de repartir avec Steve. Vous pourrez aller prendre une douche tous les deux et même profiter de vos talents pour la langue. Ça te dit, hein? Après ça ne changera pas tes habituels états d'âmes, c'est assez anodin pour toi, n'est ce pas? Encore un verre et sa haine l'aurait pousser à attraper Myrcella par les cheveux pour la traîner dehors...

A l’ultime révélation d’Arthur, Myrcella crut qu’elle allait faire une crise cardiaque. Venait-il de l’attaquer de façon détournée ou avait-elle la berlue ? Pire, le jeune homme ne sembla pas être en mesure de se calmer : le ton qu’il employait lui glaçait littéralement le sang. La jolie seychelloise aurait bien voulu disparaître dans un trou de souris. Elle ne s’attendait en aucune manière à ce qu’il ne finisse par lui imposer un gage qui lui donnait presque la nausée. Une expression estomaquée marqua bientôt ses traits alors qu’elle le sentait se tendre de seconde en seconde. Même la tentative de détente de l’un de ses potes ne parvint pas à faire grand miracle… finalement, les autres membres du groupe charriaient Steve, pendant que Myrcella encaissait littéralement le coup. Elle ne se tourna vers Arthur qu’au bout de plusieurs minutes, et frôla simplement sa cuisse sans raison apparente. A ceci près qu’elle ne tentait absolument pas de le séduire mais plutôt de savoir où il se situait exactement par rapport à elle, et à quelle distance… la raison ? Lui balancer l’intégralité de son shooter de vodka en pleine figure. Il l’avait bien mérité, après tout ! Il s’agissait de la deuxième fois où il l’accusait d’être une fille aux mœurs légères. Myrcella était pourtant aux antipodes de ce genre de nénette écervelée, comme attestait sa virginité intacte, mais l’alcool n’allait pas du tout au beau guitariste et il semblait temps de lui faire comprendre. « Dit celui qui a reçut un sous-vêtement par la poste et convoité deux femmes en même temps… quelle mauvaise foi ! C’est vraiment ce que tu veux que je fasse ou bien n’est-ce qu’un prétexte pour ne surtout pas prendre tes responsabilités ? Ce serait plus facile de me détester, hum ? A moins que ce ne soit déjà le cas… »

Myrcella n’éprouvait pas le moindre remord vis-à-vis de ce qu’elle venait de faire et de dire. Au contraire, sans doute en avait-il bien besoin. Hélas, ce qu’elle n’imaginait pas, c’était l’intervention de Dimitri, toujours prêt à la mettre dans l’embarras manifestement… « Franchement, dis que tu l’aimes, malhonnête va ! » « Dimitri, vraiment, je crois que c’est le moment de rentrer chez vous. Maintenant. » La jeune femme ne plaisantait pas et son ton glacial dû le lui faire comprendre. Elle se désintéressa temporairement de son assistant qui risquait fort de ne plus l’être pour longtemps, se tournant à nouveau vers Arthur, la respiration saccadée, tout en portant l’espace d’un instant sa main contre son crâne déjà douloureux. « Tu sais, si tu veux que je parte, il suffit de me le demander. Pas la peine de me traiter de prostituée ou faire tout ce que tu peux pour que j’aille voir ailleurs. C’est ce que tu veux ? »

Arthur n'y croyait pas, la jeune femme venait tout simplement de retourner la situation en sa faveur. Jamais il n'avait été aussi sûr d'avoir raison, et de ne pas être en tort. Mais à croire qu'avec son brio féminin elle avait réussi à changer la donne en un geste et une phrase. Même le fait qu'elle lui ai lancé un shooter plein de vodka pure ne lui donnait pas la faute, le brun aux cheveux humides et émanant une odeur alcoolisé aussi forte qu'elle était insupportable était tout bonnement le méchant. « C'est la meilleure! » s'exclama-t-il alors qu'une énième goutte du liquide tombait sur le sol. Il s'était levé, et sa voix bien que portée par le fait qu'il soit ivre était aussi devenue presque menaçante : « Tu veux vraiment qu'on parle de mauvaise foi? Parce que je suis certain, et personne ne pourra me prouver le contraire que tu en es la reine en ce lieu! Madame qui s'amuse juste à me provoquer avec cette malice malsaine dans tes yeux depuis le début de la soirée. Pourquoi passer pour une innocente? Pourquoi venir pleurer et te plaindre du fait que tu m'as perdu alors que tu t'amuses simplement à me voir partir.» Son accent anglais résonnait dans toute la salle, tant et si bien que les autres clients qui ne faisaient pas partie de leur groupe s'étaient retournés pour assister à la scène. Dimitri, complètement alcoolisé et au bord du badtrip était retourné sagement à sa place, il ne bronchait plus ce qui semblait être la meilleure solution envers sa dignité. Pourtant il n'avait pas l'air prêt de partir, bien trop fasciné par la dispute qui prenait place devant ses yeux. D'ailleurs personne ne bougeait, à croire que tous les convives avaient des yeux de merlans frits braqués sur le couple.

Arthur prit une longue inspiration et s'empara violemment du premier verre à sa portée pour en boire le contenu d'une traite. « Tu m'as déjà entendu dire ne serait-ce qu'une seule fois que je souhaitais ton départ? Je ne crois pas. En fait, tout ce que je demande c'est que tu sois pour la première fois de ta vie honnête envers moi et envers toi-même. Ton petit jeu de la princesse innocente doit se terminer, j'abandonne la partie. Tiens, regarde, je vais arranger tout le monde : c'est moi qui me barre d'ici. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Le brun humide agrippait brusquement sa veste et se dirigeait vers la sortie.

Autant dire que Myrcella demeura bouche bée face à tout ce qu’elle entendait. Elle, de mauvaise foi ? D’accord, elle n’avait pas toujours été à cent pour cent honnête mais le mensonge ne faisait guère partie de son état d’esprit et loin d’elle l’envie de blesser Arthur. Il s’agissait même de l’exact contraire de ce qu’elle avait l’audace de souhaiter dans son petit cœur meurtri… hélas, jusqu’ici, elle assistait, impuissante, à la montée de rage du jeune homme sans même trouver quoi que ce soit à rétorquer. Le bar dans son intégralité les regardait tous deux, ou plutôt s’étonnait de voir Arthur péter un câble en bonne et due forme, hurlant ainsi sur Myrcella qui n’était malheureusement pas dans un meilleur état. Si seulement elle avait su qu’on avait glissé quelque chose dans son verre… sans doute aurait-elle réagit d’une bien meilleure manière. A vrai dire, plus elle y réfléchissait, et plus elle se trouvait ridicule. A ceci près qu’en entendant le philippin s’éloigner, Myrcella sentit son cœur au bord du malaise. Comment était-elle supposée le rattraper alors qu’elle ne pouvait rien voir dans ses ténèbres perpétuelles ? Pire, ses sens étaient tellement embrumés qu’elle n’était même pas sûre de pouvoir reconnaître le son de ses pas, pourtant si particulier à ses oreilles. Elle tenta néanmoins la chose, intimant à Dimitri de ne surtout pas la suivre… il ne valait mieux pas. Il avait fait assez de mal pour les trois cent douze prochaines années. Mais une fois dehors, avec ou sans Dimitri, son problème n’était pas résolu le moins du monde. Myrcella était semblable à une petite fille perdue, l’air particulièrement angoissé, tandis que ses pas étaient incertains. L’alcool qu’elle avait ingéré bloquait son habileté extraordinaire à se repérer, même dans la plus sombre des nuits. Cette fois-ci, elle allait devoir faire sans ses aptitudes. Juste elle, sans fioriture et sans particularité fabuleuse.

« Je n’ai jamais voulu passer pour une innocente. J’ai fais des choses dont je ne suis pas nécessairement fière, mais qu’aurait-tu préféré, que je mente ? Toi qui te targues de si bien me connaître, ce n’est pas mon genre. Ce que tu as si facilement pris pour un jeu au départ a dérapé et je n’arrive même pas à comprendre ce qui te mets tant en colère ! Que j’ai tenté de te remplacer ? C’est complètement faux. Tu prends uniquement ce que tu as envie de prendre, alors que je n’ai jamais rien fait de mal. M’as-tu seulement une fois serrée dans tes bras et dis ce que tu ressentais ? Jamais. Il faut que je devine tout. Mais sur ce genre de choses, plus que pour n’importe quoi d’autre, je suis la pire aveugle que la terre ait portée. » Myrcella ne savait même pas si elle l’entendait ou même si la rue était peuplée d’autres personnes… elle s’exprimait probablement dans le vide, mais son sérum de vérité avait un effet particulièrement efficace semble-t-il. « J’ai attendu un signe de toi cette semaine. Quand j’ai vu que tu ne venais pas, j’ai cédé… j’ai mis ma fierté de côté et je suis venue. Là encore, je te rattrape, et je la piétine parce que tu en vaux la peine. Je t’aime… tu es le seul que j’aime. Tu as dis un jour que je t’avais brisé le cœur… mais le fait que tu doutes de mes sentiments brise actuellement le mien. » Aucune réponse, un simple vent froid pour seul compagnon. Myrcella baissa soudainement les yeux et se mordilla la lèvre inférieure. Sans même avoir eu le temps de reprendre sa canne en main et sans volonté de retourner à l’intérieur du bar pour la récupérer, la jeune femme finit par s’avancer dans la rue, poings serrés, comme en perdition. Sans ses précieux sens et sa canne pour amie, il valait mieux qu’elle trouve rapidement un taxi.

Myrcella avait sûrement fait fausse route en pensant que le jeune homme n'avait pas été assez bien placé pour entendre son presque monologue. Au contraire, il était placé juste devant elle, quelques pas de plus et il passait le tournant pour s'engouffrer dans une autre rue, mais la belle brune avait su faire à temps et Arthur s'était arrêté. Il avait même bien fait, pour tout ce qu'elle avait à dire. Le brun buvait presque ses paroles sans en lâcher un morceau, voilà la déclaration qu'aucun d'eux n'avait jamais faite. Une déclaration tant attendue et tant désirée que la seychelloise finissait par la lâcher au milieu d'une rue brumeuse et très faiblement peuplée. Le romantisme n'était pas au rendez-vous, certes, mais il n'y avait pas eu une once de romantisme durant cette soirée vivant sous le signe de l'alcool. Arthur écoutait la jeune femme, elle lançait comme un dernier appel à l'aide, alors que les cheveux du garçon encore imbibés de vodka se collait à son visage. Rien de très glorieux, tout ce qu'avait apporté ce petit jeu alcoolisé était un semblant de révélations douteuses et bien ennuyantes. Pourtant, s'il fallait voir le bon côté des choses c'était sûrement lorsque l'on regardait Myrcella, qui grâce à ce serum avait enfin tout déballer sur la table, les cartes étaient jouées, et elle s'apprêtait déjà à partir. "Je t'aime..." Le phillipin avait une boule au ventre, quelque chose d'atroce qui semblait le poignarder dans chacun de ses organes. Il n'arrivait pas à bouger, ses mains tremblaient presque. Jamais il n'avait connu une telle réaction, une réaction qui prouvait que les sentiments étaient les réels maîtres de l'âme.
Le frein d'une voiture qui s'arrêtait, les pneus silencieux : pas de doute, la jeune femme avait trouvé un taxi et s'il y avait quelque chose à répondre c'était maintenant ou jamais. Le garçon avança péniblement et appela à voix forte sans pour autant crier : « Myrcella! » Elle s'était retournée et le brun s'avançait vers sa personne, dans un dernier élan. Il se rendit alors compte que même ses lèvres tremblaient, et que le fait qu'il soit humide rendait l'air encore plus froid, quelle désagréable sensation. « J-Je ne sais pas quoi dire. Je vais... » Quelque chose de bizarre s'était produit, Arthur ne se sentait plus capable de rien. Ses sentiments pour la jeune femme? Il en avait peur, et n'oserait sûrement pas lui dire les choses aussi concrètement qu'elle l'avait fait. Au risque de tout gâcher, il s'éloigna légèrement. C'est à ce moment que la boule dans son ventre remonta, et que sans trop savoir si la chose pouvait être due à l'alcool ou au stress qui le parcourait instantanément, il se mit à dégurgiter tout ce que son estomac avait en réserve. Quel piètre Roméo il faisait, quel ridicule personnage. Il valait mieux pour lui de prendre la route opposée et de partir, pour ne jamais revenir.

Rien qu’à l’entente de son prénom, Myrcella se retourna brusquement, faisant un signe au conducteur de taxi qu’il pouvait finalement s’éloigner. A vrai dire, elle ne s’attendait pas à grand-chose, mais au moins à la preuve, même infime, qu’il l’avait bien entendue. La jeune femme avait peur, honte, et autant dire que ces deux sentiments ne risquaient pas de se calmer… pas alors que le jeune homme était incapable de s’exprimer. Il rendit bientôt l’intégralité de ses tripes sur le bitume, et Myrcella bénit presque les dieux de ne pas pouvoir assister à la scène. N’importe qui aurait très bien pu tailler la route à sa place, mais elle eut l’intelligence de s’approcher afin de lui tenir les cheveux, tout en l’aidant à se pencher davantage pour qu’il ne se tache pas. Certes, elle ne pourrait jamais sauver personne de la noyade ou de flammes, mais elle avait des gestes réflexes pour ce genre de situation. Elle aurait aimé que l’on fasse de même pour elle… « Il n’y a rien à dire » répliqua-t-elle finalement avant de siffler un nouveau taxi à l’aide de deux doigts seulement, suffisamment fort pour être entendue, tandis qu’elle sentait les hoquets d’Arthur s’espacer et se calmer au fur et à mesure des minutes. Au pire des cas… le conducteur aurait son taxi pourri, ils les maudiraient et passerait à autre chose. Mais en attendant, ils seraient en mesure de rentrer sains et saufs, chose qui n’était pas à laisser au hasard. « Je vais te reconduire chez toi. C’est préférable… assez d'excès pour ce soir. » Aucun commentaire sur son absence de réaction, sur l’accès de colère dont elle avait été la seule cible ou même les différentes révélations ayant été lancées sur la table durant cette soirée… étrange. Myrcella n’était pas dans un meilleur état, mais n’avait aucune nausée particulière. Ses sens semblaient simplement plus embrumés que d’habitude et il lui faudrait racheter une canne blanche dès le lendemain, voilà tout…

La jolie seychelloise laissa Arthur énoncer son adresse, puisqu’elle ne la connaissait évidemment pas, et conserva de son côté un silence presque mortel tandis qu’elle l’avait entouré de ses bras. Il ne s’agissait pas d’un geste maternel, mais bien le seul moyen qu’elle possédait pour savoir s’il était encore conscient. C’était ça ou lui demander toutes les cinq secondes s’il se sentait encore mal… chose qui aurait probablement fini en rixe verbale, comme d’habitude. Myrcella paya la course et accompagna même Arthur jusqu’à l’intérieur de son appartement afin de s’adonner à une chose qu’elle avait faite plus souvent qu’à son tour : lui donner une bonne douche froide. Sans même savoir où était quoi, elle laissa son instinct la guider et se fiat aux différentes odeurs de produits masculins, nettement reconnaissables. Elle ouvrit la cabine et brancha l’eau tiède, sans même prendre en compte le fait qu’elle allait rapidement être trempée elle aussi. Ses réflexes semblaient criant de vérité… à vrai dire, il s’agissait presque d’une seconde nature, à force de se retrouver avec sa propre mère incapable de se relever à force d’avoir trop bu. « Tu te sens mieux ? » osa-t-elle dire tandis qu’elle massait légèrement les cheveux bruns du beau guitariste afin d’en enlever tout l’alcool qu’elle y avait balancé. « Désolée pour le verre dans la figure… » conclut-elle en un murmure.

Arthur se laissait faire, c'était la plus anormale des réactions mais c'était la seule qu'il pu exprimer. Autant ne pas s'enfoncer encore plus, sachant déjà que le peu de dignité qui lui restait se devait d'être gardé précieusement. Il respirait doucement, encore plus dans le taxi, essayant à tout prix de ne pas diffuser l'odeur nauséabonde qui émanait de lui. Un vrai déchet ambulant.
Pourtant la douche fut une très bonne initiative, bien qu'il ne parlait pas. Non, il restait assis sur le carrelage chauffé par l'eau coulante, laissant ses habits trempés se coller à sa peau. Encore une fois il n'y avait rien de bien romantique, surtout pas pour Myrcella qui s'occupait de lui comme son ivre fils qu'il fallait ramener à la maison sain et sauf. Ouvrir la bouche, même pour répondre aux excuses futiles de la belle brune aurait été une perte de temps. La remercier serait peut-être plus judicieux, mais plus tard. Il était trop bon de profiter du moment présent, alors qu'il sentait que son état normal revenait peu à peu, au fur et à mesure que la seychelloisse massait sa chevelure noire. Elle était à genoux à ses côtés, la peau ruisselant, les yeux noirs du maquillage partant au rythme de l'eau. Le jeune homme n'en rigolerait pas, il observait la scène silencieusement sans en juger quoique ce soit. Elle était là, même si il n'avait pas répondu à sa déclaration elle était restée. Il avait vomi ses tripes devant elle? Et alors? Pourquoi ne pas lui tenir les cheveux pendant ce temps? Non, la lâcheté ne faisait pas partie de cette jeune femme, sa douceur et sa gentillesse était par contre omniprésente. Quelle chance que de l'avoir pour lui. Mais quel dommage de ne pas se sentir digne, et de ne pouvoir accepter de se donner à elle. Il ne pouvait pas lui dire, néanmoins il en demeurait sûr. Myrcella ne le méritait pas, et il ne la laissera pas faire une erreur telle que de se décrire comme compagne de celui-ci. Elle trouverait mieux, dans cette grande ville. Il s'en était rendu compte après être sorti du bar comme une furie, ce stress atroce et dévorant venait simplement du fait qu'il venait de comprendre qu'il n'était pas fait pour elle. Et que jamais, au grand jamais les deux jeunes adultes ne pourraient être ensembles. Comment lui dire sans lui déchirer le coeur, alors qu'il venait déjà de déchirer le sien?

Mais pas tout de suite, l'heure était à la désintoxication. C'est lui qui coupa le pommeau de douche et attrapa deux serviettes, il en tendit une à la belle brune et se frotta avec la deuxième. Il enleva l'essentiel de ses vêtements trempés pour les pendre sur le porte serviette de la salle de bain. Sa faible voix enrouée se dit entendre : « Donne moi tes fringues. » Rien qui n'appelait à un déshabiller sensuel non plus, il n'était seulement pas question de laisser Myrcella attraper un rhume ou de la laisser habillée de ces torchons mouillés. En échange il lui donna un peignoir, le sien notamment, un simple peignoir de tissu confortable blanc. La chambre du garçon ressemblait plus à une chambre d'hôtel qu'à celle d'un appartement. Il n'avait pas encore aménager son chez lui, et passait la plupart du temps au travail ou avec ses amis du groupe, pas le temps de s'adonner à la décoration. « Je suis claqué. » Il ne donna aucune indication particulière à la jeune femme et se coucha dans son lit, les yeux clos dès la seconde suivant il se sentait déjà gagner par les bras de morphée.

Le manque cruel de paroles d’Arthur eut une fâcheuse tendance à refroidir Myrcella. Bien sûr qu’elle n’était pas forcément en droit d’attendre quoi que ce soit, mais ne serait-ce qu’un geste ou une invitation à dormir aurait été suffisante. Au lieu de cela, elle se retrouva à ôter pudiquement sa robe tandis qu’il le lui ordonnait avant d’enfiler un peignoir… pour mieux se retrouver en solo parce qu’il s’était déjà dirigé vers son lit. Hélas pour elle, difficile de partir avant le lendemain : il n’était pas question d’errer dans les rues de New York sans canne et avec l’esprit aussi embrumé par l’alcool. Elle eut donc l’ultime réflexe de pénétrer à l’intérieur de la chambre d’Arthur, non pas dans le but de se glisser sournoisement dans son lit mais plutôt afin de replacer ses couvertures sur lui. Un autre réflexe qu’elle avait en présence de sa mère étant plus jeune ? C’était fort probable. Elle alla même jusqu’à embrasser son front, qu’elle trouva brûlant, s’attardant quelques instants accroupies devant lui sans même avoir le courage de dégoiser un mot. Parler, pour quoi faire ? Elle s’était déjà suffisamment avancée et venait tout de même de se faire lamentablement repousser. La jolie seychelloise se dirigea donc dans le salon, où par chance un canapé avait été installé malgré la pauvreté de l’équipement actuel de l’appartement. Elle s’assit simplement dessus, l’air ailleurs, une tristesse incroyable passant dans ses yeux si vides d’expressions d’ordinaire… machinalement, elle triturait un objet qu’elle avait réussi à récupérer avant même que d’enlever sa robe, et qui n’était autre qu’un harmonica. Inutile de dire qu’elle n’allait pas en jouer maintenant, mais cela l’aidait de savoir qu’un objet familier demeurait dans ce lieu inconnu et, somme toute, hostile en l’absence de sa canne blanche. Bientôt, Myrcella s’allongea, incapable pourtant ne serait-ce que de fermer l’œil, sentant une nouvelle vague de tristesse lui serrer le cœur. Il n’était pas question de verser la moindre larme… pas maintenant, pas comme ça.

La nuit lui parut semblable à une éternité. Si Myrcella n’eut pas le réflexe de compter les moutons, elle avait largement eut le temps de cogiter, tant et si bien qu’elle sursauta en entendant la porte d’Arthur s’ouvrir soudainement en face d’elle. La jeune femme s’était redressée, les cheveux légèrement en bataille à force de tourner et virer sur le canapé, mais elle ne trouva strictement rien de spirituel à dire ; à nouveau, pour quoi faire ? « Bonjour… » murmura-t-elle simplement. Elle n’avait pas la moindre envie d’avaler la plus petite bouchée ou même de s’éterniser ici. Son mal-être la poussait au contraire à retrouver un appartement qu’elle connaissait au plus tôt, avant de demander à quelqu’un de confiance de l’aider à se retrouver une canne blanche. C’était vital… ce soir elle se trouvait invitée à un gala pour son employeur. « Est-ce que tu aurais la gentillesse de bien vouloir vérifier si ma robe est sèche ? Je n’ai pas osé bouger pour ne pas te réveiller, mais il faut que je m’en aille… je dois avoir retrouvé une canne pour ce soir, c’est urgentissime ; mon employeur veut que je vienne à un gala caritatif. Tu t’en sortiras très bien tout seul pour la suite, je suppose. » Petite pointe de sarcasme, sans doute. Hélas… elle n’avait pas pu s’en empêcher.

Arthur avait bien dormi, aussi incongru que ça puisse l'être il avait même fait de très beaux rêves et s'était réveillé avec un léger mal de crâne : gueule de bois oblige. Il fit une légère grimace en repensant et se remémorant les évènements de la veille. Tout paraissait si irréel. Ne sachant pas vraiment si Myrcella avait dormi chez lui il décida de se lever péniblement. Difficile à croire que la jeune femme soit restée, quoi qu'en réfléchissant il aurait été bien trop compliqué pour elle de repartir dans la nuit, sans aucune aide. « Bonjour. » Répondit le garçon machinalement, avant d'écouter la requête de la brune. Il n'eu aucune réaction au sujet du sarcasme dont elle faisait preuve, et son visage restait neutre en toute circonstance. Il s'occupa simplement de répondre à sa demande, en allant chercher la robe qui était complètement sèche, quoi qu'un peu rêche. Il retourna ensuite dans le salon pour la lui rendre. « Elle est pleine de plis, si tu as le temps de la repasser fais le.» En fait, il ne savait pas vraiment quoi dire. Il restait planté debout près du canapé, se frottant le visage et les cheveux, il devait se raser. « Je te propose quelque chose avant que tu repartes, un café? Un jus de fruit? Ou plutôt un doliprane si tu as un mal de crâne, vu que j'en ai un ce n'est pas exclu.» Difficile de faire preuve d'une certaine sympathie après avoir le plus gros des goujats la veille, en allant se coucher sans même un mot et laissant la pauvre seychelloise devoir se débrouiller. Ce qu'elle savait très bien faire, d'ailleurs. Cette fois-ci il n'y aurait pas d'adieux digne de ce nom, les deux adultes se quitteraient sans un regard, mais Arthur n'avait pas le temps d'y penser. Lui aussi il avait des projets, et lui aussi devait aller travailler, aussi difficile à croire que ça puisse l'être. « Eh bien écoute, tu passeras un bon gala. J'espère pour toi que Dimitri sera là, c'est toujours bon d'avoir quelqu'un qui t'aime à tes côtés. Crois-moi. » Eh oui, lui aussi pouvait faire preuve de sarcasme. Mais il ne prenait pas le temps de regarder la jeune femme, il ne pouvait pas voir la tristesse dans ses yeux, tout ce qu'il avait constaté était sa voix sèche qui le visait comme un revolver.

La suite ne serait pas de tout repos, et elle ne serait pas agréable non plus. Pourtant ce n'était pas une raison pour montrer ses faiblesses au grand jour. Parfois, il trouvait le fait que Myrcella ne puisse voir comme une bénédiction, ainsi elle ne pouvait pas constater à quel point elle pouvait être importante dans sa vie. Mais out de même, il la laisserait partir, sachant bien qu'elle serait plus heureuse aux côtés d'un autre homme. Au fond, depuis le début de leur relation, qu'avait il fait mis à part endurcir ses moeurs? Non, vraiment, c'était mieux comme ça, et il devait y croire même si c'était la solution la plus dévastatrice. « Tu veux que je te raccompagnes? Ou tu peux encore très bien te débrouiller toute seule? » Difficile de la laisser partir, afterall.

Myrcella leva les yeux au ciel et s’empara de sa robe sans dire un mot. Elle n’avait aucune envie de rester dans ces lieux plus que nécessaire et froissé ou pas, son vêtement lui irait tant qu’il pouvait couvrir une certaine nudité. Ainsi, sans même lui demander de se retourner, comme prit d’un empressement soudain, Myrcella laissa tomber le peignoir contre le fauteuil avant d’enfiler à nouveau sa robe. Avec ou sans canne, mal de crâne ou pas, la jolie seychelloise allait tâcher de mettre soigneusement les évènements de la veille de côté. Inutile de dire que la haute goujaterie d’Arthur avait suffit à la refroidir complètement. Jamais plus on ne la prendrait à faire autant de pas en avant en risquant ainsi de se prendre ses mots en pleine figure… de toute évidence, aimer quelqu’un conduisait à la souffrance. « Je n’ai besoin de rien, merci » répondit-elle simplement et avec toute la politesse dont elle était encore capable. Certes, l’envie d’être aimable n’y était pas, mais Myrcella savait depuis des lustres comment sourire sans y penser véritablement. On la prenait souvent comme une poupée fragile et sans cervelle, quelle jouissance que de savoir prouver le contraire… bien qu’elle n’ait pas l’intelligence du beau guitariste, elle avait toujours su se tirer des pires situations et ce sans l’aide de personne. « Navrée de te contredire mais il n’est pas question que Dimitri vienne à ce gala. Il est mon assistant et donc non invité. De plus, force est de constater que la gent masculine est diablement décevante. M’en éloigner est sûrement la meilleure chose que j’ai à faire pour l’instant. Garde ta sollicitude… je n’en n’ai pas besoin et n’en veux pas. Ca ne tient pas chaud ni ne console. Je suis tentée de te souhaiter bonne chance pour la suite, que ce soit avec ton groupe ou même vis-à-vis de tes affaires… mais j’ai toujours eu du mal à te mentir aussi vais-je me contenter de me taire. » Myrcella ne le salua pas, plia simplement le peignoir et se dirigea raide comme la justice jusqu’à la porte. C’était un peu comme si elle avait toujours eu conscience que celle-ci était en face d’elle… la jeune femme prit donc la poignée entre ses mains, et en l’espace de quelques secondes à peine elle avait disparut. Pas de mot agréable, pas de bienveillance… Arthur ne méritait pas ce genre de traitement de faveur après ce qu’il venait d’oser lui faire vivre.