Son appartement lui paraissait être sans âme … pour tout dire il avait l’impression que plus rien n’avait de goût, que sa vie était terne et Jalil savait qu’il s’agissait de son deuil qui le poussait à penser de la sorte. Face à aux autres, il faisait bonne figure … avant tout parce qu’il n’avait guère d’autres choix. Il était responsable de son neveu depuis ses deux ans, depuis que la mère de ce dernier – et jumelle de l’israélien – avait perdu la vie. Désormais, il était également responsable de sa petite sœur tant qu’elle n’aurait pas atteint l’âge de vingt-et-un ans. Il acceptait ces responsabilités sans broncher, parce qu’il était ainsi mais aussi parce que Gabriel et Talila avaient besoin de lui ce dont il ne pouvait qu’avoir conscience. Pourtant, dès qu’il se retrouvait seul de sombres pensées venaient l’envelopper et le poussaient finalement à fuir son chez lui pour tenter de se vider la tête. Son retour à New York remontait à deux jours et l’israélien avait le droit à encore une bonne semaine de repos avant de reprendre la direction de l’hôpital et celle de la caserne. Cependant, c’était là qu’il aurait aimé se trouver, au milieu de personnes qui bien que pleine de pitié lui auraient sans nul doute changer les idées. À la place, Jalil fit le choix de quitter son appartement au plus vite pour se balader en ville. Il connaissait les lieux qui entouraient son appartement par cœur, mais il continua d’arpenter les rues au hasard, de marcher parmi la foule sans réellement savoir où il se rendait. Tout était un bon prétexte pour s’occuper et après plusieurs heures de marche il n’eut aucun mal à reconnaître Central Park dans lequel il s’engagea, les mains dans les poches et le visage enfoui dans son écharpe puisque les températures persistaient à rester basses. L’israélien s’apprêtait à prendre place sur le premier banc qui croisa sa route lorsque, un peu plus loin, il reconnu son cousin, assis seul et offrant son visage aux pauvres petits rayons du soleil qui se battaient pour traverser les épais nuages. En silence, il rejoignit Oliver et cacha le peu de soleil qui lui réchauffait la peau pour lui faire part de sa présence sans prononcer le moindre mot. « Je t'avais pas vu arriver, comment ça va ? » Toujours silencieux et les mains encore dans les poches de son jean, Jalil prit place aux côtés de son cousin. Il regarda quelques instants droit devant lui avant de croiser le regard d’Oliver. Son silence était sa réponse concernant son état. « Je suis désolé de ne t'avoir pas rejoint... Je n'ai pas pu prendre de jours de repos et... Je t'avoue que je n'étais pas prêt à lui dire au revoir non plus. Je le suis toujours pas d'ailleurs... » Une légère moue prit place sur le visage du résident qui opina du chef pour lui faire comprendre qu’il comprenait, mais lui n’avait pas eu le choix. Il s’enfonça un peu plus contre le dossier du banc et regarda à nouveau droit devant lui. « Talila n’est pas venue non plus, probablement pour les mêmes raisons … mais je ne peux pas vous blâmer, j’aurais préféré ne pas m’y rendre non plus. » Avoua-t-il tristement. Il avait dit adieu à bien trop de personnes désormais, mais il savait que même s’il aurait préféré rester chez lui plutôt que retourner à Tel Aviv, enterrer son père allait lui permettre d’aller plus rapidement de l’avant. « Enfin … maintenant je dois passer une semaine à ne rien faire alors que je préférerais ne pas non plus avoir de jours de repos … d’ailleurs, ça se passe bien à l’hôpital ? » Le regard à nouveau posé sur son cousin, le fait de changer de sujet si brutalement était une preuve que Jalil n’avait pas la moindre envie de s’étaler sur le sujet mais il le faisait comprendre de manière aussi subtile que possible, ramenant la conversation vers Oliver.