Dépassée, épuisée et à deux doigts de la crise de nerf, voilà comment se sentait la jeune femme. La pression se faisait de plus en plus sentir sur ses épaules et aucun moyen de s’en sortir ne semblait se profiler à l’horizon. L’inspiration n’avait jamais été aussi absente que ces derniers jours et l’Irlandaise ignorait ce qu’elle devait faire ou non. Devait-elle céder aux recommandations de sa maison de disque et ainsi chanter de chansons qu’elle n’aurait pas écrite ou devait-elle rester aussi têtue au risque de finir son album bien plus tard que prévu ? La musique avait toujours été pour elle un moyen de s’exprimer. Elle couchait sur le papier les émotions qu’elle ressentait alors comment pourrait-elle être capable de chanter quelque chose qui ne lui parlait pas ? Elle n’en avait pas la moindre idée mais cette solution lui semblait pourtant être la meilleure à choisir. Deirdre ne savait plus où donner de la tête ces derniers jours. Ses cours – même par correspondance – lui demandaient beaucoup de temps et d’énergie. L’échec n’était pas concevable pour la jeune mère, pas alors qu’elle savait pertinemment que ses parents – et plus particulièrement sa mère – attendaient beaucoup d’elle quand bien même savaient-ils que la musique lui apportait tout ce dont elle avait besoin. Son fils lui prenait aussi beaucoup de temps car même si Lullaby était toujours prête à s’occuper de son filleul, l’Irlandaise refusait qu’elle ait sans cesse à s’occuper d’Ewan car c’était à elle d’assumer son rôle, raison pour laquelle, malgré la journée qui l’attendait, l’Européenne avait décidé qu’elle s’occuperait de son fils toute la journée. Malheureusement, l’idée de courir à travers New York ne semblait pas enchanter le petit garçon de presque deux ans qui ne cessait de grogner et de pleurer depuis près d’une demi-heure, se calmant de temps en temps lorsque Deirdre prenait le temps de s’arrêter pour s’occuper aussi convenablement que monsieur le souhaitait. Toutefois, la jeune femme avait tant à faire que s’arrêter toutes les dix minutes pour le bon plaisir du petit garçon n’était pas envisageable et la jeune femme due alors affronter les crises de l’enfant alors que tout en elle était sur le point d’exploser. Le regard des passants ne cessaient de se tourner vers la jeune femme et Deirdre savait que ça n’avait rien à voir avec le fait qu’elle soit connue, tout le monde la regardait uniquement parce qu’Ewan ne cessait de pleurer dans les bras de sa mère qui, clairement, n’en pouvait plus. Ainsi, puisqu’elle ne tenait plus, la demoiselle s’arrêta près des premières marches qui furent sur son chemin, prenant place sur ces dernières de sorte à pouvoir installer son garçon sur ses genoux en tachant de capter son regard. « S’il te plait Ewan arrête de pleurer, s’il te plait … » Le supplia-t-elle en le berçant doucement dans ses bras bien que son fils semblait refuser de se calmer. Elle qui pourtant avait toujours été douée avec les enfants elle se sentait plus dépassée que jamais. La fatigue ne l’aidait pas à tenir le coup et si elle avait toujours su être un tant soit peu patiente, elle se sentait sur le point de franchir la limite et pourtant Deirdre n’avait pas la moindre envie de craquer et encore moins au beau milieu de la rue. Enfouissant son visage dans le dos de son petit garçon sans cesser de le bercer, l’Irlandaise ferma les yeux pour tâcher de faire taire la frustration qui la gagnait tout en espérant que son fils se calmerait bientôt.