Palapag lui manquait déjà. Les trois petits jours qu’elle avait passé dans son pays natal n’avait pas été suffisant et la jeune femme aurait tant aimé pouvoir passer plus de temps avec ses grands-parents – et ce malgré les taquineries de son grand-père concernant son poids. En l’espace de quelques semaines elle n’avait fait que prendre encore et encore du poids au point de prier pour que cette grossesse se termine au plus vite et qu’elle puisse marcher sans avoir à craindre que tous les os du bas de son corps ne finissent par se briser. Allongée sur le lit de son appartement, son regard fixait le plafond sombre de sa chambre. Même si elle était épuisée, la philippine était incapable de fermer les yeux ayant sans cesse l’impression d’étouffer. Elle savait que ce n’était jamais qu’une impression parfaitement normale étant donné le stade de sa grossesse, toutefois elle n’avait pas souvenir que pour celle de Nolan elle avait eu autant de mal à respirer lorsqu’elle faisait un peu trop d’effort. Un soupire lui échappa finalement tandis que du bout de ses pouces elle massait délicatement son ventre bien rebondi à son presque sixième mois de grossesse. Il fallait qu’elle s’occupe mais elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle pouvait faire, encore moins à quasiment deux heures du matin et ce fut précisément lorsqu’elle commença à se creuser la cervelle que son portable éclaira toute la chambre, signe qu’elle venait de recevoir un message. Sa main chercha l’objet à tâtons sur la table de chevet et une fois au creux de sa main, Loan le porta devant son visage, grimaçant légèrement lorsqu’elle fut éblouie avant de parvenir à lire le message envoyé par Tiziana. À peine eut-elle commencé que son cœur manqua un battement et plus que jamais l’air lui manqua. La philippine se redressa dans son lit et due relire trois fois les mots sous ses yeux avant d’être certaine d’avoir bien compris. L’hôpital … Enzo se trouvait à l’hôpital après avoir été percuté par une voiture … Sans voix, la jeune femme fixa un point non précis droit devant elle tandis que ses mains commençaient à trembler. Elle savait qu’elle lui avait clairement fait comprendre qu’elle ne voulait plus jamais le voir mais … elle était incapable de faire comme si elle se moquait de cette nouvelle, comme si ça ne la touchait pas. Ainsi, une fois chaudement vêtue et remerciant le ciel pour vivre dans une ville qui ne dort jamais, Loan attrapa le premier taxi qui prit la direction du Lenox Hill à sa demande. Une fois sur place, elle s’empressa de monter à l’étage où l’italien avait été emmené – remerciant la précision de Tiziana dans son message – et elle ne s’arrêta qu’une fois devant la porte. « Je dois rappeler Aleks et faire un tour à la cafétéria, je reviens. » Debout devant la porte de la chambre, elle adressa un sourire à l’italienne lorsqu’elle celle-ci passa près d’elle et fit une légère pression au niveau de son bras, puis elle entra dans la chambre, le cœur au bord des lèvres en voyant toutes les blessures sur le visage d’Enzo. « Tiziana aurait pu éviter de te prévenir toi. » Malgré elle, Loan laissa échapper un soupire plein d’exaspération avant de prendre place sur le fauteuil près du jeune homme ressentant déjà le besoin pressant de s’asseoir afin de reprendre son souffle. « Explique-moi comment je suis supposer rester loin de toi si tu ne restes pas loin de moi ? Pourquoi est-ce que tu es là Loan ? » Les mains croisées et posées sur son imposant ventre, son regard se posa toutefois sur l’italien, regardant chacune de ses blessures avant de le regarder dans les yeux. « Je peux tout aussi bien partir maintenant Grumpy ! » Loan appuya son regard avant de se pencher en avant, effleurant du bout des doigts l’une des blessures au visage d’Enzo. « En tout cas cet abruti de chauffeur t’as sacrément amoché … comment tu te sens ? » Toujours légèrement au-dessus de lui, la philippine dégagea sa main et planta son regard dans celui de l’italien, sa tête penchée sur le côté.

Loan n’avait jamais aimé que l’un de ses proches – que ce dernier fasse partie de son passé ou non – se retrouve à l’hôpital. Elle avait ces endroits en horreur, ils avaient bien trop de significations aux yeux de la jeune femme, comme le fait que les médecins avaient été incapables de sauver sa mère, la seule personne sur cette planète capable de l’aimer à sa juste valeur, de comprendre la raison pour laquelle elle fonctionnait aussi étrangement. En froid ou non avec Enzo, il avait fait partie de sa vie et, clairement, l’italien semblait s’accrocher au fait qu’il pourrait de nouveau en faire partie. Apprendre en plein milieu de la nuit qu’il avait eu un accident de voiture par la cousine du jeune homme avait éveillé un vent de panique en elle. Aussi rancunière qu’elle pouvait l’être, ce n’était pas non plus un monstre et si elle avait l’occasion de le soutenir malgré ce qui lui avait fait endurer, elle le ferait et elle le faisait. « Non mais à condition que tu ne m'appelles plus comme ça ! Je ne suis pas Grumpy, d'abord. » Un sourire timide apparu au coin des lèvres de la philippine. Silencieuse, elle acquiesça d’un mouvement de la tête et promis ainsi de ne plus l’appeler "Grumpy" même si, pour l’occasion, ça le caractérisait plutôt bien. Puis, une fois cette promesse silencieuse faite, Loan s’attarda sur les blessures qu’Enzo avait pu subir au cours de l’accident, des blessures qui lui donnèrent la nausée tandis que la colère s’éveillait en elle. Ce chauffard avait de la chance d’avoir pris la fuite et surtout qu’elle soit enceinte car autrement il aurait fini également dans un lit mais les os bien plus brisés que ceux de l’italien. « Je me sens comme quelqu'un qui s'est fait percuter par un abruti de chauffeur. Sérieusement, c'est pas un accident qui se débarrassera de moi hein... J'ai connu pire. » La philippine grimaça légèrement. Sa question avait été stupide, c’est vrai, mais il fallait bien qu’elle le lui demande, qu’elle tente de lancer un minimum la conversation entre eux afin d’essayer d’oublier leur dernière rencontre. Quant à la suite de ses paroles, Loan se contenta d’arquer un sourcil ne voyant pas ce qu’il aurait pu connaître de pire même en ayant fait partie de l’armée. « T'es mignonne comme ça. On aurait dit que tu planques un énorme ballon sous ton haut. » Levant les yeux au ciel, la jeune femme s’enfonça contre le dossier du fauteuil, les mains se posant instinctivement sur son ventre qui prenait trop d’ampleur à son goût … si ça continuait ainsi, dans les jours à venir elle n’aurait plus besoin de marcher mais juste de rouler. « C’est plus un ballon à ce stade, c’est une montgolfière, j’ai l’impression de peser trois tonnes ! » Son dos pouvait en témoigner comme ses genoux et ses chevilles. Son médecin lui avait conseillé d’éviter de faire trop d’effort à vingt-quatre semaines de grossesse, mais il ne connaissait pas l’hyperactivité de la philippine qui était incapable de tenir en place. « Et à propos de l'autre soir, j'ai peut-être dit quelque chose que je n'aurais pas dû. Je me trompe ? T'avais l'air très contrariée... » Son regard se posa sur Enzo. Loan resta silencieuse quelques instants, puis poussa un soupire avant de brasser l’air de sa main. « C’est rien … c’est simplement que le père risque pas de voir ses filles … tu pouvais pas savoir. » La jeune femme lui adressa un petit sourire. Elijah avait entendu parler du pays lorsqu’elle avait appris qu’il était parti en Grèce et elle-même avait subi les foudres du grec lorsqu’il avait appris qu’elle était enceinte, mais il était clair pour Loan que jamais il ne verrait ses filles, pas si elle voulait leurs enfants en sécurité.

« En principe, la femme enceinte a un ventre légèrement - pour ne pas dire bien - amplifier hein. Et à quel stade tu es ? » À nouveau un léger sourire étira les lèvres de Loan tandis que, du bout de ses pouces, elle massait délicatement son ventre, un geste qui depuis un petit moment avait le don de l’apaiser. Il était vrai qu’elle avait tendance à d’autant plus se plaindre depuis qu’elle était enceinte, mais elle ne se considérait pas comme une jeune femme qui vivait mal sa grossesse. Certes, elle était souvent exténuée et son corps tout entier était douloureux, mais dans l’ensemble elle était plutôt heureuse, si on mettait de côté le fait qu’elle avait souvent envie d’assassiner Elijah à chaque fois qu’elle pensait que c’était en partie de sa faute si ses os lui donnaient l’impression d’être à deux doigts de se briser. Cessant de penser à tout ça, la philippine se remémora alors la question d’Enzo et releva les yeux vers lui. « Six mois, enfin avec des jumeaux on pourrait presque compter le double. » Déclara-t-elle dans un soupire. Au moins la grossesse de Nolan avait eu l’avantage de ne pas être aussi … imposante. Toutefois, le sourire qui avait pris place sur ses lèvres ne tarda pas à revenir. Elle était énorme, elle en avait conscience, mais avoir atteint les six mois lui rappelait que, bientôt, tout ceci serait fini … elle aurait juste à se réveiller toutes les nuits pour jongler entre ses deux filles. « Je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé mais... Elles ont la meilleure des mères. Tu es là et c'est ce qui compte. » Son sourire, bien que présent, se fit tout de même plus timide. Là-dessus elle ne voyait pas les choses comme Enzo. La philippine doutait sincèrement que ses enfants aient de la chance de l’avoir comme mère, tout comme elle doutait d’être capable de s’en occuper convenable. Néanmoins, Loan ne comptait pas baisser les bras, pas cette fois et ce même si elle allait sans aucun doute rapidement ressembler à un zombie et ne plus avoir du tout de vie sociale. « Je sais que je ne suis pas en très bon état là mais si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais où me trouver. » Pinçant doucement ses lèvres, elle regarda l’italien tout d’abord sans faire le moindre mouvement ni prononcer la moindre parole, puis, doucement, elle acquiesça d'un mouvement de la tête pour le remercier. Elle ignorait si elle était prête à lui faire à nouveau confiance, mais s’il y avait une chose dont elle était sûre ce qu’elle n’en saurait rien si elle ne lui laissait pas une seconde chance. « Aoutch... » L’entendant grogner, puis voyant la grimace de douleur déformer son visage, Loan cessa de sourire et se redressa sur le fauteuil, déjà prête à se lever pour aller chercher une infirmière. « Hé, ça va ? Tu veux que j’aille chercher un médecin ? » Sa voix trahissait son inquiétude que la philippine ne chercha pas même à dissimuler. Le regard porté sur Enzo, ses sourcils se froncèrent légèrement tandis qu’elle attrapait sa main comme si ce simple geste allait faire diminuer sa douleur.

« Tu m'étonnes que ça semble doublement plus long qu'un seul bébé. Mais t'arrives à la fin, c'est presque la dernière étape. » C’était à peu près ça hormis qu’elle ne trouvait pas ça plus long que sa première grossesse juste plus … fatiguant et douloureux en fait. Loan savait que c’était parfaitement normal – sans doute parce que son médecin avait la fâcheuse manie de répéter cent fois la même chose – mais ça ne changeait en rien le fait qu’elle était épuisée et qu’elle avait tous les jours l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur lui donnant d’autant plus l’envie d’en finir au plus vite même si, une fois de plus, elle craignait sincèrement la suite. Il était évident qu’elle allait donner son maximum pour être une bonne mère cette fois-ci. La philippine savait que les crises de nerfs allaient souvent la gagner, mais elle se motivait déjà pour réussir à tenir le coup, d’autant plus en étant seule. « Tu n'as pas l'air d'être convaincue par le fait d'être la meilleure des mères. Je te connais et je te dis que tu en es capable, crois-moi. » Sans s’en rendre compte, Loan avait détourné son regard qu’elle avait posé sur les pieds du lit sur lequel se trouvait Enzo. Elle avait tendance à beaucoup penser ces derniers temps, des pensées pas forcément joyeuses mais qui expliquaient qu’elle semblait souvent ailleurs. Ce fut donc la voix de l’italien qui la força à relever la tête et poser les yeux sur lui, un sourire timide toujours présent au coin de ses lèvres. « Va donc dire ça à Caleb, je ne suis pas certaine qu’il voit ça du même œil et il n’a pas vraiment tord … » Après tout, n’avait-elle pas abandonné Nolan à la naissance ? N’avait-elle pas fait le choix de laisser son propre fils à des inconnus après l’avoir porté en elle pendant neuf mois ? Caleb avait toutes les raisons du monde de lui en vouloir, pour leur fils mais aussi pour ce qu’elle avait pu lui faire. Un soupire las lui échappa et à nouveau Loan détourna son regard, sa main toujours posée sur son ventre. « Je sais que ça peut paraître totalement étrange mais je suis et je serais toujours là pour toi peu importe notre passé. » La philippine mit quelques instants avant de saisir les paroles de l’italien et lentement elle redressa la tête sans rien dire, sans faire le moindre mouvement, sans même sourire, elle se contenta simplement de le regarder en silence. Elle allait lui laisser une seconde chance, après tout Enzo semblait se battre pour l’obtenir et elle-même y avait eu le droit avec le père de son fils, toutefois tout ceci fut chassé de son esprit en voyant l’italien ressentir une certaine douleur qui l’inquiéta bien vite. « Non ça va... Je n'ai pas besoin de médecin... ça s'est un peu apaiser. » Étrangement, elle n’en croyait pas un mot. Elle le connaissait et malgré les plus de deux ans sans le côtoyer elle continuait de deviner lorsqu’il n’était pas sincère avec elle ou lorsqu’il souffrait vraiment et il était question des deux cette fois. « Bien que j'apprécie ta compagnie... il se fait tard... tu ferais peut-être mieux de rentrer chez toi. Et de te reposer, par exemple, comme une femme ordinaire ferait. Même si, entre nous, t'es incapable de rester tranquille même cinq minutes. » Les yeux levés au ciel, un sourire amusé prit place sur ses lèvres tandis qu’elle retournait s’appuyer contre le dossier du fauteuil, bras croisés contre la poitrine ou plus exactement posés sur son imposant ventre. « Ça va, j’y peux rien si j’aime pas ne rien faire. Mais t’es sûr que tu veux que j’y aille ? J’arrivais pas à dormir il y a une heure, ça changera pas plus maintenant. » La vérité ? Elle s’inquiétait pour lui même si elle ne souhaitait pas le lui dire clairement. Le regard posé sur Enzo, gardant la même position dans le fauteuil, Loan attendit sagement sa réponse qu’elle accepterait quel qu’elle soit.

Par moment, Loan se surprenait elle-même. Lorsque tous les deux s'étaient revus – des retrouvailles qui n'avaient pas réellement bien tournées – jamais elle n'aurait imaginé être capable de l'affronter une nouvelle fois et pourtant elle était là, dans cette chambre d'hôpital, assise auprès de lui et véritablement inquiète vis-à-vis de son état. Elle pouvait être rancunière et trop fière, mais en plus de faire un travail sur elle depuis plusieurs mois, elle n'était pas sans cœur et puisqu'Enzo avait eu beaucoup d'importance pour elle – et qu'il en aurait sans doute toujours un peu, quoi qu'elle dise – elle n'avait pas pu se résoudre à rester chez elle. La cousine de l'italien l'avait probablement compris, pas parce qu'elle connaissait le passé des deux jeunes gens, mais parce qu'il était clair lorsqu'elle parlait de lui que la philippine éprouvait toujours une certaine attache envers son ex fiancé. « J'estime que tu as le droit à une seconde chance... le temps nous change et la règle ne t'échappe pas. » Un nouveau petit sourire apparu au coin des lèvres de Loan. Elle appréciait sincèrement ce qu'il disait et ce qu'il tentait de faire. La jeune femme avait l'impression qu'il y avait des années maintenant que personne ne semblait croire en elle comme Enzo pouvait le faire et elle devait bien avouer que c'était agréable. Il était probable qu'elle ait le droit à une seconde chance, mais de son point de vue elle ne le méritait pas, toutefois Loan préféra rester silencieuse, apprécier les paroles de l'italien et surtout éviter ainsi que la conversation ne dérive vers une dispute. « Je t'avoue que non mais te demander de rester est un peu égoïste. Tu as sûrement mieux à faire. Et pourquoi tu n'arrives pas à dormir ? Trop pensive ? » Dans un premier temps, elle ne cacha pas son amusement. La réponse d'Enzo ne la surprenait pas le moins du monde. Elle avait saisi plutôt rapidement ce que le jeune homme cherchait, elle savait qu'il tentait de se rattraper pour son erreur passé voire même de se faire pardonner et pour une fois, Loan se sentait prête à lui laisser sa chance – sans se douter une minute qu'il espérait bien plus que ça en réalité. Puis, doucement, une moue pensive prit place sur le visage de la philippine. « Y a de ça, oui … et le fait qu'allonger j'ai l'impression d’étouffer. » Avoua-t-elle dans une grimace. Son regard balaya ensuite la pièce pour se reposer sur le jeune homme. « Donc non, je n'ai pas mieux à faire, surtout aussi tard et rester me dérange pas d'autant plus si je peux faire de ta vie un enfer rien que par ma présence. » Elle plaisantait, évidemment, et le large sourire que Loan força le fit comprendre. Toujours bien adossée contre le fauteuil et son attention portée vers l'italien, elle resta ensuite silencieuse toujours prête à partir si vraiment Enzo insistait – ce dont elle doutait sincèrement.

« Ma vie est loin d'être un enfer tant que tu en fais partie... » Loan le regarda en plissant légèrement les yeux. Délicatement, un petit sourire vint étirer les lèvres de la jeune femme qui préféra ne rien répondre quand bien même était-elle touchée par les mots que l’italien venait de prononcer. À la place, elle le regarda se laisser aller dans les bras de Morphée avec bienveillance avant de s’assurer que le jeune homme était confortablement installé sur son lit. Elle était bien placée pour savoir que mal s’endormir sur un matelas – surtout à l’hôpital – avait comme conséquence de nombreuses douleurs au réveil et Enzo avait déjà bien assez de celles causées par l’accident. Lentement, elle quitta le fauteuil sur lequel elle était assise lorsqu'elle s’assura que le jeune homme dormait et elle tira sur sa couverture afin qu’il n’ait pas froid – sans doute son instinct maternel qui enfin se déclenchait – puis, après l’avoir embrassé sur le front, elle retourna s’asseoir et ne tarda pas à s’endormir malgré ce qu’elle avait pu dire. Loan était bien plus épuisée que ce qu’elle voulait bien montrer mais la solitude était devenue sa pire ennemie et amenait bien trop souvent des cauchemars qu’elle ne savait combattre. Néanmoins, cette nuit-là aucun ne vint la perturber et lorsqu’elle fut réveillée le lendemain matin par l’une des infirmières, elle put également remarquer qu’enfin son sommeil avait été un tant soit peu réparateur. Un coup d’œil en direction d’Enzo l’informa que le jeune homme dormait toujours et ne voulant pas le réveiller, elle quitta la chambre à pas de loup et fut orientée vers la cafétéria par l’une des infirmières. Un rapide petit-déjeuner avalé, la philippine attrapa un croisant et retourna en silence en direction de la chambre de son ex fiancé, passant une main sur son visage pour tenter de se redonner des couleurs et de se réveiller un peu plus. Aussi silencieusement que possible, la jeune femme ouvrit la porte dans l’intention de ne pas réveiller son occupant, mais ce fut peine perdue. « Loan, c'est toi ? (...) Non, ma tête a dû se cogner trop fort. » Un sourire amusé prit place sur ses lèvres tandis qu’elle rejoignait le fauteuil qu’elle avança vers le lit du blessé et posa la poche contenant le croissant sur ce dernier. « J’avais oublié ton optimisme au réveil. » Déclara-t-elle en levant les yeux au ciel pour se donner un faux air agacé avant de reprendre son sérieux. D’un rapide coup d’œil elle vérifia toutes les blessures visibles de l’italien et posa son regard sur son visage. « Comment tu te sens ? » Dans les vapes sans doute, mais elle préférait tout de même s’assurer qu’il allait mieux même si, sincèrement, la philippine en doutait.

Loan ne put s’empêcher de continuer de vérifier qu’il allait bien autant à travers son regard qu’en posant le sien sur les diverses blessures qu’il avait subi au cours de son accident. La jeune femme n’était pourtant pas médecin, c’était presque si elle savait poser un garrot lorsqu’elle ou l’un des ses hommes étaient blessés sur le terrain, alors deviner par elle-même si l’italien allait bien était simplement mission impossible. « Je me sens... bizarre. » La philippine grimaça légèrement. Étant donné ses blessures il était fort probable que les médecins aient recommandé aux infirmières de ne pas avoir peur de droguer leur patient aux antalgiques. Elle était passée par là suite à son retour d’Afghanistan les deux premiers jours, juste avant que les médecins ne découvrent qu’elle était enceinte et cessent toute médication qui irait mettre sa grossesse en danger, mais la jeune femme chassa ceci de son esprit et se concentra une nouvelle fois sur Enzo. « Tu m’étonnes, tu dois être au pays des bisounours. » Cette fois, un large sourire amusé étira ses lèvres. L’idée même de voir le jeune homme planer l’amusait, c’était plus fort qu’elle. Loan ne se moquait pas de lui – elle avait toujours cette crainte qui lui nouait l’estomac de savoir qu’il avait eu un accident de voiture – mais elle trouvait néanmoins la situation comique. « Je veux juste partir de cette endroit... » La philippine n’eut pas même le temps de réagir que déjà Enzo essayait de se relever ce qu’elle-même fit avec plus de facilité au moment même où une infirmière pénétra dans la chambre et lui permit de ne pas avoir à lutter contre l’italien pour le forcer à se recoucher sur le lit. « Essayez encore de vous échapper d'ici sans permission et ce n'est pas une nuit que vous allez rester ici mais une semaine complète. Restez tranquille Mr Sullivan-Paolucci, ce n'est que pour votre bien. Vous pourrez rentrer dans quelques heures si vous m'écoutez. » Loan haussa un sourcil et posa son regard sur le jeune homme pour lui faire comprendre qu’il avait bien intérêt d’écouter les propos de l’infirmière s’il ne voulait pas avoir à faire à la colère d’une femme enceinte, surtout lorsque cette dernière répondait au nom de Loan Duke-Whiteland. Son regard suivit la jeune femme qui s’occupa rapidement de son patient avant de quitter la pièce, adressant un sourire à la philippine. « Je sais ce qui est bien pour moi et je te dis que je me sentirais mieux si je partais d'ici. » Son attention se porta de nouveau vers Enzo tandis qu’elle reprenait place sur le fauteuil en levant les yeux au ciel, réellement agacé par son comportement enfantin alors qu’il était là pour son bien. « Merci d'être restée au fait... » Loan se contenta tout d’abord d’un bref mouvement de la tête pour lui signaler que ce n’était rien, puis elle posa sa tête contre le dossier du fauteuil sans le quitter des yeux. « Crois-le ou non, mais j’ai bien mieux dormi ici que seule chez moi. » Affirma-t-elle, sincère. « Tu veux que j’appelle quelqu’un ? Tizi ou Alek pour venir te chercher ? » Loan étant enceinte et n’ayant pas prit la voiture – étant donné l’ampleur de son ventre ce n’était pas plus mal – elle ne pouvait pas se proposer de le raccompagner puisque elle-même devait se faire ramener par un taxi. Le regard toujours posé sur Enzo, elle attendit sa réponse, mains posées sur son ventre.

Loan avait beau sembler être égoïste, elle ne l’était que d’apparences. Sensible et bien plus sincère que ce que l’on pouvait croire, dès qu’une personne qui lui était proche avait un problème elle répondait toujours présente pour tenter d’aider. Le fait qu’Enzo l’ait blessé par le passé n’avait pas autant d’importance que ça au final, pas alors qu’il aurait probablement pu y laisser la vie au cours de cet accident. La philippine était rancunière, mais cette rancœur s’effaçait toujours au profit de l’inquiétude qu’elle pouvait éprouver pour les siens, qu’ils fassent partie de son passé ou non. Ainsi, il était inconcevable pour elle de laisser l’italien seul cette nuit-là. Le reste de sa famille avait probablement bien plus à faire que la jeune femme qui se voyait obligée de prendre un congé à cause de sa grossesse et qui, de toute manière, ne travaillait pas au Scorpio ces deux derniers jours. « Tant mieux. J'aurais même dû te laisser une place à côté de moi, mais bon... » Malgré elle, Loan arqua un sourcil et le fixa avec surprise. Elle essayait de lui laisser une seconde chance, de lui permettre de rentrer à nouveau dans sa vie malgré ce qu’il avait pu lui faire, toutefois ces paroles lui donnaient la sensation que tout allait trop vite, mais la jeune femme s’efforça de ne faire aucun commentaire et préféra se préoccuper de voir s’il avait besoin qu’elle contact quelqu’un pour venir le chercher. « Non... Je ne veux pas les déranger, je me débrouillerais pour rentrer seul, en taxi ou qu'importe, t'inquiète pas. » Un petit sourire prit place sur les lèvres de Loan qui opina du chef. Elle n’allait pas lui forcer la main. Si Enzo refusait qu’elle appelle l’un de ses plus proches parents, elle n’irait pas contre son désir mais ferait son possible pour s’assurer qu’il rentre chez lui sain et sauf, quitte à prendre le même taxi que lui et faire un détour. L’infirmière fut de retour avec le fauteuil avant même qu’elle n’ait eu le temps de répliquer. « J'aurais vraiment l'air d'un infirme comme ça, cool. » Un léger rire lui échappa tandis qu’elle prenait place sur le bord du lit où l’italien avait passé la nuit, bras croisés contre sa poitrine et le regard toujours porté sur Enzo. « Je suis militaire je te rappelle, des blessés j’en ai vu des tas, ça donne un côté mystérieux … » Génial comme mystère … mais au moins le jeune homme pouvait s’estimer heureux que cette condition ne soit que pour quelques jours après quoi il pourrait à nouveau retrouver l’usage de ses jambes alors qu’elle-même allait probablement le perdre à force de prendre du poids. « Ce truc et moi, c'est une grande histoire. Cela fait bizarre de retourner là-dedans. » Tandis qu’il s’adressait à elle, et n’aimant toujours pas le fait de rester inactive, Loan l’aida tant bien que mal – plus mal étant donné son état – à s’installer dans le fauteuil avant de brusquement s’arrêter. « De quoi tu parles ? » Commença-t-elle en s’éloignant de quelques pas, les sourcils froncés et visiblement peu ravie à l’idée de comprendre quelque chose qui ne lui plaisait que très peu. « Enzo, qu’est-ce qui s’est passé depuis Palapag ? » La jeune femme réalisait que maintenant que depuis qu’elle l’avait revu la dernière fois, pas un seul instant elle n’avait pensé à lui demander ce qu’il avait pu vivre pendant leur séparation, bien trop en colère pour ça. Seulement, étant donné ce que l’italien venait de laisser échapper elle comptait bien savoir même si elle se sentait déjà un peu en colère.

Loan avait bien du mal à cacher l’angoisse qui l’envahissait. Les insinuations d’Enzo étaient loin de la rassurer et réveillaient en elle un vent de panique. Qu’avait-il pu se passer suite à leur rupture ? Par quoi était-il passé sans qu’elle le sache, sans qu’elle s’y intéresse principalement à cause de sa rancœur ? Elle aurait dû prendre des nouvelles, si ce n’était pas directement auprès de lui au moins auprès d’une personne qui connaissait les deux jeunes gens et qui aurait pu l’avertir si quelque chose de mal s’était produit, ce qui visiblement avait été le cas et l’apprendre ainsi ne lui plaisait que très peu. « Je parlais de... hmm... de moi, petit ! Je sais plus trop mais il me semble que je m'étais déplacer quelques os des genoux, ça remonte à très longtemps. » La philippine arqua un sourcil, bras croisés contre sa poitrine. Elle n’en croyait pas un mot connaissant pratiquement toutes les blessures qu’il avait pu avoir par le passé en ayant parlé avec lui durant de longues heures sans se souvenir de quelle manière ils en étaient venus à parler de leurs "blessures de guerre". « Enzo, qu’est-ce qui s’est passé depuis Palapag ? » Insista-t-elle. Il était hors de question que Loan baisse les bras. Elle était têtue, extrêmement têtue et lorsqu’elle souhaitait savoir quelque chose elle faisait tout ce qui était en son possible pour y parvenir, Enzo n’allait pas s’en sortir aussi facilement. « Arrête de me fixer comme ça... c'est... déstabilisant. » Mais la jeune femme n’arrêta pas, si ça le déstabilisait tant mieux, il serait peut-être plus enclin à craquer et à lui expliquer ce qui s’était passé. Loan se contenta seulement de prendre place sur le bord du lit sans dévier son regard de sorte à lui faire comprendre qu’elle ne comptait pas lui faire plaisir avant d’avoir eu une réponse. « Rien... Il ne s'est rien passé depuis Palapag ok... » Sous l’effet de la colère – aussi légère soit-elle – la philippine serra les dents et ne put s’empêcher de le regarder d’une façon si mauvaise que s’en aurait presque pu être blessant. « Laisse tomber, c'est rien... tout vas bien. » Son regard se fit encore plus dur, plus qu’elle ne l’aurait voulu en tout cas. L’italien pouvait essayer autant qu’il le souhaitait, elle n’en croyait pas un mot et resterait là, à le fixer aussi longtemps que nécessaire. « Rien à part cette mission en Afghanistan où j'ai... J'ai perdu l'usage de mes jambes. » Loan le jaugea pour tenter de savoir s’il plaisantait ou non et lorsqu’elle comprit que ce n’était pas le cas, ses bras retombèrent le long de son corps et ses sourcils se froncèrent d’autant plus. « T’es qu’un idiot … pourquoi tu m’as rien dit ? » La réponse était plutôt évidente, mais elle n’avait pas réfléchi avant de poser sa question. Un soupire lui échappa. Loan massa son front comme pour tenter de se calmer et reposa son regard sur Enzo. « T’aurais dû me le dire, qu’il y ait eu rupture ou non … je ne suis pas un monstre ! » Sa voix s’étrangla malgré elle sur la fin. Les hormones … elle détestait ça étant devenue tout de même bien plus sensible depuis le début de sa grossesse. Cet accident remontait peut-être à quelques années, mais pour la philippine c’était comme s’il datait de quelques jours et une pointe d’inquiétude l’avait aussitôt envahi.

Loan avait beau essayé de canaliser son inquiétude, elle n’y arrivait pas. Cette nouvelle était loin de lui plaire, mais après tout à quoi pouvait-elle s’attendre ? Ils avaient rompu de manière plutôt brutale avant même qu’il n’ait son accident, la philippine ne pouvait clairement pas s’attendre à ce qu’il décroche le téléphone pour l’avertir, passé en commun ou non. Mais malgré ça, elle n’arrivait pas à faire disparaître la douleur au creux de son estomac maintenant qu’elle savait et elle se sentait plus mal que jamais, regrettant le fait d’avoir été aussi horrible avec lui au point de ne pas avoir pu être auprès de lui après ce qu’il avait dû traverser, mais on ne refait malheureusement pas le passé. « Si je te dis : Lâche-moi, laisse-moi tranquille. Je ne veux plus être en contact avec toi. C'est fini. T'entends ? Dégage de ma vie. Ça répond à ta question ? » Loan avala sa salive avec difficulté. Son regard resta planté dans celui d’Enzo et elle ne tenta pas même de répondre et ce même si elle ne supportait pas le fait de ne pas avoir le dernier mot. Elle se souvenait que trop bien de ce jour maudit où elle l’avait découvert avec une autre, ce jour où elle avait prononcé la moindre parole mauvaise qui lui avait traversé l’esprit alors qu’elle était plus blessée que jamais. Nerveusement, la philippine humecta ses lèvres mais ne répondit rien. « Je te l'aurais dit ou non, ça n'aurait rien changé de toute façon... » Là-dessus, l’italien n’avait pas tord. Qu’elle soit au courant ou non, ça ne lui aurait pas redonné l’usage de ses jambes, ça ne l’aurait pas fait miraculeusement sortir de son fauteuil. « J'avais juste pas envie que tu reviennes vers moi par pitié. Et puis, ça n'a aucune importance à présent. Je ne t'en veux pas de ne pas avoir pris de mes nouvelles. Après tout, je n'ai eu que ce je mérite. » La jeune femme baissa la tête après un bref regard vers Enzo. Elle secoua doucement la tête de droite à gauche et prit place sur le lit sur lequel il avait été allongé auparavant. La philippine massa son front en soupirant et redressa la tête. « Arrêtes Enzo. Arrête de te faire du mal comme ça. » Commença-t-elle doucement, sans le quitter des yeux. « Tu dois passer à autre chose et arrêter de t’en vouloir. » Loan se pinça les lèvres et fit entrer une grande bouffée d’air dans ses poumons et expira lentement. « Je te pardonne, je dis pas que ça me fait plus mal d’y penser, mais je pouvais de toute manière pas t’en vouloir toute ma vie. » Et pourtant, étant donné son caractère elle en était parfaitement capable, seulement ça l’épuisait et la philippine pensait sincèrement ses paroles.

Il était temps de passer à autre chose ou tout du moins d’essayer d’avancer. Elle ne pensait pas cela pour elle, mais pour lui. Avec un fort caractère comme le sien, Loan n’avait pas réellement eu de difficultés quant au fait d’aller de l’avant. Pourtant, quand elle y repensait, lorsqu’elle se risquait à penser aux derniers mois qui s’étaient écoulés, elle ne pouvait que remarquer combien sa vie avait pu être mouvementée, bien plus que ces vingt-cinq dernières années. Elijah y était pour beaucoup, tout comme le décès de sa mère et sa dépression. La philippine avait presque touché le fond ou, plus exactement, elle l’avait fait et elle avait continué de creuser jusqu’à parvenir à s’en sortir – sa capture en Afghanistan y était pour beaucoup. Loan savait que trop bien ce qu’était d’être au plus bas et elle n’avait pas la moindre envie qu’Enzo continu de s’en vouloir pour un fait qui appartenait au passé, quand bien même ils avaient pu souffrir l’un comme l’autre. « Je voudrais bien arrêter d'être comme ça. Je voudrais bien arrêter de m'en vouloir et passer à autre chose. Sauf que je sais pas, t'es pas une histoire d'amour parmi tant d'autre. Tu comprends ? » La jeune femme tenta d’avaler correctement sa salive, mais sa gorge était si nouée qu’elle manqua de s’étouffer. Ça lui faisait toujours aussi mal finalement. Elle avait imaginé leur futur à tous les deux, elle l’avait sincèrement aimé, elle avait été bien avec lui mais elle avait un tant soit peu tourner la page. Entendre Enzo prononcer ces paroles lui donnait la désagréable sensation d’être ramenée de force dans un passé douloureux. « J'ai l'impression que cette culpabilité que j'ai en moi ne s'en ira jamais. Je sais même pas pourquoi je suis là à me plaindre auprès de toi alors que ça ne devrait pas être moi. Après tout, c'est pas de ta faute à toi si tout s'est écroulé mais uniquement de la mienne. C'est pas toi qui m'a énormément fait souffrir et blesser. » Loan baissa les yeux. Nerveusement, elle se mit à mordre sa lèvre inférieure, une tentative de faire taire la pointe de douleur qui commençait à lui lacérer le cœur comme par le passé. « Excuse-moi... » Aussi rapidement qu’elle avait baissé les yeux, la philippine les reposa sur Enzo, sans un mot. « Je sais que c'est trop tard pour le dire, que m'excuser n'effacera rien mais... » La jeune femme fit entrer une grande quantité d’air dans ses poumons qu’elle gonfla à bloc avant d’expirer lentement. Un léger sourire parvint à étirer tout doucement le coin de ses lèvres et, sans mot dire, elle se leva du lit et alla s’asseoir sur les genoux de l’italien, accrochant son regard à celui d’Enzo tout juste avant qu’il ne reprenne la parole. « Rassure-moi, tu ne me pardonnes pas à cause de cette histoire de paralysie hein ? ... Je supporterais vraiment pas que tu reviennes vers moi par pitié ... Et tu sais pas à quel point ça fait du bien de te retrouver Loan. Tu m'as manqué. Réellement. » Cette fois, un léger rire lui échappa avant qu’elle ne reprenne son sérieux. Pour tout début de réponse, elle secoua la tête de droite à gauche, son sourire toujours présent. « La pitié ce n’est pas réellement mon truc, alors ne t’inquiète ça n’a rien à voir avec ta paralysie. Et tu m’as manqué aussi, d’ailleurs tu devrais garder ces paroles dans un coin de ta tête parce que tu n’es pas prêt de m’entendre l’avouer de nouveau. » Question de fierté, manqua-t-elle de terminer, mais elle ravala ces paroles, l’italien la connaissait bien assez pour savoir qu’elle était toujours aussi fière et qu’elle prenait toujours sur elle pour déballer ce qu’elle ressentait réellement. « Bon … on le prend ce taxi ou tu préfères rester dans cette chambre sinistre et sans âme ? » Demanda-t-elle en se redressant enfin, bras croisés contre sa poitrine et regard toujours posé sur le jeune homme.