« J’EN AI MARRE » criais-je alors que je venais une nouvelle fois de filer mon collant. Ce n’était que le vingtième de la semaine ! Tout mon fric partait dans ces trucs immettables ! Bordel, j’avais la rage, j’en avais mais vraiment marre de la courgette ! Le pire dans toute cette histoire est que je ne pouvais pas m’en passer sinon je me gelais le nœud de la petite culotte tellement il faisait froid sur le trottoir. Non cela ne pouvait plus continuer comme ça, je ne reprendrais pas mon service sans la promesse de pouvoir porter un tailleur pantalon ! Foi de Blodwyn, ça allait saigner s’il me regardait avec son air de séducteur à deux balles. J’allais le lui faire ravaler ou non mieux, j’allais lui faire bouffer mon collant ou le forcer à en mettre un. Bien sûr, je pouvais aussi me faire virer mais je m’en fichais. Je n’étais pas du genre à dire Amen quand quelque chose ne me plaisait pas –ce qui m’avait valu un nombre incalculable de renvoi et un blâme également sur mon dossier scolaire. Peu importe ! Moi, on me prenait tel que j’étais ou on ne me prenait pas. Mouais, à bien y réfléchir, y a pas grand monde qui me prenait tout court voire carrément personne. En fait, il n’y avait PERSONNE ! J’étais désespérément toute seule. Une vraie Bridget Jones, la loose des bombes sexuelles. Oui, j’avais décidé que j’étais une bombe sexuelle ! La TNT de la nana même. La Porsche des femmes bref la top du top. C’était mieux de penser comme ça que de partir défaitiste dans la vie. Or, j’étais une battante, une winneuse sauf au lit même si je savais faire le grand écart comme une chef. Je m’égarais à nouveau.

Roulant en boule le collant foutu, je le serrais dans mes poings et je me dirigeais comme une furie en direction du bureau du patron. Pieds nus, décoiffée à force de me débattre avec le collant, la chemise à moitié boutonnée, j’étais l’image même d’une furie, d’une sauvage prête à en découdre. « BOSS ! » criais-je en arrivant dans le couloir. Je savais qu’il était là pour l’avoir vu passer comme chaque soir avant ma prise de fonction. Le club n’ouvrait que dans une quarantaine de minutes alors j’avais encore le temps de le convaincre ou de le séquestrer jusqu’à sa reddition. « Il faut qu’on parle ! » entrais-je dans le vif du sujet en pénétrant dans son bureau sans frapper sans rien. J’étais trop en colère pour les bonnes manières de toute de façon et puis je n’étais pas un modèle de douceur non plus. « J’en ai marre, j’exige un tailleur pantalon ! J’en ai ma claque de ces foutus collants qui sont immettable ou encore de me les geler sur le trottoir. Que les filles ici mettent des jupes, je m’en bats les carottes mais moi, je suis dehors alors j’exige d’être en pantalon comme Neven ! Vous avez déjà essayé de mettre un collant ??? » Grognais-je tout en lui balançant le bout de tissu fragile à la tête. « Et j’accepterai pas de réponse négative sinon je vous le fais bouffer par les trous de nez ! »

« Si tu es venu ici dans cette tenue dans le but de me séduire pour avoir une augmentation, j’suis désolé mais… j’suis au regret de t’annoncer que j’suis en couple ! » Je clignais des mots à ces mots. Il était con où il le faisait exprès ?? C’était quoi cette histoire d’augmentation ? Et puis qu’est-ce qu’elle avait ma tenue ? Rapide retour en arrière : j’enlève mon jean et mon pull, je mets rapidement ma chemise blanche que je boutonne à moitié puis je tente de mettre ces foutus collants à la con qui se sont encore filés ! MERDE, j’étais en petite culotte devant mon patron !! Le stress montant, je me mordillais par réflexe la lèvre inférieure tout en me dandinant d’un pied sur l’autre, un peu embarrassée de m’afficher ainsi mais la colère me monta rapidement au nez quand je me fis renvoyer comme une moins que rien de son bureau. Minute papillon, il ne m’écoutait pas et en prime, il m’envoyait bouler ? « Pardon ?? Vous me prenez pour une pute ou quoi ? Ne prenez pas vos rêves pour des réalités boss sinon, je vous carre autre chose profondément dans votre petit cul ! » Contre-attaquais-je finement énervée pour le coup. Ok mon discours n’était pas des plus polis ni des plus féminins mais il m’avait cherché comme si je pouvais être attiré par ce beau spécimen avec ce sourire niais mais terriblement séduisant ? Bon j’admettais que mon boss était bien foutu mais ce n’était rien comparé au petit cul de mon Jayden. Rien que de penser à lui, je me sentis nerveuse comme à chaque fois depuis ma conversation avec Trevor. Moi amoureuse de Jayden ? C’était impensable mais je devais être honnête avec moi-même. Sexy dreamer et Jayden ne faisaient qu’un pour mon plus grand malheur car j’allais devoir jouer les meilleures amies alors que je rêvais de le violer à chacune de nos rencontres. « Vous êtes peut-être occupé mais faut qu’on cause quand même alors vous vous toucherez après en imaginant un truc bien salace sur votre copine mais je veux que vous m’écoutiez avant ! » lui dis-je d’un ton mordant et froid ce qui arrivait lorsque j’étais en colère. « Je veux non j’exige un pantalon ! Je me les caille dehors et je ne vois pas pourquoi Neven peut être en pantalon et moi en jupe. Je ne suis pas une hôtesse, je suis videuse alors j’exige un tailleur pantalon sinon je laisse entrer toutes vos ex-conquêtes et croyez-moi, elles sont faciles à reconnaitre : bien foutues mais avec le QI d’une huître ! » Lui annonçais-je avant de le regarder avec un petit sourire qui me donnait l’air rebelle et forte. Bien sûr, à lui parler ainsi je risquais le renvoi mais qu’avais-je à perdre ? Pas grand-chose !

Il se fichait de moi et ne m’écoutait pas si bien que je sentais l’énervement grimper de degré en degré qu’à la fin, je me fis l’image d’une cocotte-minute sur le point d’exploser. Comme je me retenais de ne pas lui écraser la tête contre son bureau et de le castrer !! Ce type était aussi énervant que sexy à savoir un véritable casse moule marinière en puissance et s’il me prenait pour une gentille femme sans défense, il allait bien vite déchanter car si je pouvais casser le nez d’un petit-ami sans faire exprès, imaginez ce qui se passait quand je le désirais. Oui, rien que de l’imaginer eunuque me fit un bien fou et me permit de garder un calme somme tout relatif. « Pitié, si vous croyez que personne ne sait que vous êtes en couple, c’est que vous êtes soit stupide soit aveugle ! Y a des pisseuses qui n’arrêtent pas de pleurer tout en bavant sur vous, c’est complétement pathétique » lui expliquais-je ayant que très d’atome crochu avec les hystériques qui composaient le tableau de chasse de mon patron. J’espérais sincèrement que sa petite-amie avait un peu plus de QI que mon ancien hamster. Le pauvre, il ne savait même pas faire de roue. Au moins, mon petit chaton était un peu plus intelligent. Nala, ma merveille que m’avait offert Jayden pour mon anniversaire dernier. Je l’adorais surtout quand il venait se blottir sur moi pour dormir. Je parle du chat pas de Jay bien que ce dernier serait chaudement accueillit s’il lui prenait l’envie de me considérer comme un bol de lait mais ne nous égarons pas. Oui, revenons à sexy casse-couille patron qui daignait enfin m’écouter. « D’accord. Tu peux te mettre en pantalon » et je restais comme une conne, plantée au milieu de son bureau, les yeux écarquillés, prête à me défendre et à balancer tous les arguments du plus intelligent au plus con mais là, il m’avait carrément coupé l’herbe sous le pied style un jardin français. « Pardon ? C’est.. d’accord ? » Demandais-je à la fois étonnée et sceptique puis je fronçais les sourcils. Ça ne sentait pas bon, il se rendait trop facilement. « C’est quoi l’arnaque ?? » l’interrogeais-je de plus en plus méfiante car avec lui, fallait s’attendre à tout et surtout au pire. Depuis que je bossais pour lui, c’était simple, je râlais quatre fois plus si bien qu’une fois même Summer ma meilleure amie m’avait dit que je parlais plus qu’elle. Ce jour-là, j’avais compris que cet homme aurait ma mort sur sa conscience. « Et me dites pas qu’il y en a pas, je vous connais, vous êtes aussi fourbe que la mère Cruella dans les 101 dalmatiens ! » lui lançais-je en plissant des yeux. Mes références cinématographiques ? Quasi nulle à part les Disney, on fait avec ce qu’on peut !

Ce type était taré. Il était tout simplement taré et je bossais pour lui. Clignant des yeux, je le regardais comme une poule regarderait un couteau à savoir avec étonnement, incrédulité et incompréhension. Dire que je bossais pour énergumène pareil. « Dites... On ne vous aurait pas bercé trop près d’un mur quand vous étiez petit ? » Lui demandais-je sur le ton d’une fille qui est encore sous le choc de la connerie de son patron, loin d’elle l’idée de porter un pantalon, tant elle était estomaquée. Néanmoins William avait décidé de me taper sur les nerfs et je dus me faire violence pour ne pas lui prouver par A+B qu’une fille, ça ne se met pas que dans un lit ou dans une cuisine. Crétin, macho et casse-moule ! Voilà ce qu’il était et voilà pourquoi, je risquais un procès pour agression gratuite sur un supérieur s’il continuait ses conneries. « Ecoute… tu es une jolie fille. Traite moi de macho, de sexiste ou de ce que tu veux mais la vérité que 70% des clients ont envie d’entré dans le Dream parce qu’à l’entrée il y a tes jolies jambes. Si tu mets des pantalons j’vais perdre des clients, j’vais faire faillite et toi t’aura plus de jobs ! C’est c’qu’tu veux ? Et puis ce n’est pas si dur que ça de mettre des collants. Non ? » Ok. Il avait décidé de souffrir mais autant j’allais lui mettre la raclée de sa vie pour lui démontrer que je n’étais pas qu’une paire de jambe bien que sur le moment, j’avais rougit à l’idée que des hommes puissent me trouver désirable, autant je fus stoppée nette par une idée. Une brillante idée même. Que dis-je une génialissime idée. « Si c’est si facile que ça, mettez-le puisque vous êtes si fort. Allez-y j’attends ! Alors ?? Vous voulez peut-être une démonstration ? Mais non, ce serait insulter votre intelligence masculine. Si vous échouez, j’aurais le droit quand la température est vraiment trop basse d’avoir un pantalon.. Je veux bien qu’il soit en cuir comme ça, ça les excitera quand même vos clients pervers » bougonnais-je mais l’idée de m’exhiber dans un pantalon en cuir devant Jayden était une idée des plus séduisantes. Après tout, il était naturel que je montre mon uniforme à mon meilleur ami pour avoir son opinion. Un petit sourire coquin étira mes lèvres à cette perspective avant que je n’arque un sourcil, bras croisés sur ma poitrine, attendant visiblement que mon patron se décide à répondre au pari.

Franchement, il était ridicule ! Non mais regardez-le à essayer d’enfiler le collant sans même savoir par où commencer. Alors, on faisait moins le fier hein ?! Je jubilais totalement, les bras croisées sur ma poitrine, attendant que monsieur trouve le mode d’emploi tout seul mais je commençais à en douter. N’empêche, je regrettais de ne pouvoir le prendre en photo car j’étais certaine que Willara allait adorer cette anecdote. Qui était Willara ? Simplement la sœur de mon cher et tendre patron et comment dire : notre sport national, notre première occupation dans la vie était justement de lui casser du sucre sur le dos. Gentiment mais surement. Autant dire que l’épisode du collant allait pouvoir nous occuper des jours et des jours. Ce serait même un collector ! Arf n’empêche, peut-être pourrais-je me glisser hors de son bureau pour courir chercher mon téléphone portable car rien que sa tête c’était une pure merveille. N’empêche, il me fallait tout mon self contrôle pour ne pas éclater de rire face à ce spectacle des plus pathétiques. Ah oui, il faisait moins le fier à tourner et retourner le collant dans tous les sens. « Euh… J’mets les pieds où ? » sauf que là, je ne pouvais plus me retenir et j’éclatais de rire à me tenir le ventre tant cela me faisait mal. Mon dieu, c’était trop bon. Jamais Willara n’allait me croire sans photo mais pas grave, je prenais le risque ! « Premièrement, ce n'est pas en le retournant dans tous les sens que vous allez y arriver ! » commençais-je à lui expliquer en contournant son bureau pour m’approcher de lui et lui prendre le collant des mains. Oui, je me tenais devant mon patron alors qu'il était en caleçon et que je n’étais pas plus habillée mais je m’en fichais car je voulais remporter mon défi. J’allais même le remporter puisqu’il m’avait demandé de l’aide mais ça, j’allais le garder pour la fin. Puis, je me rendis compte de la position où nous étions et surtout de nos tenues respectives, merde j'étais à moitié à poil devant mon patron et il était dans le même état que moi. Je priais donc pour que personne n'entre dans ce bureau d'ici la prochaine demi-heure. « Déjà, la technique c’est qu’il faut rouler une jambe, la comme ça » continuais-je tout en joignant le geste à la parole, reprenant une certaine contenance. « Puis, vous glissez votre pied comme dans une chaussette et vous faite de même avec l’autre. Allez-y essayez ! » Lui ordonnais-je presque en défaisant ce que j’avais fait et en lui redonnant le collant. Allait-il réussir ? Quoiqu’il en soit, aussi discrètement que possible, je repérais son téléphone portable sur le bureau. Merde, c’était trop tentant que de prendre la photo et de l’envoyer à sa sœur. Allais-je résister ou pas ? Telle était la question !

« Ok tu peux mettre un pantalon en cuir » et je me retins de sauter de joie. J’avais réussi, j’avais gagné, j’étais la meilleure, je l’avais mis à mes pieds ! William 0 – Blodwyn 1. Quand Lara allait apprendre que j’avais enfin réussi à obtenir mon pantalon parce que j’avais parié sur un collant, elle n’allait jamais me croire mais comment dire, j’étais une vilaine fille. Une très vilaine fille pensais-je même tandis que je reposais discrètement le téléphone que j’avais subtilisé pour prendre une photo et me l’envoyer sur mon portable (merci de vivre en collocation avec une voleuse professionnelle qui m’avait enseigné deux trois trucs) mais sur le coup, j’avais fait moins la maligne. Un simple coup d’œil de sa part et j’aurais été grillée sur le champ. Mais, tellement absorbé par son opération collant, William n’avait rien vu et j’avais même eu le temps d’effacer toute trace de mon délit –oui, il avait été énormément absorbé. « Merci patron !! » m’exclamais-je, fière de moi avant de me mordiller la lèvre lorsque notre situation nous frappa. « Je file, je file ! » souriais-je malicieusement avant de trottiner jusqu’à la porte de son bureau. « Au fait, pour information, vous êtes plus doué que moi pour mettre un collant. Personnellement, j’arrive à faire des accros sur les deux jambes » rigolais-je avant de quitter le bureau. Bien sûr, je n’allais quand même pas lui dire que comme j’avais déjà essayé de le mettre au préalable, le collant était déjà filé à la base mais bon, comme je l’avais dit précédemment, j’étais une vilaine fille. Amusée par le cours de mes pensées, je terminais donc de me préparer pour faire mon boulot, regardant fièrement la jupe. « Toi, tu vas bientôt finir au placard ma vieille, profites bien de ta soirée car c’est la dernière » Ahhh cette soirée était magique ! Attrapant mon portable, je ne pus qu’éclater de rire, toute seule dans le vestiaire en voyant la photo que j’avais faite. Je la gardais sous le coude et si un jour, William me mettait en rogne –chose qui se produisait fréquemment ; cette photo irait tout droit sur le téléphone portable de sa sœur et il n’aurait pas fini d’en entendre parler. « Allez, au boulot ma vieille ! Tu as des clients à vider » me parlais-je toute seule tandis que des serveuses entraient pour se changer. Je les saluais rapidement n’ayant plus vraiment le temps de faire un brin de causette puis, je rejoignis Neven dehors. « J’ai mon pantalon !! » m’exclamais-je, heureuse de pouvoir partager cette information avec mon collègue.

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