Assise sur le canapé, je regardais Joshua d'un regard plutôt assassin. Depuis que j'étais tombée enceinte, tout s'enchaînait à une vitesse phénoménale ! Les rendez-vous chez le gynéco se multipliaient et, à chaque fois, j'embarquais l'africain avec moi. Il était tout bonnement hors de question que j'y aille seule. J'avais déjà peur de ce que ce vieux bonhomme en chemise blanche pouvait me dire ! Apprendre qu'il y en avait quatre m'avait achevé mais apprendre que je pouvais perdre la vie en les mettant au monde ou qu'eux pouvait mourir avant de naître était sûrement pire ! Je ne savais vraiment pas à combien de drames familiaux j'allais encore devoir faire face ! Ce n'était pas possible, le bon dieu devait se déchaîner contre moi. Je devais lui avoir fait quelque chose en venant au monde pour qu'il se tourne ainsi contre moi. « Tu ne regrettes pas ta décision Ella ? » Regardant le jeune africain, je croisa les bras au niveau de ma poitrine et le toisa à moitié. Comment ça pouvait-il douter de mon choix ? Il était hors de question que je tue deux embryons pour tenter d'en sauver deux autres ! Le médecin m'avait proposé de réduire de moitié les embryons mais j'avais tout bonnement refusé. S'ils devaient décédé avant le terme, ils partiraient d'eux même, je n'allais pas les forcer à sortir. J'avais déjà 'tué' deux enfants, je n'allais pas continuer sur cette voix. « Non, rien de rien, non je ne regrette » entonnais-je après avoir pris une bonne grosse bouffée d'air. Je ne regrettais pas ma décision, en aucun cas. Pour une fois, je ne voulais pas provoquer le destin et surtout, un nouveau désastre familial ! Il y avait déjà assez de péripéties dans la famille pour que j'en ajoute de nouvelles. Entendant mon portable sonner au loin, je grogna légèrement et dis « Gnarf, je répondrais plus tard, laisse tomber ça doit pas être urgent » Ou pas puisqu'il s'agissait de Théo que je devais retrouver à la mairie dans quelques heures. Non, je n'avais pas oublié sa demande mais je devais admettre que j'hésitais un petit peu à signer ces papiers. Notre famille était maudite, elle devait s'enfuir aussi vite que possible. J'avais tenté de lui dire qu'elle ne savait pas dans quoi elle s'embarquait mais la brunette avait décidé de continuer ses démarches et j'avais décidé de jouer la grande sœur. Tout le monde avait foutu le camp alors ces questions administratives, c'était pour bibi ! Me levant du fauteuil, je vis Joshua se lever sur mes pas. Lui faisant face, je dis « Reste où tu es, mets un film, un match de foot ou je ne sais pas quoi mais ne me suis pas s'il te plait » J'étais enceinte de deux mois et pourtant, mon ventre était déjà pas mal enflé. Pour tout dire, c'était comme si j'étais enceinte de quatre mois pour une personne enceinte d'un seul bébé. Pour le moment, les quadruplés grandissaient bien et avaient plus ou moins tous la même corpulence. Montant les marches qui séparaient les chambres du salon et de la cuisine, je me dirigea rapidement vers ma chambre où je laissa tomber mon pyjama de grand mère pour une tenue cool mais classe tout de même. Il était hors de question que je me trimbale vêtue comme un ogre en plein Manhattan. Je m'étais déjà la série entre parenthèse avec cette grossesse alors autant éviter de faire les premières pages dans une tenue fort peu alléchante.

Garant ma voiture le plus proche de la porte, je fis un sourire à ma petite sœur lorsqu'elle s'approcha de moi « Hey! J'espère que tu n'avais rien de prévu... désolée de t'ennuyer avec ça mais c'était le seul rendez-vous de libre cette semaine. » Non, je n'avais rien de prévu maintenant que j'étais en congé parental forcé. Je n'avais rien à faire de mes journées à part tourner les pages de mes magasines de mode et espérer que Joshua allait partir à la caserne pour pouvoir me balader en sous vêtements dans l'appartement. Je ne supportais plus les habits... Et dire que j'étais partie pour cinq mois de grossesse encore ! « Ne t'inquiète pas, j'étais plus que libre aujourd'hui » Puis demain aussi, et après demain aussi. Quand je voyais les pages de mon agenda vide, j'avais envie d'hurler et de pleurer mais pourtant, je me retenais. Ôtant ma veste, je posa mes fesses sur une chaise et regarda autour de moi. La prochaine fois que j'allais venir ici, ce serait peut être pour mon mariage ou la déclaration de naissance des quadruplés. Perdue dans mes pensées, je secoua légèrement la tête lorsque j'entendis Théo me parler « Tu n'aurais pas oublié de me dire quelque chose ? » Glissant mes yeux sur mon ventre, j'haussai légèrement les épaules. « Oh ça... » lançais-je, aussi simplement que possible. Je lui fis un demi sourire avant de dire « Mes parents me répétaient toujours qu'il en fat peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux et qu'il faut se satisfaire du nécessaire. Mais comme tu le vois, j'aime bien faire les choses en grand » Je posa une main sur mon ventre avant d'ajouter. « Je suis enceinte de deux mois et... Il y en a quatre ! Prête à devenir tata je l'espère ? T'es la première de la famille à le savoir, enfin deuxième vu qu'Indiana l'a vu par elle même. Je ne comptais rien dire avant d'avoir passé le cap des trois mois et puis comme Arizona n'est plus là, London est porté disparu, ça facilite la tâche. » lançais-je sarcastiquement. Le tableau familial que nous formions n'était vraiment pas beau à voir...

Je ne m'attendais pas à une grosse fête après avoir signé les papiers, bien au contraire. Je rentrerais chez moi fêter cela seule avec une bouteille de vin blanc tout en me relaxant dans un bain chaud, la meilleure façon de fêter quelque chose selon moi. Arizona était disparue de la circulation, Indianna était trop jeune pour boire - qu'elle le veuille ou non, j'allais prendre mon rôle de grande soeur à coeur et la surveiller - et les autres... et bien j'ignorais complètement ce qu'ils faisaient et ou ils étaient. Soit, il ne fallait pas compter sur un repas de famille pour célébrer le fait que dans une heure, je porterais moi aussi le nom que j'étais supposée avoir depuis le jour ou j'avais vu le jour. J'ennuyais déjà Cheyenne pour qu'elle signe les papiers, je n'allais pas en plus de cela insister pour qu'elle passe sa soirée avec moi, j’imaginais que sa vie était bien remplie. une fois qu'elle m'eut rejoint, on montait toutes les deux à l'étage qu'on nous avait indiquer. « Ne t'inquiète pas, j'étais plus que libre aujourd'hui » Je lui adressais un sourire sincère, me demandant si finalement je n'aurais pas fait mieux fait de lui proposé la petite fête justement. J'eus vite fait la confirmation qu'elle était bien occupée en découvrant son ventre légèrement difforme et qui était presque inquiétant puisqu'il n'était pas d'une rondeur parfaite comme la plupart des femmes enceinte. Je m'abstenais pourtant de commentaires à ce sujet - autant éviter de me faire descendre sur place - et je me contentais de tenter de la faire parler à ce sujet. « Oh ça... » Ouvrant grand les yeux, je me demandais comment elle pouvait prendre "ça" à la légère comme elle semblait le faire. « Mes parents me répétaient toujours qu'il en fat peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux et qu'il faut se satisfaire du nécessaire. Mais comme tu le vois, j'aime bien faire les choses en grand » Je ne pus m'empêcher de sourire en l'entendant fredonner une chanson de disney que je ne connaissais que trop bien - oui j'étais fan et j'assumais parfaitement - mais toujours aussi étonnée qu'elle puisse prendre la nouvelle aussi simplement. Enfin, j'imaginais qu'elle avait eut un certain temps pour s'habituer à l'idée vu la taille de son ventre. « Je suis enceinte de deux mois et... Il y en a quatre ! Prête à devenir tata je l'espère ? T'es la première de la famille à le savoir, enfin deuxième vu qu'Indiana l'a vu par elle même. Je ne comptais rien dire avant d'avoir passé le cap des trois mois et puis comme Arizona n'est plus là, London est porté disparu, ça facilite la tâche. » Cette fois-ci, j'eus l'impression que ms yeux allaient carrément sortir de leurs orbites. Des quadruplés... c'était pas le genre d'événement qu'on en voyait qu'à la télévision tant c'était rare? « QUATRE? Waouh ! Félicitations! Et désolée je pensais que tu n'avais pas pensé à me prévenir mais maintenant je comprends. » Attendre trois mois était la chose la plus logique à faire même lorsqu'il n'y en avait qu'un alors quatre, j'imaginais que cette grossesse était à risque et qu'elle ne rêvait pas de voir tout le monde la regardé avec pitié si par malheur elle venait à les perdre. Et dire qu'Arizona n'avait pas réussit à en garder deux... je déglutis péniblement en reportant mon attention sur son ventre. « Plus que prête! Au moins des petits êtres qui m'auront connus dés le premier jour. Tu peux compter sur moi. » Je serrais sa main, prête à la soutenir pendant et après cette grossesse quoi qu'il advienne. En dehors de l'inquiétude pour ma soeur, l'idée que la famille s'agrandisse m'enchantait, ces bébés ne verraient pas en moi une pièce rapportée mais une tante à part entière ce qui avait le don de me donner le sourire. « Comment tu te sens?. » demandais-je finalement. J'allais devoir attendre notre sortir pour sa réponse puisqu'une dame venait de nous appeler. Je m'attendais à quelque chose de plus poussé, avec des questions précises qui leur permettraient ou non de m'accorder le nom de Ioannis, mais il faut croire que le dossier que je leur avais rendu était suffisant puisqu'ils nous demandaient simplement de signer. « Sachez qu'une enquête a été ouverte dans l'hôpital ou l'on vous a donné naissance afin de mettre cette histoire au clair. » Cette dame pensait bien faire, pourtant je sentais mon corps au complet pris soudainement de tremblements à l'idée d'avoir mis ma tante dans une sale position en faisant cette demande. Pour ne pas paraître trop suspecte, je lui adressais un signe entendu et quittait la pièce au plus vite lorsqu'elle nous y autorisait. En une phrase, cette femme venait de briser toute la joie que je m'étais préparée à ressentir en sortant de cette pièce. Au lieu de cela, seule ma tante me venait à l'esprit alors que j'essayais tant bien que mal de la chasser pour reprendre mon calme.

« QUATRE? Waouh ! Félicitations! Et désolée je pensais que tu n'avais pas pensé à me prévenir mais maintenant je comprends. » Souriant légèrement, j'haussais les épaules. Non, je n'avais pas oublié de la prévenir, c'était juste que je ne voulais pas le dire à tout le monde pour le moment. On ne savait pas ce qui pouvait se passer en quelques heures alors autant éviter d'ébruiter la nouvelle puis d'apprendre à toute la famille que j'avais fais une fausse couche. Réagir comme cela était totalement fou mais avec tout ce que j'avais vécu en matière de bébé, je préférais prendre les devants. J'avais déjà fais une fausse couche, j'avais avorté il y a huit ans de cela et mon utérus était plutôt hostile, enfin avant cette grossesse. L'annonce avait été totalement folle ; j'avais été sur le point d'éclater la tête du médecin mais Joshua m'avait dissuadé du regard. Mais qu'est-ce que j'allais faire de quatre enfants ? Cela ferait quatre fois plus de couches, de biberons, d'habits mais surtout quatre fois de temps en moins pour dormir. J'allais mourir de fatigue, c'était clair et net. J'avais vraiment peur de tout cela mais il fallait que je reste forte. Je devais être forte pour les bébés – puisque la moindre baisse de moral pouvait être préjudiciable pour les quadruplés – pour Joshua qui balisait à chaque fois qu'il me voyait quitter le domicile 'conjugale' mais aussi pour Indiana qui avait tellement peur de me voir mourir en mettant les enfants au monde. J'avais une telle pression que les épaules qu'être avec Théodora était sûrement le moment le plus reposant de ma semaine et pourtant... Je savais que je pouvais compter sur elle – comme sur tout le monde – mais j'aimais bien faire les choses par moi même. C'était ça, être une Ioannis aussi, savoir se débrouiller quoi qu'il arrive. Mes parents m'avaient toujours appris à tout gérer et c'était grâce à cela que j'étais une actrice plutôt connue, mais que j'avais surtout réussi ma vie à New York alors que j'avais débarqué seule, il y a onze ans. « Plus que prête! Au moins des petits êtres qui m'auront connus dés le premier jour. Tu peux compter sur moi. » Un léger sourire se dessina sur mes lèvres. C'est vrai que mes enfants allaient être les premiers que la jeune femme allait connaître dès leur naissance mais aussi – voire surtout – en tant que tantes ! Cela me réjouissait d'avance à vrai dire. Arizona avait foutu le camp je ne sais où mais il y aurait toujours Théo, Indiana, Thom, London et Toscane. J'étais sûre que la jumelle de Théo allait rappliquer dès que ses neveux et nièces allaient pointer le bout de leur nez. C'était ça, être une famille. « Ils te connaîtront directement en tant que tata. Ils sont spéciaux mes loulous, ils auront la famille au complet rien que pour eux. Ça me fait plaisir, vraiment » Elle ne pouvait même pas s'imaginer comment... Autant au début j'avais longuement été réticente à cette idée qu'elle porte le même nom que nous puisque, à part le sang, nous n'avions rien en commun, mais j'avais fini par accepter ce nouveau membre de la famille. J'avais fini par l'accepter dans ma vie même si les début n'avaient pas été des plus glorieux. Je me souvenais encore de l'avoir enquiquiné parce qu'elle ne m'avait pas dis avoir vu ma jumelle. Les hormones devaient me rendre mielleuse ou bien, je grandissais et mûrissais encore maintenant. Ce n'était pas une mauvaise chose, loin de là même. « Comment tu te sens? » Lui souriant, j'ouvris la bouche lorsque j'entendis son nom au loin. Me levant, nous nous dirigeâmes vers une petite salle où je devais certifier sur l'honneur que cette brunette était belle et bien ma soeurette. C'était tellement étrange et pourtant, mes mots sortaient tous seuls. C'était naturel, bien plus que je ne l'aurais pensé. « Sachez qu'une enquête a été ouverte dans l'hôpital ou l'on vous a donné naissance afin de mettre cette histoire au clair. » Regardant Théo, je lui pris rapidement la main pour lui montrer que j'étais là. Elle n'avait sûrement pas pensé à cette optique, à ce revers de la question. J'espérais juste qu'elle avait eu le temps de prévenir son frère pour qu'il ne soit pas surpris de tout ce remue-ménage autour de lui. Sortant de la salle, nous nous dirigeâmes rapidement dans l'ascenseur et une fois dedans, je dis « Ca va ? Tu en avais parlé à ton frère de ton envie de changer de nom et de l'histoire avec ta tante ? » J'essayais de brasser le sujet rapidement pour savoir où je m'étais les pieds. Il n'y avait plus qu'à espérer que je ne mettrais pas tout en l'air. Lorsque les portes s'ouvrirent, un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Il y avait un café juste à côté et je le montras de la tête à la jolie brunette. « Ca te tente de boire un coup et qu'on discute ? Bon, je ne pourrais pas boire de champagne ni de caféine mais tout de même, ça peut être sympa » Et c'était une façon comme une autre d'avoir une petite discussion entre fille. Je ne savais pas trop ce que cela allait donner mais bons. Me dirigeant vers le café, je lui souris et dis « Pour répondre à ta question de tout à l'heure, je me sens étonnement bien. Enfin, si on oublie l'envie de faire pipi toutes les cinq minutes ! » Je lui fis un léger sourire gêné avant de poser mon sac à main sur une table et de filer aux toilettes ! Je n'étais pas beaucoup enceinte, ils ne prenaient pas énormément de place mais bon sang, il fallait toujours qu'il y en ait un qui appuie sur ma vessie !

« Ils te connaîtront directement en tant que tata. Ils sont spéciaux mes loulous, ils auront la famille au complet rien que pour eux. Ça me fait plaisir, vraiment » Je lui adressais un sourire ravi. Cheyenne ne devait pas réalisé à quel point ça avait de l'importance pour moi de les connaître et qu'elle me laisse faire partie de leur vie, de la vie de cette famille. Finalement, nous étions entrée dans le bureau ou la déclaration ne durait que quelques minutes, deux papiers précieux à signer sur lesquels Cheyenne attestait notre lien. J'avais attendu ce moment, bassiner les oreilles d'Edwin sur le fait que j'allais officiellement faire partie de la famille et à présent, je regrettais d'avoir pensé à faire cette demande. Que j'ai ou non ce nom de famille, qu'est ce que cela pouvait bien changé? S'ils choisissaient de m'accepter ou me rejeter, ils le feraient tant avec Théodora Everdeen que Ioannis. Mais il avait fallu n'en faire qu'à ma tête, bien trop heureuse et enthousiasmé à l'idée de porter le nom qui était mien depuis toujours et maintenant, les Everdeen allait payé le prix fort. Je priais pour que ma tante puisse justifier son erreur auprès des enquêteurs mais savais parfaitement que c'était impossible. Qui allait croire qu'un bébé en pleine santé avait été malencontreusement confondu avec un bébé mourant alors qu'il s'agissait justement de sa soeur? Personne. Pas même Maxim. C'était à vrai dire mon petit frère qui m'inquiétait le plus, lui qui n'était toujours au courant de rien à moins que ma tante ne se soit chargée de lui dire quoi que ce soit, ce dont je doutais fortement. Je ne pouvais pas ruiner ce moment pour elle, après tout elle allait payer ses erreurs et je n'y étais pour rien, mais mon frère n'avait rien demandé à personne. « Ca va ? Tu en avais parlé à ton frère de ton envie de changer de nom et de l'histoire avec ta tante ? » A croire que mes angoisses se lisaient su mon visage. Affichant une légère moue, je me contentait de hocher négativement la tête, écoutant la proposition de Chey plutôt que de me lamenter sur mon sort - ou plutôt celui de Maxim. « Ca te tente de boire un coup et qu'on discute ? Bon, je ne pourrais pas boire de champagne ni de caféine mais tout de même, ça peut être sympa » En quelques secondes, je retrouvais le sourire mes si les crampes à l'estomac dues au stress n'allaient pas disparaître miraculeusement. « Avec plaisir ! Je vais te soutenir, hors de question d’être au champagne à cette heure et je ne suis pas fan du café. » A vrai dire, je n'en buvais jamais sauf lorsque je me retrouvais au starbucks et que celui-ci était préparé avec beaucoup de lait, de la crème fraîche et du caramel. « Pour répondre à ta question de tout à l'heure, je me sens étonnement bien. Enfin, si on oublie l'envie de faire pipi toutes les cinq minutes ! » Je lui adressais un nouveau sourire, heureuse qu'elle ne souffre pas encore de cette grossesse qui s'annonçait difficile. Je n'avais aucun diplôme en médecine, mais il était assez facile d'imaginer la difficulté que cela représentait de porte 4 enfants - sans compter de les élever ensuite. Durant son absence, je pris mon téléphone pour composer le numéro de Maxime, persuadée qu'il ne décrocherait pas vu le décalage horaire. « Max c'est Théo. J'aimerais te parler d'un truc important, tu peux me rappeler? Ne regarde pas à l'heure, même en pleine nuit, mon portable est à côté de moi. Je t'aime. » Je raccrochais, relevant la tête pour découvrir Chey qui revenait vers moi. « Je n'ai encore rien commandé, je t'attendais. » annonçais-je, tout en faisant signe au serveur de venir prendre notre commande, ce qu'il fit immédiatement. « C'est génial si tout se passe bien pour le moment, j'espère que ça va durer. Tu as beaucoup de courage pour en porter 4, je pense que je n'aurais pas cette force... » Ô que non. J'avais déjà du mal à m’imaginer mère d'un enfant alors de quatre... d'un coup, non merci. « Tu as des recommandations particulières? Je suis désolée de t'avoir fait sortir si tu dois te reposer. » Elle n'était qu'en début de grossesse, certaine femme bossait jusqu'à l'accouchement mais ce n'était pas une grossesse banale non plus. J'imaginais ma sœur alitée jusqu'à la fin de celle-ci, ce qui risquait d'être d'un ennuie profond mais si c'était la chose à faire pour la santé des bébés et la sienne, il n'y avait pas de questions à se poser. « Le papa le prend bien? » Après tout, même s'il n'était pas celui qui devait les porter - et dans ce cas ci les supporter - durant neuf mois, c'était quand même un travail de fou qui l'attendait en fin de course.

En ce moment, la famille changeait et pas qu'un peu. J'attendais des quadruplés, nous n'avions toujours aucune nouvelle de ma jumelle et mon grand frère préféré ne donnait plus de signe de vie. Je me retrouvais donc à jongler entre le repos et toutes les affaires familiales. Il n'y avait plus que moi pour aider, épauler et attester de notre lien de famille avec Théodora. Un membre de plus dans la famille, comme si nous n'étions pas assez nombreux. Pendant que je vidais ma vessie, je pensais à tout cela. J'adorais Théodoroa, nous avions réussis à tisser des liens en temps record et dieu seul sait que ce n'était pas tous les jours faciles de me supporter. J'avais un sacré caractère et les hormones n'arrangeaient rien mais alors absolument rien. Retournant auprès de ma petite sœur, je lui souris. Tout ce qu'elle était entrain de vivre était fou. Elle avait fait des choix sans prévenir sa famille et je doutais que son petit frère allait accepter. Enfin, il faisait parti de la famille, lui aussi, même s'il n'avait aucun lien de sang avec nous. Je pourrais même lui proposer de venir rejoindre sa sœur mais je ne voulais pas trop m'immiscer dans la vie de ce jeune homme et dans celle de Théo. Nous étions proches mais pas à ce point non plus. « Je n'ai encore rien commandé, je t'attendais. » Je lui fis un large sourire et m'assis, épuisée comme si je venais de courir le marathon. Cette grossesse m'épuisait déjà et ce n'était que le début. Je n'étais enceinte que de deux mois et j'avais encore quatre à cinq mois à tirer. Le médecin avait été clair et net, il était tout bonnement impossible que je les garde neuf mois, il n'y aurait jamais assez de place pour tout le monde. Nous avions toutes une ossature fine dans la famille et une grossesse gémellaire était déjà difficile mais alors quatre bébés... Le médecin à Athènes avait ris en m'annonçant le résultat. J'étais aussi fertile que ma mère, c'était peu dire ! Commandant une menthe à l'eau, je souris à Théo lorsqu'elle avoue qu'elle n'aurait jamais la force de mettre quatre bébés au monde d'un coup. À vrai dire, je n'étais pas sûre d'y arriver mais maintenant qu'ils étaient là, je ne pouvais pas les abandonner. « Tu as des recommandations particulières? Je suis désolée de t'avoir fait sortir si tu dois te reposer. » Je lui souris et haussa les épaules. Rester toute la journée à la maison, merci mais non merci ! Je commençais déjà à tourner en rond et ce n'était pas bon signe pour moi. J'avais l'habitude de sortir tous les soirs, de faire la fête, boire et rentrer sur les genoux. Aujourd'hui, je me rendais compte que cette ville que j'avais tant chéri était loin derrière moi, bien loin derrière et cela ne me gênait pas tant que cela. Une vie de débauche n'était pas une vie, autant le dire. « Je dois me reposer, c'est tout. Mais je m'emmerde à un point si tu savais... C'est hallucinant comme il n'y a rien à la télé ! Et quand il y a un film potable, je joue dedans et franchement, ça ne me tente guère de regarder mes propres films, ça fait narcissique à un point... Du coup je sors un peu mais j'ai pas le droit de rester trop longtemps debout... Enfin, ne t'inquiète pas, tu n'as pas à être désolée. Je te remercie même de me faire sortir de mon appartement » Je lui fis un large sourire. C'était même plus que ça. J'étais enfin heureuse de quitter mes quatre murs. Il allait bientôt falloir déménager et j'avais déjà peur de ça. Comment allais-je réussir à faire les cartons ? Il faudrait peut être que remette ça à plus tard. Quatre lits dans la chambre d'Arizona, Indiana aurait toujours sa chambre et Joshua et moi la notre... Ce n'était pas une mauvaise idée mais nous allions bientôt être coincés tous les sept dans mon appartement de célibataire. « Le papa le prend bien? » Sortant de mes pensées, je fis les gros yeux et secoua légèrement la tête de haut en bas. Il le prenait bien, très bien, mais qu'est-ce qu'il était collant et prévenant... Je ne pouvais plus le supporter et je ne rêvais plus que d'une chose : qu'il reprenne le boulot à plein temps. C'était méchant mais bon, il me fatiguait plus qu'autre chose. « Très bien mais il est un peu... collant. Je peux pas lui en vouloir parce que je peux mourir avant de mettre les quadruplés au monde mais bon... Enfin, assez parler de moi ! Comment vas-tu ? Les amours ? Toujours personne à me présenter ? » Je lui fis un large sourire. Elle savait tout de nous mais, sur ce sujet du moins, je ne savais pas grand chose de la jolie brune...