La vie d’Ellyot avait connu un chamboulement le jour où il avait eu son accident de voiture, le jour où il avait percuté la voiture d’Artémis. Ils s’étaient tous les deux percutés alors qu’ils étaient dans leur pensée et maintenant ils culpabilisaient l’un et l’autre pour les blessures que l’une et l’autre tiraient de cet accident. Ellyot culpabilisait d'autant plus car il savait à quel point ils avaient pu être proches avant cet accident et il se demandait bien ce que deviendrait leur relation maintenant. Il avait tout d’abord passé plusieurs jours chez ses parents, car il était tout simplement incapable de s'occuper de lui avec les fractures qu'il avait tiré de l'accident c'est à dire un bras dans le plâtre car cassé de l'épaule jusqu'au poignet et de nombreuses entorses ailleurs qui le faisaient souffrir mais beaucoup moins que son bras. Une fois ses entorses un minimum guéries, il avait réintégré son appartement et avait donc repris sa liberté. Le contact de ses frères et sœur lui manquait mais il préférait le calme de son appartement et les voir uniquement lorsqu'il le voulait. Même si il avait acquis un peu d'autonomie, il ne pouvait pas encore être pleinement actif pendant ses stages à l'hôpital, en effet, un bras toujours plâtré, il se contentait d'assister au cours et d'assister au consultation. C'était déjà un début et il s'en contentait bien qu'il se disait profondément qu'il devait être maudit et que la médecine n'était peut être pas pour lui. Même s'il avait quelques sérieux doutes parfois sur ses études il ne voulait pas en faire d'autres, il voulait se donner toutes les chances de pouvoir guérir complètement sa petite sœur ce qui n'était pas encore gagné. Bref, il passait de son appartement à l'université et de l'université à l'hôpital depuis quelque temps et peu de gens venaient le voir tout simplement car peu de gens, Artémis était la seule à savoir même, où il habitait. Aussi surprenant que cela pouvait l'être, Ellyot entendit tout de même la sonnette dans son appartement où il était en train de réviser. Il se dirigea pour ouvrir la porte et fut surpris de voir Kennedy entrer comme une furie dans son appartement. Le jeune homme l'écouta avant de lui répondre, un sourire aux lèvres, pas du tout moqueur mais plus de gêne. Il avait des valeurs, du respect et il s'en voulait beaucoup d'avoir loupé ce repas avec son père mais il ne pouvait pas revenir en arrière et puis avec l'accident il avait tout de même une bonne excuse. En effet, même s'il avait enlevé son plâtre il y a maintenant une petite semaine, il ne sortait pas beaucoup plus, juste pour aller faire de la rééducation et ce n'était pas là qu'il allait la croiser. Mais il n'avait pas d'excuse il aurait pu la prévenir il le savait. « Je suis désolé Ken je n'ai pas d'excuses mais arrête de crier par pitier tu me files la migraine ! » Elle n’avait pas le choix, soit elle se calmait et ils tentaient d’avoir une discussion, soit elle se prenait une savate dans les fesses et finissait sur le palier. « Ah oui et ne parle pas si vite aussi, je n’ai pas beaucoup de temps, je dois aller chez le kiné mais quand même, pas besoin de parler aussi rapidement ! Bref, même si ça ne se voit pas, et que je n'ai pas d'excuses de ne pas t'avoir dit ce qu'il se passait, j'ai eu un accident, je sors juste de plus d'un mois de plâtre et j'ai maintenant de la rééducation... En plus j'ai du récupéré ce que j'ai loupé en cours alors que j'étais mal en point donc je n'ai pas eu le temps ! Mais je m'excuse encore une fois et j’appellerais ton père même si tu le veux pour qu'on programme une autre date. »

Ellyot préférait Ken à Kenny mais il faisait l’effort d’appeler la jeune femme comme elle le souhaitait c’est à dire Kenny… Sauf bien sur quand elle débarquait à l’improviste comme elle venait de le faire chez lui et qu’il était surpris et devait baboler quelque chose à toute vitesse pour tenter de la calmer. Manque de bol il l’avait appelé Ken en tentant de la calmer et ça allait faire l’effet inverse. Il faisait parfois décidément tout de travers… Et la demoiselle n’était pas de bonne humeur, elle était même d’une humeur massacrante ce qu’il détestait. Calmer les hormones des femmes n’était pas son truc alors il décida de la laisser crier autant qu’elle le souhaitait avant de la voir se diriger vers la porte prétextant qu’elle aurait mieux fait de pas venir et surement agacée qu’il ne lui réponde pas. Là il la rattrapa par le bras pour lui faire faire volte face et qu’elle se retrouve les yeux plongés dans les siens afin qu’il puisse enfin parler. « C’est bon tu as fini là ? T’es calmée ? Je peux m’exprimer ? » Son regard était dur, elle n’avait pas à se remettre à crier où il la laissait partir mais il n’aimait pas cette situation car il tenait à la petite demoiselle même si ils ne se connaissaient pas beaucoup et n’avait pas envie de s’engueuler avec elle, surtout pour si peu, même si elle n’avait pas tort, il n’avait pas à lui laisser apprendre qu’il était mort par les journaux, ce qui soit dit en passant n’était pour le moment pas le cas. « Je n’ai appelé personne, ni toi, ni mon meilleur ami, ni ma famille. L’hôpital a appelé ma famille mais c’est tout. Si moi je n’ai presque rien eu et que je suis bien loin d’être mort, la voiture que j’ai heurté est celle d’une amie et je n’avais ni l’envie de me venter de l’avoir paralysé, ni envie de me vanter que j’allais mieux alors qu’elle est toujours en fauteuil roulant ! » Et oui Artémis était son amie et il se voulait de lui faire subir cela, si Kennedy ne le comprenait pas alors ils n’étaient pas fait pour s’entendre et elle pouvait oublier son adresse. « Concernant le fait d’appeler ton père c’est juste pour m’excuser auprès de lui et qu’il ne te prenne pas la tête mais aussi qu’il ne me voit pas comme un sale gosse. J’ai des valeurs aussi tu sais, je ne fais pas que des conneries, et lorsque j’en fais je tente de les rattraper mais tu n’as pas l’air de vouloir l’entendre ! » Après cela il la lâcha avant d’ajouter un sourire aux lèvres car il avait pu parler sans qu’elle ne le coupe. « Maintenant que j’ai pu m’exprimer clairement tu as le droit de partir si tu veux, ou bien tu fermes la porte et on boit un verre pour supprimer tous ces mal-entendus ! »

Le beau brun venait de sortir à la jolie brune tout ce qu’il avait à lui dire. Il s’était expliqué ce qu’il n’avait pas fait avant alors qu’il aurait dû le faire pour ne pas envenimer les choses au point que Kennedy débarque chez lui comme une furie et veuille repartir sans l’écouter. Finalement, elle l’avait écouté et elle s’était calmée, s’était l’essentiel pour Ellyot qui tenait à cette petite bonne femme même si il ne lui avait jamais montré et surtout par ces dernières semaines où il avait été plus occupé à prendre soin de lui que des autres pour pouvoir retourner à l’école et à l’hôpital au plus vite… C’était égoïste certes mais il avait peut-être cette petite part d’égoïsme en lui et il fallait l’accepter. Au final, la demoiselle maintenant plus calme lui demandait s’il avait une bière. Le jeune étudiant en médecine ne put s’empêcher d’éclater de rire, cette nana là n’était vraiment pas comme les autres et c’était ce qu’il aimait beaucoup chez lui et ce qui l’aurait chagriné de ne plus lui parler. Malgré son rire, il alla jusqu’à son frigo pour sortir deux bières et les ouvrir. « T’es vraiment une nana pas comme toutes les nanas toi hein ! J’ai jamais vu une femme boire de la bière, d’habitude les filles n’aiment pas ça ! Je ne dis pas que t’es pas une fille hein ne le prend pas comme ça par pitié, je dis juste que j’aime cette différence ! » Il avait pu remarquer que Kenny était assez susceptible alors maintenant il prenait un peu des pincettes à chaque fois qu’il lui disait quelque chose autrement elle aurait bien pu lui balancer sa bière à la figure et partir en claquant la porte… C’était son genre dans l’image qu’Ellyot se faisait d’elle… « Pas de mensonge à ton père ! Je ne cautionne pas ça ! Même si je n’ai pas été l’irréprochable jeune homme qui veut se faire pardonner d’avoir sauvé sa fille après avoir failli l’écraser, en venant lorsqu’il m’avait invité, je veux être irréprochable dans mes excuses ! Et puis j’ai envie qu’il me réinvite moi dis donc ! » Ellyot ne perdait pas le nord mais en effet, il n’avait pas envie d’être mal catalogué et il avait envie de voyager un peu et puis cela lui permettrait de mieux connaitre la demoiselle qui deviendrait peut être une amie très proche grâce à ce possible voyage. « Enfin je l’appellerais sauf si toi tu préfères faire la sale gosse et mentir à ton papa chéri!!! D’ailleurs pourquoi tu ne veux pas que je l’appelle ? Tu ne veux pas qu’il me réinvite et qu’il croit que je suis ton petit ami ? La brunette aurait elle un petit chéri ? » Il la taquinait c’était tout pour apprendre à la connaitre, en effet, ils n’allaient pas parler sans cesse de cette fameuse fois où il avait failli l’écraser avant de lui sauver la vie, une fois, deux fois, ça pouvait passer mais trois fois c’était trop…

« Peur ? Peur de toi? Mais pour quoi ?» Ellot rigolait en disant ses mots mais il la taquinait, en rien il ne voulait la vexer, c’était aussi pour cela qu’il avait précisé dans sa phrase précédente qu’elle ne devait pas mal prendre ce qu’il disait. Il commençait à bien savoir que la demoiselle pouvait être susceptible lorsqu’elle s’y mettait et il n’avait pas envie de la froisser ou d’attirer ses foudres même si il n’en avait pas peur et qu’il saurait bien vite la calmer si elle s’excitait sur lui cela ne lui faisait aucun doute ! Il la laissa cependant avec son petit sourire fier comprenant qu’elle savourait le fait qu’il mette les formes pour s’adresser à elle ce qui lui donnait surement un peu d’importance vu que le brun n’était pas du genre à mettre les formes en temps normal. Sauf avec ses patients à l’hôpital bien sur. « Je ne t’ai rien caché du tout banane ! Arrête donc mais je ne dirais pas non à un petit voyage au Canada hein ! » Là il la taquinait encore plus, le Canada l’attirait mais il ne faisait pas ça que pour aller voir ce pays, il avait des valeurs et n’était pas de ce genre. « Non en fait j’ai juste envie de connaitre ton père pour mieux comprendre de qui tu tires ce sal caractère! » Ellyot se calma ensuite dans sa taquinerie lorsqu’elle lui avoua que son père lui avait interdit de venir le voir, il se demandait bien pourquoi ! Pour se faire désirer ? Pour que ce soit lui qui revienne pour lui montrer qu’elle comptait pour lui ? Il n’en savait rien c’est pourquoi il préféra lui demander directement. « Pourquoi il t’avait interdit ça? Je lui fais peur ? Ou c’est juste une excuse pour m’expliquer pourquoi tu n’es pas venue me voir avant ? » Le jeune future médecin avait une facilité pour retourner les choses à son avantage et c’était bien ce qu’il venait de faire. Mais ce nouveau pic, cette nouvelle petite attaque de Kennedy, elle, il ne savait pas comment la retourner sans la blesser. Non il n’était pas jaloux, il l’appréciait vraiment, il apprécierait de rencontrer son père, mais son cœur n’appartenait qu’à Sarabi qu’il aimait toujours depuis des années. Finalement il préféra être honnête. « Pas jaloux pour un sous ! En apprenant à me connaitre tu comprendras que je préfère les blondes et que j’ai déjà ma blonde ou ça ne saurait tarder ! Mais jaloux si Monsieur le chéri de ma petite Kenny a le droit d’aller rencontrer le cher papa et pas moi ! »

Si elle n’avait pas si mauvais caractère que cela ? C’était assez drôle comme question car pour Ellyot cette question ne se posait même pas. Il était tombé dans des situations ou peut être elle était obligée de montrer son caractère mais tout de même… Lui savait bien l’étendu de celui et oui pour lui cela ne faisait pas de doute, elle avait mauvais caractère ! Il s’approcha d’elle avant de relever sa tête en lui prenant le menton avec sa main pour qu’elle le regarde. Il affichait un petit sourire lorsqu’il finit par lui avouer. « Si toi tu n’as pas mauvais caractère je ne sais pas ce que c’est le mauvais caractère hein parce que je trouve le tien bien assez corsé ! Mais pour une fille c’est un compliment de savoir tenir tête, enfin pour ma part… » Oui Ellyot était peut-être un peu différent des autres mais il n’aimait pas les femmes au caractère trop facile, la preuve il n’avait pas choisi la facilité avec Sarabi, la demoiselle cachait bien son jeu mais elle avait aussi un sacré carafon ! « Ma grenouille !! » Le brun éclata de rire pour la taquiner, c’était mignon comme petit surnom mais si elle ne voulait pas déclencher son éclat de rire il ne fallait pas répéter ces deux derniers mots ! « Alors la grenouille dira à papa vilain crapaud qu’il ne faut pas juger si vite que parfois il y a une raison derrière tout cela ! » Ellyot jugeait rapidement les gens parfois mais il n’aimait pas qu’on fasse cela pour lui, et oui ce n’était pas un adepte de l’adage ‘ne pas faire ce qu’on ne veut pas qu’on nous fasse’ mais cela ne l’empêchait pas de vivre heureusement. La conversation s’embarqua ensuite sur un sujet glissant entre eux : les amours mais ils constatèrent surement avec surprise que tous les deux avaient trouvé chaussure à leur pied ce qui était une bonne chose. « Je ne connais meme pas cette Calliopé, Kennedy alors comment veux tu que je sorte avec elle ? Puis tu as quoi contre elle ? Au cas où je la croise, la rencontre un jour j’ai envie de savoir ! » La curiosité est un vilain défaut certes mais Ellyot s’en fichait pas mal elle était bien plus curieuse que lui à vouloir toujours tout savoir et cela l’amusait beaucoup. « Dylan n’est pas aussi presentable que moi à ton cher papa ? Où est ce que tu as été le chercher ? » Oui il était le gendre idéal mais malheureusement il ne pouvait pas se partager c’était bien ce qu’il voulait dire. Bien sur c’était de la rigolade il ne pensait pas cela du tout et il le fit comprendre à la jeune demoiselle pour qu’elle ne le croit pas sérieux et ne se mette pas à le brancher sur son manque de modestie !

Ellyot se fichait bien de froisser la brunette, depuis le début il ne savait faire que cela depuis qu’ils s’étaient rencontrés et c’était bien là la particularité de leur relation, mais pour le coup il n’avait vraiment pas voulu la froisser. Pour lui, le caractère était réellement une bonne chose, surtout pour une femme car de nos jours pour se faire une place dans la société, que l’on soit un homme mais surtout pour une femme, il faut du caractère et de l’envie et Kennedy avait tout cela. « Je suis sûr que je pourrais t’étonner face au papa grenouille ! Je ne me suis jamais dégonflé face à personne alors ce n’est surement pas devant papa grenouille que je vais le faire ! » Ellyot n’avait jamais réellement rencontré de beaux parents lorsqu’il était en couple mais il savait qu’il avait de l’aplomb, qu’il ne se laisserait pas aller à dire n’importe quoi et à perdre ses moyens. Bien sur, il n’avait pas manqué de rappeler à Kennedy qu’il avait bien enregistré le surnom que son père lui donnait et qu’il ne l’oublierait pas dans le futur. « un reproche chérie arrête donc! Ce n’est pas un reproche, pas pour un sous, je te demande juste une explication de pourquoi tu ne le présentes pas à ton père alors que tu étais prête à me montrer à ton cher papa alors que nous ne sommes pas en couple… Ca veut donc dire que je suis un minimum présentable mais que lui n’a pas l’air de l’être… Je ne fais que tirer la conclusion de tes paroles cocotte ! Mais non, rien d’étonnant, tu es jolie, souriante, chaque homme serait charmé par cela ! » Chaque homme faible tombait directement sous le charme d’un sourire et d’une belle bouille mais lui n’était pas le genre facile à charmer pas si facile en tout cas c’est bien ce qu’il voulait dire. « Sinon… Un conseil, pourquoi ne pas changer d’appartement ou de colocataire si vous vous détestez… Je dois dire que je ne comprends pas vraiment la logique mais c’est surement un truc de fille ! » Le jeune homme ne comprenait pas tout chez les femmes et il ne cherchait pas à tout comprendre car c’était impossible. « Bon allez ma petite Kenny, apprécie l’effort je déteste ce surnom, mais je dois filer alors fini vite ta bière et je te mets dehors… » Il n’aimait pas faire cela mais il avait un rendez vous dans quelques minutes et il ne pouvait le décaler, il se devait donc d’écourter ses retrouvailles avec Kennedy.