Si on m'avait dis que ma journée serait aussi prise et chaotique, je n'aurais cru personne. La journée avait commencé tellement banalement. Je m'étais levée en retard – comme à mon habitude – j'avais passé un temps infini dans le bain et en était sortie la peau toute fripée, telle une grand-mère. J'avais pris mon temps, profité du temps que j'avais devant moi, seule dans l'immense appartement que j'occupais avec Indiana. Depuis quelques temps, j'arrivais enfin à dormir convenablement et je n'étais plus sur le point de m'écrouler toute la journée. Ce n'était pas tous les jours faciles puisque j'avais toujours du mal à me faire à la disparition d'Arizona et à la mort des jumeaux mais je n'avais pas le choix. Ma petite sœur était là pour moi, Joshua était là pour moi et je devais dire que sans eux, j'aurais bien eu du mal à garder le cap mais surtout garder en tête quel était mon but. J'avais une série à tourner, j'avais un salaire à encaisse tous les mois et deux bouches à nourrir. Je ne devais plus me laisser allez et le coma de mon meilleur ami m'avait fait longuement réfléchir. Les jumeaux étaient partis rejoindre nos parents, Arizona vagabondait en ville et bien que cela puisse me briser le cœur, elle l'avait choisit. Elle avait choisi de quitter le toit que je lui offrais et de jouer à la plus forte, la plus intelligente. Ma jumelle faisait sûrement un mauvais choix – très mauvais même – mais c'était son choix. Elle était majeure et vaccinée. J'avais fini par me convaincre de ces mots, même s'ils me faisaient toujours aussi mal. Elle avait sûrement préféré la rue et un logement précaire à celui que je lui offrais en plein upper east side. Chassant ces pensées de ma tête – et d'autres bien plus joyeuse – je me dirigeais vers la porte et la venue de Théodora me secoua et pas qu'un peu. J'étais toute secouée et peu à l'aise devant la jolie brune mais je devais faire et surtout l'accueillir comme il se devait dans la famille. Arizona n'avait du la voir qu'une fois et depuis le décès des jumeaux, la jeune femme n'avait pas du avoir de contact avec personne. Aucun de mes frères et sœurs ne m'avaient prévenu en tout cas. L'accueillant dans mon appartement, je la pris quelques secondes dans mes bras et souris à sa réponse « Cheyenne ou Ella, c'est comme tu préfères » C'était comme je préférais , certes, mais elle était de ma famille, je ne pouvais pas l'ignorer. Dans son regard, il y avait quelque chose qui me rappelait mon père, ce qui avait le don de me déstabiliser. Assise autour de la grande table du salon, je dis « Tu es de la famille Théodora » Je lui fis un clin d'oeil pour lui faire comprendre qu'elle devait – si elle le voulait – m'appeler Cheyenne. Tendant le bras et attrapant la bouteille près du canapé, je bus une gorgée d'eau et faillis m'étouffer en l'entendant parler des jumeaux. Je tentais de calmer ma toux pendant quelques secondes et ferma les yeux. Inspirant un grand bol d'air, je cacha mes mains tremblantes sous la table et dis « Merci mais rien que nous puissions faire ne les ramènera alors à partir de là... » En quelque sorte, tais toi, change de sujets tu ne connais rien à ce sujet. J'essayais de ne pas penser aux quelques pensées négatives que j'avais eu pendant longtemps et repris mon calme. Me cacher derrière un masque était d'une facilité déconcertante pour moi, j'étais actrice après tout. Me passant machinalement une main dans les cheveux, je dis « On apprend à vivre avec, ce n'est pas le décès de la famille et malheureusement pas le dernier. Mais bon, on positive et on avance en leur mémoire ! » Je fis un léger sourire accompagnée d'un clin d'oeil à la jeune brune et bus une nouvelle gorgée de mon eau pétillante. Le regardant, je dis « Tu es sure que tu ne veux rien ? J'ai l'impression qu'il fait quarante degré ici ! » Un léger rire nerveux se glissa entre mes lèvres fermées et je fis un léger sourire à la belle blonde. Jouant avec mes bagues, je dis « Bon sinon Théodora, que pourrais-tu m'apprendre sur ta vie pour mieux te connaître ? Je suppose que ma jumelle t'a déjà donné pas mal d'informations sur notre famille mais je ne connais rien de toi, sauf ton prénom. Ce qui est le plus important tu me diras » Oui, c'était surtout le minimum syndical à savoir. Je me demandais comment la conversation allait se passer mais si elle n'évoquait pas les jumeaux – et ce qu'elle ne connaissait absolument pas – tout irait bien, j'en avais la conviction...

Je savais ce qu'était de perdre un être cher, bien qu'un mari n'était surement pas semblable à un frère. Quoi que, qu'en savais-je? Je n'étais plus très proche de Maxim, depuis que j'avais quitté l'Austraie, nous ne nous étions même pas vu et aussi triste que ce soit, je pense que j'aurais plus facilement supporter sa perte que celle de Liam. Je m'interdisais de comparer car mon petit frère était très important pour moi, c'est juste que Liam était celui qui m'avait permis d'arrêter mes conneries, il m'avait sauver la vie et m'avait aimée comme personne ne l'avait fait auparavant. Et maintenant, je l'avais perdu pour toujours et l'avais haïs pendant ces derniers mois en pensant qu'il se moquait de moi. J'avais retenu la leçon, séparée vie privée et professionnelle ne servait à rien : si j'avais fait ne fus-ce qu'une petite recherche à son sujet, j'aurai su. Su qu'il allait mal, que son traitement n'avait pas fonctionné comme il le prétendait. L'avion des jumeaux s'était crashé, Arizona avait disparu de la nature et j'avais choisi d'enquêter un maximum sur ces deux événements, même si personne ne m'autorisait à entrer dans leur vie privée, car c'était exactement ce que je faisais. Je suivais Ari à la trace, savait parfaitement qu'elle trainait dans des affaires pour lesquelles elle risquait sa vie, hors elle s'était éloignée de sa famille sans doute pour qu'ils ne le découvrent pas justement. S'il il lui arrivait maintenant quelque chose, je ne me pardonnerais pas de ne pas avoir essayé de l'arrêter, mais encore une fois, je n'étais vraiment en droit de lui faire la moindre remarque. Je n'étais personne, nous avions le même sang, mais ça s'arrêtait là, j'étais la parfaite étrangère qui s’avérait soudainement être sa soeur, aucune attache, rien qui puisse lui donner l'envie de m'écouter. J'avais hésité certains jours à arrêter de me renseigner sur ses actes, mais c'était plus fort que moi, ça me rassurait de savoir qu'elle était en vie, qu'elle gérait toujours même si c'était loin d'être de la meilleure des façon. Quant aux jumeaux, ce n'était que vengeance et lorsque je voyais dans quoi trainait Arizona, il y aurait sans doute quelqu'un pour m'aider à faire tomber les coupables. Ma soeur n'avait pas peur de se salir les mains, ce qui nous faisait un point commun, c'était mieux que rien.

Soit, je n'étais pas venir voir Cheyenne pour lui parler de cette vengeance, pas même des affaires d'Arizona, je ne voulais pas me mêler de leur relation, j'étais simplement là pour apprendre à la connaître. Sans la connaître, je savais déjà que nous avions nous aussi un point commun : la passion. J'étais chanteuse, elle actrice, ce n'était certes pas le même domaine mais j'imaginais qu'elle en faisait pas cela par pure hasard. « Tu es de la famille Théodora » je lui adressais un sourire, elle n'imaginait sans doute pas à quel point cette phrase me soulageait. Ce sentiment s'évaporait pourtant rapidement, j pouvais voir à sa réaction que parler des jumeaux n'était pas la chose à faire, pas encore, peut-être même jamais. Mordillant ma lèvre inférieure, je me contentais de garder le silence pour ne pas ajouter une couche inutile, j'attendais qu'elle me parle d'autre chose, sans savoir quoi lui dire de moi-même. « Je veux bien, ce que tu as, peu importe... » Elle insistait et j'avais la gorge toujours aussi sèche, je sautais sur l'occasion même si elle devait se dire que je ne savais pas ce que je voulais. « Oh... On a pas parlé tant que ça avec Arizona, tu sais, elle était assez fatiguée...» Azirona m'avait décrit la famille dans de grandes lignes mais je n'avais pas eut une tonne d'informations, en dehors de celles que j'avais obtenues par moi-même mais qui n'avait rien de personnel. « Je ne sais pas par ou commencer... Je chante et je vis de ça, je suis loin de la carrière de Rihanna, mais ça me suffit. Sinon, j'ai toujours cru venir d'une petite famille, je n'ai qu'un petit frère, Maxim... enfin qui ne l'est pas vraiment, du coup. Il vit toujours en Australie chez ma tante, celle là même qui a fait l'échange. » Je faisais une légère pause, ne sachant pas vraiment quoi lui dire exactement, lorsqu'il s'agissait de résumé sa vie à quelques mots, il y avait à la fois trop et pas assez à dire. « Dis moi ce que tu veux savoir, j'avoue que je ne vois pas de quoi te parler en particulier... Et j'aimerais en savoir plus sur toi aussi, évidemment! » Parce qu'au final, en dehors de son prénom, son métier et le fait qu'elle était ma soeur, j'ignorais aussi tout d'elle.

« Je veux bien, ce que tu as, peu importe... » Pausant mon regard sur la jeune brune, un sourire se dessina sur mes lèvres et je me leva rapidement pour me diriger vers la cuisine. Je pris de l'eau et des sodas – ainsi que de verres – et posa tout sur la table. Je lui fis un sourire avant de lui servir un verre de soda et d'en faire de même pour moi. Elle pouvait dire ce qu'elle voulait, je voyais très bien le malaise dans ses yeux, j'avais l'habitude de ces émotions avec le travail que je faisais. Jouer les émotions, savoir les décrire était un jeu d'enfants pour moi et pourtant, je n'étais pas profilers ou quoi que ce soit, loin de là même. Souriant en l'entendant dire qu'à l'époque Arizona était fatiguée était un euphémisme. Je me souvenais encore de nos soirées à regarder des films ensemble, à s'endormir comme des sacs à patates au fond de mon lit, toutes les deux, comme lorsque nous avions dix ans. Elle me manquait. Ma jumelle me manquait mais je ne voulais pas me l'avouer. Elle m'avait laissé en plan du jour au lendemain, elle ne devait pas me manquer, elle ne devait pas me faire souffrir, elle n'en avait pas le droit. « Dire qu'elle était fatiguée est gentil encore mais elle doit l'être maintenant aussi. Éviter sa famille, ça fatigue » Je donnais rapidement. Les jumeaux étaient un sujet sensible à cause de leur mort récente, Arizona en était aussi un à cause de sa disparition. Je ne pouvais même pas dire si elle était encore vivante ou morte. Je la pensais vivante puisque je ne ressentais pas ce vide dans mon corps, ce vide qui nous fait comprendre que ma moitié est partie rejoindre le reste de la famille. London me riait souvent au nez quand je lui parlais de cette théorie mais j'y croyais tellement, plus que tout même. J'avais toujours ressenti quand quelque chose n'allait pas et cela n'allait pas changé aujourd'hui parce que madame avait décidé de s'éloigner de la fratrie Ioannis. Elle nous fuyait mais, nous ne la fuyions pas. Je savais que l'aîné de la famille tentait de la retrouver, il essayait tant bien que mal alors que j'avais abandonné. J'étais fatiguée de courir après elle. J'écoutais l'histoire de Théodora et j'étais tellement envieuse. Elle avait eu une petite famille, elle n'avait eu aucun mal à se faire sa place ni à faire ce qu'elle aimait de sa vie. Dans une famille comme la mienne, il fallait réussir à se démarquer et faire de bons choix, sinon nous n'avions pas deux personnes sur le dos mais une bonne dizaine. Ma mère avait eu du mal à accepter ma volonté de devenir actrice – métier fort peu gratifiant à ses yeux – mais j'avais suivi ma voix. Une chose était sûre, je n'étais pas la seule artiste de la famille et cela me faisait chaud au cœur. Seulement, une petite phrase retint mon attention. « Celle là même qui a fait l'échange » Je fronçais les sourcils en cherchant de quoi elle pouvait bien parler. Depuis que j'avais appris l'existence dela brune, je n'avais pas eu le temps de discuter plus que cela avec ma jumelle. Quelques semaines après, les jumeaux étaient décédés, j'avais été engagée pour un film à gros budget, mon meilleur ami – et petit ami – avait failli mourir et j'avais une adolescente de dix neuf ans à ma charge. Autant dire que j'avais eu des semaines bien chargées. Écoutant la jeune femme, je bus une gorgée de ma boisson et dis « J'aimerai bien savoir qu'est-ce que c'est que cette histoire de tante... Je t'avoue que là, je ne comprends pas grand chose... Je croyais que tout cela était une erreur. Je n'ai pas vu Arizona depuis sa sortie de l'hôpital après avoir perdu les bébés alors autant dire que je ne connais pas grand choses aux circonstances de cette erreur médicale » Parce que c'était bel et bien une erreur médicale quand on y pensait. Les médecins avaient échangés les bébés sans faire attention, mes parents avaient enterrés un mort né et voilà, fin de l'histoire. J'étais trop jeune à l'époque pour m'en souvenir mais c'était ce que London avait tenté de nous faire comprendre de longues années. Passant une main sur mon visage, je dis « Il n'y a pas grand chose à savoir sur moi ou la famille... Notre père est mort lorsque j'avais onze ans. Nous sommes tous partis pour l'Amérique à part Arizona qui a préféré aller en Australie avec notre mère. J'ai vécu à New York seule pendant de nombreuses années, ils ont tous été à Seattle. Bref, je suis actrice dans une petite série médicale qui vient de commencer à tourner et voilà. J'habite ici depuis quelques années maintenant et je partage cet appartement avec Indiana et Arizona, enfin, si elle se repointe un jour » Un léger rire nerveux sorti de ma bouche et je me reconcentra sur la belle brune. Je venais de lui en dire plus en une minute que certaines personnes en savaient sur ma vie en plusieurs années. Regardant la jeune femme, des tas de questions me passaient en tête mais une était plus importante que les autres. « Comment as-tu su que tu étais une Ioannis ? Qu'est-ce qui t'a poussé à venir aux Etats-Unis ? » Question banale et pourtant...

Je me sentais déjà un peu plus à l'aise qu'à l'arrivée en voyant qu'Ella ne rejetait pas complètement mon existence, mieux elle voulait en apprendre plus à mon sujet. 24 ans à raconter, cela risquait d'être long, j'accetais donc finalement a proposition histoire de ne pas complètement me dé-séchée sur place, surtout que j'avais déjà l'impression d'avoir la gorge en feu. Le stresse peut-être, ou tout simplement le temps plutôt sec aujourd'hui. Ella revenait rapidement, nous servant à chacune un soda dont je bu une gorgée pendant qu'elle me parlait d'Arizona. Avec la fuite de celle-ci, je n'étais pas certaine que ce soit un bon sujet à aborder, le problème était que rien ne semblait aller en ce moment... et si nous voulions en apprendre plus l'une sur l'autre, il fallait bien évoquer certaines personnes de la famille à un moment ou l'autre. Les jumeaux étant l'exception, j'avais retenu la leçon. Je grimaçais néanmoins lorsqu'elle précisait qu'éviter sa famille devait être fatiguant, gardant à l'esprit que j'étais supposée être choquée qu'elle aie perdu les bébés également. Son dossier médical était sur mon bureau mais ce n'était pas censé être le cas. « On a tous une manière différente de faire notre deuil, mais elle va bien... elle finira sans doute par revenir vers toi. On ne se passe pas éternellement de sa sœur jumelle après tout! » Ce dont j'ignorais tout, en fait, puisque je n'avais quant à moi pas vécut en compagnie de Cheyenne, encore aujourd'hui j'ignorais tout d'elle. Mais bon, du peu que j'avais parlé à Arizona, elle semblait très attachée à sa famille donc je supposais qu'elle finirais par revenir, surtout qu'elle était maintenant de retour à New York. Détail que je garderais pour moi, surtout que je venais déjà de lâcher qu'elle allait bien alors que je n'étais pas supposée le savoir plus qu'elle. Je me forçait à prendre un air surpris et triste à la fois lorsqu'Ella me signalait que sa soeur avait perdu les jumeaux, c'était assez difficile de tout contrôler mais j'avais un diplôme dans l'art de tromper les gens, bien que ça ne me plaise pas du tout avec la famille. « Je ne savais pas pour Arizona... raison de plus pour qu'elle revienne rapidement, elle a sans doute besoin de vous. » De vous et non de nous, soeur acceptée ou non, on restait de parfaites étrangères. « Ça n'avait rien d'un accident, en fait... Ma tante était infirmière de garde la nuit ou on est nées. Le bébé que ma mère a mis au monde était en très mauvaise posture et est décédé après quelques heures, plutôt que de lui annoncer, elle m'a échangée avec le bébé en question. Je ne sais pas comment elle s'est débrouillée pour que ça passe inaperçu, mais elle a réussit en tout cas...» A l'heure actuelle, je ne pensais pas que cela puisse encore être possible, mais au fond il y a 24 ans, ce n'était pas si loin et c'était effrayant. Depuis que j'avais appris la vérité, je me jurais d'être on ne peut plu attentive et méfiante si je venais un jour à être mère, il était hors de question qu'on m'enlève une partie de moi. « Ma mère est décédée il y a quelques années, elle lui avait promis de me dire la vérité... et elle l'a fait il y a quelques semaines seulement, elle craignait que je ne porte plainte je pense. Ce que je ne ferai pas, mon frère n'a plus qu'elle. » concluais-je, en espérant que les Ioannis se rangerait à mon avis. Mon père était une larve, ma mère était décédée, je ne voulais pas lui enlever la seule personne qui s'occupait encore de lui et lui annoncer par la même occasion que nous n'avions aucun lien de parenté. Maxim était à des milliers de kilomètres, il était assez facile pour moi de ne jamais lui révéler cette histoire pour le protéger. Arizona ne m'avait pas précisé qu'elle avait vécut en Australie, savoir qu'elle avait été si près de moi en ignorant la vérité était encore plus étrange. « Arizona m'avait dit pour votre père. Enfin notre... Pour en revenir à ton métier qui est nettement moins déprimant, c'est top ! J'aurais adoré tourner dans ce genre de série, à défaut d'avoir un diplôme en médecine. » plaisantais-je, en étant parfaitement sincère. Ma première passion était le chant mais je pense qu'être actrice m'aurait beaucoup plus aussi, peut-être même que j'aurais été douée vu mes dons en matières de mensonges. Je grimaçais légèrement lorsqu'elle me demandait la raison de ma venue ici. La drogue & mon envie de sortir de cet enfer? La vérité était loin d'être belle, je n'en étais pas fière et ne voulait pas être jugée sur ce passé douloureux. « Quand ma mère est décédée, mon père est devenu un meuble... je me débrouillais pour nous 3, c'était loin d'être facile et j'ai fini par aller assez mal... Et puis j'ai rencontré Liam, mon mari qui était de passage en Australie. Il m'a aidée et on a décidé de s'offrir un nouveau départ, à New York. » Je ne pouvais m'empêcher de serrer la mâchoire en pensant à Liam et à tout ce qu'il avait fait pour moi. Je ne mentais pas, ayant simplement omis le fait que j'étais complètement à la ramasse et qu'il m'avait fallu plusieurs mois pour être clean.

Dans le milieu professionnel, je ne faisais jamais d'erreur, étant drillée et entrainée à mentir sans jamais flancher. Une fois qu'il s'agissait de ma vie privée, c'était beaucoup plus difficile de ne pas laisser sortir quelques petites informations que j'avais obtenu en étant au "bureau". Je venais d'en faire l'erreur, ce que j'avais remarqué de suite mais le fait de parler de tout et de rien à la fois allait peut-être aider à passer celle-ci sous silence. « Arizona et l'aide ça fait deux et depuis le temps qu'elle est partie, je ne crois plus à son retour. Une chose est claire et nette, on va avoir une sacré discussion lorsque je lui aurais remis la main dessus et ça risque de faire mal » J'étais soulagée qu'Ella ne relève donc pas cette dernière et lui adressait un bref sourire. Arizona allait passé un sale quart d'heure en rentrant, c'était évident, mais j'étais aussi persuadée qu'entre soeurs, jumelles qui plus est, il était possible de tout se pardonner, la joie de la retrouver prendrait surement rapidement le dessus sur la colère. Enfin, ce n'était pas mes affaires, même si a soeur choisissait de rentrer près des siens, ce n'était surement pas vers moi qu'elle allait se tourner, pas encore, peut-être même jamais. Vu comment il lui était facile de se détourner des personnes qu'elle aimait profondément, ça devait l'être encore plus avec ceux qu'elle connaissait à peine, lien sanguin ou pas. « Elle a du subir la perte de ses propres enfants en plus de celle des jumeaux, c'est deux fois plus dur pour elle, mais je suis sure qu'elle reviendra... Je ne lui ai pas parlé des heures, mais elle avait vraiment l'air très attachée à vous. » Je lui cherchais des excuses, c'était plus fort que moi, alors que parler à nouveau des jumeaux n'était surement pas la solution, Ella me l'avait fait comprendre dés le début. Et surtout, qui étais-je pour prétendre à son retour alors que j'ignorais tout d'elle? Le fait est qu'elle était la première que j'avais rencontrée, celle qui m'avait accueillie les bras ouverts, ça suffisait à me donner l'envie de prendre un peu sa défense, du moins d'essayer de me mettre à sa place car il n'y avait pas de partit à prendre, elles étaient mes soeurs. « ...Je me souviendrais toujours qu'il répétait sans cesse ''il y avait deux toscane et puis, pouf, plus qu'une. Je sais pas où est passé l'autre'' » Je ne pouvais m'empêcher de sourire même si la réaction de London était légitime et triste, elle avait une pointe d'humour racontée de cette façon. « Je ne vais pas dire que je la comprends, c'est complètement fou et crois-moi, même si j'aimais profondément mes parents, je donnerais tout pour avoir la chance de retourner en arrière et être élevée à vos côtés... Je lui en veux, mais je sais qu'attaquer et m'énerver ne nous ramènera pas en arrière alors... autant consacrer mon temps à apprendre à vous connaître plutôt qu'à rendre sa vie misérable. » J'avais perdu tellement d'années à leurs côtés, je préfèrais de loin rattraper un maximum de temps plutôt que de consacrer mes temps libre à gâcher la vie de ma tante. Son geste était horrible mais il avait été fait dans un moment difficile et de pure folie, ensuite il était trop tard pour admettre son erreur sans passer par la case prison. « Et ton frère dans l'histoire, il le prend comment ? » Je grimaçais, essayant d'imaginer sa réaction s'il venait à l'apprendre. Peut-être qu'un jour je choisirais de lui révéler mais ce jour n'"tait pas venu. Je tenais à être celle qui lui ferait cette révélation et je ne voulais pas le faire derrière un téléphone, hors mon frère était à l'autre bout du monde. « Il ne le sait pas encore... et peut-être bien qu'il ne le saura jamais. Je sais qu'il mérite la vérité mais il a déjà tout perdu... Ma mère, mon père qui vit dans sa bulle, si on peut encore appelé ça vivre... Si je lui en parle, il perdra les deux seules personnes sur qui il compte encore. Et vu qu'il est en Australie, il y a peu de chance qu'il apprenne la vérité tant que je ne choisis pas de la lui dire. » Je haussais les épaules comme si cela n'avait aucune importance, tout en sachant que dans le sens inverse je le maudirais de n'avoir rien dit. C'était lâche de ma part, sans doute très manipulateur mais j'assumais parfaitement ce choix. Maxim avait réussit à se relever, à entreprendre de brillantes études, sa vie était un rêve et je ne serais pas la personne qui allait tout anéantir. Ella me parlait finalement d'elle, de sa vie ce qui était bien moins triste et compliqué que cette histoire d'échange. « Le mouton noire? Chacun ses choix, tu devrais être fière de toi. » Et peut-être qu'elle l'était, je l'ignorais, mais si ce n'était pas le cas, elle avait tord. Même si je n'avais pas une carrière de folie, celle-ci décollait et j'étais chaque jour plus heureuse et excitée de monter sur scène ou rentrer en studio, ce qui me faisait d'ailleurs douter de mes aptitudes à rester au sein de la CIA. Ma couverture avait à présent largement pris le dessus sur le reste, il s'agissait de ma passion, la seule chose qui me permettait d'aller mieux quand tout allait mal. En parlant des choses qu'allait mal, je ne pouvais m'empêcher de déglutir bruyamment lorsqu'elle me disait vouloir rencontrer Liam. Pourquoi l'avais-je mentionné au lieu de trouver une phrase qui ne l'incluait pas? Le fait est que sans parler de la drogue ni de lui, je n'avais aucune raison d'être à NY à ce jour. « Comme ça on sera deux. Liam est décédé... » Disais-je simplement avant de lui adresser un faible sourire pour la rassurer, j'allais bien ou du moins je prétendais que c'était le cas, mais je ne voulait pas qu'elle s'excuse d'avoir posé la question, réaction classique de la plupart des gens. De toute façon, je sentais déjà les larmes me monter aux yeux, je refusais d'en parler plus ou je ne tiendrais pas. Histoire de rester sur cette pente glissante, je passais de la peine à l'angoisse lorsqu'elle en revenait à Arizona. Échec & maths. « Je l'ai croisée il y a quelques jours. Elle ne m'a pas vue mais ça avait l'air d'aller... » Osais-je avancer. Mon dieu, comme je me détestais de mentir de la sortes mais c'était bien mieux ainsi.

« … mais elle avait vraiment l'air très attaché à vous » un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Encore heureux qu'elle était attachée à moi, à cette famille qui l'avait épaulé et soutenu envers et contre tous. Nous avions traversé tellement de choses, tellement d'épreuves que ça en était même blessant de ne plus la voir, c'était blessant. Je savais bien qu'elle avait besoin de temps pour elle, qu'elle avait besoin de se ressourcer, de reprendre des forces mais ce qu'elle faisait était ridicule. Depuis toute petite, nous avions tout traversé ensemble et là, elle n'en faisait qu'à sa tête. Arizona avait toujours été la plus raisonnable de nous deux mais là, elle flanchait totalement. J'avais l'impression d'être la plus sensée des deux, celle qui avait la tête sur les épaules et franchement, ce rôle ne me plaisait guère, pour ne pas dire pas du tout ! J'avais tellement envie de lâcher prise à nouveau, même si je n'étais pas toute jeune... Ces soirées de folie me manquait et maintenant que j'étais avec Joshua, faire la folle était mission impossible... A moins de la faire avec lui... Chassant ses images – perverses – de ma tête, je me concentra à nouveau sur ma petite sœur et son histoire. Je me demandais bien comment elle faisait pour rester aussi calme. Je la comprenais quand elle disait vouloir apprendre à nous connaître plutôt que de piquer une crise contre sa tante mais elle allait réussir à filer comme ça alors qu'elle avait agis égoïstement. Elle avait enlevé un enfant pour satisfaire un membre de sa famille et ça, c'était assez difficile à accepter. Si mes parents étaient encore en vie, ils traîneraient tous les deux cette femme dans la boue, quitte à adopter le petit frère de Théodora avec nous. Nous étions tellement nombreux qu'un enfant de plus à la maison n'aurait trop rien changé... « Tu as raison. Ce qui est fait est fait, on ne pourra plus jamais le changer alors autant prendre la vie du côté coca cola. Vraiment mal placé cette phrase mais tu as compris l'idée. Enfin j'espère » Je lui fis un léger clin d'oeil avant de savoir comment son frère prenait la nouvelle. Une chose était claire, si un jour j'apprenais qu'Arizona et moi avions été arraché à une autre famille, ce n'était pas une crise que j'allais piquer, mais une bonne quinzaine. Vivre avec des gens qui n'étaient pas notre famille devait être si difficile... Surtout une fois que la vérité à éclater. Dans l'ignorance, tout passe plus facilement... Son petit frère n'avait rien demandé à personne et puis, ce n'était pas lui le concerné de l'histoire. Qu'il sache ou non, il n'avait rien à dire, ce n'était pas lui qui avait été dérobé à la naissance et sa sœur restait sa sœur, qu'elle soit liée biologiquement à lui ou non. C'était mon point de vue mais je savais bien que, sous la colère, il pourrait partir en vrille. Qui ne le ferait pas ? « Si tu veux mon avis Théo... Dis lui maintenant ou ne lui dis jamais. Ça changera quoi à sa vie de savoir qu'il est fils unique ? Il a vécu toute sa vie avec toi, tu es sa sœur, que vous soyez nés des mêmes parents ou non » Autant éviter de briser le cœur de ce jeune homme... Je n'y connaissais trop rien en secret de famille et je me demandais totalement comment Toscane allait réagir à la découverte de la brunette mais bon... Toute sa vie, on lui avait dit qu'elles auraient du être deux... Enfin, c'était tout un autre sujet que je n'étais pas trop prête à aborder. Toscane était tellement... étrange qu'il valait mieux ne pas trop en demander. J'adorais ma sœur mais je n'arrivais pas à prévoir sa réaction. Autant celle de London ou des jumeaux était prévisible, autant pour ma sœur, c'était le flou total. Même si la famille était important, je voulais en apprendre plus sur elle et elle sur moi. Il fallait qu'on arrive toutes les deux à se détacher de cette unité que l'on formait avec nos frères et sœurs. Nous n'étions pas que deux sœurs, nous étions avant tout Cheyenne et Théodora. D'ailleurs, elle avait bien de la chance cette petite, elle avait échappé à la frénésie de notre mère... Lorsque je l'entendis dire que son mari était décédé, je déglutis difficilement. Et voilà Ella, t'as mis les pieds dans le plat ! Ma jumelle me répétait sans cesse de ne pas être trop curieuse mais là, il n'y avait personne pour me retenir. C'était dans ces moments qu'elle me manquait le plus... Sans compter le fait que je ne savais pas quoi dire... J'avais tellement fait face à la mort et entendu d’imbécillité que je ne savais plus quoi dire. Entendre des 'désolée pour votre perte' ou 'toutes mes condoléances', personne ne pouvait s'imaginer ce que l'on ressentait à l'intérieur. Je voyais ses yeux devenir légèrement vitreux et je compris rapidement qu'aller sur cette pente était plus que dangereux. Je lui fis simplement un léger sourire appuyé d'un mouvement de tête. C'était peut être impoli mais lui faire un câlin en pleine confession n'était pas mieux... Sans compter que quelque chose me chippotait l'esprit depuis quelques minutes déjà... « Je l'ai croisée il y a quelques jours. Elle ne m'a pas vue mais ça avait l'air d'aller... » Serrant le verre de soda dans ma main, ce dernier glissa de mes doigts et finit sa course sur le sol du salon. Mes mains étaient moites, je sentais la colère monter dans mon corps et je me demandais bien comment cette dernière allait sortir. Théodora était la troisième personne à m'annoncer avoir vu Arizona alors que je n'avais pas eu un seul mot de la part de ma jumelle. Inspirant profondément, je dis « Je pense fortement que tu dois te foutre de ma gueule Théo » Mon ton avait changé du tout au tout et la colère qui m'animait me faisait même trembler, ce qui n'était pas beau à voir. Serrant les poings, je dis « Soit tu te fous de ma gueule et il y a une caméra cachée quelque part soit c'est ma sœur qui se fout de ma gueule et cela ne me plaît guère » Bon calme et ma douceur ? Envolée en fumée en moins de dix secondes. Faisant glisser mes yeux sur le verre au sol, je ferma les yeux quelques secondes avant de dire « Tu es la deuxième personne à avoir vu Arizona depuis son retour de Grèce, non troisième et personne, absolument personne n'a eu la jujote de m'en avertir avant » Je rouvris les yeux et capta son regard « Tu te fous de ma gueule, c'est ça ? Ma sœur n'est pas la connasse que je suis entrain de m'imaginer ? Hein Théodora, dis moi que tu ne l'as pas vu, que vous avez tous hallucinés » J'étais de moins en moins calme et une larme – venue de je ne sais où – fit son apparition sur ma joue gauche... J'avais mal, tellement mal et avais envie de jeter la bouteille de soda à la tête de ma petite sœur pour n'avoir pas jugée important de me prévenir plus tôt...

Je comprenais qu'on puisse détester ma tante, je n'étais d'ailleurs pas certaine de ce que je ressentais moi pour elle, tout comme je ne savais pas si l'envie de me venger finirait par apparaître ou non. our l'instant, ce n'était pas le cas. Avec le décès de Liam et mes promos et concerts qui se faisaient de plus en plus réguliers, j'avais beaucoup de choses en tête qui me permettait de garder mon sang froid. Je n'avais pas vraiment de temps à perdre pour elle, après tout elle m'avait déjà fait perdre des années et des années auprès des Ioannis, je n'allais pas continuer à ignorer qu'ils étaient ma famille. Dernièrement, j'avais même pensé demander à être reconnue légalement comme membre de leur famille, porter le nom qui me revenait de droit, mais je n'étais pas certaine que ce soit le moment de le proposer. Après tout, je n'avais toujours pas rencontrer tout le monde, pas même ma soeur jumelle et la personne qui m'avait apporté le plus de soutient vagabondait maintenant dans New York en prenant soin d'éviter cette famille justement. Soit, bad timing, il ne me restait que du temps supplémentaire pour bien y réfléchir. « Oui, comme tu dis... je pense qu'elle est déjà rongée de remords, c'est déjà pas mal comme punition. Sans compter que ma mère est décédée en la détestant, ce qu'elle ne pourra jamais se pardonner. » Ma tante avait choisi de tout lui révéler au dernier moment, lorsque ma mère voyait le cancer l'emporter et le résultat était qu'elle avait maudit sa soeur pour ses dernières heures sur Terre. Je savais parfaitement que ma tante vivait très mal cette situation, d'autant plus qu'elle n'aurait plus jamais la chance de se faire pardonner par ma mère, j'estimais qu'elle souffrait bien assez sans en ajouter. On en venait finalement à Maxime, qui était un peu LE sujet sensible pour moi. « Je ne suis pas aussi sure que ça ne changerait rien justement... Je serais juste la fille avec qui il a été élevé, mais plus sa soeur. Sans compter qu'il détestera ma tante, alors qu'il n'a plus qu'elle pour prendre soin de lui... » Mon frère avait maintenant l'âge de se prendre en main seul, mais si je lu révélais la vérité, je bousillais tous ses repères et ce en quoi il avait toujours cru. « Peut-être qu'un jour je finirai par lui dire, j'y réfléchis encore. Avec un peu de chance, il viendra bientôt me rejoindre ici. » C'est ce que j’espérais sincèrement, qu'il s'installe à New York, loin de ma tante, afin que je puisse lui révéler la vérité sans qu'il n'aie de moyens pour se venger directement. Impulsif comme il l'était, il ne garderait pas ce calme olympien dont je faisais preuve.

J'avais eut raison, révéler que j'avais vu Arizona était une très mauvaise idée, mais c'était dit à présent, je ne voyais rien pour rattraper le coup. La seule chose que je pouvais faire était de lui révéler une partie de la vérité et je ne tenais pas vraiment à admettre que je l'avais fait suivre. « C'était il y a quelques jours seulement, je pensais que tu le savais, surtout toi... Je n'ai même pas un numéro pour te contacter et je me voyais mal débarquer pour te signaler que je l'avais croisée, ça ne me regarde pas... » Je pensais sincèrement que si elle était de retour, sa soeur jumelle était forcément la première au courant mais surtout, si ce n'était pas le cas, ce n'était pas à moi à me mêler de leur histoire. Si Arizona choisissait de restée cachée, c'est qu'elle avait une bonne raison - du moins à ses yeux - je ne pouvais pas la trahir en balançant ce que je savais. « Je suis désolée Cheyenne... Je n'sais pas trop où est ma place pour l'instant, ni même ce qui se passe entre vous, je n'avais pas envie d'être impliquée dans quoi que ce soit, qu'elle me déteste ou que tu le fasses... » D'une manière ou d'une autre, j'en blessais une des deux, hors je les connaissais à peine, à mes yeux elle s'étaient mes soeurs mais je ne pouvais pas dire que j'en appréciais une plus que l'autre sans les connaître. J'avais choisi de ne pas m'en mêler... et j'aurais mieux fait de ne même pas rassurer Chey', ce qui m’épargnerais les reproches maintenant. C'était lâche de ma part, mais il fallait être honnête, je débarquais tout juste dans la famille, ignorant tout d'eux, j'étais assez mal placée pour me permettre de juger ou de trahir l'une d'elle... Le simple fait de récolter des informations sur Arizona me faisait culpabiliser mais elle se mettait en danger pratiquement chaque jour, je ne pouvais pas m'empêcher de garder un oeil sur elle, même si c'était d'une façon assez illégale mais surtout immorale de faire. « Je suis vraiment désolée... » répétais-je sans la quitter du regard, en espérant qu'elle allait me croire et surtout me pardonner. Je ne pouvais pas tout deviner, au fond qu'elle s'énerve sur moi m'énervait un peu mais monter le ton n'allait surement pas aider, je préfèrais m'écraser pour cette fois.