Cela faisait désormais quelques semaines que Chris avait reprit du poil de la bête. Alors qu’il s’était littéralement retrouvé au fond du gouffre pendant plusieurs mois, l’aide de ses proches lui avait permis de remonter la pente, tant bien que mal. Bien sûr, Kat faisait toujours partie de ses pensées jour et nuit, mais désormais le jeune homme parvenait à faire quelque chose de ses journées. En effet, il avait enfin trouvé la force de quitter son canapé et de lâcher toutes ces bouteilles de whisky qu’il avait englouti après le départ de sa petite amie. Psychologiquement, on ne pouvait pas dire qu’il aille mieux mais il sauvait au moins les apparences. Aux yeux des autres, il n’était plus cette espèce de spectre qui errait sans vraiment savoir où il allait ni même pourquoi. Même pour son patron, Chris était petit à petit redevenu l’étalagiste quasi-surdoué, capable de passer des heures à travailler avec acharnement pour créer les plus belles vitrines de la ville. En bref, même si au fond il se maudissait toujours autant d’avoir été assez stupide pour tromper Kat, Chris faisait bonne figure.

Du moment où il avait retrouvé le courage de travailler, le canadien s’était senti revivre. Le fait de pouvoir se replonger dans son atelier (qui était en grande partie son appartement), de passer des journées entières à dessiner, peindre, clouer ou coller des tonnes de maquettes qui orneraient ses futures vitrines avait été une sorte de thérapie. En se plongeant dans le travail, il s’était donné l’occasion de penser à autre chose, et d’arrêter de se lamenter sur son propre sort. Seulement voilà, on ne pouvait pas toujours être au top, et arriva le jour où l’inspiration de Chris recommença à lui faire défaut. Mais au lieu de baisser les bras, le jeune homme prit la décision de ne pas se laisser abattre. Enfilant son blouson en vitesse, il quitta son appartement avec un certain empressement.

De son point de vue, marcher au hasard dans les rues de New-York était la meilleure façon de retrouver un peu d’inspiration. Après tout, quoi de mieux que la ville qui ne dort jamais comme muse ? C’est donc complètement au hasard que le canadien arpenta les rues… jusqu’à arriver devant une galerie d’art encore fermée. Les grosses lettres noires en devanture avaient attiré son regard, et c’est avec une certaine satisfaction qu’il vit le volet roulant se mettre à bouger. A sa plus grande surprise, la gérante des lieux qui l’invita à entrer avait l’air plutôt jeune… D’un pas hésitant, Chris s’engouffra donc dans le bâtiment en ne perdant pas une seule miette de tout ce qui se trouvait autour de lui. « Vous avez peut être besoin d’aide ? » déclara la jeune femme en s’avançant vers lui. Avec un petit rire presque gêné, l’étalagiste répondit : « Disons que… oui et non ! » Un petit sourire prit place sur son visage alors qu’il se retournait vers la gérante pour tenter de s’expliquer un peu plus clairement. « Je cherche de l’inspiration, vous avez ça ici ? »