Chandler arriva à l’hôpital juste à l’heure pour sa séance de dialyse. Il y avait eu pas mal de circulation dans Manhattan, comme presque toujours, et Joey n’avait pas pu l’amener plus vite. Tant pis. Si elle ne venait pas à reculons, elle n’y venait pas en courant non plus. Ses séances, c’était loin d’être la joie. Mais elle y allait quand même avec le sourire, parce que c’était Chandler et qu’il ne fallait jamais être triste. Elle embrassa rapidement son frère sur la joue pour le remercier, sortir de la voiture et entra dans l’hôpital tel une tornade. Quand elle arriva dans le hall, elle vit immédiatement son ami, Kovu. Un large sourire étira alors ses lèvres et elle se dirigea vers lui avec enthousiasme. Il n'y avait pas beaucoup de monde qui acceptait de l’accompagner à ses séances. C’était assez long et assez pénible à voir, et elle comprenait que beaucoup rechignaient à lui tenir compagnie. Elle ne le proposait qu’à quelques personnes, des amis proches et son frère. Des personnes devant qui elle acceptait de se montrer faible et devant qui elle s’ouvrait facilement. Kovu était son ami, un de ses meilleurs amis, depuis l’enfance. Elle n’avait jamais voulu le laisser tranquille et il avait fini par l’accepter. Elle avait bien fait de s’accrocher, ça en avait vraiment valu la peine.

« Comment tu vas ? » demanda-t-il après l’avoir salué dignement. Elle passa une main dans ses cheveux pour les discipliner un peu. Comment allait-elle ? La jeune femme savait de quoi il parlait, ce n’était pas vraiment une simple question de politesse. Ils se mirent en marche et elle coinça son bras dans le sien. « Je vais bien, ça va. J’en ai un peu marre d’être tout le temps fatiguée mais ça va, je souffre en silence. J’ai pas trop le choix de toute façon. » répondit-elle en haussant nonchalamment les épaules, tandis qu’ils arrivaient devant la salle où se déroulaient toutes ses séances. Ils devaient à présent attendre un médecin. Celui-ci arriva assez vite et ils le suivirent. « Alors, qu'est-ce que t'as fait de biens depuis la dernière fois ? » Kovu se remit à parler. Chandler était en train de s’installer alors elle ne lui répondit pas tout de suite. Une fois que ce fut fait et que le médecin était parti, elle se tourna vers lui. « Tu regardes les J.O ? T'as vu Bolt ! Ce type est magique ! » Son ami semblait mal à l’aise. La jeune femme ne savait pas si c’était à cause de l’endroit, de la situation, ou s’il s’agissait d’autre chose. « Hum, rien de très intéressant. Enfin, je me suis fait un nouvel ami l’autre soir. Je suis sure que tu t’entendrais bien avec lui ! Il est cool. Sinon oui je regarde les JO, évidemment ! Bolt est bon, et il est très agréable physiquement parlant. » Oui, elle regardait les JO pour le sport, c’était évident. Elle le regard ensuite avec un insistance, toujours le sourire aux lèvres. « Et toi alors, tu me racontes quoi ? Il s’est passé quoi d’intéressant dans ta vie depuis qu’on s’est vus pour la dernière fois ? »

« Hey ! T'as pas besoin d'être silencieuse, si tu veux te plaindre, n'oublie pas que mon téléphone est toujours allumé pour toi ! » La proposition était évident généreuse et lui réchauffait le cœur mais elle secoua la tête négativement, son joli sourire toujours sur les lèvres. Elle attrapa la main de Kovu et la serra quelques courtes secondes. Elle considérait Kovu comme un second grand frère, beaucoup moins étouffant que Joey, beaucoup moins agaçant aussi, mais elle l’aimait presque autant. Elle voyant bien qu’il avait envie de l’aider et qu’il s’en voulait parce qu’il ne pouvait pas faire grand-chose pour elle. Mais sa présence lui suffisait amplement. Quand bien même elle y allait sans quitter son sourire, les séances de dialyses la faisaient souffrir et elle n’aimait pas y rester seule. « T’inquiète pas, j’embête déjà mon frère. Mais quand il en aura mal j’y penserais. » Vraiment, elle lui était reconnaissante de sa proposition mais elle se voyait mal l’appeler à n’importe quel moment juste pour lui dire qu’elle avait mal ou qu’elle n’en pouvait plus. Ça ne changerait rien de toute façon. Puis elle avait son apparence joyeuse à préserver, elle ne voulait pas inspirer la pitié mais forcer l’admiration de tout le monde en montrant qu’elle était capable de vivre malgré ses reins défaillants sans s’apitoyer sur son sort. Elle ne pourrait pas avancer de cette façon et elle avait lu quelque part qu’en étant optimiste, on guérissait mieux et plus vite.

Chandler était à présent reliée à la machine qui allait faire ce que ne pouvaient plus faire ses reins pour les quatre prochaines heures. Cette procédure était épuisante mais elle n’avait pas trop le choix que de s’y plier. La conversation continua, Kovu parlait beaucoup, il devait avoir peur qu’il y ait trop de blancs ou un truc du genre. Clairement, il était mal à l’aise, mais la jeune femme n’était plus si sûre que ce soit à cause de la situation. Chandler lui avoua qu’elle avait rencontré quelqu’un il y a quelques jours, c’était un bon début pour leur conversation, même si elle n’était pas sûre qu’il les occupe bien longtemps. « Un ami ami, ou un ami "ami" ? » demanda-t-il avec une pointe d’incompréhension dans la voix. Le mot ami pouvait signifier beaucoup de choses, mais elle ne voyait pas comment qualifier sa toute nouvelle relation avec Denver. Elle éclata de rire. « Ami ami ! Comme toi et moi quoi. Enfin, je doute qu’il arrive un jour à te dépasser mais sait-on jamais. » Kovu était comme, son plus vieil ami et elle voyait mal comment quelqu’un pourrait le détrôner un jour. « Et je veux rien savoir sur ton genre d'hommes ! C'est dégoûtant, t'es comme une sœur pour moi ! » Kovu se mit alors à faire l’enfant. Nouvel éclat de rire de la jeune femme. La conversation s’était engagée sur la voie de la bonne humeur et c’était très agréable. « Bien ! C’est bon je me tais, je ne te dirais plus rien sur ce sujet. » Il continua sur sa lancée, avec un air amusé. « Donc les noirs tout en muscle c'est ton genre ? Fais gaffe, tu vas finir par craquer pour moi ! » Elle hocha vivement la tête tout en haussant les sourcils puis grimaça quelque peu en entendant la fin de la phrase. Le jeune homme était comme un frère pour elle, elle ne pourrait jamais, jamais ressentir quelque chose de plus pour lui. Ce serait comme un inceste. « Non, ah ! Ne le prends pas mal tu es très… bien et la fille qui te mettra le grappin dessus aura beaucoup de chance mais… t’es mon frère ! » Elle lui donna une petite tape sur l’épaule.

Chandler posa la même question à son ami. Assez parlé d’elle, elle voulait savoir ce qu’il se passait dans sa vie. « Bah, j'ai repris contact avec des gens de l'école un peu, puis j'ai été m'entrainer dans mon groupe de danse, on a une battle ce week-end, viens me voir si tu veux ! Puis... ouais, je regarde les J.O, on se retrouve le soir dans le quartier jamaïcain, l'ambiance est trooooop bien et... bah, je bosse aussi non et voilà. » Il avait l’air d’avoir un emploi du temps chargé. Chandler sourit tristement, elle aurait aimé pouvoir faire autant de choses que lui mais elle n’en avait pas la force. Si elle pouvait aller à la bibliothèque une ou deux heures c’était bien le maximum. « C’est que tu es un home occupé dis-moi ! Et tu trouves quand même le temps de passer du temps avec moi ? C’est très généreux de ta part. » dit-elle sur le ton de la plaisanterie. Il ne s’agissait en aucun cas d’un reproche, elle le voyait quand même beaucoup. Puis elle ne voulait pas qu’il culpabilise encore plus qu’il semblait déjà le faire. « Et Minnie alors, comment elle va ? » demanda-t-elle innocemment. Minnie, Kovu et Chandler. Ils avaient été dans la même école, petits et elle les avait connus en même temps. Elle s’était accrochée à eux deux de la même façon et ils l’avaient acceptée. Comme elle savait qu’ils se voyaient souvent, elle avait voulu prendre de ses nouvelles à elle aussi, parce qu’elle voyait la jolie brune un peu moins souvent.

« Comment ça "sait-on jamais" pff, c'est injuste, vu toutes les heures que tu m'as collée étant ado, je devrais avoir la première place dans ton cœur niveau amitié ! » Chandler leva les yeux au ciel. Oui, elle avait été un vrai pot de colle petite, et avait surement était insupportable avec Kovu et Minnie, mais c’était signe qu’elle les appréciait vraiment et qu’elle voulait à tout prix être leur amie. Ils étaient dans la classe au-dessus et à peine un an les séparaient, ce n’était pas énorme. La petite pile électrique qu’elle était à l’époque avait réussi à se faire accepter, surement parce qu’elle les avait usé et qu’ils espéraient être un peu plus tranquilles s’ils lui cédaient. Aujourd’hui, ils étaient tous les trois encore amis et Kovu et Minnie étaient ses deux meilleurs amis, deux des personnes les plus chères à son cœur. Par exemple, si le jeune homme n’était pas venu, c’était à la brune qu’elle aurait demandé de l’accompagner. « C’est vrai… Je me demande encore comment tu as fait pour me supporter toutes ces années… Rien que pour ça tu es indétrônable ! »

La conversation continua dans la bonne humeur et le sujet central était pour le moment les gouts de la jeune femme en matière de garçons. Suite à une de ses remarques sur le coureur Usain Bolt, Kovu avait insinué en plaisantant qu’il serait son type d’hommes. Chandler avait bien évidemment contredit cette insinuation, le jeune homme était son frère, elle ne pourrait jamais rien tenter avec lui. Elle eut un frisson rien que d’y penser, non, ce serait comme avoir des pensées impures envers Joey. Kovu et Joey étaient très similaires dans son esprit, c’était la même chose. Le jamaïcain alla bien vite dans son sens en lui confirmant que lui aussi la considérait comme sa sœur, ce qui était rassurant. Enfin, Kovu raconta sa journée à la jeune femme qui se moqua gentiment de lui en le remerciant de lui accorder un peu de temps. Mais en vrai, elle était contente de savoir comment ça se passait pour lui, elle n’avait pas vraiment envie de parler d’elle pour le moment. Surtout que grâce à cette bonne humeur ambiante et à toutes ces petites piques lancées, elle réussissait à oublier la machine à laquelle elle était reliée, et c’était un très bon point pour son ami.

« Elle va bien je suppose... » Chandler venait semble-t-il de toucher un point sensible. Kovu venait totalement de changer d’attitude, il était à présent mal à l’aise. La jeune femme ne s’était pas trompée alors, ce n’était pas elle qui le mettait dans cet état. Et heureusement, elle s’en serait voulu et elle n’aurait pas aimé devoir renoncer à ses séances avec lui. « Oh… d’accord. » répondit-elle d’un ton neutre. Elle se mordit la lèvre en ayant le sentiment qu’elle avait gaffé. Et une idée commençait à prendre beaucoup de place dans son esprit, une idée qui se fit si imposante qu’elle n’eut d’autre choix que d’en parler. « Il s’est passé quelque chose avec Minnie ? Vous vous êtes brouillés ou un truc du genre ? » demanda-t-elle, inquiète. Minnie et Kovu se voyaient souvent et il aurait dû être en mesure de lui apporter une réponse plus complète et plus précise.

Kovu et Minnie… Ces deux-là étaient ses meilleurs amis. Elle les avait rencontrés toute petite, à l’école primaire. Ils étaient dans la classe au-dessus et ils étaient tous le temps fourrés ensemble. Chandler avait presque immédiatement été attirée par eux deux. Ils la faisaient rire, elle aimait les voir danser, grimper aux arbres, amuser la galerie... Ils l’intriguaient, ils avaient l’air bien tous les deux, ils ne demandaient rien à personne, étaient dans leur monde, et la petite blonde qu’elle était voulait connaitre ça aussi. Elle voulait à tout prix devenir leur amie et elle s’était donnée les moyens pour. Elle n’avait pas cessé de les suivre, elle n’avait pas cessé de leur parler, de leur poser des questions, de rire à ce qu’ils faisaient, de tout faire pour attirer leur attention en somme. Elle les avait eus à l’usure mais une très belle amitié était née entre eux trois. Ils l’avaient totalement acceptée et intégrée à leur duo et aujourd’hui, ils pouvaient tous les trois compter les uns sur les autres. Comme avec toutes les personnes qu’elle aimait, la jeune femme était capable de tout pour eux, et elle s’inquiétait plus pour eux que pour n’importe qui d’autre. « Parfois, je me le demande moi-même, je devais être courageux ! Très courageux même ! » La jeune femme donna un petit coup sur l’épaule de son amie en prenant un air faussement vexé. En réalité, elle était tout à fait d’accord avec Kovu parce qu’elle se rendait compte, en se remémorant cette période, à quel point elle pouvait être insupportable. On le lui disait souvent encore aujourd’hui qu’elle était agaçante.

La bonne humeur ambiante qui était jusqu’ici de mise s’était brutalement estompée après une question de Chandler. C’était une question tout à fait banale pourtant. Elle portait sur Minnie, sur comment elle allait précisément. Les deux jeunes femmes ne s’étaient pas vues depuis un moment et la blonde avait voulu en savoir plus. Mais visiblement, cela posait problème puisque cela jeta un froid dans la pièce. L’attitude de Kovu avait changé du tout au tout et Chandler n’eut d’autre choix de se se poser des questions, que de soupçonner qu’il s’était passé quelque chose entre les deux. La pire chose était qu’ils se soient brouillés. Chandler n’y croirait pas une seconde… Minnie et Kovu brouillé ? Impossible… Ils formaient LE duo, ils ne pouvaient pas s’être disputés ou quelque chose du genre. Avec délicatesse, la jeune femme en avait demandé plus à son ami. « Je... j'ai sans doute fait une bêtise » Kovu s’était replacé près d’elle et elle put voir son expression triste et perdue. Elle lui prit la main et le força à la regarder dans les yeux. « Une bêtise ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Si quelque chose menaçait l’amitié de ses deux meilleurs amis, elle voulait à tout prix faire quelque chose et être capable de les aider. « Rien de grave hein ? » ajouta-t-elle clairement inquiète.

Kovu venait de lui avouer qu’il avait fait une bêtise. Et vu sa réaction quand Chandler lui avait posé des questions sur Minnie, il était évident que cela la concernait. Du coup, la blonde s’était tout de suite inquiétée. Comment faire autrement ? Comment penser à quelque chose de positif alors que son ami paraissait si anéanti, alors qu’il avait l’air de tant s’en vouloir ? L’imagination de la jeune s’emballait, et elle pensait à cent à l’heure, imaginant les pires choses qui auraient pu se produire. Elle n’avait encore jamais vu Kovu si mal, elle ne l’avait jamais vu dans un tel état. Ça l’avait d’ailleurs choqué de voir un changement d’attitude si soudain de sa part. Elle lui demanda immédiatement de quoi il en retournait. Elle avait peur de sa réponse, elle avait peur de ne pas savoir quoi dire ou quoi faire pour le rassurer, parce que bien évidemment, quoi qu’il ait fait, elle n’allait pas le blâmer, elle ne le pourrait pas. Mais elle ne savait pas du tout à quoi s’attendre parce qu’il lui était inconcevable d’imaginer que quelque chose de si grave s’était produit entre ses deux meilleurs amis.

« En fait, on était ensemble. On avait bu, on a dansé, on a dessiné les étoiles et... » Jusque-là, rien d’extraordinaire, pas de quoi s’inquiéter… Enfin c’était monnaie courante avec Minnie de faire ce genre de choses. C’était ça qui lui avait plu chez elle, sa légèreté, le fait qu’elle semble être dans un autre monde, à l’écart des gens, mais qu’elle l’assume si bien. Chandler avait tout de suite voulu faire partie de son monde plein d’étoiles et de couleurs. Elle lança un regard insistant à son ami pour l’encourager à continuer. « Je l'ai embrassée » Quoi ?! Il l’avait embrassée ? La phrase se répéta dans son esprit plusieurs fois sans qu’elle ne réagisse, jusqu’à ce que Kovu ne répète. « J'ai embrassé Minnie » Il l’avait embrassée, elle avait bien entendu. « Oh. » souffla-t-elle, un peu sous le choc. Ce fut la seule chose qu’elle trouva à dire sur le coup, mais elle se rendait bien compte qu’elle devait ajouter quelque chose, elle ne devait pas le laisser croire qu’elle le jugeait ou l’accusait intérieurement.

Chandler chercha rapidement quoi dire. « Tu l’as embrassée. » Ah oui en effet, ça ça faisait avancer. Elle pesta mentalement contre elle-même. Kovu allait surement mal interpréter ses paroles. Elle se sentait stupide, à ne pas trouver quoi dire. C’était un sujet délicat, elle savait qu’un baiser, ou que des sentiments amoureux pouvaient tout changer et parfois détruire une amitié, mais elle ne pouvait pas imaginer cela possible pour eux deux. « J'ai tout gâché » La jeune femme secoua vivement la tête. Elle serra la main de son ami un peu plus fort. « Non, je suis sure que non. C’est impossible. Vous en avez parlé ? » Elle était sûre que non… Il l’avait surement évitée, il n’avait pas su lui donner de nouvelles de leur amie alors c’était qu’ils ne s’étaient pas vus depuis un moment, surement. Elle voulait trouver la bonne chose à dire pour le rassurer, pouvoir le conseiller, mais elle ne s’était jamais retrouvée dans une telle situation. Elle n’était pas sure d’être la mieux placée pour ça du coup mais elle voulait faire le maximum pour son ami. « Et je n'arrive même pas à regretter ce moment Chandler... je n'arrive pas à me dire que c'était "mal"... qu'est-ce que je dois faire ? » Un léger sourire naquit sur les lèvres de la jeune femme. « Pourquoi tu voudrais regretter ? T’as apprécié ce moment, non ? Personne ne te demande de te dire que c’est mal non plus. Je pense que… tu n’as pas à te sentir coupable d’avoir fait quelque chose dont tu avais envie…Comment Minnie a réagi ? » Elle tenait toujours la main du jeune homme dans la sienne, elle voulait le rassurer au maximum. « Tu as des sentiments pour elle ? Des sentiments plus profonds encore que ce que tu éprouves déjà pour elle ? »

Kovu avait embrassé Minnie. Ses deux meilleurs amis s’étaient embrassés. Il fallait quelque secondes, voire une petite minute à Chandler pour qu’elle le réalise pleinement, pour qu’elle réalise ce que cela impliquait. Kovu et Minnie étaient les meilleurs amis l’un de l’autres, ils s’aimaient depuis longtemps, plus longtemps que la jeune ne les connaissait en tout cas, d’un amour fraternel. Enfin, c’était un amour, une affection, particulière, Chandler avait toujours imaginé le lien qui les unissait comme étant à part, vraiment spécial. Elle ne savait pas l’expliquer, elle ne savait même pas si eux deux pouvaient l’expliquer, mais c’était une partie des choses qui faisaient qu’elle les appréciait tant tous les deux. Mais elle ne les voyait pas comme ça, pas comme un couple… Enfin, elle aurait pu s’y attendre, il était quand même fréquent de voir deux bons amis tomber amoureux. Elle n’imaginait simplement pas ça pour eux. Visiblement, son ami non plus. Il semblait culpabiliser énormément et avait l’impression que ce qu’il avait fait, parce qu’évidemment il n’en tenait pas Minnie responsable, avait signé la fin de leur si belle amitié. Chandler n’en était pas convaincue. Leur amitié ne pouvait pas s’effacer en un claquement de doigt, à cause d’un simple baiser. Mais il était également monnaie courante que des sentiments amoureux viennent compliquer et même briser de vieilles amitiés, c’était ce que connaissaient la plupart des personnes dans cette situation.

Prête à tout pour rassurer son meilleur ami, Chandler s’empara de sa main et la pressa dans un geste qui se voulait réconfortant. Elle n’aimait pas le voir dans un tel état, et elle voulait tout faire pour l’aider. Quand une personne qu’elle aimait était en détresse, elle faisait tout pour que ce ne soit plus le cas. Et s’il s’avérait que ce baiser avait tout changé entre eux, elle redoublerait d’efforts pour tout arranger. Elle ne pourrait pas rester simple spectatrice et voir quelque chose qu’elle aimait et qu’elle connaissait depuis toujours s’effondrer comme ça. « Non... j'arrive pas à aller la voir... et visiblement, elle veut pas me voir non plus » Il avait mal, ça se voyait. Du coup, Chandler avait mal pour lui. Si on ajoutait le fait qu’elle était en pleine séance, la souffrance était double. Mais elle était vraiment mal et inquiète pour son ami, et elle s’employa à continuer de trouver les bons mots pour le rassurer. « Elle ne veut pas te voir ? Peut-être qu’elle a peur de ta réaction comme toi tu as peur de la sienne. Elle ne peut pas t’en vouloir, c’est Minnie, c’est juste impossible à imaginer… Je suis sûre qu’elle a simplement peur. Tu dois aller la voir, faire le premier pas, sinon vous restez dans cette situation et vous souffrirez de plus en plus… Je n’ai pas envie de vous voir souffrir. » dit-elle d’une voix douce, mais sur un ton autoritaire. Il fallait qu’un des deux fasse le premier pas et là encore, si Kovu ne voulait pas le faire, elle irait voir Minnie et s’en mêlerait. Elle ne pouvait vraiment pas les laisser dans cette situation.

Chandler interrogea ensuite Kovu sur la réaction de Minnie, puis sur ses sentiments envers elle. Elle savait que ce n’était une question évidente, mais elle savait aussi qu’il fallait la poser. « Je n'en avais pas envie, avant ce soir-là, jamais je n'aurais pensé à elle autrement qu'en ma Minnie, ma meilleure amie... et oui évidemment que j'ai apprécié. Elle est la femme que j'aime le plus, c'est mon bras droit de toujours... et c'était différent ce baiser. Enfin, par rapport à tout ce que j'ai connu c'était plus... profond… Et... elle m'a embrassé aussi... » Un léger sourire vint étirer les lèvres de la jeune femme. Kovu était touchant, il se livrait sans crainte et elle trouvait ça très touchant. Puis dans ce qu’il disait, elle arrivait à ressentir la force de ce qu’il éprouvait pour leur amie commune. Et en plus, elle l’avait embrassé aussi. Si elle l’avait embrassé, c’était bien que ça ne la dérangeait pas tant que ça, et qu’elle éprouvait surement des sentiments plus profonds pour lui. Cela confortait Chandler dans l’idée que Minnie avait elle aussi peur de l’impact que leur baiser aurait sur leur relation. « Elle t’a embrassé aussi ! » dit-elle tout excitée. Il n’y avait rien de mieux que d’assister à une histoire d’amour naissante, enfin, si histoire d’amour il y aurait. « Franchement, tu n’as pas à avoir peur, encore moins à t’en vouloir. Si elle t’a embrassé aussi, c’est qu’elle en avait au moins autant envie que toi. Mais tu sais très bien que vous devez parler de tout ça. Vous n’arriverez jamais à tirer tout ça au clair sinon. »

Kovu enchaina et répondit à sa seconde question. « Je l'aime, je l'ai toujours aimé pour ce qu'elle représente : l'innocence, l'insouciance, la féerie de ma triste vie... et je sais pas, je... l'aime, c'est tout ce que je sais, mais je me sens incapable de te dire si c'est un amour différent d'avant ou pas. Comment je suis supposé découvrir si la nature profonde de mes sentiments pour elle à changer ? » Pour le coup, elle ne savait pas trop quoi répondre à ça. Elle n’avait jamais vécu une telle situation et ne voyait pas trop comment le conseiller sur ça. Enfin elle avait vu et lu des films et livres à l’eau de rose, mais elle n’était pas sûre que ce soit un bon point d’appui pour ça. « J’en sais rien… J’imagine que tu le découvriras d’une façon ou d’une autre, si c’est le cas. » Peut-être qu’il avait toujours éprouvé ça pour elle, et que ses sentiments s’étaient juste renforcés au fil du temps, mais que rien n’avait changé. « Enfin, si je devais te donner un conseil et en fait j’ai l’impression que je ne fais que te dire ça, ce serait de foncer et de voir ce que ça donne… Si tu te sens prêt et si Minnie l’est également. Je sais que quoi qu’il arrive, rien ne changera entre vous. C’est impossible. Vous êtes Kovu et Minnie. »

Kovu avait embrassé Minnie. Ses deux meilleurs amis s’étaient embrassés. Il fallait quelque secondes, voire une petite minute à Chandler pour qu’elle le réalise pleinement, pour qu’elle réalise ce que cela impliquait. Kovu et Minnie étaient les meilleurs amis l’un de l’autres, ils s’aimaient depuis longtemps, plus longtemps que la jeune ne les connaissait en tout cas, d’un amour fraternel. Enfin, c’était un amour, une affection, particulière, Chandler avait toujours imaginé le lien qui les unissait comme étant à part, vraiment spécial. Elle ne savait pas l’expliquer, elle ne savait même pas si eux deux pouvaient l’expliquer, mais c’était une partie des choses qui faisaient qu’elle les appréciait tChandler essaya de conseiller Kovu du mieux qu’elle le pouvait en restant le plus objective possible. Elle avait beau vouloir le rassurer, lui dire ce qu’il voulait entendre ne l’aiderait en rien. Elle essayait donc de se mettre à leur place à tous les deux, de penser de leur point de vue, ce qui n’était pas évident mais c’était un effort qu’elle se devait de fournir parce qu’ils étaient tous les deux en détresse et elle ne pouvait pas rester les bras ballants à les regarder s’enfonce dans leurs sables mouvants. Là, elle venait de conseiller à son ami d’aller voir Minnie sans plus attendre parce qu’ils se faisaient clairement du mal à tous les deux en s’évitant et qu’ils avaient absolument besoin de parler sinon leur (faux) problème ne s’arrangerait jamais. « Tu crois que je dois aller la voir alors ? Mais si elle veut plus me voir elle... si plus rien n'est jamais pareil... » Il avait l’air tellement perdu, il avait l’air tellement paniqué… Son cœur se serra à le voir si mal et elle serra la main qui venait de s’emparer de la sienne. Elle posa l’autre par-dessus. « Si tu ne vas pas la voir plus rien ne sera pareil non plus… Alors quitte à ce que ce ne soit plus pareil, autant aller la voir, non ? » Elle regarda bien dans les yeux. « Tu me fais confiance hein ? Tu me fais confiance si je te dis que ça va aller ? Je sais que ça va aller. » Elle espérait que ça allait aller surtout. Mais elle connaissait Minnie et elle ne l’imaginait pas ne plus avoir envie de fréquenter Kovu.

Chandler appris ensuite que Minnie l’avait embrassé en retour. Il avait encore moins de raisons de s’en faire parce qu’il était évident qu’elle avait apprécié le geste et qu’elle en avait voulu plus. Du coup, elle ne comprenait pas trop leur peur à tous les deux. Enfin, à moitié. Pour elle, tout semblait simple : ils semblaient s’aimer et le vouloir tous les deux alors ils devaient être ensemble. Pourquoi toujours tout compliquer ? Elle lui conseilla alors de foncer. « Je suis prêt à essayer... mais Minnie ne sera jamais vraiment prête. Tu la connais, elle reste une enfant quelque part... si je suis vraiment avec elle, je vais lui prendre son innocence parce que ma vie est compliquée et difficile à gérer... et quel genre d'homme fait ça à la femme qu'il aime ? » Il n’avait pas tort et quand bien même son innocence était touchante, et qu’elle comprenait qu’il veuille préserver tout ça, leur amie était une femme comme une autre. Si elle devait aimer, elle serait prête à le faire. Elle secoua la tête avec un sourire. « Tu ne lui feras pas de mal. C’est Minnie… Elle restera innocente quoiqu’il arrive. Tu ne lui feras aucun mal tu m’entends ? Arrête de t’en faire pour ça. » Sa voix se voulait douce et rassurante. Il fallait que Kovu arrête d’avoir peur comme ça, pour tout, s’il voulait que ça s’arrange. « Je ne pense pas être assez bien pour elle... » Chandler leva les yeux au ciel, se pencha vers son ami, posa ses mains sur ses deux épaules et le secoua. « Arrête ça tout de suite, Kovu ! Bien sûr que tu es assez bien pour elle, tu es même le seul qui la mérite. » le gronda-t-elle comme une mère grondait son fils. Elle n’aimait pas le voir se dévaloriser comme ça et son devoir était de le faire arrêter de se torturer tout seul. « Et je ne suis pas pessimiste, juste réaliste sur un "nous" » « Je te trouve plus pessimiste que réaliste, là. »

Un ange passa puis Kovu reprit. « Je suis vraiment désolé de t'importuner avec mes histoires tu sais... mais je suis aussi très content de pouvoir en parler enfin... » Chandler fronça les sourcils. Il faisait tout pour la mettre en colère, décidemment. Pas qu’elle puisse être en colère à cause de lui hein. « Tu ne m’importunes pas. Si je peux être là pour toi je VEUX être là pour toi. Je t’en aurais pas mal voulu si tu ne m’en avais pas parlé tu sais. » ajouta-t-elle en souriant.

Chandler se surprenait elle-même. Le dernier conseil qu’elle donna à Kovu se trouvait être extrêmement judicieux et imbattable question logique. Ce genre de moments ne lui arrivaient pas assez souvent, si bien qu’elle fut très fière d’elle. Elle le serait encore plus s’il s’avérait qu’il servait à son ami et qu’elle l’aidait un tant soit peu. La jeune femme avait la désagréable impression de ne servir à rien, de parler en l’air sans réussir à rassurer le jeune homme. C’était horrible de ne rien pouvoir faire pour les aider. Si elle pouvait, elle leur trafiquerait le cerveau ( )à tous les deux pour que les doutes qui les tracassaient au sujet d’une possible relation disparaissent. « Je vais y aller... je vais aller voir Minnie, ça te va ça ? » Elle hocha la tête. Quelle question ! Bien sûr que ça lui allait. C’était ce qu’elle lui disait de faire depuis le début de leur conversation ! Minnie et Kovu allaient être bientôt réunis, les choses allaient rentrer dans l’ordre et la planète terre allait de nouveau tourner dans le bon sens. Parce que savoir que ces deux-là ne se voyaient plus avait dû perturber bien des choses…

La jeune femme s’employa ensuite à rassurer son ami sur le fait qu’il ne ferait aucun mal à Minnie. Il en semblait tellement convaincu et semblait tellement en souffrir qu’elle eut mal au cœur pour lui. Minnie était certes fragile et innocente mais Chandler refusait de la voir comme une enfant. C’était une adulte à présent et elle savait qu’elle avait la force nécessaire pour supporter certaines choses pouvant être difficiles. Elle savait également que la vie du jamaïcain était très compliquée. Mais là encore, si Minnie aimait Kovu et voulait être avec lui, elle saurait gérer. Puis, la jeune femme voulait y croire. Au moins à leur place, si eux n’y croyaient. Kovu semblait en mourir d’envie et pourtant il refusait de s’y laisser aller, il cherchait toujours une excuse pour s’empêcher de désirer leur amie commune. Et ça la mettait en colère, intérieurement. Elle ne comprenait pas pourquoi il s’infligeait ça, il ne le méritait pas du tout. Là, elle voulait juste le secouer pour qu’il affronte sa peur.

« T'es ma meilleure amie, c'est normal que je t'en parle non ? » dit-il alors qu’il venait de s’excuser pour l’avoir « importunée avec ses histoires. La jeune femme leva les yeux au ciel puis sourit franchement. Elle aimait être au courant des choses qui se passaient dans la vie de ses meilleurs amis, de la chose la plus importante à la plus insignifiante. Jamais elle ne pourrait leur en vouloir s’ils venaient à frapper chez elle au beau milieu de la nuit, quoiqu’il arrive, elle serait toujours là pour les écouter et essayer de les aider, parce que ça elle avait encore des doutes sur sa capacité à le faire. « Quoiqu'il se passe entre elle et moi, tu seras la première au courant... et si jamais ça foire... promets-moi que tu seras là pour elle d'accord ? C'est son bonheur à elle qui compte en premier Chandler » Elle hocha la tête. « Je serais là pour elle comme je serais là pour toi. » Elle refusait de penser que ça pourrait foirer entre eux. « Je l’ai toujours été et je ne le serais toujours, tu sais. Si je me suis tant accrochée à vous au départ ce n’est pas pour vous lâcher quelques années plus tard. » Elle se sentait un peu quétaine à dire ça mais c’était vrai, elle aimait vraiment Minnie et Kovu comme des frères et sœurs. « Mais tu me promets que tu feras tout pour que ça marche hein ? Que tu arrêteras de te trouver des excuses pour ne pas affronter les choses ? Promets-le moi. »

« Tu sais, c'était pas vraiment coller, c'était limite du harcèlement. Chandler se mordit la lèvre et prit un air innocent et désolé à la fois. La petite fille qu’elle était à l’époque n’avait pas eu conscience qu’elle était vraiment collante et lourde. Elle ne se rendait pas compte que les coller comme ça, les suivre partout, continuer à leur parler alors qu’ils l’ignoraient et lui faisaient comprendre qu’elle devait arrêter de chercher à être leur amie n’était pas un comportement normal. Mais ça l’était pour elle. Elle avait tellement envie de pouvoir les connaitre, de pouvoir partager leurs jeux, leurs secrets, qu’elle n’avait reculé devant rien. Chez les adultes, on ne trouvait pas ça normal. On mettait de tels gens en prison parce que ce n’était pas un comportement sain. Mais chez Chandler, c’était adorable. Et assez pathétique quelque part. Ca montrait simplement son désir d’avoir des amis et d’être acceptée. Elle n’était pas une fille facile, toujours pleine d’énergie, elle fatiguait vite les autres et n’arrivait pas à garder les gens autour d’elle parce qu’elle était justement fatigante. Kovu et Minnie, à l’usure, avaient été les premiers à l’accepter. « Je me rends compte que j’étais une vraie sangsue, oui. Je suis désolée pour ça. Enfin, non, pas du tout en fait. Si je n’avais pas tant insisté je ne vous aurais pas connu. Ma vie aurait été bien triste. » dit-elle en esquissant un sourire. Elle ne regrettait vraiment pas d’avoir été une sangsue justement. Si elle ne l’avait pas fait, elle ne connaitrait pas ses deux meilleurs amis. Enfin, ils ne seraient pas aussi proches qu’aujourd’hui. Leur amitié était une des choses les plus précieuses qu’elle avait et elle ne voulait surtout pas la perdre. « N'empêche, je ne sais toujours pas pourquoi tu nous as choisi nous. On était genre... les loosers de l'école, toujours... à part. » Oui, pourquoi eux ? Pourquoi eux et pas d’autres enfants ? Ce n’était pas ce qui manquait à l’école pourtant. La jeune femme ne s’était jamais posé la question. Ça avait toujours été évident pour elle. « Parce que je voulais faire partie des losers aussi ? Les losers sont cools. » Elle haussa les épaules. « Non, en vrai, j’en sais rien. Je vous ai juste vu et j’ai tout de suite eu envie de vous connaitre. Vous aviez l’air si bien tous les deux que je voulais être bien aussi, avec vous. Le coup de foudre au premier regard quoi. » Chandler demanda ensuite à Kovu de tenir une promesse. Chacun son tour quoi. Elle voulait à tout prix que Kovu arrête de s’empêcher de voir Minnie et de se dire qu’il n’était pas assez bien pour elle. Elle voulait qu’il fasse tout son possible pour être avec elle et qu’il arrête de se trouver de fausses excuses. Comme elle savait qu’il tenait toujours ses promesses, c’était la seule manière de s’assurer qu’il le fasse. Il lia leur doigt et la regarda dans les yeux. Son ton était sérieux. C’était signe qu’il allait l’honorer, cette promesse. « Je te promets de toujours tout faire pour Minnie, quoiqu'il arrive. Je te promets aussi que je ferais tout pour qu'elle soit heureuse. Et je te promets que je ferais en sorte d'être un homme bien pour elle sans me plaindre et sans tenter de m'enfuir » Elle hocha la tête en signe d’approbation. C’était tout ce qu’elle voulait. Ils méritaient d’être heureux tous les deux. « Alors, heureuse ? » son ton cette fois se fit plus léger. Chandler se mit à rire. « On ne peut plus heureuse ! » Elle se retint d’ajouter quelque chose sur leur mariage futur. Kovu avait déjà assez de mal avec ça, elle ne voulait pas le torturer encore plus. Elle serra la main du jeune homme un peu plus fort. « Mais ce qui compte avant tout c’est que vous deux soyez heureux. »

« C'est notre vie à nous qui aurait été triste ! On a eu de la chance de se trouver si jeune, on a pu créer des liens très important. Sans vous, ma vie aurait été fondamentalement différente tu sais » Chandler se mit à rire. Elle se sentit ensuite rougir. Pendant longtemps, même après avoir été acceptée par Kovu et Minnie et avoir partagé des moments forts avec eux, elle s’était considérée comme un boulet, une espèce de poids pour eux. Elle n’était pas dupe, ça avait été eux deux avant eux trois et elle ne leur avait pas demandé leur avis avant de s’immiscer dans leur groupe. Elle s’était totalement imposée et ils n’avaient pas eu d’autre choix que de la tolérer. Depuis, bien sûr, ils lui avaient prouvé qu’ils l’aimaient et que leur amitié était précieuse. La jeune femme appréciait juste de l’entendre dire ça, ça rendait le sentiment plus réel, fondé. Elle n’avait pas d’autres amis d’enfance. Elle ne s’entendait pas vraiment avec les autres. Et les seuls autres enfants qu’elle avait connus lui avaient fait vivre de réels cauchemars. Son père avait jugé bon de les laisser chez son collège, monsieur De La Vega, quand ils devaient travailler ensemble. La maison était plein d’enfants de son âge, plus ou moins, et tous ces enfants étaient de véritables petits monstres. Ils lui avaient fait connaitre l’enfer, ça l’avait vacciné de vouloir avoir des amis. L’idée qu’elle ait pu changer la vie de Kovu, d’une quelconque façon, lui réchauffait un peu le cœur. « Différente… Je vois ce que tu veux dire. » Ils ne parlaient peut-être pas de la même chose mais par exemple, si Minnie et Kovu n’étaient pas là pour elle, pour l’aider à traverser l’épreuve de sa maladie, les épreuves quasi quotidiennes des dialyses, elle ne savait pas si elle réussirait à si bien supporter la chose. « Je t’ai jamais remercié pour… » Elle regarda autour d’elle. « Ca. » Elle sourit. « C’est pas évident comme truc, déjà que pour moi c’est pas simple, j’imagine que c’est pas facile à voir non plus… Et voilà, peu de gens le font, et ça compte beaucoup pour moi. Alors merci. » Elle serra la main de Kovu toujours dans la sienne. Ah ah, non, elle n’allait pas pleurer ! C’était une femme forte et même touchée, elle ne pleurerait pas. Le jeune homme détendit heureusement l’atmosphère. « Love at first sight. J'aurais bien dit de même mais ce serait mentir, je m'inquiétais surtout sur le fait que tu me suives au moment où je devais me changer en gym... pendant un moment, je n'étais plus rassuré de rien tu sais ? » Chandler éclata de rire à son tour. Il était vrai qu’elle n’était pas vraiment subtile et ne souciait pas de jusqu’où pouvaient aller ses actes. Seulement, de là à aller dans le vestiaire des garçons… « Ew non ! Pas des garçons ! » dit-elle en secouant la tête en se cachant les yeux telle une gamine. Ça lui faisait du bien de rire, ça lui faisait oublier les fils et les machines qui l’entouraient. « Tu sais, si une femme comme Minnie me choisit, je ne peux qu'être heureux non ? » ajouta Kovu, dans un élan de sincérité touchante. Chandler hocha la tête, elle était vraiment heureuse pour ses deux meilleures amies. Elle espérait que les choses allaient rentrer dans l’ordre très vite et qu’ils allaient arrêter d’avoir peur.