En sortant de salle d'opération, Conrad prit le temps de se laver les mains et les bras plus de vingt minutes avant de finalement rejoindre les vestiaires. Il avait encore une intervention dans une petite heure, en attendant, il s'accordait une micro-pause et le temps de manger pour tenir le coup jusque ce soir, sans savoir combien de temps allaient durer sa prochaine chirurgie qui s'annonçait compliquée. En arrivant au vestiaire, il vérifiait comme toujours son portable au cas ou il y aurait un problème avec la petite. Elle semblait aller bien, ce qui n'était pas le cas de son frère. Conrad levait les yeux au ciel en entendant son message, priant pour qu'Olivia aie tenu le coup, ainsi que Tim qui devait l'attendre. Il s'en voulait de ne pas avoir pris son téléphone en salle d'opération avec lui, surtout qu'il n'était qu'à 4 étages de son frère. Retirant sa veste blanche, il enfilait rapidement son pull avant de sortir en trombe des vestiaires. Il ne prit pas le temps de chercher son chef et se contentait donc de prévenir la responsable des plannings. « Reportez l'opération ou faites moi remplacer, je n'suis là pour personne aujourd’hui. » Il insistait bien sur ce dernier point, il était inutile de le biper, sa famille passait devant sa carrière, sans exceptions. Il se renseignait directement auprès de l'infirmière pour savoir à quel étage se trouvait Olivia, et se faisait indiqué la maternité. Détail que Tim dans la panique n'avait pas préciser, le bébé était déjà là? Prenant l'ascenseur, il rejoignait rapidement l'étage et trouvait rapidement Tim totalement désemparé dans le couloir. « Je suis désolé, j'étais en salle d'op... » il s'excusait à bout de souffle par sa course, avant de reprendre plus calmement. « Comme va t-elle? Et le bébé? » Conrad savait que s'ils étaient à cet étage, le bébé était forcément né, restait à savoir si tout allait bien pour lui, le jeune homme redoutait la réponse, tant pour son neveu ou sa nièce que pour son frère qui ne le supporterait pas si malheur était arrivé.

Tout s'était passé tellement vite. Olivia qui s'était mise à hurler dans la salle de bain, Timothy qui s'était rué vers elle pour constater qu'elle se cramponnait le ventre en pleurant, lui qui l'avait emmenée en quatrième vitesse à l'hôpital, les médecins qui leurs avaient annoncé qu'il fallait immédiatement provoquer l'accouchement. L'animateur radio était resté près de sa petite amie tout du long, lui tenant la main, main qu'elle serrait presque jusqu'à lui briser les os alors qu'elle hurlait de douleur. Les minutes, les heures avaient semblé être une éternité. Mais, à contrario, le temps semblait s'être arrêté quand, au milieu des pleurs stridents de la petite fille qui venait de naître, le bip désagréable de la machine cardiaque montra que le palpitant d'Olivia s'était arrêté. Le nouveau père n'eut même pas le temps de se précipiter sur elle, on l'avait déjà mis dehors pour revenir le trouver plusieurs longues minutes après pour lui annoncer qu'elle était dans le comas. Suite à cela, Timothy avait fui dans les couloirs de l'hôpital pour appeler son frère à la rescousse, sous le choc, complètement retourné et au bord des larmes. Se transformant subitement en lion tournant dans une cage, il se mit à faire les quatre-cent pas dans la maternité, sans même oser aller voir sa fille, quand bien même on lui avait juré que le bébé était en bonne santé. Mais même si l'enfant allait bien, ce n'était pas suffisant. Celle qu'il aimait était dans le comas et cela suffisait à le détruire.

Timothy n'avait aucune notion du temps et ne savait donc pas du tout combien de temps il était resté à tourner en rond dans le couloir, en regardant l'écran de son téléphone toutes les deux secondes pour vérifier si Conrad lui avait envoyé un quelconque message. Mais seule Aladiah lui répondait régulièrement, tentant de le rassurer en lui promettant de le rejoindre au plus vite. Quand soudain, une silhouette qu'il ne connaissait que trop bien fit son apparition en courant dans le couloir. Conrad. Rien qu'à cette vision, l'animateur radio eut envie de fondre en larmes. C'était ainsi, devant son frère, il n'arrivait que très rarement à retenir ses sentiments. « Je suis désolé, j'étais en salle d'op... » Il comprenait mieux pourquoi il n'avait pas répondu. En signe de compréhension, il haussa doucement les épaules avant de planter ses yeux débordant de larmes sur lui. « Comme va t-elle? Et le bébé? » La première question lui brisa le coeur. Olivia n'allait pas bien du tout. Frappé de plein fouet une fois de plus par cette réalité, il détourna la tête et se pinça les lèvres tout en soufflant pour tenter vainement de se calmer. « La petite va bien... mais Olivia... » Impossible de terminer sa phrase, un sanglot lui serra subitement la gorge, l'obligeant à rejeter sa tête en arrière en fermant les yeux à s'en fendre les paupières. Hors de lui, perdant pied, il se tourna et envoya son poing valser dans le mur.

Lors de leur dernière rencontre, Tim lui avait bien parlé d'Olivia qui se fatiguait au fur et à mesure que sa grossesse avançait, mais Conrad n'avait jamais pensé que ce soit si grave, encore moins qu'elle accouche dans les jours à venir. Il savait que la jeune femme était atteinte d'une leucémie, du moins l'avait été, ce qui la rendait immédiatement beaucoup plus fragile qu'une autre. Tous ces détails ne faisaient qu'accroitre sa panique pendant qu'il dévalait les étages pour retrouver son frère. A voir ses yeux rougis, le jeune homme savait qu'il ne s'était inquiéter pour rien, l'un ou l'autre allait mal, pour ne pas dire au plus mal. Après quelques secondes de silence, Tim finissait par lui répondre « La petite va bien... mais Olivia... » avant d'écraser son poing contre le mur sous les regards des infirmières. D'un signe de main, Conrad les suppliait de ne pas intervenir, la dernière chose dont il avait besoin était une leçon de conduite. S'approchant de son frère, Conrad posait ses mains sur les épaules de celui-ci, sachant parfaitement que ce simple geste ne suffirait pas à le calmer. C'était le genre de situation ou vous vous sentiez impuissant, incapable de faire quoi que ce soit pour améliorer la situation. « Olivia est forte, elle va s'en sortir... elle a traversé bien pire que ça. » Conrad ignorait s'il disait vrai ou non, elle avait certes eut bien plus dur à traverser, mais il ignorait dans quel état la jeune femme se trouvait actuellement.

Les pensées de Conrad dérivait un instant vers Elisa, se demandant si Tim avait déjà pris le temps de prévenir sa fratrie qui était en nombre, mais là n'était pas vraiment la question pour le moment. Conrad préférait d'ailleurs éviter qu'Elisa prenne le volant en état de panique et passerait la chercher plus tard pour lui annoncer et la conduire lui-même. « Tu as déjà vu ta fille? Elle a surement aussi besoin de sentir une présence... » Tim n'étant pas à ses côtés, Conrad se demandait surtout si elle allait aussi bien qu'il ne le prétendait. Si c'était le cas, elle n'était pas la priorité mais pour le peu qu'il s'y connaissait en bébé, il savait qu'elle avait besoin d'une présence. Les médecins disaient que les enfants reconnaissaient les voix qui les avaient entourés durant la grossesse, ça lui ferait donc du bien d'entendre celle de son père à défaut d'avoir les bras de sa mère.

Envoyer un coup de poing dans le mur au milieu d'un hôpital était de loin le geste le plus approprié. Mais cela faisait des heures que Timothy retenait sa colère et sa tristesse. Le déchirement de savoir Olivia dans le comas, la haine de n'avoir rien pu faire pour empêcher cela. Heureusement, Conrad était là pour l'épauler, le calmer. Il vint d'ailleurs très vite attraper son frère par ses épaules. L'animateur radio tourna la tête afin d'éviter son regard, alors que ses yeux étaient rougis par les larmes qui les inondaient. Mais il finit par regarder à nouveau le médecin quand celui-ci reprit la parole pour tenter de le rassurer. « Olivia est forte, elle va s'en sortir... elle a traversé bien pire que ça. » Elle était forte, il le savait. Mais il fallait croire que ce n'était pas suffisant étant donné l'état dans lequel elle se trouvait. À cran, Timothy hocha négativement la tête en se mordant la lèvre inférieure. Non, elle n'avait pas traversé pire que ça. Le comas était certainement la chose la plus terrible que lui avait amené sa maladie et le pire dans tout cela, c'était que lui ne pouvait rien y faire. Il était condamné à rester près d'elle, à lui parler sans entendre sa voix lui répondre, et à prier pour qu'elle se réveille au plus vite. Bien triste avenir pour de jeunes parents. « Elle est dans le comas Conrad... » marmonna-t-il alors que ses pupilles fixaient celles de son frère. Et combien de temps ça allait durer ? Il n'en savait rien, les médecins non plus. Et si cela durait des mois, des années même ? Il ne s'en relèverait pas.

« Tu as déjà vu ta fille? Elle a surement aussi besoin de sentir une présence...» Il l'avait vue oui. Il était resté près d'Olivia le long de l'accouchement, il avait vu le bébé naître, il l'avait entendu pleurer et ce son avait sonné comme le plus merveilleux de tous à son oreille. Mais il avait fallu que le coeur d'Olivia s'arrête, on avait mis Tim dehors, pour le chercher quelques temps après afin de l'emmener près de sa fille. Il l'avait tenue contre lui quelques minutes, le temps d'annoncer les prénoms choisis par lui et Olivia aux infirmières : Jade Beth. Puis il s'était retrouvé seul, on lui avait annoncé le comas d'Olivia, et la suite, vous la connaissez. Suite à la question de Conrad, le jeune père hocha positivement la tête afin de lui confirmer qu'il avait vu la petite. Mais il s'empressa de prendre la parole, afin de contredire la suite de ses paroles. « Je... je peux pas rester vers elle. Pas pour l'instant... j'y arrive pas. » Il ne tenait pas sa fille pour responsable du comas d'Olivia, loin de là. Mais il n'était moralement pas capable d'assumer sa paternité alors que sa petite amie était profondément endormie et sans savoir quand est-ce que ses yeux se rouvriront.

C'est très bien ! ♥ Et putain... j'avais pas vu que tu avais rép ): J'suis dégoutée... heureusement que j'ai parlé de ce RP à Serkane, parce que j'aurais jamais vu que tu m'avais répondu sinon x) So, sorry ): Et c'est pas top comme suite, pardonne-moi.

A cet instant précis, Conrad avait envie de quitté son frère quelques minutes pour découvrir le dossier de sa petite amie, mais le résultat l'effrayait bien trop pour y aller ou ne fus ce que le proposer. Si les nouvelles s’avéraient être (très) mauvaises, il ne tenait pas à être celui qui l'apprendrait à son frère. Conrad n'avait pas l'intention de le quitter une seconde tant que les choses ne s'amélioreraient pas, il comptait le soutenir mais il ne voulait pas prendre la place de médecin aujourd'hui, celle de petit frère était bien plus importante. Le jeune chirurgien ignorait s'il avait laissé plané un certain doute en affirmant qu'elle s'en sortirait, toujours est-il que Tim ne semblait pas être de son avis et agitait la tête négativement pour le contredire. « Elle est dans le comas Conrad... » Et combien de personnes sortaient du coma après quelques heures seulement? Beaucoup. Il ne voulait pas perdre espoir et rejoindre son frère, un d'eux devait gardé espoir et Tim semblait en être incapable pour l'instant. « Je vois chaque jour des personnes sortir du coma, dans une forme que tu ne t'imagines même pas... Reste fort, elle va avoir besoin de toi pour traverser tout ça... » La dernière en date n'était autre qu'Arizona, la petite soeur d'un "ami". Le simple fait d'entendre sa voix régulièrement pouvait l'aider, c'est du moins ce que les médecins conseillaient généralement. De nombreuses études avaient été réalisées, montrant ainsi que l'activité cérébrales des patients changeaient lorsqu'un être cher s'adressait à lui, il devait la soutenir au maximum. Ainsi que sa fille. Selon lui, il n'y avait rien de plus encourageant pour Olivia que les cris de sa petite princesse en pleine forme pour la faire revenir dans ce monde, il fallait juste attendre l'accord de l'équipe médicale.

Conrad en venait d'ailleurs rapidement à s’inquiéter pour sa nièce qui se retrouvait privée de toute présence suite au complications qui suivaient sa naissance. Tim lui confirmait rapidement ne as l'avoir gardée à ses côtés bien longtemps. « Je... je peux pas rester vers elle. Pas pour l'instant... j'y arrive pas. » Pinçant les lèvres, il observait un instant par la fenêtre sa belle soeur allongée et dans un corps totalement inerte et accompagnée de nombreuses machines qui ne disaient rien de bons. « Dés qu'on aura l'autorisation, il faudrait mettre la petite dans la même chambre... ça pourrait l'aider de l'entendre... » Sauf que pour l'instant, Olivia était toujours inconstante et pouvait donc chuter à tout moment, ce qui expliquait qu'ils se trouvent en dehors de la chambre, l'équipe se tenait prête à intervenir à tout moment même si Conrad espèrait qu'ils n'aient pas à le faire. « Je resterai avec elle tant que tu seras près d'Olivia si tu veux. » finissait-il par lâcher à mi-voix, pensant autant à sa nièce qu'à sa belle-soeur. Lorsqu'il s'était retrouvé soudainement papa, Conrad avait lu pas mal de bouquins qui lui avait notamment appris qu'un bébé pouvait ressentir ce qui se passait autour de lui et sentait bien s'il y avait une présence familière ou non à ses côtés. Alors que son frère s'appuyait une nouvelle fois contre le mur, toujours aussi désemparé, Conrad se chargeait lui de leur prendre deux canettes de coca, dont une qu'il lui tendait automatiquement. « Je doute que tu penses à manger mais bois au moins quelque chose. » De sucré, de préférence, car il ne tenait pas à le voir en hypoglycémie d'ici quelques heures. Peu importe la situation, son âme de médecin était toujours bien présente.

Timothy n'était pas connu pour être quelqu'un de très nerveux. Il lui était arrivé, certes, de péter les plombs, comme tout le monde. Ça lui était notamment arrivé durant la période où il s'accrochait désespérément à Azure : il était arrivé au point de recevoir un avertissement de son supérieur avec risque de licenciement. Mais, dans la vie de tous les jours et ceci depuis qu'il était enfant, il était un homme pacifiste, qui préférait régler calmement les choses et qui arrivait toujours à prendre suffisamment de recul face aux choses pour ne pas s'énerver, rester calme et résoudre les problèmes. Mais, en ce moment, c'était comme si cette capacité à rester avec les idées claires et à tempérer s'était évaporée. Il ne contrôlait plus rien et sentait chaque cellule de son corps être secouée par la haine et la tristesse qui le dévastait intérieurement. Il était presque devenu incontrôlable. Heureusement que Conrad était là pour l'aider. Son frère le connaissait par coeur et savait exactement comment il avait à se comporter avec lui pour le calmer. Timothy venait de lui confier que sa petite amie se trouvait dans le comas, situation désespérante pour le jeune père qui perdait littéralement pieds. Mais son grand frère, une fois de plus, parvint à le rassurer un minimum. « Je vois chaque jour des personnes sortir du coma, dans une forme que tu ne t'imagines même pas... Reste fort, elle va avoir besoin de toi pour traverser tout ça... » Son expérience de médecin lui permettait de témoigner objectivement et ces quelques mots remirent les idées en place à l'animateur radio. Conrad avait raison : la plupart des personne sortaient du comas, finissaient par se réveiller et, tout ce qu'il pouvait faire en attendant qu'Olivia n'ouvre les yeux étaient d'être à ses côtés, de lui parler, lui tenir la mains, la soutenir. Les yeux brillants de larmes, il hocha donc positivement la tête en se pinçant les lèvres, craignant de fondre en larmes à un moment ou à un autre. « Tu crois qu'elle va s'en sortir ? » demanda-t-il innocemment. Il restait le petit frère après tout, et il avait réellement besoin d'entendre que son frère, médecin, y croyait. Soufflant péniblement, il appuya ses mains contre son bassin en regardant le sol, puis il releva les yeux pour croiser le regard de son frère et l'éviter. Au fond de lui, la culpabilité se mêlait à la rage qui le secouait. Il n'était en rien fautif du comas d'Olivia, mais il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il en était tout de même responsable. Parce qu'il l'avait mise enceinte, parce qu'il n'avait pas su la convaincre d'avorter, persuadé que sa grossesse et son comas ne seraient pas compatibles. « J'aurais pu lui éviter ça... » se contenta-t-il de marmonner, s'attendant déjà à ce que Conrad le remette en place en lui répétant qu'il n'y était pour rien.

Puis le sujet du bébé fut évoqué. Jade se portait bien pour un prématuré et les médecins s'en étaient rapidement occupés, laissant tout de même le droit à Timothy de la voir. Mais c'était lui qui avait décidé de partir rapidement, délaissant son bébé seul avec les infirmières. Il se jugeait encore trop faible, si ce n'est incapable de s'occuper de la petite sans Olivia. « Dés qu'on aura l'autorisation, il faudrait mettre la petite dans la même chambre... ça pourrait l'aider de l'entendre... » L'idée était bonne, Timothy se contenta cependant d'adresser un simple regard d'accord à son frère. Parler de sa fille le faisait se sentir plus faible encore, c'était incontrôlable. « Je resterai avec elle tant que tu seras près d'Olivia si tu veux. » lui proposa-t-il gentiment. C'était bien Conrad ça. Il avait (presque) toujours jouer son rôle de grand frère à merveille, et il le prouvait encore aujourd'hui. Le jeune père expira doucement, passant son pouce et son indexe contre ses yeux fermés afin d'essuyer ses larmes avant de se pincer l'arrête du nez. Puis il regarda son frère sans parvenir à lui adresser ne serait-ce qu'une bribe de sourire. « C'est gentil mais... je ne veux pas t'embêter avec ça. Tu as Ivy, tu as des responsabilités au sein de l'hôpital... » Il espérait pouvoir s'en charger seul, bien qu'il s'en sente encore incapable. Mais il ne voulait pas importuner son frère. Il avait d'autres priorités que celle de veiller sur sa nièce à la maternité pendant que lui tiendrait la main d'Olivia en lui marmonnant des flots de parole sans réelle fil conducteur. Se sentant défaillir, Timothy finit par s'appuyer contre le mur et son frère en profita pour filer en direction d'un distributeur de boisson. L'animateur radio finir par s'asseoir sur un des sièges, s'y laissant mollement tomber. Conrad refit bien vite apparition, lui tendant une canette fraîchement achetée. « Je doute que tu penses à manger mais bois au moins quelque chose. » Conscient que refuser était inutile face à la tête de mule qu'était son médecin de frère, Timothy attrapa la boisson et le remercia faiblement avant de l'ouvrir et d'en boire une petite gorgée. Sa trachée compressée l'empêchait cependant d'avaler correctement et il toussota doucement pour faire passer le liquide en grimaçant. Puis, sans trop réfléchir, il leva la tête vers son frère et lui demanda « Tu veux aller la voir ? » Conrad avait certainement envie de faire la connaissance de sa nièce et peut-être que le père se sentira plus fort et capable de s'occuper de sa fille avec son frère à ses côtés.

Conrad savait parfaitement que le coma représentait l'inconnu, un statut parfois proche de la mort qui effrayait beaucoup de personnes. Pourtant, dans certains cas, le coma représentait aussi l'apaisement, un moyen de ne pas souffrir, au point que certains médecins prenaient parfois la décision de plongé quelqu'un dans un coma artificiel. Olivia l'avait rejoint d'elle même, mais cela ne voulait pas forcément dire que tout était perdu, même si ce n'était bien sur pas un signe positif. Conrad tentait de réfléchir d'un point de vue médical et non familial, ce qui l'aidait pas mal à garder son calme et confiance. Dans l'état ou se trouvait son petit frère actuellement, il n'avait surtout pas besoin de voir que lui aussi se mettait à paniquer. « Tu crois qu'elle va s'en sortir ? » Conrad se pinçait les lèvres, levant les épaules d'un air navré, admettant qu'il n'en savait pas plus que lui actuellement. Il refusait de lui mentir, de lui promettre qu'Olivia allait bien et serait sur pieds dans quelques jours alors qu'il ignorait tout de son cas. La seule chose dont il était certain était qu'elle était dans le coma, mais il n'avait pas encore eut l'occasion de parler aux médecins qui s'étaient occupés d'elle, ou encore de lire son dossier. « Je suis convaincu qu'elle va se battre pour serrer sa princesse dans ses bras au plus vite... Pour l'instant, ils ont surtout tenté de la stabiliser, mais tu auras rapidement de nouveaux résultats... Je peux consulter son dossier, si tu veux... » Le problème était qu'en le consultant, bonnes ou mauvaises, il serait celui qui lui donnerait des nouvelles, ce qu'il cherchait à tout prix à éviter. S'il y a bien une chose que Conrad ne pouvait se permettre, c'était de lui mentir. Au cours de sa jeune carrière, le médecin avait déjà eut à annoncer de terribles nouvelles, ce qui était toujours une épreuve à traverser lorsque vous étiez seul pour affronter les regards désemparés des proches du patient. Là, il ne s'agissait pas d'une patiente, de sa patiente, mais bien de sa belle-soeur et d'une vérité qu'il n'était pas certain de pouvoir dévoiler à son frère. « J'aurais pu lui éviter ça... » Conrad levait les yeux vers Tim, même s'il voyait bien que c'est exactement ce que son frère évitait de faire depuis son arrivée. « Tu n'aurais pas pu lui éviter ça... Elle est fragile, elle a choisi de prendre ce risque pour votre fille, c'était son choix... Et tu ne peux pas t'en vouloir pour ça, encore moins lui en vouloir à elle. » Ce qui ne risquait pas d'arriver. Maintenant qu'il était lui-même papa, Conrad comprenait parfaitement qu'Olivia aie choisi de prendre un risque pour connaître ce bonheur, et c'était tout à son honneur. Tim n'était pas en état de le voir de la même façon et de le comprendre, mais il savait qu'il finirait par remercier le ciel de ne pas avoir convaincu sa fiancée d'avorter, lorsqu'ils se retrouveraient tous les trois à la maison.

D'ailleurs, le fait de voir sa fille en bonne santé devait l'aider - du moins c'est ce qu’espérait Conrad. Si Plivia pouvait parler, elle l'approuverait sans doute, maudirait le jeune papa de ne pas être à ses côtés à cet instant précis, il en était certain. Néanmoins, il ne pouvait pas forcer son petit frère à assumer ce rôle s'il ne s'en sentait pas capable pour l'instant, il était prêt à faire ce qu'il fallait pour elle, pour Liv ou pour lui. Là ou Tim avait besoin de lui, il serait là, peu importe le rôle qu'il voulait lui donner. « C'est gentil mais... je ne veux pas t'embêter avec ça. Tu as Ivy, tu as des responsabilités au sein de l'hôpital... » Ivy n'était pas un soucis majeur. Bien sur, il tenait à passer du temps avec elle histoire de continuer à s'adapter à cette nouvelle vie, Conrad ne désirait pas la perturber à nouveau, mais il avait une baby-sitter à présent, et il pouvait toujours compter sur Litzy ou l'une de ses voisines à qui il faisait confiance. « Tant que je rentre la voir tous les jours, Ivy n'est pas un soucis, ne t'inquiètes pas pour ça... Et encore moins pour l’hôpital. » Bien qu'il ne tienne pas forcément à être viré après deux mois seulement, Conrad se moquait pas mal de sa carrière, qui passait bien loin derrière sa famille. Après cinq années à se consacré pleinement à ses patients, il était temps d'inverser la tendance et de prendre ses responsabilités auprès de ses proches. Conrad avait d'ailleurs fini par abandonné quelques minutes son frère pour aller lui chercher quelque chose à boire, le tenir debout était sa priorité. De retour à ses côtés, il lui tendait la canette et restait pour sa part debout, se demandant à quel moment ils croiseraient le médecin d'Olivia pour en savoir plus. « Tu veux aller la voir ? » La proposition de Tim le surprenait légèrement, il prenait alors sur lui pour masquer son excitation et sa satisfaction à l'idée d'aller sortir ce bébé de sa solitude - si toute fois un si petit être pouvait ressentir ce genre de chose. « Seulement si tu te sens prêt. » finissait-il par lui répondre sur un ton qui se voulait bienveillant. Bien qu'il en aie envie, Conrad n'irait pas la voir sans lui, estimant que Tim devait être la personne qui la tiendrait contre lui.

Le haussement d'épaule de Conrad semblait légitime. Comment pouvait-il prévoir si Olivia allait s'en sortir dans la mesure où même les médecins qui s'occupaient de son cas n'en savait rien ? Baissant la tête, Timothy se mordit la lèvre inférieure et ferma les yeux quelques instants, ne fixant à nouveau son attention sur son frère quand celui-ci reprit la parole. « Je suis convaincu qu'elle va se battre pour serrer sa princesse dans ses bras au plus vite... Pour l'instant, ils ont surtout tenté de la stabiliser, mais tu auras rapidement de nouveaux résultats... Je peux consulter son dossier, si tu veux... » Son médecin de frère était décidément le meilleur. C'était l'avantage d'avoir un proche travaillant à l'hôpital : il avait les mots pour rassurer et bénéficiait de certains privilèges. Haussant les épaules, le jeune père ne sut réellement quoi répondre. Olivia était une battante, comme tous les Hanwell. Mais il ne désirait pas en apprendre plus sur l'état réel des choses. Elle était dans le comas, ça lui suffisait. Il ne voulait pas en savoir plus, au risque de se sentir encore plus abattu. « Si tu en voix l'utilité pour toi, d'accord. Mais pour moi, ce ne sera pas nécessaire... la savoir dans le comas me suffit. » déclara-t-il de sa voix faiblarde, posant cependant un regard sincère sur Conrad, afin qu'il comprenne qu'il lui était reconnaissant pour sa présence et son soutien. Puis il eut le malheur d'énoncer le fond de sa pensée, d'avouer sa culpabilité. Évidemment, la réaction du médecin était à attendre : il redressa la tête et le fixa, Timothy évita son regard. « Tu n'aurais pas pu lui éviter ça... Elle est fragile, elle a choisi de prendre ce risque pour votre fille, c'était son choix... Et tu ne peux pas t'en vouloir pour ça, encore moins lui en vouloir à elle. » Il avait raison, en tout point. Mais comment ne pas se sentir coupable de ça ? Au fond de lui, il savait pertinemment qu'il aurait pu éviter ce comas à Olivia. Mais, connaissant son frère, il savait que tenter de se défendre sur ce point serait vain et l'amènerait directement à la case échec. Alors il se pinça les lèvres et baissa à nouveau la tête, soufflant bruyamment en croisant ses bras contre son abdomen.

La valeur familiale avait toujours été importante pour Timothy, pour les McDouglas comme pour les Reynolds. Retrouver une vie de famille sereine après les deux disparitions qui avaient touché réciproquement les deux clans n'avait pas été simple au début. Timothy et Conrad se détestaient, le premier n'acceptant pas du tout l'arrivé d'inconnus dans sa vie, sous son toit. Et puis, au fil du temps, ils ont finalement fait tomber les murs pour apprendre à se connaître et de là était née une vraie fraternité. L'animateur radio considérait Conrad comme son véritable frère, qu'importe s'il n'avait aucun lien sanguin. Moralement parlant, le médecin avait toujours agi comme un frère à son égard, il était donc l'aîné que Timothy n'avait pas eu depuis sa naissance. En sachant donc que la famille passait avant tout pour cette famille reconstruite, il semblait logique que Conrad soit présent pour épauler son frère. « Tant que je rentre la voir tous les jours, Ivy n'est pas un soucis, ne t'inquiètes pas pour ça... Et encore moins pour l’hôpital. » Tim ne l'avoua pas, mais ces paroles le rassurèrent. Il resterait avec lui, ne le laisserait pas seul et se débrouillerait pour agir en conséquence. Lui adressant un regard de remerciement, l'animateur radio passa le bout de sa langue entre ses lèvres et se laissa finalement tomber sur un siège le temps que son frère aille chercher deux canettes dans le distributeur. Debout face à lui, Conrad semblait guetter le couloir, mais il reporta son attention sur son frangin quand ce dernier lui demanda s'il souhaitait voir le bébé. La surprise se mêla à l'excitation dans son regard, il fallait être aveugle pour ne pas le voir. Et pourtant, il se contenta de répondre « Seulement si tu te sens prêt. », pensant une nouvelle fois au bien-être de Timothy. Inspirant un bon coup, ce dernier se releva et acquiesça d'un signe de tête. « Si tu restes à mes côtés, ça ira. » avoua-t-il. La présence de Conrad l'aiderait à passer outre cette étape, à s'occuper de sa fille en étant privé de la mère pour un temps indéterminé. Il savait que son frère serait d'ailleurs le seul à être capable de l'aider dans cette situation.

Même s'il ne voulait absolument pas tenir ce rôle, Conrad ne pouvait s'empêcher de se proposer pour prendre connaissance de son dossier. En étant médecin, il était la personne la plus apte à lui dire la vérité, quand les autres médecins allaient peut-être cherché à lui cacher certains détails. C'était beaucoup plus facile pour certaines personnes, même s'il savait qu'à la place de Timothy, il aimerait tout connaître dans les détails. C'était aussi sans doute parce que lui pouvaient les comprendre et mesurer les chances de vie d'Olivia, alors que pour son petit frère, ça resterait du charabia médical, qui ne lui certifiait pas la bonne santé d'Olivia. « Si tu en voix l'utilité pour toi, d'accord. Mais pour moi, ce ne sera pas nécessaire... la savoir dans le comas me suffit. » Un poids se soulevait de ses épaules, le jeune homme se sentait soulagé du refus de Tim, alors qu'il prenait soin de n'en rien montré. Dans le cas ou il changeait d'avis, il ne voulait pas que Tim sache qu'en un sens, ça l'ennuyait de prendre ce dossier en mains. Qu'il tente de le conforter dans le fait qu'il n'y était pour rien ne servait pas à grand chose, il pouvait voir que son frère n'en croyait pas un mot. Il posait un instant ses mains sur les épaules de son frère pour tenter de lui donner du courage, alors que ce geste pouvait aussi le faire craquer complètement.

Il n'y avait à présent plus aucune différence pour Conrad entre Timothy et James, quand bien même il n'avait connu le premier qu'après de nombreuses années. Il était toujours aussi proche de son petit frère avec qui il avait grandit, mais Tim avait tout autant d'importance dans sa vie, ce qui réjouissait d'ailleurs leurs parents, toujours aussi amoureux l'un de l'autre. Quand il voyait sa vie actuelle, Conrad arrivait à ne même plus en vouloir à sa mère de les avoir lâchement abandonné, puisque sans ce geste, jamais Tim ne serait pas dans sa vie aujourd'hui. Tout comme son père ne serait pas aussi heureux, puisque Conrad ne l'avait jamais vu aussi épanoui. Il ne doutait pas de l'amour qu'il avait pu avoir pour sa mère, mais avec la mère de Tim c'était différent, encore mieux. Conrad attendait à présent la décision de son frère, qu'il ne voulait surtout pas brusquer. Il irait sans doute voir sa nièce avant de quitter l’hôpital et même s'il préférait que son frère se trouve à ses côtés, il ne voulait surtout pas l'y forcer si c'était encore trop tôt. « Si tu restes à mes côtés, ça ira. » Conrad lui fit un signe de tête positif, n'ayant pas l'intention de l'abandonner. Passant un bras autour des épaules de Tim, il le serrait un instant avant de le lâcher pour le suivre vers sa petite nièce. Conrad n'était pas un adepte des démonstrations d'affections publiques mais ce qu'il aimait ou non ne comptait pas vraiment aujourd'hui. Conrad gardait le silence durant le trajet, ne sachant plus quoi dire ou faire pour le rassurer. Prenant l'ascenseur, ils arrivaient finalement à l'étage de néo-natale ou l'une des infirmière reconnu immédiatement Timothy. Ils enfilaient une blouse stérile, ainsi qu'un masque puisque tous les bébés présents devaient absolument éviter les microbes. Conrad adressait un dernier regard à son frère pour s'assurer que celui-ci n'avait pas changé d'avis avant de finalement entrer dans la salle, suivant ses pas. Il s'arrêtait finalement devant un petit lit, un bébé encore sous assistance respiratoire mais en parfaite santé. « C'est elle? Tu sais que tu ne m'as pas dit le prénom de ma nièce? » Il lui adressait un sourire avant de reporter son attention sur le petit être encore beaucoup trop fragile face à eux. Tout ces moments qu'il avait raté avec sa propre fille, ce qui lui donnait une énorme boule au ventre, même si regretter le passé n'était pas à l'ordre du jour, le jeune homme ne pouvait s'empêcher d'y penser. « Vous pouvez la prendre monsieur McDouglas, elle est en grande forme. » L’infirmière lui adressait un sourire rassurant avant de les laisser seuls. La plupart des parents avaient peur de faire un geste de travers, de faire mal au bébé, c'était parfaitement naturel, pour Tim cette sensation devait être amplifiée, ses nerfs étaient confrontés à de rudes épreuves. Conrad avait juste adressé un signe de tête à l'infirmière pour la remercier et attendait à présent en silence, il ne voulait pas être le premier à la prendre, ce n'était pas son rôle mais celle du papa.