Je n'avais pas prévu de sortir aujourd'hui – on était en pleins milieux des vacances et j'avais décidé de ne pas faire grand chose cette semaine – mais Caem m'avait appelé ce matin pour me demander (ou plutôt me supplier parce qu'à neuf heure du matin, à peine réveillé, on ne pouvait pas dire que j'étais très emballé à l'idée de sortir de mon lit) si on pouvait sortir entre potes cette aprem, et j'avais dit oui parce qu'il m'était impossible de dire non à Caem, je ne sais pas si c'était dû à son charme irlandais où à ma faiblesse quand il s'agit de dire non à quelqu'un où quelque chose, mais quoi qu'il en soit, je me retrouvais, à à peine midi moins le quart, obligé de sortir de mon lit – pourtant si confortable – pour me préparer, sachant que j'avais rendez-vous avec mon meilleur ami au burger king dans environs trente minutes, mais whatever, il était souvent en retard de toute façon.

Je jetais un coup d'œil au ciel par la fenêtre, histoire de vérifier le temps plutôt imprévisible de New-York. Il était azur, sans l'ombre d'un nuage à l'horizon, et j'en déduisais qu'il ferait surement très beau, c'est pourquoi je n'enfilais qu'un t-shirt blanc et un jeans bleu foncé – je ne suis pas vraiment fan de shorts, donc j'évite, sauf quand bien sûr on étouffe. Puis je me coiffais – ce qui me prend presque trente minutes en générale, ne vous moquez pas – le plus rapidement possible parce que sinon je serais en retard, enfilais mes chaussures, attrapais mes clés et mon portable et claquais la porte de mon appartement. Le Burger King n'était pas trop loin, deux rues plus loin seulement, et quand j'y arrivais, Caem n'était évidement pas là. Je n'étais pas trop surpris, et en l'attendant, je commençais à pianoter sur mon portable, envoyant des messages si et là.

D'aussi loin que je m'en souvienne, mon blond de meilleur ami n'avait jamais été du genre à arriver à l'heure. Il était, à vrai dire, constamment en retard. Même à l'époque du lycée, il était très fréquent de le voir débarquer en première heure avec dix minutes de retard, voir même de sauter complètement le cours. Je m'y étais habitué, depuis le temps, mais c'est vrai que je commençais à en avoir marre d'attendre au-dehors, sous le soleil, c'est pourquoi je décidais d'attendre Caem à l'intérieur du Burger King. Pas que la chaleur m'insupportais, d'habitude, mais il faut dire que New York en plein été pouvait devenir facilement invivable et que le restaurant était climatisé, donc je n'allais pas cracher sur ça. Sans compter que j'avais mon téléphone avec moi, donc ce n'était pas comme si je n'avais rien à faire en l'attendant. Malgré que ce soit encore les vacances, j'avais beaucoup de choses à faire pour la rentrée, et puis je me devais de garder un minimum de contact avec mes amis partis je ne sais où avec leur famille, sans compter tout ceux qui étaient restés à New York pendant l'été, ou bien venaient de rentrer, et me bombardait de texto et appels pour m'inviter à des soirées ou autre. Aussi bizarre que ça puisse paraître, j'étais très populaire à la fac, malgré le fait que je sois naturellement très discret et calme. C'était sûrement mon côté fêtard, entretenu par la personne de mon meilleur ami, qui les attiraient.

Meilleur ami qui profita du fait que j'étais complètement glué à mon téléphone pour se faufiler dans le restaurant vers moi et essayer de m'effrayer, ce qui réussit parfaitement. En effet, son 'BOUH' crié haut et fort juste devant moi me fit sursauter violemment, et il me fallut toute ma force mentale pour ne pas crier comme une fillette. Pendant un moment, je me contentai de fixer Caem, qui affichait un petit air satisfait – fier d'avoir réussi sa petite blague, sans doute – sans rien dire, incapable de faire ou de penser à quoi que ce soit, perdu dans son regard bleuté. J'étais tout bonnement dans l'impossibilité de réfléchir. Ça m'arrivait de plus en plus fréquemment quand je me retrouvais à ses côtés, depuis quelque temps (depuis cette fameuse soirée, à vrai dire), et j'avais toujours un peu de mal à retrouver mes esprits par la suite. J'avais l'impression que ma cage thoracique était comme broyée, et c'était une sensation à la fois insupportable et étrangement agréable. Heureusement pour moi, je reprenais toujours mes esprits au bout de quelques secondes, et je secouais finalement la tête, souriant avec amusement. « T'es trop bête » dis-je, mais je ne lui en voulais pas, et ça se voyait. « Et t'es en retard » ajoutais-je, faisant mine d'être agacé, allant même jusqu'à froncer les sourcils.