Camden & Nastazià

Un pas devant l’autre, je posais lentement ma tête contre la porte lorsque je fus devant ma salle de bains. J’avais envie d’une dose, mais heureusement mon courage augmentait, et je tenais de plus en plus souvent sans me droguer. Dix jours. Dix jours sans me droguer, moi qui prenait des multiples doses tous les jours il n’y a pas longtemps autant dire que c’était un sacré bon début. Mais aujourd’hui j’avais un peu de mal. Du mal dans le sens ou entre la fatigue et le manque j’étais totalement à l’ouest. Ça allait passer, ça passer toujours de toute façon. Il fallait que je me rabatte sur la cigarette, c’était le seul moyen de tenir un peu plus. Mais d’abord il fallait que j’aille me rafraichir, j’avais chaud, terriblement chaud et j’avais besoin de sentir quelque chose de frais sur moi. Une fois dans la salle de bains, j’ouvris le robinet d’eau froide à fond, pour glisser mes mains sous l’eau et m’asperger le visage. Une fois fait, je fixais mon visage dans le miroir face à moi avant de soupirer lentement. Retournant dans ma chambre, je me laissais tomber sur le lit avant de bailler franchement. Aujourd’hui c’était une journée sans. Oui, c’était ça, tout à fait ça même. Tâtant ma table de nuit, j’attrapais mon paquet de clope, roulant sur le dos, pour m’en griller une. J’aimais sentir la fumée envahir mes poumons, c’était le paradis, le pied, l’extase totale même ! Soupirant lentement, je fermais les yeux en profitant de ce calme plat. D’ailleurs c’était peut-être un peu trop calme. Pour une fois et ce depuis longtemps j’avais Marilys avec moi pour deux jours. Autant dire que j’étais heureuse. Elle avait bien grandit, avoisinant alors ses cinq ans, elle grandissait trop vite à mon gout mais c’était plaisant tout de même. Elle parlait si bien… Elle était surtout toujours aussi coquine. Si j’allais à la cuisine en silence, j’étais sûre de la chopper en train de manger un yaourt debout sur la chaise. Riant doucement rien qu’à cette idée, je tournais le visage vers la porte avant d’écraser ma cigarette dans le cendrier. Il fallait que j’aille vérifier tout cela par moi-même ! Me levant sans un bruit, je filais sur la pointe des pieds vers la cuisine. Sortant du couloir, je pus la voir, dos à moi en train de fouiner dans les étagères, debout sur une chaise. Elle ne changerait donc jamais cette chipie ! Des cadenas il faudrait que j’y mette ! M’approchant sans un bruit, je l’attrapais par la taille pour la prendre dans mes bras. « Coquine, t’es encore en train de voler dans les placards ! » soufflai-je en lui faisant des papouilles dans le cou. « Maman, arrête, tu me fais des chatouilleuuuuuh ! » La posant au sol, je lui ébouriffais les cheveux avant de ranger tout ce qu’elle avait sorti du placard. « Maman ? » « Hum, oui ? » « On peut aller voir Cam ? » Fronçant les sourcils, je regardais l’heure avant de me demander si l’on pouvait débarquer toutes les deux chez lui. Normalement à cette heure-ci de l’après-midi, il est chez lui… Normalement… « On pourrait oui, mais on va pas aller le déranger ma puce. » « Mais allez ! Je ne l’ai pas vu depuis longtemps ! Je veux le voir ! Puis je lui ai fait des dessins, je veux les lui donner ! » Elle tapa même du pied sur le sol. Mais d’où elle sortait ce caractère de cochon ? Ah oui de sa mère… « Marilys… » « Je veux, je veux, je veux, s’il te plait maman, d’amour que j’aime à la folie tout plein ! » Des yeux de chats potté, une lèvres ressortie, moue boudeuse. Je me détestais. Je me détestais car elle était mon portrait craché, sauf qu’elle était brune et plus matte de peau que moi… Soupirant lentement je lui tapotais le dessus de la tête. Je n’avais même pas besoin de dire la réponse qu’elle courait déjà dans tout l’appartement pour apporter ses dessins et les poser sur la table avant d’amener sa veste et ses chaussures. Mon dieu, c’était un diablotin cette petite. J’avais envie de la croquer tellement elle était mignonne. Filant dans ma chambre, je me changeais rapidement, troquant mon jogging et mon pull contre un mini short en jean des bas mi-cuisses en laine, de bottines et un top assez classe. Veste en jean en main, je filais au salon pour finir d’habiller la petite avant de prendre sac et téléphone pour quitter la demeure en la portant dans mes bras. Une fois dans la voiture, je partie alors en direction de chez lui. Je connaissais la route comme ma poche pour y être allée plein de fois dans le passé. Camden et moi avions tout de même eu une longue relation. Il fallait même que j’avoue que… C’était mon tout premier petit ami pour dire… Me garant a la première place que je voyais, je filais alors chez Camden avant de sonner à sa porte. Lorsque celle-ci s’ouvrit, je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit, que le petit démon lui sauta dessus en hurlant son prénom à plein poumon. « Salut mon mâle adoré ! Désolée de la visite surprise mais… La petite m’a limite obligée, elle voulait t’apporter un cadeau ! » soufflai-je en m’avançant pour lui faire un bisou sur la joue. Même si aujourd’hui nous n’étions plus ensemble, nous avions gardé de bon lien. Il m’aidait à décrocher de la drogue, et surtout c’était mon meilleur ami. Rien n’avait changé, si ce n’est que nous ne sortions plus ensemble.