Sac de sport sur le dos, je me dépêchais de sortir de NYADA pour me diriger vers l'appartement d'un groupe d'amis. Cela faisait une bonne dizaine de jours que je n'étais pas sorti et je commençais presque à m'encroûter. J'aimais beaucoup sortir mais depuis que j'avais trouver un second rôle – et non plus rôle de figurant – dans une comédie musicale de Broadway, je n'avais guère de temps pour moi. Aujourd'hui était ce que l'on appelait un 'day off' et je pouvais enfin profiter de ma vie, de ma jeunesse et aussi de la ville américaine ! Cela faisait quelques temps que je vivais ici mais je n'avais toujours pas visiter tous les lieux et quartiers de la grosse pomme. Qui l'avait fait après tout ? Aucun new yorkais pouvait se venter d'avoir tout vu et de tout connaître sur cette gigantesque ville ! C'était mission impossible et aimant relever de nombreux défis, j'avais décidé de m'aventurer aussi souvent que possible en ville. Le métro m'arrêtait où je le voulais et c'était vraiment agréable. Écouteurs sur les oreilles, je me répétais ma chorégraphie en tête. Le plus dure dans ce nouveau rôle sur Broadway ? Les portées. Les danseuses volaient dans les airs – et presque d'un bout à l'autre de la salle – tel un avion et ça, c'était vraiment déroutant. J'avais tellement peur de ne pas en rattraper une – et de la tuer au passage – que je passais les trois quart de mes nuits à lancer un oreiller à l'autre bout de ma chambre pour vraiment réussir ce geste avant de le tenter avec une personne. Entrant dans le wagon, je souris à une jeune brune et posa mes fesses à ses côtés. Son visage me disait quelque chose mais je ne pouvais pas dire d'où je la connaissais. Sûrement d'un café que je fréquentais avec mes collègues de Broadway mais lequel, c'était tout autre chose. Je me repassais sans cesse ma chorégraphie que je devais exécuter sur le deuxième tableau de la comédie musicale. Fermant les yeux, je voyais mes pas sur la scène, je laissais mon emprunte sur les lattes de bois. J'étais dans ma chorégraphie, je ne faisais plus qu'un avec elle, tellement bien, tout était parfait, si parfait que je m'endormis.

Sentant quelqu'un bouger, mes yeux se rouvrirent légèrement et je sursauta en remarquant que je m'étais endormie sur ma voisine qui ne semblait pas avoir bougé d'un cil puisque le métro était à l'arrêt, ce qui voulait dire que nous étions au terminus. Me levant d'un bond, le strapontin se ferma et je me tourna vers la jeune brune et enleva rapidement mes écouteurs de mes oreilles. Grimaçant légèrement, je dis « Oh mon dieu je suis désolé ! Vraiment désolé ! Il fallait me secouer tout de suite ! Je n'aurais rien dit ! J'ai honte... Cela ne m'était jamais arrivé, je suis vraiment désolé » Entendant le conducteur énoncer que le métro allait bientôt repartir, je sortis rapidement de la rame et me retrouva donc sur le quai avec la jeune femme. Posant mon sac de sport à mes pieds, je cherchais si j'avais toutes mes affaires sur moi – je ne soupçonnais pas la belle brune de vol mais il y avait de sacrées personnes dans le métro – et regarda rapidement l'heure. Il était encore tôt et j'avais de la marge pour aller chez mes amis. Je devais d'abord me faire pardonner. Elle avait sûrement louper son arrêt par ma faute et ça, ce n'était pas vraiment agréable. À sa place, je serais hors de moi alors qu'elle était normale, toute souriante. « Est-ce que vous avez plus de temps à perdre avec une andouille comme moi ? J'habite à cinq minutes d'ici, j'y dépose mon sac histoire de ne pas être encombré et je vous emmène boire un coup ! Ou manger si vous avez déjà faim. C'est comme vous voulez mais je dois me faire pardonner » Une vraie pile électrique, voilà ce que j'étais. En tout cas, ces quelques minutes de sieste m'avait reboosté pour le reste de la journée ! La regardant, je dis « Si ça ne vous gène pas, j'aimerai bien sortir d'ici. Cette station est vraiment craignoss, j'ai pas trop confiance... » Pas du tout même... Surtout que le quai était vide et qu'un malfrat pouvait sortir de n'importe où pour nous attaquer... J'étais presque paranoïaque, oui oui.

« Arrêtez de vous excuser ce n’est pas grave ça peut arriver à tout le monde ce genre de chose ! Pensez tout de même à vous reposer ! » Je fis un large sourire à la jeune femme. Me reposer serait une bonne idée mais entre les cours, les répétitions à Broadway et les sorties en amis, c'était plutôt difficile de rester éveiller toute la journée. Enfin, cela n'excusait rien et j'avais réellement honte de m'être endormi sur son épaule. C'était vraiment le genre de choses qui n'arrivait jamais quand on y pensait et pourtant, aujourd'hui, cela m'arrivait. Je continuais de me confondre en excuse lorsque la jeune femme me dit d'arrêter cela. Je l'écouta m'indiquer ses intentions si je me taisais sur le champ. Fermant ma petite bouche, je souris légèrement et dis, sur le ton de la plaisanterie « ah bon, vous êtes une fille ? J'aurais jurer avoir à faire à un homme bien costaud et bien viril » Je lui fis un clin d'oeil et commença à monter les marches d'escaliers qui séparaient le terminus du métro de la rue que j'habitais. Poussant la porte battante, je la laissa passer avant moi, léger sourire sur les lèvres. Je me devais d'être plus que galant, je l'avais importuné un bon bout de temps et j'avais du mal à m'en remettre. Il m'en fallait peu pour me mettre dans tous mes états, je l'avouais totalement. Enfonçant mes mains dans les poches de mon jeans, je dis « Vous habitez un sacré quartier n'empêche... Vu sur la dame à la torche ou pas ? » J'étais quelque peu indiscret mais pas méchant pour deux sous, il fallait le savoir. Tout en marchant dans la rue, je regardais sans cesse à droite puis à gauche. Le Bronx n'était définitivement pas un quartier sûre et je commençais presque à regretter l'appartement de mon père en plein upper east side. L'armée se donnait les moyens quand elle le voulait bien... Seulement, qui disait indépendance disait risques et j'étais prêt à les prendre pour être enfin tranquille. Mon père était loin d'être un amour. M'arrêtant devant l'immeuble où je vivais, je poussa la porte – qui ne fermait pas bien entendu – et dis « Ne vous inquiétez pas, je ne comptais pas rester dans le coin, il y a trop peu de restaurant digne de ce nom ici et je n'ai pas très envie de manger un kebab ou un hot dog. Une préférence ? » lançais-je en montant les escaliers qui menaient à l'appartement que je partageais avec Alejandro. Appuyant sur la sonnette pour prévenir que je n'étais pas seul, j'attendis quelques secondes avant de déverrouiller la porte et d'entrer. Me tournant vers la jeune femme, je dis « Je sonne juste pour qu'il se rhabille si jamais il se balade en caleçon... Au fait, comment tu t'appelles ? » J'étais passé tout seul du vouvoiement au tutoiement, comme si je me sentais bien en compagnie de la belle brune. Je n'étais pas le genre de jeune homme à mettre des heures et des heures à s'adapter à une situation. J'étais bien trop joyeux et sociable pour cela. Entrant dans l'appartement, je lança mon sac de sport en direction de ma chambre et fus plutôt fier de moi en le voyant glisser sur le sol. Léger sourire sur les lèvres, je me tourna vers la jeune femme qui semblait un peu distante et dis « Tu veux boire quelque chose ou on se dirige directement vers un autre coin de la ville ? C'est comme tu veux, je ne suis pas difficile et puis, lady's first » dis-je, sourire sur les lèvres. C'était vrai après tout. C'était elle la femme dans le coin et c'était à elle de choisir. Je n'étais pas difficile alors comme ça, c'était rapide...

S’endormir sur l’épaule de quelqu’un pourrait être le genre de Norah avec toute la fatigue qu’elle encaissait mais elle avait bien trop peur de ce qu’il pouvait se passer si elle le faisait, ne se sentant pas du tout en confiance à New York. Elle avait un emploi du temps chargé, comme la plupart des étudiants et cela se confirmait car Amaury subissait aussi les conséquences d’un emploi du temps surchargé. Elle ne lui en voulait donc pas surtout qu’il ne faisait pas vilain méchant qui avait fait semblant de s’endormir pour tirer profit de la situation de malaise que cela créerait par la suite. D’autant plus qu’il ne faisait que se confondre en excuse depuis qu’il avait rouvert les yeux alors bon. Norah n’était pas une sauvage, elle ne voulait pas l’envoyer promener même si la plupart des jeunes filles comme elle l’aurait fait dans cette situation. Lorsque le jeune homme reprit ses phrases avec beaucoup d’humour, la jeune philippine ne put retenir un petit sourire, en effet, il n’était pas myope et il n’avait pas de mal à distinguer un homme et une femme et elle n’avait rien d’une personne avec le sexe masculin. « Non la dame à la torche n’est pas tout à fait à côté de chez moi, enfin je ne la vois malheureusement pas de l’appartement où je vis mais je n’en suis pas loin quand même ! Un beau quartier ! Et pour ce qui concerne ma virilité je suis honorée que tu l’aies remarquée ! » Elle lui fit un petit clin d’œil, non elle n’était pas virile et elle le savait bien mais elle voulait aussi le taquiner. Jamais elle n’avait osé cela avec un jeune homme mais celui-ci lui inspirait confiance, chose plus que rare car jamais aucun n’homme ne lui avait inspiré pareil sentiment. Il fallait bien une première fois à tout après tout, d’autant plus qu’elle était venue en Amérique pour changer totalement de vie, et tenter de changer cela aussi… Alors qu’ils parlaient les deux jeunes étudiants se dirigeaient vers l’appartement du jeune brun pour qu’il pose et prenne des affaires plus convenables. Lorsqu’il arriva devant la porte il sonna avant de déverrouiller la porte ce qui était assez étrange mais très vite il expliqua l’utilité de ce système à la jolie brune. « Ah d’accord ! Etrange système mais bien trouvé ! Enfin dans tous les cas je vais attendre ici alors il n’a pas besoin de se rhabiller… Sinon je… Je m’appelle Norah et puis je pense que ça serait plus sympa qu’on se tutoie non. Et toi ? » Le vouvoiement la jeune étudiante en littérature en mangeait toute la journée lorsqu’elle était en cours ou au boulot alors là elle préférait le tutoyer d’autant plus que c’était rare pour deux jeunes gens du même âge de se vouvoyer surtout s’ils n’appartenaient pas à la haute société ce qui était au moins le cas de Norah. « Si cela ne te dérange pas, je préfèrerais qu’on aille manger un bout directement ! D’ailleurs j’ai bien envie d’un bon petit resto italien ! » Non elle ne voulait pas renter. Elle faisait déjà un effort pour rester en sa compagnie, enfin ce n’était pas un effort, il n’était pas déplaisant mais c’était un véritable pas en avant alors il ne devait pas trop lui en demander, rester enfermée dans un appartement avec deux hommes ce n’était pas possible pour elle. Elle préférait aller directement manger un bout, là où il y aurait du monde et où elle serait plus assurée qu’il ne se passe rien. Lorsqu’il revint à sa hauteur, c’est-à-dire près de la porte d’entrée la jeune femme lui sourit une nouvelle fois avant de lui demander. « C’est parti pour le quartier de la dame à la torche comme tu dis si bien? »

Faire des rencontres par le plus grand des hasards dans le métro n’était pas donné à tout le monde de nos jours. En effet, il ne fallait pas chercher d’explication mais de plus en plus les gens se révélaient être aigris et ce n’était pas facile de les aborder. Heureusement pour Norah elle avait cette chance de tomber sur un jeune homme sympathique enfin il avait plutôt tout intérêt de l’être vu que c’était lui qui était en tort mais bon certains auraient trouvé le moyen de l’engueuler car elle avait mal fait en ne les réveillant pas et en faisant louper l’arrêt ce genre de chose… Heureusement elle était épargnée et tant mieux car elle n’aurait pas été d’humeur ce jour là. Elle avait même été invitée à diner, c’était assez galant de la part du jeune homme et sentant assez bien celui-ci, n’ayant pas peur de lui comme elle pouvait avoir peur des gros dragueurs qui lui rentrait directement dedans, Norah avait accepté. Cependant, une fois arrivée devant la porte de l’appartement, elle n’était pas rentrée non elle avait toujours cette retenue par rapport à son passé mais heureusement pour elle il n’avait pas posé de question là-dessus au contraire il avait fait vite et ils avaient pu repartir en direction du restaurant, qui serait un italien pour la soirée. « L’origine vraiment du prénom je ne sais pas mais je suis philippine et américaine… Je doute que Norah soit philippin ou américain je pense que c’était juste le prénom qui plaisait à ma mère à l’époque. » Norah rigola légèrement, jamais elle n’avait pensé à chercher l’origine de son prénom ni à savoir ce que cela signifiait, mais il lui avait donné des idées. « Français!!! Je comprends mieux alors pourquoi tu n’es pas aussi lourd que tous ces américains ! J’ai vécu plusieurs années en France avant de venir ici, j’étais serveuse dans un grand restaurant à Paris ! » La France lui manquait un peu elle ne pouvait pas le nier et retrouver quelqu’un avec des origines françaises lui faisait vraiment du bien car ce pays était vraiment beau. « Sinon mon deuxième prénom c’est Jasmine… L’origine je ne la connais pas, je sais juste que mes trois soeurs et moi avons toute un deuxième prénom en rapport avec les films disney… Alors on a hérité de Jasmine, Tianna, Arielle et Raiponce… Ce n’est pas moche hein mais c’est spécial, c’est parce que ma mère nous considérait toutes comme ses princesses ! » La philippine aimait raconter cette petite chose assez spéciale qui caractérisait leur prénom. Pour elle s’était originale et elle adorait son second prénom alors elle ne voyait pas pourquoi cacher cela… Et puis elle préférait parler de cela que du reste, que de son père c’était certain ! « Pour le repas moi je vais me faire plaisir avec des pâtes aux saveurs de la mer ! J’adore cela et ici ils sont particulièrement doués pour faire ce plat ! Enfin plus que moi en tout cas ! » La cuisine rafinée et Norah cela faisait deux mais elle n’était pas non plus une piètre cuisinière, cependant elle préférait déguster les plats du restaurant que les siens même si elle n’avait pas souvent les moyens de se payer un restaurant. « Allons y pour le métro même si j’essaye toujours d’éviter les heures de pointe car je déteste ça je pense qu’on sera plus vite arrivés ! » Le métro aux heures de pointe ? Une horreur ! Etre serrée et se faire tripoter par tout le monde ? Encore pire mais elle n’avait pas le choix, avec le temps qu’il faisait dehors il était impossible de penser à y aller en marchant ils finiraient gelés ! « Je suis étudiante oui en littérature et à côté de ça je garde des enfants mais je suis surtout serveuse au starbuck dans le centre de Manhattan ! Et toi ? »

Depuis qu’il lui avait dit être français, Norah était juste comme soulagée. C’était très louche comme réaction si on ne la connaissait pas mais dans un autre sens c’était du plus normal. En France, Norah s’était sentie bien et elle n’avait jamais eu de problème avec des hommes lourds, des hommes qui allaient trop loin avec elle donc elle faisait plus confiance aux français elle se sentait mieux avec eux qu’avec les américains. Voilà pourquoi Amaury du pouvoir sentir un véritable changement en elle, elle était plus ouverte tout simplement même si elle avait bien vu depuis quelques minutes que ce n’était pas un mauvais garçon et qu’elle s’était déjà un peu plus ouverte. « Fêter le nouvel an ? Euh… Est-ce que je suis bizarre si je ne fais pas la fête ? Je n’aime juste pas ça… Trop d’hommes… Trop de gens saoulent… Ca me fait peur en fait ! Donc j’aime New York, je préfère Paris et ses habitants mais pour ce qui est de la fête je te crois car je ne peux pas donner mon avie ! » Norah souriait pour bien lui montrer qu’elle n’était pas malheureuse de ne pas faire la fête et que c’était vraiment un souhait de sa part, même si elle n’était pas fermée au changement… Cependant pour le moment elle n’avait pas vraiment le temps entre le starbucks, les études et les gardes d’enfants ! « Tu aimes faire la fête toi ? Tu sors souvent ? » Ce n’était pas parce qu’il allait lui répondre oui à sa question qu’elle allait prendre peur, non elle pouvait tout à fait comprendre ce point de vue et elle était même ouverte à ce qu’il lui donne envie de sortir ! C’était un grand pas pour la demoiselle rien que dans sa tête ! Mais pour le moment les deux jeunes gens parlaient plutôt de leur prénom. Si Norah avait cru qu’il se moquerait de son second prénom elle avait eu faux sur toute la ligne car au contraire il était plutôt séduit. Il en avait bien sur profité pour lui faire des compliments ce qui lui avaient légèrement fait monté le rouge aux joues mais cela n’avait pas plus déranger Norah que cela surtout qu’il avait su très vite rajouter quelque chose pour tourner les choses à la rigolade. « J’adore cette manière de voir ma vie en version disney ! On verra bien, nos vies ne sont pas aussi prévisibles que celles des princesses disney lorsque le dessin animé commence ! Mais sinon merci pour les compliments… » Malheureusement tout n’était pas aussi rose dans la vie et il fallait bien se faire à cette idée, la preuve Norah avait trouvé Jaffar en son père avant même de trouver Aladdin. Mais bon, il y avait d’autres choses plus intéressantes et plus réussies dans sa vie comme côté professionnel où elle s’en sortait pas trop mal. « Pas grand-chose ? C’est énorme déjà oui ! Tu fais de la danse depuis combien de temps ? » La brunette n’était pas choquée de voir un homme danser et ne portait pas de jugement sur lui, non il fallait de tout et elle trouvait que la danse correspondait plutôt bien au style d’homme qu’il était, c’était un ressenti. « Ah oui les gens jugent vite ! Moi aucun jugement mais je te vois parfaitement à la danse ! J’aime beaucoup la danse d’ailleurs mais je suis meilleure spectatrice que danseuse hein ! Sinon mes études c’est pour devenir libraire, j’adore lire, les livres, alors c’est mon rêve… » Devenir libraire pouvait être pour certaines personnes aussi louche que devenir danseur pour un homme mais cela n’avait rien d’anormal pour quelqu’un qui aimait lire ou la danse comme dans le cas d’Amaury.