LUCJA & MARIA-PAZ,
episod one.

Depuis des semaines, c’était la même rengaine. C’était comme cela depuis des semaines, des nombres incalculables de jours, des mois presque. Chaque jour se ressemblait. Chaque jour n’était que le terne calque du précédent. Certains d’entre vous appelleraient cela plus communément la routine, le train-train quotidien. Oui, c’était cela que l’on nommait le quotidien. Ces enchainements d’événements qui se répétaient en boucle successivement, sans s’arrêter. Et c’était comme cela pendant des semaines. Les journées de Maria se ressemblaient continuellement. Tous les jours étaient rythmés par : le réveil à la même heure, le jogging du matin, les régimes alimentaires strictes, et surtout (et par-dessus tout) les entrainements. Les entrainements à répétition pour ce même objectif qu’elle s’était fixée depuis longtemps, trop longtemps même. Celui de faire faire partie de la sélection nationale pour Londres. N’importe quel athlète rêverait d’y participer. Obtenir le grâle suprême olympique. Être pendant quatre ans, LE champion olympique de sa discipline. Tous y avaient songé un jour. Tous sans exception. Tous, même elle, Maria.

Après un peu plus d’une heure d’entrainement, la jeune sportive s’arrêta à un banc où elle avait déposé quelques unes de ses affaires. Aussitôt, elle attrapa une serviette et s’épongea le visage fatigué ruisselant de sueur. « Tu as bien travaillée aujourd’hui ! » lui fit remarquer son entraineur, un petit sourire de satisfaction au bout des lèvres. Lui aussi avait le même objectif que Maria : faire en sorte qu’elle fasse partie de la sélection. Mais faire parti de la sélection, ce n’était pas tout. Il fallait aussi ramener la médaille tant conviée. Maria y songeait, y rêvait… Un jour, l’aurait-elle autour du cou. Peut-être bien. Après une brève conversation avec son coach, Maria partit en direction des vestiaires. Sa marche fut rapidement arrêtée par quelques personnes qui étaient venus la voir. Souvent les mêmes personnes, des habitués dirions-nous. A chaque fois, ils lui échangèrent toujours ces mêmes mots d’encouragement. Elle continua quelques pas, avant de s’arrêter de nouveau. Non, cette fois-ci, on ne l’avait pas interpelée. « Hey Lucja ! » s’exclama-t-elle, le sourire aux lèvres. Lucja était un peu comme son amie. Elles s’appréciaient l’une et l’autre. Cela faisait plusieurs semaines déjà qu’elles se fréquentaient. Maria ne se souvenait plus où elle l’avait rencontré pour la première fois, mais cela n’était qu’un détail qui n’avait peu d’intérêt. « Ca me fait plaisir de te voir ! » lâcha-t-elle, toujours ce même large sourire peint sur sa bouche. « Tu viens régulièrement, ici, je me trompe ? ». Tout en lui demandant, elle s’essuya une nouvelle fois son visage. Et la conversation alla de bon train entre les deux jeunes femmes. « Je vais aller me changer, je reviens d’ici quelques minutes » dit-elle tout un élan de spontanéité. Elle accompagna ses paroles d’un sourire, avant de se tourner en direction des vestiaires. Après quelques mètres, elle s’arrêta et se retourna en direction de Lucja qui était encore là. « Hey, mais reste pas toute seule ! T’as qu’à venir, on pourra continuer à discuter comme ça. ». Maria était d’un naturel sympathique et chaleureux, c’était donc tout naturel qu’elle lui fit cette proposition. Elle se voyait mal devoir faire poireauter son amie dehors.
Alors ensemble, elles se dirigèrent en direction des grands vestiaires où Maria allait enfin pouvoir se changer. La jeune femme se déshabilla, ne faisant guère attention aux regards de son amie, et fila accourut telle une éclaire sous la douche. « Tu voudras qu’on aille quelque part après ? Genre aller prendre un verre ? » lui demanda la péruvienne tout en se douchant.

[c'est un peu ripou, le titre aussi. et la musique, elle est juste là pour meubler. ]

Si rester des heures dans l’obscurité de sa librairie à ranger des bouquins était l’une de ses plus occupations et passion, il arrivait parfois à la jeune femme de craquer, d’avoir soudainement envie de bouger d’ici, de sentir le soleil caresser sa peau et de se respirer l’air pollué de la ville. D’ordinaire elle préférait courir dans Central Park rien que pour la vue du parc, mais aujourd’hui la polonaise avait choisi le stade, par flemme de se déplacer aussi loin et aussi parce qu’elle aurait surement la chance de voir un de ses amis s’entrainer là-bas. Sac sur le dos, elle marcha jusqu’au stade et sur place, elle ne reconnut non sans peine James en pleine lancée, achevant son tour de piste, petit signe de la main de sa part et elle le rejoignit. Ils bavardèrent de tout et de rien un moment avant de s’élancer en même temps, laissant son ami la devancer. Łucja fixait son couloir, se vidant la tête à chaque pas, n’écoutant que les battements de son cœur qui accéléraient au fur et à mesure qu’elle prenait de la vitesse. Quand elle courrait, tous ses problèmes disparaissaient, plus rien n’existait autour d’elle, que le vent sifflant dans ses oreilles et ce bruit sourd résonnant dans sa tête.

Après plusieurs minutes, elle finit par ralentir pour finalement finir son tour de piste en marchant, inspirant et expirant lentement l’oxygène que son corps réclamait, elle se fichait complètement de compter les battements de son cœurs pendant une minute ou bien de se chronométrer, la brune ne voulait pas de médaille, la victoire ne l’intéressait pas, se vider la tête était son seul but. Łucja recommença encore trois fois, avant de dire au revoir à son ami et prendre la direction du vestiaire, elle était sportive certes, mais pas au point de courir toute la journée et puis, elle avait une librairie à tenir, le boulot n’allait pas se faire tout seul. Après une bonne douche, elle troqua son jogging contre sa tenue de ville et allait s’en aller du stade quand elle entendit son prénom, se retournant doucement, elle découvrit alors Maria non loin d’elle « Oh… Salut Maria. » Łucja afficha son habituel petit sourire timide sur son visage, baissant alors les yeux, intimidée par la jeune athlète. Leur rencontre avait été des plus banales et la brune n’en gardait aucun souvenir, mais depuis qu’elle la connaissait, les choses étaient devenues un peu différentes dans sa tête. « Moi aussi. » Elle releva la tête, la regardant droit dans les yeux pour lui répondre « D’habitude je vais à Central Park, mais quand j’ai pas envie de me bouger jusqu’à là-bas, je viens ici. » Son amie lui annonça qu’elle revenait dans quelques minutes, le temps de se changer, la jeune femme hocha la tête, l’attendant alors droite comme un piquet devant l’entrée du vestiaire, aux mots qui suivirent, Lucja regarda un instant la sortie du stade avant de reporter son regard sur Maria, aller travailler ou rester avec elle ? Choix cornélien. Plusieurs secondes passèrent puis elle haussa les épaules, tant pis pour la libraire, Maria était beaucoup mieux et puis en tant que gérante, elle pouvait se permettre de fermer une journée sans se faire engueuler.
La polonaise la suivit donc dans les vestiaires, s’asseyant sur l’un des bancs, et malgré toute la force du monde, elle ne put s’empêcher de regarder discrètement son amie de la tête au pied, détaillant dans sa tête la moindre de ses courbes, fixant avec une certaine fascination les muscles saillants de son corps. Elle sorti de ses pensées quand son amie prit de nouveau la parole, lui proposant d’aller prendre un verre après. « Euh… oui… pourquoi pas. Tu veux aller quelque part en particulier ? »