On connaît tous la mélodie. Cette douce mélodie rythmée qu'est celle du train-train quotidien. Celle qui nous éreinte, qui nous bousille et nous conduit un peu plus vers cette fin si douce. On crèvera tous de cette odieuse musique qu'est celle de notre vie. On l'aime ou on la déteste. Qu'importe notre avis, nous ne sommes que des pions. De piètres personnages dans cette comédie humaine de la vie. Des personnages voués à crever. Vous, comme moi. Comme elle aussi. Elle, Simmy... Cette fille assise sur le vieux comptoir usé par les années de cette vieille boutique vendant des disques. Un sourire béa se dessina sur ses fines lèvres, balançant gracieusement ses jambes. Elle tenait entre ses mains une vieille pochette d'un vinyle. Objet qui se devait être bien plus vieux qu'elle certainement. Il y avait même de grande chance. Ses petits yeux curieux regardèrent avec détail cette pochette. Des couleurs écaillées, usés par le temps, quelques motifs aux contours quelque peu effacés. Elle tenait sûrement entre ses mains un trésor, son trésor personnel. Trouvé au fin fond de l'arrière boutique, elle eut pris un malin plaisir à le découvrir. « Petit bijou que tu tiens entre tes mains, dis-moi, Simmy. » s'exclama une voix assez grave qui fit sursauter par la même occasion la jeune fille. L'air légèrement décontenancé, elle le regarda sans voix. Posant à côté d'elle ce qu'elle tenait entre ses mains depuis un long moment. Après une hésitation, elle entrouvrit la bouche pour laisser s'échapper un son. « En effet ! » affirma-t-elle, le sourire au bout ses lèvres telle une gamine face à cette vitrine de jouets. « Tu peux l'écouter, si tu veux ! Ca mettra un peu d'ambiance » répliqua l'homme d'un certain âge. Aussitôt dit, aussitôt la jeune fille descendit d'un bond de sa place où elle trônait gracieusement. Elle accourut vers le vieux tourne-disque et mis son disque. Dés lors une mélodie s'échappa des enceintes. Se laissant bercer par la musique, elle se mis à fredonner la mélodie, avant de l'échapper de sa bouche quelques paroles de cette chanson. Elle s'avança à petits pas dansant en direction du comptoir où elle comptait se réinstaller à nouveau. « Alors, sympa l'ambiance jazzy, non ? » l'interrogea-t-elle. Cet homme d'origine africaine n'était autre que le patron de la jeune fille, celui qui dirigeait de main de maître cette boutique. Elle, elle ne faisait que vendre des disques. Non, elle ne s'appelait pas Ziggy, mais à quelques lettres près, on y était. Simmy. Cette dernière pouffa doucement de rire, se donnant alors joliment en spectacle.
Et son regard respirant la joie de vivre parcourut toute la boutique. C'est alors que ses yeux se posèrent sur un jeune homme qui se trouvait là, à errer à travers les rayons. Un petit raclement de gorge, et elle retrouva son sérieux. Et comme à son habitude, elle s'approcha de ce (certainement) futur client. « Bonjour ! » lui dit-elle, une fois arrivée à sa hauteur. « Hum, besoin d'aide pour chercher quelque chose en particulier ? » finit-elle par lui dire.

mimmy ► episode one.

Milo marchait avec hésitation, posant un pied devant l'autre sans vraiment regarder où il allait. Sa tête pivotait de droite à gauche, et son corps vibrait d'excitation, excitation grandissante à mesure qu'il avançait. Il faisait plutôt beau en ce samedi de novembre, et Milo sentait le soleil sur sa peau, il sentait aussi le vent mais finalement cela ne le dérangeait pas plus que ça. Sugar Hill, un quartier vaste, pas réputé pour être le plus magnifique de New York, mais depuis qu'il était là, Milo aimait s'y promener de temps en temps, il aimait les boutiques et la simplicité de l'endroit, quelque part, il lui rappellait un peu le centre de sa ville d'origine, au Brésil. Rien d'extravagant, pas de building gigantesques, juste quelques commerces et un vent frais, bref, un bon week end en perspective. Milo ne savait pas trop où il était mais il savait aussi qu'il n'était jamais perdu, ici, que quoi qu'il arrive il retrouverait toujours un chemin jusqu'à chez lui. A Sugar Hill il avait moins peur de l'immensité de l'environnement, c'était un peu plus modeste, un peu moins effrayant peut être.

Sans trop se rendre compte de ce qu'il faisait, il poussa la porte d'une boutique après avoir jeté un regard furtif à son enseigne. Des disques. Il n'avait aucun appareil pour lire des reliques pareilles, mais il avait eu envie de rentrer, après tout il aimait regarder les vieux vinyles, cela lui rappelait son père qui les collectionnait, que ce soit des vieux morceaux de rock ou des chansons populaires brésiliennes. Une odeur familière pénétra ses narines, peut être était-ce une odeur de renfermé, l'odeur du vinyle, il ne savait pas, mais il aimait beaucoup ça. Il survola les rayons des yeux avec intérêt, puis s'engouffra dans l'un d'entre eux, faisant glisser ses doigts sur les pochettes usées. Tandis qu'il fouillait sans trop savoir ce qu'il cherchait, parmi les disques, il entendit un raclement de gorge pas très discret à quelques centimères de lui. Il leva les yeux, et son regard se posa sur une silhouette jusqu'à lors inconnue, celle d'une jeune fille qui travaillait là. Il lui fallut quelques secondes avant de reprendre conscience de son corps, parce que durant un instant il ne regarda plus que cette fille, son visage, ses yeux, ses cheveux, il la regarda avec beaucoup d'attention et quand elle se mit à parler alors il sentit son ventre se tordre. « Bonjour ! [...] Hum, besoin d'aide pour chercher quelque chose en particulier ? » Il ne dit rien, il ne savait pas trop combien de temps il était resté à la à la fixer avec un air sûrement très idiot et ridicule, le fait est qu'il ne pouvait pas la quitter des yeux, il ne pouvait pas ôter le son de cette voix qui résonnait dans sa tête.

Ce qu'il ressentait, c'était vraiment très bizarre. Il ne savait pas pourquoi il était comme ça, il ne savait pas ce qui se tramait en lui, il n'arrivait même plus à penser, il était uniquement capable de sentir, et il sentait son parfum, sa présence, il sentait son regard posé sur lui, il sentait tout d'elle, mais ce n'était pas assez. Dès qu'elle avait parlé, il avait compris que ça ne suffirait pas. Qu'il voulait l'entendre parler encore, sourire, qu'il voulait encore la regarder, encore sentir son odeur, toujours. Une bonne minute passa, peut être deux, avant qu'il parvienne à trouver des mots quelques part au plus profond de son cerveau, à les organiser de façon à former une phrase, et surtout, à la prononcer clairement sans se tromper. « Oui, j'ai besoin d'aide. » Il se mit alors à réfléchir à ce qu'il venait de dire, mais il ne comprit absolument pas pourquoi il l'avait dit. Il ne cherchait rien en particulier, mais il savait que s'il avait répondu par la négative, elle serait repartie et il ne l'aurait plus revue. « Je cherche un disque de ... de ... » Sa respiration s'accélèrait, et il devait certainement passer pour un malade mental, à vrai dire il ne se rendait pas tellement compte de ce qu'il faisait. « Qu'est ce que vous me conseillez ? » Le soupir qui suivit illustra le soulagement d'avoir trouvé quelque chose de plausible à dire. Il ne quitta pas la vendeuse des yeux, pas pour l'instant, il resta là, les mains sur une pochette inconnue et poussiéreuse, un léger sourire sur les lèvres.

Elle posa sur cet individu un regard curieux. C'était bel et bien la première fois qu'elle le voyait ici. Des têtes familières, elle en voyait par dizaine défiler sous ses yeux. Quelques habituées, venir humer cette odeur poussière, écouter quelques disques ou tout simplement venir acheter un disque. Lui, elle était persuadée. C'était la première fois qu'elle le voyait et qu'il devait mettre les pieds ici. L'air un peu maladroit, un peu trop de gauche à son goût. Alors qu'elle venait de lui poser une brève et pathétique question, elle attendait patiemment une réponse de la part de cet inconnu. L'attente fut longue. Quelques minutes, quelques longues minutes. Il mit trop de temps à répondre au goût de la jeune fille. Alors un haussement de sourcil se dessina sur le visage intrigué de Simmy. Un soupir s'échappa donc de sa petite bouche. Soupir d'ennui sûrement. Alors qu'elle attendait toujours une réponse de la part, elle se mit à battre le tempo, à l'aide de son petit pied, de la musique qui se diffusait dans tout le magasin. Une vieille habitude qu'elle avait prise depuis son plus jeune âge. A croire qu'elle était faite pour baigner dans la musique. Elle vivait pour la musique à sa façon en vendant des disques. Certes ça n'en faisait pas rêver plus d'un et pourtant ça la satisfaisait pleinement. Elle avait appris, avec le temps, à se satisfaire de peu. Elle le vivait bien, très bien même. Et enfin, la voix du jeune homme retentit. Ce n'est pas trop tôt, songea-t-elle. Il lui disait qu'il avait besoin d'aide. A vrai dire, cela : il n'avait pas besoin de lui préciser. A première vue, avec ses airs quelque égaré, oui, elle l'avait bien remarqué qu'il avait besoin d'aide comme il venait de lui affirmer. Elle se contenta d'un hochement de tête face à cet étrange individus. Un petit flottement apparu jusqu'à ce qu'il daigne reprendre la parole. Il cherchait apparemment un disque de... de rien du tout en fait. En effet, il n'avait pas terminé sa phrase et il laissa la curiosité de Simmy sur sa fin. La jeune fille semblait bien trop curieuse de savoir quel était les goûts musicaux de cet inconnu. Et pourtant, elle regarda avec ce même regard rempli de curiosité, mais aussi intrigué. Etrange personnage qu'était ce client qui se trouvait sous ses yeux. Et bien qu'elle pensait cela, elle tentait de rester naturelle, et de rester souriante comme à ses habitudes. Un discret sourire se dessina sur ses lèvres. La voix de ce jeune homme, non natif américain apparemment, retentit une nouvelle fois. « Qu'est ce que vous me conseillez ? ». C'était précisément ce qu'il venait de lui demander. Et instinctivement, un léger « Hum... » s'échappa de la bouche de la jeune vendeuse. Elle regarda furtivement tous les rayons, avant de tourner sur elle-même. Après avoir fait le tour, visuellement parlant, de la boutique comme si cela était la première fois qu'elle mettait les pieds ici, elle reporta l'attention sur le jeune homme. «  A vrai dire, tout dépend de tes goûts musicaux. Sans ça, je ne saurais te conseiller. On a de tout ici du jazz, du rock... » lui fit-elle remarquer en marquant une brève pause. « … sans oublier toutes ces merdes industrielles qui polluent nos radios ! » finit-elle par dire. Et à cette remarque, un raclement de gorge se fit entendre dans la boutique. Le regard de Simmy se porta directement à hauteur de son patron qui était accoudé au comptoir et qui devait écouter d'une oreille la conversation entre les deux jeunes gens. En effet, c'était ce raclement significatif, voulant dire à la jeune fille que ses dires devaient être quelque peu déplacés. « Hum pardon ! » lui dit-elle, en lui adressant un large sourire découvrant toutes ses dents blanches. Et elle reporta son attention sur l'inconnu. Un inconnu, en apparence, plutôt joli garçon. Il devait sûrement avoir son âge, enfin il devait certainement être plus âgé qu'elle. Peut-être un ou deux ans de plus qu'elle. Étudiant d'après elle. Après tout, la grande majorité des jeunes de son âge étaient étudiants et n'étaient pas là, dans cette antique boutique à vendre des disques toutes les saintes journées.

mimmy ► episode one.

Au bout de quelques secondes, après avoir enfin trouvé quoi dire, Milo se rendit compte de l'impression qu'il avait du donner à cette vendeuse. Ridicule. Idiot. Maladroit. Peut être même niais. Il ferma les yeux pendant cinq secondes et prit une inspiration pour se donner le courage d'affronter son regard de nouveau. Il était trop tard pour être crédible, mais il ferait de son mieux. Seul la jeune fille comptait à présent, et il aurait fait n'importe quoi pour lui montrer qui il était vraiment, à savoir, tout sauf un attardé mental incapable de dire ce qu'il voulait acheter. La jeune fille parut pour le moins surprise de sa question, et le temps qu'elle réfléchisse, Milo eut le temps de reprendre ses esprits et d'essayer de comprendre ce qui lui arrivait. Il passa sa main sur son visage, comme pour vérifier que sa tête était toujours là et qu'il ne l'avait pas perdue, il se gratta ensuite la nuque machinalement, comme pour exprimer sa gêne. Il voulait arrêter de fixer la vendeuse mais il n'y arrivait pas, décidément pas, il avait beau essayé, elle captivait toute son attention. Elle tourna sur elle-même de telle façon que Milo ne put s'empêcher de sourire, attendri par ce mouvement si anodin, et pourtant si amusant à ses yeux. Il souriait toujours, peut être un peu exagérément, quand elle parla enfin « A vrai dire, tout dépend de tes goûts musicaux. Sans ça, je ne saurais te conseiller. On a de tout ici du jazz, du rock... [...] … sans oublier toutes ces merdes industrielles qui polluent nos radios ! » Milo eut une terrible envie de rire. Il pouffa, parce qu'il savait que si il riait trop elle le prendrait pour un idiot, et il en avait déjà trop fait pour la journée. Mais quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, il avait vraiment envie de rire, il se sentait si heureux de vivre à cette instant précis qu'il aurait ri de n'importe quoi. ll se contenta de sourire jusqu'aux oreilles, et de la regarder encore, un peu plus, comme s'il allait réussir à lire en elle, comme s'il allait parvenir à comprendre le mystère qu'elle représentait pour lui.

Un raclement de gorge bruyant se fit entendre plus loin, et Milo fut distrait quelque seconde. Certainement le patron, à voir la tête de la vendeuse, qui fit un sourire exagéré en sa direction et s'excusa. En quelques secondes il avait appris de la jeune fille qu'elle était un peu rebelle sur les bords, amusante à son insu, qu'elle n'aimait pas la musique récente et qu'elle était vulgaire. Bref, le portrait type de ce que Milo n'était pas. Quoi que, il n'appréciait pas tellement non plus les déchets qui sortaient à la radio récemment. Il se demanda ce qu'elle devait penser de lui. Déjà, elle le prenait pour un idiot sans aucun doute, un idiot qui ne connaissait rien à la musique. Et son accent marqué avait du accentuer l'effet du gars paumé qui débarque de son pays où la musique se résume à un banjo et des castagnettes. Elle le voyait sûrement comme un danseur de salsa qui n'y connaissait rien au rock ni au jazz. Il était loin d'être incollable en jazz, à dire vrai, mais il avait quand même une certaine culture musicale. Pourtant, malgré lui, il se fichait bien de lui faire part de cette culture, tout ce qui l'intéressait, c'était la jeune fille, et ce qui la concernait. C'était indescriptible comme il aurait voulu savoir ce qu'elle aimait écouter, elle, quel effet ça lui faisait, ce qu'elle ressentait, il avait envie de savoir tout ça. Maladroitement il répondit. « Oh je ne suis pas difficile, je ... Je voudrais écouter quelque chose qui vous plaît, je suis sûr que ça me plaira aussi. » Bon là, il devait passer pour un loveur râté, mais il s'en fichait bien. Il avait juste dit la vérité. Il voulait écouter quelque chose qui vienne d'elle, quelque chose de spécial, et quoi qu'elle en pense, il n'avait envie de rien d'autre.

Simmy plissa légèrement les yeux, se demandant bien là quel étrange personnage se trouva sous ses yeux. Un sourire jusqu'aux oreilles, des paroles quelques peu confuses, un regard persistant. L'archétype du garçon niais, idiot, stupide, bête, débile, con... sans grande intelligence sûrement même. Cette réflexion lâcha un discret soupir la jeune fille. Ennuyant, peut-être était le mot qu'elle aurait pu lui mettre. Ou peu bavard, ou alors réfléchi bien trop à ce qu'il allait dire. A vrai dire, la conversation entre les deux jeunes gens (certainement du même âge) ne semblait pas réellement interactive. De long silence venait alors meubler leur courte discussion. Après s'être joliment et surtout tout naturellement, donné en spectacle face à cet inconnu, elle enfonça ses mains dans les poches de son jean. Réalisant à cet instant qu'elles étaient trouées. Sûrement usées par le temps, elles-aussi. Elle sentait alors idiote de songer à cela dans un tel moment. Comment pouvait-elle penser à son jean, à ses poches trouées alors qu'elle devait aider ce client... Aider, si on pouvait dire comment cela. Et c'est alors qu'il lui répondit. « Oh je ne suis pas difficile, je ... Je voudrais écouter quelque chose qui vous plaît, je suis sûr que ça me plaira aussi. ». A ces paroles, Simmy leva les yeux au ciel. Ou non, plutôt au plafond, remarquant par l'occasion l'état pittoresque des poutres. Elle n'en croyait pas ses yeux, à vrai dire dans cette situation, il serait plus juste de dire : elle n'en croyait pas ses oreilles. Oui, c'est cela. Elle n'en croyait pas ses oreilles. Et pourtant, elle eut envie de rire. De pouffer de rire, de prendre ses airs rieuse. Elle se contenta d'un sourire quelque peu amusé et moqueur. Mon pauvre garçon, est-ce donc comme cela qu'on appris à draguer ? Se disait alors la jeune fille à elle-même. Quel pauvre garçon, oui. Ce genre de type se jouant le petit Dom Juan, le dragueur invétéré infiniment raté. Elle lança alors un regard à droite, puis à gauche dans la boutique. Scrutant alors les rayons. A vrai dire, elle avait l'espoir de trouver une autre personne, ici, dans cette boutique. L'espoir de s'échapper de ce pauvre gars qui devait être qui plus est collant. L'archétype du gros lourd dingue qui plus est. Paumé, idiot, niais, lourd, mauvais dragueur... il n'avait rien pour lui fallait-il croire, mise à part sa gueule d'ange. Bien entendu, il n'y avait personne d'autre dans cette boutique. Non, elle ne pouvait donc pas lui dire : « désolée, je dois aller aider un autre client. ». La fuite subtile. Elle se retrouvait donc là. Là, coincée avec ce type dont elle ignorait l'identité et dont elle ignorait quelles étaient ses attentions réelles. A croire qu'il n'était pas venu là pour acheter un disque, mais qu'il était venu pour se donner piètrement en spectacle. Pauvre garçon. Elle se contenta d'un haussement des épaules et lâcha un bref « bien ». Puis elle continua : « je doute vraiment que ça puisse vous plaire. ». Un bref clin d’œil tout à fait naturel se dessina sur son visage.

Elle fit un signe de la main à cet individus, quelque peu étrange à son goût, pour lui dire de la suivre. Et sans même attendre une réaction, elle tourna les talons et commença à arpenter la boutique et les quelques rayons. Quelque chose qui lui plaisait voulait-il écouter. Elle aurait pu très bien lui faire une blague de très mauvais goût en lui faisant croire que Justin Bieber faisait parti de ces chanteurs qu'elle affectionnait tant. Mais à vrai dire, ce serait mentir. A cette frivole réflexion, un sourire se dessina sur ses lèvres. Un sourire qui se voulait amusé et rieur. Après quelques pas, elle se trouva face à un rayon où de nombreux disques vinyles se trouvaient sous ses yeux. C'était ce qu'elle aimait, ce qui lui plaisait. Un goût prononcer pour la vieille musique, celle que n'avait pas connu, celle qui était bien plus vieille qu'elle et malgré cela celle qu'elle chérissait tant. Oui, elle avait une grande collection de vieux vinyles, chez-elle. Adoratrice invétérée de ces antiques musiques. Devant le rayon, elle se baissa afin d'atteindre ceux qui se trouvaient bien plus bas. Elle se mit à fouiller, cherchant l'un de ces vieux disques d'antan. Après quelques secondes de recherche, elle sortit en sortit un. Le pochette de ce vieux disque était d'un jaune prononcé, une illustration de la ville de Los Angeles. Un graphisme très peu recherché. Peu importe, l'important étant la musique. Elle se releva et présenta le vinyle avec un petit sourire au bout de ses lèvres. « Tim Buckley, Greetings from L.A, 1972. Hum, je doute que vous soyez né à cette époque. » finit-elle par dire, un petit rire s'échappa de ses lèvres. « Hum sinon, je peux te proposer de quelque chose bien plus récent ! ». Aussitôt, elle se précipita au bout du rayon, et rapidement elle revint un single entre les mains. « Ed Sheeran, je te laisse écouter. Vous avez de quoi vous occuper pendant un bon moment avec tout ça. Bref, il y a des casques un peu plus loin, au bout du rayon si vous voulez aller les écouter. » lui dit-elle en se tournant légèrement afin de lui montrer l'endroit dont elle lui parlait.

[ce n'est pas fameux, je me rattraperai au prochain, amor. ]

mimmy ► episode one.

« Bien … Je doute vraiment que ça puisse vous plaire. » Milo se sentit fondre à la suite de son clin d’œil, pourtant si naturel sur elle. Rien que l’idée de son regard posé sur lui suffisait à le faire rougir et il espéra qu’elle n’avait rien remarqué. Tandis qu’elle tournait les talons, il soupira longuement, profitant de ce moment de répit pour regarder ailleurs, penser à autre chose, ou du moins essayer de penser à autre chose. Il ne savait pas ce qui lui arrivait, en tout cas il était en plein dedans et c’était difficile à contrôler. Il était comme secoué de pulsions aux origines inconnues, terriblement agité par cette belle vendeuse qui l’intriguait comme jamais personne ne l’avait intrigué. Il emboîta le pas derrière elle, faisait attention à ne pas trop s’approcher, peut être parce qu’il était impressionné, à vrai dire il ne savait pas trop pourquoi, le fait est qu’il préféra garder une certaine distance parce qu’il savait qu’il était susceptible de perdre l’équilibre à tout moment. Il avait tellement chaud ! Il soupira de nouveau, cela ne lui ressemblait pas de soupirer autant mais il avait besoin d’extérioriser ce cocktail d’émotions en lui. Et alors il se rappela à quel point il passait pour un idiot, à quel point il ne savait pas ce qu’il faisait, à quel point il était ridicule et paumé. Il fit en sorte de rassembler tout le courage qu’il avait en lui pour atteindre le rayon où elle s’était arrêtée.

« Tim Buckley, Greetings from L.A, 1972. Hum, je doute que vous soyez né à cette époque. » lança la jeune fille, tandis qu’elle se relevait après avoir cherché en bas de rayon, un vinyle à la main. Les yeux de Milo furent captivés par son sourire, de nouveau il sentit son esprit quitter son corps, et il posa spontanément sa main sur l’étagère du rayon pour vérifier qu’il restait bien sur terre. Au bout d’un moment, il sourit à son tour, amusé par sa remarque insignifiante. Il n’avait jamais entendu parler de cette chanson, mais il s’en fichait un peu. La vendeuse ajouta quelque chose qu’il n’écouta pas trop, un truc laissant entendre qu’elle allait chercher un autre disque. Il la regarda partir, puis revenir, et quand elle fut près de lui il se sentit rassuré. Milo regarda ses yeux un instant, peut être un peu trop longtemps, si bien qu’il détourna très vite le regard alors qu’elle parlait de nouveau « Ed Sheeran, je vous laisse écouter. Vous avez de quoi vous occuper pendant un bon moment avec tout ça. Bref, il y a des casques un peu plus loin, au bout du rayon si vous voulez aller les écouter. » Milo acquiesça rapidement, se sentant paniquer subitement. Cela voulait dire qu’elle allait le laisser écouter ça seul, et partir ? Il n’avait aucune envie qu’elle parte ! Il ouvrit la bouche pour parler, ses pensées s’agitèrent à une vitesse folle, et il lui fallut quelques secondes pour enfin laisser échapper un son. «  Je … Pas besoin de l’écouter, je vous fais confiance je … je les prends ! Les deux. » Il agita les deux disques dans sa main et fit un large sourire. Il avait gagné quelques secondes de plus avec elle. Le temps d’aller à la caisse ,de payer … Mais combien ça coutait, une relique pareille ? Milo s’inquiéta subitement, car il ne roulait pas sur l’or et il ne pouvait pas tellement se permettre d’acheter des vinyles, surtout qu’il n’avait rien pour les écouter chez lui. Non mais vraiment, c’était complètement idiot ! Tant pis, il était trop tard, et le temps de pays, il pourrait peut être trouver le moyen de poursuivre un peu plus le temps passé avec la jeune fille.

Simmy inspira un grand coup, humant par la même occasion l'odeur poussiéreuse de la boutique par la même occasion. Ce garçon, non loin d'être déplaisant, s'avérait être un spécimen à part entière. Jamais jusqu'à présent, elle n'eut connu de tels clients se comportant de la sorte. Non, décidément, c'était bel et bien la première fois. Et elle eut envie de rire. De pouffer de rire, d'éclater de rire, de pleurer de rire. Non, décidément, il était presque risible. Et pourtant, la jeune fille ne laissait rien transparaître. Avec le temps, elle avait appris à rester de marbre face à de telles situations. Et pourtant, oui, elle en avait envie. Au fin fond d'elle. Malgré cela, son petit sourire au bout de ses lèvres, qui se voulaient quelque peu mesquin, trahissait cette envie mordante qu'elle avait. La voix quelque peu accentuée du jeune homme retentit et tira la jeune fille de ses frivoles pensées. «  Je … Pas besoin de l’écouter, je vous fais confiance je … je les prends ! Les deux. » . Simmy resta sans voix, sûrement surprise par de tels dires. Il lui faisait confiance. Comment pouvait-il lui faire confiance ? Il ne la connaissait même pas. Il ne savait rien d'elle, ni même son prénom. Elle n'était qu'une inconnue, qu'une banale vendeuse de disque, qu'une banale disquaire comme on pourrait en rencontrer des dizaines. Elle était rien, rien était le mot. Comment pouvait-il ? Lui, l'inconnu. Elle non plus ne savait rien. Rien de lui, ni même son prénom. Avec ses airs latinos, il pouvait bien s'appeler Diego comme ce gamin dans ce fichu dessin-animé, ou encore Roberto, Pedro, Umberto, Debilo... non à vrai dire, il pourrait porter le prénom le plus ridicule qu'il puisse exister sur Terre, ce détail n'intéressait guère la jeune fille. Cette dernière secoua doucement la tête, afin de retrouver son peu de sérieux. Elle leva les yeux à hauteur du jeune homme et acquiesça d'un signe rapide de la tête. « Bien, passons à la caisse dans ce cas. » souffla-t-elle solennellement. Paroles accompagnées d'un haussement d'épaules. C'était bien la première fois qu'elle voyait un individus acheter des disques de chanteurs qu'il ne devait sûrement même pas connaître, qu'il devait ignorer l'existence. Elle resta surprise par ces paroles, mais tant pis. Alors elle se contenta de se diriger droit devant elle, en direction du petit comptoir qui servait alors piteusement de caisse. Après quelques mètres, elle se trouva derrière le comptoir.
Un petit sourire venait de s'éprendre de ses lèvres alors que cet inconnu arriva à sa hauteur. Le jeune homme posa les deux disques sous ses yeux. Le passage à caisse. Certains l'appréhendaient, beaucoup même. A croire qu'ils regrettaient déjà de leurs achats. A en croire l'insouciance du jeune homme, il ne devait sûrement pas faire partie de ce groupe de personnes. A croire qu'il jetait des billets par millier du haut de sa fenêtre. Flamber, voilà ce qu'il faisait depuis le début d'ailleurs. L'un de ces mecs qui devaient sûrement aimer rouler des mécaniques, jouer les coqs fiers et dédaigneux dans leur basse cours. Alors que Simmy philosopher sur la situation financière de ce pauvre mec, le montant qu'il devait s'était enfin affiché. « 70 dollars, please. » dit-elle alors en reposant les disques sur le comptoir après les avoir mis dans un sac en papier kraft.

mimmy ► episode one.

« Bien, passons à la caisse dans ce cas. » Elle haussa les épaules. Elle haussa les épaules ! Milo fut décontenancé de voir qu'elle se fichait royalement du fait qu'il allait quitter la boutique. Milo était au bord du suicide à l'idée de ne plus la revoir, et elle ... elle haussait les épaules. Il la suivit machinalement jusqu'à la caisse. Il préférait ignorer le fait qu'elle semblait lui accorder aussi peu d'importance. Elle était juste ... surprise, étonnée de son comportement, certainement. A vrai dire, il ne parvint pas à s'imaginer plus longtemps ce qu'elle pouvait penser de lui. Parce qu'il pensait trop à elle. En fait il la regardait et il oubliait tout le reste. Elle passa derrière la caisse. Il sourit. Fouilla ses poches aveuglement pour trouver son portefeuille. Il ne voulait pas la lâcher du regard, il ne voulait pas perdre une seconde, car c'était peut être la dernière. Il soupira longuement, attrapa le portefeuille et jeta un rapide coup d'oeil sur les vinyles. Quel acte idiot ! Mais de toute manière, il était trop tard à présent pour faire machine arrière. Il allait payer ces vinyles, et partir ... « 70 dollars, please. » Milo crut qu'il allait faire tomber son portefeuille, prit de stupeur. Il écarquilla les yeux. 70 dollars ! Bon sang ! Il n'était même pas sûr d'avoir cette somme sur lui. Il ne pouvait vraiment pas se permettre ça. Il fallait qu'il mange, qu'il paie les transports, qu'il envoie un peu d'argent à sa mère ... Il prit une inspiration, regarda le montant affiché et fouilla dans son portefeuille. Il avait à peine 40 dollars. Il regarda la jeune fille, posa sa main sur le comptoire et chercha milles excuses, des plus ridicules au plus folles, avant de parler. « Je suis désolé mais je ... j'ai oublié de retirer de l'argent ... » Il fouilla dans son portefeuille comme s'il allait y trouver des billets cachés, puis il poursuivit « Et j'ai oublié ma carte de crédit, évidemment. » Il soupira, croisa le regard de la vendeuse. Il n'était pas doué pour mentir, et il espéra qu'elle ne remarquerait rien. Finalement il sourit, comme s'il avait trouvé une solution extraordinaire. « Est-ce que vous pouvez me les mettre de côté ? Je repasserai ... les chercher ... plus tard. » Il toussota, gêné. Il passait pour un idiot, puis pour un flambeur, et enfin pour un looseur incapable de gérer son argent. C'était la cerise sur le gâteau.

Milo se gratta la nuque, terriblement mal à l'aise. Certes, son image en prenait un coup. Mais cela lui donnait une excuse de revenir. Et de la revoir. C'était plutôt une bonne chose. Spontanément, il lança. « Excusez - moi mais, comment vous appelez vous ? » Avant qu'elle dise quoi que ce soit, il toussota de nouveau et ajouta quelque chose, très vite, en voyant son regard surpris « C'est pour ... quand je reviendrais ... vous savez ! Si vous n'êtes pas là et ... enfin comme ça je dirais que c'est à vous que j'ai laissé mes vinyles. » Pitoyable. Milo regarda ses pieds un court instant, et releva la tête vers la vendeuse dont l'identité lui était jusqu'à lors inconnue. Il risquait de se faire dégager en trois secondes de la boutique, à la façon dont il agissait. Un vieux dragueur pas doué et ridicule. C'était tout le contraire de lui, pourtant ! Il se mordait déjà les doigts de la façon dont il agissait. Il aurait voulu tout recommencer, lui montrer son vrai visage, mais il était tellement chamboulé quand il était près d'elle qu'il faisait n'importe quoi, dépassant les limites du ridicule. Il passa une main dans ses cheveux et se mordilla la lèvre inférieure. Il n'avait plus qu'à prier pour qu'elle lui donne son nom, et ensuite il repartirait chez lui, passerait la soirée et la nuit à se maudire d'avoir agi ainsi, et le lendemain il reviendrait. Il la reverrait de nouveau. A cette idée, un large sourire reprit possession de ses lèvres. Il rangea son portefeuille et ne la quitta pas des yeux.

Son regard se baissa, se posant alors sur le sac qui se trouvait sur le comptoir. A vrai dire rapidement son attention se reporta sur ce jeune homme, attendant patiemment qu'il lui présente quelques billets ou une carte bleue. Qu'il paie tout bonnement ses achats. A en croire la tête de ce bien piètre client, il ne devait pas avoir suffisant d'argent dans son porte-feuille. Un sourire quelque peu amusé se dessina alors sur les lèvres de la jeune fille. Quelque peu frustrée de s'être trompée au sujet de cet individus. S'il était si riche comme elle l'imaginait, il aurait brandit rapidement un de ces billets alléchants. Chose qu'il ne fit pas. Alors il prit la parole. Il était désolé, disait-il. Désolé de quoi au juste ? De ne pas avoir d'argent pour payer soixante-dix dollars ? De ne pas avoir assez d'argent ? Pour se justifier, il avait dit qu'il avait oublié de retirer de l'argent. A vrai dire cela, Simmy s'en foutait. Cela lui importait peu. Comme on pourrait le dire si familièrement : ça lui faisait une belle jambe. Elle le regarda impassible, attendant patiemment qu'il cesse de trouver des excuses. « Est-ce que vous pouvez me les mettre de côté ? Je repasserai ... les chercher ... plus tard. » finit-il alors par dire. Aussitôt, elle acquiesça d'un signe de la tête. Signifiant alors qu'elle pouvait le faire. En temps normal, c'était une pratique qui se faisait avec la clientèle habituelle. Tant pis si ce gars ne repasserait pas les chercher, tant pis oui. Ce n'était que de l'argent en moins à mettre dans la caisse. « Hum oui. Bien entendu! Je vais vous les mettre de côté alors. » lui dit-elle, un sourire aux lèvres. Aussitôt, elle s'exécuta. Elle prit le sac contenant les deux disques et le mit derrière le comptoir où elle se baissa alors. Elle le déposa sur une petite étagère et après quoi, elle réapparut dans le champ de vision du jeune homme. « Vous n'aurez qu'à repasser lorsque vous aurez de l'argent sur vous. ». Le ton se voulait quelque peu taquin, c'était certain. Et un petit sourire amusé se dessina sur les lèvres de la jeune fille. Peu après, un soupir s'échappa de ses lèvres. Comme soulagée de cette action, de cette bonne action pouvons-nous dire. Après tout, il allait partir. C'était plutôt une bonne chose parce que ce garçon semblait un peu trop lourd sur les bords quand même. Ce genre de spécimen que l'on affectionnait guère. Alors oui, elle semblait être soulagée par l'idée que cet idiot puisse partir pour un bon moment. Et pourtant, il ne semblait pas être décidé de partir. Il resté là, planté devant elle, à la regarder encore et toujours. Qu'avait-il contre elle ? Qu'avait-il, oui. C'est alors qu'il reprit la parole, encore et toujours. A croire qu'il ne voulait pas partir d'ici. Mais que lui voulait-il, qu'avait-il contre elle. Voilà qu'à présent, il voulait savoir comment elle s'appelait. La surprise se peint sur son visage. Joli portrait. Et il continua de parler, de prendre la parole et encore et encore. A peine venait-il de finir sa phrase qu'elle laissa échapper un mot. « Non. ». Non, c'était court et bref. Quelque peu désarçonnée, elle secoua la tête avant de reprendre la parole. « Je veux dire par là... vous n'en aurez pas besoin, ne vous inquiétez pas pour ça ! Vous n'aurez qu'à dire que c'est la fille qui vous les a réservés. Faites-moi confiance, ils sauront que c'est moi. » dit-elle. Elle fut comme soulagée. Elle se disait bien là qu'après cela, il aurait bien compris qu'il était grand temps qu'il s'en aille. Qu'il s'en aille oui. Aller retirer de l'argent, tiens... Oui, ce n'est pas une si mauvaise idée cela ! Ils allaient donc se quitter en se disant « au revoir » comme deux personnes bien éduquées. Le regard persistant du jeune homme posé sur Simmy était presque gênant pour la jeune fille. Fallait-il qu'elle lui dise alors son prénom pour qu'il daigne partir ? Après un énième soupir et une petite mou du visage, elle finit par dire : « Dites Simmy. ». Elle se tut tout en roulant des yeux. Elle s'en voulait déjà de lui avoir dit ça. Elle s'imaginait ce pauvre mec revenir et recommencer son magnifique spectacle pathétique encore et encore.

mimmy ► episode one.

Milo ne cessa pas de fixer la jeune fille, pas une seule seconde. C'était comme si sa vie en dépendait. Ce n'était rien qu'un prénom, quelques syllabes, c'était juste ça. Et pourtant, c'était son prénom, pas n'importe lequel, mais le sien, son identité, ses quelques syllabes à elle. Un moyen pour lui de penser à une personne précise, et pas juste une vendeuse anonyme croisée à tout hasard. Cette jeune fille n'était pas n'importe qui à ses yeux, du moins plus maintenant. Et à ce moment là, il se fichait bien de ce qu'elle pensait. Tant qu'elle lui donnait son nom. Une fois qu'il obtiendrait, il partirait et c'en serait fini de ce calvaire, du moins jusqu'à la prochaine fois. « Non. » Les sourcils de Milo s'inclinèrent de décéption. Tant d'espoirs envolés en un seul mot ! Il voulait juste connaître son prénom, rien de plus ! Il se mordilla la lèvre inférieure, il avait envie de creuser six pieds sous terre et de s'y cacher pour toujours. Il avait honte de lui-même, de cette fausse image qu'il avait transmis à la jeune fille, et il aurait donné n'importe quoi pour recommencer de zéro. « Je veux dire par là... vous n'en aurez pas besoin, ne vous inquiétez pas pour ça ! Vous n'aurez qu'à dire que c'est la fille qui vous les a réservés. Faites-moi confiance, ils sauront que c'est moi. » C'était moins brutal, certes, mais le résultat était le même. Il n'aurait pas son prénom. Il fallait se faire à l'idée, il partirait bredouille. Il était entré avec l'esprit vide, sans savoir ce qu'il faisait, et il sortirait l'esprit plein de sentiments flous et indescriptibles, tourmenté et honteux, mais il sortirait sans son prénom. Milo songea qu'il devait partir, mais il n'y arrivait pas, décidément pas. Il tenta de faire un pas mais il en fut incapable. Il regarda la vendeuse, qui resterait inconnue pour toujours. Des tas de garçons connaissaient son prénom, peut être même ne lui avait-ils jamais demandé, peut être qu'elle leur avait donné naturellement. Mais lui, il ne le saurait jamais, car il avait agi comme un triple idiot, comme un gros lourd insupportable, et il en payait le prix. Tandis qu'il baissait les yeux, alors presque décidé à quitter les lieux, l'inconnue parla de nouveau.

« Dites Simmy. » Milo leva la tête vers elle, qui semblait avoir fait le plus grand sacrifice de sa vie. Il ne put s'empêcher de croire que quelque part, elle ne le croyait pas assez idiot pour le jeter dehors. Elle avait fini par lui révéler son identité ... Il fallait bien avouer qu'il lui avait quasiment arraché de la bouche, et qu'il ne lui avait pas trop laissé de choix. Il la regarda dans les yeux, et lui fit un sourire discret, mais sincère, un sourire reconnaissant. Simmy. Quel prénom étrange ! Il n'avait jamais entendu un tel prénom. En même temps, à part les prénoms brésiliens et les prénoms de base qu'on trouvait aux Etats-Unis, il ne connaissait pas grand chose. Il se répéta son prénom des centaines de fois, mais il savait que dès qu'elle l'avait prononcé il était voué à rester ancré dans sa mémoire pour toujours. Milo tira sur son sweat pour le réajuster, puis il fit quelques pas en arrière, s'approchant de la sortie. « Merci ... Bonne journée. » Milo fit un léger sourire, lui qui d'ordinaire souriait constamment à pleines dents, à ce moment là il n'avait pas tellement envie de montrer une telle gaieté, il avait envie de partir, de réfléchir et de faire le point sur ce qui s'était passé. Oublier son ridicule, son numéro, oublier tout ça mais pas oublier Simmy. S'il y avait une chose dont il était sûr c'était qu'il reviendrait. Il le devait. Mais cette fois là, il ferait bien plus attention. Il la regarda jusqu'à arriver à la porte du magasin, se déplaçant à reculons. Il ne la lâcha pas des yeux, à aucun moment. Quand il fut forcé de faire demi-tour pour repartir, il prit une grande inspiration, imprima une dernière fois l'image du visage de Simmy, et il sortit définitivement. Un fois dehors, il enfouit sa tête entre ses mains et jura en portuguais. Quel idiot ! Il marcha, marcha lentement, puis peu à peu il retrouva son calme et soupira plusieurs fois. Il repensa à elle, retrouvant enfin son calme. Il avait envie de faire demi-tour et de s'excuser, de la revoir, surtout, encore quelques secondes, mais il savait qu'il devait se contrôler, il fallait qu'il réfléchisse et comprenne ce qui lui arrivait. Une bouffée de bonheur l'envahit, il regarda le soleil, fit un sourire et eut l'impression de marcher au rythme d'une musique imaginaire. Il savait qu'il n'était pas prêt de s'arrêter de marcher. Il allait marcher, marcher, marcher encore, et penser à Simmy. Elle prenait toute la place dans son esprit, et plus rien ne viendrait l'en ôter.