Kali fixait la télé d’un regard. Le volume été poussé au minimum mais elle n’avait pas besoin d’entendre ce que la fille disait pour savoir que ces paroles étaient d’une niaiserie épouvantable. Un gros plan sur le visage du garçon qui se tenait à côté d’elle et Kali soupira l’air agacé avant de se saisir de la télécommande pour changer la chaîne. Elle zappa alors sur une chaîne ou une bande de mecs mi-homme, mi-singe était en train de se disputer un ballon qu’ils devaient mettre dans un panier. Elle pensé ça du basket mais elle aurait pensé ça de n’importe quel sport, le fait était que la grande majorité des sportifs étaient des écervelés. Et peu importe que les gens ne soient pas d’accord avec son point de vu, elle ne voyait pas vraiment comment on pouvait penser autre chose à propos de ça. Elle changea à nouveau et tomba sur un nouveau programme débile qui était sûrement le plus intelligent qu’elle ait pu voir depuis qu’elle s’était assise sur son canapé.

Elle était presque résignée à éteindre la télé pour aller se mettre dans son lit avec un bon livre quand elle entendit un bruit, quelque chose, elle ne savait pas encore quoi, venait d’entrer en collision avec la vitre du salon faisant un bruit assez fort. Elle fronça les sourcils et se dirigea vers sa fenêtre quelque peu méfiante. Arrivée à la fenêtre, elle regarda en direction de la rue et aperçut une silhouette. Ca aurait pu être celle de n’importe qui mais elle ne mit pas longtemps à reconnaître qu’il s’agissait de Shy, une des rares personnes avec qui elle était capable de s’entendre. Elle ouvrit la fenêtre en souriant et se pencha un peu. « J’ai eu peur d’avoir affaire à un fou ou à un quelconque mec trop bourré tu sais. Enfin, rien n’exclut que tu le sois. »

Kaliska entendit, à sa plus grande surprise, Shyann qui commençait à jouer une mélodie avec son instrument. Instrument dont elle venait à peine de remarquer la présence d’ailleurs. Il prit la parole, sa voix couvrant un peu la mélodie qu’il avait commençait à jouer. « Oh ! Je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur… » Evidemment, c’était le genre de parole dont elle ne pouvait pas douter. Ce n’était pas du tout le genre de Shy, son genre c’était plutôt… de chanter des chansons sous les fenêtres des filles. Ce qu’il s’apprêtait à faire là quoi. Mais Kali avait peine à croire que ce à quoi elle assistait était vraiment réel. « On m’a dit que c’était ta chanson préférée. » Il suivit ces quelques mots en se mettant à chanter. Et Kaliska ne put s’empêcher de sourire. Elle se demandait vaguement ce qui la poussait à sourire à ce moment précis, si c’était Shy ou encore le ridicule de la situation. Oui parce que du point de vu de Kaliska, la situation était d’un ridicule épouvantable. Elle était là, appuyée contre sa fenêtre à écouter un gars – en l’occurrence Shy – chanté sous sa fenêtre. Ca faisait très fleur bleue même si, fort heureusement pour lui, il ne chantait pas une chanson d’amour niaiseuse où les paroles était à mourir de rire plus qu’autre chose. Elle resta là à l’écouter, en attendant qu’il finisse de chanter. Une fois qu’il eut fini, elle eut un petit rire et prit la parole. « C’était mignon, ridicule certes, mais mignon. » Elle se tut quelques instants avant de sourire de nouveau et de reprendre la parole. « Je pourrais te lancer de l’argent ou des fleurs pour te féliciter mais la seule chose que j’ai là c’est du pop-corn et je ne suis pas sûre que ça t’ailles, t’aurais l’impression d’être un singe. » Elle jeta un coup d’œil sur le sachet de pop-corn un peu plus loin et eut un sourire amusé. C’était fou ce qu’elle pouvait sourire depuis que Shy était apparu à sa fenêtre, si elle n’arrêtait pas bientôt, elle pourrait se vanter d’être devenue aussi niaise et ridicule que toutes les autres filles. Elle regarda à nouveau Shy et soupira. « Tu veux jouer ici toute la nuit ou tu préfères monter ? »

Kaliska regardait toujours par la fenêtre amusée. Elle n’aurait vraiment pas cru que le jour où un gars viendrait lui jouer de la musique sous sa fenêtre arriverait de sitôt. D’ailleurs, plus simplement, elle n’aurait jamais cru que ce jour arriverait tout court. « J’attendais justement que tu me proposes de monter figure-toi ! » Kaliska secoua la tête. Bien sûr, c’était tellement évident à la manière dont il jouait dans la rue au lieu de sonner ou de frapper à la porte comme les gens normaux. Mais il fallait définitivement croire que Shyann n’entrait pas dans la catégorie des gens normaux. « Excuse-moi, mais vois-tu, je suis un peu bête, je n’avais pas compris ça. » Elle prit un air penaud et ajouta quand même. « Enfin si tu t’étais contenté de sonner comme tout le monde j’aurais sûrement deviné. Là je croyais juste que tu voulais te donner en spectacle très cher. » Elle se tut, regardant toujours vers Shyann. Elle ne voulait pas non plus qu’il croit qu’elle n’avait pas aimé ça. Au contraire, ça l’avait fait rire et plus encore, ça lui avait fait plaisir. Mais Kali n’était pas le genre à faire des compliments ou à montrer trop ce qu’elle aimait. Quand elle n’aimait pas quelque chose en revanche, tout le monde était au courant mais sinon, rien. Elle sentit quand même le besoin de le rassurer. « Enfin ça aurait été moins drôle aussi, et moins flatteur… Enfin, monte. »

Elle se dirigea d’un pas rapide vers la porte et l’ouvrir avant même que Shy n’y soit parvenu. Elle lui sourit à nouveau et le serra dans ses bras en guise de bonjour. Elle se détacha cependant rapidement et le regarda vaguement gênée. Histoire de se redonner une contenance, elle l’invita à entrer et prit de nouveau la parole d’une voie enjouée. « Tu tombes bien tu sais, je m’ennuyais tellement que je m’apprêtais à aller me coucher. Ca aurait été vraiment trop triste. »

Apparemment, Kaliska n’était pas la seule à avoir été gênée par l’étreinte rapide qu’elle avait faite à Shyann en guise de bonjour. Elle le vit très vite au petit sourire qu’arborait Shyann à la suite de ça : un sourire tout aussi gêné que le sien. C’était étonnant pourtant, enfin, du côté de Kaliska, que si peu provoque ce genre de réaction état inhabituel. C’était quelque chose de tellement anodin, serrer quelqu’un dans ses bras. C’était comme ça qu’elle saluait toutes les personnes qui étaient proche d’elle. Mais Shyann était-il vraiment proche d’elle ? Cette question mériterait sûrement de se poser. Mais aux yeux de Kali, à ce moment-précis, elle n’avait pas d’importance. C’était la manière qu’elle avait pour éviter de se demander des choses qui la dérangeait, se dire que ça n’avait pas d’importance. Et cette fois ci ne dérogeait pas à l’habitude. « Heureusement que je suis venu dans ce cas… » Il n’avait pas dis ça d’un ton supérieur, pas comme aurait pu le faire certaines autres personnes, en pensant quelque chose comme « heureusement que j’étais là avant que tu ne te couches aussi tôt qu’une vielle grand-mère ». Non il avait dis ça doucement, en souriant. Son sourire avait changé, ce n’était plus le même sourire gêné que précédemment, c’était un petit sourire et Kali ne put s’empêcher de remarque comme le sourire de Shyann était beau. Elle secoua la tête chassant cette pensée ridicule de sa tête et posa son regard au plafond. Elle ne prêtait pas attention aux gens normalement, et là, elle venait d’analyser chacune des expressions de son visage. Elle ne savait pas vraiment ce que cela signifiait. Elle regarda le plafond blanc plusieurs minutes et reposa son regard sur lui. Et là, évidemment, un nouveau sourire niais fit son apparition sur son visage. « Oui, heureusement. J’aurais été perdue sans toi. Couchée aussi tôt qu’une petite grand-mère. » Elle laissa échapper un rire nerveux et replaça une mèche de cheveux derrière son oreille en fixant ses pieds.

Ils étaient arrivés au salon, enfin, plus exactement, Shyann s’était dirigé vers le salon et Kali l’y avait suivi. Le téléviseur était toujours allumé et diffusait le programme sur lequel Kaliska avait zappé en dernier, en l’occurrence, il s’agissait du match de basket. Kali se dirigea vers la fenêtre restée ouverte et s’appuya contre le rebord tandis que Shyann avait posé son regard sur la télé. « Oh, tu t’intéresses au basket ? C’est cool ça ! » Kali fronça légèrement les sourcils en se demandant pourquoi il disait ça. Et puis au bout de quelques minutes, elle comprit et acquiesça. « Oui, c’est cool comme sport je trouve. » En vérité, elle détestait ça, comme tous les sports d’ailleurs mais elle avait quand même répondu oui. Elle ne savait pas vraiment pourquoi d’ailleurs, peut-être parce qu’elle s’était souvenu que Shyann jouait ai basket et elle n’était pas certaine qu’il apprécie sa vision du basket et des basketteurs en général. Elle espérait juste que Shyann n’aurait pas l’idée, ni l’envie, de s’engager dans une conversation sur le basket parce que s’il faisait ça, il ne lui faudrait pas plus de deux minutes pour se rendre compte que Kali avait menti. Et cette dernière se voyait très mal lui expliqué pourquoi elle avait menti en répondant à une question aussi banale et anodine.

Elle était toujours appuyée contre la fenêtre en train de le regarder fixement. Elle se souvint alors qu’elle était en train de maquer à tous les devoirs que la politesse imposait. Ce n’était pas le genre de choses dont elle se formalisait habituellement, mais là, elle se sentait quelques peu stupide. Elle se redressa alors et s’approcha un peu de Shy, un sourire poli aux lèvres. « Tu as peut-être soif en fait ? Enfin je sais pas. Ou faim ? Moi je meurs de faim. T’as qu’à t’assoir, je vais aller chercher à manger. Et à boire. » Elle ne laissa pas à Shyann le temps de répondre quoique ce soit et disparut bien vite dans la cuisine. Elle posa sur un plateau les premières choses qui lui passait sous la main et retourna au salon où Shy avait pris place sur le canapé. Elle déposa le plateau sur la table basse et s’assit près de lui hésitante. Elle regarda alors fixement l’écran durant plusieurs longues secondes avant de se tourner à nouveau vers lui. Elle chercha quelque chose à dire, quelque chose d’intelligent de préférence. « Sinon euh, ça va ? » C’était la seule chose qu’elle avait réussit à trouver, elle n’avait rien de plus intéressant à dire en réserve.

Elle avait déclaré trouver le basket cool, c’était un simple petit mensonge anodin et sans conséquence. Et même si le fait qu’elle avait menti était à la base injustifiée, elle ne pouvait plus changer ça. Alors quand il lui demanda si elle en jouait, Kaliska n’avait pas d’autres choix devant elle que celui de continuer à mentir. Parce qu’avouer la vérité impensable. Shyann avait l’air de vraiment aimer ça et sa vision du sport l’aurait sûrement incité à s’en aller comme ça. Ils ne se connaissaient pas tant que ça dans le fond et il ne devait pas savoir comment était vraiment Kali : la manière dont elle se moquait des gens, des autres, dont elle jugeait rapidement, sa vision très arrêté des choses. Et elle ne voulait pas qu’il voit tout ça, du moins pas avant qu’il ait pu voir aussi ces bons côtés. Elle décida de répondre en restant la plus sincère possible. « Non je n’y joue pas, je serais une vraie catastrophe sur le terrain si j’y jouais. » Ce qu’elle venait de dire avait le mérite d’être totalement vrai. Bon elle aurait pu ajouter que l’idée de suer comme un porc tout ça pour mettre un ballon dans un panier ne l’intéressait pas franchement non plus et qu’elle avait mieux à faire de sa vie mais elle se limita à ces quelques mots. Comme ça elle ne mentait pas vraiment, elle omettait juste certaines choses.

Son escapade dans la cuisine terminée, elle s’était assise sur le canapé près de Shyann et avait fait de son mieux pour combler le vide dans la conversation qui s’annonçait. Malheureusement, Shyann ne l’aida pas beaucoup parce que sa question, il ne répondit que par un simple : oui, et toi. En même temps, on ne pouvait pas dire qu’elle ait lancé le sujet de conversation de l’année et la réponse de Shyann était la seule possible à une question autant dénué d’intérêts. Non pas que le fait de savoir si il allait bien n’intéressait pas Kali. Elle chercha quelque chose de bien à répondre, histoire de lancer un début de conversation qui puisse les empêcher de rester comme deux imbéciles côté à côté à fixer la télé sans rien dire mais elle ne trouva rein et se contenta donc d’une réponse simple. « Ca va aussi. » Et puis ce fut de nouveau le silence. Kai se demandait pourquoi cela se passait comme ça, elle n’avait pas de problème pour parler habituellement avec les gens, enfin avec ceux qu’elle était contente de voir du moins. Or, elle avait été ravie de voir Shyann arrivée et elle ne voulait pas vraiment qu’il pense le contraire. Car elle était presque certaine que c’était l’impression qu’elle donnait là, que son arrivée l’avait fait chier plus que tout. Elle décrocha son regard de la télé et le posa sur Shyann pendant quelques secondes avant de le reposer à nouveau sur la télé. Il fallait absolument qu’elle dise quelque chose parce que sinon Shyann allait vraiment regretter d’être venu là, il devait déjà se demander ce qui l’avait pris d’ailleurs. Ca, Kali se le demandait aussi, quelle raison pouvait bien l’avoir poussé à venir comme ça, mais elle avait peur que le fait qu’elle lui demande rendre la situation plus gênante encore qu’elle ne l’état déjà. Avec son tact habituel, c’était presque sûre qu’il allait trouver sa question presque impolie ou quelque chose dans ce genre-là. Enfin au moins, ça aurait mis fin au silence qui s’était installé. Se rappelant qu’elle avait ramené à manger de la cuisine, elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose. « Si tu as faim sers toi hein. Enfin… j’ai ramené les premiers trucs qui me sont tombés sous la main mais si tu veux autre chose je peux y retourner. » Bon là, elle devait donner clairement l’impression de vouloir le forcer à manger quelque chose mais elle se disait qu’au moins, si ils mangeaient, ils auraient une bonne raison de ne pas parler. Elle secoua la tête devant autant de bêtises et lorsque son regard se posa sur la télé, elle se résigna à parler de la seule chose qui lui venait à l’esprit à ce moment précis. « Alors, tu aimes le basket ? »

« Une vraie catastrophe ? Roh ! Je peux t’apprendre si tu veux… » Kali leva la tête vers Shyann et le regarda surprise. Elle vit alors, encore plus surprise, le visage de ce dernier rosir légèrement. Ce n’était pas vraiment le genre de chose qu’elle s’attendait à voir de sa part, il donnait l’impression d’être un gars sûr de lui, qui ne manquait jamais de confiance et surtout pas qui était le genre à prendre des couleurs après avoir proposé à une fille de lui apprendre à jouer au basket. Elle fit un petit sourire amusée tandis que lui, essayait de reprendre un pue de contenance en faisant un sourire qui se voulait amical. L’amusement de Kaliska était néanmoins juste du à la réaction de Shyann et pas du tout à ce que dernier lui avait dit. Si elle voulait. Elle ne voulait pas apprendre à jouer au basket. C’était complètement inutile et ce serait une perte de temps. Autant pour lui que pour elle parce que Kaliska était certaine d’être un cas désespéré à ce niveau là. Elle s’entendit pourtant répondre à sa plus grande surprise : « Oui, je veux bien. » Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle venait de dire ça, c’était une très mauvaise idée, elle le savait pourtant ça. Elle préféra ajouter quelques mots, histoire qu’il soit bien prévenu. « J’espère par contre que tu es TRES patient. Parce que je n’exagère rien quand je dis que je suis une catastrophe hein. Pire, je suis un cas désespéré je crois. » Au moins, il ne pourrait pas dire qu’il n’était pas au courant maintenant. Et puis, si vraiment il voulait lui apprendre à jouer au basket, il y avait bien un avantage à ça, ce serait une occasion pour elle de passer du temps avec Shyann et étrangement, cette idée de ne lui déplaisait pas.

Le fait qu’elle lui ait proposé de se servir s’il avait faim eut au moins le mérite de le faire parler un peu. Il n’était pas très bavard, elle non plus d’ailleurs mais il semblait l’être encore moins qu’elle et c’était très étrange. Elle le regarda prendre un pot de beurre de cacahuète et pensa que contrairement à ce qu’il disait, ça ne devait pas vraiment suffire. Enfin elle ça lui aurait suffit mais quelque chose lui disait que Shy devait être habitué à faire des repas normaux avec ces choses qu’on appelait légume et tout ce qui allait avec. « Hum mouais. » C’était sa manière de montrer qu’elle n’était pas vraiment convaincue par le fait que cela lui convenait. « J’ai que ça de toute manière. J’ai oublié de faire des courses. » Maintenant elle se justifiait. Mais pourquoi se justifiait-elle ? De toute manière, Shy n’était pas censé venir ce soir, ni jamais d’ailleurs. Il était venu comme ça et elle n’avait rien pu prévoir. Parce qu’elle aurait sûrement prévue quelque chose si elle avait été au courant. Enfin, elle se serait au moins arrangée pour ne pas « oublier » les courses, ou plus exactement pour ne pas avoir la flemme de sortir comme ça c’était vraiment passé aujourd’hui. En plus de ça, il n’avait rien dit, rien critiqué, alors elle avait encore moins besoin de lui dire ça.

« J’aime le basket, on peut dire ça comme ça ! » Soit. Ca, elle l’avait largement deviné dans tout ce qui s’était passé avant. Elle avait juste espéré qu’il deviendrait magiquement un peu plus bavard si elle parlait de quelque chose qu’il aimait. Mais il fallait qu’il se borne à répondre à ses questions en se contentant du minimum. Que pouvait-elle répondre à ça ? Rien. Parce que de toute manière, elle se fichait éperdument de ça. Elle pouvait reposer une autre question mais elle avait peur que leur conversation – si on pouvait appeler ça comme ça parce que franchement il n’y en avait pas vraiment – se transforme en interrogatoire. « C’est cool. » Elle secoua la tête et se tut. Si elle disait encore une fois de quelque chose qu’elle trouvait ça cool c’était que vraiment elle avait touché le fond. C’était peut-être déjà le cas d’ailleurs. Elle fixait le mur blanc en face d’elle ne sachant pas trop quoi faire. Pourquoi est-ce qu’il était venu là vraiment ? Si c’était pour ne rien dire comme ça. Parce que même si elle était contente qu’il soit là, elle se sentait terriblement conne à ce moment-précis et elle détestait ça. Vraiment. « On entendrait une mouche volée… » Elle avait dit ça plutôt pour elle que pour lui mais au final, ça revenait au même parce qu’à moins qu’il soit sourd, il avait très bien entendu ce qu’elle venait de dire. Elle se sentit tout d’un coup très gênée et aurait vraiment apprécié de pouvoir se cacher dans un trou de souris.

« Ne t’en fais pas, la patience, ce n’est pas ce qu’il me manque. Je saurais m’y prendre. » Kaliska eut un petit sourire. Bizarrement, elle ne doutait pas de ça. Elle le voyait dans sa manière d’être. Mais alors qu’elle le connaissait peu, elle savait dire que Shyann était quelqu’un de patient mais elle savait également qu’il était doux, gentil et généreux. Bien qu’il devait bien en avoir, elle n’arrivait pas encore pour l’instant à percevoir ses défauts. C’était pourtant ce qui lui sautait au visage en premier le plus souvent. En fait pour le moment, le seul défaut qu’elle avait pu noter, c’est qu’il aimait le basket et elle n’était pas certaine que ça rentre réellement dans la catégorie des défauts. Elle le regarda et répondit simplement : « Bien. » C’était tout, elle n’avait pas réellement besoin d’en dire plus.

Kaliska attrapa la première chose qui lui passa sous la main dans le plateau. Elle ne regarda pas de quoi il s’agissait parce qu’en vérité, elle n’avait pas l’intention d’en manger. Elle n’avait pas faim, enfin plus faim. Elle voulait juste être occupée à faire quelque chose pour faire semblant de ne pas faire attention à Shyann qui la regardait. Elle ne savait pas réellement pourquoi, mais elle était gênée par ça. Il ne la regardait pas comme tous les autres pouvaient la regarder, c’était… différent, nouveau et cela lui apparaissait assez étrange. Elle hocha la tête quand il parla, elle espérait juste ne pas avoir l’air stupide. Elle n’avait pas écouté ce qu’il avait dit et elle avait jugé que c’était la manière la plus sûre pour elle de s’en sortir en ayant l’air de ne pas en avoir rien à faire. Parce qu’elle n’en avait pas rien à faire de ce qu’il disait, quand elle n’était pas trop occupée à divaguer dans ses pensées, elle buvait ses paroles. Il aurait pu sortir la pire ânerie au monde qu’elle aurait quand même trouvé ça extrêmement intelligent.

« En effet… » Kali cligna des yeux en revenant un peu à la réalité. Elle avait du mal à raccrocher la réponse de Shyann à quelque chose qui aurait pu être dit avant. Pourtant, ça n’avait pas quelque chose de très difficile, on ne pouvait pas dire qu’ils avaient beaucoup parlé. Il ne lui laissa pas vraiment le temps de chercher car, à la plus grande surprise de Kaliska, Shyann reprit la parole aussitôt. Elle le regarda surprise par ce qu’il venait de dire. Elle avait l’air d’être une fille bien… Ca devait justement être parce qu’il ne connaissait pas grand-chose d’elle qu’il pouvait se permettre de dire ça. Enfin, elle supposait. Pas qu’elle est un fond mauvais non, mais en général les gens ne disait jamais d’elle qu’elle était une fille bien. Ni qu’elle en avait l’air d’ailleurs. Elle eut un petit sourire timide et se tourna vers Shyann. « Et alors… tu voudrais savoir quoi à mon sujet ? »

Kaliska n’attendait qu’une chose, qu’il reprenne la parole. Pas pour les mêmes raisons que tout à l’heure, elle ne ressentait plus les mêmes silences pesant que précédemment. Elle voulait juste qu’il parle parce qu’à ce moment là, elle pourrait lever la tête et le regarder avec une raison valable. En attendant, elle sentait son regard peser sur elle et elle n’osait pas regarder ailleurs que le sol, le plafond et le mur en face d’elle. Partout sauf vers lui en fait. Il ne répondit d’abord à sa question que par un seul mot : tout. A ce moment-là, Kali leva les yeux et posa sur lui un nouveau regard étonné. Elle ne voyait pas vraiment pourquoi il avait dit ça, ni comment un garçon qui lui apparaissait à première vue sain d’esprit pouvait avoir envie de tout savoir sur elle. C’état juste ça qui la troublait, le fait qu’il s’intéresse à ce point à elle, au point de la regarder autant et de vouloir savoir autant de choses. Parce que c’était bien cela que cela montrait : un intérêt, même minuscule, pour sa personne. Elle n’était vraiment pas habituée à ce genre d’attitude. Elle croyait tout savoir, tout connaître des gens même si en vérité elle ne savait rien. Elle avait l’habitude de s’amuser à prévoir leurs réactions et ce qu’ils allaient dire selon la catégorie dans laquelle elle les avait rangé. Ca, elle n’y parvenait pas avec Shyann. Elle croyait l’avoir cerné, mais elle se disait que finalement ce n’était peut-être pas le cas. Elle le regardait avec insistance sans trop savoir comment prendre cette réponse. Elle voulait vraiment lui parler d’elle, cela ne la dérangeait pas beaucoup. Elle aurait pu lui parler pendant longtemps si elle n’avait pas eu peur de l’ennuyer ou de dire des choses stupides. Elle avait juste peur. Peur qu’il découvre quelque chose chez elle qui ne lui plaisait pas et qu’il change d’avis, qu’il se dise que finalement elle n’était pas une fille si bien que ça. Qu’elle en avait juste l’air.

Elle n’écoutait plus vraiment e qu’il disait. Mais en fait, il ne disait rien. Elle le réalisa lorsqu’elle se força à arrêter de réfléchir à tout ça, à tergiverser comme ça. Elle en était arrivée à un point ou c’était tout bonnement ridicule. Elle était ridicule. C’était sûrement la première fois de sa vie qu’elle était aussi contente d’être la seule à savoir ce qu’elle pouvait bien pensait. Elle n’osait même pas imaginer ce que Shyann aurait dit si il avait su ne serait-ce qu’une infime partie de ses pensées. Si Kali n’avait pas été aussi focalisée sur cette idée, celle qu’elle était au plus au point ridicule, elle aurait pu remarquer que Shyann n’avait pas l’air de beaucoup mieux se débrouiller qu’elle et qu’il était à son égal. C’est en effet après un effort laborieux –et qui n’aurait pas du l’être autant – qu’il réussit finalement par prononcer une phrase complète. « Parle-moi de ce que tu aimes, ce que tu aimes faire dans la vie. » Kali se passa la main dans les cheveux légèrement mal à l’aise. IL n’y avait pas de raisons particulières à cela, sa question était très anodine et banale. Même si le fait était que Kaliska avait nettement plus de mal à parler de ce qu’elle aimait plutôt que de ce qu’elle n’aimait pas. Il lui aurait demandé ce qu’elle n’aimait pas, elle aurait pu parler pendant des heures, tout en prenant le soin de bien éviter un certain sujet sur lequel elle avait menti précédemment. Mais là, elle se sentait un peu conne. « Ce que j’aime… Hum. Je ne sais pas vraiment.» Son regard croisa celui de Shyann et elle se sentit rougir tandis qu’elle perdait un peu plus confiance encore. « Enfin, si je sais… j’aime lire, je crois. Enfin je suis sûre. J’aime ne rien avoir à faire d’important, je pourrais passer des heures allonger sur un lit à ne rien faire. J’aime sortir dehors quand il fait froid, l’hiver est ma saison préférée. Et je… » Elle se tut, elle avait perdue le fil de ce qu’elle voulait dire. Enfin, on ne pouvait pas dire que sa réponse était vraiment claire et limpide. Elle ne pensait pas que ce soit un jour possible qu’elle ait autant de mal à répondre à une question aussi simple. Elle essaya de chercher ce qu’elle avait bien pu vouloir ajouter mais elle abandonna bien vite la partie. Elle eut un petit sourire gêné et murmura. « C’est tout. »

Après avoir conclut sa prise de parole par son « C’est tout. », Kaliska s’était tut, visiblement soulagée d’en avoir fini avec la tâche qui lui avait été imposé. Parce que c’était plus comme cela qu’elle avait vu la chose en fin de compte. Finalement, elle n’était pas certaine de préférer quand ils avaient un semblant de conversation, cela la mettait franchement mal à l’aise. En même temps, tout la mettait mal à l'aise en la présence, elle avait l'impression que quoiqu'il se passe de toute manière elle n'arrivait pas à être réellement elle-même. Il y avait toujours cette gêne sur laquelle elle n'arrivait pas à mettre de nom. « Alors comme cela, tu aimes lire ! » Elle leva la tête vers Shyann. Oui c'est ce qu'elle venait de dire, elle aimait lire. Elle pouvait au moins être rassurée sur le fait qu'il avait une bonne capacité de compréhension, il n'était pas un attardé ou quelque chose d'autres de ce genre-là. Remarquez, ce n'était pas pire qu'elle au début lorsqu'elle lui avait demandé si elle aimait le basket alors que la réponse était évidente.

Elle ne laissa rien transparaître de ses pensées et son regard resta fixé quelques minutes sur le visage de Shyann. Encore une fois. Il s'était tut après sa question, et un sourire s'était dessiné sur son visage. Kaliska se surprit a remarqué à nouveau à quel point il était beau, vraiment beau. Pourtant, c'était le genre de choses auxquelles elle ne prêtait pas réellement attention habituellement mais là, c'était différent. « Et tu as un style littéraire préféré ? En tout cas, c’est bon à savoir… je saurai quoi t’offrir pour ton anniversaire ! » Elle qui croyait en avoir fini avec les questions, ce n'était visiblement pas le cas. Elle aurait du faire preuve d'un peu plus d'intelligence et lui demander ce qu'il aimait lui plutôt que de se taire en disant simplement c'est tout. D'ailleurs, peut-être qu'il l'avait mal pris, qu'il avait cru qu'elle ne s'intéressait pas du tout à ce qu'il pouvait aimer, que seule ce qui la concernait elle l'intéressait. Du reste, ce n'était pas totalement faux mais elle ne voulait pas qu'il est cette impression. Elle cligna des yeux, l'air vaguement hébétée, elle en aurait presque oublié qu'il venait de lui demander à nouveau quelque chose. Cette fois, elle ne prit pas la peine de réfléchir à ce qu'elle avait à répondre, les mots lui vinrent d'eux-mêmes. Enfin quoi. « Hum non pas vraiment, je lis un peu tout ce qui me tombe sur la main. Enfin presque, je dois être quelqu'un d'un peu contradictoire parce que tu peux être sûr que si on m'impose la lecture d'un livre, je n'aimerais pas, par simple esprit de contradiction. » Elle se tut et eut un petit rire. Après quoi, un sourire malin s'afficha sur son visage avant qu'elle n'ajoute. « Mais, est-ce que tu sais au moins quand est mon anniversaire ? »

Kaliska gardait le silence, attendait que Shyann réponde à sa question. Elle était tellement persuadée qu’il ne saurait pas y répondre, elle ne voyait pas d’ailleurs comment il pourrait le savoir, ils se connaissaient tellement peu en fin de compte. Jusqu’à aujourd’hui, ils avaient du se voir seulement un tout petit nombre de fois, et à chaque fois par le biais de Penny. Parce que Shy était le cousin de ce dernier. Pourtant, si elle ne l’avait pas su, Kali aurait été incapable de le deviner. Ils étaient tellement différents. Avec Penny, Kali pouvait être elle-même, elle savait toujours quoi dire, avec Shy, ce n’était pas le cas, et pourtant elle se sentait tellement mieux en sa présence. Elle se rendait bien compte que cela n’avait pas beaucoup de sens, mais elle ne chercha pas à comprendre. Car c’est ce moment-là que Shy choisit pour répondre. « Hum… Octobre ? Début du mois, je dirais même. » Kali le regarda quelques secondes vaguement surprise. Bon, il n’avait certes pas dis le jour précisément, mais elle était tellement persuadée qu’il ne le savait pas du tout. Elle s’était même apprêter à faire une moue boudeuse pour ça. Mais encore une fois, il l’avait totalement prise de court. Elle finit par répondre légèrement hésitante. « Euh oui.. c’est ça. Le 6. »

Elle ne s’était pas vraiment rendue compte à quel point il était déjà très proche sur ce canapé avant que Shyann ne se rapproche un peu plus. Kaliska sentit son cœur s’emballer. Elle voulait qu’il s’éloigne d’elle, maintenant, parce qu’elle avait l’impression de ne plus rien contrôler à cet instant précis. Et dans un même temps, elle voulait aussi qu’il reste là où il était, elle avait l’impression que s’il s’éloignait ne serait-ce que d’un millimètre, ce serait la fin de tout. Il resta là où il était. Et puis, doucement, il caressa sa joue avant de replacer une de ses mèches de cheveux. Kali retint son souffle jusqu’à ce qu’il prenne la parole. « Ce serait dommage de cacher un si joli visage… » C’est le moment qu’il choisit pour retirer sa main. Elle le regarda silencieusement le temps de quelques secondes à peine, et puis, elle approcha son visage du sien. Elle déposa alors un rapide baiser sur ses lèvres, timide, elle n’était pas réellement certaine de ce qu’elle faisait à cet instant.

Ce n’était pas la première fois que Kaliska embrassait un garçon, loin de là, mais c’était sans conteste la première fois qu’elle ressentait un tel sentiment de bonheur, de bien être en le faisant. Elle se rendait compte alors qu’elle n’attendait que ça depuis un moment déjà, et qu’à présent elle ne voulait plus que cela s’arrête. Elle voulait rester près de Shyann, prolonger ce baiser aussi longtemps qu’elle le pouvait. Pourtant, au bout de quelques temps – Kaliska n’aurait pas pu dire combien exactement – Shyann détacha ses lèvres et l’instant de magie s’arrêta. Elle cligna des yeux, essayant de remettre ses idées en ordre. Elle se sentait gênée à présent, gênée que les choses se soient passées ainsi. Elle essayait de nouveau de regardait partout sauf en direction de Shyann, il fallait croire que ça se transformait en habitude à présent.

Cependant, son regard croisa celui de Shyann et elle reprit un peu plus de confiance en soi. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi les choses s’étaient passées ainsi et comment ils en étaient arrivés là mais elle savait une chose, c’est qu’elle avait voulu ça. Elle voulait qu’ils s’embrassent et elle ne voulait pas continuer d’être gêner ainsi. Ce fut Shyann le premier à briser le silence. Il prit la parole d’un ton calme et prononça et simple mot : pardon. L’incompréhension se peignit sur le visage de Kaliska, s’il y avait une chose qu’elle ne s’attendait pas entendre c’était bien ça. Elle le regarda un moment avant de reprendre la parole, essayant de déceler une part de regret ou autre chose de ce genre dans son visage. « Pardon pour quoi ? » Elle se tut quelques secondes et reprit un peu maladroitement. « Parce que si c’est pour… ça… » Elle fit un geste vague de la main espérant qu’il comprendrait de quoi elle parlait. « Tu n’as pas à t’excuser… Je crois que… j’en avais envie. Je t’aime bien Shyann. » Elle baissa les yeux pour regarder ses pieds et essaya de se rattraper du mieux qu’elle pouvait. « Enfin, je crois. Un peu. »

Kaliska écouta chacun des mots que Shyann disait et chaque fois, elle se sentait d’autant plus mal. Elle sentait qu’elle rougissait, elle aurait voulu empêchait ça mais elle ne le pouvait pas. Le bref moment où elle avait eu ne serait-ce qu’un minimum de confiance en elle avait déjà disparu. Ce n’était pas quelque chose qui devait se passer entre des amis… C’était ce qu’il avait dis et Kali ne savait vraiment pas quoi répondre à ça. Peut-être qu’il avait raison, entièrement raison après tout. Mais elle ne le voulait pas. Et puis, il y avait bien une chose sur laquelle il se trompait, c’était quand il prononçait le mot amis. Ils n’étaient même pas ça des amis. Des amis se connaissaient, des amis pouvaient plaisanter entre eux sans gêne, or Kaliska ignorait presque tout de Shyann et elle était aussi loin de plaisanter avec qu’avec n’importe quel inconnu dans la rue. Si elle avait du dire quelque chose, ça aurait été ça mais elle semblait avoir perdu l’usage de la parole. Elle se contenta donc de continuer d’éviter son regard tout en se rongeant nerveusement le bout des ongles. « Je… non, rien. Je crois que je ferais bien mieux de partir. » Elle leva brièvement la tête croisa rapidement son regard et acquiesça simplement. Oui, qu’il parte, c’était une excellente idée. Elle n’avait plus vraiment envie de le voir à ce moment-précis. Elle voulait qu’il s’en aille pour qu’elle puisse aller se coucher et ne plus repenser à ça. Il ne semblait pas attendre de réponse venant de sa part, ni son accord. C’était tant mieux du reste. Elle le laissa s’éloigner sans lui prêter attention, il connaissait la sortie. Avant qu’il ne parte, Kaliska l’entendit tout de même dire quelque chose. « Je t’aime… » Elle se demanda pendant quelques minutes si elle avait bien compris ou non ce qu’il venait de dire mais au moment où elle se leva pour tenter de voir, il était déjà partie. Elle soupira et se dirigea dans sa chambre, là où elle voulait aller avant qu’il n’arrive. Elle s’allongea sur son lit essayant de trouver le sommeil mais, elle le savait, il allait être long à venir.



- END -