Cela faisait plusieurs mois que Julian vivait à New York maintenant. Il n’avait jamais quitté l’Australie avant ça et il n’aurait jamais pensé pouvoir se plaire ailleurs. Et pourtant… New York l’avait surpris dans le bon sens du terme. La ville lui avait même donné plus que ce qu’il n’avait attendu : il s’entendait beaucoup avec Coleen, il avait un emploi qui le passionnait réellement et surtout… il avait une petite-amie merveilleuse et parfaite. Une vie bien tranquille et rangée, comme il y avait toujours aspiré. Il se sentait vraiment chanceux et il ne savait pas s’il le méritait réellement. Mais bon, il ne se plaignait pas et il touchait du bois pour que cela continue parce qu’il n’aurait pas pu rêver mieux.

En plus de tout ça, le jeune homme se révélait être très doué dans ce qu’il faisait. Il avait réussi à se faire engager dans un grand institut scientifique qui collaborait la plupart du temps avec le FBI. Le FBI ! Il se sentait toujours comme un gosse quand il réalisait, il n’y était toujours pas habitué. Petit, il avait, comme tous les enfants, eu un rêve un peu hors du commun. Etre agent du FBI en avait fait partie. Et maintenant qu’il était un adulte, il avait presque réalisé ce rêve. C’était fou. Même s’il n’arrêtait pas vraiment les méchants, il aidait au moins à le faire. Il était un scientifique, il s’occuper de faire parler les indices. Il était une sorte de Bones au masculin, le personnage de la série du même nom. Il était doué et appliqué, consciencieux, il vérifiait même tout plusieurs fois.

Aujourd’hui, il avait été appelé assez tôt chez lui. Des gamins avaient découverts des ossements mal cachés sur un terrain et vague. Il venait tout juste de finir de les analyser là quand un flic était arrivé avec un suspect, suspect dont il devait apparemment assister à l’interrogatoire. Ce n’était pas un problème pour lui, il avait déjà fait ça et il ne se débrouillait pas trop mal. Disons qu’il avait l’habitude des attitudes désobligeantes et je m’en foutiste à son égard… Avec cinq frères et sœurs, hein… Il fut seul dans sa pièce jusqu’à ce que le flic avec qui il travaillait habituellement ne vienne le rejoindre. Il était naturellement accompagné du suspect qui était dans ce cas une jeune femme blonde. « Qu’est-ce que je fous là sérieux ? Un cadavre c’est à la morgue non ? Pourquoi on est dans un institut d’anthropologue ? On peut me renseigner, je suis censé avoir tué qui moi d’abord ? » Julian ne prit pas la parole tout de suite. Il se sentit observé, à juste titre, et ne se priva pas pour détailler la blonde à son tour. « Mademoiselle Don Vito, voici le Docteur Brewer, il m’assiste sur cette enquête. » Julian fit un petit signe de tête pour la « saluer. » « Premièrement, vous devriez arrêter de jouer l’innocente comme ça, nous savons tous que vous n’êtes pas un enfant de chœur. » Julian continua de la regarder, imperturbable. «  Vous connaissez un certain Mark Evans ? » Il sortit une photo du dossier placé devant lui et la fit glisser jusque sous le nez de la jeune femme histoire de voir si ce visage lui rappelait quelque chose. Surtout qu’il connaissait déjà la réponse, ils avaient déjà été vus ensemble. Donc ils sauraient si elle leur mentait.

Julian était complètement à l’aise. Ce n’était pas la première fois qu’il assistait à un interrogatoire pour meurtre. Après tout, collaborant régulièrement avec le FBI, c’était monnaie courante. C’était un peu pour ça qu’il avait choisi cette voie aussi, il y avait plusieurs branches dans l’anthropologie et il avait choisi la branche judiciaire… Qui était absolument passionnante pour lui. Le FBI faisait rêver et c’était une excellente manière d’y entrer, ou au moins de participer à ce qui faisait rêver. Les arrestations, le prestige, la satisfaction de mettre les méchants derrière les barreaux… Un peu comme un superhéros en somme. Il aimait bien se sentir comme ça. Soit, cet exercice était maitrisé et il ne voyait pas pourquoi cela serait plus compliqué qu’une autre fois. Bien sûr, la suspecte avait l’air difficile. Mais là encore, ce n’était pas inhabituel. Il n’existait pas de suspects agréables et conciliants à proprement parler. Pas de bonne volonté en tout cas. Mais dès que son collaborateur prononça le nom de Mark Evans, l’attitude de la blonde changea du tout au tout. Elle connaissait la victime et elle semblait surprise. Etait-ce un signe qu’elle l’avait tué ? Qu’elle pouvait au moins avoir quelque chose à voir avec sa mort ? Qu’elle était proche de lui ? Il y avait beaucoup de possibilités et Julian ne pouvait pas prétendre savoir quelle était la bonne rien qu’en l’observant. Il n’était en rien un profiler. « Ouais, je le connais, et en quoi je suis soupçonnée de meurtre ? Je veux dire, ce n’est pas parce qu’on se côtoyait que je suis forcément derrière tout ça. Les clichés c’est tellement démodé mon pauvre… Mais bon t’es qu’un flic. » Le ‘flic’ en question se mit à rire de manière exagérée et assez longuement. « Je sais pas si t’es au courant mais les clichés s’avèrent être la solution dans la majorité des cas. Donc c’est loin de jouer en ta faveur. » Il la regarda d’un air faussement désolé. Julian était d’accord avec lui, cela ne voulait pas dire qu’elle n’avait rien fait. « Il est mort comment ? » « Une balle dans la tête, au beau milieu du front. » expliqua Julian qui prenait la parole pour la première fois, sur un ton posé et détaché. C’était typique des exécutions ça. Comme la mafia pouvait le faire par exemple. « Ses ossements montraient également beaucoup de signes de tortures. Si sa mort a été rapide en tant que telle, il a énormément souffert avant. »