ENZO AND BRIDGET
I'VE BEEN A TERRIBLE FRIEND

Jalouse. Bridget avait toujours été plus ou moins rongée par la jalousie. Longtemps elle s’était efforcée de cacher cette facette de sa personnalité –ce qui expliquait probablement pourquoi ce qualificatif revenait si peu souvent lorsqu’on demandait à ses connaissances de dresser son portrait moral. Mais le fait était là. Ce défaut faisait partie intégrante de sa personnalité et elle avait beau le chasser à coups de grands sourires ou de mensonges éhontés, s’en défendre becs et ongles ; tout ça bouillait à l’intérieur. Elle ? Jalouse maladive ? Il ne fallait tout de même pas exagérer… Tout dépendait en fait de la situation et de la personne concernée. En amour par exemple, c’était une véritable harpie. Sans pour autant fliquer son petit-ami, elle ne supportait pas qu’une femme lui tourne autour et se débrouillait généralement pour lui faire comprendre qu’elle n’avait aucune chance. Professionnellement parlant, elle pouvait aussi se montrer très coriace –même si de ce côté-là, sa façon d’agir relevait davantage de la compétitivité que de la jalousie. Et Enzo dans tout ça ? Hein ? Que faisait-on de Mr. Donovan ? Honnêtement ? Bridget avait plutôt mal vécu la sortie de son premier single. Pourtant, Enzo avait beaucoup de succès, elle aurait dû s’en réjouir. En tout cas, c’est ce qu’aurait fait une bonne amie ! Oui, mais la réalité des choses était bien plus complexe.

Ce n’était un secret pour personne, son rêve premier avait toujours été de devenir une grande chanteuse. Candidate de la première édition du x-factor américain, elle avait été éliminée de la compétition à quelques semaines de la finale. Bridget ne s’était jamais remise d’avoir échoué si près du but. Anéantie par son élimination et perturbée par des soucis d’ordre privé, elle avait finalement décidé de se retirer de la scène médiatique –même si à l’époque, les portes du petit écran lui étaient grandes ouvertes. On lui avait d’abord proposé de présenter une émission, puis de participer à une télé-réalité –mais la jeune femme avait décliné toutes ces propositions, car tout ça n’avait rien à voir avec sa passion première. Bridget voulait évoluer dans le monde de la musique, elle voulait en vivre. Mais rien ne s’était passé comme prévu... Aujourd’hui, elle semblait avoir replongé dans l’anonymat le plus total. Certaines personnes la reconnaissaient parfois dans la rue (moins pour son talent de chanteuse que pour les scandales dans lesquels elle avait été impliquée), mais ça se faisait de plus en plus rare. Aujourd’hui, Bridget Weaver vivait une vie normale. Bien sûr, elle adorait son métier… Organiser des mariages était quelque chose qui la passionnait, mais elle avait comme un arrière-goût d’inachevé, un peu comme si quelque chose lui manquait. Elle s’était longtemps battue pour réaliser son rêve et avait donné tout ce qu’elle avait lors des primes du célèbre télé-crochet. Sa participation avait impliquée beaucoup de choses, à commencer par le sacrifice de son couple…. Et tout ça pour quoi ? Rien ! Il ne lui restait rien. Alors, oui, elle était en colère qu’Enzo eut réussi. Ça n’avait rien de personnel, seulement, elle refusait de l’entendre parler de son single devenu numéro un ou de se réjouir de sa réussite. Cela faisait-il d’elle une mauvaise amie ? Probablement. D’ailleurs, elle s’en rendait bien compte. Pourquoi croyez-vous qu’elle filtrait ses appels ou annulait constamment leur rendez-vous ? Bridget ne voulait pas se fâcher avec Enzo, et encore moins lui faire de la peine. Et pour cause, le brésilien était probablement la personne la plus adorable qu’elle connût. L’ennui, c’est que le jeune homme avait vraiment envie de la voir. Alors, lassée de lui servir de fausses excuses, elle s’était finalement résolue à le retrouver chez lui.

L’après-midi était déjà bien avancé lorsqu’elle arriva chez Enzo. Malgré le froid, un rayon de soleil vint transpercer les nuages pour lui caresser le visage. Bridget choisit de prendre ça comme un signe du destin. Elle frappa à la porte et se munit de son plus beau sourire. Si on oubliait cette jalousie malsaine et ce ressentiment qui n’avaient pas lieu d’être, elle était contente de le revoir. « Salut… » souffla-t-elle lorsqu’il lui ouvrit la porte. C’est tout ce qu’elle réussit à dire… Aucune étreinte, pas de bises, rien. Miss Weaver était paralysée par sa propre bêtise.

Bridget regrettait déjà d’être venue lui rendre visite, pourtant Enzo n’avait encore rien dit. Sans dire un mot, elle pénétra dans l’appartement et fit quelques pas en avant n’osant pourtant pas entrer dans le salon. En temps normal, la jeune femme se serait autorisée cette fantaisie, elle se serait même jetée dans le canapé en ordonnant joyeusement à son ami de lui servir quelque chose à boire. Mais les choses étaient différentes cette fois… L’atmosphère était extrêmement tendue, pour ne pas dire glaciale et les deux amis osaient à peine se regarder. Bridget avait la gorge nouée par les remords, la honte et la culpabilité. Quant à Enzo, il semblait totalement décontenancé par les événements. « Écoute, je vais pas y aller par quatre chemins... et j'aimerais que toi non plus. » dit-il, toujours adossé à la porte d’entrée. « Est-ce que t'es énervée contre moi ? Et si oui, pourquoi ? » Il s’avança vers elle, mais Bridget baissa la tête, incapable de soutenir son regard. Elle ne voulait vraiment pas avoir cette conversation. Quoi qu’elle dise, elle allait avoir tort de toute manière. Sa façon d’agir était parfaitement irrationnelle. Elle s’était comportée comme une gamine jalouse et capricieuse –et rien de ce qu’elle allait lui dire ne pourrait excuser son comportement. « Je ne suis pas en colère contre toi, voyons ! Qu’est-ce que tu vas chercher ? » Brigdet se décida enfin à relever les yeux et croisa le regard d’Enzo. Il avait l’air encore plus perdu… « Ça te dérange si on s’assoit ? » Le jeune homme secoua la tête et l’a suivi dans le salon. Une fois installée dans le canapé, la brunette poussa un long soupir. Elle ne savait vraiment pas par où commencer… « Si je ne t’ai pas donné de nouvelles, c’est parce que… j’étais… je suis jalouse de ton succès ! » Le brésilien écarquilla les yeux tout ronds. A la manière dont il la regardait, Bridget comprit qu’il ne la prenait pas au sérieux. « Ne te moques pas, je suis sérieuse ! Tu voulais que je sois honnête, alors écoute-moi et s’il te plaît ne m’interromps pas ! Je sais que c’est complètement débile, mais ça me bouffe que tu réussisses là où j’ai échoué ! Même si j’en parle jamais, j’ai eu beaucoup de mal à digérer mon élimination… C’est à ce moment-là que j’ai compris que je ne ferais jamais carrière dans la musique et ça fait mal de renoncer à son rêve… Alors forcément, quand j’ai appris que tu avais sorti ton premier single, qui soit dit en passant connaît un succès phénoménal, je ne l’ai pas très bien vécu… J’étais morte de jalousie, quelque part je le suis toujours et c’est pour ça que j’voulais pas qu’on s’voit… Bon sang, tu dois me trouver pitoyable… » se lamenta-t-elle en cachant sa tête dans ses mains. A cet instant précis, elle aurait voulu que la terre l’engloutît. « J’ai été bête et je m’en veux… mais même si une partie de moi est contente pour toi, je ne peux pas m’empêcher d’être jalouse ! J’ai beau essayer, c’est plus fort que moi… »

Bridget se sentait incroyablement stupide et les regards que lui lançait son ami ne l’aidaient pas vraiment à se sentir mieux. Lorsqu’elle eût enfin terminé de parler, elle baissa les yeux, évitant soigneusement le regard d’Enzo –mais celui-ci se débrouilla pourtant pour qu’elle le regarde. Il ne riait plus désormais, mais avait plutôt l’air incroyablement mal à l’aise. « Je... j'avais aucune idée, j'aurais jamais pensé que... Désolé... » A ces mots, la jeune femme ne put s’empêcher de pouffer. « T’as pas à t’excuser enfin, tout est ma faute ! J’ai réagi comme une gamine envieuse et colérique… Même si ça a été difficile à vivre, j’aurais dû venir t’en parler au lieu de faire l’autruche ! Sincèrement Enzo, t’as pas à t’en vouloir, t’es un ami génial… » souffla-t-elle en posant sa main sur celle du musicien. Bridget l’appréciait beaucoup et elle regrettait sincèrement de s’être aussi mal comportée avec lui. D’ailleurs, elle avait parfaitement conscience de sa bêtise. Elle peinait d’ailleurs à comprendre pourquoi le jeune homme se bornait à s’excuser. Il n’avait pas à se sentir coupable. C’était elle la seule fautive, elle aurait dû se réjouir de son succès. « Et puis, tu sais très bien que je suis totalement pistonné, je m'appelle Enzo Donovan et tout le monde me connaît parce que je suis le fils de Bob Donovan, et que mon père fait de la musique géniale. » Pour toute réponse, Bridget haussa les épaules. Enzo était trop dur avec lui-même. Bien que son nom de famille l’eût sans doute un peu aidé à percer, il avait énormément de talent et c’était à ça qu’il devait son succès. « Et puis, enfin... Tu es bonne, je te l'ai déjà dit, tu fais de la bonne musique et c'est pas une télé-réalité qui doit t'arrêter si c'est ce que tu veux faire... » Cette fois-ci, la brunette ne put s’empêcher de sourire. Elle n’était pas avide de compliments, mais c’était le genre de chose qui faisait toujours plaisir à entendre. D’ailleurs, les paroles d’Enzo lui allaient droit au cœur. « Merci, t’es adorable. Mais tu sais, à un moment donné, il faut voir la vérité en face… Je me suis bercée d’illusions… Même si la musique a toujours tenu une place importante dans ma vie, X-Factor m’a permis de réaliser que je n’avais pas l’étoffe d’une star… Et puis, ce milieu est infernal, tu le sais aussi bien que moi… » Peut-être même mieux d’ailleurs… « Aujourd’hui pour percer, il faut vraiment avoir quelque chose de spécial –et même si j’apprécie sincèrement la confiance que tu as en moi, je sais très bien que ce n’est pas mon cas. Je suis plutôt banale comme fille et même si j’ai une jolie voix, faut se rendre à l’évidence… y’en a des dizaines comme moi… » Elle poussa un long soupir. « Et puis, je t’avoue que la manière dont tout ça s’est fini a jeté un froid… même si je rêve toujours de devenir chanteuse ; je ne suis pas convaincue que ce milieu soit fait pour moi. » Enzo savait parfaitement à quoi elle faisait allusion. C’était en partie à cause des médias qu'elle avait perdu Ezeckiel, ainsi que le soutien et le respect de ses parents et elle n’était pas certaine d’avoir envie de revivre ça.

Bridget était plutôt soulagée d’avoir crevé l’abcès. Elle avait peut-être mis à certain temps à se décider, mais tout compte fait, elle ne regrettait pas d’être venue. Enzo lui avait affreusement manqué, tout comme leurs longues discussions. De nos jours, les véritables amis, sincèrement dignes de confiance, se faisaient plutôt rares –et avec du recul, la jeune femme se trouvait bien stupide d’avoir mis une telle amitié en péril. Elle se confondit alors en excuses pour finir par se lancer dans une grande explication. Si elle se sentait soulagée ? Evidemment ! Ces propos n’excusaient en rien son comportement, ils n’allaient pas effacer sa bêtise, mais elle se sentait libérée d’un poids. Se confier à Enzo lui permis également de mettre le doigt sur quelque chose de capital. La musique ferait toujours partie de sa vie et quelque part, elle aurait toujours cet arrière-goût désagréable d’inachevé –mais elle venait de réaliser que ce milieu n’était pas fait pour elle et que la dernière chose qu’elle voulût fut d’y replonger. Le jeune chanteur tenta alors de détendre l’atmosphère en faisant une petite plaisanterie, insistant sur le fait qu’il ne fallait pas généraliser. Il faisait lui-aussi parti de ce milieu et jusqu’alors, on n’avait jamais rien eu à lui reprocher. Bridget sourit. « Oui, mais toi c’est différent… T’as un cœur en or. T’es comme qui dirait l’exception qui confirme la règle ! » Elle ne savait que trop bien de quoi elle parlait. Elle avait elle-aussi goûté à la célébrité et cette courte expérience avait fait d’elle une jeune femme totalement différente, un être égocentrique et irresponsable, tout le contraire de ce qu’elle avait toujours voulu être. Bridget s’était laissée aller pensant qu’elle était au-dessus de tout, jusqu’au jour où tout lui avait explosé en pleine figure. Oui, elle connaissait le milieu et Enzo était probablement l’une des seules personnes à avoir su rester authentique. Sa décision était prise, cette époque était dernière elle et à partir de ce jour elle irait de l’avant. « Je comprends... » répondit un Enzo visiblement surprit par de telles déclarations. « Enfin, saches que si tu veux chanter... Même en dehors du système, juste... pour ce que c'est, je suis là. » Bridget sourit, touchée par la proposition de son ami. « Ce sera avec plaisir… J’ai peut-être renoncé à faire carrière, mais ce n’est pas pour autant que je vais abandonner la musique. De toute manière, je ne peux pas vivre sans la chanson. C’est un peu comme mon oxygène, sans compter que c’est un excellent moyen de décompresser » plaisanta-t-elle. « Non le souci, ce sont plutôt toutes ces chansons que j’ai écrite et qui vont pourrir dans mes tiroirs… » Elle en avait des cahiers entiers. Ses morceaux n’étaient pas tous extraordinaires, mais certains auraient sans doute pu devenir des tubes si elle avait eu l’occasion de travailler dessus. « Mais assez parlé de moi ! Comment tu vas ?! »

« Et t'as pas pensé à... les montrer, ou même les vendre ? » lui demanda-t-il en faisant référence aux textes qui traînaient dans ses tiroirs. « Tu pourrais être parolière, choisir ceux avec qui tu veux travailler, proposer tes textes seulement aux artistes que t'apprécie... » Sur le moment, Bridget préféra changer de sujet. Bien évidemment, ce serait un moyen comme un autre de vivre sa passion, mais la vérité, c’est qu’elle n’avait pas suffisamment confiance en elle pour se lancer. Elle avait toujours eu beaucoup de talent pour la chanson, mais était-elle aussi bonne parolière ? Rien n’était moins sûr… Après tout, elle n’avait aucune expérience en la matière. La seule chanson qu’elle eût jamais présentée était celle qui lui avait permis d’être sélectionnée lors des auditions du x-factor, mais en dehors de ça, personne n’avait jamais véritablement entendu aucun de ses textes. Et puis, était-elle sûre d’elle au point de les proposer à d'autres artistes ? Quoi qu’il en soit, Bridget s’était suffisamment apitoyée sur elle-même –si bien qu’elle décida de recentrer la conversation sur Enzo en lui demandant comment ça se passait de son côté. Enzo réfléchit quelques instants avant de répondre et la brunette en conclut qu’il avait sans doute rencontré quelques soucis. «  Mh, not much... Je vais pas tarder à partir... pour la musique, justement » lâcha-t-il en buvant une gorgée de sa bière. Bridget ne tarda pas à l’imiter. Non pas qu’elle mourût de soif, mais la bouteille était posée sur la table ; autant suivre le mouvement. « Ça va me faire du bien, les choses sont... un peu tendues, en ce moment. Je parle plus trop à Imen, j'ai juste envie de... m'éloigner un peu. » Enzo avait l’air d’en avoir gros sur le cœur et Bridget était attristée d’apprendre que les choses n’avaient pas évoluées entre lui et la jeune femme. « Vous vous êtes disputés ? » demanda-t-elle, curieuse de savoir ce qui s’était passé. Son ami ne sembla pourtant pas très réceptif à sa question qui l’avait probablement mis extrêmement mal à l’aise. Bridget choisit de ne pas insister. « Excuse-moi, j’ai été indiscrète… » bafouilla-t-elle avant de boire une nouvelle gorgée de sa bière. « Du coup… Tu commences par quoi ? » dit-elle en se raclant la gorge. « Je veux parler de ta tournée… C’est bien de ça qu’il s’agit, non ? » Il acquiesça. « Par quelles villes tu vas passer ? Combien de temps ça va durer ? Raconte-moi, je veux absolument TOUT savoir » conclut-elle, enthousiaste. Même si elle le jalouserait toujours un peu, elle était contente pour lui –et probablement tout aussi impatiente de vivre son rêve, par procuration, à travers lui.

« It's ok to talk about her... for a moment, at least. » Bridget esquissa un sourire timide. De toute évidence, Enzo gérait beaucoup mieux sa vie sentimentale qu’elle ne le faisait. A dire vrai, tout semblait beaucoup mieux lui réussir. Même dans l’échec, il continuait à positiver. Bridget enviait beaucoup cet aspect de sa personnalité.  « We kissed... a few weeks ago, but she ended up pushing me away... again. Sooo, I got the message now, and... let's just say I'm processing it, and going away can only help. » Pour toute réponse, la jeune femme acquiesça. Que pouvait-il faire d’autre de toute manière ? Quand les relations humaines devenaient trop compliquées à gérer, la fuite restait bien souvent la seule échappatoire. A l’époque, quand Noah l’avait quittée, Bridget avait perçu ça comme une trahison –persuadée que son petit-ami choisissait alors la solution de facilité. Mais avec du recul, elle réalisait qu’il n’avait pas eu le choix. Certaines situations sont inextricables. Alors à quoi bon persister et se faire du mal ? « Pour les dates, » reprit-il pour répondre à sa question « je t'avoue que j'ai même pas regardé tous les endroits où j'allais, mais je sais que je vais faire une escapade par l'Europe, je vais passer par les Pays-Bas, l'Espagne où je vais pouvoir voir ma famille... Ça devrait pas durer plus de... allez, trois mois top ? C'est pas une grosse tournée, je voulais partir & mon attachée de presse s'est dit que c'était le moment idéal pour faire de ce départ quelque chose de productif... » La brunette l’écoutait avec attention, fascinée et un peu envieuse. Elle avait beau avoir renoncé à ce milieu, quelque part, son âme de gamine l’a rappelait toujours à ses premiers rêves de carrière. Souvent, elle s’était imaginée à la place d’Enzo, emportée  par la scène et l’amour de son public. Souvent, elle s’était vue au sommet. Bridget secoua la tête pour chasser ces songes ridicules de son esprit. Il ne s’agissait pas d’elle, mais bien de son ami. Elle était organisatrice de mariage désormais et elle excellait dans ce qu’elle faisait. La chanson, c’était du passé. La page était définitivement tournée. Quand allait-elle enfin l’accepter ?! « Et tu sais que... si ça te tente, encore une fois, et je te mets pas du tout la pression si tu veux pas, mais t'es toujours la bienvenue sur scène avec moi, just... call me & I'll send you a ticket straight to the stage. Ou si t'as juste besoin de vacances... » Surprise, Miss Weaver manqua de laisser tomber sa bière. Elle et Enzo s’était souvent improvisés de petits bœufs entre amis, mais jamais encore ils n’étaient montés sur scène tous les deux. « Hum… C’est vraiment très gentil de ta part, mais tu sais… j’ai un boulot monstre en ce moment et… » Et quoi ? En réalité, elle n’osait pas avouer que cette proposition la terrorisait. Bridget avait peur. Elle était terrifiée à l’idée de se ridiculiser sur scène ou de faire parler d’elle, voilà tout. « I’ll think about it… Thank you. Thank you very much… » dit-elle en posant sa main sur celle du jeune homme. « I could really use some time off… » Ces derniers mois avaient été éreintants et la jeune femme n’avait pas arrêté de ressasser (pour une raison qui lui échappait totalement) son histoire avec Noah. C’était parfaitement ridicule, mais ça l’empêchait même de faire convenablement son travail  -alors, tout à coup, elle se dit que prendre du temps pour elle, loin de New-York, n’était peut-être pas une si mauvaise idée. « Pour en revenir à Imen, j’avoue que je ne sais pas trop quoi te dire –si ce n’est peut-être que tu as pris la bonne décision. Je sais comme ça peut-être difficile de laisser tomber, je suis passée par-là avant toi, mais parfois c’est la meilleure chose à faire. Tu mérites d’être avec quelqu’un qui t’aime Enzo et même si cette fille est sûrement géniale, si elle n’est pas capable de te rendre l’amour que tu lui portes –alors, peut-être que ce n’est tout simplement pas la bonne… » Okay, awkward… songea Bridget. He’s gonna think you wanna hook up with him ! « T’inquiètes pas, j’suis pas en train de te draguer ! C’est juste l’amie qui parle » plaisanta-t-elle, avant de tremper à nouveau ses lèvres dans sa bière.