Branle bas de combat. A peine Miss O’Malley était-elle sortie de la maternité que déjà, on lui avait flanqué un gala dans les pattes comme pour montrer au monde entier qu’elle n’avait pas eu d’enfant et possédait toujours cette poigne de fer, provoquant les plus vives suées chez ses ennemis jurés. Tous les mafieux les plus dangereux de la planète s’étaient rendus à cette occasion, obligeant Maureen à donner du sourire là où elle voulait dégommer tout le monde, et à rembarrer tous les importuns bien décidés à se lâcher dans les chaumières et à lui faire du rentre dedans. Résultat des courses ? C’est particulièrement épuisée qu’elle mit enfin un pas dans l’appartement qu’elle partageait avec son mari, Sheamus, n’ayant pas manqué une seconde de cette soirée proprement navrante. « Sérieux, pourquoi on les dégomme pas tous juste pour la beauté de la chose ? Sont même pas capables de maîtriser leurs hormones alors qu’ils n’ont pas expulsé un alien de leurs bides ! » vociféra-t-elle tout en ôtant ses chaussures à talons, poussant un soupir d’aise tant ces dernières s’étaient rigoureusement transformées en engins de torture toute la soirée durant. Lorsque l’on n’a plus l’habitude, forcément ça loche… mais rien ne semblait vouloir entamer la bonne humeur retrouvée de la piquante irlandaise alors qu’elle venait de passer ses bras autour du cou de Sheamus, lui massant légèrement la nuque pour mieux s’emparer de ses lèvres. « Oublions tous ces attardés ! Tu sais que j’ai bien envie de faire à dada pour voir si on peut faire un frangin ou une frangine à Declan ? » lança-t-elle doucement, d’une voix un tantinet provocante.

Et un vent, un ! Maureen poussa un puissant grognement en voyant la jalousie de Sheamus lui faire limite péter une durite et, plus grave, la repousser alors qu’elle lui faisait des avances. « C’est quoi le plus important O’Malley, que ta femme ait déjà envoyé péter ces fils de putes ou que tu rumines jusqu’à les avoir tous dégommés ? Non que je prenne rendez-vous pour quand tu seras « d’humeur » hein » rétorqua-t-elle d’une voix proprement glaçante tout en mimant les guillemets pour accentuer le fait qu’elle trouvait sa réaction ridicule et qu’en prime, elle n’était d’humeur non plus à se taper une scène avec Sheamus alors qu’ils avaient déjà du mal à avoir ne serait-ce que cinq minutes tous seuls dernièrement. « Non je veux pas de bière, je te rappelle que j’allaite notre fils et que l’alcool m’est interdit ! Mais tu sais quoi, va calmer tes hormones, va les dégommer, va ! On se recausera quand tu seras moins en monde homme de Cro-Magnon ! » conclut-elle la conversation juste au moment où elle entendait Declan pleurer dans le baby phone. Voilà qui allait calmer ses nerfs à vif, au moins… même si elle savait par avance que Sheamus risquait le pire si effectivement il y allait. Mais qu’est-ce qu’elle y pouvait ? Il allait être imbuvable jusqu’à ce qu’il ait prouvé qu’il était le coq prêt à pousser son cocorico, alors Maureen demeura à s’occuper de leur fils jusqu’à ce qu’il ne daigne rentrer, en ayant au passage empêché sa femme de dormir. D’ailleurs, Declan venait juste de fermer les yeux après l’avoir harcelée des heures durant car il ne faisait pas encore ses nuits. « C’est bon, tu es calmé ? » fit-elle plus par réflexe que dans l’idée de rallumer la chaudière. A vrai dire, l’irlandaise avait surtout une tête à faire peur lorsqu’elle le contourna pour aller se boire l’équivalent d’un demi litre de flotte. Elle essayait de penser que c’était un whisky irlandais d’au moins quinze ans d’âge, mais malgré son imagination extraordinaire, ce n’était pas chose aisée…

Mais c’est pas vrai, il était bouché ou quoi ?! Maureen ne l’avait aucunement agressé, mais à croire que même se préoccuper de son bien être était une tare dernièrement. Autant dire qu’elle leva les yeux au ciel. « Rien à foutre de ces lèches-bottes, faut te le dire en quelle langue ? En javanais ?! Si même le fait que je m'inquiète de ton cul est un crime, maintenant ! Et puis ça va je t’ai pas agressé, pas la peine de m’avaler bordel ! » s’emporta-t-elle aussitôt en guise de défense non sans froncer les sourcils aussitôt. « Non, non, non !! » fit-elle avant de pousser un grognement, ses deux mains contre sa poitrine avant de s’emparer d’un torchon à la volée vu que son t-shirt était désormais trempé. La raison ? Une montée de lait, bien évidemment ! Il faut dire que Maureen était constamment sur les nerfs dernièrement, que Sheamus ne l’épargnait pas, sans oublier Declan qui ne faisait pas encore ses nuits… tous ces paramètres ajoutés à son baby blues on ne peut plus flagrant lui faisaient péter purement et simplement une durite. « Oui, Declan dort enfin après m'avoir harcelée pendant deux heures ! » reprit-elle d’une voix plus lasse alors qu’elle s’épongeait joyeusement en marmonnant dans sa barbe bien évidemment inexistante. Si cela continuait, c’était elle qui allait quitter l’appartement pour quelques heures sauf que contrairement à Sheamus, qui n’avait manifestement massacré personne au passage, ce serait pour massacrer quelques têtes juste histoire de retrouver son contrôle tant chéri. Voilà le cœur du problème : depuis son accouchement à la McGuyver, Maureen ne contrôlait plus rien et ça l’agaçait bien au-delà des mots. « J’ai eu une montée de lait à cause de tes conneries ! » maugréa-t-elle avant de balancer le torchon dans l’évier sans même savoir pourquoi elle le foutait là. C’était un réflexe, voilà tout !

Le pompon. C’était franchement le pompon ! Maureen fusilla aussitôt Sheamus du regard, s’adonnant à la chose pendant quelques secondes pour lui faire comprendre même sans dire un mot que ce genre de réflexion, il pouvait se la foutre là où elle pensait et puis bien profond en prime. Il ne pouvait décemment pas comprendre ce qu’elle vivait, ou le fait de ne pas contrôler son propre corps. A peine avait-il lâché une phrase désobligeante qu’elle avait une montée de lait, tachant en prime le t-shirt qu’elle portait ! Autant dire qu’elle ne manqua pas de l’enlever d’un geste rageur, se moquant d’être seins nus pendant quelques secondes puisque de toute façon Sheamus n’était, selon ses termes « pas d’humeur ». Qu’il n’aille surtout pas croire qu’elle lui faisait du battement de cil car c’était loin d’être le cas. « Tu sais quoi ? Je suis fatiguée, tout ça me fatigue » lâcha-t-elle avec un sérieux aussi glaçant qu’un blizzard du pôle nord. Son visage avait complètement changé d’expression, laissant pleinement entrevoir sa lassitude, sa tristesse, bref, tous les éléments peuplant son baby blues et qu’il ne semblait même pas avoir remarqué puisqu’il passait son temps à la titiller sans arrêt. « T’as peut-être envie d’être en guerre contre la terre entière vingt quatre heures sur vingt quatre mais moi je peux pas. Je peux plus ! Va te trouver un autre punching ball… » La voix de Maureen ne s’était même pas élevée, elle était presque murmurante alors qu’elle passait devant Sheamus pour lui balancer son t-shirt à côté de lui sans même de violence. Elle en prit un autre dans son dressing et referma la porte de la chambre avec douceur, évitant au passage de réveiller Declan. Autant dire qu’elle ne mit que quelques secondes pour s’emmitoufler sous la couverture, qui la recouvrait jusqu’à la tête, alors qu’elle était en position de fœtus à chialer comme une madeleine tout en se maudissant pour cela aussi. La liste devenait longue…

Il ne faut pas croire, on ne prévient jamais assez les futures mères d’un potentiel baby blues, jusqu’à ce qu’elles ne se le prennent en pleine gueule. Maureen avait l’impression que c’était pire que tout ce qu’elle avait vécu car RIEN ne la soulageait jamais. Elle n’avait de cesse de se remettre en question, de s’auto flageller dans les règles de l’art, de se maudire, de culpabiliser… rien n’était jamais assez bien et elle doutait au-delà des mots. Voilà pourquoi le comportement de Sheamus lui restait en travers de la gorge et que ce soir, ou plutôt cette nuit, elle avait tout bonnement dit stop. Mais le pire, c’est qu’elle s’en voulait de ne pas avoir eu l’énergie suffisante pour rester dans ce foutu salon et lui balancer en pleine figure que bien qu’il n’ait rien vu, elle n’allait pas bien et qu’elle avait besoin de lui. En toute honnêteté, Maureen était quasi persuadée qu’il allait la laisser seule toute la nuit durant et ce fut pourquoi ses pleurs redoublèrent d’intensité lorsqu’elle le sentit venir dans la chambre d’une part, et se lover contre son dos d’autre part. « Si tu oses me flanquer en vacances en restant ici, j’te massacre » murmura-t-elle avant de ne se retourner pour le serrer dans ses bras aussi fortement qu’elle le pouvait, ayant maladivement besoin de cette étreinte, de sa chaleur, de toute la force qu’il possédait et dont elle se sentait subitement privée, elle qui avait pourtant la tête si dure d’ordinaire. « Vais essayer de me contrôler mais merde Shea, j’arrête pas de chialer, le moindre de gris me fait verser ma larme alors qu’avant, je pouvais passer des années sans en verser une ! J’me sens comme la pire maternelle de la création et tout à l’heure, tu m’as carrément repoussée alors que moi ces sales types, je les brise en deux quand je veux ! J’en ai rien à cirer O’Malley, c’est toi que j’ai épousé, toi que je veux, toi avec qui je veux me barrer en weekend loin mais alors super loin d’ici… ! »

Pour être une lionne enragée, elle l’était ! La dernière fois que son oncle et sa tante étaient passés à l’appartement, il leur avait fallut négocier pas moins de dix minutes avec Maureen pour qu’elle n’accepte de leur céder Declan et encore, elle avait été tellement chiante après pour le reprendre qu’ils avaient fini par abandonner la lutte. Impossible de rivaliser avec cette mère poule prête à sortir les crocs dès que l’on posait ne serait-ce que son regard sur son fils. Pire, elle était tellement insupportable avec la nounou que celle-ci avait démissionné au bout d’un jour à peine ! « C’est MON fils et j’ai pas envie qu’on le touche, c’est tout ! Bon toi c’est pas pareil, t’étais là à la conception… » se défendit-elle tout en se détendant peu à peu, sentant ses pleurs s’amoindrir surtout lorsqu’elle sentit Sheamus l’inciter à le regarder pour mieux essuyer les quelques traces de larmes perlant encore contre ses joues pâles et froides. « Sauf qu’à la différence de toi, c’est que je ne serais pas restée sagement dans mon coin… » avoua-t-elle avant de ne prendre le visage de son irlandais de mari en coupe entre ses mains pour mieux l’embrasser avec une passion dévorante, cherchant à contrebalancer cette foutue fragilité qui la frappait de plein fouet et dont elle rêvait de se débarrasser. « Je confirme, c’est très con et oui, tu as agis comme un con… pourquoi tu n’as pas pété un câble, hein ? Beuglé, établit ton territoire ? Je t’aurais pas envoyé péter ! Puis je vais te dire, j’en avais tellement rien à foutre de ces sales types que tu te serais fait du bien, et à moi aussi ! Vrai que j’aime pas être en mode larve comme ça mais j’en ai ras le cul de me mentir alors oui, j’ai besoin de toi, j’ai besoin que tu me serres dans tes bras en me disant que tout ira bien, que tu me rassures en me disant que tu me désires encore… c’est pathétique, je sais. »

« Et bien prends un ticket ! » haussa-t-elle les épaules comme si c’était la chose la plus normale du monde car après tout, c’était Maureen qui s’était le plus fait chier à le mettre au monde ce gosse, il ne fallait pas l’oublier ! Mais elle n’oubliait pas non plus à quel point Sheamus avait mouillé la chemise de son côté. « Ca ne m’aurait pas desservi, je n’ai pas l’intention de traiter avec ces abrutis, alors tu pouvais bien te lâcher, au pire ce serait partie en quenouille et puis le tour aurait été joué ! Mais en fait t’es pire que moi : toi, la vengeance est vraiment un plat qui se mange froid alors que moi c’est bouillante que je la bouffe… » Maureen éclata de rire à cet constat car elle connaissait suffisamment l’irlandais dans ses bras pour savoir qu’il ferait très certainement exprès de les recroiser « par hasard » histoire de remettre les points sur les virgules une bonne fois pour toute. « Mouais pas faux… toi c’est plus visible que moi mais ça n’en reste pas moins évident quand même ! » Le jour où Maureen ne désirerait plus son mari, alors il serait toujours temps de consulter de toute urgence mais pour l’heure, elle lui offrit un sourire tendre avant d’accepter son baiser qu’elle approfondit avant de le pousser à s’allonger sur le dos sans lâcher ses lèvres pour autant, remontant ses bras pour maintenir ses poignets au dessus de sa tête, ne s’arrêtant de l’embrasser que pour le regarder avec toute l’intensité dont elle était actuellement capable. « J’ai besoin de toi Sheamus… maintenant, demain, tout le temps. Reste avec moi et veille sur moi bébé… »

Maureen ne manqua pas d’éclater de rire lorsque Sheamus donna la différence entre le désir masculin et féminin : chez les hommes, cela ne pouvait que se voir aisément, alors qu’il fallait toucher une femme pour sentir son désir. « Mais tu n’auras pas besoin de marcher chéri, je t’empêcherai toujours d’être en peine ! » fanfaronna presque la jolie irlandaise avant de ne ravir ses lèvres dans un baiser plus tendre, preuve que le jour où il aurait du mal à marcher à cause de cela et parce qu’elle n’aurait pas envie de le soulager, les poules auraient des nike ultra sport, ultra confort, ultra tout. Mais l’amusement présent contre ses traits se transforma bientôt en émotion véritable, faisant littéralement pétiller ses yeux d’un joli vert car Sheamus venait tout bonnement de prononcer à voix haute ce qu’elle espérait à voix basse. Elle avait besoin qu’il soit son roc, surtout en ce moment où elle était très demandée et ce partout, que ce soit auprès de son fils, incroyablement dépendant de sa protection et de ses attentions, ou même de la Mafia qui ne pouvait pas lever le petit doigt sans avoir le consentement de Maureen ! « Sois mon roc bébé, j’en ai bien besoin… et de mon côté la prochaine fois je tarterais la tronche du premier qui reluquera autre chose que mes yeux uniquement. Mais je pensais que tu n’avais pas entendu ma proposition… » énonça-t-elle tandis que son sourire s’agrandissait bientôt en une marque éclatante, franche, la poussant à inverser les position, ceinturant ses hanches de ses cuisses dénudées pour mieux reprendre ses lèvres avec tendresse tout d’abord, avant que la passion ne se mêle à la partie sans qu’elle n’ait cherché à contrôler quoi que ce soit. « J’ai hâte de partir avec toi… mais en attendant, on peut se donner un petit entraînement, on sait jamais qu’on y arrive pas du premier coup, faut être prudent avec ces choses là ! » De toute façon, trop tard, Maureen avait déjà glissé ses doigts dans le pantalon de pyjama de Sheamus et dieu sait qu’elle savait être virtuose avec ses mains quand elle s’y mettait !

« Rhaaa mais comme si je te laissais te démerder sans te soulager, enfin !! » maugréa mollement Maureen sans pour autant que son sourire éclatant ne quitte ses lèvres. Pour l’instant, sa déprime ambiante lui fichait un brin la paix et d’ailleurs, comment aurait-il pu en être autrement ? Sheamus pouvait la dévorer du regard à chaque seconde du jour comme de la nuit, elle serait capable de ne se nourrir que de ça. Surtout lorsqu’il lui avouait être d’accord pour donner un petit frère ou une petite sœur à Declan ! C’était peut-être peu raccord pour un parrain de la Mafia mais la jolie irlandaise avait toujours souhaité une grande famille. Sûrement était-ce dû au fait qu’elle avait cruellement manqué d’amour dans son existence et qu’elle avait follement envie de rattraper ce temps lui ayant été volé par le passé en la matière. « Je sais… j’ai pas franchement été finaude non plus. Mais je pensais que du coup, c’était mort pour que tu veuilles agrandir la famille alors je n’aurais pas remis le sujet sur le tapis. J’avais pas envie que tu m’envoies péter… » Il faut dire que récemment, la piquante blonde avait du mal avec les piques de son irlandais préféré. Bien qu’en l’occurrence, à peine avait-il commencé à partir à la conquête de son corps nu de nature qu’elle frissonnait déjà, s’adonnant à ses caresses à l’aide de gémissements parfaitement significatifs. Merde, ils n’avaient pas vraiment eut l’occasion de prendre du temps pour eux, en tant que mari et femme, depuis la naissance de Declan. Voilà pourquoi Maureen s’empara aussitôt des lèvres de Sheamus comme une morte de soif, faisant glisser sensuellement le pantalon de pyjama de son blond sexy et si désirable. « On n’a pas fait l’amour depuis trop de siècles, j’ai pas envie d’attendre ! Faut qu’on pratique amour, j’en ai besoin… besoin de te sentir te fondre en moi, besoin de te sentir tout simplement. Traite-moi de barge complète mais je te veux… » L’irlandaise avait trop pleuré dernièrement. Elle voulait du positif… être conquise pour ne plus penser qu’à Sheamus et à rien d’autre.

Rien que d’entendre Sheamus lui dire à voix haute qu’elle lui avait manqué fit littéralement fondre Maureen tel un caramel sucré au soleil. « Tu m’as manqué plus encore amour » lui répondit-elle aussitôt avant de ne s’abandonner littéralement à leur étreinte, reposant ensuite entre ses bras contre lesquels elle se blottissait non sans éclater de rire la seconde qui suivit. « Tatata si vraiment tu suivais mon rythme à moi, tu serais crevé au bout de deux secondes, beau parleur… ça va me regarde pas comme ça, je déconne ! Trente secondes ? Deux minutes ? » Hélas, la jolie irlandaise n’eut guère le temps de répondre à sa question que son portable sonnait et que le numéro de Dante s’affichait. Même pas foutu de lui fiche la paix quand il fallait, lui ! « Vous avez trente secondes ou je jure que cette fois je vous flanque une balle entre les deux yeux ! » Sauf qu’à ce qu’il lui annonçait, Maureen prit de quoi s’habiller en quatrième vitesse, sans quitter le portable de son oreille un seul instant. « Quittez le building, je radine mon cul de ce pas et on verra si elle va faire la loi cette pouffiasse » lâcha-t-elle avec froideur non sans raccrocher dans la seconde et prendre une arme dans une mallette qu’elle gardait dans un coffre fort dont elle seule avait la combinaison. « Tu vas m’attendre ici, je ne devrais pas en avoir pour plus d’un quart d’heure. Je veux que tu restes ici parce que justement, je ne veux pas qu’il arrive quelque chose à Declan et que je n’ai confiance qu’en toi pour le protéger… il semble que ma mère soit revenue d’entre les morts. » La piquante blonde l’embrassa du bout des lèvres avant de lui chiper ses clefs de moto, histoire d’aller plus vite. Et effectivement, elle fut de retour dix-huit minutes plus tard, sans aucune blessure, rien. A vrai dire, elle ne s’était même pas servi de son arme, qu’elle déposa à nouveau dans la mallette non sans s’affaler sur le lit histoire de se remettre de ses émotions. « J’suis évincée. Tu voulais savoir si on allait pouvoir tenir nos gosses loin de la Mafia et bien la réponse c’est oui puisque je viens de claquer la porte. »

Depuis quand Maureen abîmait les motos des autres ? Bon, d'accord, elle en devait une à Shaun parce qu'elle avait eut un très léger accident il y a quelques mois et que l'engin était passé sous un rouleau compresseur – nous n'expliquerons pas comment pour les âmes sensibles – mais chut, à priori il était bien trop occupé avec sa française et n'avait donc aucune raison de s'en souvenir... n'est-ce pas ? D'autant que ce n'était pas l'important actuellement, pas alors qu'elle rentrait complètement lessivée, comme si elle venait de tuer au moins vingt gars à mains nues, sans arme aucune. « Ouais c'est un peu ça l'idée » coupa-t-elle non sans soupirer rien qu'à cette idée. Depuis qu'elle avait treize ans, la jolie irlandaise pensait, mangeait et dormait Mafia. Elle était pour ainsi dire conditionnée, tant et si bien que la simple idée de devoir faire autre chose qu'être parrain la terrifiait. C'était bien, la routine, de ce côté là... autant dire que Maureen était complètement médusée, sans oublier le fait qu'elle soit purement et simplement fatiguée qu'on ne lui mente à longueur de temps. Vraiment, il n'y avait pratiquement personne à sauver dans cette famille pourrie ! « Non, aucune vendetta puisqu'ils ont soigneusement prévu le coup. Ils voulaient que je continue à être leur petit chien-chien mais très peu pour moi ! Y'a pas marqué boniche sur mon front, bordel de merde ! Ils peuvent se foutre tous leurs guns dans le fion j'en ai officiellement plus rien à foutre et je vais juste me mettre à mon compte, voilà ! » Si Sheamus ne l'avait pas forcée à se relever, sûrement la piquante blonde aurait pu rester là des heures, dans un état semi catatonique, et en prime, sans en éprouver la plus petite honte. « Ça ma gonflée. Voilà, si je dois être honnête, ça me déglingue ! Mais je devrais être habituée, j'ai toujours été leur larbin... tu sais de quoi j'ai envie, mamour ? Qu'on fasse notre weekend romantique sur l'île de la Réunion et que je tanne par la même occasion Shaun de bosser avec moi... mais juste comme tueur à gages. Plus de boss, plus de contraintes... ras le bol de tous ces connards. Tu me suivrais ? »»

« Mais bébé qu’est-ce que tu veux que je fasse d’autre ? Autant Shaun il a ses précieux pompiers mais moi tu peux me dire ce que je sais faire de mes dix doigts à part tuer et torturer ? Je suis douée pour ça, j’y peux rien, mon père m’a soigneusement conditionnée dès mon plus jeune âge j’te signale ! » Maureen ne s’emportait même pas, elle était plus lassée qu’autre chose. On le serait à moins après un tel coup dans la figure, car elle ne l’avait clairement pas vue venir cette nouvelle et cela ajoutait hélas à son mal être ambiant, à son baby blues plutôt costaud contre lequel elle se battait bien difficilement. « Et puis je ne peux pas juste claquer des doigts et prétendre que je suis une autre nénette… je reste une tueuse à gages, mais ça ne veut pas dire que ça va être à nouveau l’enfer, vu que j’ai un carnet d’adresses qui va moult faire défaut à la Mafia irlandaise, je peux décider d’où, quand, comment et combien sans problème. C’est une situation bien plus confortable crois-moi… » Même si elle comprenait que Sheamus aurait préféré qu’elle ait un boulot « normal » et qu’elle ne pouvait guère le blâmer pour cela, elle voulait qu’il soit derrière elle, qu’il la soutienne dans cette nouvelle épreuve. « Maintenant je peux galérer avec mon baby blues tranquille dans les galoches, je suis pas obligée de reprendre le boulot de suite. C’est ça aussi, l’avantage. Bébé merci d’être avec moi et en prime, on va faire voir du pays à Declan pas plus tard que maintenant parce que toi et moi, on a un avion à prendre dans trois heures. » Maureen eut tôt fait de tendre trois billets d’avion en classe business à Sheamus, qu’elle avait acheté sur la route. Et au passage, elle ne manqua pas de lui rendre ses clefs de moto, histoire qu’il ne dise pas qu’elle l’avait prise en otage en prime ! « Pas une rayure, alors la prochaine fois tu me feras confiance, hum ? Nan en fait je crois que je vais m’en acheter une rien que pour pas t’avoir sur le poil à ce sujet… »

La fameuse ex-femme ! Et dire que Maureen avait eu l’extraordinaire naïveté de penser qu’ils pourraient partir tranquille, avec leur fils, et profiter d’un véritable voyage mille fois mérité après toutes les merdes qui leur étaient arrivées. Mais cette femme complètement inconnue au bataillon débarqua juste au moment où ils allaient sortir et fondit dans les bras de SON mari sans même prendre conscience de sa présence, sans même la regarder d’ailleurs. Bordel, en plus cette greluche allait divorcer, de mieux en mieux ! Elle ne voulait pas juste investir dans les actions en bourse de la marque Kleenex qu’on en parle plus ?! Oui, Maureen était aussi enragée qu’une lionne, d’autant que Declan choisit spécifiquement ce moment précis pour se remettre légèrement à pleurer comme s’il sentait sa mère se tendre de seconde en seconde, comme si elle s’était réincarnée en la corde d’un arc au temps de Cro-Magnon. « Je crois que je vais vous laisser » murmura-t-elle alors qu’elle venait de capter le regard de Sheamus à l’instant. Elle ne prit même pas la valise, juste le coussin de son fils, leurs deux billets et basta. Sans un regard pour l’autre greluche impudente, elle décida de partir en refermant avec douceur la porte d’entrée de l’appartement, une douceur qui contrastait agréablement avec la colère qui irradiait tous les membres de son corps. Sa réaction était injuste, sûrement disproportionnée – et encore, elle n’avait même pas tapé de scandale ! – mais d’un autre côté elle avait un besoin vital de quitter New York et de voir son cousin. Il ne fallait pas croire, elle s’inquiétait beaucoup pour Shaun. Toutes ces raisons la poussèrent donc à prendre l’avion prévu, à l’heure prévue, laissant Sheamus se dépatouiller avec une femme qui s’était sûrement pointée pour le récupérer mais la vérité, c’est que l’irlandaise était fatiguée des drames, des disputes ET des parasites n’ayant de cesse de leur pourrir la vie. Voilà comment elle était attirée à la plantation, sans aucune fringue, et qu’elle avait été accueillie à bras ouverts par Shaun bien sûr mais également par Anaé, manifestement ravie de la voir – chose que Maureen n’aurait jamais crue possible. « J’ai merdé, j’ai merdé… bordel je suis trop conne ! » se répétait-elle alors qu’elle marchait dans la pelouse de l’immense propriété, pieds nus, aux premières lueurs du jour, tout juste vêtue d’un débardeur moulant et d’un mini short tant il faisait déjà chaud.