Mon patron avait insisté pour que j’aille en cours aujourd’hui. J’avais accepté sans rien dire. D’habitude, j’aurais refusé. Je détestais devoir obéir. Mais ça faisait deux semaines qu’il insistait pour que j’y aille au moins une journée. J’étais fatigué et n’avais pas eu envie de m’entretenir pendant longtemps avec lui. C’était pour ça que, si tôt arrivé dans mon bureau dans les locaux du FBI, je me retrouvai à nouveau dans le métro new-yorkais remplit des bactéries de ses usagers. Quelle horreur… Lorsque j’arrivais à Columbia, après être passé chez moi chercher mes quelques affaires de cours, ce n’était pas encore l’heure du début des cours. Encore dix minutes. Si tôt entré, je la sentis. Cette présence derrière moi qui me suivait tout le temps lorsque je venais… c’était un étudiant de ma classe. Mark F. Pierce. Si je me souvenais si bien de son identité, ce n’était pas un hasard: j’enquêtais sur lui pour l’une des affaires que m’avait confié le directeur du FBI. Pas celui de New York, mais le ‘vrai de vrai’... celui qui m’avait expédiée la lettre. J’avais déjà espionné Pierce à plusieurs reprises, comme il le faisait avec moi. Sauf que moi, j’étais assez malin pour ne pas me faire remarquer. Peut être m’avait-il déjà repéré une ou deux fois, ça ne serait pas si étonnant. Mais lui, il se faisait toujours griller. Mal à l’aise, comme toujours, par le fait d’être ainsi suivit, je me hâtai de partir vers mon cours, tant bien que mal. Ça faisait un siècle que je n’avais pas été aussi fatigué, j’avais du mal à tenir debout. Fallait que je dorme, sérieusement là… Lorsque le cours commença, je sortis tout de même une copie simple et mon stylo-plume, histoire de ne pas passer pour trop mauvais élève. Je luttais contre le sommeil, en essayant de me concentrer sur les paroles du professeur. De temps à autres, je jetai des regards autour de moi. Un bon nombre de têtes m’étaient quasiment inconnues… lorsque je venais à l’université, je n’adressai la parole qu’à quelques étudiants. Il y avait aussi Pierce que je connaissais. Et Alexia. Je n’étais pas habitué à la voir ici… bien plus souvent c’était dans mon bureau. Je reposai mon regard sur le professeur. Il semblait passionné par son cours, mais rien à faire… Aussitôt, je m’endormis, sans même m’en rendre compte. S’il y avait bien quelque chose que j’aimais lorsque je dormais, c’était lorsque je rêvais de Willa et Alexander. Il n’y avait que pendant ces quelques heures de sommeil que je pouvais les retrouver. Bien trop rapidement, je sentis quelqu’un me secouer vivement l’épaule. Difficilement, je me réveillais. J’étais loin d’avoir récupéré tout mon sommeil en retard… Avant de regarder qui avait osé me réveiller, je regardais derrière moi. Il ne restait que moi, Pierce et… Alexia. Elle avait osé me réveiller. Quand je pensais que j’aurais pu être dans mon bureau, en train de dormir... Je rangeai mes affaires et me levai difficilement. « Tu refais ça cette après midi et tu me sers mon thé jusqu’à la fin de l’année. J’ai envie de dormir, ça fait un mois que je ne l’ai pas fait. », grognai-je. 

J’avais osé espérer pouvoir passer la journée à dormir, sans bouger de ma chaise, même lorsqu’une autre classe viendrait prendre la place de la mienne. Pour le coup, j’avais été bien optimiste… d’où avais-je sortit une telle idée ? C’était sans compter sur Alexia qui m’avait réveillée. Rah… quelle injustice. « C’est toi qui va me servir le thé pour le restant de ta vie. Tu me remercieras plus tard. » What, what, what ? La remercier pour quoi ? Pour m’avoir réveillé ? Quel manque de compassion… A croire qu’elle n’avait jamais été obligée de passer ses nuits à se prendre la tête sur une enquête pendant une semaine. Un mois, pour quelqu’un dormant normalement, une semaine, ça me semblait une conversion crédible… Et puis, depuis quand elle buvait du thé ? « Te remercier de m’avoir réveiller ? Je me répète, mais la dernière fois que j’ai dormi c’était en septembre. Tu dois savoir ce que c’est la fatigue. Surtout avec tes différentes occupations. », soupirai-je avant de bailler puis de regarder derrière moi. Pierce était effectivement toujours là. « Bon, bouge ton cul papi, j’ai envie de manger italien ! », annonça Alexia tandis que je rangeai mes affaires dans mon sac, d’un geste peu vif. Je le mis sur mon épaule et pars à mon tour, tête baissée, en train de somnoler. Elle ne m’avait pas attendu, évidemment. Peut être parce qu’elle pensait que ça me ferait aller plus vite ? Moui, moui. Et puis une minute là. Papi ? Elle avait vraiment quelque chose contre moi. Déjà lorsqu’on s’était rencontré au FBI, elle avait insinué que j’étais vieux. Really… Je relevai la tête histoire de voir si elle était déjà sortie ou non. Et là, je crus halluciner. Elle était en train de poursuivre Pierce. Elle l’avait drôlement vite remarqué… maintenant que je voyais ça, ça ne m’étonnait pas que le FBI soit venu la chercher. Et non seulement elle le poursuivait mais c’était dans l’université ! Elle était malade ou quoi ? Elle n’avait pas pensé aux réactions des autres étudiants ? Rapidement la poursuite continua en dehors de la salle. A peine une seconde plus tard, le temps de réaliser rallongé à cause de ma fatigue, je commençai à leur courir après. Ils revinrent assez vite dans mon champs de vision et à partir de là j'accélérai autant que possible pour les rattraper. Il fallait à tout prix que j’évite qu’Alexia apprenne quoi que ce soit sur lui. De plus, elle allait sûrement vouloir savoir pourquoi il m’espionnait. Rah… J’allais devoir trouver un mensonge crédible. Je ne pouvais pas lui avouer ce que je faisais pour le FBI. Mon patron, celui de DC, m’avait strictement interdit d’en parler à qui que ce soit, y compris à mes collègues. Seul mon patron de New York était au courant. Et encore… il me semblait qu’il savait juste que je devais aller tous les mois à Washington. Alexia traîna Pierce dans une salle et claqua la porte. J’essayai de l’ouvrir pendant quelques secondes avant de réaliser qu’elle avait été claquée trop fort et qu’elle s’était bloquée. Je défonçai aussitôt la porte en utilisant l’une des techniques que j’avais appris pendant mes cours de capoeira. Alexia plaquait Pierce contre le mur. Je pariai qu’elle venait de lui ordonner de parler. « Alexia ! Je te conseille de le lâcher. Il ne parlera pas. » , dis-je. Je m’approchai ensuite d’eux, et fixant les yeux verts de Pierce, continuai : « T’as pas encore compris que, peu importe ce que tu cherches, ce n’est pas ici que tu trouveras ? » Sans le quitter des yeux, je sortis un paquet de Twix et en mangeai un. Je venais de courir comme un dératé pour les rattraper et même si je n’étais pas du tout essoufflé, j’étais toujours fatigué. Les sucres rapides contenus dans cette confiserie me seront peut être d’une quelconque aide… qu’est-ce que j’en savais. « Ma question n’est pas bien compliquée, Pierce. » Son manque de réaction commençait sérieusement à me démanger le poing… d’ailleurs, je sentais ce dernier se préparer à rencontrer la figure de Pierce, mais soyons raisonnable : Alexia venait déjà de le secouer pas mal.

« Hého je viens de te réveiller, donc techniquement tu n’as pas dormi depuis quelques minutes. » Vraiment… elle était incroyable. Effectivement, elle n’avait aucune compassion cette fille ! Comme si que quelques petites heures allaient suffir pour que je sois totalement ou au moins un peu reposé… Certes, je n’avais pas besoin de dormir plus de quatre heures par nuit.. Mais ce n’était pas pour autant que, lors de grande fatigue comme en ce moment, je ne ressentais pas le besoin de dormir plus. J’avais déjà dormis un jour entier, une fois. Vingt-quatre heures pour récupérer un mois et demi de sommeil, ça restait raisonnable. C’était à l’époque où December m’avait quitté en emportant Kimberley avec elle. Tout ça me tracassait tellement que je n’en dormais plus. J’avais finit par tomber de sommeil à un repas de famille. Je me souvenais encore de la manière dont ma mère s’était inquiétée. Enfin, peut être mon père avait-il exagéré dans ce récit, mais j’imaginais bien que comme je ne répondais pas, elle était loin d’être restée calme. Je commençai ensuite à suivre  Alexia hors de la salle puis, en réalisant qu’elle avait démasqué l’espion et s’était lancée dans une course poursuite avec lui, me rendis à l’évidence : je me retrouvai obligé de courir moi aussi. Autant limiter les dégâts. Surtout qu’après avoir défoncé la porte, je découvris Alexia qui le plaquait contre le mur. Je lui conseillai d’abandonner l’idée de le faire parler puisqu’il ne le ferait pas. Fallait dire que quelqu’un qui balance facilement tout était un fardeau pour la mafia plus qu’autre chose. J’interrogeai ensuite à mon tour Pierce, lui demandant simplement s’il croyait vraiment qu’il réussirait à apprendre des choses pour moi rien qu’en m’espionnant à l’université les rares fois où j’y venais. En attendant une réponse et tandis que l’envie de le frapper pour le faire répondre me titillait drôlement, je croquai dans mon second Twix. « On pourrait m’expliquer ce qu’il se passe ici ? T’es espionné et t’es intime avec l’espion ou quoi ? Ya arrête de bouffer ce n’est pas le moment… » Je soupirai en levant les yeux au ciel. Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire que je décide de manger maintenant ? Et aussi… qu’est-ce je disais ? J’en étais sûr qu’Alexia insisterait pour savoir ce qu’il se passait. Je ne pouvais pas lui dire la vérité mais je ne trouvais pas d’explication à lui sortir.. « Rien, rien, ne t’inquiète pas. Rien de très grave en tout cas. » Quelle crédibilité… ça se voyait bien qu’il y avait quelque chose. En plus ce quelque chose ne pouvait pas vraiment être classer dans la catégorie des problèmes ‘pas très graves’. « Non, je ne suis pas intime avec lui. Si je connais son nom c’est parce que Mark F. Pierce est dans notre classe, je te rappelle. » J’osai espérer qu’elle ne me rappelle pas que j’avais d’importants problèmes de mémoire et qu’il était par conséquent impossible que je me sois souvenu de son prénom, surtout que je ne lui avais auparavant jamais adressé la parole. « Moi j’ai une question pour toi. Y’en a d’autre ? Est-ce que d’autres personnes espionnent James ? » Non, il n’y en avait pas. J’en étais sûr. Enfin, à une époque il y en avait une qui me suivait à Washington. Mais je ne l’avais vue que trois fois, en début d’année. J’avais la réponse à sa question mais ne répondis rien. Mieux valait faire comme si je ne savais rien, si je voulais avoir une chance de ne pas devoir lui dire la vérité et risquer de me retrouver avec les conséquences sur le dos. Si ça continuait ainsi, il faudrait que je demande à mon patron si je pouvais parler à Alexia de tout ça… ça réglerait le problème de ne pas avoir de réponse à lui donner, mais en poserait un nouveau. La connaissant elle voudrait faire partie de l’enquête elle aussi. Tandis qu’elle continuait de malmener l’espion, je soupirai puis baillai à nouveau. Maintenant que j’y pensais, je devais encore plus ressembler à un zombie que d’habitude. Je devais avoir de ces cernes sous les yeux… Un bruit retentit, je relevai la tête: c’était Alexia qui venait de frapper la tête de Pierce contre le mur. « Ya ! T’as perdu ta langue ? Faut qu’on te torture pour que tu parles ? » Je ne pû m’empêcher d’esquisser un sourire. « C’est pas vraiment l’endroit pour, Alexia. Et, tu dois le savoir, tu fais pas parler un mafieux comme la boulangère. » En avais-je trop dit ? Non, je ne pensais pas. De toutes façons c’était évident que Pierce n’était pas net. « После, если вы хотите, чтобы он обо мне у вас нет проблем, я нахожусь позади в Вашингтоне, и мы заботимся о вас, пока вы не признаюсь. И я могу быть гораздо более убедительно, чем Канако, тем более, что это было, что я не попал никому. Вы не можете знать, как сильно я скучаю по ней. » Je me reculai puis réalisai, trop tard, que, si Alexia aussi parlait russe… j’étais mal. Elle saurait tout et je n’avais aucune idée de comment je pourrai annoncer ça à mon patron. « Ok, ok, y a que moi. Calme-toi, vieux. » Ça m’étonnait toujours de voir à quel point je pouvais être convainquant, parfois… Comme quoi parfois, il suffisait d’un peu de douceur pour obtenir ce qu’on voulait. Quoique… c’était vrai que je l’avais ouvertement menacé de le défoncer s’il ne répondait pas, mais ça… c’était autre chose.

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« Désolée mais je ne connais pas tout le monde… Et le pire je viens plus souvent que toi… » Dites donc… ça s’appelait avoir du bol ça. De toutes façons, si elle ne m’avait pas cru, j’aurais bien trouvé quelque chose à dire pour me justifier. Il y avait toujours des gens qui nous marquaient plus que d’autres. Et dans le pire des cas, si même ça, elle ne l’aurait pas cru… je me serais fait passé pour amoureux de Pierce. Pas la peine de dire que j’étais fort heureux de ne pas avoir eu à en arriver là ! En plus rien ne m’assurait que ça, elle l’aurait cru. Rapidement, j’essayai à mon tour de faire parler l’espion, de le faire répondre à la question que mon espionne lui avait posée, même si cette réponse, je la connaissais déjà. Et sans surprise, il répondit. Il ne devait pas être dans la mafia depuis bien longtemps pour prendre peur si facilement. Dommage… c’était vrai que je lui aurais bien refait le portrait. Peu après qu’il eût répondu, Alexia le relâcha un peu. Je n’aimais pas devoir lui mentir ainsi, mais je n’avais pas le choix. J’avais posé mes conditions pour rejoindre le FBI, on m’en avait imposée. On m’avait juré sur la Bible qu’on ferait tout pour m’aider à retrouver l’assassin de mon frère, j’avais fait la même chose en jurant de ne rien dire sur mes enquêtes pour le chef du FBI à part si un jour on m’y autorisait. Autant dire que lorsque je disais que je ne pouvais rien dire ce n’était pas des paroles en l’air. J’étais sûr qu’ils avaient profiter du fait que j’étais croyant pour me faire garder le silence. « Fiou, avec tout ça je prendrai bien un thé avec des cookies moi, pas vous ? » Ah… du thé… des cookies… qu’est-ce que c’était bon. Qu’est-ce que les cookies de mon père étaient bons. Et un cookie trempé dans du russian earl grey… bon Dieu, qu’est-ce que ça pouvait être bon ! Ses paroles me faisaient tellement rêver que je mis plusieurs secondes avant de réaliser que c’était de la pure ironie. Bien évidemment. La situation ne se prêtait pas à un petit goûter de ce genre avant d’aller déjeuner. Rien qu’en jetant un rapide coup d’oeil à Alexia, je voyais qu’elle était sur les nerfs. « Je le relâche je présume ? » Son ton sec confirma mon hypothèse. Le fait que je parle à Pierce en russe pour qu’elle ne comprenne pas ne lui avait pas plus. Je la comprenais bien… et puis, la curiosité n’était-elle pas après tout un trait de caractère nécessaire pour être un bon espion ? Je ne pouvais pas lui reprocher d’avoir les qualités pour son métier, surtout qu’elle était sous mes ordres. « Si tu penses obtenir quelque chose de lui, tu le gardes, Alexia. Sinon tu le relâches, oui. » Je reposai ensuite mon regard sur Pierce. « Et toi, si tu racontes que tu t’es fait chopé… » Je ne terminai pas ma phrase. Ça n’était même pas drôle. Je pensais qu’il avait plus de cran que ça. Quel trouillard. S’il avait tant peur rien qu’avec moi… alors qu’est-ce que ça serait si je le traînais vraiment à Washington pour qu’on le fasse parler ? Malgré ça, je doutai fortement qu’il balance vraiment tout ce qu’il savait. « 恐れ入りますが、私はあなたに何かを伝えることはできません。私は彼がいくつかのことを知っていると、突然、それは違っていた知っている、私は彼に言うことができる...しかし、私は主要な何も言わなかった。ただ脅した。そして、彼はヒットする衝動が痒いのか分からないことができます... » J’avais besoin de m’excuser auprès d’elle… ça serait dommage que nos rapports se détériorent suite à cette mésaventure. Non mais qu’on était meilleurs amis, loin de là, mais je l’aimais bien cette fille… et elle m’était bien utile. Elle faisait du bon travail.

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« こまりましたねま、いいや 勝手 に しなさい…かまいません 。 行きましょか » Je hochai la tête, soulagée qu’elle ne m’en veuille pas. J’avais fait ce que j’avais à faire, je m’étais excusé et lui avait donné assez d’explications pour justifier mes paroles en russe. Certes, je n’avais fait qu’évoquer Washington, mais… on n’était jamais trop prudent. Alexia était espionne, en cherchant elle pourrait facilement retrouver les traces d’achat de mon billet d’avion mensuel et en creusant davantage découvrirait sans doutes où je me rendais le lendemain de mon arrivée. Oui, vraiment, la prochaine fois que j’irai à Washington… il fallait que je demande si, si je ne trouvais pas d’autre solutions, j’étais autorisé à en parler à Alexia. Il faudrait aussi que je retrouve son identité complète… comme je l’appelai toujours Alexia depuis qu’elle me l’avait demandé, j’avais oublié le reste. Je ne savais pas par quel miracle je me souvenais que son prénom était Chizuru, alors son premier prénom et son nom de famille… fallait pas me demander la lune non plus hein. Je jetai un dernier regard à Pierce, qui semblait se remettre doucement de ses émotions. Ah… quand je pensais qu’Alexia avait pu le bousculer et que je m’étais contentée de le menacer. Pourquoi n’en n’avais-je pas profité ? Une telle occasion n’était pas prête de se présenter à nouveau… depuis qu’on avait porté plainte, j’évitais de me battre, de chercher les autres. Je préférais en profiter lorsque l’occasion se présentait. « J’imagine que tu as toujours envie de manger italien ? », demandai-je en me doutant de la réponse. Ça m’étonnerait qu’elle ait si rapidement changé d’avis. D’ailleurs, comment avais-je fait pour me souvenir qu’elle avait dit ça ? Bonne question. Encore une sur laquelle me pencher. D’ailleurs, je ne savais toujours pas d’où sortait ce paquet de dragibus, l’autre jour… enfin, tout compte fait, c’était sûrement Alexia qui me l’avait donné. Une question de moins à résoudre… vu le nombre qu’il restait, ce n’était vraiment pas grand chose. Je m’apprêtai à sortir lorsque mon regard se posa sur la porte de la salle. Effectivement… je l’avais bien défoncée.

« Bien sûr ! La bouffe italienne est mon foutu pêché… Je pourrais mourir pour ça. » Ah ça… je l’avais déjà remarqué. Je ne comptais plus le nombre de fois où elle me disait qu’elle avait mangé italien au déjeuner ou que son ventre réclamait un dîner italien. Moi, je préférais les sucreries… je n’étais pas un grand fan des pizzas et autres plats typiquement italien. Le tiramisu passait encore… il passait très bien, même. Ah, ah. Sûrement parce que c’était un dessert et que le dessert, ça avait toujours été mon moment favori dans le repas. Rien que de parler de fondant au chocolat et de crème anglaise… ça me motivait pour la journée. Un peu comme Alexia et la cuisine italienne, je supposais. Et de toutes façons, je n’avais pas très faim. Sûrement l’inquiétude. « Allez, on y va. », lança-t-elle après m’avoir attraper le bras. On s’éloigna de l’université en silence. Ce silence, je dirais pas qu’il me perturbait, mais il m’inquiétait tout de même. On ne pouvait pas dire qu’il ne venait rien de se passer… ce silence était sûrement causé par tout ça. « Tu ne comptes vraiment pas me dire quoi que ce soit ? C’est genre top secret ? J’espère que ce n’est rien de grave… La mafia… On rigole pas avec ça… » Je haussai les épaules. Je ne pouvais rien lui dire donc évitons de l’inquiéter davantage. Je trouvais ça mignon qu’elle s’inquiète ainsi pour moi, même si c’était son travail. Enfin, non, son travail était d’aller espionner à ma place. « Ce n’est rien de très grave, non. » Non, à peine. C’était pour ça qu’on m’avait mis sur cette affaire depuis mon arrivée aux Etats-Unis et qu’on m’avait fait juré sur la Bible que je garderais le silence. A part si on m’y autorisait. Mais ça voulait dire que même si parler devenait une question de vie ou de mort, je devrais d’abord demander l’autorisation. Quelle ironie. « Et puis, quand ai-je parlé de la mafia ? Car normalement… c’est mieux si j’évite de parler de ça. Ah non c’est bon, je me souviens… » Je lui avais dit qu’on ne faisait pas parler un mafieux comme la boulangère. Ah… parfois je me disais que j’aurais mieux fait de ne pas contacter le FBI et chercher à trouver seul l’assassin d’Alexander. Ils ramaient pas mal dans cette enquête… ils n’avaient même rien trouvé. Moi non plus, d’ailleurs. Je n’étais même pas certain de trouver un jour un quelconque indice. En revanche j’étais sûr qu’avec tout ça, je risquais ma vie parfois.

« それはちょっと信じられる…一言も信じられない. » Je haussai les épaules. Qu’elle me croit ou non, ce n’était pas mon principal problème. Mon principal problème était plus de garder toute cette histoire secrète et surtout, surtout de tout faire pour qu’ils ne découvrent pas l’existence de Kim. Si ça arrivait, la probabilité qu’ils se servent d’elle pour me faire abandonner l’enquête était très élevée. Et s’ils touchaient à elle… ils le regretteraient, oh oui. Je m’en foutais, j’irai trouver les contacts d’Alexander à cause de qui il avait été envoyé en prison et je leur ordonnerais de tuer ces abrutis qui auraient touché à ma fille. Je m’en voulais un peu qu’Alexia se retrouve mêlée à tout ça, tout de même… Certes, espionne n’était pas un métier sans risque mais là, si je lui racontai toute l’histoire, elle était carrément en danger permanent, avec la mafia rodant derrière elle sans répit. Elle devait avait l’habitude d’être suivie, après tout. Mais quand même… je m’en voudrais s’il lui arrivait quelque chose. Je l’aimais bien cette fille. « Je me demande comment tu fais pour perdre la mémoire aussi rapidement… ah… Les hommes…Plus sérieusement, James, pourquoi la mafia te suit ? Tu sais parfaitement que je suis une très bonne espionne… Je ne sais pas dans quoi tu trempes, mais si jamais tu as besoin d’aide, tu connais mes compétences, est-ce que je t’ai déjà déçue depuis que je bosse avec toi ? Chaque mission donnée, je les ai toujours faites rapidement et avec succès… Alors fais-moi confiance un peu… Parce que toi et moi au fond on est les mêmes. » Je lui jetai un regard en coin. Je me sentais soudainement mal. Je voyais très bien de quoi elle voulait parler. C’était la seule qui savait la vérité sur Willa et la seule à qui j’avais parlé de la mort de mon frère. Pourquoi avais-je déballer tout ça à une parfaite inconnue, à l’époque ? Elle avait réussi à me mettre en confiance, m’avait demandé si moi aussi j’avais déjà tué quelqu’un comme elle, elle l’avait fait. A présent elle s’en servait contre moi. Enfin, je ne pensais pas qu’elle avait dit ça exprès pour me mettre mal à l’aise, mais plus pour me mettre à nouveau en confiance. Ça ne passait pas. Je ne supportais pas qu’on me parle de mon frère et de ma soeur. « Tsss. Je sais que tu es une bonne espionne et non tu ne m’as jamais déçu. Mais s’il te plaît, ne me parle pas d’eux. », soufflai-je. Je savais bien qu'il fallait éviter de penser à tout ça... mais ce n'était pas avec Alexia que j'allais y arriver.

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« Y’a intérêt que je sois une bonne espionne ! », dit-elle en osant toucher à mes cheveux. Rah, quand je pensais que dès notre rencontre elle avait découvert mon point faible, ça m’agaçait. Tout du moins au FBI, je voulais paraître ne rien craindre… et qu’on découvre que la chose que craignait le plus l’un des meilleurs détectives était le nombre affolant de bactéries pouvant se trouver sur une main, je trouvais que ça faisait très peu sérieux. Alexia finit par soupirer et me rendre ma liberté avant de me donner un coup de coude. « Comment va Kim ? Elle s’habitue à son nouveau train de vie ? » Je le pensais, oui. En tous cas elle semblait satisfaite d’être avec moi… je m’inquiétais juste un peu, parfois elle me semblait, comment dire… bizarre ? Certes, à son âge c’était normal d’avoir des amis imaginaires mais ça n’empêchait pas que parfois je me demandais si c’était normal. Sûrement mon côté hypocondriaque qui revenait… « Elle va bien. Je pense que oui, elle s’y habitue… après tout, rien ne change beaucoup de sa vie avec sa mère tu sais. Juste le rythme un peu plus… fatiguant ? » Je devais l’apporter à l’école tôt, avec mon travail et je venais le chercher tard… enfin, parfois, je la prenais carrément avec moi au FBI. Les jours où elle n’avait pas école. Je préférais l’avoir avec moi plutôt que la laisser à des inconnus… peut être une peur consciente qu’on me l’enlève à nouveau. J’avais eu tant de mal à la récupérer… Rapidement, on arriva à ce fameux restaurent italien. Je suivis Alexia vers une table. Elle semblait être habituée des lieux… « C’est le meilleur restaurant de la ville ! Tu vas voir, tu ne vas du tout être déçu… » Je m’assis face à elle et l’imita lorsqu’elle attrapa la carte. Je partis tout de suite à la page des desserts. « Je te crois. Je n’aime pas la cuisine italienne à part les desserts, tu as des propositions à me faire ? » Autant profiter d’avoir une professionnelle avec moi pour découvrir les meilleurs desserts italiens...

« Hum, oui je vois… Bah, comme on dit les enfants sont plus rapide que nous pour ça, ils s’habituent vachement vite. Elle a un rythme plus fatiguant sa vie ? Qu’est-ce que tu lui fais faire pauvre gamine. Si t’as besoin d’une baby-sitter, n’hésite pas. » Plus rapide à s'habituer à un brutal changement de vie... moui, je restais tout de même sceptique à ce propos. C'était souvent le cas oui, mais tout dépendait de la nature de ce changement aussi. Retrouver son père après plusieurs années, c'était sûr que ça devait être loin de déplaire à Kim et du coup elle a vite pris mon rythme de vie.Ce n'était pas le même genre de changement que la mort de sa petite sœur, qui plus lorsqu'on en était la cause. Perdu dans ces pensées désagréables, je fronçai les sourcils. Je m'en voulais tellement, malheureusement on ne pouvait pas retourner dans le passé. « Je croyais que tu étais overbookée. Et ce n'est pas de ma faute, c'est de celle du FBI qui m'impose des horaires de malade. » Et à peine moi qui fait des dizaines voir vingtaines d'heures supplémentaires par semaine. Si bien qu'en réalisant l'heure à laquelle je rentrai, j'avais fini par passer le fauteuil à cause du quel je m'étais rétamé à Kim pour qu'elle dorme. J'avais fini par en trouver un sans ces diaboliques roulettes. Rapidement on arriva à son fameux restaurant italien. N'étant pas un grand fan de cuisine italienne, je demandai à Alexia si elle avait des suggestions à me faire.« Eh bien, si tu n’aimes pas manger italien, tu as quelques plats qui ne le sont pas avant les desserts, regarde les si tu veux. Sinon, je te conseil de manger simplement le carpaccio de bœuf et son pesto de basilic. »Après un bref instant de réflexion, je répondis : « C'est tout de même très logique des plats non italiens dans un restaurant italien. » Je n'avais pas pu m'empêcher de lui faire remarquer. Ça ne semblait pas la déranger, peut être qu'elle ne s'était juste pas rendue compte de l'absurdité de la situation. Ça serait comme trouver de la cuisine américaine dans... un restaurant thaï, par exemple. Je reposai mon attention sur la carte en chantonnant l'une des chansons de Nirvana, et partit jeter un œil sur ces fameux plats non italiens. Rien que leur présence sur la carte me rendait sceptique de l'authenticité du restaurant. Je doutai qu'il soit tenu par de vrais italiens... c'était bien parce que je ne parlai pas la langue mais sinon j'aurai passé commande en italien. Je partis à la page des desserts. Et là, toutes ces précédentes questions s'envolèrent. Desserts... desserts... desserts... hm, oui, bref. Mon regard s'arrêta sur les mots « panna cotta ». Qu'est-ce que je pouvais aimer ça !« En ce qui me concerne, je vais me prendre cinq panna cotta et puis une tarte au citron aussi. », déclarai-je l'air de rien. Je relevai le regard sur Alexia.« Je suis sûr que tu te serais très bien entendu avec mon frère, il adorait l'Italie et sa cuisine, lui aussi... », soupirai-je en reposant la carte.

« Bah, y’a une solution à tout tu sais, ça ne me dérange pas. Je peux jouer les tatas gâteuses aussi, elle est cool ta môme je l’aime bien. Le FBI c’est bien, mais parfois…Au fond c’est choisir entre sa vie ou le boulot. » Elle n’avait pas tort. Le FBI, c’était vraiment bouffeur de temps… et de vie ! « Le FBI, c’est ma vie. C’est gentil de proposer mais je préfère me débrouiller seul pour Kim. » Ce n’était pas que je n’avais pas confiance en Alexia, non. Mais je n’avais plus envie de laisser ma fille seule désormais, même s’il n’y avait plus de raisons qu’on me la prenne. A chaque fois qu’elle voyait sa mère, je me forçais à rester avec elle. En entendant Alexia me dire qu’il y avait des plats non italiens sur la carte de son restaurant, je fis la remarque ironique que c’était très logique. « Tu sais que c’est à la mode ? Beaucoup de restaurants proposent un ou deux plats non spécifique pour ceux à qui les plats ne plairaient pas. Ça fait toujours un peu de bénéfice en plus. » Mh… je restai tout de même sceptique. Le monde était vraiment dirigé par l’argent et les bénéfices… ça devenait blasant. Au FBI, je gagnais bien ma vie mais même si je gagnais moins ça ne me dérangerait pas. Après, c’était vrai que je n’était peut-être pas objectif. Même si ma famille n’appartenait pas à la noblesse anglaise, elle n’avait jamais manqué d’argent. Depuis toujours les Pendelbury étaient riches et purs anglais aussi. Ah, ah. Il y a une première fois à tout comme on dit. Moi ma mère n’avait pas trompé mon père avec un riche anglais. Dans ce cas-là peut être que je ne saurais même pas la vérité. Pas de chance, je m’étais retrouvé avec les yeux bridés de mon père. « Eh bien, tu m’aurais présenté ton frère, on aurait accroché lui et moi, on se serait mis ensemble, on aurait fait des folies, et je serais devenue ta belle-sœur, et tu aurais été surement tonton. Je suis sûre que ça t’aurait plu tiens, de m’avoir comme belle-sœur qui te pond des neveux et tout ça. » Je ris doucement. Quel imagination… « Depuis quand envisages-tu la possibilité d’avoir des enfants toi ? Et puis, tu sais, à moins que tu sois passionnée par les bouquins, les copies d’élèves et tout le reste, je ne pense pas que tu l’aurais supporté au point d’en tomber amoureuse. Et puis... » Je m’arrêtai après m’être rendue compte qu’il fallait sûrement mieux que je ne dise rien sur le passé douteux d’Alexander. Il avait fini par mal tourner et tout ça l’avait rattrapé après sa sortie de prison. Bordel, fallait que je trouve son assassin, que je l’envoie en taule à son tour et que le jour de sa sortie je lui fasse la peau. Le serveur arriva, on passa notre commande. « S’il faut toi, tu aurais apprécié ma sœur… Bon on se ressemblait comme deux gouttes d’eau physiquement mais intérieurement, c’était l’inverse de moi. » Ah oui ? L’inverse d’elle ? Je croyais que ce n’était qu’un cliché, les jumeaux totalement opposés. « Tu es bien telle que tu es, tu sais. » J’aimais beaucoup son habituelle bonne humeur… D’aussi loin que je me souvienne, elle était toujours gaie. Mais après, peut être n’était-ce que ce qu’elle montrait aux autres…

« D’accord, mais sache que tu devrais quand même faire attention. Ma mère ne vivait que pour son boulot… J’en ai beaucoup souffert gamine… » La regardant en coin, je réfléchis un instant. Je ne pouvais que la comprendre... ce n'était pas toujours agréable de vivre avec l'absence de ses parents. « Ma vie est tout d'abord Kimberley. Et après le FBI, j'ai parlé trop vite. Je sais ce que c'est, les parents absents... mon père est chercheur et était souvent absent. Ma mère était institutrice, donc tu me diras, elle était plus présente... mais pour être honnête j'aurai préféré qu'elle passe son temps au travail plutôt que de la voir dans son état dépressif après... après que Willa se soit noyée. », avouai-je avant de baisser les yeux. Ça me faisait mal de voir ma mère ainsi... je ne savais pas comment elle avait fait pour réussir à reprendre le travail trois mois après seulement. Peut être le besoin de faire autre chose, de se changer les idées... La seule chose dont j'étais sûr c'était que passer la journée avec des gosses de quatre ans de plus que ma sœur n'avait pas arrangé sa dépression. Quand je pensais que ma mère avait fait une tentative de suicide... cette idée me fit frissonner. Franchement, il s'en passait des choses dans les familles parfois. « Bah, l’amour on le sait tous, ça change les gens. J’aime bien lire, mais pour ce qui est du reste… Et tu allais dire quoi ? Fini ta phrase, ça me rend curieuse ça m’énerve… » Euh... oui, peut-être. Je n'étais pas en position de dire. L'amour change les gens... quelle idiotie. À la limite, oui l'amour rend aveugle. J'avais laissée December filer avec Kim sans rien voir venir. Mais bon... c'était du passé. Je pensai un instant à faire comme si, plongé dans mes pensées comme ça m'arrivait souvent, je n'avais pas entendue sa dernière phrase mais me résignai, sachant que ça n'était pas crédible. « Ma phrase ? Quelle phrase ? » Une perte de mémoire était tellement plus probable.... Par la suite, lorsque je lui dis que je l'aimais bien telle qu'elle était, elle en recracha l'eau qu'elle avait dans la bouche. « Affligeant... », affirmai-je avec un sourire en coin, rien de bien méchant. « Merci… Mais tu ne connais pas la vraie Chizuru… Je veux dire… Je ne joue pas un rôle… Mais depuis la mort de ma sœur… Je ne suis pas moi. Je suis un garçon manqué. Je déteste les choses belles et coquettes, je jure comme un mec, je suis très sportive, et solitaire. Ma sœur était… Coquette, sublime, populaire, elle collectionnait des poupées… Dragueuse, affriolante, séductrice… Je me sens tellement coupable de sa mort, que j’ai l’impression parfois d’être… elle. Je m’habille comme elle le faisait, je collectionne ses putains de poupées que je déteste… Je… Parfois avant de répondre je réfléchis à ce qu’elle, elle aurait fait ou dit. » Je l'écoutai attentivement, pensif, le menton dans la main et le regard fixé sur mon verre vide. Je pouvais comprendre ce genre de comportement... comme si on voulait faire vivre un être nous étant cher à travers nous. Je ne savais pas vraiment quoi répondre. Sortir un long et ennuyeux discours sur la psychologie ou bien montrer que je l'aimais bien malgré tout ? La seconde option était sûrement la meilleure... « Tu sais Alexia, j'imagine que tu te penses psychologique dérangée parfois à cause de ça... tu as peut-être raison de le penser, je ne suis pas psy donc je ne peux rien t'affirmer. Mais ça ne change rien pour moi... Adolescent, j'avais une bonne amie, April. Elle était schizophrène mais ça ne changeait pas la façon dont je la voyais... elle avait beau parler à son imposant lapin en peluche toute la journée sans se douter de rien, peu importait. Les gens, quand tu les apprécies, c'est pour le meilleur et pour le pire et lorsque tu décides que tu les aimes bien, tu dois te jurer d'être toujours là pour eux. Et tu sais, je me suis bien rendu compte que parfois tu ne sembles pas être ce garçon manqué que tu dis être réellement. Après, peut-être que c'est grâce à mon QI que je l'ai remarqué. Ça ne saute pas aux yeux. » Ah... dans le fond, qu'elle m'avoue ça ne me surprenait pas tant... Je m'en doutais un peu dans le fond. Si je pouvais l'aider, je le ferais volontiers. Après qu'Alexia m'ait dit tout ça, je ne pouvais plus lui en vouloir d'avoir utiliser mon frère et ma sœur pour essayer de me soutirer des informations. Elle avait de la chance. Sans ça ça aurait mis deux bonnes semaines à passer.

« Je vois, et je peux te comprendre, voir sa mère de la sorte ça ne devait pas être super… Mais il fallait la comprendre… Dans tous les cas, sache que quand je viendrai au boulot, et que si petite Kim est là, je ne me gênerai pas pour te la kidnapper le temps de manger des sucreries ! Elle est aussi folle de sucre que son père ou… ? » Pas être super... non, pas vraiment. Je n'avais pas assez de ma culpabilité sur le dos, il fallait aussi que j'en vois les conséquences toute la journée. Ma mère avait fini par aller mieux, certes, mais j'avais comme l'impression qu'à la place d'être dépressive, elle me rabaissait sans cesse, qu'elle essayait de me persuader qu'aller voir Scotland Yard toutes les semaines pour leur faire part de mes enquêtes personnelles l'aidait à continuer à vivre sans Willa. Peut-être que le fait que j'étais un enfant hors mariage influençait aussi. Ce n'était pas normal, tout de même. Alexander m'aidait dans mes enquêtes mais c'était limite si elle ne l'encourageait pas, contrairement à moi. « Apporte des caramels quand tu viens la voir... elle t'adorera encore plus ! », répondis-je en souriant faiblement. Moi aussi j'aimais les caramels... en même temps, il n'y avait pas beaucoup de sucreries que je n'aimais pas. J'avais de la chance de ne pas faire de diabète avec tout ce dont je m'empiffrais à longueur de journée, n'empêche... Par la suite, elle m'avoua que depuis la mort de sa sœur elle avait parfois l'impression d'avoir sa personnalité à elle, non pas la sienne. « Psychologiquement dérangée ? Surement, avec ce que j’ai vécu au Cap vert… » Je restai silencieux un instant. Parlait-elle de ce qu'elle m'avait dit, le jour où l'on s'est « rencontrés » ? Je ne savais pas par quel miracle ça ne s'était pas échappé de ma mémoire, mais je me souvenais qu'elle m'avait dit qu'elle avait déjà tué quelqu'un, en lui explosant le crâne à coups de pierre me semblait-il. Peut être que je m'en souvenais car aussitôt après, je m'étais retrouvé à m'accuser pour la première fois de la mort de Willa... « Alors toi tu m’adores pour le meilleur et pour le pire ? Pareil, tu sais je t’aime bien, je pourrais même tuer pour toi. T’es adorable toi, si tu n’étais pas mon patron, et si j’avais un peu plus de courage je te roulerai surement un patin, mais on va en rester là. » Je ne pu m'empêcher de rire doucement. Eh bien, j'étais loin de m'attendre à une telle déclaration. Lorsque le serveur fut partit, je recomptai discrètement mes panna cotta, histoire d'être sûr qu'il n'en manquait pas une. « Oh, si c'est du courage qu'il te manque je peux le faire pour toi. », plaisantai-je d'un ton pourtant très sérieux, ce ton avec lequel je faisais mes rapports à Washington. Ton très inapproprié vu la situation présente, mais qu'importe. Le pire, c'est que je pense que j'en aurais été capable, de lui rouler ce fameux patin. « Toi aussi t'es adorable. », dis-je en sortant discrètement mon gel antibactérien et en en mettant sur mes mains en dessous de la table tandis qu'elle vidait le parmesan sur son carpaccio. Parfum discret, qu'il était indiqué. Depuis qu'Alexia m'avait grillé, je m'étais rendu compte qu'effectivement l'odeur de ces choses-là était assez forte et que de se laver les mains à longueur de journée, ça pouvait mettre mal à l'aise les gens. Vu le nombre de mains que je devais parfois serrer... et ne parlons pas de mes voyages à Washington. Bon, je n'avais jamais osé me laver les mains dans la même salle que mon patron. « Bon appétit ! » Je la remerciai et lui souhaita de même. « Tu veux gouter ? »,demanda-t-elle après avoir pris une bouchée, fourchette dans ma direction. Je regardai la fourchette, suspicieux. Connaissait-elle le nombre de bactéries vivant dans sa bouche ? « Ah. Microbe. Pardon. » Apparemment oui, elle le savait. « Ce n'est pas grave... tu ne m'as pas mis ta fourchette de force dans la bouche, ça va. », répondis-je. Je commençai à mon tour mon repas. Ah... toutes ces panna cotta étaient vraiment magnifiques. Comme toutes les pâtisseries existantes, ceci dit.

« Vraiment ? Tu me surprends James… » Ah, ah. Je l'avais eue. Elle ne me connaissait pas si bien que ça tout compte fait. Moi, embrasser une fille que je ne connaissais que depuis quelques mois ? Bon, c'est vrai que si je prenais December... ma dernière phrase perdait tout son sens. Lorsque je l'avais rencontrée j'étais certes plus jeune mais j'avais autant les bactéries en horreur... malgré tout le matin suivant notre rencontre, je m'étais réveillée dans son lit et on n'avait pas fait que faire connaissance. Mais ça Alexia ne pouvait pas le savoir. Et de toutes façons, j'étais trop satisfait de ma blague pour lui dire que ça en était une. Par la suite je lui dis qu'elle aussi était adorable, ce qui était vrai. Rien que sa tête était adorable, toute mimi. J'étais occupé à me nettoyer les mains lorsqu'elle se leva, me releva le menton et plongea son regard dans le mien. « Heu.... », dis-je sans m'en rendre compte. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? « Je vais t’offrir un antibactérien qui sent meilleur. » Ah oui ? C'était une gentille attention de sa part, mais je n'eus pas le temps de lui dire que ses lèvres se posèrent sur les miennes. De choc, je gardais les yeux écarquillés et la laissais faire. Mais cette fille était malade ma parole, elle m'embrassait carrément comme si j'étais son petit ami ! Ces quelques secondes me parurent des lustres tellement j'étais surpris. Le problème n'était pas le nombre de bactéries qu'elle m'avait transmis mais le geste en lui-même... j'étais loin de m'y attendre, tout de même ! « C'était une blague, abrutie ! », avouai-je. Les circonstances m'y obligeaient. « Tu crois vraiment que je t'aurai embrassée ? Non mais... vraiment... » Ça m'apprendra à vouloir plaisanter... Je secouai la tête pour oublier ces dernières minutes et tentai de me reconcentrer sur mon repas. Il fallait se rendre à l'évidence, ce n'était pas un simple baiser qui allait me refiler je ne savais quelle maladie grave. Elle me proposa de goûter son carpaccio. Ma parole elle voulait vraiment que s'attrapa quelque chose ! « Le jour où je fais ça, je t’ordonne de me gifler, je pourrais te blesser. » Eh bien, c'était qu'elle s'inquiétait pour moi en plus... « Je risquerai de te faire mal, je n'ai peut-être pas l'air, mais j'ai de la force et je ne la maîtrise pas toujours... ça m'a déjà joué des tours. », soufflai-je en repensant aux nombreuses fois où je m'étais retrouvé en garde à vue suite à des bagarres... et en repensant aussi à la porte, tout à l'heure. Ça me donnait envie de me servir de mes poings tout ça... depuis le temps que l'envie m'avait sérieusement repris ! Bon, ça ne faisait pas tant de temps que ça, ça datait de mon voyage à Londres avec Blaithin fin juillet. Mais tout de même... Rah, qu'est-ce que je pouvais haïr Scotland Yard. Pas que l'agent auquel je remettais mes enquêtes, tout Scotland Yard. Je les mettais tous dans le même sac, ce n'était pas bien intelligent mais il y avait des choses à propos desquelles tout le monde ne pouvait pas réussir à réagir de façon mature. « De ce fait et comme je t'aime bien, je ne te giflerai pas tout comme tu ne me refileras pas une nouvelle fois de force tes bactéries. », continuai-je en entamant ma tarte au citron cette fois-ci. Elle n'était franchement pas mauvaise par ailleurs. « C’est trop bon. Juste parfait. », finit par remarquer Alexia au bout de plusieurs assiettes. « Tu viens seulement de t'en rendre compte ? Au fait, parlons sérieusement. Tu m'invites ou je paie moi-même ? », soufflai-je l'air de rien. Je ne voulais pas passer pour radin ou quoi que ce soit d'autre, je ne l'étais pas. Je n'étais pas non plus du genre à aller partager ma fortune non plus... Lorsque le serveur apporta la sixième assiette de carpaccio, j'en profitai pour me reprendre quatre tartes au citron. J'aimais le cinq et le dix... dix, c'était vraiment un nombre parfait. Le double de cinq, un nombre finissant par un zéro... Heureusement que je n'étais pas en train de parler à voix haute, sinon il y avait fort à parier que Alexia m'emmènerait directement chez le psy en m'entendant m'émerveiller ainsi sur ce nombre...