❝ manuela and aileas ❞

Parfois Aileas se demandait si elle avait fait le bon choix en passant les concours pour devenir professeur d'histoire. Il était clair que les adolescents étaient bien plus débrouillards et qu'elle ne rigolait pas des mêmes choses avec eux mais il fallait qu'elle se l'avoue : les petits bouts lui manquaient. C'était vrai, ils avaient tous quelques chose qui les rendaient encore plus uniques et ils étaient vraiment adorables. Mais pour compenser ce manque elle faisait du baby-sitting. Elle était dans un agence qui payait plutôt bien, elle se faisait payer dix dollars de l'heure ce qui ne revenait pas cher du tout pour  la garde de garnements. A chaque fois qu'elle gardait les gosses ils réclamaient que se soit elle de nouveau qui les garde mais elle n'était pas libre tous les soirs. L'agence l'appelait lorsqu'une cliente (la plupart du temps) voulait qu'elle vienne garder son enfant, alors là Aileas acceptait ou refusait, donnait ses prix et c'était fini, ne restait plus qu'à accomplir tout ça. Aileas avait toujours eu le feeling avec les gosses. Pourquoi n'en avait-elle pas ? Tout simplement car elle n'était pas en couple et qu'elle n'était pas enceinte, bien que cela soit l'un de ses vœux les plus chers. Être maman de son propre gosse doit être tellement unique et ça doit vous changer complètement la vie ! A ses vingt-six ans elle commençait à désespérer. Elle n'était tout de même pas si laide que ça !

Cet après midi l'agence l'avait appelée. Une femme avait besoin qu'on garde sa petit Soraya. Vu qu'elle n'avait rien de prévu ce soir elle accepta de suite et passa son aprèm à regarder des films à l'eau de rose qui la firent bien pleurer. Cependant elle regardait attentivement l'heure pour ne pas être en retard. Aileas s'habilla convenablement (autrement qu'en peignoir en fait) et prit dans son sac quelques Disneys pour avant le coucher, et s'il le fallait elle les prêterait. La jeune femme héla un taxi et fût arrivée chez la cliente en quelques minutes. C'est bizarre en y réfléchissant bien le nom de famille ne lui était pas inconnu, peut-être qu'elle connaissait la cliente. Mais pour le moment l'heure était à monter à pied vu que l’ascendeur était hors service. Elle soupira mais se dit que ça lui ferrait le sport de la journée, après tout elle n'avait rien fait et derrière elle venait se plaindre d'avoir des grosses fesses, c'était un peu n'importe quoi. Enfin arrivée elle sonna. Une légère agitation se fit entendre de l'autre côté de la porte mais elle s'ouvrit finalement devant un visage assez familier. « Bonjour, je suis Aileas Borthwick. » Soraya apparut et Aileas se souvint, elle en conclut. « Han, mais c'est vous la maman de Soraya, je vous avais pas reconnu à votre nom de famille. Gosh ça fait un bail ! » Elle était bien contente de revoir son ancienne élève et comptait bien passer un bon moment.

« Maman, pourquoi tu ne resterais pas à la maison ce soir ? On pourrait regarder un dessin animé et manger du pop-corn. J’te promets même qu’on changera pour une fois et qu’on ne regardera même pas Mulan. » Jusqu’alors en train de me maquiller, je lâchai mon tube de mascara pour poser les yeux sur ma petite princesse. Ses grands yeux verts me fixaient avec malice bien qu’elle eut l’air déçue que nous ne passions pas la soirée ensemble. « J’aurais adoré » répondis-je en m’agenouillant à sa hauteur. « Mais j’ai un rendez-vous important ce soir, c’est pour le travail » expliquai-je en tentant de simplifier la chose, car la situation était bien trop complexe pour être exposée à une fillette de son âge. « Tu es drôlement jolie pour aller au travail… » répliqua-t-elle en arquant un sourcil. « T’es sûre que tu n’as pas un nouvel amoureux ? J’ai bien vu comment tu regardais Monsieur Jeremiah. Tu sais, si tu veux te mettre avec lui, ça ne me dérange pas… Enfin, j’crois… J’aimais beaucoup Mathis et Malik c’est vrai, mais puisqu’ils ne sont plus là… » Je déglutis en l’entendant parler de mes ex petits-amis. Ça faisait longtemps que je n’y avais pas songé et j’avais presque oublié que ma fille s’était attachée à eux. Quant à Jeremiah, c’était de l’histoire ancienne. Bien sûr, il m’arrivait encore de penser à lui, mais j’avais fini par comprendre que ça ne servait à rien de forcer le destin. « Il ne se passe strictement rien entre Jeremiah et moi. Il m’a seulement aidé à régler quelques problèmes –et si tu veux tout savoir, petite curieuse » dis-je en lui pinçant tendrement la joue « je ne vais pas dîner avec lui… » « Alors, avec qui ? » « Avec un gros client. Comme je te l’ai dit, c’est pour le travail… D’ailleurs, si j’avais eu le choix, je serais restée à la maison ce soir… » J’aurais même fait n’importe quoi pour éviter ce dîner. En début d’après-midi, j’avais même pensé me faire porter pâle, mais Ezeckiel aurait été capable de débarquer à l’appartement pour s’assurer que je ne lui racontais pas d’histoires. Ce type était une plaie ! Il passait son temps à me faire enrager et je devais me faire violence pour ne pas lui coller une paire de baffes. D’ailleurs, si je n’avais pas eu autant besoin de ce contrat, ça ferait belle lurette que je l’aurais envoyé sur les roses. Malheureusement pour moi, Mr. Argent était un gros client et c’est en partie pour ça que je me retrouvais contrainte de camper le rôle de la petite-amie folle amoureuse de son bel écrivain. Rien que d’y penser, ça me donnait la nausée.

J’étais toujours perdue dans mes pensées quand on sonna à la porte. « Viens » dis-je en prenant ma fille dans mes bras « ce doit être ta baby-sitter. » En rejoignant l’entrée, je jetai un coup d’œil à l’horloge murale pour mieux constater que la jeune femme en question avait un peu d’avance. C’est un bon point, songeai-je en ouvrant la porte. « Bonjour, je suis Aileas Borthwick. » Quelle ne fût pas notre surprise lorsque Soraya reconnu son ancienne institutrice. « Han, mais c'est vous la maman de Soraya, je vous avais pas reconnu à votre nom de famille. Gosh ça fait un bail ! » s’exclama-t-elle, tout sourire. « C’est peu de le dire » répliquai-je en m’écartant pour la laisser entrer. « Mais je suis contente de vous revoir et plutôt rassurée qu’ils vous aient envoyé ! Je vais pouvoir sortir le cœur tranquille, je sais que ma fille est entre de bonnes mains » lâchai-je, en l’entraînant dans le salon. « J’ignorai que vous faisiez du baby-sitting… »

Il y avait énormément de types de mamans différentes au fond. C’était pour le moins ce que remarquait Aileas le peu de temps qu’elle voyait les mamans. Il y avait la basique maman poule qui embrassait tout le temps son gosse et qui vérifiait au moins trois fois qu’elle lui avait bien tout expliqué, à savoir le bain, l’heure du coucher, le régime alimentaire etc. Bien sûr les mères poules ne font que très, très rarement appel à une baby-sitter. Puis venait la maman occupée à travailler plutôt qu’à s’occuper de son rejeton, elle vous refile le gosse en disant ‘couchez le à une heure raisonnable je rentre très tard ce soir’ et puis qui partait directement à son dîner de rendez-vous. Cette femme était généralement en tailleur et avec des lunettes ou bien la déco de l’appartement faisait rêver. Et puis il devait y avoir le type de maman pas trop sur le dos de leur enfant mais qui les aime énormément et de plie en quatre pour pouvoir le voir et le satisfaire, selon Aileas c’est le meilleur type de mamans. Et Madame Ayxeres semblait faire partie de la dernière catégorie. Cela se voyait, souriante, c’était simplement pour ça. Les mères poules sont stressées, les femmes occupées à travailler regardent leur montre et les mères parfaites sont souriantes et n’hésitent pas à échanger quelques mots amicaux avec les baby-sitters. Aileas était contente en tous cas d’être tombée sur une maman comme ça parce que la plupart du temps elle s’occupait des mères au travail et cela devenait vraiment énervant de voir des femmes plus occupées par leur vie professionnelle que par la chair de leur chair. D’ailleurs la tanzanienne se demandait si elle sera comme cela plus tard, mais elle pensait que non étant donné qu’elle arrêterait le baby-sitting quand elle aura son propre enfant, mais cela ne risque pas d’arriver, du moins pas sans géniteur pour le moment. Elle désespérait vraiment.

Aileas n’habitait pas très loin de chez les Ayxeres, à dix minutes à pied disons et elle y était arrivée sans encombrement. La porte de l’entrée de l’immeuble était ouverte et elle n’avait plus eu qu’à regarder l’étage où elle habitait. Bien entendu l’ascenseur était en panne et elle dût monter les étages à pieds mais la brune se dit que ce n’était pas si mal au fond de brûler quelques calories. Elle toqua et on vint lui ouvrir, là elle reconnût Soraya, une élève qu’elle avait eu lorsqu’elle était prof en niveau scolaire assez bas, pour les petits bouts ! Aileas se présenta et expliqua qu’elle n’avait pas reconnut Soraya par son nom de famille qu’elle avait oublié, cela faisait assez longtemps tout de même. « C’est peu de le dire. » Répliqua sa mère en se poussant légèrement pour la laisser entrer dans l’appartement. « Mais je suis contente de vous revoir et plutôt rassurée qu’ils vous aient envoyé ! Je vais pouvoir sortir le cœur tranquille, je sais que ma fille est entre de bonnes mains » Aileas sourit. « Disons qu’on se connaît déjà un peu Soraya et moi en effet ! » Dit-elle en rigolant, bien entendu qu’elles se connaissaient ! Les trois demoiselles arrivèrent dans le salon. « J’ignorai que vous faisiez du baby-sitting… » La tanzanienne haussa les épaules un peu piteuse. « Je suis prof au lycée maintenant et les petits me manquent donc je fais comme je peux. » Ce n’était pas entièrement vrai car si elle faisait cela c’était aussi par frustration de ne pas avoir d’enfant donc cela la comblait légèrement plus que ce qu’elle vivait. « Passons au vif du sujet, vous rentreriez vers quelle heure ? Soraya est-elle allergique à des choses ? A-t-elle mangé ? Faut-il la baigner ? Enfin que je sache un peu quoi faire ! » S’exclama Aileas. C’était de l’interrogatoire ça, mais mieux valait être sûr avant de faire des bêtises. Elle sortit de son sac Dumbo et Volt de son sac, les deux Disney et le donna à Sora’. « Je t’ai apporté ça, au cas où tu ne les aies pas vus ! » Au cas où bien entendu.

je suis désolée du retard

« Je suis prof au lycée maintenant et les petits me manquent donc je fais comme je peux » dit-elle en réponse à ma question. Sa réplique ma laissa sans voix. Faire la classe à des maternelles relevait déjà de l’exploit. A cet âge, les petits passaient leur temps à courir dans tous les sens, ils ne tenaient pas en place. Pour avoir essayé à de maintes reprises avec ma fille, je savais comme cela pouvait être difficile d’attirer leur attention. Mais enseigner à des adolescents ? Quelle horreur ! Honnêtement, je lui tirais mon chapeau, car je n’aurais jamais pu m’embarquer dans une telle aventure. « C’est un sacré changement ! Quand on voit la manière dont ils se comportent de nos jours, je dois bien avouer que je vous admire. Personnellement, je sais que j’en serais incapable ! » Je n’aurais pas la patience, les jeunes de nos jours étaient infernales. Je n'étais pas si vieille c'est vrai, mais cela faisait un certain temps que j'avais quitté les bancs du lycée. Tout ça pour dire qu'à mon époque, nous faisions aussi des bêtises (d’ailleurs je n’étais pas la dernière) mais il y avait dans le système éducatif d’aujourd’hui de gros problèmes. Les parents avaient tendance à se ranger du côté de leurs enfants qui n’accordaient pas une once de respect à leurs enseignants. Bien souvent, des professeurs qualifiés se retrouvaient mis à pied à cause d’affabulateurs qui inventaient des histoires de la pire espèce sous prétexte qu’ils n’appréciaient pas la personne qui leur faisait cours. Non vraiment, parfois ce monde me révoltait.

« Passons au vif du sujet, vous rentreriez vers quelle heure ? Soraya est-elle allergique à des choses ? A-t-elle mangé ? Faut-il la baigner ? Enfin que je sache un peu quoi faire ! » J’esquissai un sourire, tout aussi amusée que dépassée par ce flot de questions. Son enthousiasme et son professionnalisme faisait plaisir à voir. Si quelques doutes subsistaient jusque-là, ils venaient de s’envoler. Je n’aurais pas pu rêver meilleure baby-sitter. Si mon cavalier avait été différent, j’aurais même pu profiter de ma soirée… « Je t’ai apporté ça, au cas où tu ne les aies pas vus ! » ajouta-t-elle en tendant deux DVD à ma petite princesse. Je souris en lisant les titres des films, des Disney. « Ça changera un peu de Mulan » souriai-je à l’intention de ma fille. « Vous avez très bien fait ! C’est une excellente initiative ! Ça fait des semaines que j’essaye de lui faire regarder autre chose, mais il n’y a rien à faire ! Peut-être que ça marchera avec vous » dis-je en jetant un coup d’œil à l’horloge. J’avais encore un peu de temps devant moi. « Pour répondre à vos questions… Je serais de retour au plus tard à 1 h OO du matin. A partir de 22 h OO, votre salaire sera bien évidemment majoré, horaires de nuit oblige » dis-je tout sourire. Au moins, elle ne pourrait pas dire que je l’exploitais. « Soraya est allergique aux crustacés, mais aucun des aliments présents ici n’en contient donc vous n’avez pas à vous inquiéter. Elle a déjà pris son bain, mais elle n’a pas encore mangé ! Le dîner est dans le four… Vous n’aurez qu’à en surveiller la cuisson. Inutile de préciser qu’il y a largement assez pour vous deux alors n’hésitez pas à vous servir si ça vous tente… » expliquai-je en allant jeter un coup d’œil à ma préparation. « D’ici une petite demi-heure, ça devrait être prêt ! Je compte sur vous pour la coucher avant 23 h OO. Méfiez-vous, elle sait y faire… » Je m’étais déjà faite avoir plus d’une fois par sa petite bouille d’ange. « Mais elle a rendez-vous chez le docteur demain matin, il faut qu’elle se lève tôt… D’autres questions ? » demandai-je en enfilant ma veste.

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