“Crazy Taxi !”

James & Prudence

L’agitation était bien remarquable, à l’extérieur. C’était ce que je constatais depuis un quart d’heure, derrière la vitre d’un café, en sirotant ma tasse de thé. Par simple curiosité, je regardai ma montre : évidemment. Dix-huit heures, l’heure de pointe à Manhattan ! Ça allait bientôt faire un an que j’étais à New York, autant dire que j’avais eu l’occasion de le remarquer… les grandes villes, je connaissais, mais franchement, Manhattan et même New York en général, c’était particulier. Toujours bondé… je plaignais les new-yorkais agoraphobe. Faudrait vraiment être malade pour venir s’installer dans une grande ville en redoutant la foule. Quoique, lorsqu’on détestait la saleté, ce n’était pas top non plus. Devoir toucher ce que des milliers de gens avaient touchées avant… rah, rien que d’y penser ça me donnait des frissons. Je regardai à nouveau ma montre. Dix-huit heures deux. Ah oui, c’était vrai ça… je venais de regarder l’heure à l’instant même. Je partis payer mon thé, prit mon sac et sortit appeler le taxi. Comme à chaque fin de mois je devais aller à Washington et il était strictement hors de question que je me risque à prendre ma voiture jusqu’à l’aéroport sur ces routes où seuls des fous s’y risquaient. Et puis, je n’adhérais pas du tout à la conduite à gauche. Conduire à droite était bien plus simple ! Comme la chauffeuse l’avait annoncé, trois minutes plus tard, elle et son taxi arrivèrent. Je montai rapidement à l’arrière. « Deux options s'offrent à vous : soit vous voulez perdre une heure dans les bouchons soit je prends mes raccourcis et vous ne dépenserez pas du fric à rien faire dans un taxi. », proposa-t-elle aussitôt. Oulàh… j’avais comme un mauvais pressentiment. J’allai rater mon vol… il n’y avait pas d’autre possibilité. Heureusement que j’avais réussi à trouver quelqu’un pour garder Kim… une petite de cinq ans dans les embouteillages pendant je ne savais combien de temps, j’imaginai bien que même moi je ne pourrai plus le supporter à un moment… Bon, quelle était la meilleure solution ? La seconde bien sûr. C’était évident. « Allons-y pour vos raccourcis… j’imagine que jusqu’à JFK avec le trafic j’en ai pour un bon moment avec la route “normale”. », soupirai-je. Je ne savais pas pourquoi, mais ses raccourcis, même si je ne les avais pas encore rencontrés… ils ne m’inspiraient pas confiance. Je devais être arrivé à destination pour vingt-heures, pour l’embarquement deux heures plus tard… avec deux heures réservées au trajet, j’avais sûrement une chance d’arriver à temps. Je l’espérais. Je jetai un regard au reflet de la chauffeuse dans le rétroviseur en haut du pare-choc. Sa tête non plus ne m’inspirait pas confiance… Elle avait un regard digne des malades risquant leur vie au volant sur les routes new-yorkaises, en pire. Le même regard qu’April, mon amie d’enfance totalement folle. Me voilà bien...