C’est avec surprise qu’Elvia ouvrit les yeux, mais elle n’eut pas le temps de se réjouir du retour de son mari que Gabriel faisait déjà ce qu’elle n’avait hélas pas eu la force de faire, à savoir défoncer la porte. En un rien de temps, Elvia, en compagnie de Charles-Henri, purent récupérer les deux nourrissons et autant dire qu’il fallut tout son self control à la suissesse pour éviter de craquer littéralement une fois ses filles dans ses bras. « Elles vont bien ne t’inquiètes pas… » murmura Elvia, encore secouée par ces journées à ne pas dormir, à chercher ses filles sans relâche alors qu’un salopard les lui avait tout bonnement prises. D’ailleurs, le trajet de retour jusqu’à l’appartement se fit dans le silence le plus complet, la jeune femme serrant Cassandra dans ses bras tout en surveillant Kathryn de l’œil, serrant également la main de son ours fortement dans la sienne. Charles-Henri se proposa de coucher les jumelles en compagnie de Lawrence après que les deux jeunes parents n’aient pu en profiter quelques instants et la suissesse le remercia d’un petit sourire. Mais à peine la porte de leur chambre fut-elle refermée qu’elle explosa littéralement en sanglots. Toute sa peine, sa fatigue et son inquiétude mélangée dans un même sentiment odieux qu’elle ne pouvait décemment plus contenir. « J’ai le plus grand respect pour tes parents et pour ton titre mais là, il faut que ça cesse ! Tu n’as pas une seule idée de l’enfer que j’ai pu vivre en ne sachant pas où elles étaient alors que ce malade mental avait décidé de son propre chef de nous les enlever ! Quelle sera la prochaine étape, hein ? T’obliger à aller vivre en Genovia parce que je ne serais jamais assez bien pour toi ? Nos filles sont sans défense, et elles ne méritent pas pareil traitement mais moi non plus bordel ! J’ai atteint mon seuil de tolérance. Je ne veux plus que Genovia se glisse dans le foyer que j’essaye de construire avec toi. »

D’ordinaire, Elvia se serait sûrement contenue mais là c’était impossible. Ces trois jours d’enfer avaient eu raison de son calme et de sa tendresse habituelle… et sans doute s’en voudrait-elle d’ici quelques jours d’avoir explosé de cette manière mais il venait un moment où même quelqu’un d’aussi doux qu’Elvia trouvait sa limite. La royauté jusqu’ici ne leur avait jamais apporté que de la discorde et plutôt que de se voiler la face, autant ôter toute œillère et se rendre compte de la réalité dans laquelle ils baignaient actuellement. « Je ne veux pas te couper de ta famille Gabriel, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire… » Il ne s’agissait pas de faire machine arrière, la suissesse ne le désirant en aucune manière et si elle avait voulu mettre les points sur les i, elle ne voulait pas pour autant que son mari abandonne tout ce qui lui était donné par naissance… « Tes parents ne sont sûrement pas responsable de ce gâchis et je suis terriblement désolée de m’être laissée aller de cette façon mais si tu savais à quel point je me suis inquiétée… je ne me suis pas reconnue, si tu n’avais pas frappé cet homme c’est moi qui l’aurait fait et pourtant dieu sait à quel point je suis contre la violence ! Mais nos deux princesses sont sans défense et cela me rend malade que quelqu’un ait été assez mal intentionné pour nous les dérober pour je ne sais quel prétexte fumeux de protocole. Surtout qu’en prime, il nous a gâché nos retrouvailles… je t’aime Gabriel si tu savais à quel point tu m’as manqué… »

Elvia n’avait pas compté influencer Gabriel mais s’il décidait envers et contre tout de dire adieu à la royauté alors ce n’était pas elle qui s’en plaindrait. De cette façon, il pourrait également se concentrer sur son travail premier de reporter mais aussi sur leurs deux filles, qui mine de rien avaient besoin de la présence de leur papa. La suissesse avait plutôt bien géré pendant ces trois semaines, surtout avec l’aide de Lawrence et de Charles-Henri mais ce n’était pas pareil. L’échange n’était pas du tout le même et puis Elvia avait l’impression que leur bulle avait été éclatée depuis bien trop longtemps. « Tu sais que je te soutiendrai mon ours, quoi qu’il advienne, quoi que tu décides tu pourras toujours compter sur mon amour et mon soutien… » La jeune femme serra d’autant plus fort son ours royal contre elle avant que l’atmosphère ne soit plus détendue par son rire. Oui, Elvia venait d’éclater de rire tout en s’écartant légèrement de Gabriel pour remettre en place un certain contact visuel. « Tu te moques de moi, n’est-ce pas ? Ce n’est pas gentil de se moquer de son oursonne, mon ours, surtout dans un moment pareil ! Oh dear tu ne peux pas avoir apprécié, j’avais honte à chaque fois que j’écrivais mais j’étais portée par mes titillements qui me donnaient disons… de l’imagination. Je confirme, ils ne sont pas partis ! » Elvia rougit aussitôt tout en levant les yeux au ciel, n’ayant rien oublié de tout ce qu’elle lui avait envoyé. Oh dear… il n’avait pas idée du supplice dans lequel ça l’avait mise. « Cela t’a vraiment plu ? »

« Je pense que c’est plus sage mon ours… tes parents ne sont sûrement pas au courant de tout ça et je sais qu’ils t’aiment suffisamment et te font même suffisamment confiance pour vivre ta vie. Du moins je l’espère de tout mon cœur car tu viens de les retrouver et je préfère qu’ils choisissent la voie de la sagesse… » Dans le cas contraire, Elvia connaissait suffisamment son ours pour savoir quel serait son choix. Ceci étant, elle était soulagée qu’il ait réfléchi à la question et ne cherche pas bêtement à abandonner son titre sans offrir une autre option viable à ses parents. Cela relèverait de l’injustice et Elvia ne savait que trop bien ce que cela faisait de vivre sans ses deux parents. Disons que son cas restait particulier mais il n’empêche qu’elle connaissait le manque… même si au jour d’aujourd’hui, celui-ci était parfaitement comblé par la présence de son mari entre ses bras, qui ne manqua pas de la faire rougir plus encore des suites de ses confessions. « Te soul… je n’ai pas fait exprès je le jure !! » s’expliqua-t-elle aussitôt tout en se rappelant extrêmement bien de ce sixième mail qu’elle avait écrit dans un état complètement second. « J’en étais à mon vingtième titillement et à ce niveau là, ce n’était plus seulement de l’imagination j’en ai peur… j’étais complètement à l’ouest sans quoi je crois que je n’aurais jamais pu écrire des choses pareilles ! Mais tu en as rêvé deux jours durant ? Tu me diras, tu n’étais pas mauvais non plus, car l’idée du photomaton m’a tellement poursuivie que le lendemain, en promenant les jumelles en compagnie de Lawrence, j’ai eu un titillement en passant devant un photomaton… »

Elvia ne savait pas si c’était une bonne idée de lui confier le nombre de titillements qu’elle avait bien pu avoir ne serait-ce qu’en une semaine – et pourtant ce n’était pas faute de le savoir pour avoir compté – mais en l’occurrence, pour le sixième mail, difficile de ne pas le lui avouer. Cela prouvait par a+b son état second ainsi que le fait qu’elle ait osé s’adonner à écrire ses fantasmes sans même éprouver d’hésitation. Chose doublement rare lorsque l’on connaissait sa timidité et son manque totale de confiance en ses atouts de charme. Pourtant dieu sait qu’elle en avait, puisque les hommes se retournaient souvent sur son chemin – d’après Lawrence en tout cas – mais elle n’en n’avait cure dans le sens où seul l’avis de Gabriel l’intéressait. « Oui… vingt ! Mais ce n’était pas le pire jour… et pourquoi pas le centre commercial, tu as quelque chose que tu voulais acheter ? » Le pire, c’est que même après en avoir parlé, Elvia ne pensait pas du tout que l’esprit limite pervers de son mari ait pu vouloir mettre à exécution ledit fantasme mentionné… « Je ne voulais pas te frustrer mon ours, il fallait me le dire ! J’aurais envoyé des messages ne comportant pas tant de sous-entendus… je suis terriblement désolée mon ange mais maintenant que tu es rentré je vais pouvoir m’occuper de toi ! Même si avant je pense que tu veux te prélasser en prenant ton temps… » avoua-t-elle avec un mélange de malice et de rougissement, le poussant vers la salle de bain en osant une très légère tape contre son fessier qu’elle trouvait effectivement plus musclé. La faute à ses heures de sport pour laisser échapper la frustration ? Difficile de le savoir mais en tout les cas, si elle lui laissa tout le temps du monde pour se raser, dès qu’elle entendit la douche, elle se surprit à rentrer dans la salle de bain tout en commençant à se déshabiller. D’accord, avec quelques hésitations mais tout de même…

Certes, au départ Elvia avait voulu être discrète mais cela s’était finalement révélé être un fiasco total puisque Gabriel ne manqua pas de la remarquer au bout de quelques secondes à peine. Un petit sourire tendre prit aussitôt place contre ses lèvres alors qu’elle finissait de se déshabiller, pénétrant à l’intérieur de la cabine de douche dès qu’elle y fut invitée. Cette fois-ci, la suissesse n’avait plus un énorme ventre rond de grossesse mais bien retrouvé sa silhouette gracile d’antan, bien que ses formes arrondissant légèrement sa poitrine soient encore parfaitement visibles et présentes. « J’ai pensé que ce serait encore plus efficace comme détente si j’étais présente » avoua-t-elle non sans rougir, comme à son habitude, avant de ne s’emparer de ses lèvres avec un mélange de fougue et de fragilité. Elvia savait très bien être tout et son contraire, mais en attendant, elle caressant le corps de son mari en vu de le détendre et n’hésita pas une seconde à se placer même dans son dos pour lui masser légèrement les épaules tout en couvrant sa peau nue de baisers. « Tu n’es pas insensible à mes arguments mon ours je crois » nota-t-elle avec amusement tandis que ses mains descendaient progressivement jusqu’à cette virilité qui s’était aussitôt réveillée pour elle, bien que la toucher même du bout des doigts lui provoqua aussitôt un titillement. Comme quoi, ils n’étaient jamais loin… « Oh dear, je pensais que je serais tranquille tu parles ! »

« Tu veux que je m’en aille ? » ne put s’empêcher de demander aussitôt Elvia, sans pour autant être sérieuse une seconde, juste histoire de provoquer Gabriel. Elle savait pertinemment par avance qu’il ne voudrait pas la voir partir, au même titre qu’elle n’avait aucune espèce d’envie de s’éloigner. Elle était à sa place dans cet endroit restreint, à la chaleur évidente, près de l’homme de son cœur… « Je ne suis pas une allumeuse ! Pas trop… » répliqua-t-elle avant d’éclater de rire face à l’effet « ours », contrôlant autant qu’elle le pouvait son titillement car elle non plus ne voulait pas que leur étreinte se finisse immédiatement. Elvia se sentit frissonner une fois qu’elle fut à nouveau en face de Gabriel, à sentir ses lèvres s’emparer tendrement des siennes. On ne sentait aucun empressement dans leurs retrouvailles, juste un goût de redécouvrir l’autre, doucement mais sûrement. Elle entoura aussitôt les hanches de son mari à l’aide de ses cuisses musclées non sans émettre un petit gémissement de plaisir. Tout son corps restait aussi tendu qu’une corde d’arc et d’une sensibilité particulièrement indescriptible… mais à son tour, elle s’empara délicatement de ses lèvres, n’approfondissant son baiser qu’au bout de quelques secondes, trahissant sans le vouloir cette envie de lui n’ayant de cesse de croître. « Je sais, j’ai vécu sensiblement la même chose. Heureusement que j’avais nos princesses et nos nounous, sans quoi je crois que je serais devenue folle, tout simplement… j’espère que tu n’auras pas à repartir tout de suite ! J’ai besoin de toi avec moi… »

En l’espace de quelques secondes à peine, Gabriel était parvenu au miracle d’apaiser toutes les craintes d’Elvia : il n’allait pas repartir tout de suite… la jolie suissesse ne pourrait jamais lui demander de rester purement et simplement à ses côtés sans jamais repartir mais égoïstement, elle cachait ce désir sans oser en souffler mot. A la place, elle ne manqua pas de se concentrer sur leur étreinte, nettement plus douce que d’habitude, et ce bien que ses titillements n’aient pas manqué de porter leur part de passion et de fureur comme d’ordinaire. L’absence de Gabriel et le manque se traduisaient avec force dans leur échange, Elvia butinant également ses gémissements à l’orée de ses lèvres avant qu’il ne la serre plus fortement contre lui tandis qu’ils atteignaient un paroxysme d’une force peu commune. La jolie suissesse mit un certain temps avant de ne reprendre son souffle, sans pour autant quitter la douche une seconde, ni même les bras de son mari. Elle avait bien trop besoin de sa présence pour parvenir à la chose… si bien que sans crier gare, de longues larmes se mirent à couler le long de ses joues, signalant leur présence avec un tout petit reniflement qu’elle ne put malheureusement pas dissimuler pour plus longtemps. « Je suis désolée de pleurer dans un moment pareil et crois-moi cela n’a rien à voir avec ce que nous venons de vivre mais j’ai été tellement désœuvrée en son absence que je crois que je craque, tout simplement… pardonne-moi » murmura-t-elle honteuse, sans rougir cette fois, parce qu’elle détestait la réaction qu’elle avait à ce moment précis.

Rien que le fait que Gabriel ne la berce dans ses bras en lui disait qu’il se trouvait effectivement à la maison n’avait pas de prix. C’était spécifiquement ce qu’elle avait besoin d’entendre dans l’état actuel des choses même si c’était complètement ridicule de pleurer dans un moment pareil, alors qu’ils venaient de se donner fougueusement l’un à l’autre… Elvia ne pouvait pas s’empêcher d’en avoir honte, même si elle n’en souffla mot alors qu’il la lavait, la rinçait, la séchait et l’emmitouflait dans cet immense peignoir dans lequel elle flottait très largement pour mieux la déposer sur leur lit. Il l’y avait allongée mais la suissesse s’assit rapidement, l’y attendant jusqu’à ce qu’il ne revienne avec un verre d’un cocktail maison. « Ca me fait bizarre de reboire de l’alcool, parfois j’ai l’impression d’être encore enceinte alors que j’ai repris ma taille d’avant sans vraiment de mal… ça fait comme un vide, je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. C’est drôle, surtout que Morgana m’a dit que l’on n’avait pas assez de filles pour ses fils, j’ai cru qu’elle débloquait ! Mais c’est très bon mon ours, merci de me chouchouter même si je pense que c’est définitivement sans espoir pour que l’on fasse garde robe commune toi et moi ! » Tout en buvant une autre gorgée, juste avant de ne poser le verre temporairement sur sa table de nuit, Elvia se rapprocha histoire de se hisser contre ses genoux et prendre ainsi en coupe le visage de son mari, qu’elle couvait tendrement du regard. « Tu as illuminé ma vie, Gabriel Renaldi et tu ne sais même pas à quel point… tu m’as offert une vraie famille. Tu es mon ours royal à moi et aujourd’hui, je n’ai envie de te partager avec personne… »

Face à sa question abrupte et incongrue, Elvia avait reprit aussitôt son rougissement sans même s’en rendre compte, avant que ladite question soit purement et simplement oubliée face au moment tendre et délicat qu’ils partagèrent dans leur chambre, sans être dérangés par personne, leurs deux nounous étant bien trop contents d’avoir les jumelles pour eux tous seuls. Mais cette accalmie n’était pas faite pour durer puisque le lendemain, alors que Gabriel avait été invité par la bande habituelle pour une soirée « for guys only » le tristement célèbre Sullivan Novak n’avait rien trouvé de mieux que de ressortir des articles de presse de leurs femmes respectives, démontrant ainsi Morgana lors de ses championnats avant de n’être mise en lumière en robe de soirée au bras d’un parfait inconnu, Vioryna après un concert à New York en tant de violon solo puis après en photographie tout sourire avec un autre violoniste, et enfin Elvia, dont l’article démontrait déjà plusieurs photos d’elle en tenue plus que suggestive de patineuse avant qu’elle ne soit elle aussi représentée tout sourire avec un ancien rival. Lesdites photographies dataient mais qu’importe… en attendant, il n’en demeure pas moins que la suissesse ait accepté d’être le coach du même type que l’on voyait sur les clichés, et bien qu’elle ait prévenu Gabriel qu’elle y passerait sûrement une partie de la nuit – la patinoire n’étant pas disponible le lendemain – quelle ne fut pas sa surprise en le voyant débarquer… « Gabriel ? » lança-t-elle surprise non sans patiner jusqu’à lui pour le saluer. « Je pensais que tu étais avec tes amis, il s’est passé quelque chose ? Oh je te présente James, futur champion olympique à n’en point douter ! Il est doué hein ? »

Elvia fronça légèrement les sourcils face à l’aveu de Gabriel. « Ils se battaient ? Mais pour quelles raisons, aux dernières nouvelles ils s’adoraient ! » s’étonna-t-elle tout en écarquillant son beau regard d’un bleu puissant avant que son ours unique préféré ne lui arrache une expression profondément désapprobatrice. Elle détestait lorsqu’il avait ce genre de discours froid et impitoyable, cela ne le faisait que lui remémorer la façon dont il l’avait traitée lors de leur rupture et fatalement, elle s’excusa en allemand auprès de son élève afin de mieux monter dans les gradins et s’emparer du poignet de Gabriel afin de l’éloigner pour lui parler à cœur ouvert. « Mais qu’est-ce qui te prends ? Je sais bien que tu n’aimes pas particulièrement quand il y a des hommes autour de moi mais là c’est professionnel, pourquoi faire preuve d’une telle froideur et d’une telle méchanceté gratuite ? Je ne comprends pas Gabriel je crains qu’il ne faille que tu m’expliques… » Le regard d’Elvia s’était fait interrogateur, nettement moins agréable que d’ordinaire lorsqu’elle le couvait littéralement du regard. Ne lui avait-il pas dit un jour qu’il fallait lui dire lorsqu’il déconnait ? Et bien là, il déconnait et à pleins tubes même ! « Je suppose qu’il s’est passé quelque chose à la soirée pour que tu viennes me voir spécifiquement aujourd’hui alors que tu savais que j’entrainais mon ancien rival, n’est-ce pas ? Je suggère que tu commences par cela dans l’explication afin que je n’ai pas uniquement l’impression que tu viennes m’espionner ! » D’ordinaire, Elvia comprenait la jalousie de Gabriel mais là, celle-ci s’avérait être de la méchanceté pure et simple et elle ne voulait pas cautionner, par principe, même si elle rougissait tout de même au passage.

Horrifiée. Elvia avait une expression passablement horrifiée alors que Gabriel s’enfonçait fièrement dans une espèce de jalousie qu’elle ne comprenait même pas : lui avait-elle déjà donné des raisons de se méfier d’elle ? Non, jamais. Il aurait été plutôt mal venu de sa part de le faire, du reste, pas alors qu’elle ne voyait que son ours, qu’elle ne désirait jamais que lui et que les hommes autour d’elle apparaissaient comme diablement fades à ses yeux. N’avait-il donc toujours pas compris qu’il n’y aurait jamais que lui et que personne ne formerait jamais une quelconque tentation à ses yeux ? Manifestement non, ou alors il fallait le lui rappeler mais étant donné la façon avec laquelle il s’exprimait actuellement, Elvia avait plutôt envie de le secouer plutôt que de le rassurer. « Non mais tu t’entends ? » soupira-t-elle sans aucune violence alors que son ancien rival ne les quittait pas du regard. Il faut croire que le spectacle devait être particulièrement intéressant. « Bien sûr que tu as le droit de venir me rendre visite, et ce absolument quand tu veux si c’est pour m’encourager, passer du temps avec moi ou juste faire un petit coucou… mais là, tu n’es pas venu pour m’embrasser en passant, tu essayes juste de prouver à mon élève que tu fais mieux pipi debout que lui, et ça c’est ridicule ! D’ordinaire je comprends ta jalousie parce qu’il m’arrive de ressentir la même mais là tu n’es pas uniquement méchant envers lui tu l’es envers moi aussi et j’accepte nettement moins bien la deuxième chose. Tu m’excuseras, si tu veux faire un concours et marquer ton territoire, ce sera sans moi Gabriel. » Elvia tourna les talons, informant son ancien rival qu’ils continueraient les entraînements demain et qu’il n’avait qu’à s’entraîner tout seul sur les figures trois, quatre et cinq dont ils avaient parlées ensemble. La jolie suissesse se dirigea ensuite vers les vestiaires pour récupérer son sac et ni une ni deux, elle prit un taxi pour retourner à leur appartement sans passer par la case départ et donc sans toucher vingt mille dollars. Elvia s’était enfermée dans la chambre, une bouteille de manzana pas loin, dont elle n’avait bu que deux verres mais déjà, l’effet se faisait sentir. Foutue soirée…