La conversation avec son père, bien que brève et intense, laissa Maureen dans la plus grande perplexité. A sa décharge, elle n’avait aucune envie ne serait-ce que de partager l’air de ce salopard une seconde et encore moins de passer une nouvelle soirée loin de Sheamus alors qu’ils venaient juste de se retrouver… et de remettre les choses à plat alors qu’elle avait manqué de passer l’arme à gauche. Mais s’il y avait bien quelque chose qu’elle savait au sujet de son père, c’est qu’il ne supportait pas le mot « non ». Voilà pourquoi l’irlandaise s’était relevée du lit et cherchait ses affaires à tâtons sans oser allumer la lumière pour définitivement réveiller Sheamus… et ce bien que sa phrase lui arracha un petit rire. « Je sais pas, c’est bizarre. Il hait prodigieusement les anglais d’habitude et là il m’a fait livrer une robe pour que je dîne avec ce salopard ce soir, ô joie ! Va falloir qu’on m’explique comment je vais me démerder pour cacher mes bandages et avoir un décolleté potable mais bon… t’inquiètes pas va, j’ai autant envie d’y aller que de me flanquer une balle dans le pied ! » Maureen trouvait que s’habiller tout court relevait du parcours du combattant car son corps lui donnait l’impression d’être aussi fragile que celui d’un faon tout juste né. Hélas, ce n’est pas exactement comme si elle avait le choix… « Écoute. Il n’est pas question d’épouser qui que ce soit et encore moins de coucher avec un autre cul que le tien, j’ose espérer que t’en as conscience ! Je vais juste aller à ce putain de dîner, me souvenir de nos nuits inracontables au commun des mortels et je serai de retour en deux coups de cuillère à pot… dès mon père atterrit comme ça, je lui sors que cet anglais est un connard et qu’en prime je suis enceinte, donc plus besoin de m’emmerder. » Maureen se rapprocha de Sheamus pour s’emparer furtivement de ses lèvres avant de ne lui tourner subitement le dos. « Bébé j’arrive pas à attacher mon haut… tu m’files un coup de main ? »

Sheamus venait de lui attacher son haut, c’était toujours ça de pris car s’il avait fallut qu’elle le supplie, Maureen aurait considérablement grincé des dents. Ceci étant, ce n’était pas franchement le bon moment pour lui faire une scène alors qu’elle n’avait pas plus envie que cela d’aller jouer les prédatrices en face d’un anglais dont elle n’avait cure. « Personne n’a dit que mon cul n’était pas à toi !! » maugréa-t-elle alors que son irlandais préféré s’était planté devant elle, droit comme un i, décidé à faire en sorte qu’elle ne sorte pas de ce foutu lit. « Je vais foutre un col roulé pour aller au restau… merde Shea’ pas étonnant que tu aies ce genre de réaction c’est pas comme si tu m’avais déjà invité au restau une fois dans ta vie !! Ca m’enchante pas je te signale mais c’est ça ou mon paternel va m’emmerder et chercher l’homme qui se cache derrière ma grossesse et pourtant, c’est pas franchement le moment tu m’excuseras ! » Seulement il n’avait pas tort, sa respiration était haletante alors qu’elle n’avait même pas hurlé et sa fatigue physique se lisait sur son visage. Mais Maureen voulait en finir avec ce chapitre au plus vite, n’en déplaise à son amant unique et préféré ! « J’en ai rien à secouer qu’il me drague, je ne vais même pas l’écouter juste lui dire que je suis pas intéressée, point barre final. Je vais être de retour très vite et au moins on sera débarrassés. Allez Shea s’il te plait ! Me complique pas la tâche ça me fait tout autant chier que toi, tu peux me croire… même si tu viens de m’appeler « ma femme ». »

« Ca va j’ai rien dit ! J’suis ta femme, t’es mon homme, et voilà ! » grogna Maureen car elle n’avait rien vu de choquant là dedans au contraire, cela lui faisait plaisir et si elle avait eu peur qu’il ne prenne pas leur relation au sérieux, elle était désormais persuadée de l’inverse. Mais il ne la connaissait que trop bien malheureusement, allant jusqu’à prédire ce qu’elle penserait et dirait afin de ne mieux lui couper l’herbe sous le pied. Hélas, la tueuse à gages la plus chère et la plus efficace du monde s’avérait aussi fragile qu’un faon tout juste né et aussi puissamment que cette vérité puisse l’emmerder, elle ne pouvait s’y soustraire pour autant. « Ca va j’abdique, arrête de gueuler René ! » Mais l’irlandaise n’avait pas l’intention d’y aller en col roulé pour autant, elle allait être obligée de mettre la robe on ne peut plus osée que son père lui avait prévue et autant dire qu’elle était loin de faire tache dedans. « Bordel c’est là que je vois à quel point j’me suis arrondie ! Mes seins vont juste exploser ! » grogna-t-elle en se présentant devant Sheamus tout en le plaquant contre le mur pour mieux l’embrasser avec passion. Autant désamorcer illico presto la bombe avant qu’elle ne menace d’exploser. « T’auras le droit de la déchirer à notre retour, gueule pas. » Maureen avait bon espoir que cette foutue soirée ne dure pas des plombes, mais malheureusement, c’était sans compter sur le désir profond de l’anglais de la reluquer en long, en large et en travers. Il lui baisa longuement la main avant de ne s’exprimer enfin, après un long silence que même Maureen n’avait aucune envie de briser : « Vous êtes… étourdissante Mademoiselle O’Connor. Votre père m’avait vanté votre finesse d’esprit et votre dangerosité mais il ne m’avait pas parlé de vos attributs… convaincants ! » La piquante blonde prit la main du mafieux pour la retourner douloureusement sans l’ombre d’une hésitation. « Mes attributs vont rester ma propriété et vous allez conserver un regard professionnel ou je pense que ma dangerosité va s’exprimer. Et ne soyez pas choqué, j’ai pris mon garde du corps avec moi… je ne suis ni naïve ni née de la dernière pluie. » Ils s’assirent de concert et dès lors, après que Maureen ait insisté pour que Sheamus soit placé à côté d’elle, elle n’eut de cesse de titiller junior le plus discrètement possible. « Gueule pas il est au supplice cet enfoiré » lui murmura-t-elle discrètement alors que l’anglais s’était éloigné pour parler à l’un de ses sous fifres.

« Ta mort ? Mais naaan je teste ta résistance à la torture bébé et au moins je t'ignore pas » le provoqua-t-elle tout en faisant un faux sourire à l’anglais qui leur lançait un regard de temps à autre. Maureen savait être le plus des serpents quand elle s’y mettait, voilà pourquoi elle ne cessa pas sa torture une seconde, allant jusqu’à défaire le bouton du jean de Sheamus pour mieux y glisser des doigts avides de découverte. Oh elle ne faisait que le frôler sans le titiller vraiment, déjà consciente du sort qu’elle était en train de lui faire subir alors que la soirée risquait d’être longue et pénible. Mais après tout, ne lui faisait-il pas subir la même chose ? Il ne la touchait pas, ne la frôlait même pas et donc ne risquait pas de la faire gémir en plein dîner ! « Oh dear Shea’ tu te ramollis c’est même pas du jeu ! Tu penses que je vais avoir envie de craquer en pleine assistance si tu t’éloignes sans même m’avoir touché ? Joueur des bacs à sable va… » Maureen était loin d’être aussi innocente dans ses caresses, mais le pire, c’est que cela ne se voyait absolument pas. Comme si elle l’avait fait toute sa vie ! D’ailleurs, l’anglais fut de retour et recommença à la complimenter comme jamais, sans quitter des yeux son décolleté affriolant. A sa décharge, n’importe quel homme y aurait perdu la vue, son irlandais préféré le premier, mais elle n’avait aucune envie qu’un anglais la reluque comme ça toute la soirée. « Je trouverais sûrement vos paroles plus passionnantes si vous me regardiez dans les yeux » rétorqua-t-elle brutalement et froidement. « Vous avez peut-être l’habitude de faire affaire avec des types n’ayant rien de sexy ou avec des blondasses sans cervelle mais j’ai sûrement plus de couilles que la plupart de mes hommes alors le côté poupée Barbie qui se la ferme et obéit… vous zappez illico presto. » Mais Maureen continuait gentiment de titiller Sheamus, allant jusqu’à mettre l’intégralité de sa main et la ressortir aussi sec. Elle y reviendrait, pour sûr…

« Je suis pas frustrée, t’es pas chiche c’est tout ! » grogna-t-elle en toute mauvaise foi car effectivement, Maureen était frustrée mais à la décharge de son irlandais préféré, ce n’était pas aussi aisé pour lui de la titiller que l’inverse. Surtout que l’anglais n’avait de cesse de se pencher histoire de pouvoir reluquer sa poitrine vertigineuse en pensant être discret sans l’être une seconde car à chaque fois qu’il avait le malheur de s’amuser à ce petit jeu, la piquante blonde poussait un grognement parfaitement significatif. « Arrêtez votre char je sais très bien pourquoi vous jouez les parfaits preux chevaliers sur le retour, seulement je ne suis pas intéressée. Je ne sais pas quelle connerie mon père a bien pu vous sortir mais si j’étais libre ça se saurait et puis… vous êtes trop fragile pour moi. Imaginez rien qu’une seconde que j’accepte votre deal… je vous briserais dès la première nuit et ce serait anti fun au possible. » L’anglais ne semblait pas vouloir comprendre ou même cesser de la complimenter et au fil des secondes, Maureen n’avait de cesse de se crisper. Repartir à la conquête de l’entrejambe de Sheamus parvint à la calmer car cela fixa son esprit sur quelque chose de plus attirant… elle aimait soumettre son irlandais préféré aux plus délicieuses tortures juste pour qu’il imagine la suite une fois qu’ils seraient de retour à l’appartement. « Et si j’étais déjà mariée ? Après tout mon père n’est pas au courant de l’intégralité de ma vie » lâcha-t-elle sans l’ombre d’une hésitation dans le regard, faisant de fait douter l’anglais. « Monsieur O’Malley vous qui ne me quittez que rarement, je vois souvent un homme, n’est-ce pas ? Et en prime, sans vouloir pousser encore plus le bouchon, c’est un irlandais. » Maureen prenait des risques, elle le savait, mais l’envie d’écourter cette réunion grotesque était pressante, très pressante.

Maureen était à court d’argument pour que cet abruti ne la lâche définitivement et du regard, et avec son discours assommant. Le discours de Sheamus fut parfaitement à la hauteur de ses attentes, semant très certainement le trouble dans l’esprit de l’anglais sans pour autant qu’un seul nom ne soit prononcé. D’ailleurs, ce n’était aucunement le but recherché : il fallait simplement que l’anglais ait conscience que quelqu’un d’autre avait déjà ravi le cœur de l’irlandaise et qu’il se trouvait par principe et par avance hors course. « Vous l’avez entendu, non ? Oh bien sûr, mon compagnon ne fait pas partie de la Mafia car ce serait trop simple mais je crains fort que vous ne soyez hors course par avance ! Et puis… il serait dommage que vous ne risquiez un sort funeste parce que vous n’avez pas pu contrôler ce qui se trouve entre vos jambes, non ? » Maureen ne s’attendait pas, cependant, à ce que son irlandais préféré ne prétexte le fait de discuter d’une affaire urgente pour mieux l’entraîner à l’écart. La piquante blonde joua le jeu à la perfection sans faillir, l’accompagnant raide comme la justice avant de n’être plaquée contre la porte et de ne se voir offrir un baiser des plus sulfureux. « Avoue que tu as adoré » murmura-t-elle à son oreille avant de ne la mordiller, son rythme de respiration ayant changé alors qu’elle sentait l’intégralité de son corps devenir en feu. « C’était ça ou il allait me barber pendant des heures… maintenant, il sait que le terrain n’est pas libre ! Et puis merde, au moins je t’ai mêlé à la conversation, c’est pas mon style de te laisser poireauter comme un toutou obéissant ! Tu préférais peut-être que je me la ferme, compagnon jaloux et possessif qui a déjà tué pour moins que ça ? » se moqua-t-elle sans violence avant de ne reprendre aussitôt ses lèvres avec fureur et cette passion dévorante qu’il se débrouillait toujours pour lui provoquer. « Merde O’Malley j’ai envie de toi !! »

Maureen n’allait pas se faire prier, il ne manquerait plus que ça, mais elle n’aurait pas imaginé que Sheamus aille jusqu’à déchirer littéralement sa petite culotte. Voilà qui risquait d’être inconfortable par la suite mais autant dire que cette idée fut à des années lumières dans les méandres de son esprit alors que son irlandais préféré venait de la soulever pour unir leurs deux corps manifestement en manque l’un de l’autre. « Pas besoin non, juste envie de toi alors trêve de palabres ! » grogna-t-elle tant c’était délectable que de se faire posséder, même si la position n’était pas forcément des plus pratiques, elle s’en moquait. Son désir était tellement puissant et déferlait tellement dans ses veines que le reste lui paraissait insignifiant. Il lui fallut tout son self control pour ne pas hurler de plaisir, prenant le réflexe que de s’emparer avec fureur des lèvres de Sheamus afin d’étouffer toute preuve pouvant les trahir. Techniquement parlant, ils parlaient affaire, non ? « Plus fort ! » murmura Maureen avant de ne lui mordiller l’oreille, faisant fi l’espace de quelques secondes des éventuels gémissements qu’il pourrait pousser à cette supplication. Qu’importe : ils n’avaient que quelques minutes devant eux avant que leur absence ne devienne tout bonnement suspecte et l’irlandaise, à ce constat, n’ouvrit que plus amplement ses cuisses afin de l’accueillir d’autant plus profondément. Bientôt, ce fut une explosion absolue des sens, les deux amants demeurant complètement repus de cette étreinte non pas seulement passionnée mais furieuse, et Maureen se demandant comment elle allait faire pour retrouver un rien de souffle afin d’écourter au plus vite cette entrevue sordide. « T’as pas perdu la main… »

« Te supplier de me reprendre ? D’où t’as vu que je te suppliais O’Malley ? J’en ai à peine parlé que t’étais déjà sur moi !! » reprit Maureen tout en se sachant parfaitement dans le vrai : ils n’avaient jamais grand besoin de se supplier tant ils formaient un tandem électrique, ne faisant que s’attirer sans arrêt tel un aimant. Ceci étant, son expression changea du tout au tout lorsqu’il lui dit merci, l’irlandaise comprenant immédiatement à quoi il faisait référence et la poussant donc à caresser un instant sa joue en collant son front au sien. Un instant de douceur après la violence de leur corps à corps, lui prouvant qu’il n’était pas question une seconde qu’il fasse partie du décor. Maureen ne l’avait jamais considéré comme tel et cela ne risquait pas de changer… elle s’empara de ses lèvres avec une extrême délicatesse, lui donnant ainsi la dernière des preuves silencieuses de son point de vue sur la question, avant de ne revenir en fanfare dans la salle de restaurant, parfaitement stoïque, devant le regard toujours insistant de l’anglais qui ne quittait pas ses formes généreuses. « Je ne pense pas que poursuivre cette fumisterie soit utile. Vous avez peut-être besoin d’une femme à poigne, mais moi j’ai pas besoin d’un béni oui-oui dans votre genre, que je vais tenir par la queue et qui ne me tiendra pas tête. Mon père a sûrement sniffé un truc pas net mais à moins que vous ne me donniez une excellente raison de rester… je pense que vous saurez prendre la porte ! Evitez dans la gueule, ça risquerait d’être douloureux. » Maureen ne le lâchait pas du regard à son tour, attendant le moindre geste, le moindre mot pour lui en coller une. « On se reverra sûrement, Mademoiselle O’Connor… je n’en doute pas » conclut finalement l’anglais, en toute intelligence, avant de ne se lever et de rappeler ses chiens obéissants avec lui.