J’étais complètement en retard à mon rendez-vous shopping avec Lexie, ma meilleure amie, et je le savais parfaitement. En plus, je détestais vraiment être en retard et avais donc tendance à être tout le temps en avance pour justement éviter cela, mais aujourd’hui, je n’avais vraiment pas eu le choix. Ma baby-sitter m’a appelé à la dernière minute pour me prévenir qu’elle ne pouvait pas garder Elliot aujourd’hui, parce qu’elle était malade – elle n’aurait pas pu me prévenir plus tôt ? Elle devait le savoir une heure ou deux auparavant qu’elle était malade non ? – et j’avais donc fait des pieds et des mains pour pouvoir trouver une personne pour la remplacer, Elliot étant en vacances et n’ayant donc pas école. J’avais appelé tout le monde : Daryl – mon frère de cœur – en premier, mais forcément, il n’était pas disponible à la dernière minute. Le Pasteur Douglas étant en vacances à Tahiti avec sa famille, ce n’était donc pas possible non plus. Je n’avais donc pas le choix, je devais l’amener avec moi. J’adorais passer du temps avec lui, mais il fallait tout de même avouer qu’une boutique de lingerie n’était pas le meilleur endroit où emmener un petit garçon de cinq ans ! C’est donc en quatrième vitesse que je partais, disant au revoir à Andrea, ma nouvelle petite chatte Devon Rex que j’avais adoptée il y avait deux semaines. Ayant tendance à me suivre partout où j’allais – elle était pire que mignonne ! – je faisais donc bien attention à fermer la porte d’entrée en partant, après avoir vérifié que le velux de l’étage lui permettait bien de sortir si elle en avait envie. C’était donc en courant, mon petit Elliot dans les bras, que je m’approchais de la boutique Barneys - pour les bonnes affaires liées à la fin des soldes - où j’avais rendez-vous avec ma meilleure amie. Arrivant en trombes, je regardais ma montre. Douze minutes de retard, l’horreur totale ! « Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolée pour le retard ! » m’exclamais-je dans un souffle auprès de la jeune brune, essoufflée comme j’étais.

Je me demandais si ma meilleure amie avait un petit ami. Après tout, c’était elle qui m’avait demandée de l’accompagner acheter de la lingerie, et elle n’en achetait jamais. Donc il y avait forcément quelque chose de différent, parce que je savais qu’elle n’était pas du genre à n’en acheter que pour elle. Personnellement, je n’avais pas besoin d’avoir un petit ami pour me faire plaisir en m’achetant de la jolie lingerie. Au contraire, puisque je me sentais jolie lorsque j’en portais – même si je savais que cela était complètement matériel et qu’en conséquence, j’étais un peu matérialiste. Mais bon, les vêtements étaient toujours mon point faible, même si je savais à quel point il était égoïste de ma part de m’en acheter de jolis, plutôt que de donner la majorité de l’argent que je dépensais à des associations et de m’habiller ensuite chez H&M ou autres magasins du genre. Mais bon, Barneys était vraiment mon point faible et j’avais donc décidé de faire un compromis pour pouvoir toujours acheter des beaux vêtements, tout en pouvant continuer à me regarder dans le miroir : je ne venais au magasin que lors des soldes, et même à la fin de celles-ci. Comme ça, je dépensais beaucoup moins, puisque leurs soldes étaient impressionnantes. Et je pouvais me faire un petit plaisir coupable. Le Pasteur Douglas pensait que je devrais penser plus à moi, au lieu de tout le temps me juger. Il disait que j’en faisais bien assez pour les autres, et que je n’avais pas à culpabiliser en achetant des vêtements, même si la facture s’élevait à quatre voire cinq chiffres. Mais bon, j’allais déjà débourser trente mille dollars pour mon école de cuisine et je trouvais que je me faisais donc assez plaisir comme ça. Donc les soldes étaient un bon compromis. « Oui, personne pour le garder ! » m’exclamais-je avant d’enlacer ma meilleure amie pour la saluer. « Tu sais que ma maison t’est toujours ouverte hein ? » lui demandais-je d’un grand sourire. « Et puis, tu verras, ce sera bientôt mon tour lorsque je commencerais mes cours en septembre. »

J’adorais vraiment passer du temps avec Lexie. Même si nous ne nous connaissions pas depuis si longtemps que cela, elle était vraiment devenue ma meilleure amie au fil du temps. Elle m’acceptait comme j’étais, avec mes défauts – et bon sang que j’en avais – et je pouvais être moi-même quand j’étais auprès d’elle. Bon, j’étais tout le temps moi-même, et avec tout le monde, après tout si je ne jugeais pas les autres, ce n’était pas pour qu’on me juge, et puis j’avais ma personnalité et les gens n’avaient qu’à l’accepter. Mais avec Lexie, je pouvais être moi-même tout en sachant que je ne la choquerais pas par ma façon de pensée quelque fois anarchiste, il fallait bien l’avouer. Bon, je n’étais pas non plus une vraie anarchiste, puisque mon frère de cœur était un soldat alors que j’étais clairement une anti-armée. Et les anarchistes n’aimaient tout simplement pas ceux qui faisaient parti d’un monde qu’ils détestaient, tandis que moi, je ne jugeais jamais et ne voulais que le bonheur des personnes que j’aimais, même si je n’étais pas fan de leur façon de vivre. « Non ça ne me gêne pas. Ne t’inquiète pas, il ne va pas vraiment comprendre à quoi tout ça sert. » lui répondais-je dans un rire franc. Tiens, alors comme ça elle vivait avec Kyle ? Peut-être que c’était la raison pour laquelle elle voulait des nouveaux sous-vêtements. Après tout, elle avait beau clamer haut et fort qu’il n’était que son meilleur ami, je n’y croyais pas vraiment. Peut-être voulait-elle prendre les devants et se balader en petite tenue chez elle, et faire ensuite l’innocente s’il la voyait ? J’eus un grand sourire. « T’as enfin ton propre chez toi ?! » m’exclamais-je. « Mais tu continueras à venir faire nos pyjamas parties hein ? » lui demandais-je. Bon, ce n’était pas vraiment une ‘pyjama partie’ puisque nous n’étions que toutes les deux, mais tout de même. « C’est un deal alors ! » m’exclamais-je dans mon enthousiasme habituel, tout en lui tendant ma main. « On s’appellera tous les deux jours et on se verra tous les samedis ! Par contre, tu devras te battre avec Daryl pour la place de premier fan … » la prévenais-je dans un grand sourire.

J’adorais le fait que Lexie et moi ayons en commun le fait de voir la vie du bon côté. Le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide quoi. La majorité des êtres humains étaient tout simplement pessimistes, à broyer du noir sur leurs petits problèmes, sans même penser que d’autres en avaient de bien pire. Est-ce que je me plaignais du fait que mes parents m’avaient reniée – bien que non déshéritée, nous étions Français et non américain, ce n’était donc pas possible pour eux d’enlever mon nom de leur succession – ou que je ne voyais mon frère jumeau et mon grand-père – seuls membres de ma famille qui m’aimaient encore – seulement quelques fois par an ? Non, je ne voyais tout simplement pas les choses de cette façon. Ma famille ne m’acceptait pas comme j’étais et voulait me changer, donc il était finalement préférable qu’ils m’aient rejetée. Après tout, de cette façon je pouvais rester moi-même et me trouver une nouvelle famille qui m’aimerait telle que j’étais. Je positivais donc même le fait que ma famille ne veuille plus de moi. Et puis, je m’étais bien trouvée une nouvelle famille à New York. Déjà, les Douglas qui m’avaient tout de suite accueillie et m’avaient laissée une chapelle à aménager. Ensuite Daryl, qui était maintenant mon frère de cœur. Puis Lexie, qui était devenue ma meilleure amie. De quoi pouvais-je donc me plaindre ? « Je suis vraiment heureuse pour toi ! » m’exclamais-je à l’intention de la jeune brunette. « C’est sûr que c’est beaucoup plus central maintenant. Tu t’es même rapprochée de moi en plus ! » continuais-je avec le même enthousiasme. « Et j’espère bien qu’il est impensable qu’on arrête nos soirées, manquerait plus que ça tiens ! » lui dis-je dans un rire. J’eus un nouvel éclat de rire – de mon rire franc et cristallin – tandis que j’imaginais Daryl et elle se battre pour la place de fan numéro un. Il était vrai que si l’on se baisait sur le physique, mon frère de cœur gagnerait en même pas une minute. « Allez, va pour la place de fan numéro 1 dans la catégorie crevette ! » répondais-je, toujours en riant. « Je m’en étais doutée ma belle. Tu ne peux tout de même pas te balader auprès de ton meilleur ami en chemise de nuit Kermit ! Et imagine que tu sortes de la salle de bain et tombe sur lui ! Il faut que tu sois présentable ! »

« Après, autant je peux complètement t’aider à te mettre en valeur, autant les conseils en amour, je ne suis pas la meilleure pour ça. » répondais-je dans un éclat de rire. En effet, je n’avais eu qu’une seule véritable relation avec Joseph, mon premier amour. Et cela ne s’était d’ailleurs pas très bien terminé, puisque je n’avais pas été informée sur la pilule contraceptive – merci maman, merci papa, d’avoir rendu le sexe un sujet extrêmement tabou à la maison – et même si nous utilisions des préservatifs, l’un d’eux avait dû craquer, parce que je m’étais retrouvée enceinte. Ses parents lui avaient alors interdit de me revoir – j’avais apparemment une mauvaise influence sur lui – et mes parents m’avaient claqué la porte au nez, ne voulant plus jamais me revoir – ce qui était le cas puisque je ne les avais plus revu depuis mes seize ans. J’avais fait une fausse couche, malheureusement, mais je n’aurais de toute façon pas été prête à m’en occuper à cette époque. Cela avait été différent avec Elliot, puisqu’il ne s’agissait alors pas de moi, que j’étais déjà plus âgée, et surtout que ses parents avaient été des amis à moi, et que je n’avais pas voulu trahir la confiance qu’ils m’avaient accordée en me nommant marraine et en demandant à ce que j’en ai la garde si quelque chose leur arrivait. « Mais non, tu n’es pas une mauvaise personne ! » m’écriais-je, horrifiée que ma meilleure amie puisse penser ça. « Tu es amoureuse et tu veux être avec la personne que tu aimes. En quoi cela ferait-il de toi une mauvaise personne ? Juste, fais en sorte qu’il rompe avec sa petite amie avant d’entreprendre quoique ce soit avec toi. » continuais-je, dans un sourire. En effet, personne ne méritait d’être trompé, même la concurrente de ma meilleure amie. J’étais vraiment anti-infidélité, car c’était probablement ce qu’il y avait de pire qui puisse arriver à une personne amoureuse de la part de la personne qu’elle aimait. « Mais ne t’inquiète pas, avec les vêtements et sous-vêtements qu’on va te trouver aujourd’hui, il n’aura d’yeux plus que pour toi. »

« Oh non je ne vais pas avoir de mal ! Je vais mettre toute ma hargne au travail pour qu’enfin tu puisses réaliser à quel point tu es jolie ! C’est pour ça que je te propose qu’on aille ensuite regarder ce qu’ils ont comme vêtements, pour te faire un relooking total ! T’en penses quoi ? » lui demandais-je, très enthousiaste. Mon enthousiasme était déjà légendaire, mais si en plus cela concernait le shopping, je n’allais plus me tenir. J’étais prête à lui payer une nouvelle garde-robe juste pour le plaisir de la voir se rendre compte qu’elle était en fait magnifique. Et puis, j’étais une vraie passionnée de vêtements, et je savais donc que ceux-ci faisaient tout et que c’était nos choix de tenues qui faisaient que l’on pouvait se sentir bien dans notre corps ou non. D’ailleurs, la thérapie par le shopping avait été prouvée non ? C’était bien pour une raison. Je savais parfaitement que ce n’était pas raisonnable de dépenser autant pour des choses qui pouvaient paraître futiles – et qui pouvaient l’être quelques fois d’ailleurs – mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Même si je culpabilisais toujours une fois sortie du magasin, une dizaine de sacs à la main. « De toute façon, au final, ce sera son choix. Et s’il te choisit, ce qui sera le cas, tu peux me croire, c’est que ça n’aurait pas fonctionné avec sa petite amie et qu’ils auraient fini par rompre. Tu ne fais qu’accélérer les choses finalement … » répondais-je, d’un petit sourire. Bon, il était vrai que si j’étais dans le cas de cette Willow, je n’aimerais vraiment pas qu’une fille tente de séduire mon petit ami. J’étais même d’ailleurs anti-briseuse de couple à la base. Mais bon, il s’agissait de ma meilleure amie, et je ne voulais que le meilleur pour elle. Je ne voulais que son bonheur, et si l’aider à briser un couple y parviendrait, alors je contribuerais, puis culpabiliserais ensuite en me regardant dans le miroir. Mais ma meilleure amie était plus importante que ma culpabilité non ? « J’en pense que tu vas reposer ça tout de suite et que tu vas me laisser choisir pour toi ! » lui dis-je dans un rire franc, en voyant ce qu’elle avait osé me montrer.

« AAAAHHHHH ! » Je sautillais de joie en tapant dans mes mains, totalement emballée par l’idée de la relooker entièrement. Je continuais de pousser des petits cris enthousiastes, imaginant déjà la faire entrer dans les cabines d’essayages avec un tas de peut-être futurs vêtements. Depuis le temps que j’attendais cela ! Je notais dans un coin de ma tête qu’il faudrait également que l’on fasse un tour chez le coiffeur, qui devrait, lui, nous aider pour ses cheveux. Comme nous étions dans le rayon lingerie, je décidais de commencer par m’atteler à cette partie, puis nous continuerons pour les tenues plus tard dans l’après-midi. J’eus un petit sourire tandis qu’elle me disait qu’elle ne voulait pas de choses extravagantes. « Promis ! On va juste te prendre des choses te mettant en valeur, mais tu me connais, ce ne sera rien de vulgaire ou du genre hein ! »  lui répondais-je dans un grand sourire. J’espérais, qu’enfin, elle arriverait à se trouver belle. Parce qu’elle l’était vraiment, et cela me désolait qu’elle ne se voit pas de cette façon. « Bah oui, ce sera son choix à lui au final, et s’il te choisit, tu n’auras pas à culpabiliser, vraiment. »  tentais-je de la rassurer. Surtout que je le pensais. Bien sûr, je n’aimais pas spécialement que l’on chercher à briser un couple, mais là, ce n’était pas ce dont on parlait, mais du choix qu’il ferait à la fin et je pensais donc vraiment qu’elle n’aurait aucune raison de se reprocher quoique ce soit s’il finissait par la choisir, bien au contraire. « Et vraiment, je pense que tu le saurais si tu n’étais pas vraiment amoureuse. C’est le genre de choses que l’on sait. »  continuais-je, tout en prenant quelques ensembles de lingeries avant de les mettre dans un panier. « Essaye de faire le vide dans ton esprit, et ton cœur te guidera. »  lui conseillais-je à propos de son dilemme entre Kyle et Tristan. « Parce qu’il ne faut pas que tu ailles vers Tristan juste parce que tu sais que tu lui plais et que tu as peur que ce soit ta seule chance. Parce que je te connais, tu te dénigre tellement que tu ne vois pas réellement ce que tu vaux. »  terminais-je avant d’éclater de rire tandis qu’elle me suppliait presque de ne pas lui choisir de strings. Je lui tendais ce que j’avais déjà mis de côté dans le panier, en lui disant. « Tu vois, des boxers et même des culottes, mais aucun string ! »

J’éclatais de rire à l’expression de ma meilleure amie. « Mais non, mais c’est juste que je rêve de te relooker depuis si longtemps maintenant ! » m’exclamais-je dans un grand sourire. « Je veux juste que tu te vois comme tu es réellement, et ce n’est pas possible si tu es habillée et coiffée ainsi … » continuais-je, tout en faisant le tour du rayon lingerie et en entassant des ensembles dans le panier. C’était tout de même dommage qu’ils ne proposent pas de caddies, on en aurait bien eu besoin. « Et d’accord pour les cheveux. Ne t’inquiètes pas, le coiffeur te trouvera une bonne coupe qui correspondra à tes désirs ! » Bon, il était vrai que j’étais persuadée que les cheveux à l’épaule lui iraient très bien, surtout si elle avait une permanente avec. Mais je comprenais parfaitement qu’il fallait y aller petits pas par petits pas, et qu’accepter un relooking était déjà une grande avancée et il ne fallait donc pas pousser non plus. Si elle voulait garder ses cheveux longs, je pouvais tout de même faire une concession non ? Je l’enlaçais rapidement, comme pour répondre à sa bise et lui dire que tout se passerait bien. « Peut-être que tu devrais avoir une conversation honnête avec ce Tristan non ? Surtout que peut-être que vous n’attendez pas du tout la même chose d’un couple. Et puis, s’il est un séducteur, comme tu le dis, est-ce que tu accepterais d’avoir comme petit ami un homme qui drague les autres femmes ? » lui demandais-je, très sérieuse, essayant de lui faire se poser les bonnes questions, même si je n’étais absolument pas une pro des relations amoureuses. Un grand rire franc s’échappa de ma bouche, tandis qu’elle me demandait si j’avais déjà songé à devenir styliste. « Non, j’aime acheter des vêtements, et faire plaisir. Donc cette après-midi avec toi est parfaite, mais tu sais bien que ma vraie passion est la cuisine ! » terminais-je dans un éclat de rire, avant de l’apercevoir déposer un ensemble très osé dans le panier. Je lui lançai un petit regard amusé, tandis qu’elle tentait de s’expliquer, sans pour autant répondre.

Je tentais de lui faire un petit sourire rassurant, avant de lui répondre. « Ne t’inquiète pas, je connais un très bon coiffeur qui fait de véritable merveilles. Et surtout, il écoute ce qu’on veut faire et n’en fait pas qu’à sa tête. Il te trouvera donc juste une coiffure facile à entretenir, qui te mettra plus en valeur que celle que tu as actuellement. » Cette journée allait me coûter bien cher, je le savais, mais ce n’était pas comme si je pouvais imposer à ma meilleure amie de payer le relooking et le coiffeur – surtout que je choisissais tout de même des services luxueux – alors que c’était mon idée et que c’était limite si j’avais laissé le choix à ma meilleure amie – ou voire même tout simplement demandé son avis. Donc bien sûr, en rentrant à la maison, je culpabiliserais énormément d’avoir tant dépensé tandis qu’il y avait des personnes qui n’arrivaient même pas à payer pour s’acheter à manger – voire même à se loger. Donc forcément, dépenser des fortunes colossales pour quelque chose qui était finalement futile – j’étais une acheteuse assez compulsive, il fallait bien l’avouer, mais ce n’était pas une raison pour me faire perdre la tête et les neurones qui allaient avec, j’étais donc parfaitement capable de savoir que c’était assez futile, même si cela changerait probablement la vie de ma meilleure amie. « Justement, il faut que tu mettes les choses à plat avec lui, que tu aies une conversation sérieuse, pour voir si quelque chose peut se passer. Et puis, des fois, les différences dans un couple, c’est bien non ? Mais voilà, faut que tu parles sérieusement avec lui quoi … »  tentais-je de la conseiller – même si je n’étais vraiment pas une spécialiste dans ce sujet. « Et oui, écris un livre, ça peut être super intéressant ! »  lui dis-je dans un éclat de rire. « Merci ! Et j’adore te cuisiner des bons petits plats aussi. »  terminais-je dans un sourire. « C’est quoi ça ? » entendais-je Elliot demander, un porte-jarretelle à la main. Un petit rougissement apparu sur mes joues. « Heu, c’est un sous-vêtement … » tentais-je doucement, sentant mes joues chauffer. « Et ça sert à quoi ? » demanda-t-il de nouveau. Il était dans sa phase de curieux, à vouloir comprendre les choses. « Ça sert à tenir les bas, pour qu’ils ne tombent pas. »  continuais-je. « Je peux en avoir un ? Mes chaussettes elles tombent tout le temps ! » s’enthousiasma-t-il. J’inspirais et expirais lentement, tentant de calmer mes nerfs. « C’est pour les femmes adultes … »  répondais-je, tentant de clore la situation.

Je pris un air offusqué. « Ah non, c’est hors de question que tu payes ! » m’écriais-je. « C’est limite si je ne te force pas à le faire, je ne vais quand même pas te laisser payer non ! » Cela me semblait d’ailleurs impossible. Je l’avais mise dans cette situation, j’en assumais donc les responsabilités, il ne fallait pas exagérer non plus. Bon, bien sûr, si elle payait, je n’aurais pas à culpabiliser en rentrant à la maison, et ce ne serait donc pas mes affaires qu’elle ait dépensé autant pour des choses plutôt futiles comme les vêtements. Mais je ne pouvais tout de même pas la laisser payer pour apaiser ma conscience tout de même ! Et puis, même si je savais qu’elle n’était pas à plaindre, ce n’était pas comme si elle pouvait se payer une nouvelle garde de robe complète, simplement avec ses économies – surtout chez Barneys, même en période de grandes soldes. « Tu fais comme tu veux. » dis-je en haussant les épaules, à propos de Tristan. « Je pense quand même qu’une bonne discussion ne peut pas faire de mal, et qu’au moins tu serais fixée comme ça, et tu n’aurais plus aucune hésitation sur tes sentiments pour Kyle. » continuais-je, avant de regarder celui que je considérais à présent comme mon fils, qui avait décidé d’en remettre une couche. « Mais c’est pas juste ! Pourquoi c’est que pour les filles qui sont grandes ?! » demanda-t-il, très sérieusement. Vraiment, que pouvais-je bien répondre à cela ? Surtout qu’il n’avait pas l’air d’abdiquer en plus ! « Parce que c’est comme ça … » Je détestais ces réponses évasives, mais je n’avais pas vraiment le choix pour le coup. J’éclatais de rire au commentaire de ma meilleure amie. « En effet, je ne pense pas qu’il compte arrêter. » répondais-je doucement, tout en donnant une rapide caresse sur la tête d’Elliot. « Statu quo … » m’exprimais-je à propos de mes amours.

J’éclatais de rire, tout en lui rendant son étreinte. « Je sais, je sais … Mais t’es pas mal non plus tu sais … » la taquinais-je dans un sourire, tout en resserrant mon étreinte et de lui faire à mon tour un baiser sonore sur sa joue. « Tu sais que dès que je peux aider, je suis là ! » commençais-je avant de prendre une pause. « Surtout s’il s’agit de vêtements ! » terminais-je dans un rire, avant d’être de nouveau gênée par les paroles d’Elliot. Vraiment, où pouvait-il bien chercher tout cela ? Que pouvais-je bien lui répondre ? Un soupir de soulagement m’échappa en entendant ma meilleure amie répondre à ma place. Je ne savais pas si ça le satisferait, mais cela me ferait toujours une réponse en moins à trouver. Elliot était dans sa période de grande curiosité. Il posait des questions toutes les cinq minutes et n’était que rarement satisfait de mes réponses, il fallait bien l’avouer. Dire que je n’avais pas été préparée était un euphémisme. « Oui mais je suis pas grand pour le moment ! Donc je veux pas que les filles soient grandes ! » Et c’était reparti. Au moins, ce n’était pas une question, je n’avais donc pas à répondre. Je déposais un rapide baiser sur ses cheveux, avant de répondre à ma meilleure amie. « Je sais pas … » lui dis-je, avant de reprendre. « En même temps, tu me connais, je suis exigeante aussi … Et puis, on dirait pas comme ça, mais je suis bourrée de défauts ! » terminais-je dans un rire, avant de regarder les sous-vêtements que nous avions mis de côté pour elle. Oui, c’était probablement suffisant. « Oui, je pense qu’on peut passer aux tenues vestimentaires maintenant … »

J’éclatais de rire en entendant ce que ma meilleure amie disait à mon fils adoptif. Et au moins, ça lui avait cloué le bec – ce qui était, en ce moment en tout cas, assez rare pour être signalé – et le petit blondinet ne savait pas quoi rajouter. Parler de mes amours inexistants – donc de rien au final – ne m’avait étrangement pas donné le blues. Oui, je n’avais pas eu de relations sérieuses depuis Joseph, soit donc depuis que mes seize ans. Mais pour autant, je ne recherchais pas non plus abondamment une relation. Après, il valait mieux être seule que mal accompagnée non ? Certains pourraient croire que cette phrase toute faite n’était dite que par des célibataires qui tentaient de se rassurer, mais pourtant, j’y croyais dur comme fer. Pourquoi me casser la tête à tenter de chercher un petit ami qui pourrait ne pas avoir les mêmes valeurs que moi ? Parce que même si j’acceptais chez mes amis qu’ils fassent des choses qui ne rentraient pas dans mes valeurs – mon frère de cœur était militaire après tout – je ne savais pas si je pourrais l’accepter chez la personne avec qui je construirais ma vie – parce qu’après tout, comment construire une vie à deux si les bases ne sont pas les mêmes ? « Je pense exactement la même chose que toi. L’amour ne se décide pas … ne se commande pas. Je ne pense pas qu’on puisse choisir de qui on tombe amoureux … Même si ce serait bien plus facile, faut bien l’avouer ! » lui dis-je dans rire. Après tout, je pourrais ainsi choisir de tomber amoureuse d’une personne aidant les autres et ayant exactement les mêmes valeurs que moi. Mais je ne pensais pas que l’amour était ainsi. Nous nous dirigeâmes vers la partie appropriée du magasin, où toutes sortes de tenues étaient proposées. « Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne va pas manquer de choix ! »

Je pris une petite pause, le temps de réfléchir, avant de lui répondre. « Oui, c’est sûr que ça doit être ennuyeux d’être avec une personne en tout point comme nous. Mais en même temps, je pense qu’il faut qu’il y ait des points en commun tu vois. Ou en tout cas des bases similaires, et pas totalement différentes. Parce que je ne sais pas pour toi, mais personnellement, je ne me vois pas du tout avec un religieux actif, militaire, raciste, égocentrique et snobinard ! Donc bon, voilà, différent mais pas trop. En fait, le bon terme c’est plus : complémentaire, je pense. Voilà, faut qu’on soit complémentaires, qu’on ait des bases en commun, et non qu’on soit totalement différent je pense. » m’exclamais-je dans un sourire, tout en me dirigeant vers le rayon – ou plutôt l’étage complet – des vêtements féminins. Que de choix ! J’adorais vraiment ce magasin, le choix était juste immense. Mais bon, même si je partirais probablement avec un petit ensemble pour moi aussi, je n’étais pas là pour moi mais pour faire en sorte que tout le monde puisse voir ma meilleure amie telle qu’elle était réellement. Surtout ce Tristan, puisqu’apparemment, c’était du jeune homme auquel cette dernière avait semblé pensé pendant son pitch. Un éclat de rire m’échappa après l’avoir écoutée. Je commençais déjà à me mettre au travail et à sortir quelques tenues qui, je le pensais en tout cas, lui irait très bien, tout en lui répondant. « Ne t’en fais pas pour ça, je suis ravie de laisser mon sens de la mode te guider ! »