Le temps pouvait être un ami ou ennemi et dans mon cas, je crois qu’il avait tout simplement l’intention de me faire chier. Voilà quinze jours que je n’avais pas touché à la moindre drogue et mon humeur était pour le moins belliqueuse à tendance dépressive. Je me sentais aussi bien dans ma peau qu’après avoir macéré durant plus d’une semaine dans les mêmes fringues sans prendre une seule douche. En gros, je me détestais, je me sentais aussi désirable qu’une chaussette sale et William Slayers me manquait. A force, j’avais fini par comprendre mes sentiments pour lui : je l’aimais et ce crétin me manquait atrocement. Alors, je m’étais armée de patience, prenant mes responsabilités au Dream avec dévotion car je lui devais bien ça et puis, peut-être que cela lui ferait plaisir de retrouver un établissement qui avait continué de prospérer. Je peux même dire que je m’étais tuée à la tâche pour réussir à garder la barre bien droite car je n’avais aucun diplôme et il s’agissait de ma première expérience professionnelle mais j’avais travaillé dur. Au final, j’avais quand même du ravaler ma fierté pour demander des conseils au meilleur ami de mon frère mais ça valait le coup. Après tout, ne m’étais-je pas donné comme idée de séduire mon patron à son retour. Oui, j’étais amoureuse de lui mais je voulais croire en nous. William avait été gentil avec moi, il avait même été à me payer pour simplement passer la soirée avec moi, cela devait sûrement signifier quelque chose non ?! Pour la première fois de ma vie, je voulais croire au bonheur, à cette chose qui m’échappait continuellement. Ma chance allait tourner non ? La réponse ne tarda pas à fuser et cela me fit mal, très mal. Dans un premier temps, je crois que ce fut mon regard qui exprima toute ma stupeur, ma déception, ma tristesse pour finir par ma colère. Quelle idiote avais-je été de croire que je pourrais être heureuse surtout avec un coureur de jupon pareil. William Slayers ne changerait jamais et surtout pas pour une femme dans mon genre. Quelle conne, le bonheur n’avait jamais été et ne serait jamais quelque chose pour moi, il était temps que je me carre cette information dans le crâne. « Monsieur Slayers » le saluais-je froidement après avoir replacé mon masque impassible sur mon visage. « Je vois que vous avez profité de vos vacances pour ramener du travail… J’ignorais que vous vouliez parfaire votre espagnol mais je présume que les cours de langue doivent vous paraitre moins pénibles et à la portée de votre cerveau » assenais-je avant de lui coller les dossiers que je tenais dans mes bras. « Lorsque votre gre..petite-amie et vous aurez fini de baptiser votre bureau, nous pourrions peut-être songer au travail si jamais cela vous intéresse toujours et que vos deux neurones restants répondent présent »

Cela faisait mal et pourtant, qu’aurais-je pu attendre d’autre de sa part ? Il avait eu ce qu’il voulait de moi et point final. Le mystère était résolu, j’allais à nouveau apparaitre dans son carnet mais peut-être que cette fois-ci, il se souviendrait de moi dans six mois. Je fermais les yeux alors que j’entendais le bruit de la serrure, essayant de ravaler ma colère en même temps que mes larmes de tristesse. Il était hors de question que je pleure pour un connard pareil. Il était juste un client rien de plus et moi, je n’étais juste qu’une pute à ses yeux. Une pute dont il s’était offert le luxe de la rendre amoureuse. Le grand Slayers avait encore visiblement gagné et cela me tuait sur place. Pourquoi n’avais-je tout simplement pas écouté ma tête au lieu de mon cœur ! Ce dernier serait peut-être encore fissuré mais pas brisé. Or, il était littéralement en miette tandis que je regagnais mon bureau avec toute la fierté dont j’étais capable. Durant les dix minutes qui suivirent, je restais hagarde, perdue dans ma douleur et ma colère avant que ma fierté ne me relève. J’étais une Novak et on ne virait pas une Novak sans en payer le prix fort. S’il pensait que j’allais être du genre à me laisser faire, il pouvait se foutre le doigt dans l’œil et jusqu’au coude. D’après mon frère, j’étais la pire chieuse de l’univers ? Et bien William allait l’apprendre à ses dépens. J’ôtais ma veste, déboutonné les deux premiers boutons de mon chemisier avant d’enlever l’épingle retenant mon chignon pour que mes cheveux cascades à nouveau sur mon dos. Il allait voir ce qu’il venait de perdre ! Il allait s’en mordre les doigts.

Déterminée, je retournais à la porte de son bureau pour frapper quelques coups. « Excusez-moi de vous déranger en plein travaux pratiques monsieur Slayers mais j’ai mademoiselle Kerrigan au téléphone et elle dit que c’est extrêmement urgent » mentis-je attendant que la porte s’ouvre pour m’y engouffrer. « D’une ! Vous.. Dehors ! » Décrétais-je en attrapant la mexicaine pour le virer manu militari du bureau, refermant la porte à nouveau à clé pour que nous soyons tranquille. « De deux… » Commençais-je avant de le chopper par la chemise et le plaquer contre le mur. « De deux, j’apprécie moyennement quand on joue au con avec moi ! Je peux savoir ce qui te prend ? Peut-être que tes greluches précédentes appréciaient de se faire jeter comme une merde mais moi pas » lâchais-je froidement en le fusillant du regard. « Je vais éclairer ta lanterne Slayers car j’ai pitié de toi mais je pensais naïvement que nous étions plus ou moins dans une relation toi et moi mais apparemment je me suis trompée puisque je te retrouve à roucouler avec une greluche mexicaine ! J’en ai castré pour moins que ça ! En tous les cas, considère que si relation nous avions, elle n’existe plus »

Je me sentais comme la pire des connes à avoir cru en mes rêves. William Slayers n’était pas pour moi et ne le serait jamais et croire qu’il aurait pu être intéressé par une relation avec moi relevait du fantasme voire de la connerie à l’état pure. « […] Tu es en train de me traiter de coureur de jupon mais c’est pas moi qui couche avec la moitié de New-York pour de l’argent !» La gifle partit d’elle-même sans que je ne puisse la retenir. Il n’avait pas le droit de dire cela, il ne savait pas le moins du monde pourquoi je faisais ça, à quel point je me sentais mal à chaque fois. Il ignorait tout de mon dégout des hommes sinon il aurait compris que j’étais différente avec lui, qu’il comptait pour moi. Mes yeux se remplirent de larmes contenues car je me refusais à céder à cette envie de pleurer, de crier qu’il m’avait fait plus de mal que quiconque. Pourquoi fallait-il que je prenne en compte son opinion ? Pourquoi fallait-il que je l’aime ?! Et pourquoi fallait-il qu’il ait raison. C’est vrai, je n’avais fait que le diaboliser, de le repousser alors qu’il avait fait en sorte de se rapprocher de moi. « Je t’ai embrassé » me défendis-je mollement avant de lui tourner le dos pour mieux verser quelques larmes que j’effaçais d’un geste rageur. « Tu m’as oublié… » Commençais-je « Ce n’était pas la première qu’on couchait ensemble. Il y a quelques années, on s’est rencontré en boite et comment dire, on a couché ensemble sauf que lorsque je t’ai vu à l’entretien, j’ai bien compris que tu m’avais complétement zappé de ton existence » avouais-je « Et mon prénom c’est Azkadeliah, ce n’est pas dur à retenir » grognais-je avant de me retourner vers lui. « Je suis amoureuse de toi et je te déteste de me faire éprouver ça car je hais les hommes. Oui, je sais pour une pute qui écarte les cuisses, c’est assez difficile à admettre mais tu ne sais rien de moi. Tu ne sais pas pourquoi je fais ça ni même le dégout que je ressens à chaque fois que cela se termine. Tu es le seul avec qui j’ai éprouvé du plaisir et c’est pour ça que je suis partie. Je ne voulais pas tomber amoureuse de toi car je n’ai pas envie d’être une de plus sur ton tableau de chasse ! » Avouais-je, lasse de me dévoiler mais peut-être était-il temps qu’il sache réellement qui j’étais. « Quand j’avais seize ans, j’ai subi un viol en réunion durant plusieurs heures quatre hommes se sont joyeusement envoyés en l’air avec moi, je m’en suis jamais relevé. J’avais peur des hommes et ils me dégoutaient mais il y a deux ans, j’ai eu un accident de voiture et mon frère qui était avec moi a atterri dans un fauteuil roulant. Ma mère a cru bon de penser que payer les frais d’hôpitaux serait une bonne manière de faire amende honorable mais je n’avais ni diplôme ni argent. Alors j’ai emprunté une importante somme d’argent à l’homme qui est aujourd’hui mon mac. Voilà pourquoi j’écarte les cuisses pour certains clients quand ils mettent un peu plus d’argent mais sinon mon boulot est de jouer les potiches pas d’être une pute »

Qu’est-ce qu’il me prenait de me confier ainsi ?! Cela ne me ressemblait guère mais c’était comme si quelqu’un avait ouvert la vanne et que je ne pouvais plus m’arrêter, déballant mes sentiments mais aussi mon passé. Que quelqu’un me fasse taire sinon j’allais finir par me jeter par la fenêtre dans l’unique but de couper cours à cette diatribe des plus humiliantes. Le pire, c’est que je me sentais à la fois bien et malheureuse. Bien, car ça me soulageait de vider mon sac une bonne fois pour toute et malheureuse car la réaction de William ne fut pas celle que j’escomptais. Seulement, avais-je réellement conscience de ce que je voulais ? Je n’avais jamais eu de relation sérieuse avec un homme voir jamais eu de relations sérieuses mis à part avec Kelly. Elle était la seule avec qui j’étais resté plus d’un mois mais j’avais fini par tout gâcher. De ce fait, je n’étais même pas sûre de désirer approfondir mes rapports avec William mais je savais que je l’aimais. Or, je ne voulais pas aimer. Aimer c’était donner du pouvoir à l’autre sur vous et je ne voulais pas être dominée. Impensable ! je savais qu’il tentait de me parler mais j’étais incapable de m’arrêter de parler et lorsque ce fut terminé, je soupirais en me prenant la tête dans mes mains. Quelle conne ! J’avais envie d’aller me terre dans le trou d’une souris. «  Viens là » me dit-il en ouvrant les bras. Je le regardais méfiante, ne comprenant pas le moins du monde ce qu’il attendait de moi avant de lever les yeux au ciel.   «  Oui je sais tu déteste les hommes mais moi je déteste les câlins et j’ferme ma gueule donc... chacun ses soucis hein. » ajouta-t-il et je murmurais un « crétin » avant de venir me blottir dans ses bras, entourant sa taille de mes bras et pressant mon visage contre son torse. Je ne voulais pas l’avouer mais j’avais toujours aimé les câlins et à part mon frère, peu de personnes pouvaient se targuer que je me sois montrée ouvertement câline avec elles.   «  Az ?  Te vexe pas mais... j’suis pas fait pour être en couple tu sais. Toi tu déteste les hommes et moi j’foire toute les relations qu’j’ai. Tu nous imagine tous les deux ? Ça ne va jamais marché. Non ? » Me demanda-t-il et je me reculais légèrement. « Je ne te demande pas de sortir avec moi… Je crois qu’il est même préférable qu’on ne mélange pas vie privée et vie professionnelle. Je te demande juste de ne pas jouer avec moi et de pas me prendre pour une conne William » avouais-je sans pudeur avant de me détacher de ses bras. « Je ne suis pas faite non plus pour la vie de couple surtout avec mes activités extra-professionnelles mais… » M’interrompis-je avant de secouer la tête et de réajuster ma tenue. « Mais je saurais me montrer compétente dans mon travail monsieur Slayers et vous n’aurez pas à vous plaindre de la qualité de mon travail » terminais-je en reprenant le vouvoiement et une attitude bien plus distante bien que je lui accordais un sourire. Un léger sourire pour dire que je ne lui en voulais pas et que je comprenais bien que cela faisait mal de ne pas avoir de retour sur mes sentiments seulement, c’était mieux comme ça. Le jour où un homme m’aimerait réellement et où je pourrais être heureuse, les poules auraient des dents et marcheraient en Nike. Pour l’heure, je devais savoir où était ma place et m’y tenir. « Pouvons-nous parler travail ? »

Il n’était pas évident de tirer un trait sur ses sentiments ni même de revenir à des relations professionnelles alors que je venais de me livrer comme jamais mais j’arrivais à donner le change. Bravement ! Je n’étais pas la reine pour camoufler mes sentiments derrière un visage impassible ? Une Novak ne se laisse jamais abattre très longtemps et même si j’avais essayé de recoller les morceaux de ma dignité envolée, j’en restais pas moins une femme forte. William Slayers ne voulait pas de moi et bien soit, seulement, il ne savait pas du tout ce qu’il perdait. « Azkadéliah ? » m’appela-t-il alors que je m’apprêtais à quitter le bureau après avoir longuement parlé de travail ainsi que de la situation du Dream. Je savais que j’avais fait du bon boulot durant son absence et d’une certaine façon, j’étais fière de moi car je m’étais prouvé que je pouvais me débrouiller toute seule sans qu’on ait besoin de me tenir par la main et ça, ça n’avait pas de prix. En quelque sorte, sans même le savoir William m’avait aidé à reprendre confiance en moi –même si sur le plan intime, il m’avait mis le plus gros vent de l’univers ; « Oui ? » lui demandais-je en me retournant vers lui pour savoir ce qu’il désirait. « Moi aussi je suis amoureux d’toi... » Lâcha-t-il et je restais complétement figée sur place. Pourquoi me dire une telle chose après m’avoir dit que cela ne collerait jamais entre nous et qu’il n’était pas au programme de sortir ensemble. Je ne savais pas si je devais être émue ou en colère face à cette déclaration mais une chose était certaine, elle ne me laissait pas de glace. En soupirant, je refermais la porte du bureau, veillant bien à enclencher la clé pour qu’on ne nous dérange pas le moins du monde. Puis, sans un mot, je me dirigeais vers lui d’une démarche sensuelle comme à mon habitude pour mieux m’asseoir sur son bureau, face à lui, les jambes croisées. « J’hésite entre te taper et t’embrasser mais je vais prendre l’option intermédiaire » soupirais-je « Si je comprends bien, tu es amoureux de moi mais tu ne veux pas de moi ni même former un couple avec moi ? » résumais-je la situation avant de froncer les sourcils « Dans le genre compliqué, tu te poses en champion du monde et je ne suis pas d’une patience d’ange. Tu as décrété que cela ne fonctionnerait pas entre nous mais je partais du principe que tu ne voulais pas te coltiner une personne ayant des sentiments pour toi et dont tu ne pourrais jamais les rendre ! Bordel Slayers, tu as décidé de me rendre chèvre ? » Lui demandais-je avec une pointe d’agacement dans la voix avant de tout simplement me glisser à califourchon sur ses genoux. « Si y a une chose qui fonctionne entre nous, c’est le sexe, on est bien d’accord ? » lui demandais-je d’une voix sensuelle avant d’effleurer ses lèvres d’un baiser aussi léger qu’une plume « Alors tu as trente secondes pour t’expliquer avant que je ne décide de reprendre mes distances. Je ne ferais pas l’effort de te comprendre tout le temps alors active le traducteur sinon, tu joueras avec ta main droite car je serais peut-être pas suffisamment gentille pour calmer tes ardeurs. Ardeurs que je compte bien chauffer rien que pour le plaisir de t’emmerder. Oui, je suis une chieuse de première catégorie et tu as de la chance, ce n’est pas l’assistante qui te parle mais juste la nana qui en pince le tristement célèbre William Slayers »

Silencieusement, je l’écoutais me raconter sa vie et les raisons qui le poussaient à me rejeter de celle-ci. Je ne l’acceptais pas à juste titre car oui, il avait connu des drames mais nous étions tous logés à la même enseigne. Je ressentais de la peine pour lui, peut-être est-ce cela qui me poussa à déposer un chaste baiser sur ses lèvres lorsque son monologue prit fin. Cette douceur m’étonnait grandement car je n’étais pas connue pour être quelqu’un de gentil ni même doux avec un homme mais son histoire m’avait ému bien que paradoxalement, elle m’avait mise en colère dans le même temps. « On meurt tous un jour William et on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Ce n’est pas parce que tu vas me rejeter que je ne vais pas me faire écraser dans la rue, que je ne vais pas tomber sur un psychopathe en entrant dans une chambre d’hôtel ou je ne sais quoi encore » soupirais-je consciente que je jouais ma dernière carte. William pouvait se vanter d’avoir réduite à mal ma fierté car cela aurait été un autre, cela ferait belle lurette que je l’aurais envoyé chier. « Tu as peur que je parte ? Mais qu’est-ce qui va se passer ? Tu crois que je vais sagement restée près de toi parce que je suis amoureuse de toi ? Que je vais me contenter de coucherie de temps en temps ? Je t’aime, je n’ai pas honte de le dire mais je sais aussi que j’ai envie de goûter au bonheur également et si tu ne peux pas me l’apporter alors j’irais le chercher ailleurs. C’est ça que tu veux ? Que je finisse par aimer un autre homme ? Il me fera l’amour, il m’embrassera, je serais à lui corps et âme et je finirais par t’oublier entre ses bras. Tu vois, dans ta crainte de me voir mourir ou partir, tu ne fais que la réaliser car je sais une chose, je ne veux plus m’apitoyer sur mon sort. Je veux vivre et ne plus avoir peur mais ça se fera avec ou sans toi » lui avouais-je sans détour. J’espérais que cela déclencherait quelque chose en lui car si je comprenais bien, il faisait un blocage parce qu’il avait perdu des êtres chers et se refusait à toute relation parce qu’elle finirait par se terminer. « Il y a toujours une fin à toute chose William mais il y a un temps où il faut arrêter de se protéger derrière tes peurs. Demande-toi une chose, est-ce que tu m’aimes assez pour prendre ce risque ? » Lui demandais-je avant de lui caresser la joue du bout des doigts et de m’éloigner de lui pour quitter son bureau. Il avait besoin de temps pour réfléchir et je sais que mes jambes ne feraient que le distraire.

Je sentais que je n’aurais le droit qu’à une seule chance : soit j’arrivais à lui faire comprendre qu’il ne faisait que se fermer à moi et nous arrivions à tenter cette aventure ensemble, soit j’échouais et je n’aurais plus que mes yeux pour pleurer. Je me connaissais suffisamment pour savoir que je ne supporterais pas un second refus, que je ne pourrais pas continuer à le fréquenter en me sachant amoureuse de lui. Cela serait trop dur et j’avais passé l’âge des conneries. Pourquoi n’aurais-je pas le droit moi aussi à ma part de bonheur ? Pourquoi ne pourrais-je pas avoir ce que les autres ont ? A savoir quelqu’un sur qui m’appuyer et aimer en étant aimée en retour ? J’avais passé toute ma vie à n’être que le vilain petit canard, celle qu’on ne choisit qu’en dernier lieu parce qu’il n’y avait personne d’autre. Pour beaucoup, je n’étais que la fille de ou la sœur de… Je ne voulais pas être la nana s’étant tapé son patron mais qui a préféré ne pas la choisir pour être sa petite amie. J’avais besoin que William me prouve que je pouvais valoir le coup d’avoir peur. Oh je n’étais pas exempte de crainte de mon côté. J’avais toujours tout détruit dans ma vie pourquoi ferais-je une exception avec cette relation ? Toutefois, si je devais sauter pour faire le grand saut, je préférais le faire en lui tenant la main. Aussi, après un dernier regard, je me relevais dans le but de regagner mon bureau, lui laissant tout le temps de méditer mes paroles en espérant cette fois-ci une issue bien plus positive. «  Attends... » M’arrêta-t-il dans l’élan en posant sa main sur mon bras. Je me retournais vers lui, une boule au ventre prête à être rejetée mais le baiser qui me donna me fit l’effet d’une bombe si bien que je ne pus m’empêcher d’entourer sa nuque de mes bras pour approfondir le baiser. «  Je t’aime, je ne laisserais personne d’autre que moi te faire l’amour... Même s’il faut que je sois ton petit-ami pour ça !  » Termina-t-il enfin par me dire les mots que je désespérais d’entendre de sa bouche. Un sourire lumineux éclaira mes traits d’habitude si impénétrable à toute émotion humaine. Je me sentais bêtement heureux que je repris ses lèvres avec un zeste de passion. « Je vais faire style de pas être offusquée par le fait qu’être mon petit-ami soit une corvée pour toi » le taquinais-je en me serrant dans ses bras. « William, détends-toi, je ne vais pas exiger le mariage ni même une famille dans la seconde qui suit. Je veux juste me dire qu’on aura au moins essayé, que l’on se sera donné au moins une infime chance. Tu ne peux pas me promettre l’amour toujours tout comme je ne le peux pas mais j’ai besoin d’être avec toi… Et il va s’en dire que je te castrerai avec les dents si jamais tu oses me tromper ! » Le menaçais-je avec un sourire des plus innocents avant de grimacer « Quant à mes activités extra-professionnelles, je peux te promettre de ne plus coucher avec mes clients. Je me contenterai très bien de leur servir d’hôtesse car à la base, c’est pour cela que je suis payée » avouais-je en me demandant bien comment j’allais faire pou rembourser mes dettes.