Ana s’empara sans attendre de la tasse de chocolat que John avait posée devant elle. Elle l’entoura de ses deux mains pour s’imprégner de la chaleur, elle faisait toujours ça même quand il faisait une chaleur infernale. Elle attendit un peu avant de commencer à boire cela dit, se brûler la langue n’était pas la sensation la plus agréable. Elle porta donc son attention sur le petit poussin de son ami. Il était tellement adorable ! Bon elle avait un peu peur quand il le portait dans sa poche comme ça parce que la pauvre petite chose était tellement petite justement qu’il était sans doute facile d l’écraser par inadvertance. Mais malgré, elle savait que le brun y faisait très attention. Elle était tellement plus responsable quand il s’occupait des animaux, il fallait être aveugle pour ne pas le remarquer. « C'est Dexter et Polochon » fit-il après avoir posé une tortue sur la table. Ana hocha alors la tête, affichant le même sourire que le jeune homme. « Enchantée Dexter et Polochon, moi c’est Ana. » Si elle s’entendait, elle aurait un zoo entire à disposition. Mais elle préférait les gros gros gros animaux elle, alors c’était quand même plus compliqué. Du coup, elle se contentait de son Dalmatien. « Sous l'océan, sous l'océan » chanta alors John. Cela dit, elle n’alla pas plus loin. Son expression joyeuse se transforma en grimace, il se tint la tête et ferma les yeux… Ana se mit immédiatement à s’inquiéter, il était en train de lui faire une attaque ou quoi ? Elle sortit donc son téléphone, prête à composer le numéro des secours. « Désolé, j'ai juste... des souvenirs... » La jeune femme avança sa main pour la poser sur celle de son ami. « Est-ce que… ça va aller ? » Elle se sentait stupide de lui demander ça mais elle ne savait pas tellement quoi dire d’autre en fait. « Tu as besoin de quelque chose ? » Elle tenta de se montrer la plus rassurante possible. « C’est la première fois que ça t’arrive ? »

En toute logique, Ana se présenta à son tour à Dexter et Polochon. C’était la moindre des politesses selon elle et même si cela aurait pu paraitre étrange à certaines personnes de parler avec des animaux, c’était plus naturel pour elle, puis elle aimait rentrer dans le jeu de son ami, elle était sûre que cela lui ferait plaisir. « Ils savent qui tu es, je leur ai parlé de toi ! » lui fit alors savoir le brun d’un air fier. « Oh, vraiment ? » s’enquit-elle avec un grand sourire. « En bien j’espère ? » Elle était touchée en tout cas, et assez curieuse de savoir ce qu’il pouvait bien avoir dit sur elle. Cela dit elle n’eut pas vraiment le temps de plus s’épancher sur la question puisque l’expression de John devint inquiètante et qu’il ne tarda pas à mettre sa tête dans ses mains. Inquiète, elle lui demanda dans un premier temps si ça allait, si ça allait passer ou si elle devait tout de suite appeler les urgences. Il la “rassura” alors d’un hochement de tête et elle lui demanda si elle pouvait lui apporter quoi que ce soit pour le soulager. « Un coca ? » La française hocha la tête et alla lui chercher son verre de coca. « Autre chose ? » lui demanda-t-elle tout en lui tendant son verre. Tout ceci lui rappelait leur première rencontre. La situation était sensiblement la même sauf que cette fois-ci elle n’y était pour rien du tout. Le jeune homme l’informa qu’il avait juste eu des souvenirs qui étaient revenus d’un coup. C’était un peu rassurant du coup que ce ne soit “que” ça même si elle pouvait comprendre à quel point ça devait être déstabilisant pour lui. « C’est arrivé une fois... enfin... je... quand je suis dans l'eau... ou... je sais pas comment te l'expliquer, mais quand je suis dans l'eau, il y a des souvenirs qui reviennent... ils me font juste un peu mal à la tête. Ca ne me dit pas qui je suis... enfin... sans doute quelqu'un qui vit pas mal sous l'eau... » La jeune femme posa une main qui se voulait rassurante sur son épaule. « Peut-être que tu étais… un marin ? Ou ta famille ? Ou en tout cas que tu passais beaucoup de temps sur l’eau ? » Cela lui semblait logique, pourquoi verrait-il l’eau autrement ? Sa vie devait être forcément connectée à l’eau d’une façon ou d’une autre.  

Apparemment John avait déjà parlé d’Ana à ses animaux. Si elle était flattée, elle se freina un peu en se disant qu’il était possible qu’il ait parlé d’elle en mal. Ça aurait pu après tout, elle n’avait pas été la personne la plus agréable quand ils s’étaient rencontrés. Puis tout avait fini par s’arranger et ils étaient devenus amis mais qui sait ce que John pouvait vraiment penser d’elle… Heureusement qu’ils se voyaient assez souvent quand même, ça lui donnait bon espoir qu’il l’aimait sincèrement bien. « Bah oui, je ne vois pas ce que j'aurais pu leur dire de mal ! » Ana afficha un grand sourire sincère avant de légèrement hausser les épaules. « Je ne sais pas, je suis loin d’être parfaite tu sais. » Même si c’était ce qu’elle aimait répéter à qui voulait l’entendre elle ne se leurrait pas non plus. Mais bon elle avait quand même fait son possible pour ne lui montrer que ses bons côtés par la suite.

Soudainement, John se sentit mal. Il avait apparement des flashs, des sortes de… souvenirs apparement, il n’était pas très clair et il ne semblait pas tellement le comprendre lui-même. Mais en tout cas, il semblait très mal et la française s’inquièta immédiatement, c’était comme ça, elle s’inquièterait toujours pour lui, elle faisait toujours plus attention quand elle était avec lui. A sa demande, elle apporta un verre de coca au brun. C’était tout ce qu’il lui avait demandé et elle voulait se rendre utile histoire de le soulager un peu. « Pardon, je ne voulais pas t'inquiéter. » Il posa sa main sur celle de la jeune femme, il n’avait eu aucun mal à voir qu’elle paniquait un peu, mais c’était plus fort qu’elle. « Non, non, tu n’as pas à t’excuser. » Elle aurait été vache de lui en vouloir pour ça alors qu’il n’avait pas demandé de vivre ça. La jeune femme s’efforça de le rassurer en souriant tandis qu’il lui expliquait ce qu’il voyait. De l’eau… Il ne voit que de l’eau. Du coup, peut-être que cela signifiait qu’il vivait sur l’eau avant, ou au moins sa famille… Cela pouvait dire beaucoup de choses. « Peut-être pour la famille... ça me rend nerveux... enfin, récupérer des souvenirs partiels... c'est un peu effrayant pour moi... » Ana tenta de serra sa main et d’afficher une moue sincèrement compatissante. « Et si c’était une bonne chose au fond ? Tu n’as pas envie de savoir qui tu étais avant ? » Après il y avait le risque que ce qu’il découvre ne lui plaise pas mais à sa place… Elle aurait voulu prendre ce risque parce qu’il y avait le risque inverse que tout irait bien aussi. « Je suis là John en tout cas, tu n’as pas à avoir peur. Fais-moi confiance et dis toi que ça va bien se passer. Puis si ce que tu découvres ne te plait pas tu n’as pas l’obligation d’y revenir… Après tout tu es celui que tu es aujourd’hui et tu n’as pas à redevenir celui que tu étais avant juste parce que c’est ce que tu étais. » Well, elle avait pas mal la sensation de s’embrouiller là mais elle voulait tenter de le rassurer un maximum. Elle était juste très maladroite.

John semblait croire qu’Ana était parfaite. Si elle aimait le croire et le prétendre devant qui voulait l’entendre, elle savait qu’elle ne pouvait pas vraiment duper les personnes dont elle était proche et elle ne voulait pas que John se fasse de fausses idées comme ça sur elle. « Vraiment ? » La jeune femme hocha doucement la tête pour confirmer.
« C'est ridicule.  A mes yeux tu es parfaite » Si elle avait pu elle lui aurait tapoté la tête. « Tu es adorable. » lui répondit-elle en toute sincérité et avec un grand sourire. Elle ne connaissait personne de plus gentil ou de plus innocent que lui. Elle aimait vraiment passer du temps avec lui.

Au bout d’un moment, l’instant prit une toute autre tournure : John avait apparemment eu un flash, il voyait de l’eau et il s’agissait vraisemblablement de souvenirs qui lui revenaient en mémoire. Bien sûr, ce n’était pas agréable et Ana ne put s’empêcher de s’inquiéter. Il semblait avoir tellement peur et en tant qu’amie elle ne voulait pas qu’il éprouve un sentiment si désagréable… Mais elle ne savait pas comment l’aider alors elle s’efforça de le rassurer en lui parlant sans être certaine que cela fonctionnait vraiment. Elle essaya de se mettre à sa place et elle aurait voulu savoir qui elle était avant, avoir une chance de retrouver sa famille parce que se retrouver seule était la chose qui lui faisait le plus peur au monde. « Mais si ce que je découvre ne me plait pas... » « C’est un risque à prendre… » Elle ne pouvait pas lui assurer qu’il n’allait pas être déçu, il ne lui pardonnerait jamais si elle lui « mentait » comme ça. « Après tu ne peux pas empêcher ces flashs d’arriver non ? » Donc il n’avait pas vraiment le choix selon elle… Et s’il ne faisait que se battre contre ça ce serait difficile pour lui. « Mais si je me rappelle de mon passé... est-ce que "John" ne va pas finir par disparaitre... si je suis comme ça, c'est parce que je n'ai pas de passé, j'ai dû le construire... mais si j'étais quelqu'un d'autres, c'était parce que la vie m'a faite ainsi... ma vrai personnalité ce n'est peut-être pas d'être John... je ne veux pas disparaitre... » Ana posa sa main sur celle de son ami dans un geste qui se voulait réconfortant, toujours dans l’idée de l’aider du mieux qu’elle le pouvait. « C'est trop sérieux... » Le sourire du jeune homme n’avait rien de joyeux mais la jeune femme s’efforça de sourire à son tour. « Tu n’es pas oblige de redevenir celui que tu étais avant tu sais. Si tu n’en as pas envie. Qui a dit que tu n’avais pas le choix ? C’est ta vie, c’est toi, et tu peux rester celui que tu es aujourd’hui si tu préfères cette personne à celle que tu étais avant. » Elle serra un peu plus sa main et lui sourit de plus belle. « Tu n’as pas à avoir peur, c’est toi le seul décideur là-dedans. »

Ana ne pensait pas créer une telle réaction chez John lorsqu’elle lui avoua qu’elle le trouvait adorable. Il semblait avoir peur pour elle ne savait trop quelle raison… Est-ce qu’il n’appréciait pas son compliment ? Parce qu’elle pouvait toujours le retirer au pire mais elle n’en avait pas vraiment envie. « D'accord, mais ne me croque pas » finit-il par lui dire d’un air sérieux qui trahissait néanmoins son inquiétude. Ana secoua alors rapidement la tête, elle n’avait pas voulu lui faire peur… « Bien sûr que non. » Elle aimait la viande mais pas ce genre de viande quoi, la cannibalisme, très peu pour elle. Néanmoins, elle afficha très vide un air malicieux. « Enfin, maintenant que tu en parles… » ajouta-t-elle d’un air innocent. Elle espérait qu’il allait comprendre qu’elle plaisantait parce qu’elle ne voulait vraiment pas lui faire peur. Il était déjà assez effrayé par ses souvenirs qui revenaient peu à peu. Comme cela venait de se produire en fait. La française essaya de le rassurer du mieux qu’elle le put, plutôt maladroitement selon elle. Elle avait l’impression de lui dire des choses bateau, qui ne l’aidaient pas réellement. Pourtant elle pensait chacun de ses mots, elle n’allait pas l’abandonner maintenant alors qu’elle avait toujours tout fait pour l’aider depuis qu’elle le connaissait. Elle lui devait au moins ça. « D'accord... merci Ana, je ne sais pas ce que je ferais sans toi... tu me sauves la vie » L’intéressée se mit à sourire timidement. Il en faisait beaucoup selon elle mais elle était contente de voir qu’elle l’aidait quand même. « C’est normal tu sais… Je ne suis pas du genre à laisser tomber les personnes à qui je tiens. » Et elle tenait beaucoup à lui, elle n’aurait pas été capable de se regarder ensemble si elle l’avait abandonné là. « J'espère juste que je ne suis pas en fait un tueur à gage... » La jeune femme avait quand même du mal à l’imaginer en tueur de sang-froid, sa nouvelle personnalité serait terriblement à l’opposé si c’était le cas. « Croise les doigts pour que je sois le premier Dresseur de Pokémon ! » L’imitant, la française croisa les doigts à son tour. « Dresseur de Pokémon ce serait parfait ! Je pourrais me vanter d’en connaitre un en plus… Et si tu avais un Pikachu alors… Ce serait encore mieux. » Dommage qu’ils s’avançaient peut-être un peu trop en espérant tout ça. « Tu sais, même si j'ai peur... j'aimerais retrouver ma famille, même si je ne suis pas proche d'eux, juste savoir que... j'ai un foyer quelque part... un lieu d'origine... » C’était ce qu’elle avait essayé de lui faire comprendre en tentant de le rassurer. Elle était contente qu’il voie enfin les choses de cette façon. « C’est ce qui doit le plus compter oui. Donc je sais que ce n’est pas évident mais tu dois laisser ta peur de côté et laisser tes souvenirs revenir à toi et te guider, ne pas te battre… Sinon tu auras moins de chance de retrouver ta famille et tes origines. » Elle ne voulait pas lui faire peur ou le forcer à quoi que ce soit, elle lui disait juste les choses comme elles les voyaient, la vérité en somme. Lui mentir n’aurait pas été lui rendre service.