Can't we go back, this is the moment
Tonight is the night, we’ll fight till it’s over
So we put our hands up like the ceiling can’t hold us


Dans son appartement, Macklemore résonnait à répétition depuis une bonne heure. Anne cherchait surtout à cacher les cris de femme en colère contre ses 14 enfants de l'étage du dessous. Il faut dire qu'au Bronx il ne fallait pas s'attendre à entendre des riches boivent du champagne sous de la musique classique, mais la jolie blonde était habituée à ce train de vie. Elle aimait presque ça en fait, elle avait des soap américains toute la journée. Anne était dans sa minuscule chambre à choisir ses vêtements pour la sortie de ce soir. C'est très habituel pour elle d'ailleurs. Que faire d'autre, pas de petit ami, pas de famille à appeler le soir et la drogue l'a rendue bien trop fauchée pour se faire un ciné, enfin c'est ce qu'elle dit, mais son salaire du petit café où elle travaille servait à payer les quelques verres qu'elle prend à chaque soir, même si on lui en offre la plupart du temps. Une fois à la toilette, elle se maquilla comme d'habitude et quitta sans même barrer la porte. Qu'est-ce qu'il y avait à voler de toute façon? Son portable dans son soutien-gorge, l'argent aussi, elle pris la route du bar Le Scorpio. Anne y était allée à deux ou trois reprises et la chasse avait été fructueuse à chaque fois. Ramener quelqu'un ce soir était son but, elle comptait s'éclater, prendre son pied et puis ne plus jamais le revoir.

Elle n'eut aucune difficulté à trouver un tabouret près du bar à alcool. Il était déjà minuit, les célibataires étaient déjà sur la piste de danse depuis un bon moment, bien trop bourré pour remarquer que cela faisait pitié à voir. « Une bière svp. » Des cocktails de filles, la Suédoise ne connaissait pas ça. En entamant sa première gorgée, elle scruta la place d'un coup d'oeil pour repérer ses proies. Minuit était son heure préférée, les plus rebelles se pointait au bar. Elle n'avait pas besoin d'un homme doux pour lui caresser timidement la poitrine dans les toilettes, un vraie mec, lui qui lui comptait lui tirer les cheveux pendant l'acte. Elle en voulait toujours plus, jamais satisfaite. Un homme d'une cinquantaine d'années l'extirpa de ses pensées en s'asseyant à ses côtés. « Je peux vous offrir un verre? » Beurk, il sentait le whisky à pleine gueule. Gueule qui manquait d'ailleurs plusieurs dents, et celles qui restaient était très pourries. « Euhm, non, fichez le camp » On ne connaissait pas Anne pour sa délicatesse. Malheureusement pour elle, cet homme ne l'était pas plus. Il cracha à ses pieds en laissant échapper un « P'tite conne » ce qui ne lui plût pas du tout! Elle se leva et lui fit face, du haut de son 1m60. « Répète moi ça!? » Il la bouscula alors si fort qu'elle tomba à la renverse, se cognant la tête sur le bar. Elle saignait. « Shit, jag blöder »

Hugo était au boulot. Enfin, un de ses boulots, ça faisait un petit moment qu'il avait été employé au Scorpio, il était surtout à ce boulot quand aucun match n'était prévu ou quand la saison touchait à sa fin. Ce soir, il s'occupait du bar avec une certaine habilité, il était rapide, précis et il était assez doué pour retenir plusieurs commandes à la fois, sans oublier son agilité pour faire des cocktails, il trouvait ce dernier point assez amusant, lancer des shaker et les rattraper était un véritable jeu pour le péruvien. Par contre, il ne parlait pas beaucoup, il souriait encore moins, il n'était pas ici pour plaire mais pour faire son boulot, du coup, il ne se sentait proche d'aucun de ses collègues. En soit, le travail l'ennuyait un peu, mais l'endroit était tellement stratégique qu'il ne pouvait pas risque de la lâcher. Le Scorpio abritait suffisamment de petites racailles qu'il était presque certains de signer de nouveaux contrats toutes les semaines. Occupé à nettoyer un verre, Hugo apperçut une altercation du coin de l'oeil. Du coup il regarda ailleurs et tourna le dos à la scène. Il n'avait pas que ça à faire. Enfin, curieux, il tendit tout de même l'oreille et il reconnut un des habitués. Il eut une petite moue avant de continuer de nettoyer son verre plus que propre là. Il se passa la langue sur les lèvre avant de voir Stu' se faire un peu plus pressant. Hugo remua, il n'avait pas beaucoup de principe, pour dire vrai, il n'en avait qu'un : ne pas toucher aux femmes. Finalement, Stu poussa la femme et à la vue du sang, Hugo déposa simplement son verre sur le comptoir avant de passer par au-dessus dans un mouvement agile. Il s'approcha doucement de Stu avec un petit sourire. « Stu, mon ami » dit-il avec une sorte de joie dans la voix. Il lui retourna un poing qui fit tomber à la renverse l'homme. « Rentre chez toi maintenant » exigea-t-il froidement. Stu le regarda éberlué avant de se faufiler jusqu'à la sortie tout en poussant violemment toutes les personnes qui se trouvaient sur son passage. Finalement, le latino tourna les talons pour observer la blonde toujours au sol. Il se pencha vers elle et tendit simplement la main pour l'aider à se relever. « ça va ? » demanda-t-il d'une voix calme et maitrisée. Hugo n'avait jamais été bavard ou sociable, ce simple geste était énorme pour lui par rapport à d'habitude. Il arqua un sourcil en remarquant qu'elle saignait, par réflexe, son regard s'alluma et il se mit à sourire légèrement. Il aimait voir le sang, il trouvait que ça rendait tout le monde plus "humain" de savoir qu'ils pouvaient tous souffrir du même mal.

La tête d'Anne tournait un peu, pas trop quand même mais elle avait heurter le bar assez durement. La preuve, du sang s'écoulait de son cuir chevelu et longeait sa nuque. Pas trop quand même, seulement quelques gouttes. Elle qui croyait avoir la tête dure! Mais ce n'était pas une raison pour pleurnicher ou encore moins gâcher sa soirée, elle n'avait qu'à se faire un chignon pour cacher la plaie. Le barman vint à sa rescousse, demandant à l'abruti de partir et puis il vint à elle. "Ça va?" Il était très beau et son petit accent laissait présager des racines latines. Les latinos, le péché mignon d'Anne! Se faire dire des mots coquins en espagnol la faisait glousser comme une pré adolescente à chaque fois! Elle lui sourit. "Euh, ouais. Cependant, il va le payer si je le revois." Il lui avait peut-être fait mal, mais son orgueuil avait été atteint. Elle ne laisserait pas passer ça. "Est-ce que vous auriez de la glace pour ma tête svp?" Et si la chasse était ouverte? Elle n'avait jamais ramener de barman dans son lit. De plus, il était incroyablement sexy! Elle se rassit au bar, le regarda dans les yeux et lui lança son plus beau des regards. Il était à elle. "Dis-moi, j'imagine que sauver des jolies filles c'est monnaie courante chez toi?" Les gens autour d'eux, curieux de la scène commençait à se disperser. La fête recommençait de plus belle même si la moitié du bar ne s'était pas rendu compte du petit incident. Anne reprit un peu de sa bière pour faire passer l'émotion.

Hugo était d'humeur trop clémente ce soir, enfin, il n'avait pas non plus envie d'avoir sur la conscience une femme brutalisé devant ses yeux. Il avait un seul principe et il ne pouvait pas l'ignorer si facilement. Il chassa l'habitué rapidement et se retrouva à prendre soin de la petite blonde, elle semblait sonnée et blessée. Hugo eut une petite grimace en voyant le sang couleur légèrement de sa tête, ça allait laisser une petite entaille ça. D'une voix prudente, il lui demanda comment elle se sentait, c'était la moindre des choses après tout. "Euh, ouais. Cependant, il va le payer si je le revois." Hugo hocha la tête, il comprenait, cela dit, il était étonné du caractère de la jeune femme. Juste comme ça, on voyait bien qu'elle n'était pas du genre à se laisser faire. "Est-ce que vous auriez de la glace pour ma tête svp?" Hugo opina une nouvelle fois de la tête avant de se redresser pour repasser derrière son bar. Il sauta par dessus, plus rapide, il se dirigea vers la machine à glace et il prit un essuie main et déposa plusieurs glaçons dedans, c'était une sorte de poche à glace de secours m'enfin... il tendit son bien à la blonde afin qu'elle puisse apaiser un peu sa douleur à la tête. « Mettez-le sur votre blessure » ordonna-t-il alors. Elle s'était assise au bar avant qu'il ne revienne. Hugo constata ainsi qu'elle avait encore assez d'équilibre pour bien rester en place, c'était déjà ça. « Est-ce que votre tête tourne ? » demanda-t-il d'une voix très contrôlée et maitrisée. Il restait le 3/4 du temps impassible et il ne perdait jamais le contrôle de sa personne. Il était juste ainsi. "Dis-moi, j'imagine que sauver des jolies filles c'est monnaie courante chez toi?" Hugo haussa un sourcil, légèrement pris au dépourvu et il recula aussi tôt d'un pas, sur la défensive. Il se liait très difficilement aux autres gens, c'était plus fort que lui de dresser une sorte de mur de protection dès qu'on tentait de l'approcher de trop près. « Je n'aime pas qu'on attaque des femmes. Jolies ou laides, je m'en fiche, ce ne sont que des détails ça » finit-il par dire sincèrement. Pour dire vrai, il avait du mal à estimer quand quelqu'un était "beau", il ne faisait pas exprès, mais il n'avait pas eu l'habitude de juger quelqu'un sur son apparence physique. Il resta en place et observa la jeune femme. Il n'était pas doué pour établir des conversations, il ne savait jamais trop quoi dire, il était peu doué pour tout ça et il s'en fichait complètement. Cela dit, elle était blessée à la tête, et il avait peur que quelque chose se passe encore... alors il devait l'observer jusqu'à ce qu'elle aille mieux. C'était le minimum à faire. « Je suis Hugo » se présenta-t-il finalement. On lui avait dit que se présenter était quelque chose à faire pour débuter une conversation. Il espérait que le conseil qu'on lui avait donné n'était pas dépourvu de sens.

Les gens s'étaient déjà dispersés après le petit spectacle dont Anne avait été victime. L'attention exagérée n'était par contre pas dans ses moments favoris. Elle avait toujours préféré passait incognito auprès des gens en majorité, elle décidait toujours elle-même qui pouvait franchir sa bulle. Morale surtout, parce que physique, plusieurs y avaient accédé. Le barman demanda alors à Anne si la tête lui tournait. Et comment! Mais une dure à cuire comme elle n'oserait jamais avouer une quelconque faiblesse, aussi minime soit-elle. Bon elle ferait tout de même attention pour ne pas faire de 360 degrés sur son tabouret pour amuser la compagnie, mais elle ne s'oserait jamais vécu. Une fois la pression sanguine redescendu, son sauveur lui délivra une émouvante phrase sur les femmes vulnérables. Son vagin n'avait, selon elle, aucun rapport avec sa force, mais elle décida de jouer le jeu. Peut-être aimait-il ça les filles fragiles et qui jouaient à la princesse pour sentir son égo gonflé aussi gros que ses triceps. « En tout cas, merci beaucoup. » Elle gratifia le tout d'un grand sourire. Le moment devint un peu embarrassant lorsque aucun des deux ne parla pas plusieurs secondes. Et qu'est-ce qu'on dit après ça? Il n'avait pas répondu à sa demande de charme, mais que se passait-il? Les barmans n'étaient des assoiffés de sexe? Ah ça changeait son image de New York... « Je suis Hugo. ». Oh il avait parlé! « Et moi Anne, enchantée. » La serviette pleine de glace commençait à se détremper. Elle la redonna donc à Hugo pour éviter que le tout fonde sur sa tête. Bon, il avait l'air d'une proie plutôt difficile, il avait peut-être une copine? Ah de toute façon, une fille n'a jamais été un obstacle que la suédoise. « Excuse-moi deux petites secondes, je vais aller me refroidir un peu le visage aux WC » Elle se leva alors du tabouret mais son oreille interne ne collabora pas du tout à cette manoeuvre et la tête lui tourna à nouveau. Avant de s'étendre de tout son long sur le plancher sale et retourna à son siège. « Bon ce serait pour une autre fois. » Elle soupira. « Jag vill ha dig i min säng (Je te veux dans mon lit) » lança-t-elle avec des yeux charmeurs à son interlocuteur pour éviter qu'il se souvienne de l'évènement presque- tomber - par- terre- encore- une- fois.

« En tout cas, merci beaucoup. » Hugo fronça les sourcils. Il n'avait pas vraiment fait grand chose, il était intervenu un peu après. Il n'estimait donc pas recevoir le moindre remerciement. Enfin, si ça lui faisait plaisir, il n'allait pas aller à son encontre. « De rien » se contenta-t-il de répondre de façon laconique. Il se retrouva ensuite coincé avec l'inconnue, il n'était pas doué pour les interactions sociales, en général, il préférait se taire à parler. Observer à la rigueur, et parfois, il intervenait, mais il avait cette fâcheuse tendance à s'effacer et cela ne lui avait jamais posé de soucis, il n'avait jamais ressenti le besoin de se lier avec quiconque, et en toute honnêteté, il ne savait vraiment pas de quoi parler. Cela dit, il n'avait d'autres choix ici, surtout qu'il y avait ce silence gênant que même lui trouva embarrassant. Il se présenta donc, c'était facile. Il espérait que la jeune femme serait assez intelligente pour relancer elle-même la conversation. « Et moi Anne, enchantée. » il hocha la tête. Anne donc. « Excuse-moi deux petites secondes, je vais aller me refroidir un peu le visage aux WC » Hugo la regarda se lever et il fronça les sourcils. Est-ce qu'il était supposé l'attendre ? Ou il pouvait retourner travailler ? La foule n'était pas dense, on n'avait pas spécialement besoin de lui derrière le bar... mais tout de même. Il se gratta la joue avec ennui, il aurait préféré que l'autre soit un peu plus claire que ça... il poussa un soupire mais il attendit, on lui avait reproché son manque d'empathie pour autrui, et apparemment, comme barmaid, c'était important, donc il estimait devoir faire une sorte d'effort. Sauf qu'Anne ne partit pas bien loin. « Bon ce serait pour une autre fois. » il n'avait absolument rien compris à ce qu'il venait de se passer. « Est-ce que tout va bien ? » demanda-t-il poliment. Parce qu'il se doutait tout de même que quelque chose clochait. Il ne savait juste pas dire quoi. « Jag vill ha dig i min säng (Je te veux dans mon lit) » Hugo recula d'un pas prudemment. Elle avait dit quoi ? Pris au dépourvu, il était désormais sur ces gardes. « Désolé mais je n'ai pas compris... » son anglais n'était peut-être pas si bon que ça, mais là, il avait bien compris qu'elle s'était adressée à lui dans une langue étrangère. Peut-être que son coup sur la tête était plus grave qu'il n'y paraissait.