Lorsque Tyron avait appris qu’il allait être « testé » en étant envoyé sur une mission secrète à l’étranger, dans le but de démanteler une branche mafieuse en Chine, il avait simplement eu envie de rire. Rire de ces pauvres fous qui lui accordaient de plus en plus de conscience alors qu’il n’était là que pour les trahir. A vrai dire, son poste de simple assistant au département de la Défense lui convenait très bien, car il lui permettait d’avoir accès aux systèmes informatiques qu’il convoitait depuis son arrivée à New-York. En trois ans, il avait eu le temps de faire transiter un nombre incalculables d’informations plus ou moins importantes en direction de la Russie, et plus le temps passait, plus Tyron était ambitieux. Peu à peu, il se rapprochait des sphères les plus haut placées et les plus influentes de la société américaine, et parvenait visiblement à les convaincre de sa bonne fois et de ses capacités à les servir. Parfois, le jeune homme s’impressionnait lui-même. Ou plutôt, la naïveté des grands de ce monde l’impressionnait. Sa mission devenait quelques fois trop facile tant on lui faisait confiance rapidement. Finalement, il ne suffisait que d’un peu de jugeote et de quelques talents en informatique pour se démarquer, et s’attirer les égards de ses supérieurs.

Pour cette mission, le jeune russe avait même hérité d’une coéquipière de choix : la fille de James Clapper en personne ! C’était presque trop beau pour être vrai… En plus de gagner la confiance de ceux qu’il trahissait à longueur de journée, Tyron se rapprochait d’un coup de sa plus grosse cible sans même l’avoir demandé. Tout semblait lui être servi sur un plateau d’argent, et le jeune homme ne pouvait que se délecter de tant de stupidité. Bien sûr, il avait prit soin de « faire connaissance » avec cette Isis avant le début de leur mission, et le fait de trouver des informations sur elle n’avait pas été bien difficile. D’ailleurs, il avait eu la surprise de pouvoir s’entretenir avec James Clapper, qui lui avait personnellement demandé de garder un œil sur sa fille, et de juger par lui-même s’il avait eu raison de l’envoyer sur cette mission. Une fois encore, Tyron avait du se faire violence pour ne pas sourire, et s’était contenté de jubiler intérieurement.

Tout au long du trajet qui les conduisit jusque dans la province de Sichuan, Tyron resta donc particulièrement silencieux, comme s’il sondait en silence sa partenaire, jaugeant cette inconnue qui ne l’était pas vraiment. C’est au moment où ils se retrouvèrent seuls dans un 4x4 en direction du lieu exact de leur mission que la jeune femme daigna enfin faire le premier pas vers lui. « Ca fait longtemps que tu travailles au Département de la Défense ? » demanda-t-elle l’air de rien tout en restant concentrée sur la route devant elle. « Ça fait un peu plus de trois ans maintenant. Et toi ? » répondit-il le plus naturellement du monde, même s’il connaissait déjà sa réponse. « Il parait que c’est une de tes premières missions à toi aussi ? » continua Tyron pour poursuivre la conversation en jouant la carte de l’innocence.

Le silence qui régnait dans leur voiture n’était pas spécialement pesant aux yeux de Tyron qui profitait du trajet pour admirer le paysage. Après tout, il aurait bien assez de temps pour approcher sa nouvelle coéquipière tout au long de leur mission ici. Et puis il ne voulait pas paraitre trop pressé ou insistant, au risque d’être démasqué dés les premières heures de collaboration. Alors le jeune homme s’accommodait parfaitement de ce calme ambiant. Pourtant, lorsqu’Isis prit la parole la première, il accueillit l’initiative avec un sourire et s’empressa de répondre en lui retournant sa question, tout en feignant de ne rien savoir d’elle alors que c’était tout le contraire. Tyron la laissa à peine répondre, et enchaina presque immédiatement sur un sujet qu’il savait sensible : le fait qu’ils soient tous les deux de véritables novices. Il aborda la question d’une façon tout à fait innocente, du moins en apparence. Et lorsque du coin de l’œil, il aperçut le regard surpris d’Isis se poser sur lui, le jeune homme dut une nouvelle fois se faire violence pour ne pas sourire. Néanmoins, il fut agréablement surpris par la répartie qu’elle lui opposa en déclarant : « Je vois que monsieur à fait ses petites recherches... » Même si elle avait dit cela sur le ton de la plaisanterie, Tyron trouvait cette initiative des plus intéressantes. Il aurait pu s’en inquiéter, et la soupçonner d’avoir des doutes à son sujet mais il était bien trop sûr de lui pour ça. Après tout, ça faisait maintenant trois ans qu’il manipulait tout le monde sans jamais avoir démasqué, alors il n’y avait aucune raison que ça lui arrive aujourd’hui. Et puis, la confiance que lui avait témoigné M. Clapper en lui demandant de veiller sur sa fille était la meilleure preuve que son stratagème marchait encore à la perfection. Affichant un petit sourire à demi-désolé, Tyron haussa les épaules en regardant Isis qui continua sans se douter de quoi que ce soit.

L’Arabie Saoudite, l’année qu’elle avait passée au vert, Tyron savait tout cela depuis bien longtemps. Pourtant, il feignit d’être concentré sur ce qu’elle lui disait, et hocha la tête à plusieurs reprises d’un air compréhensif… jusqu’à ce que le sérieux de la jeune femme laisse place à un nouveau trait de plaisanterie. « Quelle idée d'envoyer deux novices, franchement... J'espère que t'as un talent caché. » Aussitôt, Tyron se mit à rire … mais pas forcément à cause du discours d’Isis. Non, ce qui l’amusait surtout, c’était de voir qu’elle venait d’énumérer sans le savoir deux des caractéristiques principales du jeune russe. Il s’était effectivement renseigné sur elle, et ce bien plus qu’elle ne pouvait l’imaginer. Et quant à son talent caché…. Là encore, elle ne se doutait certainement pas à quel point elle avait visé juste. « T’en fais pas pour ça, si ils nous ont envoyé ici tous les deux, c’est qu’ils savent qu’on en est capables… » répondit-il en posant brièvement sur elle un regard bienveillant, avant de continuer sur le ton de la conversation, tout en reprenant sa contemplation des environs. « C’est pas mal ici ! Tu étais déjà venue en Chine avant aujourd’hui ? »

Plus ils avançaient sur la route et plus celle-ci devenait accidentée et endommagée par le séisme. Ils approchaient clairement de leur but mais Tyron devinait d’ores et déjà que l’accès au site ne serait pas facile. Avant d’arriver, il n’avait absolument aucune idée de la gravité du séisme et des conséquences qu’il avait bien pu entrainer. Mais au fil du chemin, le jeune homme découvrait un paysage de plus en plus chaotique, qui laissait présager du désordre qui régnait certainement à Longmen Shan. Tout d’abord émerveillé par ce qu’il apercevait à travers la vitre du 4x4, Tyron déchantait et comprenait de mieux en mieux pourquoi il avait été envoyé ici avec Isis. « Non, c'est la première fois. » répondit la jeune femme lorsqu’il lui demanda si elle était déjà venue en Chine. Mais après avoir réfléchi quelques instants, Isis reprit : « Si, une fois, mais ça compte pas vraiment. J'avais dix-sept ans, et je revenais du Japon pour aller en Australie... on a fait une escale là-bas, d'une nuit. » Bien sûr, Tyron savait qu’elle avait beaucoup voyagé étant jeune, et il connaissait également ses origines asiatiques. Mais il se garda bien de dire quoi que ce soit à ce sujet, et se contenta de hocher la tête en déclarant : « Oh… le Japon, l’Australie… tu as l’air d’aimer voyager ! C’est super, j’aimerai aussi pouvoir le faire un jour. Enfin, plus en tant que touriste je veux dire, pas pour des missions comme celle-là… »

Soudain, et pour la première fois depuis le début de leur trajet, un petit groupe de personnes se dessina sur la route. Et alors qu’ils approchaient d’eux, Tyron put constater qu’il s’agissait d’un groupe de sinistrés en train de fuir avec le peu qu’il leur restait sur le dos. L’un d’entre eux était blessé, et le regard qu’ils portèrent tous en direction du 4x4 rendit brusquement le jeune homme mal à l’aise. Serrant les dents pour ne rien laisser paraitre, il adopta une mine plus grave pour répondre à Isis qui constatait à son tour que les conséquences du séisme se faisaient de plus en plus visibles. En l’observant du coin de l’œil, Tyron put voir qu’elle s’était brusquement crispée et une nouvelle fois, bien que lucide, il voulut se montrer rassurant. « Hm, ça ne va pas être facile… Disons qu’on n’arrive pas au meilleur moment mais… Il ne faut pas perdre de vue le but de notre mission. » Bien sûr, tout cela n’était qu’une série de bonnes paroles qui étaient bien plus faciles à dire qu’à mettre en œuvre. Mais quoi qu’il arrive, Tyron voulait montrer à ses supérieurs qu’ils n’avaient pas eu tort de lui faire confiance… du moins en apparence. Reposant une nouvelle fois ses yeux sur sa voisine qui lui paraissait de plus en plus mal à l’aise, il fronça quelque peu les sourcils en s’inquiétant : « Ca va aller ? »

Bien qu’elle tente de le cacher à tout prix, Tyron pouvait voir clair dans le jeu d’Isis et comprenait sans peine qu’elle était extrêmement mal à l’aise. Mais dans un sens, il trouvait cela normal. Qui ne l’aurait pas été à leur place ? Eux qui arrivaient avec leur grosse et luxueuse voiture au milieu du chaos laissé par ce séisme, et des gens qui fuyaient leurs villages dévastés à la hâte. Tyron lui-même ne se sentait clairement pas à sa place, mais à aucun moment il ne comptait oublier le but premier de sa mission… qui était d’ailleurs bien différent de celui que devait avoir Isis. Le jeune homme était officiellement là pour l’aider, et pour faire ses preuves aux côtés de la fille de son supérieur. Mais officieusement, il s’était fixé un tout autre objectif. En effet, la présence d’Isis avec lui était une opportunité quasi-inespérée de se rapprocher de James Clapper, et Tyron ne manquerait certainement pas cette occasion qui lui était offerte sur un plateau d’argent. Alors même si le sort des enfants pour lesquels ils étaient ici le touchait, le principal souci du jeune homme était de faire bonne impression et de s’attirer la sympathie de la famille Clapper. De son côté, Isis sembla se reprendre et se concentrer de nouveau sur leur mission, en continuant leur route vers le village qui leur avait été indiqué.

Mais leur trajet fut vite stoppé par un tas d’arbres tombés en travers de la route, qui les obligea à se séparer de leur véhicule. De toute façon, leur avancée était de plus en plus chaotique, et aux vues de l’état de la route, il était bien plus prudent de continuer à pieds. Récupérant l’intégralité de ses affaires dans son sac à dos, Tyron quitta la voiture et suivit sa coéquipière qui semblait désormais remontée à bloc. Il marcha quelques instants en silence à ses côtés, avant qu’elle ne reprenne la parole comme pour mieux éviter de se soucier de tous ces gens autour d’eux qui les regardaient d’un air à mi-chemin entre le désespoir et l’animosité. « Du coup, tu viens d'où ? T'as jamais quitté les États-Unis en dehors d'une mission ? » Saisissant l’occasion pour reposer ses yeux sur elle, Tyron s’empressa de répondre : « Je suis né à Washington, et je n’ai jamais vraiment bougé… A part pour un voyage en Europe que j’ai fait quand j’avais dix-huit ans… Et quand je suis venu à New-York pour mes études ! » déclara-t-il le plus sereinement du monde, récitant le discours bien rodé qu’il ressortait à chaque fois qu’on lui demandait de parler de son passé. Et tout naturellement, le jeune homme continua sur des banalités qui firent passer le temps un peu plus vite que prévu et leur évitèrent à tous les deux d’avoir à se terrer dans un silence gêné, en se contentant de regarder leurs pieds pour ne pas croiser la misère ambulante. Puis, après plusieurs kilomètres de marche à travers un terrain de plus en plus accidenté, ils tombèrent enfin sur ce qui ressemblait à un village. Après avoir consulté la carte qu’il tenait entre ses mains et qui faisait partie du matériel qui lui avait été fourni avant son départ, le jeune homme confirma : « Bon, le village commence ici… On y est. » Son regard glissait sur le spectacle désastreux qui lui était offert, et une fois de plus, Tyron se sentit particulièrement mal à l’aise. Il se retourna donc rapidement vers Isis et enchaina : « Je ne sais pas ce que tu en penses mais, vu l’heure qu’il est, on ferait mieux de chercher un endroit où passer la nuit… »

Le chemin ne fut pas de tout repos, et plus les deux coéquipiers approchaient de leur but, plus les scènes auxquelles ils devaient faire face devenaient poignantes. Et Tyron avait beau être un comédien hors pair, toute cette misère qui les entourait le forçait à redoubler d’efforts pour ne rien montrer de son malaise en face d’Isis. A vrai dire, il sentait bien qu’elle aussi avait un peu de mal à passer au-dessus de ce qu’ils voyaient, et c’est précisément pour cette raison qu’il s’efforçait de continuer une conversation des plus banales. Cela aurait d’ailleurs pu paraitre déplacé, mais ce fut le seul moyen que Tyron trouva pour se détacher un tant soit peu de la réalité, et ainsi continuer son chemin sans s’apitoyer sur le sort des gens qui marchaient à ses côtés.

Après leur interminable cheminement, Isis et Tyron rallièrent enfin le village dans lequel leur mission devait se dérouler et suite à l’idée lumineuse de la jeune femme, ils se mirent immédiatement à la recherche d’un endroit où s’installer. Parmi les gravats et les habitations plus ou moins détériorées, ils finirent par trouver une maison qui, bien que fissurée et visiblement désertée, tenait encore debout. « Vérifie le rez-de-chaussée, je fais l'étage. » déclara alors Isis après qu’ils aient tous les deux pénétré dans la maison en question. Hochant la tête comme simple signe d’approbation, Tyron déposa son sac à terre et attrapa l’arme qu’il avait gardée à sa ceinture tout au long du voyage. Tout en tendant l’oreille vers l’étage pour s’assurer que sa coéquipière ne rencontrait personne, le jeune homme parcourut la totalité des pièces du rez-de-chaussée arme à la main, constatant que personne ne vivait plus ici depuis quelques jours, à en croire les quelques restes de nourritures laissés dans la cuisine. Tyron attendit qu’Isis redescende pour aller la retrouver en annonçant : « C’est bon, je pense qu’on peut s’installer ici. La maison a du être désertée il y a quelques jours. » Le jeune homme fila ensuite récupérer son sac et celui de sa coéquipière pour les emmener dans le premier placard qu’il trouva, et qu’il referma en emportant la clé dans sa poche. « Je te propose qu’on aille repérer les lieux avant que la nuit tombe… On cherchera de quoi manger après. »

Après avoir relu les quelques instructions qu’il gardait dans la poche de son pantalon, Tyron se lança dans la recherche de l’entrepôt qui était censé abriter les enfants, en compagnie d’Isis. En arrivant aux abords de l’endroit qui leur avait été indiqué avant leur départ, le jeune homme entraina sa coéquipière vers une haie en bordure du bâtiment qu’ils recherchaient. Il se faufila dans les buissons jusqu’à être totalement invisible de l’extérieur, puis s’immobilisa en scrutant le moindre des mouvements autour de lui. Après quelques minutes seulement, l’une des portes de l’entrepôt s’ouvrit, laissant apparaitre un groupe d’homme visiblement armés. Deux d’entre eux saluèrent leurs collègues avant de quitter les lieux, laissant Tyron bouche bée devant une organisation à si grande échelle alors qu’il s’était jusque là imaginé devoir faire face à deux ou trois hommes au maximum. C’est donc totalement contrarié qu’il tourna la tête vers Isis pour guetter sa réaction quant à cette nouvelle embuche qui semblait venir se mettre sur leur chemin.

Après avoir trouvé un endroit dans lequel passer la nuit et les quelques jours qu’allait compter leur mission, Tyron décida de ne pas perdre de temps et de se rendre directement sur les lieux qu’on leur avait indiqués. En peu de temps, ils se retrouvèrent à proximité de l’entrepôt qu’ils recherchaient, et se dissimulèrent dans la haie la plus proche pour ne surtout pas attirer l’attention de qui que ce soit. Mais ce qu’Isis et Tyron découvrirent fut bien loin de ce qu’ils s’étaient imaginé. Dans la tête du jeune homme, ce qu’ils étaient venu « combattre » prenait la forme d’un entrepôt certes, mais seulement gardé par quelques mafieux chinois. Il avait été bien loin de s’imaginer qu’ils auraient à faire face à un tel groupe, et à une telle organisation. Après réflexion, Isis et lui n’étaient clairement pas de taille à rivaliser avec ces hommes armés. Tous les plans qu’ils avaient pu imaginer jusqu’ici étaient donc à revoir, et ils devraient à tout prix adopter une nouvelle stratégie pour mener leur mission à bien, quoi qu’il arrive. Sans surprise, sa coéquipière se fit visiblement la même réflexion que lui, et chuchota le plus discrètement possible : « Et on est deux agents inexpérimentés... » Ce fut d’ailleurs les seuls mots qu’elle prononça, mais ils suffirent à faire comprendre son point de vue à Tyron qui lui adressa un regard entendu.

Les deux coéquipiers attendirent la nuit tombe pour enfin se décider à sortir de leur cachette. Se montrant encore discrets et particulièrement méfiants su les premières centaines de mètres qui les séparaient de l’entrepôt, ils s’autorisèrent finalement à rependre la parole en arrivant à proximité de la maison où ils avaient élu domicile. Complètement dépitée, Isis se lamenta sur leur sort, confirmant qu’ils ne pouvaient absolument rien entreprendre contre cette véritable armée. Elle trouva néanmoins le moyen de tourner la situation en dérision, en assurant à Tyron qu’elle ne faisait pas offense à ses capacités. Lui offrant finalement un sourire, le jeune homme s’empressa de répondre : « T’en fais pas ! Je ne doute pas de nos capacités mais là… je ne crois pas qu’on puisse faire grand-chose. Ils sont trop nombreux et… trop armés ! Il faut forcément qu’on trouve une autre solution… » La jeune femme ne tarda pas à rebondir sur ses dires en proposant de profiter d’un éventuel déplacement, afin d’attaquer à un moment où les hommes qu’ils avaient vus seraient le plus vulnérable. Hochant la tête avec grand intérêt, Tyron acquiesça tout en réfléchissant de son côté. « Peut-être qu’on pourrait aussi faire appel à l’armée locale… après tout, ils doivent bien être en mesure de nous aider ! » Tyron aurait préféré pouvoir agir seul, seul avec Isis, mais plus il y pensait et plus il trouvait cela inconcevable. Alors, la solution la plus plausible qui lui apparaissait était de demander de l’aide au seul organisme qui pourrait leur en apporter. « Il faut qu’on continue, il faut qu’on sache ce qu’ils comptent faire ces prochains jours et profiter du moindre de leurs mouvements. » assura-t-il avec détermination, avant d’être interrompu par les gargouillis provenant de son ventre qui criait famine depuis un bon moment déjà. Adressant une petite grimace faussement gênée à Isis, il reprit donc en conséquence : « Pour le moment on va trouver quelque chose à manger, et on aura tout le temps de faire le point en revenant à la maison, à l’abri des regards et des oreilles… » conclut-il, même s’il doutait que la plus grande partie de la population locale puisse comprendre les conversations qu’ils entretenaient en anglais.

Même si l’idée de faire appel à l’armée était tout d’abord apparue comme brillante dans l’esprit de Tyron, ce dernier reconsidéra bien vite les choses, et suite à la réponse d’Isis, il réalisa qu’ils allaient certainement devoir se débrouiller seuls. Raison de plus pour ne pas se précipiter, et pour établir un plan d’attaque  précis et réfléchi pour mener à bien leur mission. Puisque l’armée serait probablement débordée par les récents évènements, ils ne pourraient compter que sur eux-mêmes. Et même si cela paraissait complètement fou, Tyron avait l’intime conviction qu’ils finiraient par trouver un moyen de sauver ces enfants. De toute façon, le jeune homme ne comptait pas quitter le pays avant d’avoir accompli sa mission. Il avait acquis toute la confiance de Clapper sans vraiment comprendre comment, et il n’avait aucune envie de la perdre alors qu’il était si prés du but. De SON but à lui, de celui qu’il gardait secret depuis des années sans jamais éveiller le moindre soupçon dans son entourage.

Isis et Tyron regagnèrent « leur » maison juste à temps, avant qu’un terrible orage ne se mette à gronder sur la ville et à déverser des trombes d’eau au-dessus de leur tête. Fort heureusement, l’abri qu’ils s’étaient trouvé leur permis de rester au sec, et leur apporta même bien plus de confort que ce qu’ils auraient imaginé. Certes, l’électricité ne fonctionnait plus depuis le séisme, et ce dans la totalité de la ville. Mais, presque miraculeusement, l’eau coulait toujours des robinets et, bien que froide, elle permit à Tyron de prendre une bonne douche. Mais alors qu’il était en train de se sécher, il entendit la voix d’Isis retentir derrière lui : « Le dîner est servi ! » Ravi d’entendre qu’ils allaient enfin pouvoir se rassasier, Tyron afficha un large sourire et s’empressa d’enfiler un caleçon et un jean. Mais au moment d’attraper le t-shirt qui viendrait compléter sa tenue, le jeune homme réalisa qu’il l’avait laissé dans la chambre. Ne se formalisant pas, il quitta donc la salle de bain torse-nu, et commença par faire un crochet dans la cuisine où se tenait Isis. Tyron s’arrêta au-dessus de la casserole encore fumante que la jeune femme leur avait préparé malgré la précarité dans laquelle ils se trouvaient, et huma la vapeur qui s’en dégageait d’un air satisfait. « Wow, c’est le grand luxe ! J’arrive tout de suite ! » s’exclama-t-il sans pouvoir cacher les gargouillis qui provenaient de son ventre affamé.

Après avoir récupéré et enfilé son t-shirt, le jeune homme regagna la cuisine pour aider Isis à mettre la table avec la vaisselle qu’ils pouvaient trouver dans les placards. Puis il s’installa autour de la table, juste en face de sa coéquipière, et entreprit de faire le service. « Alors tu penses que l’armée ne nous sera d’aucune aide ? Vraiment ? Si c’est ça, il faut qu’on trouve un moyen d’agir à deux… mais il faut faire vite, j’imagine qu’ils ne vont pas s’éterniser dans cet entrepôt… » reprit Tyron en exposant ses réflexions à voix haute, avant de se jeter littéralement sur le bol de nouilles encore fumantes qu’il venait de se servir.

Urgh.... sorry
Pour me faire pardonner j'ai mis un avatar de circonstance...