Inspiration, expiration. Ce n’était pas le genre de Neige de péter une durite, encore moins d’être prise de la plus petite crise de panique qui soit, mais là, en l’occurrence, elle était loin d’être rassurée. Devant ce fichu hôpital dont la blancheur des murs était loin de lui inspirer confiance, la jolie allemande attendait. Quoi, qui, pourquoi, mystère et boule de gomme. Ce que l’on pouvait noter en revanche, c’est qu’elle triturait un papier dans tous les sens possibles et imaginables, et qu’elle avait pris quelques kilos depuis quelques temps. Amaury était encore une fois en répétition pour son spectacle à Broadway, et c’était spécifiquement le moment où elle avait rendez-vous… chez le gynécologue. D’ordinaire, jamais Neige n’aurait demandé la présence de quelqu’un, surtout pour une visite chez un spécialiste, mais là, le côté émotionnel de la chose était terrifiant. Elle s’était donc arrangée pour que Willow ne la retrouve en face de ce fichu hosto à la noix, afin que la seule personne au monde en qui elle avait confiance, en dehors d’Amaury, soit en mesure de la soutenir dans ce moment aussi effrayant qu’indispensable. Pas étonnant que sa meilleure amie, qui ne l’avait lâchée et qu’en retour elle avait toujours soutenue, arrive incrédule face à ce véritable asile pour dérangés mentaux. « Inutile de tourner autour du pot, je suis enceinte, j’ai rendez-vous chez le gynéco et puisque Amaury n’est pas là… me fallait quelqu’un en qui j’ai totalement confiance. Genre une confiance aveugle, au moins ! » La voleuse internationale n’avait jamais eu pour habitude de tourner autour du pot, et aujourd’hui ne semblait pas faire exception à la règle.

« Le problème, ça va être d’entrer dans cet endroit de flingués… j’ai autant envie d’y aller que de me pendre. Comme quoi, les hommes, ils sont là pour la bagatelle et après, finito ! » Neige tourna enfin son regard d’un joli bleu clair vers Willow pour la gratifier du premier sourire de sa journée étrange, avant de la serrer contre elle, comme d’habitude. Sauf que cette étreinte était plus vive que d’ordinaire, trahissant son inquiétude déjà évidente, comme s’il fallait à tout prix enfoncer des portes ouvertes. Une voleuse de son « standing » en mode enceinte, c’était tout de même le comble. Surtout que les nausées ne la lâchaient jamais et qu’Amaury la harcelait pour qu’elle n’arrête ses activités illicites de toute urgence. On allait passer outre le fait qu’il l’ait demandée en mariage… Neige portait sa bague de fiançailles certes, mais elle tenait à l’annoncer à Willow dans de meilleures conditions que celles-ci. « Tu es venue, c’est toujours ça… » Même si elle ne parvenait pas à bouger le petit doigt tandis qu’elle triturait toujours son papier.

« Comment j’ai fais ? Très, très longue histoire. Ca dépend combien de temps tu as devant toi… » Amaury et Neige, c’était aussi compliqué qu’une équation mathématiques. Au départ, ils étaient simplement les meilleurs amis du monde, appréciaient de se chamailler les trois quart du temps et de s’adorer tout le reste du temps. Difficile d’expliquer ce lien qui les unissaient hormis à Willow, puisqu’elle était bien la seule et unique en qui la jolie cambrioleuse pouvait avoir une confiance aveugle. « En fait, on avait déjà couché ensemble lors de ma dernière… cuite. Ca remonte et après, on s’était fâché pendant plusieurs mois vu qu’il s’en souvenait pas. C’était ma première fois, quand même ! Enfin bref… et puis il y a eut ce gala où je devais présenter des plans d’architecte vu qu’en théorie c’est mon vrai métier tu sais, et je l’ai revu, on s’est embrouillés, mais au final je lui ai pardonné… je t’ai pas trop perdue ça va ? » Ce n’était même pas clair dans la tête de Neige. Sous des airs extrêmement assurés, la jolie allemande balisait sévère. Il faut dire qu’elle s’estimait bien trop immature pour avoir un gamin, sans compter qu’elle exerçait un métier tout de même extrêmement dangereux. Sans oublier qu’en arrière plan, elle avait toujours dans sa ligne de mire la vengeance lui bouffant les tripes depuis ses sept ans, date de la mort de sa mère, abattue sous ses yeux. Cet enfoiré allait croupir en prison pour le restant de sa misérable existence si elle n’avait pas l’idiotie de l’étriper avant. Mais tout ça, c’était une autre histoire… « Bref, accident. » Neige s’éloigna quelques instants de Willow pour la dévisager. Pourquoi fallait-il toujours que tout le monde ait l’impression qu’hôpital rimait forcément avec maladie incurable ? « Oh je te rassure de suite, tu vas me supporter encore quelques décennies ! Faut pas t’inquiéter comme ça, ma poulette en sucre… »

Neige n’avait aucune envie de se rendre à ce maudit rendez-vous. Pourquoi diable était-elle parvenue jusqu’ici ? Était-elle masochiste ? Surtout que maintenant que Willow l’avait honorée de sa présence, celle-ci allait être la plus insistante de toutes pour qu’elle rentre et assume cette condition que dans le fond, elle n’avait même pas encore acceptée. Amaury allait l’entendre pour ne pas être venu, si toutefois elle le croisait en rentrant ce soir ! « Ne l’étripe pas de suite, faudra bien qu’on m’aide à m’occuper du bébé… je vais faire comment sinon, moi ? Oh et… on va attendre encore quelques minutes. Je suis pas trop mal ici, en fait. »

Neige aurait volontiers rebroussé chemin illico presto, juste pour la beauté de la chose et pour pouvoir dire « mais bien sûr que siii j’ai essayé de venir à ce rendez-vous de malheur ! ». Hélas, la jolie blonde risquait de s’en vouloir s’il arrivait quelque chose et qu’elle avait simplement refusé de passer une toute petite échographie de rien du tout… diantre, depuis quand tremblait-elle devant une machine qui en plus était indolore ? Ce n’est pas comme si on ne lui avait jamais fait de radio dans sa vie… sauf que là, l’enjeu n’était pas du tout le même que lorsqu’elle se foulait la cheville ou qu’elle avait un mal de ventre un peu trop persistant pour être une simple gastro. Ce qui la pétrifiait sur place, c’était les responsabilités à venir. Amaury n’était pas d’une maturité à péter trois pattes à un canard et de son côté, son métier « caché » n’était pas non plus sans risques. En somme, il représentait la pire équation parentale qui puisse être. Même sa jolie Willow unique et préférée serait mille fois mieux dans ce rôle qu’elle n’avait, de toute évidence, jamais réellement voulu à la base. « Mouais… c’est à qui sera le plus immature entre nous deux, cherche pas ! » Au moins Neige ne se voilait pas la face. La jolie allemande ne savait que trop bien qu’ils risquaient de foncer droit dans le mur… mais elle refusait de faire machine arrière. Comme si c’était de toute façon impossible.

« Ah, si je t’avais pas, dis-moi ce que je ferais, hein ? On est les deux mousquetaires, t’façon. Toi t’es Portos et moi je suis Aramis ! » Neige ne quittait pas son petit côté gamin et forcément… parler des Cinq Légendes devant elle revenait à l’entendre pousser son sempiternel cri suraigu de joie indicible ! « Aaaah mais c’est une super idée !! Mais si c’est une fille… Quenotte ? » Elle ne commettrait jamais l’hérésie d’appeler sa fille comme ça, quoique, après un passage expresse à la fête de la bière à Munich, pourquoi pas ! Mais pour l’instant, la demoiselle fronçait les sourcils et venait de placer une main sur son ventre. Une sorte de douleur à la limite du supportable lui sciait le bas ventre… pas bon du tout.

« Tu préfères être Aramis en mode curé ? » lança Neige d’un air presque désapprobateur bien qu’elle n’en pensait pas un mot. A vrai dire, cela l’aidait de se concentrer sur autre chose que cette douleur lancinante qui ne manquait pas de lui scier l’intégralité du bas ventre. Si seulement elle pouvait s’endormir et ne plus rien ressentir, être anesthésiée de toute douleur, elle signerait direct le contrat de sommeil. Mais Neige n’avait jamais été une demoiselle raisonnable. Sans famille, sans modèle depuis que son père s’était terré dans un silence parfait et demeurait cloîtré dans une maison de repos, la jolie allemande ne vivait pas, elle survivait. Pire, elle ne comptait plus les remontrances d’Amaury sur sa façon de vivre, résolument dangereuse, et qui n’avait de cesse de mettre sa vie entière sur un simple fil fragile. Voilà bien une partie de son existence qu’elle n’avait jamais confiée à sa meilleure amie, par choix, non pas en vue de l’épargner mais bien pour éviter toute nouvelle leçon de morale. Hélas, même parler de ça était plus agréable que de ressentir cette fameuse douleur… alors en attendant ! « Raiponce ou Aurore… c’est joli ! Je t’embauche pour trouver tous les prénoms alors ! Mais au fait, Wiwi… si je te disais qu’en plus d’être architecte j’avais disons des activités un peu autres… genre à la limite de la légalité, tu me ferais une leçon de morale ou tu partirais en courant ? »

Neige avait soudainement planté son regard dans celui de Willow, cherchant un premier élément de réponse même si aucun ne lui venait en conservant un véritable contact visuel direct. « Je suis architecte. J’ai fais des études pour ça et je suis douée… mais je m’emmerde vite, en fait. Et pour plein de raisons, disons que je prends des choses sans permission. Des grosses choses. De très grande valeur. Souvent ! » Elle ne commettrait jamais l’hérésie d’appeler sa fille comme ça, quoique, après un passage expresse à la fête de la bière à Munich, pourquoi pas ! Mais pour l’instant, la demoiselle fronçait les sourcils et venait de placer une main sur son ventre. Une sorte de douleur à la limite du supportable lui sciait le bas ventre… pas bon du tout.

Neige ne s’attendait pas du tout à cette sorte de diarrhée verbale qui lui perça à moitié les tympans tandis que son étonnement crevait désormais le plafond. De quoi ? Qu’ouïe-je, qu’entends-je, dans quel état j’ère ?! Willow ne venait pas de lui avouer qu’elle volait et qu’EN PLUS elle avait été mise à la porte par cette andouille de Joe ! « Tu vas me donner son numéro de sécurité sociale que je lui refasse une beauté à ton Joe ! » s’exclama-t-elle comme s’il n’y avait bien que ça à retenir dans tout le discours de sa meilleure amie. Somme toute, Neige y voyait le plus important, à savoir que Willow n’avait pas un toit au dessus de sa tête, vivait dans une précarité absolument insupportable et mettait en place des petits stratagèmes pour survivre… pour être estomaquée, la jolie allemande l’était. « Mais qu’est-ce que tu vas t’imaginer ?! Je ne vais pas mourir et encore moins t’abandonner !! Je voulais juste être honnête avec toi parce que tu es bien la seule qui le mérite et que ça me pesait de ne pas te le dire. J’aime pas quand il y a des secrets entre nous, mon p’tit bouchon… mais là ça craint grave pour toi !! » Neige se gratouilla légèrement la tête en signe d’intense réflexion, mettant sa propre confidence sur off pour mieux réfléchir à une façon d’aider au mieux cette blondinette qui, si elle lui crevait les tympans plus souvent qu’à son tour, était absolument indispensable à son équilibre. Voilà pourquoi elle la serrait dans ses bras en faisant fi de tout le reste, la berçant pour calmer ses petites larmounes de crocodile et qui avait une fâcheuse tendance à l’émouvoir à chaque fois… « Tu vas venir chez moi pour l’instant. Et ce n’est pas une question, c’est une affirmation ! Tu as besoin d’un toit bien chaud et protecteur pour finir ton année, quant à Duchesse et Ketchup, il leur faut aussi un petit foyer… je ne dis pas que je suis la meilleure option, mais je peux pas supporter l’idée que tu sois dehors à crever de froid, ça me fait mal ! »

" J'ai jamais dit qu'il fallait que je te mouche le nez ! " s'indigna-t-elle avant de lever les yeux au ciel. Mais il faut dire qu'elle-même trimballait un lot de boulets plutôt conséquent et ne savait guère de quoi demain serait fait. Oui, elle était enceinte, et après ? Amaury brillait par son absence et ne répondait même pas à son portable alors qu'elle avait tenté de l'appeler un nombre impressionnant de fois. Cette simple la fit soupirer avant qu'elle ne se reconcentre sur Willow : des deux, elle était celle dont la situation restait la plus précaire et il n'était pas question qu'elle refuse l'aide de son flocon... pas à moins qu'elle ne veuille que ledit flocon ne se transforme en stalagmite de glace ! " Naaan mais tu plaisantes là ?! D'abord, le vol ça s'apprend et je suis sûre que si je te reprenais en main tu verrais vite que tu es disons... une amatrice. Mais bref c'est pas le propos ! Wiwi, tu te rends compte de ta situation ? Tu ne vas pas me dire que tu es happy parce que Joe t'a virée comme une malpropre, quand même ? Il en dirait quoi d'ailleurs, ton sexy doc ? Tu sais, celui avec le nom russe ! Je ne suis pas sûre qu'il verrait ta situation de tes yeux mais plutôt qu'il la verrait des miens... ne fais pas cette tête là, tu sais bien qu'entre toi et moi c'est motus et bouche cousue !! Mais à vrai dire, égoïstement j'ai peut-être besoin d'une assistante et tu pourras sûrement m'aider. Pour... ce que je viens de t'avouer avant. "

Neige n'avait aucune intention de la forcer à venir chez elle si elle ne le souhaitait pas, mais ne risquait pas de la lâcher pour autant. Sans en comprendre la véritable raison, la jolie allemande était devenue bien plus maternelle ces derniers temps. Les hormones, sans doute. Mais toujours est-il qu'elle refusait de la laisser dans la panade alors qu'elle savait pertinemment que Willow refuserait de ne pas lui tendre la main dans la situation inverse... " Je ne te force à rien. Je peux prendre Ketchup et Duchesse sans problème, au contraire ça me tiendra compagnie. Et pour info... il est plus ou moins au courant mais encore faudrait-il qu'il décide d'être là pour me hurler dessus !!"

« Si tu deviens mon assistance, je te promets une très, très, très bonne paye. Ca te permettra de te payer un loyer toute seule… sans risquer de passer une nuit au frais ! » D’accord, ce n’était pas le plus intelligent du monde que d’inciter Willow à la suivre dans son talent de kleptomane, mais si cela pouvait lui permettre de continuer ses études et d’offrir un foyer à ses deux amis à quatre pattes… alors Neige prenait le risque. Elle ne pouvait décemment supporter de savoir sa meilleure amie dans la panade sans qu’il n’y ait un plan B possible pour la sortir du pétrin. Au moins, ce soir, elle allait dormir dans un grand lit bien chaud, manger à sa fin et pouvoir réviser tout ce qu’elle voulait sans être dérangée ni même inquiétée… pour une fois, la jolie allemande allait veiller au grain, il n’y avait aucun doute là-dessus. « Ton sexy doc va se caser ?! Sans déconner !! Quant à ton véto, c’est qui ? Il est compétent ? Faudrait pas que tes bichons soient pas bien traités !! » Neige se préoccupait davantage de ces deux amours plutôt que de son propre cas, comme d’habitude… du moins jusqu’à ce qu’elle ne se mette debout, soudainement poussée par un élan provenant d’on ne sait où. Puisqu’il fallait se débarrasser de ladite corvée, autant le faire tout de suite maintenant. « Allez, c’est parti mon kiki ! Autant savoir si c’est un bichon ou une bichonne… heureusement que t’es là avec moi sinon je ne passerais jamais cette putain de porte. »

Tout en se soutenant au bras de Willow plutôt fermement, Neige prit une grande inspiration pour ne surtout pas prendre ses jambes à son cou. Il fallait qu’elle fasse preuve de courage pendant quelques minutes et après, elle pourrait s’empiffrer de fraises à la crème en bêtifiant devant son échographie. Vraiment, elle préférait le programme d’après que celui de l’écho… mais il fallait passer par là pour se rendre à la case « récompense » malheureusement. « Tu restes le temps que tu veux, ma Wiwi. Mais tu vas me servir de cobaye pour maman poule. Je peux pas m’entraîner, sinon !! »

« Attends, attends… tu l’as braqué avec un pistolet distributeur de bonbons ? » Neige fut soudainement prise d’un fou rire rien qu’à imaginer la scène. Il y avait un lustre qu’elle n’avait pas rit d’aussi bon cœur. « Vraiment, si tu n’existais pas ma poulette, il faudrait t’inventer de toute urgence ! » s’exclama-t-elle tandis qu’elles se dirigeaient toutes deux vers ce bâtiment de l’enfer, au mur d’un blanc à rendre son petit déjeuner au premier endroit opportun à portée de main. La jolie allemande était mal à l’aise. Tout en elle respirait la nervosité à plein nez, et pourtant, ce n’était pas faute d’avoir imaginé cette scène mille fois dans sa tête. « C’était vachement moins effrayant dans ma tête » avoua-t-elle alors qu’elles passaient toutes deux la porte du hall, sous le regard sévère d’une infirmière à laquelle Neige rêvait aussitôt de refaire l’expression suffisante se dégageant de son visage. Non mais pour qui se prenait-elle ? Celle-ci pris son nom, prénom, date de naissance et adresse avant de demander son numéro de sécurité sociale. Numéro inutile vu que Neige n’avait aucune sécu et qu’elle allait payer son échographie un bras, une jambe et un demi rein coupé en quatre. Qu’importe, elle supposait que cette facture de plus serait rapidement rentabilisée avec le coup qu’elle préparait depuis un moment déjà. Willow lui serait sûrement très utile… elle avait presque hâte de lui en dire plus. « Ah oui, j’oubliais… je préfère Clydinette, et ne surtout jamais me demander des conseils en matière de tagada tsouintsouin. Tu vois ce que ça m’a valut ! » plaisanta Neige rien que pour afficher un sourire carnassier en face de cette infirmière insupportable.

Sauf que maintenant, c’était le moment de vérité. Par chance ou malchance, selon le point de vue, le gynécologue avec qui elle avait rendez-vous –vieux et barbu comme le veut le cliché, l’appela immédiatement pour l’échographie. Elle serra d’autant plus fort le bras de Willow, comme si ce n’était pas le moment qu’elle la laisse tomber, et ôta fébrilement ses vêtements pour enfiler une espèce de tente bleue d’hôpital qui sentait presque l’eau de javel à cinq kilomètres. Le plus désagréable, ce fut sans doute ce gel glacé qu’il osa lui mettre sur son bidon déjà bien arrondi… avec que Neige n’émette quelques larmes face à la vision de cette petite vie grandissant en elle. Nom d’un chien, pourquoi les hormones la rendait elle si sensible ? Ce fut le comble lorsque le gynécologue décréta que c’était un garçon sans une once d’émotion dans la voix… « Wiwi, c’est un Jack Frost ! » s’exclama-t-elle, persuadée que le médecin ne verrait sûrement pas le rapport avec la choucroute.

Si Amaury valait le coup ? Vaste question. Neige était amoureuse de son beau danseur, difficile d’être exactement sincère. D’autant que la jolie allemande n’avait pas énormément de besoins au niveau acte charnel. La première fois avec son danseur avait été particulièrement alcoolisée, tant et si bien qu’il ne s’en n’était même pas souvenu, et la deuxième… Neige ne voulait pas en parler. Cela la mettait diablement mal à l’aise, sans savoir pourquoi. « Of course il vaut le coup ! » se défendit-elle car dans le fond, c’était on ne peut plus vrai. Amaury avait beaucoup de défauts mais pas celui-ci. « C’est un danseur alors forcément qu’il gère pour ce que tu sais ! » Le gynéco lui lança un regard bizarre et instantanément, Neige lui balança son sourire le plus crispé qui soit. Une chance qu’il ait prétexté devoir sortir quelques minutes sinon elle aurait été capable de lui refaire le portrait façon puzzle direct pour lui casser son groove de la sorte. A croire que voir l’entrejambe de tant de femmes à longueur de journée rendait ce genre de personne totalement blasée… la jolie allemande n’aurait jamais pu faire ce métier là, jamais. Elle n’était pas une fille blasée et avait encore la possibilité de s’émerveiller devant quelque chose, en l’occurrence sur la bouille de son futur Jack Frost. Avec tout ça, Willow parvenait à la contaminer avec son engouement enfantin ! Ce qui n’était pas peu dire… « Nom d’un chien que ça devient réel… merde Wiwi, et si j’y arrive pas ? Manquerait plus qu’Amau continue à jouer Harry Potter avec sa cape d’invisibilité et je vais l’avoir dans l’os un truc de bien ! »

Pour l’instant, ce n’était pas le moment de paniquer mais bien d’accueillir la joie de sa meilleure amie bras grands ouverts. Neige mit de côté la négativité ayant temporairement voilé ses yeux pour lui rendre chacun des bisous qu’elle lui offrait, tandis qu’un sourire étirait soudainement ses lèvres de façon on ne peut plus sincère et chaleureuse. Oui, Jack Frost allait être le plus beau bébé de la terre… et il n’allait pas manquer d’amour, ce petiot. « Tu seras la marraine, hein, ma Wiwi ? Assistante, marraine… genre marraine la bonne fée !! »

Neige manqua de s’étrangler de rire face aux détails on ne peut plus croustillants offerts par nulle autre que Willow. Vraiment, la simple image consistant à l’imaginer passer à la casserole sa 3DS en main lui donnait mal aux côtes à force de se marrer comme une baleine. Vraiment, la sorte d’innocence s’échappant de sa meilleure amie la laissait toujours bras ballants. Il n’y avait qu’elle pour sortir de façon si naturelle des détails pareils alors que les murs pouvaient avoir des oreilles… ma foi, ce n’était pas la jolie allemande que ça allait déranger, car pour la choquer, encore fallait-il y aller franco. Neige serait nettement moins à l’aise s’il fallait parler de sa vie sexuelle avec Amaury, mais ça, c’était une autre histoire… ils n’avaient pas réellement de vie sexuelle à proprement parler, si l’on met de côté leur première fois dont le danseur ne se rappelait même pas puisqu’il était rond comme une queue de pelle à ce moment là, et leur deuxième fois constituant la création de leur petit bout de chou. « Promis, je t’achète au moins dix jeux de 3DS pour ton prochain Birthday marraine ma bonne fée ! » énonça Neige d’un ton particulièrement sérieux avant de ne voir Willow éclater en sanglots dans ses bras. La jolie allemande n’était pas extraordinairement sensible, excepté lorsque sa meilleure amie pleurait devant elle. A partir de là, il n’y avait plus qu’à compter les secondes avant de voir ses propres yeux s’humidifier.

« Si je dis oui ? Tu déconnes, tu pensais que t’allais pas assister ! Mais je hurle si t’es ailleurs tu veux dire !! » Neige voulait que sa Wiwi soit présente à chaque partie capitale de son existence, la naissance du futur Jack Frost en faisant partie. Se connaissant, elle allait être en mode stress des jours à l’avance, tant et si bien que Willow elle-même risquait de hurler… « Mais tu vas en avoir vite ras le bol de moi, je suis insupportable tu sais ! Pis Jack c’est un futur boxeur, même que ! Attends, touche ! » Délicatement, la jeune femme plaça les mains de sa meilleure amie contre son ventre déjà bien arrondi pour qu’elle sente à quel point il boxait déjà au taquet… alors qu’il était aussi gros qu’un tout petit melon !! Qu’est-ce que ce serait dans neuf mois… « Je crois que je vais prendre rendez-vous avec Ketchup en fait ! »

Neige éclata de rire face à la réaction de sa Willow. Vraiment, elle savait être l’innocence incarnée et à la fois une presque petite peste. Oh bien sûr, il allait falloir que la jolie allemande lui offre quelques cours pour qu’elle soit pleinement au point là-dessus, mais la charmante blonde savait « menacer » autrui. La preuve, ne venait-elle pas de menacer le futur petit bout de lui chiper ses desserts jusqu’à la fin de sa vie ? Mine de rien, cela faisait un certain nombre d’années, et donc un nombre plutôt impressionnant de desserts… mais le sourire de la jeune voleuse s’effaça légèrement alors que Willow passa par la case promesse. Neige n’aimait pas vraiment ce genre de moment, car elle n’était jamais totalement certaine de pouvoir tenir ses engagements. Ce n’était pas faute d’essayer, mais son tempérament, couplé à son métier hautement dangereux, faisaient qu’elle pouvait tout à fait vouloir respecter sa parole et dans les faits ne pas y parvenir… elle serra néanmoins la main de Willow dans la sienne, en guise de première réponse et d’encouragement, avant de tenter un nouveau sourire aussitôt. Toujours se montrer rassurant face à quelqu’un au tempérament de la future astrophysicienne, toujours ! « Je te le promets. Du moins je vais essayer mais d’un autre côté, ça va être super facile si tu bosses avec moi ! Amaury ne doit pas l’apprendre par contre sinon j’suis partie pour en tendre parler jusqu’à… bah toujours. Il me lâchera jamais. Promis aussi de ne rien me cacher ? » Il ne fallait pas croire, Neige s’inquiétait énormément pour sa meilleure amie.

Cette vérité fut plus véridique encore face à la nouvelle expression de celle-ci, alors qu’elle venait de se vautrer quelque chose de bien. Neige n’avait pas eu le temps de se relever suffisamment vite pour l’empêcher de tomber, mais l’aida tout de même à se relever de façon aussi stable que possible. Du moins le tenta-t-elle non sans être la première origine d’un nouveau coup : elle la conduisait jusqu’à la table d’observation pour qu’elle reste à ses côtés et au final, le coude de Willow se heurta plutôt violemment à une foutue chaise n’ayant strictement rien à faire là. Panique à bord… « Je suis désolééééée !!! Je t’ai fais mal ?? Foutus farfadets !! »

Oh dear, c’était encore pire ce qu’elle pensait. Soit Willow était maudite, soit la jolie allemande pouvait passer pour une douée de la vie. Mais dans tous les cas, Neige regardait sa meilleure amie les accumuler d’un œil particulièrement désapprobateur non sans l’aider à plusieurs reprises à se relever. Elle était d’ailleurs prête à lui proposer d’aller voir son sexy doc pendant qu’elles y étaient afin qu’il puisse faire quelque chose pour son genou douloureux, mais elle n’eut même pas le temps d’ouvrir la bouche que déjà, Willow s’était pris une porte en pleine poire, se retrouvant ainsi avec le nez en sang tout en hurlant qu’elle souhaitait que Neige la protège. Ce n’était hélas pas avec son gros ventre et son manque cruel de chance qu’elle risquait de protéger qui que ce soit, mais soit. « Laisse tomber le fascicule je suis trop puissante pour ce genre de connerie ! » maugréa la jeune femme avant d’aller chercher Willow tout en la soutenant du bras. « Le premier farfadet qui se pointe, j’y pète les rotules moi ! » maugréa Neige tandis qu’elle s’avançait dans un grand couloir sans même savoir où elle se dirigeait exactement. Ce qu’elle cherchait, c’était une salle d’auscultation vite où elle pourrait aider son amie sans être dérangée et, par conséquent, mise à la porte avec pertes et fracas. Il allait falloir jouer serrer mais son instinct extraordinaire ne l’avait pas abandonnée : elle fut en mesure de pénétrer à l’intérieur d’une salle exigüe mais bien vide, et qui leur offrait ainsi la possibilité de soigner le genou de Willow ET de contrôler son saignement de nez.

« Assied-toi sur la table la tête en arrière je vais te faire un soin à la Neige ! A défaut d’un sexy doc on fait avec les moyens du bord… » La jeune femme mit de la gaze dans les deux narines de Willow avant de grimacer : si cela se trouvait, son nez était cassé et il n’y aurait pas grand-chose qu’elle pourrait faire. « En fait on va sûrement devoir partir chercher ton sexy doc : il a viré au bleu ton pif ! » Mais bandage de genou d’abord. Il faut dire qu’elle avait l’habitude avec les blessures régulières d’Amaury… « Attention ça va être froid… » énonça-t-elle alors qu’elle lui appliquait dans un premier temps un peu de pommade anti-inflammatoire. Il faut bien commencer par quelque chose !

« Te porter comme Kevin Costner ? » articula Neige, ahurie. Avec sa carrure, elle n’était pas dans la merde. C’est à peine si elle était capable de se porter elle-même alors quelqu’un d’autre, si fluet soit-il… on pouvait repasser dans quelques siècles ! Mais l’allemande ne répondit rien pendant de longues minutes tandis qu’elle essayait de soigner Willow avec les moyens du bord. Autant dire qu’il y avait encore du boulot car Neige n’était pas médecin ou même infirmière, n’était douée de ses doigts que pour ouvrir des serrures réputées comme impossibles à ouvrir et détestait par-dessus tout la vue du sang. Une chance qu’aucune goutte n’ait été versée sinon, elle aurait purement et simplement fait un malaise. Une chance également que la jeune blonde soit un véritable gosse en puissance quand elle s’y mettait, sans quoi elle aurait purement et simplement abandonné la lourde tâche qui lui incombait actuellement. « Je fais quoi là si je te soigne pas moi-même, hein ? Du tricot ? » Neige secoua la tête avant de sortir miraculeusement un paquet de fraises tagadas comme pour faire patienter sa Willow pendant son petit soin de fortune. « Je suis toujours armée en cas d’extrême urgence » énonça-t-elle simplement, sans sourire, étonnement sérieuse.

« Et puis je te parle pas de ce sexy doc là mais de ton neurochirurgien, patate ! Aucun risque qu’on tombe sur ton véto ici… il n’y a pas de soins d’animaux autre part que dans les cliniques vétérinaires je te signale. » Neige se serait bien vue l’épouse d’un neurochirurgien reconnu dans le monde entier. Cette idée lui traversa l’esprit sans même qu’elle sache pourquoi, le plus honteusement du monde. Mais ma foi, il n’y a pas de mal à se faire du bien ! « Il s’appelle comment déjà, d’ailleurs ? Bon que personne ne bouge, j’entame le bandage ! »