Kill the ghost that hides in your soul

Erwan & Rafaello

Italien de pur souche et incapable de me détacher tout à fait de mes origines définitivement ancrées en moi, il n'était pas rare que je vagabonde dans les rues les plus italiennes de tout New-York. Je m'y sentais un peu comme chez moi, entouré d'hommes et de femmes tout autant italiens que moi, si ce n'est parfois plus. J'avais tout de même quitté l'Italie assez jeune, à seulement dix sept ans. Pour une histoire à la con qui avait définitivement foutu ma vie en l'air. Pourtant, le rêve américain était ce qui m'avait plus ou moins sauvé. Ma passion pour la peinture ne me permettait pas de vivre. Pourtant, ça me rendait heureux quand j'avais la possibilité d'étaler des couleurs sur une toile jusqu'alors vierge. Et c'était bien parce qu'on se trouvait à New-York, que je pouvais exposer aux yeux de pas mal de gens, dans une petite galerie d'art qui exposait les jeunes talents. Et à côté de ça, vivre à New-York m'avait également permis de rencontrer celle que je considérais définitivement comme étant la femme de ma vie. Quand bien même nous traversions des moments très difficiles, depuis ... Eh bien depuis ce qui me semblait être toujours. Ca ne m'empêchait pas de l'aimer réellement et de vouloir passer le restant de mes jours à ses côtés, à élever notre fille et même à l'épouser et faire d'autres enfants. Bref, je savais que rien n'était encore perdu entre nous et que nous avions même encore tout un tas de trucs fabuleux à vivre et à partager tous les trois. Même si ce n'était pas du tout ce qui semblait être sur le point d'arriver, alors que notre relation oscillait entre le "en pause" et le "on va lui redonner une chance bientôt". J'étais prêt à tout pour sauver notre couple. Mais finalement, c'était peut-être bien ça le problème dans toute cette histoire. Le fait que je sois réellement prêt à tout. Pour elle, pour notre fille, pour nous ... Même si elle ne m'avait jamais rien dit à ce sujet, j'étais à peu près certain qu'elle pourrait me faire le reproche de tout ce à quoi j'étais prêt pour nous. Prêt à bien des sacrifices et prêt à faire une grosse connerie -et même plusieurs- si c'était ce qui était nécessaire. Je pourrais crever pour elles. Et c'était là -sans aucun doute- un vrai problème. Carrément inquiétant si l'on considérait le fait que j'étais on ne peut plus sérieux à ce sujet.

Quoi qu'il en soit ... Malgré les apparences, ma vie n'était pas toujours grandement et insupportablement compliquée. Il arrivait que j'aie la sensation qu'elle s'était simplifiée au moins un minimum, d'un jour à un autre. Sans que ça ne soit de façon flagrante non plus. Il suffisait d'un petit rien pour que je me sente d'humeur plus joyeuse et aie la sensation qu'un truc bien pouvait encore m'arriver. Et quand je disais un petit rien, ça pouvait vraiment être un "rien". Une simple rencontre intéressante qui me rendait le sourire. Des nouvelles de celle que j'aimais et qui s'était éloignée quelques temps de moi et de l'atmosphère oppressante qui régnait chez nous. Et même, pourquoi pas, sortir boire un verre avec une personne que je considérais comme étant une amie ou un ami. C'était le cas ce soir là. Je mettais ma carrière de petit trafiquant de côté, pour au moins quelques heures. Le temps d'aller boire un verre avec une personne que je considérais comme étant un ami depuis quelques temps déjà. On s'était rencontrés quand j'étais venu le trouver pour lui demander un tatouage. Ce n'était pas le premier de mes tatouages. Mais pour sûr, je retournerais chez lui quand je déciderais d'en faire un autre. Parce que j'avais foutrement confiance en lui au moins dans ce domaine là. Je savais qu'il était bon dans ce qu'il faisait. Et si ça n'avait pas été le cas, il était évident que je ne serais pas retourné chez lui pour les quelques suivants que j'avais fais. Le dernier en date se trouvait dans mon dos et me satisfaisait pleinement. Ainsi, j'avais donc prévu de retrouver Erwan autour d'un verre, dans un petit bar d'un coin tout ce qu'il y avait de plus italiens. C'était un endroit dans lequel nous aimions à nous retrouver pour ça. Un bar sympa et pas si mal fréquenté que ça, contrairement à bon nombre d'autres une fois que la nuit était tombée sur la grande ville de New-York. « Salut Erwan ! Tu vas bien ? » Le hélai-je quand je fus à sa hauteur. Je pris place et commandai un black russian, à base de vodka et de liqueur de café.