« Mais ce fut un plaisir Madame Williams. Je vous tiendrai au courant de l'avancée de l'affaire. » Dis-je à la vieille femme en posant une main sur son épaule, la gratifiant au passage d'un de mes plus beaux sourires. Je ne suis pas du genre à monter une quelconque affection envers qui que ce soit – hormis ma petite-amie et les très rares personnes qui trouvent grâce à mes yeux. Cependant je me dois de chouchouter mes clients comme il se doit. Quitte à laisser de coté mon impatience et mon impulsivité le temps d'une journée. Croyez-moi c'est très difficile à faire pour quelqu'un comme moi, qui suis une véritable boule de nerfs. Mais comme je tiens à avoir une très bonne réputation en tant que nouvel avocat, je me contente donc d'écouter cette vieille peau qui chouine depuis une heure et demie dans mon bureau, tout en hochant la tête avec affirmation. Zen Josh, zen. Pense au bon gros chèque qui va atterrir sur ton compte en banque. Il faut dire que cette bonne femme n'a pas de pot, son mari vient de décéder et elle a été évincée du testament pour une raison qui m'est encore inconnue. D'après elle ses enfants auraient manipulés son mari avant sa mort. Mais après l'avoir écouté pleurnicher pendant trois mille ans, je comprends mieux pourquoi elle a été dégagée...Elle est beaucoup trop chiante c'est évident. Etant donné que je suis enfermé dans ce bureau depuis huit heure du matin et qu'il est à présent aux alentours de quinze heures trente, je dois reconnaître que mes nerfs sont quelques peu à vif. J'aime mon métier malgré les inconvénients qu'il comporte c'est certain. Mais j'ai un grand besoin d'aller prendre l'air, de me changer les idées. En réalité je passais bien plus de temps dans ce bureau que chez moi. Ce qui nuisait pas mal à mes relations hors du boulot. Hormis ce défilé quotidien de divorcés, se battant pour la garde de leur gosse – voir même de leur cochon d'inde – je voyais de moins en moins de visages qui m'étaient familiers. Ma carrière d'avocat fraichement débutée, j'avais quelque peu mis de coté – de façon parfaitement involontaire ceci dit - la relation que j'entretenais avec Dolce, pour me consacrer à mon travail. Pourtant je ne me suis jamais vu comme quelqu'un vivant uniquement pour sa carrière. Bien que l'argent soit LA motivation principale, sans parler de tous les privilèges que l'on accorde aux avocats. J'aimais ma petite-amie plus que tout au monde et il est vrai qu'avec nos boulots respectifs, nous avions moins de temps l'un pour l'autre. Ce qui entrainait forcément quelques tensions dans notre couple. Face à cette constatation, une grimace se dessine au coin de mes lèvres. Je me secoue donc la tête afin de chasser ces pensées de ma tête. Je pense que les gens sont complètement dingues lorsque je vois la pile de dossier que j'ai devant moi. Le peu de soleil qu'il y a doit surement leur avoir tapé sur le crane. Les gens sortent dans leur jardin pour enlever toutes les feuilles qui trainent, ou couper une dernière fois leur haie. Certains viennent me voir pour porter plainte contre une entreprise de taille haie, après s'être coupé un doigt avec l'un de ces ustensiles. Du grand n'importe quoi. M'enfin, moi je m'en contre fiche du moment que l'on me paye. Bref, une fois la bonne femme partie, je range mon bureau correctement car je ne supporte tout simplement pas le désordre. Pourquoi tout laisser en bordel et remettre tout à demain alors que l'on peut le faire à l'instant même. Quelle perte de temps. J'enfile alors ma veste et quitte le cabinet. Une fois dehors je m'allume une cigarette – habitude très mauvaise que j'ai là, je sais – afin de décompresser de ma journée de folie. En plus des affaires que je traitais pour mon travail, j'avais fait également quelques recherches concernant mon passé, mes origines. Depuis quelques temps je savais que j'avais une soeur jumelle qui vivait quelque part à New York. Je ne sais pas si c'est un signe du destin, mais j'ai vraiment envie de la connaitre. Je sais qu'elle s'appelle Selina et qu'elle travail dans une boutique de pâtisseries. Etant donné que je me suis accordé le restant de ma journée, je pense qu'il est grand temps pour moi de passer aux choses sérieuses. […] Après quelques minutes de marche, je finis par arriver à l'angle de la rue où se trouve la fameuse boutique. J'hésite un instant, me contentant de regarder à travers la vitrine du magasin. Une boule d'angoisse se forme au fond de ma gorge. Il est encore temps de faire marche arrière. Non, je dois m'assurer que cette fille est bien celle que je recherche ! Ecrasant ma clope à l'aide du talon de ma chaussure, je finis par pénétrer à l'intérieur de la boutique. La brunette est assise un peu plus loin, un enfant auprès d'elle. La jeune femme se redressa et m'adressa un sourire auquel je répondis. «  Bonjours.  » Je n'avais pas le temps d'en dire d'avantage que la brunette se lançait dans un grand monologue sur les cupcakes. Je balayais du regard les petits gâteaux et en choisissais un au hasard. Hum, vraiment pas mauvais. « Vous voulez en goûter un autre ? Citron meringué, goût bubble gum, on a un peu de tout   » Je réfléchissais quelques secondes avant de choisir. « Citron meringué.  » J'ai toujours eu un faible pour le citron. Allais-je devoir bouffer tout les gâteaux de la vitrine avant d'arriver à lui dire le pourquoi de ma petite visite ?