Aujourd'hui, quinze heures. Mon employeur avait été plutôt clair, il voulait me voir deux ou trois heures avant mon service pour pouvoir m'apprendre bon nombre de cocktails ou les doses à mettre lorsque l'on me commanderait du whisky, de la vodka ou je ne sais quoi. Vêtue d'un jeans et d'une chemise blanche – sous laquelle j'avais enfilé un léger débardeur blanc – je me dirigeai vers le lieu dit. Travailler dans un bar n'était pas franchement ce dont j'avais rêvé comme job mais c'était mieux que rien, il fallait bien l'admettre. J'étais arrivée à New York mi juin et après avoir vécu un mois et demi dans la rue, il fallit que je m'assume un minimum. Edwin était bien gentil de m'offrir un toit, je ne voulis pas tout lui laisser payer alors que je mangeais, me lavais chez lui. C'était le minimum syndical à mes yeux. J'avais débarqué ici, tout ce qu'il y a de plus anorml et maintenant, je devais m'assumer. C'était ce que j'avais toujours recherché après tout. Quitter la Grande Bretagne avait été une bonne idée et ici, je retrouvais mes frères et sœurs bien que j'ai toujours pas mal de problèmes à accepter l'abandon d'Olivia et son enfant – tout comme celui d'Elisa. Je n'avais pas encore revu Zoé mais connaissant Edwin, il allait bientôt monter un plan pour que nous tombions l'une sur l'autre ''comme par hasard''. Bien évidemment, le hasard d'Edwin était très louche mais c'était ainsi. Prenant le métro en direction de mon nouveau job, j'écoutai de la musique. Elvis Presley, l'un de mes chanteurs préférés, pour ne pas dire mon préféré. Ma tête bougeait, comme machinalement au rythme de la musique. Un éxutoire, voilà ce qu'était la musique à mes yeux, enfin à mes oreilles. J'écoutais de la musique toute la journée, dès que je le pouvais et bosser dans un bar – de soirée qui plus est – voulait dire musique et ambiance ! Je m'attendais déjà à me faire taquiner, à ce que de nombreux hommes me draguent mais j'étais préparée et n'étais pas franchement un amour. J'avais la langue bien pendu même si je devrais me contrôler – et pas qu'un peu – pour ne pas me faire virer en deux temps trois mouvements. J'avais besoin de ce travail et c'était le seul qui acceptait une novice parmi ses rangs. Comment les patrons voulaient ils qu'on ait de l'expérience si personne ne nous laissait sa chance ? De plus, il fallait dire que mon jeune âge n'arrangeait rien. J'étais mineure ici et n'étais pas trois fois sûre que tout cela était autorisé. Enfin, peut être que ce ne serait qu'un job de passage parce qu'une fois le mois de septembre arrivé, je ne pourrais plus faire de service de nuit. Passant la porte, je salua les clients et la jeune barmaid qui se trouvait derrière le bar. Je lui fis un léger sourire et me dirigea vers cette dernière « Maëlle Hanwell, je suis la nouvelle et on m'a dit de venir plus tôt pour être formée pour ce soir » Douce et souriante, je lui montrais ma meilleure face, mon meilleure côté histoire d'avoir ma chance, un minimum de chance de réussir à réellement avoir se travail et pouvoir subvenir à mes besoins. Regardant autour de moi, j'étais un peu choquée du monde qu'il y avait à l'heure là. Il n'y avait donc personne qui travaillait dans cette ville ? Passant derrière le bar, je commença rapidement à servir les clients. Un coca, un café, une bière blanche, une ambrée.

Cela faisait trois heures, trois longues heures que j'apprenais comment faire une bière à la perfection – sans trop de mousse mais un peu quand même – et tout ce qui allait avec lorsque la jeune femme, April, posa son tablier sur le bar. Elle avait fini pour cette après-midi et moi aussi, par conséquence. J'avais un léger sourire sur le visage. J'allais pouvoir rentrer à la maison, prendre un bon bain et profiter avant de revenir ici pour travailler. J'étais un peu ailleurs lorsque je sentais un regard pesant sur moi. Me tournant, je fis face à April et dis « J'ai quelque chose sur le visage c'est ça ? Qu'est-ce qui se passe ? Je peux rentrer chez moi pour me préparer pour ce soir ou comment ça se passe ? » Je commençais à être sur la défensive et c'était mauvais, très mauvais. Je regardais la jeune femme, en attente d'une réponse et si elle pouvait se dépêcher cela m'arrangerait énormément. Je faisais claquer mes doigts sur le comptoir, impatiente, à attendre que quelque chose sorte de sa bouche.

Le job que je venais de décrocher dans le bar dans lequel je pénétrais était mon premier job. En Angleterre, je n'avais jamais travaillé – n'ayant pas vraiment le droit, ni l'envie – et il fallait dire que ce nouveau monde m'effrayait énormément. Comment faire pour ne pas finir à la porte ? Comment faire un cocktail, quels étaient les prix ? J'avais tellement peur que mon corps tremblottait, paniquée de faire une bêtise. Je n'avais jamais eu de responsabilités dans ma vie, couvée par mes parents qui m'avaient étouffée comme pas possible. J'avais été maternée pendant dix huit longues années et ces deux derniers mois j'avais appris beaucoup sur la vie et tout ce qui allait avec. Travailler était donc la prochaine chose sur ma liste. Je devais ramener de l'argent pour aider Edwin mais aussi pouvoir vivre à mon rythme. J'allais entrer à la faculté à la rentrer et les frais d'inscriptions n'étaient pas gratuits, loin de là même. Maintenant, j'avais un prêt étudiant et je voulais éviter de m'endetter. Vivre bien d'accord, vivre au dessus de ses moyens non merci. Même si je n'avais jamais été confrontée au monde et à tout ce qui allait avec, j'avais énormément de valeurs, un peu trop même. Je détestais la religion comme pas possible mais les valeurs que mes parents m'avaient inculqué restées quand même dans mon cœur et dans mon quotidien. Quelque peu agacé de ne pas voir la jeune April bouger un doigt pour me dire si je pouvais partir ou pas, je commençais à m'impatienter. S'il y avait bien une chose que je ne supportais pas, c'était le fait de faire poiroter autrui pour rien. J'écoutais la jeune femme et ce qu'elle me disait me plaisait plutôt pas mal. Pourquoi pas aller se balader pour profiter des magasins mais aussi du temps. Léger sourire sur les lèvres, je dis « Ça me va mais je n'ai pas beaucoup d'argent sur moi donc si on pouvait éviter les boutiques ça m'arrangerait pas mal... Je ne connais pas très bien la ville donc je te fais confiance » Enfin, lui faire confiance là dessus et puis c'est tout. Je n'étais pas franchement le genre de demoiselle à faire confiance rapidement, je ne faisais jamais confiance. Je n'avais même pas confiance en mon propre frère qui m'hébergeait depuis quelques jours. Je voyais le mal partout mais dans une grande surface, il n'y aurait aucun problème. Je pourrais toujours m'enfuir en moins de dix secondes. J'étais devenue la professionnelle de la fuite avec les quelques semaines que j'avais vécu dans la rue. Cet art n'avait plus aucun secret pour moi et se fondre dans la masse était ma faculté première. Seulement, mettre ça sur un curriculum vitae n'était pas vraiment glorieux. Attrapant mon sac à main, je me dirigea vers la sortie et attendis la jeune femme. Qu'est-ce que j'aimais le soleil sur ma peau, me sentir réchauffer comme je l'étais. « On va dans un centre commercial ou une rue marchande ? Je suis curieuse mais je ne connais vraiment rien de la grosse pomme... » La curiosité était surement mon pire défaut parce que je faisais toujours mon maximum pour tout savoir. J'aurai pu être détective privée si je n'allais pas à l'école à la rentrée. Mais mon choix était fait, je serai avocate dans un futur plus ou moins proche et dans une grande entreprise si possible, autant viser haut après tout.

Faire les magasins n'avait jamais été mon occupation favorite. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'avec l'éducation que j'avais eu en Angleterre, les tenues que je portais était belle et bien la dernière chose dont on s'occupait. J'enfilais les anciennes robes de mes sœurs par automatisme et je ne rechignais jamais. Après tout, aucune d'entre elles n'avaient abîmé leurs robes et plutôt que de les jeter... Bien entendu, il m'arrivait de parcourir les rayons des magasins de Londres mais avec ma mère. Jamais je n'avais fais de shopping avec les quelques amies que j'avais à l'époque. Pourquoi ? Tout simplement parce que nos parents avaient peur que nous soyons perverties par les tenues que les magasins vendaient. Être élevée dans l'amour de Dieu et ses préceptes plus ou moins loufoques n'avait pas franchement été positif pour moi. Il n'y avait qu'à voir la façon dont je m'habillais et même les tenues plutôt modernes que je convoitais ne montraient pas une once de mon corps. Je devais changer, je le savais sinon j'allais recevoir bien des moqueries une fois que je serais à la faculté et c'était en partie pour cela que je ne déclinais pas l'offre de la jeune femme. Après tout, c'était une femme d'aujourd'hui et elle pourrait totalement me guider dans mes choix. Je ne me voyais pas faire de shopping avec Edwin, Olivia avait bien autre chose à faire et Zoé n'était pas présente alors April tombait à pic ! Une fois en voiture, j'écoutais sa musique et c'était un choix totalement... intéressant. Je ne connaissais pas du tout ce style de musique – étant élevée à la musique classique et aux bons vieux tubes d'Elvis – mais la découverte était plutôt agréable, il fallait admettre. Après tout, j'étais réceptive à toute sorte de musique et je ne voyais pas pourquoi juger. Écoutant April, je grimaça quelque peu. Pourquoi je n'avais pas vraiment visité la ville, parce que j'avais vécu dans la rue. Je ne me voyais pas lui donner cette réponse et lui fis un petit sourire suivi d'une réponse « Oui, je n'ai pas eu le temps, cela ne fait que quelques jours que je suis là et mes sœurs n'ont pas eu le temps de me faire visiter encore » Après tout, c'était la vérité, de façon déguisée mais tout de même la vérité. Aujourd'hui j'étais déterminée à profiter de ma journée, à ne pas détaler dès qu'un problème se poserait à moi. Il fallait que je commence à me stabiliser plutôt que de passer pour une folle surtout que j'étais avec une collègue et qu'elle pourrait très bien rapporter mon comportement au patron. April se gara rapidement et, descendant de la voiture, j'ouvris les yeux grand comme la terre lorsque je vis le nombre incalculable de magasin qu'il y avait dans cette rue. « Mais c'est immense... Il faut deux journées entières pour faire tous les magasins ! »J'exagérais surement mais tout de même... J'étais subjuguée par le nombre de boutiques présentes dans la rue. Regardant April, je dis « Une de mes soeur m'a dit que le Banana Republic était un magasin abordable mais je ne sais pas où ça se trouve... Tu connaîtrais par hasard ? » Je ne me voyais pas dicter quel magasin faire ou ne pas faire mais j'avais entendu que cette boutique n'était pas très chère et qu'il y avait des tas d'habits alors pourquoi pas... « Enfin, je te suis » lui répondis-je, sourire aux lèvres. J'avais une certaine confiance en la jeune femme, chose qui ne s'était pas produit depuis bien longtemps, très longtemps même... Il fallait donc en profiter !

Plus les jours avançaient et plus j'étais surprise de New York et ce, dans le sens positif du terme. Les jours se suivaient sans se ressembler et j'aimais cela. Chaque jour que Dieu faisait, j'avais l'impression de vivre quelque chose que totalement différent. Chaque recoin de la ville montrait quelque chose de nouveaux et j'aimais vraiment cet aspect de la ville. Bien entendu, mes quelques longues semaines dans la rue m'avait permis de voir une autre facette de la grosse pomme, une facette que peu de monde connaissait et c'était bien mieux ainsi. Ici, j'avais encore plus l'impression d'être une fourmille, un simple être humain qui ne pourrait jamais laisser sa trace dans ce bas monde. Regardant April, je dis « Je me doute qu'il faut faire des choix... Et puis bon, quand on trouve son bonheur, on a plus vraiment envie de changer, n'est-ce pas ? » J'étais comme ça après tout. Dès que je trouvais quelque chose que j'aimais, il m'était difficile – voire impossible – de changer de marques. Cette petite habitude concernait aussi bien la nourriture, que les chaînes de café ou bien les vêtements bien que je n'avais pas une grande expérience en la matière. J'avais la sale impression d'être une enfant qui avait eu besoin de fuir ses parents, sa patrie et ses amis pour trouver la liberté et surtout la vraie vie. J'avais perdu énormément en partant mais je me rendais rapidement compte que j'avais gagné beaucoup en arrivant ici. J'écoutais la jeune femme parler et souris. Elle aimait se balader dans les boutiques ? Ce n'était pas franchement ce que j'aimais, du moins la version shopping que je connaissais. J'étais plus habituée à passer mes après midi à l'église ou dans des associations à aider les personnes en besoin qu'à me balader dans les magasins. « Oh vraiment ? Lorsque j'habitais Londres, si j'allais faire les magasins, c'était pour un but précis. On ne sortait pour juste pour se balader chez moi... Oui oui, j'ai pas mal de frères et sœurs. Je suis la neuvième et dernière enfant de la famille. Mes parents sont croyants et pratiquants donc l'avortement n'a jamais été une option envisageable pour eux » Ni pour moi à vrai dire. Seulement, je savais que lorsque je passerai le pas avec un jeune homme, je prendrais mes précautions avant de faire une quelconque idiotie. Un bébé c'est à vie qu'il faut s'en occuper – même s'il grandit – et cette perspective me tétanisait totalement. Je n'avais que dix neuf ans après tout... « Et toi ? De la famille dans le coin, des enfants, un mari ? Désolée si je suis quelque peu curieuse... » Je ne savais pas grand chose sur April mais elle avait au moins quatre ou cinq ans de plus que moi et à cette âge, toutes les jeunes femmes que j'avais fréquenté à Londres étaient enceinte et mariée ou avaient déjà mis au monde un ou plusieurs enfants. Regardant ce qui se trouvait autour de moi, j'écoutais April parler et souris légèrement. Bon, si elle n'était pas là en espion, c'était tant mieux parce que ce n'était pas avec moi qu'elle allait trouver quelque chose. J'étais plutôt discrète sur ma vie et n'avais pas pour habitude de raconter ma vie à qui voulait l'entendre. Je laissais glisser les doigts sur les cintres et laissa échapper un petit rire lorsqu'elle énonça que le patron passait pour un con mais ne l'était absolument pas. Tirant un cintre de son portant, je regarda la tenue et grimaça quelques peu. De loin c'était joli mais de près, c'était tout autre chose. « C'est bon à savoir pour le patron. Et non, rien ne me plait ici et pourtant je ne suis pas quelqu'un de très difficile en temps normal... » Je portais de tout mais là, c'était trop pour moi. Je souris à la jeune femme et dis « Où est notre prochaine étape ? » Je m'entendais plutôt bien avec la jeune femme – ce qui me surprenait plutôt moi qui n'était pas sociable pour deux francs – mais cela était plutôt agréable. J'espérais que le prochain magasin serait un peu plus prometteur et fructueux que celui ci sinon j'allais rentrer à la maison sans un seul sac sur les bras...

« Avoir pleins de frères et soeurs ça a ses avantages et ses inconvénients et j'ai plus vu les mauvais côtés que les bons. Être la dernière c'est un peu la pire place dans le schéma familiale. On récupère les robes des soeurs, les parents sont moins là parce qu'il y a trop de monde à s'occuper et à contenter... Enfin bon, maintenant que je ne vis plus avec mes parents, je vois un peu plus les bons côtés de la famille nombreuse » J'étais enfin soutenue, épaulée, ce qui n'avait pas vraiment été le cas plus jeune. À mes yeux, j'avais vécu ma vie avec Olivia et seulement Olivia. Bien entendu, j'avais toujours admiré Elisa, appréciée énormément Zoé et m'étais énormément chamaillée avec Edwin mais aucun n'avait vraiment pris soin de moi comme un grand frère ou une grande sœur prend soin de son cadet. Je l'enviais, d'avoir été fille unique et d'avoir eu l'attention de tout le monde. C'était fou comme nos visions étaient totalement opposées. L'une aurait voulu une fratrie, l'autre être seule pour ne pas souffrir. La souffrance dû à mon enfance et à l'abandon que j'avais ressenti m'handicapait tellement et je n'étais pas prête d'avancer à cette allure. Entendant dire que la jeune femme était mariée à un avocat qu'elle se fichait de voir souvent ou pas. Après tout, elle avait épousé un homme avec d'énormes responsabilités et devait s'attendre à cette absence qu'elle compensait comme elle voulait. Cette situation évitait les disputes et c'était peut être une bonne chose. « Au moins, il n'y a pas trop de disputes de couple et l'absence à du bon. Avocat doit être un métier tellement passionnant... J'entre en droit à la rentrée et mon but est de devenir avocate pour des grandes entreprises. Pourquoi pas pour Microsoft, ce serait vraiment génial à mes yeux. Mais pour le moment, il faut déjà que j'arrive mes études et mon job de serveuse » J'avais de sacré ambitions mais je savais aussi qu'il fallait étapes par étapes pour ne rien louper, ne rien gâcher ou perdre. J'avais des capacités, c'était indéniable mais si je ne le mettais pas à bon escient, cela allait se transformer en catastrophe nucléaire. Je discutais avec la jeune femme tout en se baladant dans la rue marchande et lorsque nous passions la porte d'un magasin de décoration, un léger sourire se dessina sur mes lèvres. La déco n'était pas ce que je préférais mais j'avais passé énormément de temps dans ce genre de boutique pour pouvoir customiser ma chambre et m'y sentir 'comme chez moi'. « J'ai fait pas mal de magasins de décoration ces derniers temps pour me sentir comme chez moi dans ma chambre, chez mon frère mais je ne connaissais pas cette boutique. Tu ne sais pas si, par hasard, il y aurait des cadres avec des célébrités défuntes ? Je suis une grande fan d'Elvis Presley et de Marilyn Monroe... » Surtout d'Elvis mais je me doutais trouver quoi que ce soit sur lui ici. Ces derniers temps, la mode était fan de Marilyn et je comptais bien trouver quelque chose pour la place béante au dessus de mon lit. Je me faufilais dans les rayons à la recherche du saint Graal, April non loin de moi. Je ne connaissais pas vraiment la jeune femme mais je l'appréciais déjà beaucoup, un exploit pour moi qui n'apportait aucune importance à personnes. Elle avait su me mettre rapidement en confiance et cela était plus que parfait à mes yeux.

J'étais d'accord avec April, totalement même. Se sentir bien chez soi était primordial et c'était pour cela que je faisais mon maximum pour être bien dans ma chambre. Je ne me voyais pas redécorer l'appartement de mon frère – par respect aussi parce que nous n'aimions pas les mêmes choses – mais je voulais ma petite pièce à moi, une pièce où je pouvais me venter d'avoir tout fait par moi même. Les meubles noirs de ma chambre installait une ambiance assez classe que j'aimais plus que tout. Les couleurs de petite fille, ce n'était plus pour moins et je faisais mon maximum pour avoir une chambre à mon goût. Le noir et blanc étaient mes couleurs préférées et c'était donc les couleurs majeures – avec du gris – qui étaient là où je passais la majeure partie de mon temps. « Totalement... Je n'ose pas acheter quelque chose pour la décoration de mon frère parce que bon, nous n'avons pas les mêmes goûts et il est bien gentil de m'accueillir alors je ne voulais pas profiter de sa gentillesse. C'est gentil pour ton invitation en tout cas. » Sourire sur les lèvres, j'étais ce qu'il y a de plus sincère. Je n'avais jamais réellement été invitée chez quelqu'un. Dans la famille, on ne fréquentait que des gens de notre église et les repas se faisaient, tous ensemble, après la messe du dimanche. Rien que d'y penser, un long frisson parcourut tout mon corps. Le mariage, les enfants, c'était tellement loin pour moi et je ne voulais pas y penser, absolument pas. J'étais mal à l'aise rien que d'y penser mais elle semblait plus ou moins heureuse dans son mariage, c'était l'important. Personne ne voyait l'union devant Dieu de la même façon. J'étais dégoûtée de la religion et de tout ce qui s'y rapportait de près ou de loin et ça, ce n'était pas près de changer. Il fallait que je retrouve une certaine confiance en l'être humain avant de penser à de telles choses. Sourire aux lèvres, je dis « Ce serait un très joli cadre pour une photo de toi et de ton conjoint. Vous devez faire un beau couple, je n'en doute pas une seule seconde » April était une belle jeune femme, il n'y avait pas à dire et j'étais sûre qu'elle faisait un très beau couple avec son mari. Demandant rapidement où trouver mon bonheur, je souris lorsqu'elle m'indiqua le lieu où je pouvais trouver chaussure à mon pied – ou plutôt cadre à mon mur – mais ce sourire disparut rapidement en l'entendant dire qu'elle me payait ce cadre. « Eh bien je suis dans le regret de t'annoncer que tu vas te vexer parce qu'il est hors de question que tu me payes quelque chose... C'est très gentil mais je ne voudrais pas user de ta gentillesse... » Ma bouche refusait, mon cœur le voulait. Je n'avais pas énormémentr d'argent sur moi et j'aurai sûrement besoin de robes plutôt que d'un cadre mais c'était ainsi, j'aimais me débrouiller et avoir vécu un mois et demi dans la rue le montrait très bien. Me dirigeant vers la lieu indiqué par la jeune femme, je trouva mon bonheur. Un cadre de Marylin Monroe d'une taille correcte en noir et blanc avec quelques touches de rouges. Une pure merveille qui irait totalement dans ma chambre. J'avais un léger sourire sur les lèvres et mes yeux regardaient chaque cadre, poster et autre. Ce lieu était le paradis sur terre. « Le jour où je pourrais me prendre un appartement, il n'y aucun doute c'est ici que je viendrais chercher mon bonheur. Tout est woaw, sublime, je suis fan » Mon appartement, mon chez moi. C'était tellement loin et abstrait. Je n'avais que dix huit ans, j'étais sous tutelle alors autant dire que la liberté, ce n'était pas pour tout de suite... « Tu as besoin d'autre choses ici ? Si on reste trop longtemps je vais vouloir tout acheter et ce n'est pas très raisonnable » Une vraie folle non contrôlable, voilà ce que j'étais quand je m'y mettais...

Je n'avais jamais été contre les cadeaux, cependant, je venais à peine de trouver une légère indépendance et je voulais que cela continue jusqu'au bout. Pourquoi ? Tout simplement parce que je savais que d'ici quelques mois, j'allais devoir considérablement réduire mes dépenses puisque la faculté n'était pas gratuite – loin de là – et que je risquais de dépenser énormément en transport et bouquins. Je ne me faisais pas d'illusions, pour le moment tout allait bien mais je n'étais pas trois fois sûre que cela allait continuer sur cette piste. J'avais un job pour le moment mais combien de temps allais je le tenir ? C'était tout autre chose. La journée que j'avais passé au bar m'avait plutôt plu mais je savais que les clients de l'après midi n'étaient pas les mêmes que ceux qu'il y aurait en soirée et ça, ça ne me plaisait guère. Je me voyais déjà entourée d'alcooliques et d'hommes en quête de toute sorte de divertissement. J'en avais des frissons rien qu'en y pensant. Souriant je dis « Pourquoi pas un magasin de vêtement et après on ira boire un coup ? On m'avait dit que le climat de New York était plutôt frais mais personnellement, je meurs de chaud ! » A cette époque de l'année, il pleuvait couramment en Angleterre et il n'y avait qu'à regarder les Jeux Olympiques pour se rendre compte du temps. Enfin, je profitais tout de même du soleil pour bronzer quelque peu et prendre des couleurs avant d'être enfermée dans des salles de cours toute la journée. Je me voyais déjà, entrain de bronzer à la lumière de mon ordinateur portable dans un amphithéâtre de plusieurs centaines de personnes. Quelle horreur, j'en paniquais d'avance. Payant mon article et sortant du magasin, je regarda April et lui fis un sourire. Oui, j'avais aimé ma journée mais serait-ce pareil tous les jours ? J'en doutais pas mal. J'étais plutôt lunatique et un jour tout allait bien et j'étais calme et le lendemain, j'étais fatiguée et remballée tout le monde sur le champ. J'aime le changement et comme le dit si bien Don Juan, 'le plaisir est dans le changement'. « Oui ça m'a plu mais je ne pourrais pas faire ça toute ma vie. Il n'y a pas eu d'incident aujourd'hui c'est déjà ça mais je ne sais pas du tout comment je vais réagir devant un homme un peu trop alcoolisé ou qui sera un peu trop prenant » Par là, je voulais dire colle cul, draguer et surtout trop cru. Je lui fis un mince sourire et la suivis sur quelques mètres avant d'entrer dans une boutique où il y avait de tout mais surtout à des prix abordables. Sourire pendu sur les lèvres, je dis « Wow, il y en a des choses ici ! Mais pas mal de choses super courte ! Avec cette robe, si je m'abaisse, on pourra voir toute mon anatomie » J'étais bien d'accord pour agrandir ma garde robe mais ressembler à une traînée, non merci.

Mon éducation religieuse me courrait toujours après. J'avais beau faire un maximum d'efforts, je restais la même, une jeune femme plutôt prude et coincée. Le changement ne serait pas immédiat, je le savais mais en entendant April, j'avais l'impression d'être une grand mère d'une cinquantaine d'année qui critiquait sa petite fille pour ses tenues un peu trop affriolante. Après tout, peut être que ces robes m'allaient à la perfection mais je ne me voyais pas sortir ainsi. J'avais l'impression que sortir avec une telle robe sur le dos serait une invitation au péché. J'étais prête à avancer mais en douceur. Souriant à la jeune femme je dis « J'essaierai ça quand j'aurai plus confiance en moi parce que je n'oserai jamais sortir ainsi alors bon... » Je n'avais déjà pas énormément d'argents alors si, en plus, je le dépensais dans des choses que je ne portais pas, cela n'aurait aucun sens ni intérêt. J'étais là pour avoir un minimum de garde robe en sortant et non pas pour planquer ces robes au placard. Je voyais déjà la tête d'Edwin si j'avais ça sur le dos. J'en riais intérieurement mais ne laissais rien paraître. J'étais une femme en devenir et non pas une gamine de douze ans, il fallait que j'agisse comme telle. Je regardais la robe choisit par April et elle était vraiment jolie mais un peu trop aguicheuse pour moi. Je n'en étais vraiment pas à ce stade mais alors pas du tout. J'avais déjà du mal à montrer mes jambes alors ma poitrine, c'était encore moins probable. Je laissais courir mes doigts sur des cintres, cherchant une robe qui me taperait dans l'oeil, me mettrait en valeur et ce, sans trop en montrer. Tout était dans la mesure et j'étais persuadée d'y arriver. Attrapant une robe noire plutôt simple, je me dirigea vers la cabine et me changea rapidement. Les essayages avaient toujours été un supplice pour moi alors j'étais une vraie fusée. La robe était vraiment pas mal, plutôt cintrée et légèrement décolleté sans trop en montrer. Un sourire se dessina sur mes lèvres et je leva mes cheveux rapidement pour voir comment elle rendait avec une queue haute. Je ne me trouvais ni moche, ni trop enfantine, chose qui changeait bien de d'habitude. Sortant de la cabine, je regarda April et souris. Elle était sublime, son corps était vraiment parfait et je commençais doucement à l'envier. Aucun homme ne pourrait résister en la voyant comme ça, c'était impossible ! « Elle est vraiment géniale ! Tu es magnifique dedans ! » C'était plus que sincère, jamais je n'oserais mentir sur une telle chose. J'étais la sincérité incarnée, je n'avais jamais menti et ne comptais pas commencer aujourd'hui. Léger sourire aux lèvres, je regarda April et dis « Ca va c'est pas trop moche ? » La robe était vraiment belle, j'aimais son rendu mais peut être qu'elle ne faisait pas d'effets une fois sur moi. Je ne savais pas vraiment ce qui était beau et ce qui ne l'était pas alors autant demander de l'aide... Je lui souris et dis « Tu crois que pour aller à la faculté ça irait ? Je veux dire, je ne sors pas des masses donc bon, à part le boulot et la fac, je vois pas trop à quoi elle me servirait » Je n'avais jamais mis un pied dans une boite de nuit ou quoi que ce soit. Je commençais à peine ma jeunesse à vrai dire après dix huit ans enfermée à écouter dieu et vivre pour lui. C'était la libération. Allelujah.

Ces derniers temps, tout changeait dans ma vie. Je retrouvais mes sœurs – petit à petit – j'avais un travaille, j'appréhendais la faculté mais je m'adaptais aussi à un nouveau pays et surtout, à un nouveau style de vie. Les Etats-Unis d'Amérique n'avait rien à voir avec l'Angleterre que j'avais connu pendant dix huit ans et je me demandais si j'allais réussir à me faire à toutes ces nouveautés. Une chose était claire et nette, aujourd'hui j'étais bien motivée à changer même si ce n'était pas facile. Faire les boutiques n'était absolument pas mon passe temps favoris et cela se voyait sur mon visage. Toutes les jeunes femmes de mon âge aurait été surexcitée d'être dans un magasin avec tant d'habits et moi, de mon côté, j'avais l'impression d'être perdue dans l'océan atlantique. Tout cela était de la folie mais je devais tenter de me faire confiance et suivre mon instinct. C'est donc une légère robe noire sur le dos que je sortis de la cabine. La robe était sublime, je ne pouvais pas le nier, mais je ne la mettais absolument pas en valeur et j'avais l'impression de montrer les trois quart de mon anatomie. Bien entendu, j'exagérais mais tout cela me mettait tellement mal à l'aise.... Tellement que la jeune April le vit très rapidement. Rougissant légèrement, je lui fis un léger sourire gêné. Oui, plus tard, quand j'aurai une poitrine de ce nom et non pas un petit bonnet B. « Plus tard, lorsque j'aurai un peu plus confiance en moi ! Je ne suis pas encore prête pour ce genre de choses mais chaque chose en son temps n'est-ce pas ? » Ce que je faisais à ce moment même ? Tout simplement chercher du réconfort puisque j'étais flippée à l'idée de ne jamais changer. Et si je restais toute ma vie Maëlle, la petite tête blonde qui met des robes jusqu'aux genoux, qui s'habille plus souvent en jeans qu'autre chose et qui, surtout, n'a jamais porté de maquillage de sa vie. Un léger frisson parcourut mon échine. Il fallait que j'efface cette image de ma tête et que je tente d'en construire une autre. Je pouvais devenir une femme, je devenais devenir une femme libre et belle. Écoutant April, je sentis mes joues prendre un teint un peu plus rosé en un temps recours. Tout doucement, je dis « C'est vraiment gentil... Je l'aime beaucoup mais ne la porterait pas donc bon... Mais rien ne m'empêche de voir s'il n'y en a pas une autre tout aussi joli n'est-ce pas ? » Qui n'aimait pas les compliments ? En entendre me faisait du bien, un bien fou et j'étais un peu plus partante pour fouiner un peu plus longtemps. Regardant autour de moi, je vis une jeune femme poser devant elle une jolie robe couleur saumon puis la reposer une dizaine de secondes plus tard. Me dirigeant vers la robe, je fis signe à April que j'allais l'essayer. Le résultat était agréable à voir et même si mon teint était un peu palot, je la préférais amplement à celle que je venais d'essayer. Sortant de la cabine, je dis « Plus simple mais j'aime beaucoup... qu'en dis-tu ? » Cette robe agrémentée d'une petite ceinture beige serait vraiment splendide ! Mon visage se dégageait plus les minutes avançaient, j'étais plus souriante et j'avais l'impression que mon ton agressif était à des années lumières de là. Regardant l'étiquette sur le côté, je souris. Le prix était raisonnable et j'aurais encore assez pour une ou deux tenues donc pourquoi ne pas sauter sur l'occasion ?!

C'était fou comme la taille d'une robe pouvait changer. La robe noire me semblait trop courte, trop suggestive alors que la robe couleur saumon était plus fluide, plus longue et je me sentais bien mieux dedans. Souriant à April, je dis « Je l'aime bien, je trouve que c'est joli et promis, elle ne restera pas dans le placard » Après tout, si j'achetais quelque chose, autant le porter pour aller en cours, pour sortir boire un coup ou même allez travailler. Mon service reprenait dans deux petites heures et je pourrais totalement porter cette robe. Il faudrait juste que je reste derrière le comptoir que personne ne voit mes jambes. Porter des robes ok, s'exhiber, il me faudrait un peu plus de temps. Je regardais mon reflet dans le miroir, hésitant quelque peu. Qu'est-ce qu'Edwin allait penser de cette robe ? Allait-il me dire de ne plus la porter parce qu'elle attirait l'oeil ? Légèrement, je souffla et me regarda une fois encore dans le miroir. Je me fichais de l'avis de mon frère, cette robe me plaisait et je comptais bien la prendre. Je pourrais toujours enfiler un legging blanc ou couleur peau pour ne pas l'entendre jaser. Enfin, Edwin était mon frère et non pas mon père, il n'avait rien à dire. « Je la prends ! Adjugé vendu » Je lui fis un léger sourire et retourna dans la cabine pour me changer. Première tenue achetée, un exploit. Même si j'avais aimé essayer deux robes, un chose était claire et nette ; je ne pourrais pas passer ma journée à faire les boutiques. Se déshabiller et se rhabiller sans cesse était bien une chose qui me courait sur le système et pas qu'un peu. Robe sur le bras, je sortis de la cabine et rejoins la jeune April qui était à deux pas d'ici. Elle continuait de chercher des habits pour elle et cela m'étonnait qu'elle ne prenne rien. Son corps était parfait, elle avait des formes et rentrait dans tout – et n'importe quoi – chose que peu de monde pouvait se permettre. L'écoutant, j'acquiesçais. Effectivement, mon estomac commençait doucement à crier famine et je ne pourrais pas vraiment continuer les boutiques sans rien avoir dans l'estomac. Me dirigeant vers la caisse, je dis « Pas de problèmes ! Je ne suis pas fana des boutiques et visiter me ferait du bien ! En plus, je commence à avoir fin alors je te suis April, guide moi dans cette ville de fou » Je paya rapidement mon article et me trouva tout aussi rapidement dehors. Fourrant mon achat dans mon sac à main, je regarda la jeune femme et attendit sur elle pour savoir où aller manger. En même temps, je l'écoutais et souris. Elle était bien gentille avec moi – un peu trop même – et j'appréciais son geste même si ma timidité excessive risquait de me jouer des tours. « C'est vraiment très gentil.. J'en suis aussi persuadée que toi mais il ne faut pas s'étonner si je réagis étrangement de temps à autre, je ne suis pas vraiment à l'aise avec toute cette nouvelle vie pour le moment... » Je lui fis un léger sourire avant de la suivre.


Ca te dit d'arrêter le RP là (on considère qu'il est fini maintenant) et d'en faire un autre où Maëlle annonce à April qu'elle démissionne à cause de ce qu'elle a vécu un soir là haut ?