« Billy ! Si tu ne te lèves pas le père Noël va venir reprendre tes cadeaux et, en plus, Mister Marshmallow va se moquer de toi !!! Tiens, tu l'entends ? Il commence déjà. » Je courrai vers le sapin du salon, non sans manquer de m'étaler sur le sol à l'arrivée et à quelques tournants. Des cadeaux. Il y en a même à mon nom ! Je trépignai sur place, à genou devant les cadeaux qui m'étaient accessibles et que je ne pouvais pourtant pas ouvrir sans Billy. Il ne tiendrait qu'à moi, je déchirerais tout. Billy, ma chère, mon destin est entre tes mains. Je lui ai acheté un nouveau pull blanc, l'autre n'ayant pas survécu au plongeon dans la bassine de peinture jaune ; un livre de maths ( j'ai d'ailleurs le même ) ; des pots de peintures qui sont de la même couleur que les murs d'avant mon assaut Yellow Trick ; trois pots de Nutella maxi format et garanti hyper-caloriques, des boules quies ; un voyage pour quatre à la découverte de l'Asie et je lui ai fabriqué un beau couteau avec l'aide d'un artisan renommé que j'ai à peine forcé à m'aider. Elle arriva enfin, en baillant et molle comme un panda roux. « Joyeux Noël ma April que j'aime. » Ma.. ma April que j'aime ? « Oui ! Joyeux Noël à moi que nous aimons ! Ah et... » Je m'approchai doucement, tel un fauve près de sa proie et, alors que l'instinct s'est endormi sous la confiance et que la gazelle est à la merci du lion, je lui sautai dessus. « Joyeux Noël ma Billy que j'aime encore plus ! » J'attrapai le cadeau qu'elle me tendait et l'ouvrit doucement, je fis de même pour les autres, en poussant à chaque fois un "Oh!" d'émerveillement ( ou quelque chose dans ce genre ).Billy m'avait tant gâtée ! Les quatre Pirates des Caraïbes réunis dans un magnifique coffret aux couleurs des pirates ( j'avais bien fait de lui acheter des boules quies ), un séjour à Walt Disney World de trois jours ( je vais enfin pouvoir tuer Mickey ) et il y avait également quelque chose pour Mister Marshmallow. J'attrapai ma peluche, qui au passage était très surprise, et la posai sur mes genoux. Je déballai délicatement le paquet et mon regard se posa sur vingt somptueux rubans d'une splendide couleur rouge-fraise. « Oh regarde, Mister Marshmallow, ils sont beaux, n'est-ce pas ? Tu vas être tellement élégant !!! Va faire un câlin à Billy, elle le mérite bien. » Je lui collai Mister Marshmallow dans les bras. Pourquoi ne lui en ferais-je pas un moi aussi ? « Dis, Billy, tu veux bien me faire un dernier cadeau ? Tu peux me prendre dans tes bras s'il-te-plaît ? »

Ma Billy que j'adore... Cette grande patate qui ne m'appréciait pas il y a encore quelques mois me pris dans ses bras avec délicatesse et me serra fort. Je me ressentais redevenir une petite enfant ( avais-je seulement grandi un jour ? ).Toute fragile, adorable, mignonne et modeste que j'étais, je me sentais en sécurité dans ses bras. Mais, en même temps, une sorte de faiblesse commune nous liait. Comme si le fait d'être l'une contre l'autre effaçait nos défauts et nos points faibles pour faire ressortir nos qualités et notre force et les mêler l'une à l'autre pour former un bloc compact et incassable. Ou alors, on peut voir ça comme un simple câlin affectif... Très peu pour moi. Je préfère faire dans la complexité. Elle finit par me lâcher doucement et me demanda : « Par lequel je commence ? » Elle avait l'air heureuse d'avoir autant de cadeaux et se tenait bien droite. Brave bête, tu auras une double ration de croquettes. Je me demande si Billy ferait un bon toutou... Non, aucune chance. Avec des cheveux pareils, elle ressemblerait à un labrador qui perd ses poils. Et puis elle est mal éduquée, pas du tout obéissante ( à mon grand regret ) et je suis certaine qu'elle a un sens de l'orientation pitoyable. Mais, avec un bon dressage je devrais pouvoir en faire un bon chien. Y a-t-il des clubs de dressage d'animaux, dans le coin ? Je sais qu'on est en ville. Mais la sus-dite ville est New York City, après tout ! Ou alors, elle serait un autre animal... Peut-être un oiseau, c'est un peu stupide ça, non ? Elle m'a raconté, un jour, une sorte de conversation entre une représentante de la loi et elle. Apparemment, elle s'était décrite comme un canari jaune. Oui. Ça lui irait bien. Un petit truc rond et jaune qui passe sa journée à piailler. Tout à fait elle. Ah, je dis ça mais elle est beaucoup plus gentille avec moi, en ce moment. J'ai l'impression qu'elle m'aime un peu, quand même. Peut-être depuis qu'elle a retrouvé Naoki ? Lui, si je le vois, je le prends en photo. Photo que je placerai sur l'autel que j'aurais fait bâtir en son honneur. Ou alors je mange un cookie en pensant à lui, exprimant ainsi toute ma gratitude. Oui, on va plutôt faire ça. « Eh bien... Tu peux commencer par le nouveau pull. À moins que tu ne préfères découvrir ton magnifique livre de maths en premier ? Ça te ferait une belle surprise, je pense. Mais... fais comme tu veux. Du moment que tu ne devines pas ce qu'il y a dans le paquet et que la surprise est complète jusqu'à la fin, ça me va. » Ah... Ma chère cousine. Que de souvenirs à tes côtés et en voilà un de plus.