Tournant en rond dans ma chambre, je me demandais comment j'allais annoncer la nouvelle à April. La jeune américaine avait posé tellement d'espoirs sur mes épaules que je m'en voulais de l'abandonner. Je m'en voulais horriblement de la laisser en plan, de la laisser gérer le bar toute seule et de devoir gérer une nouvelle. Me regardant dans le miroir, j'entendais la voix d'Ethan, mon grand frère, qui me demandait de venir le rejoindre. Soufflant, j'enfilais une paire de collant opaque, des petites bottines noires et sortis de la chambre. Face à mon jumeau – du moins faux jumeau puisqu'entre temps j'avais découvert que j'avais été échangée à la naissance – je me sentais plus forte et si j'avais pu l'embarquer avec moi pour aller voir April, je l'aurais fais. Seulement, il n'aurait jamais voulu venir avec moi, surtout qu'il avait cours à l'heure à laquelle je devais voir la jeune femme. L'écoutant, j'acquiesça et nota quelques ingrédients à ajouter à notre liste de courses pour la semaine. Vivre tous les deux, bras dessus bras dessous, n'était pas si facile qu'on avait pu le croire à Londres. Je m'étais échappée par la fenêtre le jour de mon mariage, j'étais montée dans un avion et je n'aurais jamais voulu retourner en Angleterre. Mais j'avais du le faire – sous escorte policière pour être sûre de ne pas rester dans le pays de Shakespeare contre ma volonté – et le retour à la vie new yorkaise était difficile. Les cours ne me fascinaient pas tant que je l'aurais voulu, ils n'étaient pas si passionnants que ceux que j'avais pu avoir à Londres. Étudier les langues étrangères était la seule chose que je me voyais faire dans un futur proche ou lointain. Je me voyais traductrice de bouquins. Devoir lire des ouvrages – tels harry potter – avant tout le monde était un rêve de gosse et je ne comptais pas changer d'avis de si tôt. Déposant un baiser sur le front de mon jumeau, je pris mon sac à main et sortis de l'appartement, veste sur le dos. Marchant vers le métro, je regardais autour de moi. Étrangement, depuis mon retour de Londres et mes quelques jours de repos forcé, je voyais le monde différemment. Cette transfusion m'avait sauvé la vie et je devais remercier – d'une manière ou d'une autre – les personnes autour de moi, les plus démunis qui avaient besoin d'un toit, ceux qui avaient faim. Laissant glisser une pièce dans le verre d'un SDF, j'entrais dans la bouche du métro et souffla dans mes mains pour les réchauffer. Il ne faisait pas très froid en ce mois d'octobre mais pourtant, j'étais frigorifiée. J'étais si fatiguée et faible depuis mon accident que je dormais les trois quarts du temps et dès que je devais sortir, je m'habillais comme j'allais le faire en plein mois de décembre, sous la neige. Le trajet ne fut pas très long jusqu'au café où je lui avais donné rendez-vous la veille. Mon contrat s'était fini hier et j'allais enfin pouvoir me concentrer exclusivement sur mes études et mon job à mi-temps au starbucks coffee à deux pas du café dans lequel je me trouvais. Autant j'aimais boire des frappuccinos, autant dès que je pouvais éviter le starbucks, je le faisais. L'odeur du café et des cookies de la maison de café me donnait presque la nausée. Assise à la terrasse chauffée, je pris la carte du serveur, léger sourire aux lèvres. Je savais déjà quelle serait ma commande mais on ne savait jamais, peut être que je serais séduite par autre chose qu'un coca light. Baissant la carte, je balaya la rue marchande des yeux et leva la main lorsque je vis April au loin. « April ! » Le son de ma voix était tellement bas qu'elle me chercha quelques secondes avant de se diriger vers moi. Sourire aux lèvres, je la salua et entama rapidement la conversation. « Comment vas-tu ? » Question banale pour débuter toute bonne conversation.