THÉODORA & ARIZONA

Pourquoi avait-elle encore oublié de fermer ses volets ? Telle fut la question qui lui traversa l’esprit lorsqu’elle sentit les premiers rayons du soleil traverser les rideaux de sa chambre et venir doucement frapper son visage encore, jusque-là, endormi. La veille, lorsqu’elle était rentrée de sa garde, la jeune femme avait été à bout de forces. Elle s’était traînée jusque dans sa chambre et s’était écroulée sur son lit sans même prendre le temps de revêtir son pyjama, la seule chose qui avait importé était de dormir et simplement dormir. Seulement, lorsqu’elle s’était laisser tomber sans la moindre grâce, elle n’avait pas pensé une seule minute au fait que, le lendemain, ses volets non fermés elle allait être réveillée bien plus tôt qu’elle ne l’aurait souhaité. Depuis qu’elle avait repris du service au Lenox Hill – même si elle restait toujours en période d’essai au cas où sa mémoire lui jouerait des tours – les gardes elle les enchaînait et pourtant la jeune femme n’avait pas encore rempli le quota d’heures maximum qu’un employé de n’importe quel hôpital devait – ou non – atteindre. Le pire c’était les nuits, les moments les plus calmes d’ailleurs où quasiment rien ne se passait et où Arizona devait se contenter des visites pour s’assurer que tout se passait bien pour ses patients. C’était une routine à laquelle elle avait l’habitude et, parfois, le silence venait à être brisé par une complication qui demandait l’aide d’une résidente comme elle.

Toutefois, les nuits restaient tout de même ce qu’il y avait de pire à ses yeux. L’ennui la gagnait tout aussi rapidement que la fatigue et n’ayant pas le droit à la caféine durant sa grossesse, la jeune femme devait trouver d’autres moyens pour rester éveillée. Au final, elle avait fait le choix contraire, soit dormir. Le calme régnant à l’étage de la pédiatrie lui permettait d’aller se reposer de temps en temps jusqu’à ce que l’alarme de son portable se déclenche pour lui signaler qu’elle devait repartir au travail. Cependant, la veille Arizona avait la chance de ne pas être de garde de nuit si bien qu’elle n’avait pas vraiment eu une seule minute à elle entre ses patients et son propre check-up que son frère aîné tenait à lui faire passer régulièrement pour s’assurer que tout allait bien. Evidemment, étant rentrée vers minuit alors qu’elle était debout depuis près de cinq heures et demi du matin, la jeune résidente était totalement épuisée et rêvait d’une bonne nuit et d’une bonne journée de sommeil pour son jour de congé, mais non. Elle avait oublié de fermé ces fichus volets et dû trouver le moyen pendant près d’une demi-heure de pouvoir cacher son visage sans pour autant s’étouffer avec son oreiller. Finalement, la décision la plus sage fut prise et Arizona quitta son lit pour aller fermer les volets et s’écrouler à nouveau dans les bras de Morphée. Les heures défilèrent sans que la jeune femme ne se réveille une seule fois.

Entre temps ses sœurs s’étaient levées, avaient vérifié discrètement qu’elle respirait toujours et après s’être préparées elles avaient quitté l’appartement sans qu’Arizona n’entende le moindre bruit. Ce ne fut qu’aux environs de deux heures de l’après-midi que ses paupières se soulevèrent doucement tandis que son regard se posait sur le cadran de son réveil. Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres et la jeune femme ne tarda pas à s’étirer avant de quitter son lit et d’avaler un petit-déjeuner bien plus copieux que lorsqu’elle travaillait. Ceci fait, les étapes suivantes furent de prendre une bonne douche et de s’habiller avant de se laisser tomber sur le canapé du salon, devant la télévision et son ordinateur portable sur les jambes pour ne plus rien faire d’autre de l’après-midi. Ce fut tout du moins ce qu’elle pensa jusqu’à entendre la sonnette de l’appartement retentir dans toutes les pièces. Sourcils froncés, Arizona tourna la tête vers l’entrée et poussa un soupire lorsqu’elle comprit que si la personne avait sonné c’était parce qu’elle ne pouvait pas ouvrir. Après avoir fermé et posé son ordinateur à ses côtés, elle quitta le salon et se traîna jusqu’à la porte d’entrée qu’elle ouvrit sur une jeune femme dont elle n’avait pas le moindre souvenir … était-ce sa mémoire qui lui faisait défaut ou lui était-elle vraiment inconnue ? « Bonjour. Excusez-moi de vous déranger, je suis Théodora Everdeen. ». Inconnue, sans le moindre doute maintenant.

Arizona posa un regard curieux sur la jeune femme et ses yeux dévièrent vers sa main qu’elle serra maladroitement, ne cessant de se demander qui elle pouvait être et ce qu’elle pouvait bien lui vouloir. « J'aimerais vous parler, si vous avez un peu de temps à m’accorder? ». La bouche de la résidente s’ouvrit, mais elle ne prononça pas le moindre mot. La démarche de cette jeune femme la surprenait et pourtant, sans bien savoir d’où ça venait, elle ne parvenait pas à se méfier d’elle, comme si elle avait naturellement confiance en elle ce qui était bien déroutant étant donné qu’elle ne la connaissait pas. Un moment d’hésitation s’empara d’Arizona qui se décida tout de même à faire quelques pas sur le côté en ouvrant la porte de sorte à ce que Théodora entre et referma quasiment aussitôt derrière elle pour lui faire face. « Désolée pour le bordel ici et là, faut dire que je n’attendais personne. Je peux vous servir quelque chose à boire ? ». Désignant le chemin menant à la cuisine de l’appartement, Arizona passa devant la jeune femme et entra dans la pièce en se dirigeant vers le réfrigérateur pour sortir une brique de jus d’orange avant d’attendre – la porte ouverte – la réponse de Théodora. « Ma question va vous paraitre étrange, elle l’est pour moi en tout cas, mais est-ce qu’on se connait ? Je vous demande ça parce que vous avez quelque chose de … familier … ». Et pourtant elle était incapable de savoir quoi précisément. Son regard voire même son visage ne lui était pas inconnu, mais Arizona était certaine de ne jamais l’avoir vu jusqu’à aujourd’hui. Néanmoins, les traits de cette jeune femme elle les connaissait et le fait de ne pas savoir d’où commençait sincèrement à la frustrer.

Les Ioannis avaient plus ou moins grandi à onze dans une grande maison jusqu’au divorce de leurs parents et jusqu’au départ des deux aînés, toutefois les liens de cette famille restaient forts et ce même avec Georgia qui, pourtant, était la personne la moins appréciée de la famille. Elle, elle avait toujours été tournée vers la famille, toujours maternelle envers ses cadets et très proches de ses aînés et plus particulièrement de sa sœur jumelle. Cette grande famille avait toujours eu une importance capitale à ses yeux au point qu’elle se savait capable de tout pour protéger chacun d’entre eux, Georgia comprise aussi étonnant que cela puisse être. Pourtant, avec les années ils s’étaient tous éparpillés un peu partout dans le monde, certains gardant contact avec les autres, d’autres pas. La concernant, il lui paraissait vitale d’avoir des nouvelles de ses frères et sœurs pour ne pas s’imaginer les scénarios catastrophes qui pouvaient se produire et ce depuis le décès de leur père. Arizona avait tenu à garder le contact avec chacun d’entre eux et s’assurer que tous allaient bien et surtout ceux dont elle était le plus proche. Être séparée de Cheyenne, Toscane, Phœnix et Paris avait été le plus difficile pour elle d’autant plus avec son besoin presque maladif de veiller sur sa petite sœur et ses petits frères. S’habituer à sa nouvelle vie en Australie avait été difficile même si c’était loin d’être la première fois qu’elle se rendait à Townsville depuis le divorce de ses parents. La jeune femme avait dû s’habituer au fait de vivre loin de la Grèce, de parler plus souvent anglais que grec et surtout de ne plus vivre entourée de toute une petite tribu mais bien que de deux personnes.

Autant dire qu’elle avait eu bien du mal, mais cette période lui avait permis de se forger son caractère et de ne jamais se laisser marcher sur les pieds. La jeune résidente était une battante et plus uniquement pour sa famille, elle l’était pour elle-même à présent. La médecine comme le droit était une filière difficile, une filière où chaque étudiant devait se battre pour garder sa place et réaliser ses désirs. Même si elle n’était pas du genre à marcher sur les autres, elle n’avait rien laissé passer et sa réputation avait pris un bon tournant et ce pas uniquement parce que son frère aîné était une brillant neurologue et sa sœur une excellente chirurgienne, mais bien parce qu’elle était douée. Toutefois … tout ça lui semblait appartenir à une toute autre vie. C’était un chapitre lointain de son histoire et Arizona savait que si elle pensait de la sorte c’était avant tout parce que sur bien des moments sa mémoire lui faisait défaut. Aucun Ioannis ne semblait enclin à vouloir lui donner plus de détails et la jeune femme ignorait si elle devait bien le prendre ou non. Le plus souvent, elle se retenait de partir dans des crises puisque ça ne lui ressemblait pas, mais la frustration restait très présente. Tout ce qu’elle voulait était de se souvenir de tout même ce qui pouvait être douloureux tant que ça lui permettait de faire disparaitre la tension qui pesait entre elle et Indiana. Au final, elle avait fini par éviter le plus de personnes possible et cette journée de congé seule allait lui permettre de souffler … tout du moins c’était ce qu’elle avait bien voulu croire avant d’être dérangée par une jeune femme qui lui était inconnue sans l’être totalement.

Ça aussi elle voulait que ça disparaisse. Cette sensation de connaitre quelqu’un sans pour autant savoir si c’était le cas ou non était énervante. Avec son amnésie partielle, Arizona était incapable de faire la part des choses et plus le temps passait et plus elle sentait qu’elle allait finir par perdre patience. Toutefois, elle ne connaissait pas Théodora, certes la jeune femme avait quelque chose de familier, mais au fond d’elle la résidente savait qu’elles ne s’étaient jamais vues jusqu’à présent. « Non non, c'est moi qui m'excuse d'arriver à l'improviste... Je veux bien de l'eau, ou un soda, si vous avez. ». Arizona lui adressa un petit sourire pour lui faire comprendre que ce n’était pas bien grave – même si elle ne savait pas ce qu’elle pouvait lui vouloir – et plongea la tête dans le réfrigérateur à la recherche d’un soda qu’elle ne tarda pas à trouver. Ceci fait, elle laissa la porte se fermer toute seule et attrapa deux verres qu’elle déposa sur le plan de travail avec sa brique de jus d’orange et le soda pour ensuite lui faire signe de s’asseoir. Elle avait beau n’être qu’à quatre mois de grossesse, ses chevilles commençaient déjà à souffrir de son poids n’y étant pas habituées et s’asseoir était toujours une véritable bénédiction. « Je suis loin des disques de diamants de Lady Gaga, mais je suis chanteuse, vous m'avez peut-être vu dans une émission... même si elles ne sont pas super nombreuses. ». Tandis qu’elle se servait, Arizona posa les yeux sur Théodora en fronçant légèrement les sourcils. En effet … peut-être l’avait-elle déjà vu à la télévision, mais elle en doutait sincèrement. Avec ses horaires au Lenox Hill et sa fatigue quasi constante, il n’y avait que lors de ses jours de congés qu’elle regardait la télévision et encore … le plus souvent cette dernière ne lui servait que de fond sonore n’aimant que très peu le silence.

Néanmoins, elle resta silencieuse et termina de se servir. « On ne s'est jamais vues, enfin je ne pense pas, mais en dehors de la télévision, il est possible que je vous rappelle quelqu'un... ». Plus curieuse que jamais, l’une de ses mains autour de son verre qu’elle s’apprêtait à porter à ses lèvres, Arizona dévisagea la jeune femme sans savoir où elle voulait en venir. Pourquoi lui rappellerait-elle quelqu’un ? Enfin, certes elle avait quelque chose de familier – comme elle l’avait dit un peu plus tôt – mais … à vrai dire elle ne savait pas, elle était juste curieuse de savoir où elle voulait en venir. « Toscane, peut-être? ». La jeune femme porta son verre à ses lèvres pour boire une gorgée de son contenu sans pour autant cesser de regarder Théodora. Toscane était l’une de ses sœurs, l’une de ses petites sœurs dont elle était proche. Toutefois, elle ne pouvait pas dire qu’elle connaissait toutes les relations de cette dernière, seulement de la manière dont ceci venait d’être énoncé, Arizona y décelait un sous-entendu étrange. Pourtant, cette question venait de l’intriguer et la jeune femme ne pouvait s’empêcher de regarder la jeune inconnue dans les moindres détails et le résultat fut sans appel … Toscane était bien la personne avec qui Théodora avait des airs familiers et s’en était troublant. « Je … hm … Est-ce qu’on a un quelconque lien de parenté ? Parce que j’ai pu oublier, j’ai une amnésie partielle qui fait que je ne me souviens pas de tout le monde, donc si c’est le cas je m’excuse d’avance. ». Arizona reposa son verre devant elle persuadée qu’elle n’était pas une cousine, pas même éloignée. Sa mémoire lui faisait défaut, mais elle savait qu’elle ne l’avait jamais vu jusqu’à aujourd’hui et pourtant elle avait raison, en bien de points elle lui rappelait sa petite sœur et elle ne parvenait pas à se l’expliquer.

Quitter la jeune femme des yeux lui devenait de plus en plus difficile tout comme se séparer de la curiosité qui s’était emparée d’elle. Curieuse, elle l’était depuis toujours même si elle avait toujours su se contenir et éviter de mettre son nez partout contrairement à l’une de ses aînées, Charlotte, qui n’était pas devenue journaliste pour rien. Toutefois, ce sentiment restait présent, elle ne pouvait pas s’empêcher de chercher pourquoi cette demoiselle l’intriguait autant. Il était vrai que les énigmes qu’elle lui posait depuis qu’elle était entrée chez elle titillait cette curiosité, mais tout de même. Il y avait autre chose, mais elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Elle était sûre à présent qu’elle avait quelque chose de familier, quelque chose qui lui rappelait Toscane qu’elle semblait connaitre alors qu’elle-même n’avait jamais entendu parler de Théodora, mais après tout sa petite sœur n’avait pas à lui raconter toute sa vie. Seulement, c’était encore plus que ça, elle le savait. Ce regard lui rappelait son père et par moment elle avait également l’impression de revoir sa mère et c’était une sensation perturbante que la jeune femme ne savait pas expliquer. Arizona ne put s’empêcher de continuer de dévisager la jeune femme en portant par moment son verre à ses lèvres pour le vider un peu plus de son contenu.

Il était étrange de voir comment une situation pouvait prendre une tournure si inattendue. Arizona s’était réveillée avec la conviction qu’elle n’allait rien faire de la journée et qu’elle allait pouvoir être seule sans avoir à parler à qui que ce soit et voilà qu’une jeune femme parfaitement inconnue venait frapper à sa porte pour lui parler de sa ressemblance avec l’une de ses sœurs tandis qu’elle avait la nette impression d’être liée à elle sans même savoir pourquoi. C’était étrange, vraiment très étrange et tous les propos que tenait Théodora laissaient supposer que c’était parfaitement normal voire même qu’elle était sur la bonne voie lorsqu’elle lui avait fait part de la sensation de la connaitre et d’avoir un quelconque lien de parenté avec elle. Seulement, elle ne voyait pas et la jeune résidente ne put s’empêcher de mettre ça sur le dos de son amnésie ce qui, avouons-le, était bien pratique par moment, seulement pour l’instant ça l’agaçait plus qu’autre chose. La jeune femme avait toujours eu une excellente mémoire, quelque chose dont elle était fière et qui lui avait permis d’être sans cesse l’une des meilleures élèves de sa promotion – voire même la première à la fin du lycée – mais depuis son accident cette dernière lui faisait défaut et ce n’était pas quelque chose dont Arizona avait l’habitude. « On ne s'est jamais rencontrées, votre amnésie n'y est pour rien... ».

Les paroles de Théodora la rassurèrent immédiatement bien qu’elle ne parvenait pas à totalement se détendre ce qui continuerait d’être le cas jusqu’à ce qu’elle comprenne où la jeune femme voulait en venir. D’habitude, elle était assez douée avec les énigmes et il fallait bien avouer qu’elle avait tout de même un QI assez impressionnant, détail dont elle ne parlait à personne par peur de trop attirer la curiosité de certaines personnes, mais là elle ne voyait pas. Arizona se mit à jouer nerveusement avec son verre sans pour autant quitter Théodora du regard, comme si la fixer aussi longtemps allait lui permettre trouver alors qu’elle risquait surtout de la mettre mal à l’aise. Puis, cette dernière fit glisser une photo jusqu’à elle et immédiatement les sourcils de la résidente se froncèrent. Revoir sa mère en photo aussi jeune alors qu’elle l’avait perdu deux ans auparavant était bien plus douloureux qu’elle ne l’aurait imaginé et maintenant elle comprenait mieux la raison qui l’avait poussé à ne pas sortir les albums photos de leur carton. Ses mains se mirent à trembler, mais Arizona ne se laisse pas démonter et même si elle sentait ses yeux picoter à cause de la tristesse, elle ravala ses larmes et posa les yeux sur Théodora sans rien dire, attendant juste une explication de sa part qui ne tarda pas à venir. « Je n'sais pas si vos parents vous ont parlés de jumelles, à la naissance de Toscane... On leur a annoncé la mort subite du nourrisson quelques heures après, mais c'était un autre bébé, une erreur de l'équipe médicale... ».

Arizona se souvenait surtout de n’avoir que deux ans à l’époque et ses aînés n’étaient pas bien plus âgés. Sydney et Charlotte n’avaient que quatre ans, Georgia était âgée de cinq ans … le seul qui pouvait sans doute s’en souvenir était London puisqu’à l’époque il avait – si ses calculs étaient bons – huit ans. De nouveau ses sourcils se froncèrent et ses yeux dévièrent immédiatement sur la photo qu’elle lui avait tendu quelques instants auparavant. Une erreur médicale ? Comment une erreur médicale de cette ampleur pouvait-elle se produire et ce même à l’époque ? Arizona leva doucement les yeux vers Théodora, les sourcils toujours légèrement froncés. « J’étais trop petite pour m’en souvenir et mon frère a été le seul à nous en parler, nos parents préféraient éviter … mais je doute que ça soit une erreur médicale … même pour l’époque ! Vous n’en sauriez pas plus ? Non pas que je doute de votre parole, mais on a toujours pensé la jumelle de Toscane décédée à la naissance … ». Pourtant, elle n’arrivait pas à douter plus que ça, pas alors que Théodora avait tant de similitudes avec certains membres de la famille. Toutefois, elle préférait être prudente parce qu’elle avait toujours été ainsi et aussi parce qu’elle continuait d’avoir cette tendance à vouloir protéger sa famille et si jamais elles devaient leur annoncer cette nouvelle qui aurait l’effet d’une bombe pour tous, autant être sûre de s’appuyer sur des preuves solides.

Il y avait bien d’autres d’informations sur sa famille qui lui tombaient dessus ces derniers temps. Elle qui avait toujours eu la sensation de connaître ses proches sur le bout des doigts, à présent elle devait bien avouer s’être trompée tout ce temps. Pour ce qui était du décès de son père, Arizona était toujours partie de l’idée qu’il ne s’agissait pas d’un accident et même si cet évènement l’avait traumatisé, elle se souvenait encore parfaitement d’avoir vu le sabotage du bateau auquel son père tenait tellement. Elle se souvenait également avoir pensé tout d’abord que son petit frère avait encore joué avec les robinets et que, comme toujours, il avait été incapable de les refermer. Arizona n’avait aucun mal à se remémorer la panique qui l’avait envahi lorsqu’ils s’étaient retrouvés coincer dans la cabine à cause de la porte qui avait toujours eu cette tendance à se coincer et qui ne pouvait s’ouvrir que de l’extérieur. Parfois, elle en venait même à se demander ce qui se serait passé si elle avait pris sur elle, si elle avait ordonné à Phœnix de ne pas bouger avant de rejoindre la porte de la cabine afin de l’ouvrir et de voir ce que faisait leur père, mais jamais elle ne le saurait. Elle était restée pétrifier en tenant fermement son petit frère et sous la pression le bateau avait cédé puis coulé. Cet évènement tragique qui avait définitivement divisé la famille Ioannis qui s’était dispersée à travers le globe était également celui qui avait créé sa peur des bateaux et de l’eau. Néanmoins, malgré sa curiosité Arizona n’avait jamais cherché à mettre son nez dans cette affaire de peur de souffrir à nouveau comme à chaque fois qu’elle se risquait à penser à ce moment. Cependant, plus récemment elle n’avait eu d’autre choix que d’y être à nouveau confrontée et apprendre que son oncle était celui qui avait mis la tête de Zéphyr à prix fut un choc.

La nouvelle comme quoi Toscane n’avait pas réellement perdu sa moitié à la naissance en était également un et Arizona ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’elle allait bien pouvoir apprendre d’autre dans les jours à venir qui l’assommerait de manière définitive. Pourtant, elle sentait Théodora sincère. Aussi folle que soit son histoire, elle parvenait à être certaine que la jeune femme face à elle n’était pas en train de lui mentir et la photo qu’elle avait glissée sous ses yeux était une preuve appuyant ses dires. Toutefois, on ne pouvait pas lui en vouloir d’avoir du mal à y croire tant tout ceci pouvait paraitre gros. Mais est-ce que ça l’était réellement ? Elle savait qu’il y avait des fous partout ou des personnes qui ne réfléchissaient pas aux conséquences de leurs actes avant d’agir, il était donc peut-être inutile d’être aussi surprise par ce que la jeune femme lui annonçait. Après tout, c’était une bonne nouvelle quelque part, enfin une dans sa vie qui lui semblait si misérable ces dernières années et ces derniers temps. Théodora n’était pas là pour la briser, mais bien pour retrouver la famille qui était la sienne, retrouver ses proches ce qu’elle-même aurait fait si les rôles avaient été inversés. La jeune femme apporta son verre à ses lèvres et le vida une bonne fois pour toute de son contenu puis le reposa sur la table et leva les yeux vers son invitée. « Les erreurs arrivent malheureusement... Mais ça n'en était pas vraiment une. ». Ça, Arizona l’avait deviné par elle-même. Une chose aussi énorme que l’échange de deux bébés ne pouvait pas être une erreur et son métier lui permettait de le savoir sans le moindre mal. Peu importe ce que Théodora aurait pu essayer de lui dire pour la convaincre du contraire, la jeune résidente serait restée sur cette idée quoi qu’il en coûte. « Ma tante est infirmière, elle était de service ce soir-là... Quand elle a vu la panique de ma mère à l'idée de perdre sa fille, elle a échangé les bracelets pour ne pas avoir à lui annoncer le décès du bébé. ».

Arizona ouvrit la bouche, mais la referma aussitôt. Que pouvait-elle bien dire ? Qu’elle comprenait ce que sa tante avait pu ressentir ? C’était vrai, mais ça n’était pas une excuse pour autant et la jeune femme n’eut aucun mal à deviner que Théodora pensait la même chose qu’elle. « Je l'ai appris il y a trois semaines seulement... J'ai eu du mal à y croire, je sais que ça semble complètement fou, mais tout correspond... ». Elle acquiesça lorsqu’il fut question de folie. Ça l’était complétement, mais elle y croyait sans doute poussée par la conviction qui enveloppait la jeune femme, mais aussi par le fait qu’elle continuait d’avoir ce petit quelque chose de familier qui éveillait une petite voix dans sa tête qui lui répétait d’y croire et de faire confiance à cette demoiselle pourtant encore inconnue. « Ça pour être fou … mais j’y crois. Je suis sûre que le reste de famille voudra des preuves, mais moi je vous … te crois. ». Difficile de la vouvoyer à présent qu’elle était quasiment certaine qu’elle était bien sa sœur, qu’il s’agissait bien de la jumelle de Toscane que cette dernière avait toujours su vivante tandis que le reste de la famille la qualifiait de folle. Pour appuyer ses mots et lui montrer qu’elle était sincère, Arizona lui adressa un petit sourire sans la quitter des yeux. « Je risque d’être la plus ouverte à cette idée … enfin mise à part Toscane qui a toujours eu la sensation que tu étais vivante. Je veux bien t’aider et te faire rencontrer le reste de la famille aussi doucement que possible, mais certains vont se montrer très méfiants … disons que certaines histoires de notre famille les ont poussé à se méfier du monde entier. ». Et Arizona ne pouvait pas les blâmer, pas alors qu’elle était au beau milieu de l’une des plus grosses histoires de leur famille, cousins et cousines réunis.

Il y avait tellement de misères qui s’enchaînaient dans sa famille que l’arrivée de Théodora était de loin la meilleure nouvelle depuis qu’elle était sortie de son coma. Pendant longtemps elle avait pensé sa famille touchée par une quelconque malédiction même si la jeune australienne était loin de croire à ce genre de chose, mais c’était l’explication qui semblait le mieux convenir. Les Ioannis n’avaient jamais eu la moindre chance … enfin peut-être exagérait-elle sur ce point toutefois c’était malgré tout sa vision des choses. Même si leur famille était nombreuse et prouvait ainsi que ses parents s’étaient aimés pendant des années au point d’avoir toute une ribambelle de Ioannis, son père était mort trop jeune laissant deux de ses enfants bien plus traumatisés que le reste de la famille n’avait pu l’être par cette mort brutale. Cependant, tout semblait avoir commencé dès le divorce de Zéphyr et Carmen, à partir de là tout s’était enchaîné sur plusieurs années et sa famille s’était divisée d’année en année pour se disperser aux quatre coins du monde. Arizona devait néanmoins avouer que sa vie à Townsville avait été plutôt agréable. Même si elle avait dû s’habituer à ce nouveau pays et parler l’anglais à la place du grec, elle avait fini par si faire et son accent avait disparu avec le temps. Pour le reste, elle n’en avait pas le moindre souvenir, sans doute parce qu’ils étaient liés à Indiana et que tout ce qui était relié à sa cadette s’était subitement effacé de son esprit.

Néanmoins, sa famille n’avait véritablement pas eu de chance et elle savait que du côté grec de sa famille ce n’était pas uniquement le cas pour elle ou pour ses frères et sœurs. Ses cousins et sa cousine avaient le droit à leur lot de malchance et à bien y réfléchir Arizona se demandait si son côté n’avait pas été plus chanceux que celui des Vryzakis. Toutefois, malgré les difficultés l’australienne ne s’était jamais plainte de quoi que ce soit. Elle s’était évertuée de mener sa vie au jour le jour sans penser à demain parce qu’elle ne pouvait pas être sûre de ce que l’avenir allait lui réserver, pas avec son passé. Pourtant, elle s’y était risquée une fois avec Wyatt et le résultat fut sans appel : elle avait perdu son fiancé et tous les projets d’avenir qu’elle avait pu monter avec ce dernier et à présent elle se refusait de le faire à nouveau et tant pis si elle faisait des erreurs, c’était ce qui lui permettrait d’avancer. Mais l’arrivée de Théodora chassait cette sensation de malchance qui pesait autour de sa famille. La jeune femme face à elle était la bonne nouvelle dans ce monde cruel même s’il ne devait pas y avoir pire que d’apprendre que toute une vie passée n’avait été que mensonge. Arizona n’aurait que très peu aimé être sa place et se réjouissait donc de la chance qu’elle avait eu de grandir au sein de sa véritable famille et étant particulièrement tournée vers cette dernière c’était bien pour cela qu’elle ne comptait pas laisser Théodora se débrouiller toute seule. Évidemment qu’elle la croyait. Il y avait bien trop de petites choses qui prouvaient ses dires même s’il n’y avait pas de preuves concrètes.

Observatrice comme elle pouvait l’être, la jeune femme avait remarqué les quelques similitudes qui reliaient Théodora au reste de leur famille et qui ne pouvait pas être du mimétisme puisqu’elle ne les avait jamais connu et encore moins côtoyé. « Je me suis préparée aux remarques ou à être prise pour une folle... c'est pas le genre de choses qui arrivent tous les jours, ça paraît assez incroyable et en dehors de ma parole, je n'ai pas encore beaucoup de preuve pour me défendre... ». Un petit sourire désolé apparu sur le visage de la jeune femme. Il était vrai que n’avoir que sa parole pour prouver qui elle était vraiment ce n’était pas ce qu’il y avait de plus pratique. Théodora avait même bien de la chance d’avoir décidé de passer d’abord voir Arizona plutôt qu’un autre membre de leur famille qui l’aurait envoyé balader. Lorsqu’elle pensait à ça, son frère aîné lui venait tout de suite à l’esprit. Loin d’être mauvais, London était particulièrement protecteur envers ses frères et sœurs, il aurait tout bonnement refusé de l’écouter par simple nécessité de protéger les autres d’une nouvelle vérité douloureuse. Toutefois, Arizona ne le voyait pas ça comme ça et se réjouissait même à l’idée d’avouer à Toscane qu’elle avait toujours eu raison vis-à-vis de la survie de sa jumelle et puis leur sœur n’avait jamais demandé à être échangée à la naissance et l’australienne aurait trouvé injuste qu’elle paye l’erreur de sa supposée tante. « J'imagine que tu as fait plusieurs prises de sangs récemment, pour le bébé. Félicitations, d'ailleurs... ». Tandis qu’elle baissait les yeux vers son ventre légèrement rebondit, un petit sourire se dessina sur ses lèvres avant qu’elle ne relève la tête pour sourire d’autant plus afin de remercier la jeune femme.

« Prises de sang et bien d’autres tests à cause de l’accident. », avoua-t-elle sans pouvoir s’empêcher de grimacer. Arizona aimait la médecine, autrement elle ne serait pas résidente, mais dès lors qu’il s’agissait de subir la médecine c’était une bien autre histoire. « Si tu es d'accord, on pourrait envisager de faire des tests? Je ne veux pas brusquer qui que ce soit, mais ce sera peut-être plus facile pour moi si j'ai une preuve concrète... ». Une moue enfantine apparue sur son visage pendant que la proposition de la jeune femme parvenait doucement à son cerveau légèrement embrumée par le manque de sommeil et la joie qu’elle éprouvait d’avoir retrouvé une sœur alors que tout lui semblait être si misérable ces derniers temps dans sa vie. « Hm … oui, pourquoi pas. Au moins London et Georgia n’auront rien à dire s’ils ont bien la preuve que tu es bien notre sœur, je pense qu’ils seront les deux seuls réticents. », dit-elle en lui adressant un sourire rassurant avant de reprendre. « London a toujours été protecteur envers nous et Georgia … disons simplement qu’il faut toujours qu’elle trouve quelque chose à dire pour ennuyer son monde. ». Arizona leva les yeux au ciel en soupirant. Sa relation avec sa sœur aînée n’avait jamais été au beau fixe et elle doutait que ça soit le cas un jour, mais elle ne voulait pas inquiéter Théodora sur ce point même si ses paroles concernant sa sœur dépassaient toujours sa simple pensée.

Théo ignorait encore quand & comment elle allait pouvoir rencontrer le reste de la famille, mais le fait d'être acceptée par l'une de ses soeurs était déjà un miracle en soit, surtout dans ce qu'était sa vie depuis quelques semaines. La mort de Liam l'avait profondément affectée, qu'ils soient séparés depuis plusieurs mois ou non, et aujourd'hui, la jeune femme avait beaucoup de mal à trouver une raison de vivre, alors qu'il était si facile de baisser les bras. Elle l'avait fait une première fois, au décès de sa mère, la drogue ne l'avait pas vraiment réussit mais celle-ci avait au moins le don d'apaiser sa peine et sa colère, ce qu'elle rêvait de faire aujourd'hui. Elle se concentrait sur ses cours de danses, sur son prochain album & surtout sur cette histoire de famille, mais rien de toute cela ne lui permettait d’effacer Liam de son esprit. Les seuls moments où elle réussissait à l'oublier, elle finissait par culpabiliser de le faire, car il était bien trop tôt et Théo avait l'impression de le trahir en pensant à autre chose qu'à lui, même si c'était ce qu'il aurait voulu. Toutefois, maintenant qu'elle était devant Arizona, elle se sentait revivre doucement, rongée par l'excitation de rencontrer toutes ces nouvelles personnes qui faisaient partie intégrante de sa vie - ou qui étaient supposées le faire en tout cas. En vue du nombre d'enfants Ioannis, on pouvait dire que ses parents biologiques lui avaient donné de quoi s'occuper pour un petit temps si elle tenait à tous les rencontrer et les connaître.

Tout en observant Arizona baissé les yeux vers son ventre arrondis, Théodora souriait automatiquement. C'était au moins un petit être de sa famille qu'elle aurait la chance de connaître dés le début, avec qui elle n'avait pas perdu des années et elle se jurait de ne pas oublier d'en prendre bien soin, si Arizona le lui permettait évidemment. Elle n'avait jamais envisagé d'avoir un bébé, sa carrière était bien trop prenante et dangereuse - surtout celle qui lui donnait le droit d'abattre des hommes de sang froid - mais elle espèrait en avoir elle aussi un jour. Le fait que le fiancé de sa soeur soit décédé était peut-être, malheureusement, un point qui les rapprocherait avec le temps puisqu'elles savaient toutes les deux la douleur de perdre un être cher, mais aujourd'hui, il était question de bonnes nouvelles et Théo ne voulait pas en parler, surtout qu'elle n'était pas supposée être au courant de tout ça.

« Prises de sang et bien d’autres tests à cause de l’accident. » Grimaçant, la jeune femme se forçait également à prendre une mine surprise. Arizona lui avait bien parlé de son amnésie, mais c'était la première fois qu'elle mentionnait l'accident qui la provoquait. Avec le temps et l’habitude d'en savoir trop, Théo avait appris à ne plus se vendre en notant dans un coin de sa tête chaque informations qu'on lui donnait, de manière à ne pas mélanger celles qu'elle avait obtenu d'elle-même. « Désolée, j'ignorais pour l'accident... » Elle aurait pu ajouter qu'elle espèrait qu'elle n'aie pas gardé trop de séquelle, mais son amnésie en était une suffisante et Théo n'était pas là pour la lui renvoyer en pleine figure. « Hm … oui, pourquoi pas. Au moins London et Georgia n’auront rien à dire s’ils ont bien la preuve que tu es bien notre sœur, je pense qu’ils seront les deux seuls réticents. » Théo hochait la tête tout en gardant en mémoire les deux prénoms qu'elle venait de lui transmettre. Elle savait le prénom, l'âge et la profession de chaque personne de la famille, mais tout ce dont elle disposait était des dossiers, dans lesquels il n'était pas spécifié s'ils aimaient le changement ou pas! « London a toujours été protecteur envers nous et Georgia … disons simplement qu’il faut toujours qu’elle trouve quelque chose à dire pour ennuyer son monde. » Une nouvelle grimace se dessinait sur son visage, mais elle se rassurait rapidement sachant que London et Georgia ne vivaient pas à New-York, elle n'était donc surement pas prête de les rencontrer. « Ils auraient raison de douter... enfin c'est assez fou... Mais merci d'accepter pour les tests. » Théo avait hâte d'obtenir les résultats de ceux-ci pour pouvoir rencontrer le reste de la famille, à commencer par Toscane. « J'espère pouvoir rencontrer une partie de la famille au plus vite... » Signalait-elle de manière tout à fait innocente. Théodora comptait un peu sur Arizona pour faire le lien entre elle et les autres, comme elle le lui avait proposé quelques minutes plus tôt, mais la patience n'avait jamais fait partie de ses qualités, elle avait vraiment hâte. « Merci de m'avoir écoutée et crue surtout! » La jeune femme lui adressait un sourire reconnaissant, qui trahissait un peu son impatiente et son excitation mais elle avait toujours été émotive, il n'était pas bien difficile de savoir quand ça l'emballait et à l'inverse quand elle détestait quelque chose, voir quelqu'un, c'était tout aussi lisible. « On peut parler plus tard si tu es fatiguée, ou si tu as des choses de prévu, je n'veux surtout pas te déranger. » Il y avait des tonnes de choses à dire en 24 ans d’existence mais la chanteuse avait bien vite remarqué la fatigue de sa soeur et elle refusait de l'ennuyer plus longtemps, ce qu'elle qui avait annoncé était déjà bien assez à encaisser pour la journée.

Peut-être que la joie allait de nouveau venir au sein de sa famille ? Peut-être allaient-ils enfin cesser de souffrir avec l’arrivée de la jeune femme dans leur vie ? Comment ne pas considérer l’existence d’une nouvelle sœur comme une bonne nouvelle ? Même si cette histoire était plus que folle, elle était incapable de ne pas y croire, sans doute parce qu’elle avait besoin d’un tant soit peu de bonheur dans sa vie et que de toute manière avec toute la folie qui tournait autour des Ioannis, l’existence de cette sœur était de loin le moins surprenant. Elle était heureuse bien que toujours sur ses gardes malgré tout. Rien ne lui garantissait que Théodora soit réellement celle qu’elle prétendait être, toutefois il y avait bien trop de similitudes avec certains membres de sa famille pour pouvoir passer à côté. Elle voulait y croire, s’assurer qu’elle était bien sa sœur et avoir enfin le droit à un peu de bonheur dans sa vie tellement chaotique depuis quelques mois … depuis des années pour tout dire. L’australienne était fatiguée d’avoir sans cesse à se battre contre la vie pour garder la tête haute. Par moment elle avait juste envie de se laisser à aller, d’arrêter de lutter et de laisser couler au fond de l’eau. S’efforcer de la garder hors de l’eau devenait de plus en plus difficile pour elle qui ne faisait que se battre depuis des années, que ça soit pour elle ou pour sa famille.

De ce qu’on lui avait dit, elle s’était battue pour sa sœur, battue pour qu’Indiana continu d’être un tant soit peu heureuse malgré la mort de leur mère et aujourd’hui elle se battait pour se souvenir, pour faire revenir les souvenirs qu’elle avait de sa petite sœur et que son cerveau avait tout bonnement effacé pour une raison particulièrement obscure sur laquelle Arizona ne parvenait pas à mettre le doigt. Alors, bien évidemment que Théodora soit véritablement sa sœur était la meilleure nouvelle du mois voire même la meilleure nouvelle dans sa vie depuis plusieurs années, si on mettait de côté cette grossesse qu’elle avait eu bien du mal à accepter à sa sortie du coma et après avoir appris la mort du père de ses enfants. « Désolée, j'ignorais pour l'accident... ». Ramener à la réalité par la voix de la jeune femme, Arizona lui adressa un sourire pour lui faire comprendre que ce n’était rien et qu’elle n’avait pas besoin de s’excuser. Elle n’était pas supposée savoir par quoi elle était passée ni même ce qui avait créé cette amnésie qui la touchait, alors elle n’avait aucune raison de s’excuser d’autant plus que l’australienne avait fini par se faire à l’idée que des souvenirs lui échappaient, que ça l’agace ou non. « Ils auraient raison de douter... enfin c'est assez fou... Mais merci d'accepter pour les tests. ». Toujours souriante, elle agita furtivement la tête en avant. A vrai dire à ses yeux ils n’avaient aucune raison de douter à moins d’être aveugle et de véritablement vouloir que leur famille soit maudite. Elle savait néanmoins que malgré les tests Georgia risquait d’être un obstacle mais avec tout le restes des Ioannis de son côté, Théodora n’avait pas grand-chose à craindre finalement. « J'espère pouvoir rencontrer une partie de la famille au plus vite... Merci de m'avoir écoutée et crue surtout! ». Arizona aussi espérait pouvoir lui permettre de rencontrer leurs frères et leurs sœurs au plus vite même si elle ne s’en faisait pas tellement pour ça.

Avec des personnes aussi organisées que sa jumelle ou elle-même, leur nouvelle sœur pouvait être assurée de les voir assez rapidement, les jumelles sachant pertinemment comment faire pour que tout le monde soit en ville et hébergé chez les uns ou les autres. « Y pas de quoi. Ton arrivée est de loin l’une des meilleures nouvelles dans notre famille et je sais que je ne vais pas être la seule à le penser. Tu n’as rien à craindre là-dessus, même s’il y aura des réticents, tu en auras tout de même d’autres de ton côté à commencer par moi et Toscane. ». Opinant du chef, son sourire ce fit d’autant plus présent. Elle tenait à la rassurer au maximum et à faire en sorte que ses craintes diminuent le plus possible concernant la rencontre avec les autres membres de leur famille. « On peut parler plus tard si tu es fatiguée, ou si tu as des choses de prévu, je n'veux surtout pas te déranger. ». Arizona ne put s’empêcher de grimacer. Elle ne voulait pas la mettre à la porte, mais il était vrai qu’elle était complètement exténuée et qu’elle avait bien envie d’aller dormir un peu à défaut de pouvoir le faire la nuit. « Si ça te dérange pas … je vais quand même te passer mon numéro au cas où tu en aurais besoin et pour qu’on puisse se voir un jour où je serais moins … épuisée. ». Sur ces mots, elle se leva et alla à la recherche d’un papier et d’un crayon. Une fois son numéro noté et donné à Théodora, elle raccompagna la jeune femme à l’entrée de l’appartement. La jeune femme partit, la porte fermée et de nouveau seule, Arizona s’empressa d’aller se laisser tomber sur le canapé du salon, la télévision allumée pour mieux l’endormir et elle se laissa aller dans les bras de Morphée sans même avoir à lutter bien longtemps.