Son sourire n’avait rien de sincère, rien d’authentique. Son sourire était marqué de mesquinerie et de petitesse, rien de plus. Ce n’était pas un hasard si elle était venue l’aborder. Ce n’était pas un hasard si elle avait décidé de venir lui parler. Rien n’était un hasard, tout semblait être calculé par la jeune femme. Elle semblait avoir les cartes en main, elle savait jouer avec. Jouer avec ces cartes, bien entendu. Sous les yeux de cet innocent jeune homme, pas si innocent que cela, elle battait ces cartes fictives. Sa voix s’était éteinte derrière ce sournois sourire. Ezra, comme il s’appelait, porta quelques secondes son attention sur Maria avant de se retourner vers sa pêche du soir. Il ne la regardait pas longtemps. Sa belle s’était enfuie. Prenant ses clics et ses clacs. Maria aurait pu en rire. Ce fut à cet instant T qu’il décida de prendre la parole. «Très belle pêche comme tu as pu le voir. Un léger sourire rempli de compassion se dessina sur les lèvres pulpeuses de Maria. Belle pêche, tout était relatif. La relativité des choses, c’est ainsi que le commun des mortels nomme cela. De ce qu’elle avait aperçu, Maria l’a trouvé vraiment peu intéressante. Une blonde, un brin écervelée et par-dessus tout niaise comme ses pieds. Maria aurait cru Ezra bien meilleur pêcheur qu’il ne l’était en réalité. Et très bonne soirée avant que tu n’arrives très chère, maintenant je suis aussi seul que lorsque je suis arrivé et je n’oserais pas dire que c’est par ta faute… ». Ironie, c’était évident. Maria pouffa délicatement de rire, avant de reporter son attention sur le jeune homme qui se tenait tout juste à ses côtés. « Poor boy. Tu vas me faire pleurer… » lâcha-t-elle ironiquement. Bien entendu, elle ne pensait pas un mot de ce qu’elle venait de lui dire. Entre la compagnie d’une blonde lambda sans cerveau et qu’une brune un peu trop sulfureuse, le choix ne semblait pourtant pas hésitant. Evidemment, Ezra aurait choisi la brune. Il y a de cela quelques semaines. Il n’était pas un inconnu aux yeux de Maria, bien au contraire. Cela faisait déjà quelques temps qui lui tournait autour tel un vautour. Elle voyait bien son petit jeu. Elle jouer avec même. Frustré ? L’était-il peut-être. Du jour au lendemain (ou presque), il avait décidé de passer à autre chose. D’abandonner sa proie pour une autre bien facile à se saisir avec ses serres. Maria ne l’avait pas oublié. Et c’était bien pour cela qu’elle avait décidé de le rejoindre à ce bar. Elle lança un regard au barman avant de l’interpeler à l’aide de sa main. Elle lui demanda deux mojitos. Hochement de tête et l’homme s’exécuta sans contre dire la commande de Maria. Elle l’observa du coin de l’œil. S’il y avait bien une chose qu’elle détestait (sûrement pas par-dessus tout, c’était certain), c’était qu’on la fasse patienter. Surtout dans une telle situation. Après quelques minutes, les deux petits verres atterrirent face à elle. A l’aide du revers de sa main droite, elle en poussa un en direction d’Ezra. Le regard rempli de malice, elle lui fit un clin d’œil. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Tout cela semblait faire partir de son petit jeu. Jeu de séduction, certainement. Maria aimait plaire. Maria plaisait, et cela, elle le savait. Elle savait jouer avec tout cela et savait en tirer profit. Elle déposa sa main sur la cuisse d’Ezra. « Tu me remercieras plus tard ! » lui lâcha-t-elle alors, laissant sa voix en suspens. Après quoi, elle retira sa main et se saisit de son verre. Elle but d’une traite sa boisson préparée par cet inconnu. Son verre déposé, elle déposa un regard sur Ezra qui semblait avoir fait de même. « Comment vas-tu, au fait ? » lui demanda-t-elle.

Elle voulait juste se montrer polie. Sincèrement, savoir s’il allait bien ou non, ça ne l’intéressait guère. Voire même pas du tout. Un léger sourire se dessina faussement sur ses lèvres. Sans attendre, le jeune homme réagit. Il ne réagit pas comme prévu. Pas du tout. Un regard posé sur Maria puis il se leva avant de partir en direction des toilettes. Maria arqua les sourcils. Etrange réaction, songea-t-elle. Elle resta les bras sur le comptoir, avant de se mettre à fouiller dans son petit sac à main son téléphone portable. Un nouveau message pouvait-elle voir alors. Ariel, c’était elle. Elle lut furtivement le message. Un message qui en soi était bref, très bref. Un « alors » multiplié sept fois accompagné, avec exactement, sept points d’interrogation, voilà ce à quoi ressemblait ce fameux message. Maria leva les yeux en l’air, lassée par l’attitude de son amie. Elle rangea son cellulaire à sa place initiale. Elle se tourna légèrement vers la foule excitée. Son regard se perdit quelques instants dans la mouvante dansante avant de poser son attention sur son amie, Ariel. Cette dernière était en compagnie de deux jeunes hommes. Chose qui n’étonna guère Maria. C’était Ariel, cette femme à hommes. Elles s’échangèrent un regard, un long regard. Puis Ariel fit un signe de la main à son amie, comme pour lui dire de venir. Signe de la tête négatif de la part de Maria-Paz, qui se mit alors à rouler des yeux. Après un énième signe pour son amie Ariel, Maria lui tourna une nouvelle fois le dos. Une nouvelle fois, elle appela le barman. Un clin d’œil puis l’homme s’exécuta. Sûrement devait-il comprendre ce code particulier. Il le devait, c’était certain. A peine venait-il de s’éclipser qu’il revint avec deux nouveaux shooters plein. C’est à cet instant précis qu’Ezra apparut. Il s’installa comme si de rien n’était avant de lâcher quelques mots. « Ca c’est ma tournée ! Je ne veux rien te devoir ! ». Maria tourna la tête vers lui, avant de faire une légère moue. C’était sa tournée ? Et puis quoi encore. Bien que Maria semblait un peu vexée par cette attitude, elle préféra se taire. Elle hocha la tête, telle une naïve aurait pu le faire à sa place. Puis, au moment où elle allait se saisir du petit verre avant de se désaltérer, le son de la voix d’Ezra retentit à ses oreilles. «Tu comprends, je ne comptais pas repasser une minute de plus avec toi alors je préfère que l’on soit quitte ! Comme ça tu peux retourner faire mumuse avec tes autres pions sans penser que j’ai profité de ta générosité pour boire un verre de plus ! Parce que oui juste pour te le préciser, je ne suis pas un de ses pions, tu ne viens pas quand tu veux, tu ne me refoules pas quand tu veux, je ne suis pas un jeu qu’on prend que lorsque l’on a envie de le prendre ! » lui dit-il alors. Maria se tourna légèrement vers lui, faisant une petite moue désolée. Elle retourna son attention sur son shooter et bu cul-sec le liquide alcoolisé. La boisson qu’elle avala lui brûla doucement la trachée. Après quoi, elle se tourna de nouveau vers Ezra. Elle déposa un de ses doigts sur la bouche du jeune homme, comme pour le faire taire. « Beauté ! » lâcha-t-elle, avant de retirer son doigt. « Ne joue pas ta drama queen, s’il-te-plait. Je veux bien croire que ton égo soit touché, ou peut-être ta fierté masculine, mais mets tout ça de côté. Juste un instant. Un pion ? Tu n’as pas de chance, honey… moi non plus, je n’ai pas envie d’être une de ses pionnes avec qui tu peux jouer sur ton échiquier quand tu veux. Surtout que tu dois être vraiment mauvais joueur en échec. Si tu veux jouer, laisse-moi t’apprendre au moins… ». Elle marqua une pause, avant de faire un petit hochement de tête comme pour approuver tout ses dires. Son regard petit à petit se tourna vers Ezra ainsi que son verre encore plein. Elle le regarda avec insistance, comme pour lui faire comprendre de devoir boire à son tour. Maria appela une nouvelle fois le barman, avant de lancer à Ezra un petit « tu ne vas pas me faire croire que tu ne tiens pas l’alcool quand même. ». Et un sourire malicieux se dessina sur les lèvres de la jeune femme.

La soirée tournée au vinaigre… ou plutôt à l’alcool. Ca suintait l’alcool à plein nez, en y ajoutant l’odeur répugnante de la chaleur humaine –ouais de la transpiration, quoi. Ce genre de soirée qui te retournait le cerveau, la cervelle, ce genre de soirée qui te faisait tout oublier, même la pression des compétitions. La pression des compétitions, la pression que les athlètes, leurs entraineurs, leurs entourages et même supporteurs devaient endurer chaque jour. Ce n’était pas si facile que cela la vie d’athlète de haut niveau… il fallait avoir le niveau, le physique et le mental. Il y avait des fois ou tout partait en couilles comme lors de ces soirées. Oui, ce genre d’événements alcoolisés était apprécié par le petit monde reclus du sport de haut niveau. Que croyez-vous ? Ils ne sont pas si sages que cela. Eux aussi ont besoin de s’amuser, comme n’importe quel autre jeune de leur âge. Un sourire malicieux se dessina sur les lèvres de Maria lorsqu’elle lui fit remarquer subtilement qu’il ne tiendrait sûrement pas l’alcool qu’ils étaient entrain de s’enfiler. Aussitôt, Ezra reprit la parole. Pestant comme quoi il tenait bien l’alcool, très bien l’alcool même. Puis il continua en lui disant que comme elle voulait jouer, ils allaient jouer… et surtout qu’il allait gagner. Gagner, ce mot qui faisait partie du quotidien de l’athlète. Comme si c’était lui qui allait gagner. Maria se contenta d’un sourire, le laissant croire à ses paroles qu’il voulait prêcher. Elle se saisit de son verre, à l’aide de son index, elle joua à faire le pourtour du récipient. « Bah alors, on calle ? » lâcha-t-il, dans un petit ton rieur à Maria. Il venait de demander au barman une quatrième tournée. La jeune péruvienne tourna un œil sur lui, elle secoua tout doucement la tête avant de reporter l’attention sur son verre. Elle s’en saisit et but d’une traite tout le contenu. Je m’appelle Maria et j’aime me la jouer pochetronne du bar. « Tu disais ? » rétorqua-t-elle après ce petit événement. Puis elle se leva d’un bond de son tabouret. « Tu comptes vraiment rester tout le reste de ta soirée affalé sur ce comptoir ? Non parce que là, tu vois on dirait un gros pervers…. » lança Maria en fronçant les sourcils. Puis elle se tourna vers la piste de danse enflammée, regardant les multitudes de personnes danser sur le dance-floor. Elle reposa ensuite son regard sur Ezra. « Je vais aller danser moi. » déclara-t-elle assez fort pour qu’il puisse l’entendre. Et c’est alors qu’elle le saisit par le bras. « Et je vais avoir besoin d’un cavalier pour cela. » finit-elle par dire. « J’espère que tu es bon danseur. » souffla-t-elle à l’oreille d’Ezra. Cela, elle l’ignorait. Elle le verra bien une fois sur la piste cela.

[omg. c'est court c'est à chier, mille excuses. ]