Au Starbucks. C’était exactement là que Coleen devait aller. A quinze heures. Elle avait prévu de retrouver un vieil ami, si on pouvait vraiment qualifier Victor comme ça. Le problème c’était qu’entre le moment où ils avaient tout deux fixés le rendez-vous et le moment où elle devait s’y rendre, la jeune femme n’avait plus aucune envie d’y aller. Déjà, pour y aller, il fallait qu’elle se lève et ça, c’était clairement très dur pour elle. Elle était sortie la veille – elle avait découvert récemment qu’en fin de compte, les sorties nocturnes n’avaient rien de si désagréable - et elle avait assez vue et était rentrée suffisamment tard pour trouver que quinze heures n’était définitivement pas une heure décentes pour fixer un rendez-vous à quelqu’un. Surtout quand il s’agissait de quelqu’un qu’on n’avait pas vu depuis aussi longtemps. Elle avait rencontré Victor en Australie, elle ne savait plus trop comment ils avaient été amenés à sympathiser mais elle savait qu’elle l’avait suffisamment apprécié pour garder contact avec lui-même après son départ pour New-York. Il était devenu très proche même, se confiant l’un à l’autre très souvent.

Après avoir enfin réussi à quitter sa chambre et s’être énervée après quelques affaires qui traînaient sur son passage – c’était leur faute évidemment, il pouvait bien se ranger tout seuls – Coleen sortit finalement de sa chambre, bien décidée à arrivée à l’heure. Ce qu’elle ne fit pas. Lorsqu’elle reçut le message de son ami, lui disant qu’il était arrivé, elle était encore assez loin de leur point de rendez-vous. Ce n’est qu’avec seulement dix minutes de retard qu’elle arriva, elle chercha alors rapidement le jeune homme du regard et ne mit pas longtemps à le trouver. « Victor ! » Elle s’approcha de lui, le sourire aux lèvres. « Je suis contente de te voir ! » Inutile de préciser qu’il y a à peu près trente minutes, elle ne voyait même pas pourquoi ça valait la peine pour elle de se bouger.

Une voix vint tirer le prénommé Victor de ses pensées. Il leva alors aussitôt la tête. Son regard se posa sur le visage d’une jeune femme. Visage qu’il avait connu quelques années plus tôt. « Je suis contente de te voir ! ». Un sourire s’afficha sur le visage du français. « Moi aussi, Coleen ! » s’empressa-t-il à lui dire. Oui, il était content de la revoir au fond. Même si ces retrouvailles lui paraissaient quelque peu étranges et angoissantes. Après tout, ils étaient bien là, l’arrière-train assis sur une chaise, à se parler par écran interposé. Quelle idée avaient-ils eu encore. « Assieds-toi, je t’en prie. » poursuivit-il. En effet, elle n’allait tout de même pas rester là, debout, à poireauter comme une potiche. Aussitôt, la jeune fille fit un signe de tête et s’installa en face de lui. Il la regarda un long moment, sans dire un mot. Coleen, c’était vraiment une chic fille. Elle était sympa et tout. « Comment vas-tu ? » lui demanda Victor. Cela, c’était plutôt pour meubler leur conversation qui semblait quelque peu hésitante. A vrai dire depuis qu’ils s’étaient donné rendez-vous, le jeune homme s’était imaginé des multitudes de scénarios. Comme la probabilité qu’elle ne vienne pas pour diverses raisons. Ou encore celle qu’ils restent muets pendant des minutes et des minutes. Imaginez le malaise. Bien entendu, Victor espérait que cet après-midi se passe bien, très bien même.

[c'est trèèès court, mais tant pis. on avait dit un mini-rp hein. ]

Victor n’avait pas tant changé que ça. Pour ne pas dire pas du tout. Il était exactement comme dans son souvenir. Pourtant, ça remontait à loin. Une éternité, il lui semblait. Enfin, quatre ans quoi. « Moi aussi, Coleen ! » Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille. Elle ne savait pas s’il était sincère ou non mais dans le fond, elle s’en moquait pas mal. Victor l’invita à s’assoir et elle se posa sur la chaise en face de lui. A ce moment-là, elle ne put s’empêcher de penser que la situation était étrange. Enfin pas assez pour qu’elle se sente gênée ou quoi, mais un peu quand même. « Comment vas-tu ? » La jeune femme haussa les épaules et jaugea Victor du regard un moment, réfléchissant à ce qu’elle allait répondre. Finalement, elle décida de faire au plus simple. « Ca va. » C’était entièrement faux évidemment, mais ça Victor n’était pas censé le savoir. Il n’était même pas censé voir qu’elle mentait. Parce que même si elle avait mis le temps à répondre, elle avait répondu ça machinalement tellement souvent ces derniers temps, qu’elle arrivait maintenant presque à se convaincre elle-même en disant ça. Elle s’en félicitait d’ailleurs, c’était un progrès considérable. « Et toi alors ? Ca fait longtemps que t’es à New-York ? »

T'aurais au moins pu mettre la couleur meuf Quelle flemmarde tu fais

Elle lui avait dit qu’elle allait bien. Elle allait bien, c’était fait. Un petit sourire crédule se dessina alors sur les lèvres de Victor. Puis vint le moment où à son tour, elle lui retourna la question. « Et toi alors ? Ca fait longtemps que t’es à New-York ? ». Voilà précisément ce qu’elle venait de lui demander. Aussitôt, le jeune homme lui répondit sans attendre. « Je vais bien, écoute ! Longtemps ? Non, pas vraiment… ». Il fronça grossièrement les sourcils, cherchant alors depuis combien de temps était-il ici précisément. « Cela doit bien faire quelques mois déjà. » conclua-t-il. Puis il se commanda un café avant de retourner son attention sur Coleen. « Et toi… ça doit bien faire deux ou trois ans que tu es là, non ? Ca ne date pas d’hier… » lâcha-t-il quelque peu maladroitement. Cela faisait en effet bien plus de trois ans qu’ils s’étaient quittés. Leur rencontre était courte, leur histoire amicale aussi. Et pourtant malgré cela, ils avaient décidé de continuer de se parler jusqu’à se retrouver face à face des années après.

Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Victor et Coleen se félicita d’être aussi bonne menteuse. En vérité c’était faux, elle avait toujours menti très mal mais il ne la connaissait juste pas assez pour le décrypter dans la façon dont elle se comporter. Ce n’était pas plus mal comme ça. « Je vais bien, écoute ! Longtemps ? Non, pas vraiment… Cela doit bien faire quelques mois déjà. » La jeune femme hocha la tête. Quelques mois, c’était bien. Comme elle savait que la conversation à ce sujet n’allait pas aller bien loin, elle fit de son mieux pour la relancer. « Et tu t’y plaît ? » C’était tellement bateau comme question mais au moins, ça aurait peut-être le mérite de le faire parler un peu plus. Et peut-être même, qu’il finirait par se sentir plus à l’aise parce que là, ce n’était pas trop ça. Elle le voyait bien. « Et toi… ça doit bien faire deux ou trois ans que tu es là, non ? Ca ne date pas d’hier… » La jeune fille sourit et hocha de nouveau la tête. Ils avaient vraiment une conversation des plus passionnantes là tout de suite. « Oui effectivement. Ca fait un truc genre… 4 ans je crois. Je suis pas beaucoup retourné chez moi depuis. Ca me manque parfois…. » déclara-t-elle alors. C’était vrai, ça lui manquait vraiment. Elle devrait peut-être songer à prendre un billet d’avion pour rentrer là-bas un peu. Elle était persuadée qu’elle y serait sûrement mieux qu’ici.

«Et tu t’y plaît ? » lui demanda-t-elle. Aussitôt, le jeune homme hocha la tête comme pour acquiescer. Bien entendu qu’il se plaisait ici. Autrement que faisait-il ici ? S’il n’appréciait pas cette nouvelle vie newyorkaise, il aurait pris le vol retour pour Paris. « Oui ! J’ai rencontré des personnes agréables que ce soit à mon travail ou en dehors. ». Après avoir ajouté cela, il se tut de nouveau. Leur conversation n’était pas profonde et n’était pas au niveau des conversations dites philosophiques. C’était une conversation… banale. Puis après avoir abordé le sujet de Victor, ce fut celui de Coleen. De Coleen et l’Australie, sa terre natale. «Oui effectivement. Ca fait un truc genre… 4 ans je crois. Je suis pas beaucoup retournée chez moi depuis. Ca me manque parfois… » lui confia-t-elle. Quatre ans. Cela faisait quatre ans qu’ils ne s’étaient pas revus. Depuis quatre ans qu’ils dialoguaient à travers deux écrans interposés. Quatre ans. « Pourquoi tu n’y retournes pas ? » lui demanda-t-il naïvement. Après tout, elle lui avait confié que ça lui manquait parfois.

Ne sachant pas trop quoi dire, Coleen avait demandé au jeune homme s’il se plaisait à New-York. Pour toute réponse, il commença par hocher la tête, comme si c’était une réponse évidente. Ca devait l’être pour lui en effet, mais ce n’était pas le cas pour tout le monde. « Oui ! J’ai rencontré des personnes agréables que ce soit à mon travail ou en dehors. » Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Certes, il venait encore de lui faire une réponse bateau mais celle-ci avait éveillé sa curiosité. « Des personnes agréables en dehors de ton travail ... Vraiment ? ... Des filles ? » Elle lui lança un regard curieux en attendant sa réponse. Il devait répondre oui, c’était Victor quoi, il avait forcément rencontré au moins une fille qui lui plaisait depuis qu’il était là. Voir même plusieurs… Victor était pire qu’une fille à ce sujet. Ils évoquèrent ensuite rapidement et Coleen confia au jeune homme que ça lui manquait. « Pourquoi tu n’y retournes pas ? » La jeune femme haussa les épaules, elle ne savait vraiment pas pourquoi. Enfin… « L’avion coûte cher. » fit-elle alors. « Et puis, je ne sais pas. J’ai peur de rentrer là-bas et ne plus avoir envie de repartir après je crois aussi. »

Victor observa un large sourire sur le visage de son amie lorsqu’il mentionna ses nouvelles rencontres. Aussitôt, celle-ci lui demanda : « Des personnes agréables en dehors de ton travail ... Vraiment ? ... Des filles ? ». Un petit haussement du sourcil droit se dessina sur la tête du français. C’était quoi cette question ? Forcément, il avait rencontré des filles. Ce n’était pas comme s’il s’était retrouvé dans le no woman’s land ou quelque chose du genre. Coleen semblait curieuse. Enfin sa curiosité risquait d’être deux fois plus grande lorsque Victor lui aura répondu par l’affirmatif. « Euh… bah… oui… » lui répondit-il quelque peu hésitant. Victor n’avait jamais été très à l’aise sur le sujet des filles, bien au contraire. C’était un garçon un peu trop timide et réservé à ce sujet pour certains.
Puis Coleen lui évoqua les raisons qui la poussèrent à rester ici. Ici, à New-York. Il y avait tout d’abord le coût onéreux du billet, puis elle avait peur de rentrer et surtout d’avoir cette étrange envie de vouloir y rester. Rester là-bas, en Australie. Victor hocha la tête tout en y ajoutant un petit « Arf, oui, je peux comprendre… Ce n’est pas toujours facile de rentrer… ». Après tout, il parlait en connaissance de cause. Lui qui a longuement volé entre Paris et Brisbane. C’est alors que le jeune homme but une gorgée du café qu’il avait commandé avant de croquer dans le pain au chocolat. Sous sa dent, il sentit quelque chose de croquant et qui n’avait en aucun cas le goût de chocolat ou même du pain au chocolat. Il avala avec difficulté sa bouffée. « C’est infecte » se disait-il à lui-même. Infecte, c’était le goût. Il ignorait ce qu’il venait d’avaler, mais ce n’était pas très comestible pour un type raffiné comme lui. Une mine de léger dégout se dessina alors sur son visage. Mine qui ne resta guère longtemps. Il se voyait même expliquer à son amie ce qu’il venait de manger.

Victor avait l’air de se demander pourquoi Coleen lui posait une telle question. La jeune femme secoua la tête, c’était évident non ? Vu que le jeune homme était le pire cœur d’artichaut qu’elle ait eu l’occasion de rencontrer, elle voulait simplement savoir de qui il s’était encore amouraché. Ca pouvait promettre des histoires drôles ça et elle avait besoin de rire un peu. « Euh… bah… oui… » Dans le genre réponse précise, on pouvait difficilement faire mieux. La jeune femme retint un soupir agacée, ce gars pouvait être un vrai cas quand il voulait. « Mais encore ? … T’es tombé sous le charme de combien de filles depuis que t’es arrivée ici ? 5 ? 10 ? » Il avait intérêt à lui faire une réponse plus clair. Coleen attrapa son café et but une gorgée pendant qu’ils évoquaient l’Australie. « Arf, oui, je peux comprendre… Ce n’est pas toujours facile de rentrer… » La jeune femme haussa les épaules. Elle supposait oui, mais bon, elle n’avait pas essayé depuis longtemps. « Mouais, j’irais cet été dans tous les cas, ma sœur se marie. » Elle avait appris ça la semaine précédente après une longue et très pénible conversation. Elle ajouta alors, plus pour elle que pour lui : « Ca craint. »

Coleen assista ensuite à un étrange spectacle, Victor en train de mangé son pain au chocolat. Enfin, dis comme ça, ça n’avait vraiment rien d’étrange, c’était plutôt la mine de dégoût qu’avait faite le jeune homme qui l’était. Il n’existait pourtant rien de meilleur qu’un pain au chocolat. « Un problème ? » demanda-t-elle alors.

Coleen attendait avec impatience la réponse qu’allait lui faire Victor. Elle aurait même pu parier qu’il allait lui donner un chiffre supérieur à cinq, elle était presque certaine qu’elle aurait gagné. Elle était tellement forte quoi, elle aurait pu faire devin. « Une. » La jeune femme l’écouta à peine et s’exclama : « Je le savais ! » C’est à ce moment-là qu’elle réalisa qu’il avait en fait dit une et elle fronça les sourcils sous le coup de la surprise. Il était en train de se moquer d’elle et de lui mentir là, ce n’était pas possible autrement. : « oui, une seule ! » La jeune femme secoua la tête, elle ne pouvait définitivement pas le croire. « Tu te moques de moi là ? » Toute façon, qu’il se moque ou ps d’elle, il n’échapperait pas à d’autres questions à ce sujet.

« Ta sœur se marie ? C’est génial ça ! » La nouvelle avait vraiment l’air de le ravir. C’était un peu… inquiétant. Enfin surtout parce qu’il ne connaissait même pas ça sœur et qu’il était plus content pour elle que la brune quoi. « Si on veux, oui. » répondit-elle en haussant les épaules. C’était juste un mariage quoi, mariage qui se terminerait sûrement en divorce comme la plupart du temps au vingt et unième siècle. « Tu la féliciteras de ma part ! … même si elle doit ignorer qui je suis… » Coleen laissa échapper un petit rire avant d’hocher la tête. Elle ne le ferait pas, bien sûr mais Victor n’avait pas besoin de le savoir.

Après ça, Coleen s’inquiéta de savoir si Victor avait eu un problème après avoir vu sa tête alors qu’il mangeait le pain au chocolat. Il lui répondit que non mais elle n’arrivait vraiment pas à la croire. Elle fit une moue dubitative et regarda sa pâtisserie à elle vaguement dégoutée. « Dans ce cas, tiens, cadeau. » fit-elle en la lui tendant. « Je n’ai pas faim. »

«Je le savais ! » s’était exclamée. Elle le savait venait-elle de dire. Elle le savait… Comme si elle était voyante, ou quelque chose de la sorte ! A vrai dire, il ne fallait pas avoir des dons innés ou surnaturels pour connaitre le jeune Victor, ou même savoir quelque chose à son sujet. Il était tellement prévisible. Alors oui, il avait succombé aux charmes de quelques filles. D’une en particulier, c’était certain. Il se devait d’appuyer donc ses propos. Coleen se mit alors à douter. A douter de ce qu’il venait de lui dire. «Tu te moques de moi là ? ». Non. Bien sur que non, chère Coleen. Comment pouvait-elle douter de ce que Victor venait de lui dire ? Il se mit à froncer des sourcils, comme mécontent de la réaction de son amie. Après tout, elle aurait pu montrer un soupçon de joie, ou un truc du genre quoi. « Bah non. » lâcha-t-il tout naturellement. Bien sûr que non. Mais il savait qu’elle ne lacherait pas le morceau, malgré tout.

Puis c’est alors qu’elle lui dit qu’elle n’avait pas très faim et qu’elle lui donnait sa pâtisserie. Quelle charmante attention de sa part. Victor fit une légère moue du visage, puis haussa des épaules. Ah ça non. Il ne se fera pas avoir une seconde fois avec ces pâtisseries. « Je n’ai pas très faim non plus… » lui fit-il remarquer avant de reprendre de nouveau la parole. « Tu sais quoi ! Tu devrais le garder et puis tu le donneras à un sans abri du coin de la rue. Je suis certain qu’il sera très content de l’avoir. ». Futé le petit français finalement.

La jeune femme ne s’était toujours pas remise de l’énorme choc qu’avait provoqué l’annonce de Victor. Une fille. Une seule fille quoi. S’il continuait comme ça, il finirait par ne plus avoir jamais aucun coup de cœur. C’était tellement inimaginable pour la jeune femme. C’était quelque chose qu’elle avait toujours admiré chez Victor. Ca pouvait paraître un peu ridicule certes mais il avait cette capacité a toujours pouvoir aimé et allé de l’avant même après avoir été blessé. « Mouais, admettons. » fit-elle finalement dubitative. Elle voyait bien qu’il disait la vérité mais cela restait quand même assez difficile à croire pour la brune. « Je veux quand même tout savoir ! Il n’y a rien de plus intéressant que ta vie sentimentale ! » Ouais ou pas quoi. Mais il fallait bien qu’elle s’intéresse à quelque chose.

Dans son immense générosité – et surtout à cause de la grimace qu’avait faite Victor, la jeune femme offrit sa pâtisserie à Victor en déclarant n’avoir pas faim. Elle mentait bien sûr et elle espérait juste que son estomac n’allait pas la contredire maintenant. « Je n’ai pas très faim non plus… » lui répondit alors Victor. Elle soupira, quel mensonge ! Mais elle ne pouvait rien dire parce qu’elle faisait exactement la même chose. « Tu sais quoi ! Tu devrais le garder et puis tu le donneras à un sans abri du coin de la rue. Je suis certain qu’il sera très content de l’avoir. » Coleen se mit à rire en entendant cela. « Ah ouais, t’es comme ça toi. Tu veux empoisonner les pauvres sdf. T’as bien changé mon gars. » Elle avait pris un air faussement désolé. C’était mieux que de dire qu’elle trouvait son idée excellente.

« Mouais, admettons. (…) Je veux quand même tout savoir ! Il n’y a rien de plus intéressant que ta vie sentimentale ! ». Au début, elle ne semblait pas très convaincue par les propos que pouvait tenir Victor. Comme si ce n’était pas possible qu’il n’y ait qu’une seule femme qui fasse chavirer le cœur du petit français. Ce dernier soupira légèrement. Comme si sa vie sentimentale était si intéressante que cela. Comme si. « Je suis certain que ta vie sentimentale est bien plus intéressante que la mienne, Coleen. » répliqua-t-il. A ses dernières nouvelles, et de ce qu’il se souvenait de la vie de Coleen, elle était actuellement en couple. Avec un garçon… son prénom ? Pierre ou un truc du genre. Ah non, ça doit être Peter. Victor ne se souvenait plus trop de ce détail. A vrai dire, il n’avait jamais une très grande mémoire en ce qui concerne les prénoms. Alors c’était tout bonnement, qu’il avait associé le fait que Coleen était en couple avec un Pierre.

Puis la jeune fille s’était mise à rire. Pourtant il ne semblait pas qu’il ait dit quelques choses de si drôle que cela. Suspicieux, il lui lança un regard. « Ah ouais, t’es comme ça toi. Tu veux empoisonner les pauvres sdf. T’as bien changé mon gars. » lui dit-elle. Il la regarda, fronçant légèrement les sourcils. « Mais non… j’ai pas parler d’empoisonner déjà, juste de les nourrir. Nuance ! » répliqua-t-il. C’est vrai que donner à manger des pâtisseries douteuses, ce n’était pas ‘empoisonner’.

Victor n’avait pas l’air mais alors pas du tout décidé à lui répondre. Il suffisait qu’elle voie la tête qu’il faisait pour savoir d’avance qu’elle n’obtiendrait pas les informations qu’elle voulait. Du moins pas dans l’immédiat. Mais elle était très têtue et elle comptait bien persévérer jusqu’à ce qu’elle ait obtenu gain de cause. « Je suis certain que ta vie sentimentale est bien plus intéressante que la mienne, Coleen. » Enfin peut-être pas si il s’engageait sur cette pente là en fait. Elle se contenterait de ce qu’il avait bien voulu lui donner jusque là. Parce qu’il n’y avait rien de moins intéressant que sa vie sentimentale. A vrai dire, c’était tellement inintéressant qu’elle ne voulait surtout pas y penser. Mais c’était trop tard parce que dès qu’il avait parlé de ça, Coleen n’avait pas pu s’empêcher de penser à Peter et elle se sentait d’un coup beaucoup moins de bonne humeur. Le regard de la jeune femme se posa sur la fenêtre et la rue qu’elle pouvait voir au travers, essayant de cacher son trouble. « Hum. Absolument pas. » Elle posa de nouveau son regard sur lui et réussit à esquisser un sourire. « doit être gênant pour que tu veuilles changer de sujet ainsi. » contre attaqua-t-elle alors, en évoquant à nouveau son histoire de fille à lui.

Ils abordèrent ensuite le sujet des pâtisseries que Victor voulait très généreusement donner aus sdf. Coleen l’accusa suite à ça, et c’était tout à fait justifier, de vouloir les empoisonner. « Mais non… j’ai pas parler d’empoisonner déjà, juste de les nourrir. Nuance ! » La brune secoua la tête avec un air amusé. « Ne joue pas sur les mots ! Les nourrir avec des pâtisseries dégueulasses c’est exactement comme les empoisonner hein. »

C’était peut-être la première fois, ou l’une des rares fois où Victor refusait de se confier à Coleen. Lui-même ne savait pas trop pourquoi cette subite réaction. Sûrement parce qu’il avait, une fois de plus, peur des petites moqueries ou sarcasmes taquins de son amie. C’était peut-être cela. Alors il décida de la questionner, elle. Histoire d’en savoir un peu plus sur son histoire amoureuse… après réflexion, il pensa qu’il n’y avait sûrement rien à dire. Après tout, elle était peut-être devenue un bon vieux petit couple fidèle. Alors il s’imaginait la jeune fille dans son appartement, chaussée d’immonde chaussons en forme de pikachu ou non… plutôt avec une énorme tête de Dora, l’exploratrice. A cette réflexion, il eut voulu rire, mais il se retint. « Hum. Absolument pas. (…) doit être gênant pour que tu veuilles changer de sujet ainsi. » lui lança-t-elle alors. Aussitôt dit, aussitôt il répliqua. « Pas du tout. Je ne vois pas en quoi ce serait gênant… ». Certes, il se contredisait un peu puisqu’à l’initial, il ne voulait pas en parler, mais tant pis.
« Ne joue pas sur les mots ! Les nourrir avec des pâtisseries dégueulasses c’est exactement comme les empoisonner hein. ». Ca, c’était ce qu’elle venait de lui répondre au sujet de leur passionnant sujet de conversation sur les pâtisseries. « Tu préfères peut-être qu’on aille dans une maison de retraite les offrir à des petits vieux ? » continua-t-il alors.

Coleen aimait parler avec Victor. Vraiment. Il était tellement simple de détourner une conversation avec lui et tout ça sans même qu’il remarque ce qu’elle faisait. C’était tellement bien. C’était exactement ce qui venait de se passer quand il avait mentionné sa vie sentimentale à elle et qu’elle s’était arrangée pour revenir à lui tout de suite. Il avait mordu à l’hameçon avec brio. « Pas du tout. Je ne vois pas en quoi ce serait gênant… ». Coleen fronça les sourcils. C’était plutôt évident, non ? « Bah je sais pas, tu veux pas en parler. Donc ça cache bien quelque chose hein. C’est pour ça que je me disais que ça devait être gênant. » Elle haussa les épaules. Oh et puis, en fin de compte, elle s’en moquait pas mal. « Mais tu peux tout me dire tu sais. »

Ils n’étaient tous deux pas vraiment d’accord sur le fait que Victor voulait empoisonner les sdf et étaient du coup, en train de débattre là-dessus. Victor avait déclaré qu’il voulait simplement les ‘nourrir’ ce qui avait amené Coleen à lui reprocher de jouer sur les mots. « Tu préfères peut-être qu’on aille dans une maison de retraite les offrir à des petits vieux ? » La jeune femme haussa les épaules. « Pourquoi pas. Ils sont presque morts les petits vieux de toute manière donc ça changera pas grand-chose. » Ouais ce qu’elle disait était assez horrible mais bon. C’était la vérité, non ?

« Bah je sais pas, tu veux pas en parler. Donc ça cache bien quelque chose hein. C’est pour ça que je me disais que ça devait être gênant. (…) Mais tu peux tout me dire tu sais. » lui répliqua aussitôt la jeune fille. Elle devrait pourtant passer à autre chose. Les histoires de Victor finissaient toujours de la même façon… mal. Il n’avait jamais été heureux dans ces histoires, il était toujours celui qu’on considérait comme le naïf, avec qui on pouvait avoir tout ce qu’on voulait de lui. C’était une histoire qui allait finir mal une fois de plus avec cette anonyme fille. « Il n’y a rien à savoir de toute façon… » répliqua-t-il, d’un air pessimiste. Il en était sûr que de toute façon, cette fameuse relation finirait par un échec, de toute façon, c’était bien parti pour…

Puis il y avait toujours cette histoire de pâtisseries qui semblait tant les passionner. Ironie, lecteur. Ironie. Alors que Victor évoquait l’idée de les redistribuer à des personnes âgés dans une maison de retraite, Coleen lui répondit par un : « Pourquoi pas. Ils sont presque morts les petits vieux de toute manière donc ça changera pas grand-chose. ». Victor secoua la tête, avant de s’exclamer. « QUELLE HORRIBLE PERSONNE ! ». Il se racla doucement la gorge, avant de regarder autour de lui et espérer que personne ne l’est entendu. « Non, mais tu t’es entendue ? Gosh, t’es horrible… ».

Qu’est-ce qu’il était chiant ! Vraiment hein, elle ne demandait pas grand-chose pourtant. Mais il n’y avait RIEN à faire, il restait muet comme une tombe. Il était vraiment désespérant, aucun doute là-dessus. « Il n’y a rien à savoir de toute façon… » La jeune femme secoua la tête. Elle avait beau être têtue, elle devinait facilement qu’elle n’arriverait rien à savoir là-dessus. Il fallait qu’elle se fasse un raison. Et ce, même si ça la gonflait au plus au point. « T’es très nul saches-le. » déclara-t-elle finalement. Et pour le coup, elle regrettait vraiment d’avoir pris la peine de se lever et de sortir de chez elle tout ça pour le voir lui quoi. Elle aurait mieux fait de le planter, ça lui aurait fait les pieds.

Coleen déclara ensuite qu’il pouvait tout à fait donner les pâtisseries eux petits vieux. Après tout, ça ne ferait qu’avancer leur date de mort un peu. Victor ne partageait visiblement pas son point de vue là-dessus puisqu’il s’exclama : « QUELLE HORRIBLE PERSONNE ! » Coleen lui lança regard noir. « Non mais vas-y, cries plus fort surtout ! Je crois que la rousse là-bas t’as pas entendue. » grommela-t-elle en désignant une femme à l’autre bout de la pièce qui était au téléphone. Victor reprit finalement la parole, de manière moins sonore. « Non, mais tu t’es entendue ? Gosh, t’es horrible… » La brune haussa les épaules. Elle s’en moquait pas mal en fait. « Bah quoi ? C’est la vérité hein. »

« T’es très nul saches-le. » lui disait-elle. C’était ce que Coleen venait de dire. Coleen avait dit cela, qu’il était nul. Qu’il était très nul. Comme si être nul, ce n’était pas assez suffisant. Il fallait qu’il soit très nul. Crédulement, Victor hocha la tête comme pour affirmer. Il le savait qu’il l’était. Nul, idiot, bête, naïf, crédule. Il se tut un instant, baissant du regard. Il avait un peu honte de l’avouer. D’avouer qu’il l’était. Il avait l’impression d’être l’un de ces imbéciles écervelés qui ne devaient pas connaitre l’existence de leur cerveau. Il but une gorgée de son café, comme pour faire passer le temps. Oui, faire passer le temps. Puis il osa enfin lever les yeux. « Oui, je le sais… » dit-il, laissant sa voix en suspend. Nul, c’était une évidence. Bien entendu, il n’était pas vexé par les propos tenus par son amie. Pourquoi se vexer si elle disait la vérité ? Certes, on dit souvent que la vérité blesse, mais qu’importe.

Il voulait alors fuir cette conversation, parlons à présent des personnes-âgées, quel sujet passionnant. Il se mit à quasi-hurler dans toute la salle que Coleen était une horrible personne. Bien entendu, il l’avait remarqué cela, et il a fallu que son amie lui fasse une énième remarque. « Non mais vas-y, cries plus fort surtout ! Je crois que la rousse là-bas t’as pas entendue. ». Il haussa un peu honteux les épaules, avant de baisser le niveau sonore. « Bah quoi ? C’est la vérité hein. » « Et alors ? Ce sont nos ainés, on doit en prendre soin ! Ce sont eux qui nous ont beaucoup appris, voyons… ». Et depuis quand Victor faisait dans les discours moralisateurs ? Non, ce n’était surprenant de sa part à vrai dire.

Coleen ne chercha pas à continuer la conversation après que Victor confirma qu’il savait qu’il était nul. Elle aurait juste eu envie de le frapper rein qu’à la manière dont il avait dit qu’il savait mais elle crut bon de se retenir et se contenta de secouer vaguement la tête. C’était suffisant.

A propos des vieux par contre, elle daignait encore répondre même si elle se demandait vraiment quelle était l’utilité d’une telle conversation. Elle pensait ne pas avoir déjà eut l’occasion de parler de quelque chose d’aussi peu intéressant. Surtout qu’en plus de ça, Victor la jugeait à cause de ce qu’elle avait dit alors qu’elle était certaine de ne pas être la seule à penser ce genre de choses. « Et alors ? Ce sont nos ainés, on doit en prendre soin ! Ce sont eux qui nous ont beaucoup appris, voyons… » La jeune femme se mit à rire tellement elle trouvait ce qu’il disait stupide. « T’as qu’à aller faire du bénévolat à la maison de retraite du coin alors. Comme ça tu prendras soin d’eux. Enfin en tout cas, je te signale quand même que c’est toi qui a suggéré le premier d’aller les nourrir avec ces pâtisseries. » dit-elle en désignant les pâtisseries en question. Voilà, il n’était pas mieux qu’elle en fait.

Après ça, la brune voulut attraper son café pour le finir. Elle en avait déjà marre d’être ici et elle voulait bouger. Victor aurait qu’à venir avec elle s’il voulait. Néanmoins, au lieu d’attraper la tasse, elle la poussa sans faire exprès et son contenu se déversa sur la table du côté de Victor, ne l’épargnant. « Oh merde… Je suis désolée. »

« T’as qu’à aller faire du bénévolat à la maison de retraite du coin alors. Comme ça tu prendras soin d’eux. Enfin en tout cas, je te signale quand même que c’est toi qui a suggéré le premier d’aller les nourrir avec ces pâtisseries. » disait alors Coleen, en pointant du regard les quelques pâtisseries. Victor entrouvrit la bouche, afin de laisser quelques sons s’échapper. Alors qu’il s’apprêtait à prendre la parole, la tasse de café de son amie tomba et le café se déversa sur Victor, sur son pantalon. Ce fut trop beau pour que la tasse soit vide. Le jeune homme attrapa la serviette qui se trouvait sur sa table et tenta en vain d’éponger le liquide tombait sur lui. Pendant ce temps, elle venait de s’excuser. « Ce n’est pas grave ! » dit-il en continuant d’éponger. C’est alors qu’il se leva pour se diriger vers les toilettes pour pouvoir nettoyer la tâche de café qui se trouvait sur son pantalon. Bien entendu, nous ne situerons pas la tâche… un peu trop la honte pour Victor. C’est vrai qu’il aurait pu insulter son amie, la traiter d’idiote, etc. mais il se contenta de grommeler sur le trajet jusqu’aux toilettes.
Après quelques longues minutes dans les toilettes (nous ne dirons pas qu'avec son manque d'inattention, il s'était rendu dans les toilettes des filles...), il revient à sa place initiale. « Tu sais quoi... c'est une très bonne idée que tu as eu... je veux dire le bénévolat. J'aime bien cette idée... d'ailleurs, j'ai décidé que tu iras avec moi. Je suis certain que tu seras une parfaite bénévole. » déclara-t-il.

Bon, Coleen s’en voulait un peu de sa maladresse. D’habitude, quand ce genre d’accident arrivait, c’était qu’elle les provoquait volontairement. Mais là, ce n’était vraiment pas fais exprès. Elle s’était excusée aussitôt bien sûr mais elle n’était pas certaine qu’au final ça change grand-chose. Victor tenta d’abord d’éponger le liquide mais bon, c’était peine perdue. Ce n’était pas pour dire mais la jeune femme n’avait pratiquement pas touché à sa tasse depuis qu’elle était ici. « Ce n’est pas grave ! » lui répondit Victor. Franchement, il était cool sur ce coup. Ami ou pas, elle ne se serait pas gêner pour l’incendier si elle avait été à sa place. Il se leva alors et disparu dans les toilettes. Quand il fut hors de sa vue, la jeune femme ne put quand même pas retenir un sourire. Il fallait avouer qu’il était assez comique à voir, surtout à cause de l’emplacement de la tâche en fait.

Quand Victor revint, Coleen avait réussit à faire disparaître son sourire de son visage. Elle jouait machinalement avec son portable et releva la tête seulement quand il fut assis. « Tu sais quoi... c'est une très bonne idée que tu as eu... je veux dire le bénévolat. J'aime bien cette idée... d'ailleurs, j'ai décidé que tu iras avec moi. Je suis certain que tu seras une parfaite bénévole. » L’art et la manière de faire comme si l’incident n’avait pas eu lieu. Il était très fort, il n’y avait pas à dire. La brune fit une moue dubitative. Elle n’était vraiment pas convaincue par l’idée. « Mouais, tu ferais mieux d’y aller tout seul. C’est vraiment pas mon truc ça. »

Coleen ne semblait pas convaincue par les propos de son ami, Victor. Et malgré cela, le jeune homme s’était donné pour but de l’emmener dans ce genre d’endroit. Après tout, c’était elle qui avait lancé cette idée de bénévolat. Elle recevait un peu la monnaie de sa pièce. « Mouais, tu ferais mieux d’y aller tout seul. C’est vraiment pas mon truc ça. ». Victor fit à son tour une petite moue, comme s’il était déçue par les paroles de son amie. Alors il se saisit des deux mains de la jeune fille et la regarda droit dans les yeux. « Ne dit pas ça, voyons ! Je suis sûre que tu seras parfaite ! Si ça se trouve, on verra en toi la nouvelle sœur Emmanuelle. Ais confiance en toi ! » continua-t-il de lui dire, les étoiles dans les yeux. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Victor. Oui, au fond, il s’amusait un peu. Non, il ne se moquait pas de son amie, quoique… on pourrait se demander. Il retira ses mains de la table. Son regard se baissa sur son pantalon, affreusement taché et il fronça les sourcils. Non, il ne pouvait pas vraiment aller à sur son lieu de travail comme cela. « Enfin, en attendant, je pense que je devrais rentrer chez-moi pour me changer… » fit-il remarquer, tout en regardant encore une fois son pantalon.